Tu n’avais fait que t’entraîner aujourd’hui, tu avais laissé ton esprit s’échapper dans les différentes attaques que tu portais à tes adversaires, elles avaient semé des taches rouges un peu partout sur le sol, tu t’étais fait plus sauvage qu’à ton habitude sans que tu parviennes à en connaitre véritablement la raison, peu importe, ils s’en remettraient vite. On t’avait mis bien pire pendant ses dernières années et tu t’en étais plutôt bien remis de ces années effroyables où il fallait juste subir sans broncher, laisser les coups venir su ta peau sans sourciller. Tu te rappelles que le moindre signe de faiblesse rendait les coups plus terribles encore, que le moindre cri était une invitation à continuer toujours un peu plus fort. Les objets qu’il trouvait se transformaient en instrument de musique, des armes de tortures dont échappait une certaine musicalité si on prêtait l’oreille correctement, ton corps était un tambour humain sur lequel se percutait la rage d’un père trahi, ses coups faisaient résonner ton corps d’une seule note qui se propageait au moindre recoin de ton être, c'était la note de la colère, une colère qui te ravageait et qui te détruisait un peu plus chaque jour. On n’échappe pas ce genre d’incendie, on le subit et on fait avec ce qui ne reste, c’est-à-dire pas grand-chose dans ton cas, si ce n’est des braises et des cendres qui ne tarderont pas à faire naître des flammes encore plus violentes et incontrôlables que les précédentes et rien ne pourrait les arrêter. L’un des mecs qui s’était trouvé devant toi en avait bien fait l’expérience, les larmes qui perlaient sur ses joues et cette bouche qui s’était subitement transformée en fontaine en était bien la preuve.
Tes démons s’étaient tout de même quelque peu calmés dans ta poitrine, ils s’étaient bien sustenter de toute cette barbarie si bien que tu t’étais mis à vagabonder dans les ruines sans réel but pour te poser, tu ne sais où, dans une rue, plongé dans l’ombre d’un bâtiment qui tombait en ruine. Les minutes, et même les heures filèrent comme ces étoiles qui passent parfois dans le ciel, tu ne faisais pas attention à grand-chose, tu voulais juste que le temps s’écoule un peu plus vite pour pouvoir passer à la journée suivante, t’entraîner de nouveau pour enfin atteindre le rôle de Fine Lame, ainsi, tu pourrais te mettre correctement à l’œuvre, en pratiquant avec plus d’intensité encore cet art que tu maîtrises si bien. T’allais sortir de ta rue pour rejoindre ta demeure pour faire, tu ne sais quoi, quand tu entendis cette voix des plus reconnaissables. Un rictus se pointe sur ton visage, tes dents blanches parviendraient presque à illuminer ce lieu pourri. Ton cœur accélère déjà alors qu’elle n’est toujours pas passée devant toi. Cheveux à la teinte automnale, tu la suis bien rapidement dans son sillage, tu t’attendais à ce que la proie soit accompagnée, pour qu’une personne puisse répondre à la question qu’elle venait de poser, mais il semblait qu’elle basculait lentement dans la folie parlant à son ombre ou tu ne sais qui, ça arrangeait bien ton affaire, tu allais pouvoir te mettre à jouer sans attendre. Tes pas suivent les siens foulant le sol comme une brise, on ne t’entend presque pas si bien que la progression de la Soumise semble être l’avancé de l’orage, tu te maries tendrement à la noirceur qui t’offre sa protection te laissant parcourir les mètres sans encombre, tu passes parfois dans la lumière pour mieux rejoindre les bras de ton épouse, elle t’abrite face aux yeux de Romane qui fait soudain volte-face. Son exclamation te laisse perplexe, elle voudrait déjà que tout ça s’arrête. Pourtant tout venait à peine de commencer et tu ne demandais qu’à continuer. C’est pourquoi tu restas là, hors de sa vue. Tu saisis une des pierres qui jonche le sol pour la lancer un peu plus loin, derrière elle, ça ressemble à un coup de feu quand elle finit sa course tellement la rue est calme et emplie d’une certaine tension, t’espères ainsi attirer son attention sur quelque chose d’autre puis tu sors ta lame qui jaillit dans un léger éclat argenté pour t’élancer sur ta proie, quelques foulées légères et tu lui atterris dessus, tu la plaques sur le sol l’écrasant de ton poids, ta lame se promène sournoisement près de sa gorge, la touchant presque. « Non, effectivement, tu n’es pas seule, c’est si déplaisant que ça ? » Tu te délectes des expressions qui naissent peu à peu sur son visage attendant avec gourmandise sa réaction « Alors maintenat qu'est ce qu'on fait ? » .