Résumé des événements

L'embrassement de la tour et les coups de feu n'auront pas manqués d'alerter les voisins des Jaguars. Si les intentions des Aigles de l'Est semblent bonnes, rien n'est sûr lorsque l'on parle des Vipères de l'Ouest. Les flammes et les assauts des Rebelles cherchant à empêcher d'hypothétiques renforts de parvenir jusqu'au QG les pousseront à passer vers cette zone qui se révélera être un parfait terrain de jeu pour régler quelques vieilles querelles. Ici, les Rebelles et les Jaguars sont peu nombreux, le clan rival sera donc le seul véritable danger.

Liste des joueurs

> Annabella
> Kim Dong-Yul
> Jéremy
> Swann

Ce qui était sûr, c'est qu'il y avait du grabuge sur le territoire des Jaguars. Ce qui était moins sûr, c'était la raison de ce grabuge. J'avais aperçu les flammes du haut du toit du QG des Vipères. D'abord quelques petites étincelles sans importance, puis un grand brasier qui pouvait se voir à des kilomètres à la ronde dans les ruines. Ludivine était en mission là-bas, mais j'étais certaine que cela ne venait pas d'elle. Observant les flammes et la fumée noire qui s'élevaient du territoire adverse, je me mis un instant à penser que cet endroit pourrait inopinément brûler et faire disparaître avec lui tous ces chatons mal léchés. Enfin, ce n'était qu'une pensée, hélas j'étais certaine que certains d'entre eux parviendraient à s'en sortir. Et cela ne me disait pas ce qu'il se passait.

- Annabella, doit-on intervenir ?

Julia venait de faire un pas dans ma direction, me posant cette question. Intervenir ? En tout cas, si je levais le petit doigt, ce n'était certainement pas pour aller aider ces bons à rien de Jaguars. Peut-être pour finir l'élimination ? Cette idée était plutôt tentante. Il ne fallait pas se précipiter dans tous les cas, même si admirer ce spectacle d'un territoire en feu me mettait en appétit.

- Attendons encore un peu. Nous ne sommes pas alliés, s'ils ont un problème ils n'ont qu'à le régler eux-mêmes. Même si je doute qu'ils en soient réellement capables... Après tout, ce ne sont que des charognards faibles et stupides.

Julia hocha la tête alors que je ne lui avais même pas adressé un regard. Mais à peine eut-elle fini son geste que Dalia vint nous interrompre, demandant la permission de parler. Je l'autorisai à dire ce qu'elle avait à dire.

- Marine apporte de mauvaises nouvelles. Les Libres profitent de la confusion chez les Jaguars pour se rapprocher des champs et des entrepôts. Ils ne vont pas tarder à attaquer. Les Aigles aussi ont fait mine de bouger, des petits groupes se dirigent vers les entrepôts.

Les Aigles ? Hum, cela promettait d'être intéressant. C'était une chance d'être obligés d'aller défendre nos réserves communes – qui ne seraient pas si communes si le choix m'était donné ! Dans la cohue, un accident était si vite arrivé...

- Mais leur chef semble plutôt rejoindre les Jaguars, ajouta-t-elle d'un ton sec.

- Kim ? Intéressant. Je parie que cet idiot n'a rien trouvé de mieux que d'aller aider les Jaguars. Soit, nous allons procéder comme suit : Dalia et Julia, allez chercher des renforts. Vous les brieferez afin qu'elles aillent protéger ce qui nous appartient. Ensuite, vous me rejoindrez avec Katarina : nous allons aller voir de plus près ce qui se passe chez les Jaguars...

Après que les trois Vipères m'eurent rejointe, nous partîmes en direction du camp ennemi. Cela promettait d'être intéressant. Que la partie commence...

Cela faisait trois jours que l’on m’avait annoncé avoir enfin eu des nouvelles d’Eli, et puis plus rien. Oli était venu m’annoncer ça alors que j’étais en interrogatoire avec une Libre… tiens, elle était toujours au cachot elle d’ailleurs… Bah, qu’elle y reste, on s’occupera d’elle plus tard. Bref, depuis trois jours, silence radio.

J’étais sur la terrasse, assis contre un piquet, lorsque les premières braises apparurent dans le ciel. En tendant l’oreille jusqu’ici distraite, je pu même entendre des échos de coups de feux. Me redressant vivement, j’observais quelques secondes le ciel qui s’emplissait peu à peu d’une lueur orangée, mais cela n’était pas du au levé du soleil cette fois. Je me précipitais alors à l’intérieur et rentrais en trombe dans la chambre des messagers qui furent réveillés en sursaut. Attrapant des vêtements, je les balançaient à Lucas sans un mot et ordonnait à Ash d’aller chercher Oli et Jérémy. Le deux jeunes hommes ne posèrent pas de questions, obéissant simplement. Repassant prendre mon sabre dans ma chambre, je descendis ensuite à l’arsenal, m’emparant de l’arbalète d’Oli, de deux revolvers et d’un lance-pierre. Lucas m’avais vite rejoint, et je lui lançais un des revolver et le lance-pierre et sortit du QG en attendant les deux autres. C’est alors qu’un des espions arriva en courant. Il ne prit pas la peine de reprendre son souffle, demandant la parole que je lui donnais sans tarder.

- C’est le bordel… chez les Jaguars. Et on m’a dit... que certains en profitait… pour rejoindre les champs et l’entrepôts.

Les mains appuyées sur les genoux, il avait du mal à reprendre son souffle, mais j’en avais suffisamment entendu. Ash était revenu avec Oli et Jérem à qui je tendis leur arme respective.

« Ash, trouve quatre ou cinq Membre et rendez-vous aux champs et à l’entrepôt pour défendre nos réserves. Oli, Lucas et Jéremy, vous venez avec moi, on va voir ce qu’il se passe chez les Jagaurs. »

Les Aigles hochèrent la tête et Ash partit aussitôt. Quant à nous quatre, nous partîmes en direction du Sud en courant. Nous pouvions maintenant voir les flammes qui s’élevaient au loin, et la fumée était épaisse dans le ciel grisâtre de l’aube qui pointait. Ce ne disait rien qui vaille…

Pour une fois que je dormais bien, il avait fallut qu’un messager vienne me réveiller en tambourinant à ma porte. Les seuls mots qu’il pu prononcer avant que je ne lui en foute une était « Ordre de Kim ». Retenant ma main, je soupirai et le laissais m’expliquer que je devais me rendre au QG immédiatement, puis il disparu. Je m’habillais rapidement, attrapais ma lame et rejoignis donc le QG. Je fus rejoint par Oli qui avait également été cherché. Lorsque nous arrivâmes, un espion finissait d’expliquer la situation, bien que les flammes qui apparaissaient au sud nous en disaient déjà beaucoup. Kim nous donna nos armes à Oli et moi, Lucas étant déjà là évidemment, et donna ses ordres. Nous nous mîmes en route sans attendre. Ca sentait le grabuge, et bizarrement cela me réjouissais. Et d’un autre côté, je pestait sur Eli qui n’avait plus donné de signes de vie depuis plusieurs jours maintenant, et qui un point manquant dans ce qui nous attendais. Mais ce n’était pas le moment de penser à ça…

En chemin, nous croisions Tom qui se posais également des question et qui se dirigeait vers le QG armé de sa carabine. Kim lui enjoignis de venir avec nous, ce qui fis sans se faire prier. Nous étions donc cinq, face à quoi… ?

Lorsque nous arrivâmes à proximité du territoire des Jaguars, les Aigles étaient déjà sur place. Leur territoire était juste à côté de celui des charognards, ce qui expliquait leur avance. Il y avait Kim, Jérémy, Oli, Lucas et Tom. Les alentours semblaient dégagés, mais je remarquai bien vite que ce n'était pas le cas. La vigie effondrée avait, semble-t-il, fait reculer des assaillants qui n'avaient pu pénétrer le territoire des Jaguars. Du moins selon mes conclusions. Du haut de notre promontoire de débris, je pouvais apercevoir leurs mouvements. Ils n'avaient pas encore repéré les Aigles, mais cela ne tarderait pas. Julia me signala discrètement qu'un autre groupe arrivait de l'extérieur, des Libres sans doute. Attirés par l’appât du gain et l'odeur des flammes. Bien, les Aigles se débrouilleraient seuls avec les fuyards. Pour ma part, rien ne valait un petit échauffement avant de s'attaquer au plat de résistance.

D'un signe de la main, j'ordonnai à Dalia et Julia d'avancer en retrait, prenant Katarina avec moi. Nous nous éloignâmes temporairement des pigeons pour aller surprendre les nouveaux arrivants. Ils étaient quatre, un pour chacune d'entre nous. Je me réservai le plus âgé – il devait approcher les vingt-cinq ans – et désignai à mes subordonnées leur cible. Nous nous dispatchâmes selon le plan mis en place et nous attendîmes le bon moment pour frapper. Sans bruit, évidemment, pour ne pas attirer l'attention des Aigles et pour faire en sorte que notre présence soit toujours ignorée.

Nous étions donc cinq. Cinq pour affronter on ne savait quoi. Plus nous approchions de la frontière, plus l’odeur de fumée était forte. J’avais la gorge irritée, et je ne doutais pas que c’était le cas des quatre autres également. Soudain, Lucas m’interpella. Je me tournais vers lui et suivis son regard. Une jeune femme se trouvais quelques mètres dernière nous, immobile. Qu’est-ce qu’elle foutait là bordel ? J’entendis Jérem pester sans retenue, et je saisis le mot soumise entre deux injures. Qu’est-ce qu’une Soumise foutait là ? C’était bien le moment !
Il faisait enfumé, ce qui n’aidait à voir facilement. Aussi, quand Oli repéra un groupe venant dans notre direction, il était déjà trop tard pour tenter une embuscade, ou pour remballer la fille. J’ordonnais à Lucas de la rejoindre et de la protéger si besoin. Pour le reste, nous nous mîmes en position de défense et attendîmes que le groupe arrive à notre niveau. Pour ma part, je ne reconnu personne. Oli par contre baissa légèrement sa garde, signe qu’il devait connaitre ou reconnaitre l’un deux. Ils étaient six, et ils s’arrêtèrent à trois bon mètres de nous, en position de défense également, et l’air surpris. L’un d’eux pris la parole, l’air mal assuré.

« Qu’est-ce que vous faites là ? »

Oli répondit sans attendre, transmettant ainsi les informations qui nous seraient utiles sur nos adversaires potentiels.

« On vous retourne la question. Qu’est-ce que des Libres font avec des Jaguars ? »

Tous les regards se tournèrent vers lui, surpris. Des Membre trainant avec des Libres, ce n’était clairement pas normale. Le groupe paru mal à l’aise, et il eu un blanc pendant un moment. De notre côté, nous étions très calme, mais la tension était palpable de leur côté. Soit ils attaquaient, soit il filaient comme des lapins. Dans le deuxième cas, nous ne les laisserions pas faire. D’une main, j’indiquais leur adversaire à chacun de mes membres. Deux pour Jéremy, qui allait rapidement les achever, un pour Oli et un pour Tom. Le combat n’était pas égale. En effet, seuls deux adversaires avaient une arme à feu, mais ils nous ralentissait, le moment n’était donc pas à chipoter sur l’égalité des forces. Je me réservait le meneur, celui qui se tenait en avant du groupe et qui avait pris la parole. Ils m’avaient regardé faire sans bouger, terrorisés peut-être ? Difficile à dire. En tout cas, lorsque je portais la main à mon sabre (que je ne comptais pas dégainé pour ce combats), ils prirent cela comme un signale. Ils se ruèrent sur nous. Les deux désignés pour Jérem tombèrent aussitôt d’une balle dans la tête. Celui d’Oli voulut tirer, mais il fût arrêté net par un carreau entre les deux yeux. Tom lui fit durer le plaisir, visant d’abord les jambes, rechargeant tranquillement, puis tirant dans l’estomac. C’était plutôt du style de Jéremy de faire ça. Voyant mon regard glacial, il grimaça et alla achever sa victime d’un coup de couteau. Il ne restait que le miens, tétanisé. C’était bien trop facile. Enfin le petit dernier semblait vouloir essayer de corser un peu les choses, car il détala et escalada un tas de débris pour nous échapper. Jérem visa, mais je le retins, me lançant à la suite du fuyard. C’est qu’il détalait vite le bougre. Pendant ce temps, trois nouveau arrivant occupèrent les autres en les prenant par surprise. Seul Jéremy abandonna l’attaque pour me suivre, couvrant mes arrières. Lucas quant à lui essayais de maintenir de la distance entre les assaillants et la soumise.

Alors que nous approchions de la frontière et que l’air devenait de plus en plus irritant, Lucas nous stoppa et nous désigna une silhouette qui nous suivait. Je n’eu pas de peine à la reconnaitre, et je ne retint pas un flot de jurons entre mes dents, autant pour moi-même qu’a son égard. Kim envoya le messager pour la protéger si besoin. J’eu du mal à ne pas rouspéter. Heureusement pour moi, un groupe arrivant en sens inverse et détourna mon attention de la Soumise. D’un premier coup d’œil je pu dire que ces opposants ne nous causeraient pas de grands soucis. Ecoutant d’une oreille distraite, je me concentrais par contre lorsque Kim nous désigna nos cibles. Deux pour moi tous seul, trop gentil. Lorsque le groupe se rua sur nous, ils furent pourtant les premiers à terre. Je regrettais aussitôt de ne pas avoir fais durer les choses en voyant Tom s’amuser avec sa cible. Malheureusement, il du rapidement l’achever sous le regard appuyé du chef. Sa cible à lui partit d’ailleurs en courant. Je voulut l’achever, mais Kim m’en empêcha et le suivis. Nous allions le suivre lorsque trois nouveau arrivant nous sautèrent dessus par surprise. Je fus le seul à pouvoir passer, mais Kim avait déjà disparu. Je devais le retrouver afin d’assurer ses arrières. C’était le bordel ici, et tout semblait pouvoir arriver.

Tom se retrouva en combat à main nue face à un grand plutôt baraqué. S’il était du genre bagarreur, son adversaire semblait connaitre la technique et le combat s’annonçait sans fin s’ils continuaient à s’esquiver l’un l’autre. Oli essayait de tenir à distance de la fille les deux autres avec l’aide de Lucas. Ils étaient encerclés par les adversaires qui leur tournaient autour en les visant également afin d’éviter toute fuite. Impossible donc de faire partir la soumise. Ce serait au premier qui tire…

Le combat s'avéra plutôt simple, ces Libres étaient affamés et attirés par la fumée, espérant récolter (ou voler) de la nourriture avant de s'éclipser discrètement. Je n'eus besoin que d'un coup de dague bien placé pour lui sectionner la jugulaire, le laissant ainsi se vider de son sang parmi les décombres. Mes Vipères se débrouillaient elles aussi plutôt bien mais mettaient plus de temps à achever leur cible. Comme Katarina qui cherchait plutôt à s'amuser un peu avec le jeune homme que je lui avais désigné.

Je repérai bien vite une silhouette qui tentait de passer à côté de nous sans se faire voir. Mais c'était sans compter mon flair. Faisant un signe à Dalia qui venait d'achever d'un carreau son adversaire, je lui intimai de me suivre. Mieux valait rester groupés pour l'instant. Katarina et Julia restèrent pour assurer nos arrières, attaquant trois nouveaux Libres en quête de victuailles.

Avançant sans aucun bruit et pistant ma proie, je laissais à ma tireuse d'élite le soin d'assurer mes arrières. Ayant rattrapé ce Libre imprudent, je fondis sur lui. Un bruit un peu plus loin derrière moi le fit se retourner et il esquiva mon premier coup, affolé par mon attaque. Avant de frapper à nouveau, je pris la peine de jeter un coup d’œil dans mon dos : Dalia venait de tirer sur un Libre qui s'approchait. Revenant à ma silhouette, qui ne bougeait pas, j'eus un sourire méchant.

- On dirait bien que la souris voleuse, à défaut de sentir la nourriture arriver, ressent la peur de sa mort prochaine...

Feintant sur la gauche, je le pris sur la droite et lui plantai ma dague dans le cœur avec précision. La faisant tourner d'un coup sec sur elle-même, je l'extirpai ensuite et laissai le corps parcouru de spasmes s'effondrer sur le sol.

- Annabella, viens voir.

J'essuyai ma dague sur mon t-shirt rose pâle, la rangeai et m'approchai rapidement de Dalia. Celle-ci venait de se cacher derrière un pan de mur et attendait que je la rejoigne. À quelques mètres de nous, un peu en contre-bas, se trouvait un Libre pourchassé par Kim. C'était intéressant. Réfléchissant quelques micro-secondes, j'ordonnai à Dalia de le tuer d'un carreau dans la tête lorsque je me serais rapprochée de Kim. Avançant furtivement jusqu'à atteindre un tas de pierre, je donnai le signale à ma tireuse d'élite et celle-ci toucha sa cible avec précision. Je profitai de cette action pour apparaître de l'autre côté de Kim, l'encerclant ainsi.

- Kim, quelle mauvaise surprise. Que viens-tu faire ici par un si beau soir ? Tu viens toi aussi admirer le feu d'artifice ?

Jouant nonchalamment avec ma dague, je le fixais d'un regard brûlant.

Alors que je me rapprochais de ma cible, qui commençait à s’épuiser, elle s’écroula net d’un projectile en pleine tête. Je me stoppais aussitôt et voulus me mettre à l’abri, pestant sur celui ou celle qui avait achevé ma souris, mais une voix féminine me fis me retourner vivement. Annabella se tenait derrière moi. Je soupçonnais aussitôt le tireur caché d’être une de ses Vipères, et j’étais donc coincé entre une tireuse d’élite, surement, et sa chef. C’était bien le moment tiens. Elle me demanda ce que je faisais là en jouant avec sa lame. Je lui retournais la question en me forçant à ne pas porter la main à mon sabre accroché dans mon dos.

« Tu parles d’une mauvaise surprise, ça grouille de vermine ici, mais je ne m’attendais pas à tomber sur les pires. Je ne suis pas là pour m’amuser Anna, alors si tu veux faire joujou, va voir ailleurs si j’y suis. »

J’étais très sérieux, même si je savais pertinemment qu’elle allait m’envoyer chier. Levant les yeux vers l’endroit supposé d’où était venu le projectile, je poussais un petit soupir.

« Rassure moi, tu n’es pas tombée bas au point de laisser une de te membre m’achever en traitre n’est-ce pas ? Ça m’arrangerait d’être sûr que ce combat soit loyal, puisque je sais que tu ne vas pas me lâcher la grappe tant que tu ne seras pas au tapis. »

Il me fallut un moment pour retrouver Kim, surtout que je ne connaissais pas les lieux. Heureusement, sa cible était suffisamment paniquée pour ne pas avoir le bon sens de se perdre dans les ruines, préférant la voie rapide qu’offrait la route, ou du moins ce qu’il en restait. L’air était un peu plus respirable, même si toujours enfumé. Cela ne servait à rien que je rejoigne Kim directement, aussi décidais-je de passer par un chemin un peu surélevé afin d’avoir une vue d’ensemble. J’avançais avec prudence lorsque le mec s’écroula sans que Kim ne l’ai touché. J’en étais sûr, puisque mon chef s’était stoppé à quelques mètres du corps surement sans vie. M’arrêtant à mon tour, j’observais la scène avec méfiance. Annabella fit alors son apparition, et je voulus les rejoindre lorsqu’une idée me traversa l’esprit. Quelqu’un avait tiré sur le fuyard, et ce n’était certainement pas Anna. Il y avait donc quelqu’un d’autre de dissimulé dans les décombres. Je devais trouver cette Vipère afin d’éviter que Kim soit pris en traitre. Me remettant en route en longeant les murs, je me dirigeais vers l’endroit d’où provenait le tir. Je n’avais pas encore dégainé, mais je tenais fermement la crosse de mon revolver. Le verre-de-terre tapis dans sa cachette allait regretté d’être resté dans son coin à attendre.

Tom était toujours en corps à corps, et l’avantage irait surement à celui qui s’épuisera le moins vite. C’était assez impressionnant de voir les deux combattants frapper et esquiver simultanément de façon à peine se toucher l’un l’autre…

Du côté d’Oli et Lucas, c’était toujours au point mort, et le fait que la fille prenne la parole surpris tout le monde alors que la tension était palpable. Elle faisait vraiment de l’humour ? En tout cas, elle semblait prête à en découdre, ce qui rassura Lucas, même s’il se demandait d’où elle sortait ses armes... Oli, lui, ne semblait pas convaincu, mais il n’en dit rien. Fixant son regard sur l’un des tireurs qui encerclait le trio, il lui adressa la parole sur un ton calme et en baissant légèrement son arme, tout en restant sur garde.

« Ok les gars, on est coincé là, mais nous avons tout de même l’avantage du nombre. Alors soit on fait ça à la loyale et en laisse tomber les armes à distance, soit vous y passé direct, parce que vous savez qu’on est plus rapide que vous à ce petit jeu-là. La balle est dans votre camp. »

D’un signe de tête, Lucas indiqua à la Soumise de viser l’adversaire sur lequel il était également, mais lui indiqua de ne pas tirer de la main. Oli était rapide, il serait surement le premier à tirer, mais Lucas l’était moins, ils ne seraient donc pas trop de deux en cas de tire.

Kim se retourna vivement en entendant le son de ma voix. Il répliqua en me traitant de la pire vermine. Je haussai les épaules, ces insultes étaient devenues anodines. Il ajouta qu'il n'était pas là pour s’amuser mais que si c'était mon cas, je n'avais qu'à aller voir ailleurs s'il y était. J'avais tout autant le droit d'être ici que lui.

- Si tu crois vraiment que je vais m'effacer pour te laisser le champ libre, tu es encore plus inconscient que je ne le pensais !

L'achever en traître ? Avec Dalia ? Non, jamais de la vie. Si quelqu'un ici devait achever le pigeon, c'était moi et personne d'autre. En tout cas, il avait bien compris que je ne le laisserais pas aussi facilement. Amusée, je répondis :

- Pour qui me prends-tu ? Je veux avoir le plaisir de t'achever moi-même ! Tu me dois au moins ça, pigeon stupide.

J'arrêtai de jouer avec ma dague et la gardai en main prête à me défendre mais n'attaquant pourtant pas mon adversaire. Avec la cohue, nous avions tout notre temps, et personne n'interviendrait dans notre combat. À moins de ne pas tenir à sa vie.

Dalia nous observait avec attention, mais n'interviendrait pas contre Kim. À moins d'en être absolument obligée – s'il était sur le point de me tuer par exemple, ce qui n'arriverait jamais. Non, elle surveillait surtout que personne ne vienne nous interrompre, comme je le lui avais ordonné. Et elle faisait bien : Jérémy se rapprochait comme un gentil petit toutou rejoignant son maître. Mais au dernier moment il changea de trajectoire : il cherchait le tireur. Affichant un sourire joueur, Dalia entreprit de laisser des indices tout en quittant sa cachette pour en rejoindre une autre. Elle aimait beaucoup les jeux de piste. Et elle aimait particulièrement affronter d'autres tireurs d'élite, tout enfant qu'ils soient. Elle lui avait laissé la vie sauve une fois, mais si jamais il tentait de s'en prendre à sa chef ou à elle-même, elle n'hésiterait pas à l'achever froidement.

Comme je le pensais, la chef des Vipères ne comptait s’en aller comme si de rien n’était. Elle me confirma qu’elle serait la seule à avoir le loisir de m’achever, ce qui me fit sourire.

« Ravis de l’entendre le verre de terre. Je sens que je vais me régaler donc. »

C’était bien connu, les pigeons mangeaient les verres de terre. Anna se mit en position de défense. Je sortis ma lame courte et me positionnais à mon tour, laissant mon sabre bien à sa place. J’avais envie d’égaliser les chances cette fois, ça n’aurait pas été juste de me battre avec une lame longue alors qu’elle n’en possédait qu’une courte, même si je ne doutais pas que celle-ci soit empoisonnée, comme sa propriétaire. J’allais devoir éviter la moindre égratignure, cela promettait d’être amusant…

« A toi l’honneur beauté, après tout c’est toi qui est venue me chercher.

J’arrivais le plus silencieusement possible à la supposé cachette de la tireuse, mais il n’y avait personne. Fronçant les sourcils, je scrutais minutieusement l’endroit et remarquais que je ne m’étais pas trompé : il y avait bien au quelqu’un ici, mais elle s’était déplacée. Soupirant en silence et serrant les dents, je continuais ma recherche en suivant sa piste, trop flagrante… Je m’arrêtais rapidement et observais les indices laissés volontairement. Elle voulait sérieusement jouer à ça ? Et puis quoi encore… Après un rapide examen des lieux et de leur composition supposée, j’entrepris de grimper d’un étage afin de me déplacer un cran plus haut qu’elle. Si elle espérait que j’allais gentiment la suivre pour ne jamais la débusquer, elle se foutait le doigt dans l’œil.

En haut, j’étais plus à découvert, aussi devais-je rester le plus près du sol possible et longer un maximum les pans de murs pour éviter d’être repéré de loin. Je continuais de suivre la piste laissée, mais indirectement cette fois. J’espérais pouvoir lui tomber dessus par surprise en venant de là où elle ne m’attendait pas.

Du côté d’Oli, Tom et Lucas :

Quelques secondes s’écoulèrent après les paroles de l’espion, puis l’un des assaillants banda son lance-pierre pour tirer. Oli lui envoya aussitôt une fléchette dans l’épaule, ce qui lui fit lâcher son arme en pestant. L’espion lui balança ensuite un coup de pied balayer afin de le mettre au sol et récupéra le lance-pierre qu’il passa à sa ceinture. Il immobilisa alors le gars en visant sa tête. Il bougeait, il était mort.

La fille prit cette action comme un signal de départ apparemment. Elle se rua sur le deuxième gars sans que Lucas ne puisse réagir, et lui planta sa dague dans l’épaule, lui faisant lâcher son arme. Lucas eu juste le temps de se déporter pour éviter le coup partit tout seul. Voyant qu’Oli ne semblait pas vouloir tuer son adversaire au sol, le messager attrapa son propre lance-pierre avec une grosse pierre et visage le genou du mec afin de le mettre à terre également. Dans l’action, il cria à la fille de ramasser le pistolet qui était à terre près d’elle avant de tirer. Le mec se tourna juste à ce moment-là et le projectile manqua sa cible. Lucas attendit de voir comment la blonde allait agir avant de tirer une seconde fois.

Tom quant à lui commençait enfin à voir la fin de sa baston. Son adversaire commençait à s’épuiser, plus que lui en tout cas, et il put enfin entrevoir une faille dans sa défense. Fonçant dans le tas, il rua pour lui asséner un coup dans l’estomac et le balancer à terre par un porter digne d’une prise de catch. Il s’étonna lui-même de cette attaque, mais repris rapidement contenance et attrapa sa carabine pour maintenir l’homme à terre à la façon d’Oli. Ils pourraient peut-être en apprendre plus sur ce qu’il se passait en les interrogeant…

Il sourit et répondit à ma provocation qu'il allait se régaler si j'étais celle qui allait l'achever. Et moi donc. Cela faisait un moment que nous n'avions plus eu de bonne raison pour nous battre l'un contre l'autre. Tout était trop calme et les conflits physiques entre clans étaient plutôt en baisse. Mais ici, dans la cohue de l'alerte, tout semblait permis.

Il dégaina une lame courte – quel gentleman ce Kim, il ne voulait pas utiliser son sabre. Je pris bien plus cela comme une provocation que comme un acte d'équité de sa part : j'aurais préféré qu'il se défende avec son arme de prédilection et non avec un vulgaire couteau. Mais je n'allais pas chipoter, d'autant plus qu'il me laissait galamment commencer le combat.

- Ce n'était pas dans mes intentions de te laisser porter le premier coup, de toute façon.

Sur ces mots, je fondis sur lui avec agilité, visant directement son cœur. Il allait parer alors autant jouer gros dès le départ.


Dalia remarqua vite que Jérémy n'était pas aussi stupide qu'elle l'aurait prédit pour un jeune de son âge. Il avait deviné le plan beaucoup trop flagrant un peu plus tôt qu'elle ne le pensait, mais cela importait peu. Elle gardait un œil sur lui tout en jouant le jeu de l'évitement. Il monta bientôt d'un étage, et elle décida de rester en contre-bas. Enfin, pendant un moment. Elle décida finalement de monter le rejoindre et se glissa rapidement à l'autre bout du bâtiment pour le prendre à revers. Elle était revenue sur ses pas sans qu'il puisse rien en savoir – cela avait des inconvénients d'être trop haut.

La Vipère aperçut bientôt le jeune et elle se planqua derrière une vieille porte usée. Délaissant son arbalète dans le plus grand silence, elle sortit son revolver. Le jeu du chat et de la souris était terminé, et elle avait gagné...

A peine lui avais-je proposé de commencé que la Vipère se rua sur moi en visant le cœur. Je fis un pas de côté pour éviter le coup et en profitais pour effectuer une demi-pirouette et donner de l’élan à un coup de pied en hauteur ayant pour but de la happer au niveau de la nuque et de lui faire perdre l’équilibre. J’enchainais directement en me préparant à donner un coup de couteau de côté dans le ventre en finissant mon demi-tour.

Du côté de Jéremy :

La piste s’était arrêtée. Je me retrouvais donc immobile au bord d’une pièce à trois murs, l’étage continuant quelques mètres plus loin après un trou remplis de gravas. J’écoutais avec attention le moindre bruit suspect, ignorant les bruits de lutte provenant de l’extérieur. Elle ne devait pas être loin. Je sortis enfin mon révolver et laissais mon doigt aller et venir sur la gâchette, près à tirer. Un pressentiment me fis me retourner lentement vers le mur opposé, et je pris la parole sans trop être sûr qu’elle soit réellement là ou pas. Mais mes paroles étaient de toute façon valables où qu’elle se trouve.

« Je sais que tu es proche, alors montre toi au lieu d'essayer de me tirer dans le dos. »

Kim évita mon coup qui aurait pu lui être fatal dans une pirouette, profitant de l'élan de cette parade pour lancer un coup de pied en direction de ma nuque. Me penchant en avant j'évitai son pied, qui passa au-dessus de ma tête. Il s'en était fallu d'un cheveu. Alors que je préparais une nouvelle attaque, je vis venir le couteau qu'il dirigeait vers mon ventre : qu'il était prévisible. Je ne m'esquivai pas avant le tout dernier moment, me laissant érafler très légèrement tandis que je dirigeais ma lame vers sa cuisse. Celle-ci n'était pas empoisonnée, mais il ne le savait pas. Je m'apprêtais à dégainer l'autre afin de rendre ce combat encore plus intéressant.


Du côté de Dalia

Dalia observa le jeune homme se stopper, revolver à la main et doigt sur la gâchette, prêt à tirer. Ce petit était quand même intelligent, il avait flairé le piège et maintenant il se tournait lentement vers l'endroit où se trouvait la Vipère. Et il parla. Il disait qu'il savait qu'elle était proche, qu'elle devait se montrer au lieu d'essayer de lui tirer dans le dos. Cette idée l'avait effleurée. Mais elle s'attendait à s'amuser un peu plus. Elle ne lui sauverait pas la vie deux fois de suite, même si s'en prendre à un enfant ne lui plaisait pas. Mais ici, il était bien plus un danger que la dernière fois : si elle le laissait s'échapper, il pourrait tirer sur Annabella. Elle ne pouvait pas se permettre de manquer à ses devoirs.

Serrant son revolver à deux mains, elle sortit de sa cachette et s'approcha d'un pas nonchalant. Elle ne le tenait pas en joue, mais il ne lui faudrait qu'un court instant pour le viser et tirer. Elle n'était pas tireuse d'élite pour rien.

- Te tirer dans le dos ? Non, ça ne serait pas amusant ! Pour qui me prends-tu, petit ?

Elle aimait le provoquer, un sourire aux lèvres. Il n'était pas plus petit qu'elle, il devait avoir à peu près la même taille en fait. Mais elle le savait plus jeune, et le pensait moins expérimenté aussi. Même si elle ne le sous-estimait pas pour autant – le faire aurait été se condamner elle-même.

Anna esquiva au dernier moment. Je m’écartais alors d’un bon afin d’éviter toute répartie de sa part, et je fis bien, car elle avait bien faillit m’avoir à la cuisse. Sans attendre, je repartis à l’attaque, restant dans les coups de pieds afin d’éviter d’approcher trop de sa lame. Alors que j’arrivai à sa hauteur, je m’abaissais au dernier moment et lui balançais un coup dans les jambes, espérant ainsi la mettre à terre. Me retenant de dégainer à ce moment-là pour lui asséner un coup de sabre, je me contentais de faire suivre la même trajectoire que ma jambe à mon bras armé afin de lui renvoyer l’appareil du coup tenté à la cuisse.

Du côté de Jéremy

La Vipère se montra enfin, tenant fermement un revolver à deux mains. Elle approcha avec un sourire, me provoquant d’une façon que je ne n’appréciais pas du tout. Je l’appréciais encore moins en la reconnaissant. C’était la fille qui m’avait balancé des balles alors que j’étais à moitié évanoui. Je m’étais juré de lui faire bouffer ses munitions pour avoir eu ainsi pitié de moi, et voilà que nous nous retrouvions face à face. Serrant ma prise sur la crosse de mon arme, je la visais aussitôt, la mâchoire crispée et la colère montant d’un coup. Mais étrangement, je ne tirai pas. Oui je voulais lui faire payer son acte de pitié, mais ça aurait été trop facile de simplement tirer comme ça, surtout que nous ne ferions que nous tirer l’un l’autre comme des lapins… Non, elle se moquait de moi, encore, et je comptais bien lui faire comprendre son erreur.

« Je te prend pour un serpent vicieux et répugnant, c’est tout ce que tu es. »

J’avais presque craché mes paroles. Elle voulait s’amuser ? Et bien nous allions nous amuser donc. Mais alors que je voulais tirer en visant son genou, prêt à me décaler en même temps pour éviter le retour de flammes, quelque chose me retint. Je n’aurai su dire quoi, mais en la regardant plus attentivement et malgré la haine qui me faisait bouillir, un sentiment étrange bloquais mon doigt et m’empêchais d’appuyer sur la détente. Un genre de malaise… Si j’étais mal à l’aise du fait qu’elle m’ait considéré comme suffisamment inoffensif pour me laisser la vie sauve au lieu de m’achever, cela ne justifiai pas ce blocage. Ce genre de réaction ne m’était encore jamais arrivé, et un sentiment d’incompréhension se mêla à la colère. Machinalement, et ne lâchant pas la fille des yeux, je mordillais l’ongle de mon pouce gauche en fronçant les sourcils et en grimaçant légèrement. Ce geste de contrariété était un réflexe courant chez moi, mais jamais en situation de combat, et moins encore lorsque j’étais armé. Qu’il ressorte maintenant ne faisait qu’accentuer mon trouble, et je serais les dents en reprenant la paroles afin de détourner son attention de mon comportement… même si je devais déjà être griller malgré le fait que ça n’ait durer que quelques secondes à peines, ce qui fis remonter la colère d’un cran, si cela était encore possible…

« Après la pitié, l’humeur joueuse… C’est un peu contradictoire tu ne trouves pas… ? »

Il esquiva tant bien que mal le coup que je destinais à sa cuisse. Et il repartit directement à l'attaque. Kim utilisait sa technique des coups de pieds pour éviter de m'approcher de trop près. Avait-il peur de ma lame ? Il s'abaissa au dernier moment et me balança un coup de pied dans les jambes. Je sautai afin d'éviter de me retrouver au sol. Son bras suivit aussitôt sa jambe : il n'avait pas apprécié mon coup manqué. Je stoppai sa lame avec la mienne.

- Pauvre petit pigeon, tu n'oses pas approcher la Vipère qui va te dévorer... Enfin, tu n'oses pas ou tu n'y arrives pas. Dans tous les cas, tu ne me battras pas, Kim.

Lui jetant un regard haineux, je repoussai sa lame et saisis ma seconde dague dans mon autre main. Il avait bien plus intérêt à se méfier de la piqûre, car celle-ci était empoisonnée. Le poison n'était pas mortel, mais il lui infligerait d'atroces douleurs s'il venait à entrer en contact avec son sang.

- Venons-en aux choses sérieuses.

L'échauffement était terminé, le vrai combat commençait. Dans une pirouette, je dirigeai mes deux lames l'une après l'autre vers lui, à hauteur de son torse.


Du côté de Dalia

Jérémy visa Dalia mais ne tira pas. Il n'appréciait pas la petite provocation de la tireuse d'élite. Il répliqua d'ailleurs qu'il la prenait pour un serpent vicieux et répugnant. Elle haussa les épaules en l'entendant dire ça : ce n'était pas elle qui allait le contredire, elle ne refusait jamais de faire le sale boulot quand Anna lui ordonnait. Sauf quand il s'agissait d'enfants. Mais un enfant ne lui parlerait pas comme ça. Ça réglait donc tout.

- Tu dois avoir raison. Mais tu ne seras plus là très longtemps pour en témoigner.

Elle voyait bien qu'il hésitait à tirer. Pourquoi cette hésitation ? Il était apparemment en colère. Le fait de lui avoir sauvé la vie la dernière fois y serait-il pour quelque chose ? Peut-être qu'il s'était senti humilié. Mais elle avait fait ce qu'il fallait. Et elle n'allait pas tarder à le tuer, quitte à y passer aussi, afin de protéger Annabella.

Mais, observant le jeune homme, elle fut décontenancée par ce drôle de geste qu'il fit. Dalia n'était jamais décontenancée. Rien ne la surprenait jamais. Et pourtant, c'était le cas en cet instant. Ce geste, elle le connaissait. Elle le connaissait même très bien. Son petit frère avait exactement la même réaction lorsque quelque chose le contrariait. Mais son frère était mort il y a bien longtemps. Pourtant, maintenant qu'elle fixait attentivement les traits de Jérémy, elle ne put retenir un regard étonné.

- Non, c'est impossible...

Elle n'en croyait pas ses yeux. Ce jeune homme ressemblait fort à son frère. Elle était pourtant persuadée qu'il était mort et enterré. Elle n'avait jamais fait le rapprochement. Mais le physique et le tic étaient trop de coïncidences...

- Jérémya ?

Elle baissa sa garde et retira son doigt de la gâchette de son revolver. Maintenant qu'elle était dans le doute, elle ne pourrait plus lui tirer dessus. Elle fit un pas vers lui pour l'observer encore plus attentivement. Mais plus elle le regardait, et plus elle retrouvait en lui son frère perdu.

- Jérémya, c'est bien toi ? le questionna-t-elle encore, toujours sous le choc.

La blonde stoppa mon coup avec sa propre lame et me lança une pique. Mais je ne me laissais pas déstabiliser. Soutenant son regard avec un petit sourire dédaigneux, je me redressais alors qu’elle sortait sa deuxième dague. Elle voulait passer aux choses sérieuses ? Très bien, je n’allais pas me faire prier. Reculant d’un pas pour éviter sa pirouette, je pestais en sentant sa première lame m’entamer la chair au niveau du torse. Dégainant enfin mon sabre, j’espérais que le couteau ne soit pas empoisonné, sinon j’étais mal... Un sabre contre deux lame courtes, probablement enduites de poison, les choses étaient équitables. Ignorant le sang qui colorait mon t-shirt, je frappais au niveau de l’épaule afin de la désarmée au moins d’un côté.

Du côté de Jéremy

La fille me menaça, mais je n’en tint pas rigueur. Au moins semblait-elle me prendre au sérieux maintenant. Du moins suffisamment pour avoir l’envie de me tuer. A la suite de mes paroles, la Vipère eu une réaction plus qu’inattendue. C’était une stratégie de passer ainsi du coq à l’âne ? Si oui, elle fonctionnait plutôt bien, surtout au vue de mon état d’esprit actuel. Elle baissa carrément sa garde, me fixant d’un air à la fois surpris et troublé. Pour ma part, je gardais la canon rivé sur elle, même si j’étais toujours incapable de tirer. Que cherchait-elle à faire en agissant de la sorte ? Elle répéta sa question, me demandant si j’étais bien… Jérémya ? Qui était ce Jérémya ? Pourtant, ce nom déclencha une réaction plus qu’inhabituel chez moi : mon bras se mit à trembler légèrement. Putain mais c’était quoi ce délire ? Me stabilisant avec mon autre main, je fixais la blonde en pinçant les lèvres avant de répondre.

« Je ne connais pas de Jérémya. Je m’appelle Jéremy. Et je ne sais pas à quoi tu joues, mais tu ne m’aura pas…

Mais paroles n’étaient pas très convaincues, même si j’étais presque sûr qu’elle cherchait à me déstabiliser. Elle avait sentit mon trouble, et en avait profité, sauf qu’elle avait réussi son coup, et c’était ça le plus étrange…

Pour une fois, Kim ne répondait pas à mes piques. Il était sans doute trop concentré à parer mes coups. Je réussis d'ailleurs à le toucher, mais pas avec la dague empoisonnée. Tant pis, ça serait pour le prochain coup. Lorsque je fis entendre mon envie de passer aux choses sérieuses, Kim recula et dégaina son sabre. Enfin, il sortait son arme, celle qu'il maîtrisait. Le combat pouvait vraiment commencer.

Il tenta de me frapper au niveau de l'épaule, et j'évitai la lame en m'approchant de lui, prête à frapper dans les côtes. Seulement, la garde de son sabre me frappa quand même et dans un réflexe je lâchai la dague empoisonnée qui aurait dû le toucher. Pestant, je reculai en essayant de récupérer mon bras endolori par le coup. J'avais presque oublié qu'il avait de la force. Mais je n'étais pas en reste. Je me rapprochai rapidement mais prudemment afin d'éviter un nouveau coup du genre de sa part. Je feintai une attaque directe à la gorge mais m'abaissai au dernier moment pour lui faire un croche-pied et récupérer ma dague. À deux couteaux contre un sabre, c'était quand même plus équitable. Je m'éloignai et me mis en position d'attaque, à environ un mètre de lui.

- Ne serais-tu pas en train de te demander si tu vas bientôt ressentir des douleurs atroces ou t'évanouir ? Ou encore si tu ne vas pas étouffer sous une chaleur atroce ?

Lui faire peur quant à son possible empoisonnement était plutôt amusant.


Du côté de Dalia

Il n'avait pas l'air de réagir. Dalia s'était-elle trompée ? Non, elle était presque entièrement sûre que c'était lui. Enfin, aussi sûre qu'elle l'avait vu mourir devant ses yeux avant de rejoindre les Vipères... Pour la deuxième fois dans sa vie, l'esprit de Dalia s'embrouillait et elle avait du mal à dicerner le vrai du faux. Il était mort devant ses yeux, et pourtant quelque chose en elle était persuadé que le jeune homme devant elle était son frère. Il lui ressemblait tellement, il avait ses manies. Et il s'appelait Jérémy. Tous ces éléments s'accumulant ne pouvaient pas être des coïncidences. Non.

- Quel âge as-tu ? demanda-t-elle d'abord.

Jérémy pointait toujours son canon vers elle. Il ne la croyait pas. Dalia hésita un instant puis prit le risque de lever les mains en l'air en signe de non-agression (elle gardait quand même son revolver en main, en cas d'extrême urgence). Il fallait qu'elle lui parle, qu'elle sache si elle avait vraiment raison. Elle ne voulait pas qu'il tire avant qu'elle ait eu des réponses.

- Depuis quand es-tu Membre des pig... des Aigles ?

Elle se retenait d'agir comme elle le faisait tout le temps. Elle voulait comprendre.

Alors que je frappais, Anna s’approcha pour éviter le coup. Elle se choppa donc la garde et lâcha sa dague. Elle recula alors, et je voulu en profiter pour lui asséner un coup latérale au bassin. Mais elle fût plus rapide que moi. Elle me feinta, essayant de me faire perdre l’équilibre et récupérant sa dague au passage. Reculant d’un pas pour récupérer éviter de tomber, je me mit également en position d’attaque alors qu’elle reprenait la parole, essayant de me déstabiliser.

« Tant que je ne ressent rien, il n’y a pas de raison d’abandonner le combat. Empoisonné ou non, je ne compte pas te laisser gagner si facilement. »

Afin d’appuyer mes paroles, je repartit à l’attaque, lançant une attaque en biais du bas vers le haut afin de viser large.

Du côté de Jéremy

Voilà qu’elle me demandait mon âge maintenant. Elle leva alors les mains, comme pour montrer qu’elle ne me voulait pas de mal… enfin plus maintenant en tout cas. Cette fille était vraiment vexante… Elle continua en me demandant depuis combien de temps j’étais Membre des Aigles. Si elle jouait la comédie, elle était plutôt convaincante, mais rien ne prouvait que ce n’était pas un piège. Pourtant, mon malaise grandissant, je baissais légèrement mon arme et lâchais une main pour tiquer de nouveau avant de répondre.

« En quoi ça te regarde la Vipère ? Tu joues à quoi là ?

Quand elle disait qu’elle voulait s’amuser, je n’aurai jamais cru que ce serait de cette façon… Elle avait réussi à réveiller en moi des questions que je ne m’étais plus posé depuis des années. Mais elle ne pouvait pas savoir, elle ne pouvait pas être au courant de mon amnésie, personne ne l’était… même pas Kim. Seuls mes parents adoptifs le savaient, mais il n’y avait aucune raison qu’ils en parlent… et encore moins à une Vipère… Pourtant, elle jouait avec mes souvenirs inexistants, me bloquant totalement. Je me sentais faible en cet instant, mis à nu, et ça s’était inacceptable. Mais je n’arrivais pourtant pas à me reprendre. C’est alors que j’aperçus du mouvement derrière elle. Le coup partit alors tout seul, par réflexe. Si j’étais incapable de tirer sur la blonde, je fut rassurer de voir que j’étais encore capable de tirer tout court… Evidemment, j’aurais pu m’assurer d’abord qu’il ne s’agissait pas d’un allié, mais c’était bien connu, une fois armé, je ne faisait plus vraiment la différence. Un allier l’aurait su et n’aurai pas agit de la sorte… du moins je l’espérais, car mon coup avait fait mouche. J’avais visé juste à côté de la tête de la Vipère, et j’avais touché un ennemi à l’épaule alors qu’il arrivait par derrière elle. Nous fument alors attaquer par deux nouveaux arrivant, l’un se ruant sur moi et l’autre s’attaquant à la blonde, dont je ne connaissait toujours pas le nom d’ailleurs… Pris pas surprise, je me retrouvais en combat au corps à corps avec mon adversaire. Il ne manquait plus que ça, mais au moins cela me changeait-il les idées…