How am I gonna get myself back home? (ezekiel)

Sujet: How am I gonna get myself back home? (ezekiel) Lun 28 Mar 2016 - 23:23

Jour 5, soirée ▬ We are the greatest pretenders in the cold morning light. There's a light in the bedroom but it's dark. Scattered around on the floor are all my souls. This is just another night. And we've had many of them. To the morning we're cast out. But I know I'll land here again. ๑ ๑ ๑ get home. Elle n'y arrivait plus depuis la veille. Elle sursautait à chaque coin de rue, à chaque tournant, persuadée de l'avoir vu juste là, sous ses yeux. Parfois, elle s'élançait dans la foule, déterminée à le retrouver. Souvent, elle prenait ses jambes à son cou, elle faisait demi tour, partait en sens inverse, se ruant le plus loin possible de lui. Parce qu'elle avait peur. Il avait toujours été le plus courageux des deux. Tout le monde pensait le contraire. Mais tout le monde se trompait. Tous méprenaient son inconscience pour du courage. Et elle, dans ses moments de lucidité, elle savait. Elan avait toujours été le plus courageux des deux. Elle, elle n'avait été que lâcheté d'aussi loin qu'elle s'en souvienne. Elle était lâche, Asha. Tellement lâche que pendant des années, elle avait enfoui la vérité si loin dans les méandres de son esprit, si loin qu'elle avait fini par croire à son mensonge. Il était mort. C'était bien plus facile de vivre avec cette idée là que d'avoir à affronter les faits. Elle était partie, elle l'avait laissé, abandonné à son triste sort. Puis elle n'était pas revenue alors qu'elle sentait qu'il était encore là, bien vivant. Elle avait préféré fuir. Et pour quoi, au final ? Pour tout recommencer, ailleurs, avec d'autres personnes, pour les abandonner à leurs tours. Elle avait toujours eu du mal, Asha. Elle était bien trop lâche pour s'attacher. Pas de sentiments, pas de peine, pas d'ancre pour l'empêcher de partir. Parce qu'en plus d'être une couarde, elle était aussi la pire des égoïstes. Elle n'était pas devenue membre par vocation ou par devoir. Elle voulait juste tromper l'ennui, s'amuser un temps, profiter du statut, pour partir une fois lassée. Mais elle n'était pas encore lassée (au fond d'elle, il y avait autre chose ; elle était juste encore trop aveugle pour l'admettre) et on ne lui avait pas laissé le temps de partir. Syd l'avait vue, avec son sac. Elle avait menti au mieux et elle était revenue à son point de départ. Le QG. Mais elle se sentait piégée. Chaque pas resserrait l'étau qu'elle avait forgé elle-même. Presser le pas ne servait à rien. Elan était partout. Et les voix, les reproches bourdonnaient dans ses oreilles, si fort qu'elle en perdait la tête. Sa respiration se fit plus saccadée, comme si l'air se refusait à elle, elle étouffait presque, les larmes lui montant aux yeux. Les ordres claqués pour qu'ils se taisent n'aidaient pas. Elle devait se cacher, se faire oublier et puis partir vite et loin, très loin. Son corps s'ébranla seul, comme s'il était passé en mode automatique. Sa main trouva la poignée de la première morte qui céda. La pénombre lui indiqua que la pièce était vide, elle en profita pour glisser sous le lit, vieille habitude de gamine. Personne ne devait la trouver dans cet état. Elle devait se calmer mais les voix ne semblaient pas vouloir lui donner cette chance, elles répétaient les insultes, les reproches en boucle, imperméables aux suppliques de l'adolescente.

Sujet: Re: How am I gonna get myself back home? (ezekiel) Mar 29 Mar 2016 - 3:18

La journée a été longue et fatigante. Épuisante même. Avec ta volonté de ne pas utiliser ta maladie comme excuse tu t'enfonces dans une routine de travail extrêmement lourde et peu adaptée à ton endurance. Tu essayes de voir le positif : tout ça te sert d'entraînement. Seulement quand tu reviens après un jour pareil, tu as parfois du mal à être aussi radical. Quand tes muscles brûlent et que ta respiration se fait vraiment courte, tu es plus tenté d'écouter la voix de la raison. Seulement la situation du clan te rattrape vite et malgré les jurons qui t'échappent pendant la nuit, au petit matin, tu recommences comme avant. Généralement tu ne te présentes dans ta chambre que lorsque tu as tout fini. Tu sais bien qu'à partir du moment où tu t'allongeras, ce sera fini. Dans ces moments là, ta volonté disparait et tu es juste reconnaissant de pouvoir te jeter tête la première dans tes oreillers. Seulement quand tu rentres aujourd'hui, il y a quelque chose de différent dans la pièce. Il y a des pieds qui dépassent de ton lit. Heureusement que tu les as vu où tu te serais sûrement planté comme un idiot sur le béton. Cette chute manquée n'enlève pourtant rien à la situation. Il y a des pieds sous ton lit et c'est bizarre parce qu'ils n'étaient pas là quand tu es parti. C'est même bizarre tout court. Pas trop certain de ce que tu fais, tu te penches vers le sol et tu t'y étends pour pouvoir jeter un coup d’œil sous le lit. Ça te semble être la première étape : déterminer à qui sont ces pieds. « Asha ? » Il t'a fallu quelques secondes pour l'identifier et même maintenant tu n'es pas très sûr. Il fait sombre et vraiment rien n'explique la présence de la Membre sous ton lit. Provisoirement tu tend la main vers elle pour t'assurer qu'elle est bien là et que ce n'est pas juste ton esprit floué par la chaleur qui s'exprime.

Jour 5, soirée ▬ We are the greatest pretenders in the cold morning light. There's a light in the bedroom but it's dark. Scattered around on the floor are all my souls. This is just another night. And we've had many of them. To the morning we're cast out. But I know I'll land here again. ๑ ๑ ๑ get home. Les voix continuaient de l'accabler. La voix de son père, de son frère, sa propre voix. Des moments de sa vie passée flashaient sous ses yeux. Les longues nuits interminables et le froid mordant qui les accompagnait parce que son père avait décrété que faire du feu était trop dangereux. Les courses poursuites avec Elan et la victoire qu'elle finissait toujours par arracher. Les nuits passées à murmurer des mots pour leur mère, toujours en secret parce que leur père ne voulait plus en entendre parler. Et la faim. Les blessures. Le sang. Les morts. Ses prunelles se baignaient de larmes à mesure qu'elle ouvrait la porte de Pandore. Elle avait toujours évité de le faire. Toute sa nouvelle vie était basée sur un mensonge. Un mensonge qui avait fini par la rattraper et qui aujourd'hui lui faisait payer le prix fort. Pendant sept années, elle avait réussi à ne jamais ne serait-ce que l'effleurer. Après tant d'années, elle n'était toujours qu'une étrangère. Personne ne la connaissait vraiment. Parce qu'elle n'avait jamais été entière. Pour connaître la véritable Asha, il fallait connaître Elan. Sa moitié, son tout qu'elle avait abandonné, écrasé, enterré vivant. Parce qu'au fond, on racontait toujours la même chose à son sujet. Asha ? C'est la nana tarée entraînée par la bête. C'est le bras droit d'Ella. La garce qui te saute à la gorge sans la moindre raison. L'espèce de lunatique qui ne réfléchit pas avant de parler. Une bonne camarade de saoulerie. Certains étaient plus lucides, peut-être qu'ils apercevaient la vérité à travers ses murailles de mensonges. Parce que depuis la rébellion, Asha, c'était aussi la fille qui n'en avait rien à cirer des victimes, qui avait laissé une camarade de portée mourir et qui n'avait pas pris un moment pour digérer sa disparition. Ils avaient vu qu'en fait, elle s'en foutait bien des conséquences de la nuit terrible. Sauf les conséquences qui ne l'arrangeaient pas. Plus d'entraînements, du travail ennuyeux à effectuer. Mais en dehors de ça ? Rien. On ne disait rien parce qu'on ne savait rien. Très peu de personnes avaient essayé de gratter en profondeur et toutes celles qui en avaient eu l'audace avaient été déroutées par un vide monumental. Asha, c'était ça, du vide sur une plaie sanglante. Elle n'était que la partie visible de l'Iceberg. Et l'Iceberg se craquelait subitement. Si subitement qu'elle n'avait même plus le temps de sauver le navire. Tremblante, apeurée, elle ne nota la présence de Zeke. Peut-être qu'il s'agissait d'Elan, elle ne savait plus. Lorsqu'il tendit la main vers elle, son esprit lui jouant des tours, elle recula précipitamment contre le mur, se repliant sur elle-même. La vision se dissipa et les traits de son jumeau s'estompèrent pour lui révéler le visage d'Ezekiel. Elle n'avait pas envie d'être trouvée, pas dans cet état, encore moins par lui. Qu'est-ce que tu me veux? Sa voix était enrouée, dépourvue de son assurance habituelle. Laisse-moi tranquille, j'ai envie d'être seule.

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Année 41 - première saison tempérée (soirée 5)

Asha est comme un petit animal blessé qui se blottit dans un coin pour protéger ses arrières. Tu sais que ça ne la rend pas plus fragile mais bien plus dangereuse. Il faut que tu fasses attention à ses crocs acérés qui pourraient te mordre et à ses griffes qui pourraient se retourner contre elle. Cette fille tu ne la connais pas vraiment bien. Comme tout le monde tu as entendu parler d'elle et tu l'as vue sur le territoire mais ça s'arrête là. Tu ne connais pas son passé. En fait tu ne t'étais jamais posé la question. Ce n'était pas le genre de fille qui te donnait envie de t'interroger et c'était peut-être là toute sa magie. Elle s'était soigneusement cachée et maintenant une vérité dont tu ne soupçonnais pas l'existence te sautait au visage. Suite à son repli, tu recules rapidement la main et tu la poses à plat sur le sol. Tu sauras maintenant qu'elle prends une quelconque approche comme une agression. « Qu'est-ce que tu me veux? » Elle parle et la voilà la fille blessée. Tu ne sais pas comment réagir dans un premier temps. En plus elle reprends trop vite. « Laisse-moi tranquille, j'ai envie d'être seule. » Tu pourrais juste te mettre debout et partir. C'est ta chambre mais c'est un détail. Il y a la solution de la laisser comme elle te le demande en espérant qu'elle sera partie quand tu reviendras. Mais cette attitude lâche ne te ressemble pas. Tu n'es pas le genre de type qui détourne le regard de quelqu'un qui souffre. Tu ne sais pas si tu parviendras à lui être d'une quelconque aide mais au moins tu vas essayer. « Tu t'es glissée sous mon lit. » Tu hausses juste les épaules malgré ta position. Ça ne te dérange pas forcément c'est juste une précision. Doucement tu te retournes pour t'allonger sur le dos et tu bascules ta tête vers elle pour continuer à la regarder. « Je n'ai jamais essayé. C'est confortable là en dessous ? » Attaquer de front est stupide, tu préfères dans un premier temps l'éloigner de son désir d'être seule et de la raison qui l'avait poussée à se planquer à cet endroit.

Jour 5, soirée ▬ We are the greatest pretenders in the cold morning light. There's a light in the bedroom but it's dark. Scattered around on the floor are all my souls. This is just another night. And we've had many of them. To the morning we're cast out. But I know I'll land here again. ๑ ๑ ๑ get home. Il portait à croire que la mauvaise habitude de squatter les chambres d'autrui s'était finalement installée. Pas de la meilleure façon. D'abord Anton, puis Ezekiel. Son constat le lui rappela dans un bref flash de lucidité. Asha percevait pourtant la présence de l'Ancien d'une différente manière. Elle ne parvenait pas à mettre des mots dessus. (Elle ne parvenait à mettre des mots sur rien, c'était bien là tout son problème, trop de sentiments, pas assez d'exutoires.) Ezekiel n'était pas Anton. Le plus âgé avait peut-être plus d'expérience. Assez pour ne pas insister, assez pour battre en retraite, légèrement tout du moins. Il avait retiré sa main, fait un pas en arrière, un geste significatif, un signe de paix. (Asha comprenait toujours mieux les actions. Les mots n'étaient que des mots. Souvent des mensonges et des paroles en l'air. Elle était bien placée pour le savoir.) Ezekiel restait présent. Là mais pas envahissant. Si elle fermait les yeux, elle aurait presque pu l'oublier. Mais elle s'efforçait à les garder ouverts. Elan était trop présent sous ses paupières closes. Douce ironie. C'était peut-être le seul moment où son instinct de préservation se montrait. Quand elle ne courrait pas de risques physiques. (Où était-il cet instinct quand elle fonçait tête baissée dans des chaos qui ne la concernaient jamais ?) Observer Ezekiel, c'était garder un pied dans le concret. Si elle tendait la main, elle pouvait presque le toucher. Si elle ne respirait pas si fort, elle aurait pu se bercer de la sérénité que dégageait l'Ancien. Mais ses poumons persistaient à pomper le plus d'air possible, comme si elle en manquait. Et son cœur pulsait dans ses oreilles, battait trop vite, deux fois trois vite. (Une fois pour Elan, une fois pour elle.) Ezekiel était calme, presque apaisant. N'en demeurait qu'elle aurait préféré être seule, épargner un pareil spectacle. Mais ça aurait pu être tellement pire. Alors quand il lui posa une question, simple, sans rapport direct avec son état, ce fut presque tout naturellement, sans tremblement dans la voix, qu'elle répondit. C'est plus sûr. Il s'agissait là aussi d'un constat bâti sur les insécurités de l'enfant cachée derrière la guerrière. (L'enfant que son père et elle avaient enterrée il y a bien longtemps.) Est-ce que je peux rester ? Je ne veux pas partir. Asha ne demandait jamais. Elle s'imposait souvent. Elle avait pourtant ressenti la nécessité de demander l'approbation cette fois. Et peut-être que derrière ces deux phrases innocentes se jouaient toutes les batailles qui faisaient rage.

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Année 41 - première saison tempérée (soirée 5)

Asha montre tous les signes d'une angoisse qui la ronge. Tu regardes le plafond désormais, désireux de ne pas la gêner plus qu'elle ne doit déjà l'être au vu de la fierté qu'elle affiche toujours mais tes autres sens te donnent tous les indications dont tu as besoin. Il y a une lutte dans sa respiration et tu aspires à la calmer. C'est toujours ton premier instinct. D'aussi loin que tu te souviennes, tu es un pacificateur. Alors ce combat qu'elle mène, tu aimerais l'apaiser. Même si tu ne la connais pas vraiment. Même si elle ne veut pas de toi. C'est plus fort que toi, probablement tu as dû quelque part sur le fil de la vie hériter d'une âme trop charitable pour ton propre bien. « C'est plus sûr. » Tu es malgré tout presque étonné de l'entendre répondre à ta question. Sa voix semble moins brisée et cela t'apporte une pointe de contentement parce que peut-être arriveras-tu finalement à faire quelque chose de bien pour elle. Même si cela doit être minuscule. Tu ne commentes pourtant pas. Ce n'est pas nécessaire. « Est-ce que je peux rester ? Je ne veux pas partir. » Cette demande te tire un sourire à peine visible. « Bien sûr. Le spot sous mon lit est tout à toi. » Tu lui adresses cette fois un vrai sourire en penchant la tête sur le côté. Tu le penses vraiment. Il est à elle maintenant mais aussi plus tard si elle ressent encore le besoin de trouver la sécurité quelque part. « Ça te dérange si je ferme un peu les yeux ? La journée a été longue. » C'est vrai mais c'est surtout une façon de lui laisser de l'espace. Tu tentes de trouver une position confortable sur le sol, toujours étendu sur le dos et tes paupières se ferment lentement. Ta main est restée positionnée à la bordure du lit, une invitation tacite pour elle si elle souhaite la saisir pour combler un potentiel besoin de chaleur humaine. Autrement, tu restes immobile pendant un long moment, la respiration paisible. Tu ne dors pas naturellement. Tes pensées voguent gaiement, passant en revue les détails que tu connais à propos de cette fille mais aussi des événements de la journée. Autour de vous, le quartier général paraît calme. Parfois quelques voix étouffées émanent du couloir mais l'ambiance de ces derniers jours ne règne pas particulièrement. Tu ne peux pas empêcher un rire léger de s'échapper pendant que tu penses à tout ça. « On voit bien que le Quartier a ré-ouvert aujourd'hui. Je crois que le QG n'a plus été aussi calme depuis... Tu sais. » Parfois tu as encore un peu de mal à parler la rébellion. C'est un sujet trop omniprésent dans les conversations et même si tu sais qu'il ne faut pas oublier – c'est impossible et ce serait idiot – tu aimerais retrouver la quiétude passée du territoire. L'ambiance si caractéristique aux Jaguars te manque. Tu craques un œil ouvert pour la regarder et ton sourire reste présent pendant que tu te frottes les paupières. Après tu te contentes de fixer le plafond. « Mais ça commence doucement à ressembler à nouveau à la maison. L'effet des travaux et du temps je suppose. Et puis, tu sais ce qu'on dit. La maison, ce n'est pas un lieu, c'est là où les gens que tu aimes se trouvent. » Tu dois la saouler avec tes grandes vérités pourtant ton but n'est pas de lui faire la leçon. Tu te contentes de verbaliser les pensées d'apparence sans dangers qui te tournent dans la tête.

Sujet: Re: How am I gonna get myself back home? (ezekiel) Mer 7 Sep 2016 - 15:12

Jour 5, soirée ▬ We are the greatest pretenders in the cold morning light. There's a light in the bedroom but it's dark. Scattered around on the floor are all my souls. This is just another night. And we've had many of them. To the morning we're cast out. But I know I'll land here again. ๑ ๑ ๑ get home. Si elle avait été dans son état normal, Asha se serait méfié de Zeke comme s'il avait été le pire des meurtriers. Il était trop doux, trop calme, trop conciliant. Dans un monde pareil, c'était rare. Elle avait croisé des personnes gentilles mais des personnes comme lui, ça devait être la première fois. Ça la perturbait un peu. Mais comme elle n'était pas au mieux, elle fit un effort pour sourire. Elle faillit réussir, mi-grimace, mi-sourire. L'important, c'était qu'il l'autorisait à rester aujourd'hui. Elle espérait pour lui qu'il ne le regretterait pas. Ensuite, elle garda le silence, sans lui répondre, il n'avait pas besoin de l'entendre de toute façon. Et il était chez lui, il faisait ce qu'il voulait. Et le calme revint. Asha l'observa, toujours tapie sous le lit. Et vraiment, elle se demandait comment ce type pouvait dégager quelque chose de si serein, de si apaisant. C'était fou et remuant à la fois. Elle se demandait aussi à quoi il pensait, elle aurait voulu lui demander. (S'intéresser à lui, c'était surtout s'oublier un instant) Elle n'eut pas le temps qu'il se remettait déjà à parler, lâchant un rire si peu à sa place dans une situation pareille. Pourtant, ça ne l'aurait pas dérangé de l'entendre rire encore. Il parlait du calme et de la rébellion à demi-mot. Une nouvelle fois, elle aurait voulu lui demander ce qu'il avait fait pendant la rébellion, où il était, avec qui, s'il s'était battu. Elle aurait voulu lui demander la manière de réagir à l'après-coup. Parce qu'elle n'avait pas d'après-coup, elle. Et qu'elle voulait apprendre à faire semblant pour paraître plus normale. Elle ne dit pourtant rien, préférant se taire, garder le silence et continuer à écouter sa voix bien trop apaisante pour être normale. Et c'est ce qu'elle fit....jusqu'à sé théorie, sur ce dicton stupide qui la remua bien plus que prévu.

Si ce que l'ancien disait était vrai alors sa maison, elle l'avait détruite il y a bien longtemps. Et peut-être que c'était pour ça qu'elle n'y arrivait pas. Que c'était trop difficile pour elle de rester sur place, de s'attacher. Elan, c'était la seule personne sur la planète qu'elle était certaine d'aimer. Elle l'aimait si fort qu'elle souffrait à chaque instant de son absence. C'était enfoui, étouffé mais la douleur restait là. C'était peut-être mieux pour les jaguars en fin de compte. Elle aimait Elan, il était son jumeau, son ancre, la moitié de sa vie, elle l'aimait plus que tout et pourtant, elle l'avait laissé crever, elle l'avait détruit. A voir comment elle traitait ce qui était cher à son cœur, il valait probablement mieux ne jamais se forger une place dans sa cage de fer. Et tout ça, ni Noâ, ni Ezekiel ne le savait. Et puis, de toute façon, les fondations de sa maison avait été balayées bien avant la perte de son jumeau, le jour de l'abandon de sa mère. Rien qu'à y penser, une bouffée de colère la saisit, une bouffée bien trop lourde que pour qu'elle ne la réprime. Et la seule personne dans la pièce était Zeke. C'est de la merde ce que tu dis. Elle fulmine, se brise entre fureur et fragilité. C'est impossible et vachement con de bâtir sa maison en fonction des autres. Il y a trop de mots qui se bousculent dans sa bouche (et sa langue est un cimetière de non-dits). Il y a trop de choses qu'elle aimerait pouvoir formuler sans qu'elle n'y arrive. S'appuyer sur les autres, c'est leur donner un pouvoir. C'est stupide, c'est con. C'est leur donner un flingue et attendre qu'ils tirent. Et tu peux me croire, ils finissent toujours pas tirer. Et parfois la balle te détruit, parfois elle touche un autre et c'est pire. S'attacher aux autres, les aimer, c'est se créer une faiblesse, l'afficher au grand jour et attendre que tes ennemis s'en servent. Aimer, c'est détruire. Rien de tout ça ne franchit ses lèvres mais ses yeux en disent long. A la place, elle crache son venin et elle s'emporte. Qu'est-ce que tu fais s'ils se tirent, hein ? S'ils se barrent avec le toit que t'as sur la tête ? Sa langue se délit et ce n'est plus vraiment à Zeke qu'elle s'adresse. Les gens finissent toujours pas partir. C'est comme ça. Tout le monde le fait ou le fera ! Et elle ne laissera pas la chance qu'on lui fasse le coup à nouveau, elle a assez morflé la première et unique fois. C'est plus facile d'être la personne qui part. Ça fait sept ans qu'elle essaye de s'en convaincre. Je l'ai fait ! Je suis partie et c'est mieux et je m'en sors !, finit-elle par avouer sans même se rendre compte. Sa voix se brise à nouveau et ses murs s'effondrent quand elle accepte finalement la vérité. Sa maison, elle l'a détruite une fois, toute seule comme une grande (comme sa mère avant elle) et Zeke ne mérite pas sa haine. Personne ne l'a jamais vraiment méritée. Sauf qu'elle était lâche, Asha et que c'était bien plus facile de rediriger une partie de son mépris sur les autres plutôt que de le porter sur ses propres épaules. Sans parler de la terreur qui glace ses os quand elle s'admet que tous ses beaux discours sur son détachement ne sont que du vent. Oui, c'est vrai, au début, elle s'en fichait du clan. Oui, c'est vrai, elle s'en fiche encore un peu. Mais si elle partait aujourd'hui, elle porterait avec elle les fantômes de bien plus de personnes qu'elle ne l'aurait souhaité. Parce que oui, c'est vrai, elle s'est attachée comme une idiote. (Elle est idiote, Asha. C'est Elan, l'intelligent.) C'est vrai que quelque part, derrière sa forteresse d'acier, juste à côté d'Elan, il y a une place pour Zayne, et pour Andrew, et pour Aiden et pour Ella, et pour Noâ, et même pour ce vieux Peacemaker. Trop de petites étoiles, trop de fusils chargés qui n'hésiteront pas à tirer quand ils prendront conscience de l'imposture qu'elle est. Alors elle devait partir. Mais pour la première fois, elle voulait rester. Qu'est-ce que tu fais quand t'as déjà détruit ta maison ?, finit-elle par demander, les yeux suppliants, touchant la main de l'ancien du bout des doigts.

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How am I gonna get myself back home? (ezekiel)

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