Je m’ennuyais. Oh ce que je m’ennuyais… Le temps passait tellement lentement que j’avais l’impression d’avoir pris racine. Il fallait que je bouge, et tout de suite… Depuis la Fête des Orages, voilà 8 ou 9 jours, je n’avais juste strictement rien fait - enfin mis à part le festin, mais celui-ci me semblait déjà bien loin - et cela ne me ressemblait pas,… et ne me réussissait pas. C’est donc avec détermination que je me dirigeais vers le territoire des Aigles ce matin-là, espérant trouver de quoi m’occuper là-bas. De ce que j’avais pu en voir, il avait quelques bons morceaux, et j’y trouverai certainement mon bonheur. Il me fallut un moment avant d’y arriver, ne connaissant pas l’endroit et ne m’étant pas rendue compte de la superficie du territoire... Mais mon but se profila enfin, du moins l’espérais-je, car je n’étais pas certaine d’être à la bonne frontière… Enfin bref, je passais la frontière en me faufilant entre les ruines afin d’éviter les sentinelles des Jaguars, n’étant pas sûr de pouvoir sortir aussi facilement sans une sorte d’autorisation. Après tout, je connaissais à peine les règles des clans. Heureusement pour moi, je savais passer inaperçue, et puis ils ne cherchaient des menaces venant de l’intérieur non plus, donc cela facilitait la tâche.

Une fois certaine d’être hors de portée, je me dirigeais d’un pas tout aussi prudent vers la frontière « ennemie ». Enfin prudent… mon but était quand même de croiser quelqu’un, aussi aurais-je pu être plus discrète… oups…

Trois jours. Trois putains de jours qu'il n'avait rien avalé de consistant. Basile avait eu l'occasion de se dégoter un peu d'eau lors d'une sortie du territoire, mais cela ne le conduirait pas bien loin. Tâchant d'assurer la surveillance au mieux, il progressait lentement le long de la frontière. Son armement était léger, à vrai dire il n'avait emprunté qu'un revolver à l'armurerie avant de prendre son tour de garde. Ce dernier était coincé à sa ceinture, en dessous du t-shirt ample qu'il portait aujourd'hui. Son humeur n'était pas vraiment au beau fixe, mais ce n'était pas vraiment la faim qui était la plus responsable de cet état. Depuis le début de la punition, il ne voyait quasiment plus Lydie et autant dire que cela faisait mal. Il avait pris cette décision pour la protéger - on ne savait jamais les réactions à retardement que pouvaient avoir Kim après tout - et elle avait semblé l'accepter. Gaspard lui fournissait bien des nouvelles complètes et régulières, mais la jeune fille lui manquait horriblement.

Aussi, lorsqu'il aperçu une silhouette se faufilant derrière les lignes de l'Est, il songea que c'était une chance. Il avait bien besoin de se changer les idées en combattant et malmené un peu un Libre avant de le jeter de l'autre côté ne lui ferait pas de mal. Il partit donc sur ses traces, choisissant l'ombre pour progresser. Il constata vite qu'il s'agissait d'une jeune fille - la baston ne serait pas pour cette fois -, mais il évita de la sous-estimer et l'attrapa par la gorge, la bouclant dans une clé dont il avait le secret.

Montre ton poignet, vite.

Il ne me fallut pas attendre longtemps pour être repéré. Alors que je marquais une courte pause pour observer les alentours, je me sentie happée par la gorge et fût immobiliser dans le même temps. Le jeune homme me demanda de montrer mon poignet rapidement, mais pas de façon très amicale. Heureusement pour moi, je portais un chemisier à manches longues, et s’il était un peu trop grand pour moi, cela permettait au moins de dissimuler jusqu’à mes mains avec les manches. Ravalant le hoquet de surprise qui m’était monté dans la gorge, je lui répondis par un doigt d’honneur déterminé, faute de pouvoir parler. Il espérait quoi, que j’allais gentiment obéir sans faire de manières ? Je n’étais pas là pour ça, et il allait vite s’en rendre compte.

C'était bien son jour, il était tombé sur une caractérielle. Vu son comportement, elle n'était pas là par erreur et sûrement pas par hasard. Le doigt d'honneur qu'elle lui adressa ne manqua pas de l'énerver et il songea un instant à la possibilité de lui péter le majeur pour lui faire payer cette provocation. Il oublia pourtant bien vite cette idée, ce n'était qu'une gosse après tout. En la maintenant d'un seul bras, il attrapa son poignet et le monta à hauteur de son visage. Ses manches étaient longues, c'était vraiment pas sa journée de vaine. En remuant un peu les doigts, il réussit à découvrir un peu sa peau et constata qu'elle était bien marquée. Tiens, une voisine. Une Soumise qui plus est. Et dire qu'il avait toujours accordé le bénéfice du doute à ce clan, il allait finir par croire la rumeur vu comment les Jaguars éduquaient leurs petits.

La frontière est pas assez visible ou quoi ?

Le jeune homme marqua un bref temps d’arrêt avant de m’attraper le poignet et de se débattre pour faire apparaître ma marque. Je ne me débattis pas, me contentant de pousser un long soupir et d’afficher un petit sourire en le voyant essayer d’abaisser ma manche. Je me demandais si sa question m’était vraiment destinée ou non, mais je pris tout de même la peine lui répondre… enfin si l’on peut dire…

« Je suppose que ça dépend si on est bigleux ou non. Par contre je pourrais passer des heures dans tes bras musclés, mais tu m’étouffe un peu là… »

J’accompagnais mes paroles en me blottissant de moi-même contre le supposé Aigle et en dégageant mon poignet d’un coup sec. Il n’avait pas l’air de bonne humeur, se n’en serait que plus marrant.

Mais d'où sortait cette nana ? A croire qu'il était devenu un véritable aspirateur à emmerdes. Des Membres chieurs, il en avait déjà croisé un paquet, des Libres qui se croyaient tout permis aussi, mais c'était bien la première fois qu'il se retrouvait face à un Soumis avec autant de gueule. Enfin, il y avait bien quelques filles qui se la jouaient un peu parce qu'elles se tapaient des Aigles, mais c'était une autre histoire. Pour celle-ci, il s'agissait sûrement de la fougue de la jeunesse. Encore qu'elle paraissait plutôt intéressée pour son âge, justement.

Sa réplique laissa Basile pantois. Elle se moquait de lui là ? Bien sûr qu'elle se foutait de sa gueule, quelle question ! En la sentant se lover contre lui, il la repoussa mollement et fit un pas en arrière. C'était quoi cette réaction ?!

Vas-y, te gène pas surtout !

Certes, il s'était déjà fait draguer, mais il n'avait jamais aimé ça. Surtout lorsque c'était une fille inconnue au bataillon qui venait se frotter contre lui.

Qu'est-ce que tu viens foutre ici ?

Cette fois-ci, elle avait intérêt à lui donner du solide.

Bingo ! Je retins un petit rire lorsque le jeune homme fini par me repousser. Me gêner ? Oh mais ce n’était pas mon intention ! Le but était qu’il me lâche, et ça avait marché, mais ça je me garderai bien de le lui expliquer. Je pus enfin voir mon interlocuteur en face. Miam, mignon, dommage qu’il tirait la tronche… Il me demanda ce que je « foutais » là. Je haussais les épaules avant d’afficher un petit sourire.

« Devine. »

J’étais d’humeur joueuse. Quelles pouvaient bien être les limites de ce beau blond en colère ? J’optais pour trois possibilités : soit il me raccompagnait, gentiment ou pas (et je ne me laisserai pas faire), soit il m’en foutait une (il n’oserait pas, si), soit il abandonnait. La patience était-elle une de ses vertus ? Je comptais bien le découvrire.

Cette fille commençait sérieusement à l'agacer. Il n'était vraiment pas d'humeur à gérer ce genre de nuisances. Des yeux, il chercha une autre sentinelle qui se chargerait d'elle à sa place, mais il n'y avait personne aux alentours. C'était vraiment bien sa vaine. Serrant les mâchoires, il tâcha de résister à la furieuse envie qui lui tordait le ventre. Un effort inutile, de toute façon le fond de gentillesse qu'il avait en lui l'empêcherait de faire quoi que ce soit. Il détestait les hommes qui abusaient de leur force sur les femmes, il n'allait donc pas devenir comme eux. Seulement, la rousse était loin de lui faciliter la tâche.

Je vais rien deviner du tout ! On est pas là pour jouer, tu vas déguerpir vite fait du territoire des Aigles.

S'il le fallait, il la ramènerait par la peau du cou chez Noâ pour qu'elle s'occupe de cette petite peste. Tiens, c'était une idée d'ailleurs...

Bon, au moins avais-je la confirmation que j’était sur le bon territoire. Je suivis son regard lorsqu’il balaya les environs avant de revenir sur lui, toujours en souriant. Allait-il craquer ? Lorsqu’il me dit qu’on était pas là pour jouer et que j’allais déguerpir vite fait, je levais les yeux ciel.

« Sinon quoi ? Je ne dois rien à personne, et je n’ai rien à perdre, alors vas-y, menace. Moi je trouve ça drôle. »

Quand ils m’ont fais soumise, je n’ai jamais garantit que ce serait une parie de plaisir. L’Aigle ne voulait peut-être pas jouer, mais il jouait malgré lui a mon petit jeu, et ce n’en était que plus amusant. Tout sourire, je fis quelques pas en tournant autour du membre. Je me sentais prédateur alors que j’aurais du être la victime. Peut-être que le fait d’être chez les Jaguars avait plus d’impact que je ne le pensais sur mon comportement, et ce n’étais pas pour me déplaire, contrairement à l’Aigle…

Elle trouvait ça... Drôle ?! Saloperie de Jaguars ! Tout d'un coup, ce foutu clan lui paraissait encore plus tordu que celui des Dragons. Comment pouvait-on laisser une Soumise se comporter de la sorte sans rien faire ? Et d'ailleurs, pourquoi est-ce qu'il la laissait faire d'ailleurs ? Reprenant un peu ses esprits, il poussa un soupir lassé. Puisque cette histoire ne pouvait pas se régler en douceur, il allait devoir utiliser la force.

On a toujours quelque chose à perdre. Même le plus solitaire des hommes tiendra à sa propre vie. Surtout que tu ne sembles rien à voir avec une quelconque héroïne se sacrifiant pour le bien des autres.

Alors qu'elle lui tournait autour à la manière d'un putain de charognard, il lui saisit brutalement le poignet pour lui faire une clé de bras. Il n'y avait plus de gentil Basile, cette bonne poire en avait ras-le-bol. Il allait donc ramener cette petite peste chez la sentinelle en poste du côté des Jaguars, histoire d'avoir la paix.

J'espère bien que les Jaguars te dresseront un peu, j'tiens pas à te revoir ici.

Une héroïne, moi ? J’en étais loin c’est claire, mais je ne cherchais pas à l’être non plus. Pour ce qui était de tenir à ma propre vie, beaucoup c’était déjà posé la question sur ce sujet, mais jusqu’à maintenant je m’en étais plutôt bien sortie. D’un air las, il m’attrapa le poignet avec force pour me faire une clé de bras. Je grimaçais lorsque la douleur me traversa le bras et essayais de me dégager, mais voyant que cela faisait plus de mal que de bien, je fini par m’immobiliser et me campais sur mes pied afin de lui rendre la tâche difficile. S’il voulait me faire avancer, ce n’est pas une clé de bras qui allait l’aider. A sa dernière remarque, je ne pus retenir un petit rire en grimaçant de nouveau.

« Me dresser, moi ? C’est mal me connaître. Si Virgo n’a pas réussi, ce n’est certainement pas avec votre système de clan que ça va mieux aller. Par contre tu n’as toujours pas répondu à ma question. M’engourdir le bras ou me menacer de mort ne sont pas des raisons suffisantes pour que je ne vienne plus t’ennuyer à l’occasion, surtout que je te trouve plutôt mignon, alors il va falloir être un peu plus imaginatif mon cher. »

Folle ou inconsciente étaient deux qualificatifs courants pour me désigner dans la troupe, mais les clans ne le savaient pas encore, à moi de le leur apprendre donc.

Il avait beau être en colère, il n'aimait vraiment pas avoir à malmener une fille de cette façon. Elle l'agaçait, mais ce n'était quand même à ses yeux qu'une gosse qui manquait cruellement de limite et qui cherchait visiblement sans cesse le contact, quitte à énerver ses interlocuteurs. Une chieuse qui ne devait pas être fondamentalement méchante. Du moins, d'après ses pensées un peu trop utopistes de gentil garçon.

Sincèrement, je me contrefiche de ta vie. Et même si ton clan ne fait rien, je continuerais à te ramener de l'autre côté de la frontière. Du moins, si c'est moi qui tombe sur toi. Tu peux d'ailleurs te considérer heureuse, les autres Sentinelles ne sont pas forcément aussi sympas. Ni aussi mignon.

Il esquissa un bref sourire avant de reprendre son sérieux. Étrangement, il commençait à se dérider un peu. D'ailleurs, il rit même un peu lorsqu'il eut terminer de lui lier les mains avant le lacet qu'il gardait autour de son poignet et qu'il la hissa sur son épaule. Si elle ne voulait pas marcher, il la porterait.

Je ne lui racontais pas ma vie ! Quel goujat ! Mais bon, au moins avais-je réussi à lui arracher un sourire, même s’il fut bref, je l’aperçu du coin de l’œil. Il me mit en garde sur le fait que j’avais de la chance de tomber sur lui, mais que ce ne serait pas toujours le cas. Mais tant que ça le serait, il continuerait de me ramener autant qu’il le faudra. Enfin du moins c’est ainsi que je compris la chose, et, m’imaginant très bien les scènes, je ne pus m’empêcher de sourire aussi. Mais mon sourire s’effaça lorsqu’il me lia les mains, et je levais les yeux au ciel.

« Au moins, je t’aurai dérider un peu. T’inquiète, je ferai en sorte de tomber sur toi, les méchants garçons pas beaux je les repères de loin et je les évite… »

Ou pas… J’avais pris une voix de petite fille qui se fini par un nouveau hoquet de surprise lorsqu’il me hissa sur son épaule pour me porter jusqu’à la frontière du sud. Mais une fois la surprise passée, je repris de façon plus sérieuse cette fois.

« J’ai même pas droit au porté de princesse ? C’est vexant. J’espérais un merci un peu plus sympathique pour avoir mis un peu d’action dans ta journée monotone de Sentinelle. »

Franchement, je n'aurais sûrement pas été d'aussi mauvaise humeur si tu n'avais pas croisé ma route, n'inverses pas les choses.

Sa certitude à propos de tomber sur lui laissa pourtant Basile pantois. Décidément, cette jeunette avait de la répartie. Il doutait par contre sincèrement qu'elle puisse échapper à toutes les Sentinelles grâce à son radar très particulier il fallait bien l'avouer. Si certaines Sentinelles arpentaient simplement les frontières, d'autres se faisaient bien plus discrètes. Lui-même était en normal bien plus furtif, mais il évitait de gaspiller son énergie pour ce genre de choses vu ses conditions de vie actuelles. D'ailleurs, le fait de la porter était un exercice qui allait sérieusement l'entamer, mais je n'avais pas vraiment le choix. Du moins, si je voulais me débarrasser sans user de la violence. Il était parfois tellement plus facile de cogner, mais ce n'était définitivement pas dans mon caractère.

Désolé, je ne réserve ce genre de délicatesse qu'à une seule femme.

Oui, il aurait porté Lydie à la façon d'une princesse comme elle le disait si bien, mais la version sac à patates collait beaucoup plus à cette rousse au caractère de cochon. Ainsi chargé, il se mit donc en route. Il ne marchait pas vide, accusant quand même le coup de ce nouveau poids.

Au fait, vu qu'on est devenu intime, c'est quoi ton nom ?

Pourquoi il se fatiguait à lui faire la conversation ?

Je voulus hausser les épaule à la réponse du jeune homme, mais ma position m’en empêcha. Il avait déjà l’air de mauvaise quand je suis arrivée, il l’était moins maintenant, quoi qu’il en dise. Et lorsqu’il répondis qu’il ne réservait le porté princesse qu’à une seule femme, je poussas un long soupir.

« Pffff, évidemment fallait que tu sois casé, et romantique en plus de ça. Tu perds des points, t’as de la chance que j’ai tout de même une belle vue. »

Cet Aigle était vraiment bien bâtit, ça changeait des mecs de chez les Jagus, même si certains avaient un sacré potentiel aussi il fallait bien l’avouer.
Se mettant en marche, il me demanda mon nom, puisqu’on étais intime désormais. Je souris à cette remarque et répondis en m’accrochant à son t-shirt pour éviter de trop ballotter dans tous les sens.

« On m’appelle Lucy. Et toi beau blond? »

Cette fille était une indécrottable peste, mais elle avait un petit côté attachant qui avait fait mouche chez Basile. Aussi, lorsqu'elle soupira et lâcha une remarque à propos de sa situation amoureuse, il se prit à rire doucement. La façon dont elle avait ponctué la chose était surtout particulièrement amusante même s'il la trouva assez précoce. Elle n'était pas un peu trop jeune pour reluquer les fesses des garçons ? Les autres Aigles le trouvaient souvent vieux jeu à cause de ses considérations, mais il avait beaucoup de mal à voir des gamines de treize ou quatorze ans comme des femmes.

Désolé ma grande, mais même si j'étais célibataire, tu aurais dû revenir lorsque tu aurais été complètement finie.

Une façon de dire qu'il ne se serait sûrement pas laissé séduire avant qu'elle ait seize ans. C'était un bon âge, seize ans, on commençait à devenir plus mature. Même si certains resteraient à jamais des grands gamins un peu couillon. Il y en avait de beaux spécimens côté Est et le Sud devait aussi être bien pourvu.

Basile.

Le chemin de traverse était désormais visible, une sentinelle Jaguar s'y était d'ailleurs postée en voyant arriver le blond et son étrange paquetage. En approchant, Basile espéra ne pas avoir trop de soucis, mais il fut déjà rassuré de voir qu'il s'agissait d'un jeune garçon, sûrement un petit gars de la nouvelle fournée chez les Jaguars. A une distance raisonnable, il s'arrêta et déposa sa charge.

J'ai trouvé une Soumise à vous de notre côté. Elle s'est probablement perdue, même si elle n'a rien voulu me dire.

Alors qu'il avait prévu de se plaindre du comportement de la rousse, il avait finalement décidé de la couvrir. Comme quoi, les choses pouvaient changer en à peine quelques minutes. En voyant le visage de la Soumise, le garçon devient transparent et déglutit avec difficultés. Tiens, il avait déjà eu affaire à elle ?

Hum... Ok. Je ferais en sorte que cela ne se produise plus...

Vu sa tête, il n'allait surtout rien faire du tout...

Je donnais un petit coup dans le dos de mon porteur à sa remarque et répondis sur un ton vexé.

« Le jour où je serais « complètement finie » comme tu dis, je vais tellement te faire tourner en bourrique que même ta copine lâchera les armes devant moi !»

Oui, c’était exagéré, et oui, cela était fait exprès.

Le jeune homme finit par me donner son nom, mais je n’eus pas le temps de trouver une réplique qu’il s’arrêta et me déposa enfin à terre en parlant à la sentinelle Jaguar. Tiens, il ne me dénonçait pas… enfin c’est vrai que techniquement il ne savait pas ce que je faisais là, ne lui ayant pas dit clairement… Je me retins de m’enfoncer en lui répondant que je ne m’étais pas perdue, et affichais un grand sourire en reconnaissant le Jaguar qui nous faisait face. Celui-ci me reconnus également au vue de sa mine déconfite.

« Hey, salut blondinet, tu ne vas pas partir en courant cette fois ? »

Me tournant ensuite vers l’Aigle.

« Alors lui ce n’est pas un grand méchant pas beau, mais il semblerait que contrairement à toi il soit célibataire… »

Ma remarque était lourde de sous-entendu plus que claires, bien qu’implicites. J’avais réussi à le faire fuir la dernière fois, ce qui prouvait bien qu’il n’avait jamais eu à faire à une fille… même normale…

Basile rit un peu. Cette petite était rigolote et particulièrement tenace. Sourire moqueur aux lèvres, il lui tapota les fesses comme on l'aurait fait avec un enfant.

C'est ce qu'on verra, fillette.

Ils étaient donc en terrain neutre désormais. Le jeune blond qui se voulait sentinelle, mais ressemblait juste à un Soumis perdu grimaça et il effectua un mouvement de la tête qui ne voulait dire ni oui, ni non. Il semblait complètement désarmé face à Lucy et ça, l'Aigle pouvait totalement le comprendre. Lui-même avait mis un peu de temps avant de se faire au caractère de la rousse. Pour un gamin, cela devait être d'autant plus difficile. Encore que malgré son visage poupin, le Jaguar devait au moins avoir seize ans.

Célibataire, mais terrorisé. Qu'est-ce que tu lui as fait à ce pauvre garçon ?

Oups. Basile ne se rendit compte que trop tard qu'il avait été un peu trop familier avec la Soumise. Tant pis, cela n'aurait pas non plus de grandes conséquences. Et puis, au point où il en était...

Il ne me croyait pas ? Et bien il allait voire, je ne comptais plus le lâcher d’ici à ce que je soit suffisamment âgée pour lui en faire de toutes les couleurs… dans un sens différent qu’actuellement du moins.

Je m’agitais lorsqu’il me tapota le derrière et donnais un nouveau coup dans son dos avant de m’immobiliser net, un petit sourire aux lèvres.

« Et, mais ce n’est pas désagréable en fait, tu peux le refaire ? »

Mais il n’en eu pas l’occasion. Nous étions maintenant face à un jeune Jaguars ma à l’aise, et pour cause, il avait déjà eu à faire à moi. Basile me demanda ce que je lui avait fait pour qu’il soit aussi terrorisé, ce qui fit pâlir encore plus le jeune blond. Je ris, non seulement à sa remarque mais également au ton qu’il avait employé. Aurais-je réussi à le charmer malgré tout ? C’était un bon point pour moi. En tout cas, envolé la mauvaise humeur, et ça, c’était une bonne chose pour lui. Je pris ensuite un air innocent avant de répondre.

« Je ne lui ai rien fait, je lui ai juste parlé et il est s’est enfuie comme si je l’avais mordu… »

C’était la pure vérité. Franchement, je n’y avais pas été aussi fort avec lui pour justifier son état, c’était limite vexant. Je repris avec une moue boudeuse, comme si le Jaguars n’était pas là.

« Je ne peux pas rester avec toi encore un peu dis ? A sa tête je ne vais clairement pas m’amuser avec lui. »

Étrangement, j'ai un doute... Ou alors ce petit gars à un sérieux problème. Mais c'est pas un peu dangereux de laisser une demi-portion aux frontières ?

Enfin, il disait ça, mais au final il s'en fichait un peu. Il était juste un peu perturbée par un tel choix. Ses doutes sur les capacités du môme à être sentinelle se confirmèrent encore plus lorsqu'il ne constata pas de réaction chez le blond. Il venait quand même de parler de lui de façon fort peu glorieuse... A croire que Lucille le terrorisait vraiment. Bah, après tout, si les Jaguars se faisaient envahir ce n'était pas vraiment son problème. Encore qu'il n'aurait pas voulu que cette charmante rousse en pâtisse.

Non. A la base, j'étais entrain de bosser quand tu es arrivée et je ne suis pas vraiment en position de me faire gauler entrain de tirer au flanc. Donc tu vas rentrer bien gentiment de ton côté et moi je vais retourner à ma tâche, ok ?

Je ne pus m’empêcher de rire à la remarque de l’Aigle par rapport à la sentinelle. Mais je fis à nouveau la moue lorsqu’il me dit que nous allions chacun retourner de notre côté. Lançant un regard au petit blond, je soupirais.

« Ok, ok. T’as de la chance que je n’ai pas envie qu’on t’abîme d’ici ma prochaine visite, ce serait dommage. »

Le tirant soudainement d’un coup sec par le bras pour le faire s’abaisser, je posais un rapide bisou sur sa joue avant de rejoindre le Jaguar en souriant. J’avais hésité à le faire sur la bouche, mais il aurait pu mal le prendre, et puis après tout je ne comptais pas en rester là avec lui. Une fois à auteur du jeune blond, je fis un signe de la main à l’intention de l’Aigle sans me retourner et en continuant d’un bon pas.

« A la prochaine mon mignon. Bon, on y va le trouillard ? Promis, je ne te mangerai pas d’ici à ce que tu m’ais ramené… où ça d’ailleurs ? »

La raison de son assentiment le fit sourire doucement. C'était une raison comme une autre, le principal étant qu'elle rentre enfin de son côté de la frontière. Si lui pouvait avoir des ennuis, c'était aussi le cas de la jeune rousse. Elle avait eu de la chance de tomber sur lui et, par la suite, encore plus de pouvoir traiter avec la demi-portion. Vu sa tête, il se contenterait de la ramener chez les Soumis et il n'aurait sûrement pas assez de tripes pour aller tout raconter à sa Chef. Du moins, il espérait. Encore que Lucy n'avait techniquement rien fait.

Son offensive soudaine le surprit et il se retrouva courbé en avant alors que la jeune fille l'embrassait sur la joue. Il rit stupidement suite à ce geste et lui adressa un petit signe en guise de salut. Lorsqu'elle eut disparu, il retourna de son côté, reprenant sa surveillance qui promettait d'être ennuyante après le passage de cette tornade rousse.