Jour 1 post-rébellion

Lorsque Katarina m'avait appris la nouvelle, j'avais été surprise. Annabella était blessée ? Entre la vie et la mort ? C'était impensable, mais c'était la réalité. Dalia était restée près d'elle à l'hôpital tandis que Katarina apportait le message. Je lui fis promettre de ne rien dire à personne de ce qui venait de se passer, ensuite, je m'étais repliée seule au Q.G., la plupart des gradées étant dispersées pour protéger les entrepôts, surveiller la situation sur le territoire des Jaguars et d'autres missions du genre. Annabella n'ayant pas encore choisi de Seconde, j'étais toute désignée pour la remplacer le temps de sa convalescence – si elle s'en remettait. Autrement, cela poserait encore plus de problèmes.

J'avais attendu le lendemain et la fin de la cohue pour convoquer toutes les Vipères, la plupart étant revenues de leur mission. Il me fallait leur annoncer la nouvelle. Pour ce faire, je me tenais en hauteur devant la foule qui s'amassait. Je levai un bras et elles se turent toutes petit à petit. Elles se doutaient certainement que quelque chose n'allait pas : pourquoi Annabella ne les avait pas elle-même convoquée ? Pourquoi n'était-elle pas présente ? Que s'était-il passé cette nuit, sur les territoires des Jaguars et ailleurs ? Qu'allaient-elles apprendre de moi ? Ysaline se tenait près de moi, comme elle le faisait avec Annabella. Elle était déjà au courant et avait accepté de m'obéir à nouveau, comme les autres devraient le faire bientôt. Pour l'instant, seules Dalia, Katarina, Julia et Ysaline étaient au courant. Les autres n'allaient pas tarder à l'être...

Dalia ne s'était pas vraiment remise de son combat de la veille. Elle avait reçu un coup violent au niveau du ventre, et en souffrait. Mais elle le cachait comme elle le pouvait, après tout ce n'était rien comparé à ce que d'autres avaient subi. Elle s'inquiétait bien plus pour Annabella. Elle avait veillé des heures aux urgences, espérant une bonne nouvelle des médecins. Malheureusement, ils avaient été contraints de lui annoncer la mauvaise nouvelle : désormais dans le coma, Anna ne pourrait reprendre ses fonctions dans l'immédiat. Ils étaient restés vagues quant à son éventuel rétablissement, et ce malgré les menaces et les insultes de la Vipère.

Dalia se traîna donc jusqu'au QG, le moral en berne, sachant très bien ce qui s'y passerait. Nora les convoquait afin d'annoncer la nouvelle, certainement. Elle arriva dans la salle. Un petit attroupement s'était formé autour de l'ancienne. Dalia aperçut Ysaline sur l'estrade et la fusilla du regard. La Fine Lame lui rendit son affront. La blonde prit alors à parti une jeune recrue qui se tenait à côté d'elle, et dont elle ne connaissait même pas le nom.

T'as vu cette pétasse? On dirait pas qu'elle va être nommée Seconde? Pour qui elle se prend! La recrue se força à rire et approuva. Par peur, sans doute. J'te parie qu'elle est bien contente de ce qui arrive à Annabella... La recrue parut un moment interloquée, mais n'osa pas poser de questions. Elle était sans doute intimidée.

Ysaline, bien qu'ayant remarqué que la Tireuse se moquait ouvertement d'elle, détourna le regard. Dalia s'ennuyait déjà. Sans considérer davantage son interlocutrice, elle s'avança, prête à entendre le discours de Nora. Elle croisa le regard de l'ancienne. Dalia ne changea pas d'expression, elle tentait d'afficher l'air le plus indifférent possible, même si les événements de la veille se bousculaient toujours dans sa tête et l'affligeaient. Nora reprendrait le pouvoir c'était certain. La Vipère s'en mordait les doigts. Elle trouvait son ancienne chef trop passive et laxiste. Mais bon, la Tireuse avait une dette envers elle, alors elle ne la méprisait pas. On peut même dire qu'elle la respectait, à sa façon. Anna allait manquer au clan, c'était certain.

Il s'était passé quelque chose la veille, apparemment. Chez les Jaguars, si j'avais bien compris. Une attaque de Libres, ou quelque chose comme ça. C'était un peu flou, les informations étaient données au compte goutte et certaines se contredisaient. Fran et Marie n'en savaient pas plus. Je les accompagnai quand Nora nous convoqua. C'était d'ailleurs bizarre que ce soit elle qui le fasse : où était Annabella ? Elle était toujours à l'extérieur du camp ? Pourquoi ?

Il y avait de plus en plus de Vipères. Nora attendait, en hauteur par rapport à nous. Je n'avais encore assisté qu'à deux entraînements avec elle, celui d'aujourd'hui ayant été annulé à cause de la cohue. Et si c'était bien ce que Fran et Marie redoutaient – qu'Annabella ait eu un problème –, je risquais de ne pas la voir pendant un moment, et donc de prendre du retard. Mais bon, il fallait attendre qu'elle parle et qu'elle nous explique. Et puis, n'aimant pas trop Annabella, s'il lui était arrivé quelque chose, je ne pouvais que m'en réjouir !

La nuit d’hier avait été mouvementée. Je n’avais pu retrouver le camp des Vipères que ce matin-même, après plusieurs péripéties dont je me serais bien passé. Heureusement, je n’étais pas blessée, et apparemment Ysaline et Hélène non plus. C’était tant mieux. Par contre, le fait que Nora nous convoque me paraissait étrange. Je n’avais pas dormi depuis la veille, mais je me rendis directement devant le Q.G., où elle attendait que tout le monde soit rassemblé. Je rejoignis Marie et Fran, accompagnée d’une nouvelle recrue que j’avais déjà croisé quelques fois, Angelica. Je leur assurai que j’allais bien alors qu’elles s’étonnèrent de sentir l’odeur de brûlé et de fumée que je dégageais, n’ayant pas eu le temps de me changer entre temps.

J’allais leur expliquer en quelques mots ce qui s’était passé lorsque Nora leva la main pour que l’on se taise, ce que firent petit à petit les Vipères autour de moi. Fran et Marie n’étaient pas au courant non plus de la raison de cette réunion, même s’il s’agissait certainement de parler des évènements de la veille. Mais le plus inquiétant était que ce n’était pas Annabella que nous avions devant nous…

(POV Raym - Perso supprimé)

Raym ne parvenait pas à réprimer le sourire qu'étiraient ses lèvres. Un peu à l'écart de l'attroupement de Vipères, elle scrutait ce qui l'entourait avec un certain intérêt, curieuse de savoir pourquoi elles avaient été convoquées ici. Bien sûr, elle se doutait que tout ceci devait avoir un rapport avec cette nuit, mais pour plus de détails, il allait valoir attendre que cette femme qu'elle ne connaissait que de nom se décide à parler. Malgré une certaine fatigue et quelques blessures superficielles, la jeune femme se sentait particulièrement bien. Après tout, elle avait participé à sa première bataille en tant que Vipère et elle gardait du combat un excellent souvenir. Alors elle souriait, ravie de la tournure qu'avait pris les événements aux entrepôts.

- Euh excuse-moi... Ça te dérange si je me met ici ?

La petite voix de Cerise avait eu le don de la surprendre et elle tourna vers elle un regard intrigué. Même si elle ne l'avait pas vue venir, la rousse était bien à côté d'elle, les joues un peu rouge, et le bras en écharpe. Raym hocha brièvement la tête en guise de réponse avant de se souvenir qu'il fallait qu'elle fasse des efforts pour se montrer moins sauvage.

- Pas de soucis. Ta blessure n'est pas trop grave ?
- Ce n'est pas grand chose. Merci de t'en soucier.

Raym avait faillit ajouter quelque chose, mais Nora ayant réclamé le silence, elle se tut.

Les Vipères se turent petit à petit. Je me raclai la gorge avant de commencer d'une voix forte afin qu'elles m'entendent toutes :

- Suite à l'attaque d'hier, contre les Jaguars et contre nos réserves communes, Annabella a été blessée. Elle est à l'hôpital, dans un état plus ou moins grave. Je n'en sais pas plus pour le moment.

Je m'arrêtai, laissant aux Vipères le temps de digérer quelque peu l'information capitale que je venais de leur donner. Mais je repris bientôt avant que les voix ne s'élèvent trop et qu'elles deviennent incontrôlables.

- Annabella n'a pas désigné de Seconde, je me vois donc dans l'obligation d'occuper le poste de Chef remplaçante durant sa convalescence, comme la tradition le veut.

Je fis en sorte de poser mon regard dans les yeux de la majorité des Vipères ici présentes, histoire de leur faire comprendre que je redevenais Chef pour l'instant et qu'il faudrait m'obéir.

- Les règles d'Annabella restent bien entendu en vigueur.

Les binômes ne seraient pas dissous, et les manquements à l'ordre seraient sévèrement punis. Même si j'étais peut-être un peu plus indulgente que ma cadette et successeure.

Dalia, tout comme les autres Vipères présentes, se tut et écouta attentivement les paroles de Nora, bien qu'elle savait déjà ce que l'ancienne dirait. La Tireuse se plut à observer les réactions dans l'assistance. Certaines avaient l'air totalement accablées par la nouvelle. D'autres, au contraire, masquaient à peine leur joie. C'en était insultant. Un brouhaha confus s'éleva dans la salle. Les questions fusaient "Qui a fait ça?" "Pourquoi?" "Comment c'est arrivé?", le tout entrecoupé de cris de surprise et de murmures apeurés.

Eh bien, bon débarras! murmura une membre à sa voisine. Une salope de moins, ça ne fera pas de tort au clan. Dalia, aussitôt, se jeta sur elle et la saisit par le col.

Répète un peu ça, saleté. Elle éleva la voix, afin que tout le monde l'entende. Répète ça à Nora, vas-y.

Dalia savait pertinemment ce qu'elle était en train de faire, c'était une exécution publique ni plus ni moins. Les filles qui les entouraient s'écartèrent. Tout le monde avait les yeux braqués sur elles. Dalia, avec violence, projeta la membre au sol qui, surprise, s'effondra.

Sale traître. Tu vas payer...

Elle s'apprêtait à dégainer et à abattre l'inconnue sous les yeux du clan entier. Mais elle s'arrêta, se contentant de toiser la pourriture qui avait tenu des propos aussi insultants envers sa chef. Elle réagissait trop vivement. A croire que les événements d'hier l'avaient totalement chamboulée. Ce qui avait marqué la Tireuse plus que tout était le fait d'avoir enfin retrouvé son frère Jérémya. Elle était partagée entre joie et tristesse. Joie parce qu'elle avait été séparée de lui pendant des années et le croyait mort. Tristesse parce qu'appartenant à des clans en tout point opposés, ils ne pourraient plus jamais vivre ensemble, comme une famille. Et cette ironie lui donnait un sentiment de frustration qu'elle n'avait encore jamais connu. Frustration qu'elle évacuait comme elle le pouvait... Troublée, elle leva les yeux vers Nora, attendant sa réaction.

Annabella ? À l'hôpital ? Je n'arrivais pas à y croire ! J'avais toujours vu en elle une femme forte et, bien que je me rendais compte de l'absurdité de ma pensée, invincible. Si elle était à l'hôpital dans un état plus ou moins grave, c'était qu'il devait y avoir une bonne raison et que quelque chose de grave s'était passé. Nora ne nous en dit pas plus, elle ajouta seulement qu'elle reprenait les rennes du clan en attendant qu'Annabella se remette. La foule autour de nous était restée plutôt silencieuse, surprise par l'annonce inattendue de Nora. Mais nous devions bien nous attendre à quelque chose du genre en ne voyant pas notre Chef se présenter devant nous pour nous faire un rapport des évènements de la veille.

À quelques pas de moi, Dalia éleva la voix contre une autre Membre. Elle avait saisi le col de Bérénice, une Vipère de 20 ans, et lui demandait de répéter ce qu'elle venait de dire devant tout le monde. Les Vipères autour d'elles s'écartèrent, même si une amie de Béatrice, Coralie, resta proche si ça dégénérait. Mais étant de simples Membres toutes les deux, elles ne pourraient rien faire à Dalia si Nora n'intervenait pas. Pour ma part, je m'approchai d'elles et surtout de Dalia. Je ne la connaissais pas énormément mais je savais que généralement, elle avait plutôt tendance à garder son sang-froid. Sa réaction en étonnait d'ailleurs plus d'une. La Tireuse d'élite m'avait toujours un peu impressionnée à vrai dire. Pas seulement par son grade, mais également à cause de son caractère et du fait qu'elle était plus âgée que moi, et donc plus expérimentée. Nous avions déjà eu l'occasion de nous battre côte à côte mais c'était assez récent. Voyant que personne n'osait s'interposer, je le fis.

- Dalia, calme-toi s'il te plait. Nous sommes toutes bouleversées par ce qui est arrivé à Annabella. Ce n'est pas le moment de s'entretuer entre nous, nous avons besoin d'unir nos forces pour surmonter cette épreuve.

J'étais certaine que Nora serait d'accord avec moi. Je ne l'avais pas connue en tant que Membre, mais en tant que Soumise, et je l'avais toujours trouvée très juste et très réfléchie.

Nora nous annonça qu'Annabella était blessée et à l'hôpital pour l'instant. Bon débarras, j'avais envie de dire ! Mais une autre Vipère fut plus rapide. À quelques mètres de moi, elle se fit violemment agressée par Dalia, la Tireuse d'élite du clan, profondément attachée à notre Chef. Celle dont j'espérais prendre la place d'ici un an ou deux, si je m'entrainais bien. Ludivine, que je connaissais par le biais de Fran et de Marie, intervint. Elle avait toujours été assez diplomate, chose que j'avais beaucoup de mal à faire. Il faudrait que je lui demande sa recette un jour ! En plus, elle avait raison. Avec l'attaque dont Nora nous parlait et qui faisait du bruit depuis la veille au soir, nous ne devions pas nous éparpiller dans tous les sens.

Attendant comme les autres la réaction de Nora, je me rapprochai cependant pour observer la scène de plus près. Une information me revint alors à l'esprit : Nora était ma formatrice, mais si elle devait diriger le clan, elle aurait moins de temps à m'accorder. Mes progrès seraient plus lents, ce qui ne m'arrangeait pas. J'avais envie d'apprendre tout, tout de suite, moi ! Finalement, l'absence d'Annabella n'était pas une si bonne nouvelle que ça...

Dalia plissa les yeux, se laissant petit à petit envahir par la haine et par la tentation d'abattre cette pourriture sur place. Trop d'événements l'avaient chamboulée et la Tireuse se laissa submerger par ses émotions. Alors que Nora s'apprêtait à réagir, une jeune Membre que Dalia connaissait de vue l'interpella. C'était une fille bien, à ce qu'il paraissait. Elle était utile au clan et ne s'était jamais mise en travers de son chemin. Enfin si... Elle venait de le faire en ce moment même. L'adolescente tenta de la raisonner. Sérieusement? Elle espérait que ses belles paroles allaient changer son attitude? Au contraire, son ton moralisateur ne plaisait pas du tout à la blonde, qui se fit un plaisir de dégainer, déclenchant une vague de protestation et de panique dans la salle. Les cris de terreur l'exaltaient, et un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres. N'attendant même plus l'intervention de Nora, elle releva le cran de son arme et ordonna d'une voix ferme.

Tire-toi de mon chemin.

Cette garce allait payer. Elle allait payer pour Anna et Jérémy. Pour s'être comportée comme une traîtresse en plein QG et pour avoir craché sur sa propre chef. En ce moment, Dalia ne mesurait en rien les conséquences qu'auraient ses actes, aveuglée par la rage.

D'ordinaire, Kayle ne se souciait pas vraiment de la hiérarchie. Il avait pris la convalescence d'Annabella comme un répit et comptait bien en profiter pour quitter le clan à la moindre occasion. Mais il se doutait que Dalia n'était pas du même avis que lui. Elle était extrêmement attachée à sa chef, et la perdre avait dû être un moment particulièrement difficile. Le Soumis n'avait eu l'occasion d'en parler avec elle depuis la rébellion. Il s'était rendu à la convocation de Nora dans l'espoir de la croiser et de lui en toucher un  mot. Malheureusement, il était arrivé trop tard. Une foule s'amassait déjà devant l'estrade et Nora était en train d'annoncer la mauvaise nouvelle.

Alors qu'il cherchait la blonde du regard, il entendit sa voix s'élever dans la salle. Il comprit immédiatement que les choses dégénéraient, et que Dalia devait être à l'origine du problème. Avec tout ce qu'il s'était passé la veille, elle devait être à fleur de peau. La moindre contrariété pouvait la faire entrer dans une colère noire.

Inquiet, il se précipita alors au centre de la salle, là où la dispute avait commencé. Une jeune membre avait tenté de la raisonner en vain. Nora n'était apparemment pas intervenue, car la panique régnait toujours dans la salle. Dalia avait ce regard noir et mauvais qui ne présageait rien de bon. Il fallait qu'il intervienne, sinon les deux autres membres allaient y passer, et la Tireuse aurait alors de sérieux ennuis. Il se glissa dans son dos et, sans la toucher, lui dit  

Ne fais pas ça. Tu sais très bien que ça ne ramènera pas Anna.

Il avait fait l'erreur de parler de sa Chef comme si elle était déjà morte, mais il savait que Dalia comprendrait son intention et ses paroles.

Point de vue de Dalia

La Tireuse ne s'attendait pas à entendre la voix de Kayle s'élever dans son dos. Il avait toujours l'art de la surprendre, et là on pouvait dire qu'il tombait à pic. Ses paroles résonnèrent dans son esprit. Oui, il avait tout à fait raison et ce qu'elle faisait ne l'avancerait à rien. Mais elle avait espéré que cela la soulagerait de libérer sa haine sur cette imbécile. Elle baissa son arme et tourna la tête vers son ami, toujours indécise. La blonde ne dit une seul mot et restait là, pantoise, devant le clan entier qui attendait sa réaction.  

- Gaga, dépêche-toi un peu !
- Relax ! C'est pas comme si cette convoc', c'était une histoire de vie ou de mort.

S'il y avait bien une chose que je ne supportais pas, c'était bien d'être dérangée lorsque j'avais le nez plongé dans un mécanisme particulièrement complexe qui nécessitait rigueur et concentration. A l'annonce d'un rassemblement devant le QG, l'Atelier s'était progressivement vidé, mais j'étais restée en arrière et, à force, j'avais fini par oublier cette maudite convocation et je n'avais pas prêté plus d'attention que cela à l'absence des autres. Fort heureusement, Sasha me connaissait bien, et elle avait débarqué comme une furie pour m'arracher à mon travail. Elle me tirait d'ailleurs toujours par le bras pour me faire avancer plus vite alors que nous approchions de la masse grouillante de Vipères. A vue de nez, je supposais qu'il y avait plus ou moins tout le monde ce qui m'inquiéta durant l'espace d'un instant. Pourquoi un tel rassemblement au fait ? Notre arrivée tardive ne fut absolument pas remarquée, les yeux de toutes les personnes présentes étant tournés vers ce qui semblait visiblement être une bagarre. J'entendis la voix de Ludivine un peu plus loin ce qui me fit froncer les sourcils. Comment ça nous étions bouleversées après ce qui était arrivé à Annabella ? Me détachant de Sasha, je fendis la foule en bousculant l'une ou l'autre filles pour débarquer au milieu du jeu de quilles. Un Soumis venait de parler, faisant régner un calme étrange dans l'assemblée, j'en profitais donc pour parler.

- Qu'est-ce qui est arrivé à Annabella ?!

Ma question s'adressait principalement à Ludivine, la plus censée du groupe à mon sens, mais je me fichais au final bien de qui me donnerait la réponse que j'attendais. Et non, le fait que Dalia ait son flingue pointé sur quelqu'un ne m'interpellait absolument pas.

Alors que je venais de terminer de parler, la rumeur se fit plus vive dans l'assemblée. Puis, des voix s'élevèrent. Je reconnus celle de Dalia qui disait à une autre Membre de répéter quelque chose. Dalia la traita de traitre et lui dit qu'elle allait payé, la jetant par terre. La Membre surprise n'était autre que Bérénice, et il était vrai qu'elle n'affichait pas une grande affection pour Annabella. J'en déduis donc que Dalia l'avait entendue dire quelque chose de négatif sur la Chef du clan et, sur les nerfs, tentait d'en faire un exemple.

Rapidement, Ludivine tenta de raisonner son ainée, avançant des arguments pertinents, mais Dalia ne l'écouta pas et dégaina en visant la dissidente. Un Soumis apparut pour tenter de lui faire entendre raison également et Dalia ne tira pas. Enfin, Gaëlle, la technicienne, arriva comme un cheveu dans la soupe pour demander ce qu'il était arrivé à Annabella. Après avoir observé la scène, je me décidai à parler. Les têtes se tournèrent à nouveau vers moi quand je pris la parole :

- Ça suffit ! Calmez-vous ! Dalia, range ton arme immédiatement. Et toi, Bérénice, rejoins-moi ou je la laisse t'achever devant tout le monde.

Il fallait d'abord séparer les protagonistes et calmer un peu le jeu. Je ne pris pas la peine de répondre à Gaëlle, quelqu'un d'autre le ferait certainement et tout le monde savait que je n'aimais pas me répéter. Bérénice attendait que Dalia baisse son arme pour me rejoindre, la fixant avec appréhension et colère.

J'avais assisté à toute la scène en restant silencieuse. Bérénice méritait ce qui lui arrivait, elle n'avait pas à critiquer notre chef aussi ouvertement. Dalia avait raison de réagir comme ça, même si je devais avouer que le faire plus discrètement ou bien après le départ de toutes les Vipères aurait été bien plus stratégique. Mais elle réagissait selon ses émotions et voulait protéger l'intégrité d'Annabella.

Personnellement, je n'étais pas vraiment triste qu'Annabella soit à l'hôpital. Je reconnaissais ses qualités mais je ne l'avais jamais considérée comme une amie et je n'avais jamais éprouvé de sentiments d'empathie pour elle. En tout cas, pas depuis qu'elle était devenue chef. J'avais peut-être considéré ma compagne de fournée avec admiration lors de son test et dans les quelques mois que nous avons passé sous le règne de Nora, mais elle avait toujours été très renfermée sur elle-même et  rejetait quiconque cherchait à s'approcher d'elle.

Mais d'un autre côté, je reconnaissais le fait qu'être sans chef dans une telle période allait être compliqué. Même si Nora, qui avait parfaitement dirigé le clan auparavant, reprenait les rennes, ce ne serait plus pareil. Nous allions entrer dans une période trouble d'entre-deux, attendant d'avoir des nouvelles – positives ou négatives – de notre chef actuelle. Et ce n'était pas bon signe, loin de là. Les dissidentes comme Bérénice – car non, elle n'était pas la seule – se sentiraient bien plus sûres d'elles au fur et à mesure que cette période se prolongerait. Dans tous les cas, il faudrait que je redouble de prudence et que j'observe tout ça discrètement. Ces informations pourraient être très utiles.

Nora intervint enfin pour calmer le jeu. Elle demanda à Bérénice de la rejoindre et à Dalia de baisser son arme. J'attendis de voir ce qui allait se passer, observant la scène avec attention.

Une convocation générale, cela était plutôt rare, et ça n’annonçait souvent rien de bon. C’était d’autant plus étrange que c’était Nora qui nous avait convoquer, Membre et Soumis, au lieu d’Annabella. C’est donc avec une certaine appréhension que je me rendais au QG avec Katarina, tout aussi anxieuse que moi.

Arrivé sur place, il y avait déjà du monde. Je repérais rapidement Dalia, qui affichais un air indifférent, puis Angie, vers qui je me dirigeais en me frayant un chemin parmi les foule alors que Kat rejoignait Lizzie. Ludivine était là aussi, et elle semblait tout droit sortie d’une cheminée, ce qui m’arracha un sourire. Il était rare de voir la Messagère aussi sale, et je me demandais où elle avait bien pu se fourrée, même si au fond je m’en fichais.

Alors que j’arrivais aux côtés d’Angie, je n’eu pas le temps de lui parler que Nora prit la parole. Son annonce tomba comme un poids sur l’assemblée. Le silence se fit un moment, rapidement rompu par Dalia qui s’était retournée vers une Membre que je ne connaissais que de vue. Laissant Angelica, je me frayais à nouveau un chemin pour m’approcher de la scène. Miss pacifique était intervenue pour calmer le jeu, et je du bien reconnaitre qu’elle avait raison pour le coup, mais cela eu l’effet inverse que celui escompter et Dalia dégaina sans plus attendre, pointant son arme sur la Membre à terre. Finalement, ce fût Kayle qui réussi à la calmée un peu. Pour ma part, je fixais la blonde les yeux plissés. Elle n’était pas du genre à se laisser emportée de la sorte malgré son caractère… ce n’était pas normale.

Alors que le silence était retombé dans la foule, une nouvelle perturbation le brisa. Gaëlle, apparemment en retard, avait rejoint le groupe central et demanda ce qui était arrivé à Annabella. Mais personne n’eu le temps de lui répondre, Nora reprenant enfin la parole pour finir de calmer la bagarre. Tournant les yeux vers elle, j’attendis la suite avec impatience. Je n’avait pas d’affinité particulière avec Annabella, ni avec Nora d’ailleurs, mais cette annonce me fis sourire malgré tout intérieurement. Nora était moins violente qu’Anna, cela ferait peut-être du bien au clan d’avoir à nouveau quelqu’un de plus réfléchit à sa tête, ne serai-ce que pour un moment. Mais je savais que beaucoup de Membres n’étaient pas de cet avis…

Dalia ne m'écouta pas. Au contraire, elle dégaina en me demandant de me « tirer de son chemin ». Il fallait que Nora réagisse, elle l'écouterait, elle. Kayle, un Soumis, réussit à la faire hésiter à tirer. Mais Dalia tenait toujours Bérénice en joue.

Gaëlle débarqua alors en trombe, détournant légèrement l'attention de l'assemblée. Elle demanda ce qui était arrivé à Annabella. Comme toujours, la technicienne était un peu en retard. Elle avait sûrement dû être absorbée par son travail. Je voulus lui répondre discrètement mais Nora intervint avant que j'en ai eu l'occasion. Elle demanda à Bérénice de la rejoindre et à Dalia de baisser son arme. Bérénice, hésitante, finit par rejoindre son ancienne Chef. Elle avait vingt ans et avait servi sous Nora. Elle vivait toujours dans le passé, ressassant sans cesse le règne de Nora. Bérénice attendait que Dalia baisse son arme pour s'éloigner, mais voyant que la Tireuse ne faisait rien, elle finit par s'avancer vers Nora tout en ne la quittant pas du regard.

James demanda finalement ce que l'absence d'Annabella allait changer concrètement et si la sécurité serait renforcée. J'en profitai pour me rapprocher de Gaëlle et lui expliquer en quelques mots ce qu'il se passait.

- Annabella est à l'hôpital, on n'en sait pas plus sur son état. Elle a été blessée pendant la nuit à cause de l'attaque qui a eu lieu contre les Jaguars. Je n'en sais pas plus, je viens seulement de rentrer.

Je n'avais même pas encore eu le temps de me reposer ou de faire mon rapport à Nora.

Bérénice était toujours dans son viseur. La membre tremblait tout en lui lançant un regard noir. Dalia ne baissa pas les yeux, elle gardait le bras tendu, prête à tirer. Elle ne fit pas vraiment attention à l'irruption de Gaëlle, qui était toujours une guerre en retard. En revanche, Nora intervint. Elle lui ordonna de baisser son arme, et demanda à Bérénice de la rejoindre. La brune hésita. Elle semblait attendre que Dalia range son arme, mais la tireuse n'en fit rien. Au lieu de cela, elle esquissa un léger sourire. Alors, Bérénice commença à reculer vers sa chef, tout en gardant Dalia à l'oeil.

Cette dernière remarqua que le clan commençait à s'impatienter. La blonde balaya l'assistance du regard et fut surprise de croiser des mines déçues, ou agacées par ce qu'il venait de se passer. Elle les aurait bien tous abattus sur le champ. Si seulement. Pourquoi la perte d'Anna n'affectait qu'elle? Pourquoi personne  ne réagissait? Et pourquoi tous ces regards noirs semblaient la juger, la rabaisser? Elle rangea son arme en ravalant sa colère. Et, entre ses dents, proféra une menace à Bérénice.

On n'en a pas terminé toi et moi. Tu ne perds rien pour attendre.

Elle ne savait pas si la jeune membre l'avait entendue, mais qu'importe. La Vipère se tourna ensuite vers Kayle qu'elle fusilla du regard. Si sa relation avec le soumis était restée discrète jusqu'alors, ce n'était désormais plus le cas. Elle ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir. Son intervention l'avait peut-être sauvée, mais elle avait ruiné sa réputation. Dalia se tourna ensuite vers Nora sans changer d'expression. Sans doute sa chef donnerait-elle des informations quant à la gestion du clan. Elle devait rester là et écouter son discours jusqu'au bout, même si tout ce qu'elle avait envie de faire en ce moment, c'était de partir en claquant la porte.

Remy s'était approché de moi pour écouter l'annonce de Nora. Je lui avais glissé un sourire mais n'avais rien dit car notre ancienne Chef avait commencé son discours. Bientôt, mon ami s'éloigna pour se rapprocher de la scène avec la Tireuse d'élite. J'avais fait de même mais étais restée plus à l'écart, perdue dans mes pensées.

Finalement, Nora intervint pour calmer le jeu après l'intervention décalée de la technicienne. Bérénice rejoint l'ancienne Chef, prudente. Dalia baissa finalement son arme mais ajouta que rien n'était terminé : c'était une menace. Mais au moins, elle s'était calmée.

Une autre Membre avait posé une question à Nora, et nous attendîmes tous qu'elle y réponde. C'était vrai ça : et la sécurité ? Avait-on des soucis à se faire ?

Katarina me rejoignit lorsqu'elle arriva sur les lieux. Bientôt, ce fut le tour de Piper suivie de Charly et James. Cette dernière se plaça à côté de moi mais adressa à peine un léger signe à Katarina. Il faut dire qu'elles ne s'appréciaient pas. Pour ma part, je les saluai toutes les deux, et même toutes les quatre. Il y eut un peu plus de mouvement : Dalia ne lâchait pas son arme. La petite Piper, effrayée et fascinée par la scène, se raccrocha à ma jambe. Je la laissai faire, j'aimais bien cette petite. Elle devait sans doute penser que j'étais une de ses sœurs. C'était presque le cas d'ailleurs, j'étais la binôme de James. Celle-ci marmonna d'ailleurs que Dalia pourrait tirer afin que tout ce suspens s'arrête. Charly ne manqua pas de la réprimander, mais James n'était pas du genre à se taire lorsqu'elle avait quelque chose à dire. Elle demanda alors à Nora ce que l'absence de notre Chef légitime allait concrètement changer. Je hochai la tête : cette question me paraissait intéressante et j'étais impatiente de connaître la réponse.

- Excellente question, dis-je à ma binôme. Serons-nous soumises à des restrictions ? J'ai entendu que les entrepôts avaient été pillés, continuai-je alors.

Ce que j'avais entendu n'était que rumeurs, mais je posais tout haut ce que les Vipères se demandaient tout bas, continuant ainsi sur la lancée de James.

Nora prit la parole et la seule chose que je retiens fut que j'étais toujours le flou. Elle n'avait pas pris la peine de répondre à ma question, ne s'intéressant qu'à cette futile altercation entre Dalia et Bérénice. Je tournais brièvement mon regard vers l'Ancienne, puis il rejoint à nouveau les deux protagonistes. Sincèrement, j'espérais que la Tireuse la tue. Pas que j'avais un quelconque soucis avec l'autre Membre, mais bien car je voulais voir si son arme était toujours en état de marche. La menacée finit par céder suite à un duel de regards puéril et elle retourna vers celle qui visiblement commandait aujourd'hui. Finalement, l'arme rejoignit son étui et je poussais un soupir. Dommage...

C'est alors que quelqu'un daigna enfin répondre à ma question. Ludivine, je n'en attendais pas moins d'elle. J'aimais cette gosse, on pouvait toujours compter sur elle. La nouvelle qu'elle m'apprit était par contre fort mauvaise. Anna avait été blessée. Même si je la savais mortelle, c'était un fait des plus étonnants. Me désintéressant de la discussion principale, je posais les yeux sur la Messagère et remarquais une certaine fatigue. En plus, elle appréciait notre Chef et devait donc être particulièrement touchée par son état. Même si l'on ne savait encore rien à son propos.

- Tu as vraiment mauvaise mine. Mais qu'est-ce que tu fichais là-bas ?

Alors qu’un murmure parcourait la foule, une question surgit, s’adressant à Nora. Cette question était plutôt pertinente, et alors que Ludivine daignait enfin apporter une réponse à Gaëlle et que la dénommée Bérénice rejoignait Nora, l’assemblée retrouva peu à peu le silence. Pour ma part, je me postais aux côtés d’une Dalia semblant à cran et de Gaëlle qui semblait plus s’intéressé à Ludivine qu’à Nora. Lizzie quant à elle précisa encore plus la question, et toutes les Vipères attendaient la réponse avec impatience. La question des restrictions était intéressante, car en tant que Soumis nous risquions surement d’être les premiers touchés si cela devait arriver. Croisant les bras sur mon torse, j’attendis donc la suite comme les autres, même si je commençais à trouver le temps long…

Après le choc de l'annonce et du dérapage de Dalia, l'assemblée finit par se calmer petit à petit suite aux questions importantes posées par James et Lizzie. Le silence revint et je répondis clairement afin que toutes les Vipères comprennent bien mes mots.

- Pour l'instant, on ne change rien au fonctionnement du clan. Tout se déroulera comme si c'était Annabella qui dirigeait, sauf que je donnerai les ordres. Chacune et chacun devra remplir sa tâche normalement.

Pour ce qui était de la sécurité cependant, c'était différent.

- La plupart du moins. Je convoquerai dans l'après-midi plusieurs d'entre vous afin de renforcer la sécurité à nos frontières, les tours de garde des Sentinelles seront plus longs et celles-ci seront plus nombreuses.

J'enverrai également des Vipères de confiance vérifier la situation sur le territoire des Jaguars. Il ne faudrait pas que nous soyons prises au dépourvu.

- Pour ce qui est des restrictions, il y en aura certainement, hélas. Les entrepôts ont été attaqués par des Libres qui ont profité de la cohue pour s'y faufiler. Nous ne connaissons pas encore l'ampleur des dégâts. Nous devons donc nous attendre à tout.

La rumeur revint, les Vipères protestaient doucement mais semblaient comprendre la situation. Aucune ne s'offusqua vraiment de mes paroles.

- S'il n'y a plus d'autres questions, je vous laisse retourner à vos occupations.

J'attendis quelques instants pour vérifier qu'il n'y avait effectivement plus de questions.

Elle est connue de beaucoup, et pourtant personne ne sait vraiment qui elle est.

La scène entre Dalia et Bérénice prit bientôt fin après l'intervention de Nora. La dissidente rejoint la régente alors que Dalia la menaçait à nouveau. Gaëlle apprécia le fait que je lui réponde, contrairement à Nora qui avait ignoré sa question. Elle se tourna alors vers moi et parut surprise. C'est vrai, je devais faire peur à voir. J'acquiesçai à sa remarque.

- J'étais en mission. Annabella m'avait confié un message pour Noâ.

Un message qui n'était pas si urgent mais qu'elle avait absolument voulu envoyer à ce moment-là. Et j'avais obéi car c'était mon rôle. Je repris bientôt, pour expliquer mon état à Gaëlle :

- Avec la cohue, ils m'ont prise pour une rebelle. Ce n'était pas ma nuit ! lançai-je pour essayer de détendre l'atmosphère, affichant un sourire fatigué. La nuit avait été longue.

Nora répondit alors aux questions posées par James et Lizzie. Elle avait raison, c'était tout ce que nous pouvions faire tant que nous n'en savions pas plus. J'espérais seulement qu'il n'y aurait pas trop de restrictions car ça risquerait d'affaiblir un peu plus notre clan.

Durant une poignée de secondes, je me pris à penser que cette histoire était étrange. Annabella envoyait Ludivine en mission en pleine nuit chez les Jaguars et, comme par hasard, une attaque se produisait ? Était-elle impliquée d'une quelconque façon que ce soit ? Non, c'était stupide. Je doutais que ma Chef agisse d'une façon aussi stupide et, qui plus est, elle n'avait aucun intérêt à aider les Libres dans un pillage des entrepôts, bien au contraire. Et puis, j'avais cru comprendre que la Vipère appréciait Ludi, si elle avait été au courant, elle ne l'aurait sûrement pas envoyé au feu de façon inutile.

- C'est pas de bol. J'espère que tu pourras faire un break aujourd'hui.

Elle en aurait peut-être la possibilité pratique, mais pourrait-elle réellement se reposer après la nouvelle que nous avions apprises ? Ludivine était une gentille fille et elle était fidèle à notre Chef, son état aurait donc peut-être un mauvais impact sur son sommeil. Après une brève hésitation, je posais une main légère sur son bras.

-Si jamais tu as besoin de parler ou de compagnie, tu sais où me trouver. Au pire, je te dénicherais un truc à faire pour justifier ta présence à l'Atelier.

Je venais de faire un très gros effort en matière d'empathie. Je lui adressais un léger sourire pour appuyer mes paroles. Je l'appréciais et je voulais qu'elle sache qu'elle pouvait compter sur moi. J'étais même prête à la laisser m'assister pour lui prouver, c'était dire.