En effet, ça m'aidait beaucoup. Laisser parler mon imagination... C'était bien gentil, mais si je lui avais demander c'était bien que j'étais bloquée. Je ne pu pas laisser mon cerveau fonctionner très longtemps. Eli avait visiblement décidé que mon short devait rejoindre les vêtements qui jonchaient le sol. Je me cambrais sous la pression de sa main et le laissais faire à sa guise. Au moins durant ses quelques secondes, il reprenait les devants. Pourquoi n'était-il pas plus directif d'ailleurs ?

Notre échange de regard et ce petit sourire qu'il affichait me fit perdre quelques neurones. Sentant un rougissement mal venu coloré mes joues, je le poussais pour qu'il se retrouve sur le dos. Les positions étaient inversées c'était désormais moi qui me tenait appuyée sur un coude à le regarder de haut. Ma main se posa instinctivement sur lui et je la suivis des yeux. C'était la première fois que j'osais regarder ce boxer tendu et son bas-ventre en général. Je glissais vers cette petit fossette qui semblait désespérément attirante et glissais l'index sous le tissu. Au dernier moment, je le retirais néanmoins, m'allongeant sur lui. J'avais envie qu'il soit plus entreprenant. Mais c'était une chose qui me semblait bien difficile à dire. Collant mon front au sien, je lui adressais un regard timide et posais un court baiser sur ses lèvres. C'était certainement le plus chaste que nous avions échangé depuis notre rencontre nocturne au lac.

Alessandra semblait perdue. Elle échangea les positions et risqua un geste timide qu’elle stoppa aussitôt. J’avais presqu’envie de lui dire que ça ne mordait pas en rigolant. Sans oser parler, elle essaya de me faire passer un message par le regard. Cette fois, je ne pus m’empêcher de rire. Même l’esprit embrumé, j’avais compris depuis longtemps ce qu’elle attendait de moi, mais c’était beaucoup plus amusant si j’essayais au moins de lui laisser un peu de champ libre. Mais bon, puisqu’elle tenait à jouer les timides désormais, j’allais devoir faire avancer moi-même les choses.

Me redressant en l’entrainant avec moi, pour que nous nous retrouvions à genoux tous les deux, je lui fis faire une pirouette afin de me retrouver à nouveau derrière elle. Tout en lui effleurant le cou de mon souffle, je descendis mes mains sans me stopper cette fois, remontant l’une vers sa poitrine alors que l’autre se faisait plus hasardeuse. M’appuyant contre son dos, je la sentais frissonner sous mes doigts, ce qui me fit sourire. Si la nuit c’était quelques peu rafraichis, l’ambiance était plus que chaude. Ces frissons n’étaient clairement pas dut au froid, mais après tous c’est ce qu’elle voulait non ?

La jeune fille céda complètement à mes caresses, et je pouvais sentir sous mes doigts et contre ma peau chaque frissons de plaisir qui la secouait. Ses timides résistances ne tinrent pas longtemps, et les dernières barrières tombèrent. Ce qui suivit alors était pour le moins étrange. Si ce plaisir ne m’était pas inconnu, je le découvrais sous un jour nouveau, tout comme je découvrais une féline qui s’était jusque-là bien cachée. Je n’aurai su dire comment nous en étions arrivés là, même si l’alcool aurait pu être une excuse, mais la question me viendrait bien après… A ce moment-là, seul son corps comptait.

Le temps était passé au ralentit tout en durant trop peu. Nous étions maintenant allongés, la jeune fille lovée contre moi, et moi qui l’entourait de mes bras. Je sentais ses doigts glisser sur ma peau. Les yeux fermé, mon esprit se libérait peu à peu de tous ces feux qui l’avaient enflammé. J’essayais de reprendre mon souffle, me forçant à réfléchir malgré l’envie folle de simplement m’endormir contre elle. Mais mon esprit se contredisait sans cesse, chassant les éclairs de lucidité dont j’avais pourtant besoin. Mais pourquoi ? Pourquoi étais-je incapable de simplement profiter de l’instant présent sans l’aide de ce liquide immonde dont les effets s’estompaient ? En fait, il me semblait que cela faisait un bon moment que je n’étais plus sous l’emprise de ce liquide. C’était désormais autre chose qui m’embrouillais…

Resserrant mon étreinte, je retins un soupir et ouvris les yeux. Cette fois, la situation nous avait réellement échappée, et je pressentais que la suite n’allait pas être facile… si elle l’avait déjà été…

L'alcool était décidément un compagnon bien vicieux. S'il s'insinuait avec une rapidité perverse, il mettait par contre plus longtemps à disparaitre. Et même lorsqu'il le faisait, c'était un véritable bordel qu'il laissait derrière lui. Même si mon esprit avait réussi à reprendre le dessus, c'était comme s'il avait dû user de toutes ses forces dans la lutte. A cause de cela, mes pensées n'étaient pas aussi cohérentes que je l'aurais voulu. Et je me sentais incroyablement fatiguée. Pourtant, je me détachais du corps d'Eli avec un certain regret. Du regard, je cherchais mes vêtements, mais ne découvrais que sa chemise. Il n'y avait pas que dans ma tête qu'un véritable capharnaüm régnait. J'attrapais le bout de tissu et l'enfilais. Pour le moment, je devrais me contenter de ça. D'un pas légèrement chancelant, je rejoignais la rambarde pour observer les environs. Les feux des différents postes de surveillances avaient été allumés et le QG lui aussi était devenu lumineux. J'avais beau savoir que j'aurais dû rentrer, qu'il était grand temps et que je m'exposais au risque qu'on vienne me chercher, mais je n'en avais pas le courage. Alors je me contentais de me rapprocher du tonneau pour y bouter le feu. Il avait beau faire chaud la journée, la nuit s'était une autre histoire. Je retournais ensuite auprès du jeune homme, ramenant une couverture sur nous deux.

- Drôle de journée...

Si ma voix m'avait sembler sortir de nulle pas, la sienne me surprit encore plus. Pourtant, il était normal qu'il parle. M'attendant à une retombée totale de cet étrange ambiance, je fus surprise de ne pas l'entendre continuer. J'évitais de trop réfléchir en me tournant sur le flanc pour poser ma tête un peu plus près encore de son coeur. Étrange comme sa poitrine puissante se soulevant avec régularité pouvait m'attirer. Je fermais doucement les yeux lorsqu'il reprit. Abordant un sujet assez surprenant. Est-ce que j'allais le regretter ? A vrai dire, je n'avais même pas envisager cette hypothèse, me contentant de vivre le moment présent en refoulant tout ce qui essayait de se frayer un chemin jusqu'à mon esprit. Difficile d'ignorer ce qui se murmurait désormais. Quand mes paupières se soulevèrent, il avait clôt les siennes. Et ce n'était pas la seule chose qu'il avait visiblement fermé. Hésitante, je me contentais d'observer ses traits.

Les secondes, les minutes passèrent. Peut-être même une heure, à vrai dire j'avais perdu toute notion du temps. J'avais retourner sa question dans tous les sens et malgré une certaine part de doute, la réponse était toujours la même. Me redressant légèrement, j'allais embrasser le coin de ses lèvres pour ensuite murmurer un "Jamais" livré à la nuit plus qu'à lui. Je me réinstallais confortablement pour ensuite m'endormir en espérant qu'au petit matin, les choses ne seraient pas trop radicalement différentes.

Si cette nuit avait été un avant goût de ce Paradis dont parlait certaines personnes, je me sentis au creux des flammes de l'Enfer à mon réveil. Malgré la présence du toit, une lumière aveuglante semblait frapper de partout. J'avais à peine ouvert une paupière que déjà je me cachais sous la couverture, sentant une douleur pulsée à mes tempes. J'avais mal partout, presque comme si on m'avait rouée de coups. Pourtant, il fallut bien que je décide de prendre mon courage à deux mains. Après trois tentatives veines, je parviens à affronter la luminosité. Doucement, je me relevais ensuite pour constater qu'Eli se tenait près de l'échelle, l'air pensif. Un instant, j'avais été surprise par sa présence, puis la majorité des évènements de la nuit m'était revenu. Un rougissement incontrôlable me monta aux joues et je m'empressais de chercher mes vêtements. Une occupation qui me donnait le temps d'avaler les informations, mais aussi me permettrait d'être un peu plus à l'aise. Toujours cachée sous la couverture, j'enfilais mon short et troquais son vêtement contre mon débardeur. Puis, je me relevais et m'approchais de lui. Après une hésitation, je déposais la chemise sur ses épaules, laissant mes doigts s'attarder quelques instants dans ses cheveux. Puis, la roue se remit en route. Cette nuit avait été hors du temps et elle ne devait jamais l'altérer. Cela impliquait qu'il n'y aurait pas de prochaine fois et que nous reprendrions simplement notre place auprès des personnes qui comptaient pour nous. Mais alors qu'elle était cette amertume qui subsistait ?

Chassant ce sentiment étrange, je me confectionnais une attitude indifférente et tournais le dos pour aller rassembler les bouteilles. Il faudrait bien que je les rende à ce pauvre Soumis qui avait dû en voir de toutes les couleurs à cause de mon comportement. Et que je revienne vers le clan et une punition à laquelle je n'échapperais sûrement pas.

Je restais assis quelques minutes avant que la jeune fille ne se décide à se réveiller. Tout comme moi, il lui fallut un moment avant de réussir à émerger. Je détournais les yeux, allant fixer un trou dans les planches. Je ne voulais pas croiser son regard… Je la voyais du coin de l’œil s’afférer pour récupérer ses affaires et se rhabiller, et je sentais également la gêne qu’elle éprouvait. Je ne réagis pas lorsqu’elle vint déposer ma chemise sur mes épaules et que sa main s’attarda dans mes cheveux. Je n’osais pas bouger, ni la regarder. Mon esprit avait repris le contrôle, mais il me faudrait un moment avant de pouvoir soutenir un regard à nouveau, sachant pertinemment que mes yeux étaient les points faibles de mon armure…

Elle commença à rassembler les bouteilles, prenant désormais un air indifférent. Il me fallut encore quelques secondes avant de réussir à bouger à nouveau. Me relevant en m’aidant de la rambarde, je retins un nouveau haut le cœur et attendis que ma tête arrête de tournée. Je regardais pour fermer ma chemise, mais cela n’en valait pas vraiment la peine… Par contre, ça m’aurait arrangé de retrouver les boutons, mais je n’avais pas envie de chercher. Retrouvant mes chaussures, je les enfilais sans me presser. J’allais devoir rentrer, et je n’en avais pas envie. Mais je ne pouvais pas rester ici non plus… et puis disparaitre tout la journée n’arrangerais rien de tout façon. Je rassemblais les coussins et couvertures que je repliais et disposais en tas dans un coin, récupérant un ou deux boutons de ma chemise au passage. Si l’endroit n’était pas grand, ce n’était pas une raison pour laisser tout le bazar à Alessandra. Après un long silence… tendu malgré tout, je fini par me tourner vers elle, mais en fuyant toujours ses yeux.

« Ça ira pour rentrer ?

Au moins, j’arrivais à peu près à contrôler ma voix désormais. Je ne m’inquiétais pas du fait qu’elle puisse rejoindre son clan, mais plutôt de ce qui allait se passer une fois qu’elle y serait. Comptait-elle parler de cette nuit à Noâ ? Si oui, je ne donnais pas cher de ma peau. Mais cela aurait également déclenché une guerre de clan, et je doutais que c’était ce que cherchait Al. Je me convaincs donc qu’elle garderait le silence, tout comme moi de mon côté…

Il ne fallait pas être devin pour comprendre qu'il y avait un sérieux malaise entre nous. Je lui étais reconnaissante de m'avoir aider à remettre un peu d'ordre, mais je n'avais désormais plus beaucoup d'excuses pour traîner. Je n'avais pas peur d'être punie, après tout je l'avais mérité même si tout ça n'était partie que d'une erreur, mais plutôt de cette déception que je finirais par voir chez Noâ. Eli finit par me sortir de mes sombres pensées en me questionnant sur mon retour. Je compris le sous-entendu sous cette question, pas difficile alors j'étais à dix minutes du QG.

- Personne n'a besoin de savoir. Je serais certainement punie pour mon absence, mais je ne m'inquiète pas trop. Après tout, on ne m'a pas encore envoyé d'escorte pour me ramener. Je devrais m'en sortir avec un court enferment ou des tours de surveillance.

En bref, pas assez. S'il n'en tenait qu'à moi, je me serais punie toute seule pour être sûre de récolter ce que je méritais. Si Noâ était sévère, mais juste avec les autres Membres, elle avait toujours tendance à me ménager. Parce qu'elle estimait que j'avais des raisons valables pour ne pas marcher droit principalement.

- Et de ton côté ?

Il fallait croire que j'avais bien choisi ma soirée, au moins Eli ne s'attirerait pas trop de problèmes à cause de mon pétage de plomb de la veille. Il disparu assez rapidement ce qui me confronta pour la première à la réalité de mon acte. Poussant un long soupir, je m'appuyais quelques instants à la balustrade pour contempler le QG. Il y avait déjà un peu plus d'animation dans le camp. Et ce n'était encore que le début, la matinée n'étant encore que très peu avancée. Je pariais pourtant sur le fait que les Membres présent à l'entraînement attendaient tous avec impatience mon retour. Mes détracteurs ne rateraient pour rien au monde un blâme ou une punition.

Ne pouvant plus reculer, j'agrippais les bouteilles et me dirigeais vers l'échelle. Jusqu'à ce qu'un détail ne me frappe. Comment j'avais fait pour monter avec ces quatre là ? Après une courte réflexion qui raviva mon mal de tête, je finis par retirer ma ceinture pour les entourer avec. Après ça je n'eus plus qu'à les balancer derrière mon épaule pour descendre. Le chemin jusqu'au QG me parut bien trop court. A mon arrivée, l'une des sentinelles rentra précipitamment dans le bâtiment pour aller prévenir Noâ de mon retour. Youpie, tout le monde était au courant maintenant !

- Bon ben quand il faut y aller...

Pas le choix, je ne pouvais pas disparaitre pour toujours. Ne le voulais pas surtout...