What Doesn't Kill You Makes You Stronger
feat. Dryss & Liam

La situation aurait pu être pire, il le savait. Étendu sur le lit d’hôpital, Liam fixait le plafond. Il était dans cet hôpital depuis trop de temps. Comment avait-il put en arriver là? Il ferma les yeux en soupirant. Blessé. Il était blessé à sa jambe. D’après ce qu’on lui avait dit la blessure était profonde. Il s’en rendait bien compte aussi. Chaque micro-mouvement lui était douloureux. Il faisait donc de son mieux pour ne pas bouger. Il avait hâte que cette jambe guérisse. Il avait donné sa parole à plusieurs personne, à Dryss entre autre, et le Dragon n’aimait pas manquer à sa parole. Il lui avait promis de l’entrainer, de lui montrer un maximum de chose, mais il n’avait pas eu l’occasion de le faire depuis qu’il était blesser. La première chose qu’il avait fait cependant lorsqu’il était revenu à lui avait été de faire prévenir son protégé. Par la suite, il avait tenté de trouver quelqu’un pour prendre la relève temporairement.

Ouvrant les yeux, il souleva doucement sa tête pour glisser ses mains à l’arrière de sa tête là ou la nuque et la tête se rencontrait. Mise à part les visites de la petite Romane, il recevait aussi souvent des visites de son grand-père, mais Liam passait la majorité de son temps seul dans sa chambre d’hôpital. Certes, on lui avait dit qu’il avait besoin de repos, mais il en avait marre de se reposer. Il avait besoin de prendre l’air. Il en avait marre. Il tourna la tête vers la fenêtre, cherchant n’importe quoi qui aurait pu le tenir occuper. Il ne semblait pas se passer grand chose de bon en dehors. Lui qui avait l’habitude de bouger, il n’arrivait pas à se faire à ne rien faire. Plus il avait de temps, plus il passait au fait qu’il n’aurait peut-être pas le temps de profiter du temps qui lui restait avant de prendre sa ‘retraite’. c’était en quelque sortes finit pour lui à présent. Allait-il finir par sortir de cet endroit de malheur? Ou serait-ce le dernier endroit qu’il verrait avant de mourir?

Sa blessure lui démangeait. C’est un signe que ça guérit lui avait-on dit. Liam en avait marre d’entendre toutes les phrases recyclées des soigneurs. Il ferma les yeux et retira ses mains de sous sa rête pour poser son avant-bras sur ses paupières en soupirant à nouveau. Dieu qu’il avait envie de bouger, de voir autre chose que les quatres murs de sa chambre. Mais il était blessé. Tout le monde semblait le regarder avec un air sombre lorsqu’on lui parlait de sa blessure. Il aurait très bien put y rester, il le savait bien. il avait eu de la chance. Mais à quoi bon avoir de la chance si l’on ne peut pas en profiter? À rien. C’est strictement bon à rien. Un bruit près de la porte sembla attirer son attention. Il ouvrit les paupières et reposa son bras sur son lit. Celui qui tourna alors le coin et entra dans la chambre lui étira un sourire aux lèvres. Liam était ravi de le voir.

« Faudrait travailler ton entrée. » lui lança-t-il en riant doucement. « Si tu pensais être discret c’est raté Dryss. »

Oui, il était plus qu’heureux d’avoir la visite de son protégé. Le brun se redressa dans son lit, bougeant accidentellement sa jambe blessé. La douleur lui arracha un grognement, mais rien de plus. Il retrouva rapidement un sourire enjoué. Devant la majorité des gens, Liam cherchait à ne pas laisser paraitre à quel point sa blessure l’affectait. Cette blessure allait probablement changer sa vie et ce ne serait pas nécéssairement dans le bon sens. Mais il n’avait pas envie d’y penser. Il ferait face à cela lorsque le temps serait venu.

Dryss avait appris la nouvelle depuis plusieurs jours déjà : Liam, son ami et mentor de toujours, avait été gravement blessé au cours d’une mission dont l’adolescent ne savait rien. Tout ce qu’on lui avait dit, c’était que le Dragon était désormais coincé à l’hôpital pour une durée indéterminée. Le jeune homme avait accueilli cette sombre nouvelle avec tristesse et avait voulu aussitôt lui rendre visite. Mais son  père lui avait interdit de quitter le territoire tant qu’il ne serait pas membre. Ce dernier espérait que son fils, désormais âgé de quinze ans, passerait son test dès l’année prochaine et deviendrait un Membre digne de sa famille. Mais plus Dryss grandissait et plus il exécrait les projets de son paternel qui tirait des plans sur la comète sans même se soucier de l’avis de son fils. Non, l’adolescent ne voulait pas tuer. Il ne voulait pas se battre pour un clan comme le sien. Les gens passaient leur temps à se battre au lieu de collaborer et il trouvait ça aberrant. Il ne voulait pas participer à cette guerre insidieuse qui partageait Paris en quatre. Et puis, il estimait aussi être en droit de quitter le territoire quand bon lui semblait mais ses parents s’opposaient fermement à cette idée.

Alors, un matin, lorsqu’une patrouille partit pour le centre neutre, Dryss se glissa discrètement à l’arrière de l’énorme Jeep entre deux caisses. Il ne fut pas repéré et trouva assez facilement l’hôpital. Sans doute devrait-il rentrer à pied et subir les foudres de son père mais peu lui importait. Il fallait qu’il sache comment allait Liam.

Un infirmier le guida jusqu’à la chambre de son ami et Dryss pénétra dans la pièce après avoir frappé quelques coups à la porte. Il aperçut Liam au fond de la pièce, alité près de la fenêtre. Le Dragon semblait en pleine forme. Seule sa jambe, encore plâtrée, semblait le retenir ici. Le Soumis offrit un large sourire à son ami qui l’accueillit avec un reproche sonnant plutôt comme une boutade.

Je n’ai pas besoin d’être discret si celui que je veux surprendre est cloué au lit. Désolé mais celui qui est vulnérable, là, c’est toi.

Il ponctua cette réponse d’un petit rire complice et s’avança vers son ami qu’il alla prendre dans ses bras. Dryss lui tapota légèrement l’épaule pour se redresser et s’asseoir à son chevet.

Alors, comment tu vas ?

 C’était la question essentielle qu’il se posait depuis un moment. Voir Liam l’accueillir aussi vivement avait quelque peu rassuré l’adolescent mais il voulait savoir si la guérison de son ami se déroulait au mieux.

Désolé d’avoir autant tardé. J’ai fait mon possible pour venir plus tôt mais ça n’a pas été faisable…

Il lui épargna les détails. Liam devait se douter qu’il avait été retenu par son père. Il connaissait bien la situation familiale de Dryss.

Liam vit le sourire apparaitre sur le visage de son protégé alors qu’il lui répliquait : Je n’ai pas besoin d’être discret si celui que je veux surprendre est cloué au lit. Désolé mais celui qui est vulnérable, là, c’est toi. Dryss eut un rire complice et liam ne put s’emnpêcher de rire à son tour. Il avait la réplique facile le petit tout de même. La plus jeune s’approcha alors pour le serrer dans ses bras et lui tapota l’épaule avant de s’assoir à côté sur une chaise. Le brun était heureux de le voir.

« Vu comme ça… en même temps, c’est important de se pratiquer le plus souvent possible. » rétorqua-t-il en souriant. « C'est pas parce que je suis pas là pour t'entrainer qu'il te faut oublier nos lessons. »

Alors, comment tu vas ? lui demanda son protégé. Même si la réponse semblait relativement évidente vu sa jambe, Liam pouvait comprendre son besoin de l’entendre lui confirmer que tout allait bien. Physiquement, sa jambe s’en remettait lentement, mais surement. Mentalement, Liam était un peu ébranlé et vu la situation, il avait raison de l’être. Il espérait le miexu pour sa jambe, mais on avait pas été par quatre chemin pour lui faire comprendre que ça blessure avait été grave. Certains avaient même dit qu’il allait devoir besoin de réabilitation et tout. L’idée ne lui plaisait pas, mais comme il n’avait pas de choix, il ferait le nécéssaire. Cela dit, il savait aussi que cette blessure prendrait du temps à guérir et donc que son travail en temps que membre se terminerait sur cette note. C’est cela qu’il avait plus de mal à avaler en fait.

« Ça va, comme tu peux le voir, je suis cloué ici, mais ca va mieux. » répondit simplement  le plus vieux.

En parlant, il jetta un coup d’oeil à sa jambe. Son sourire avait semblé s’estomper un peu alors qu’il pênsait à nouveau à ce qui l’attendrait losqu’on jugerait sa jambe en ‘meilleur état’. combien de temps allait-il encore être coincé ici? Désolé d’avoir autant tardé. J’ai fait mon possible pour venir plus tôt mais ça n’a pas été faisable… La voix du jeune homme le tira de ses réflexion et Liam tourna les tête vers lui en retrouvant le sourire. Il rit doucement et étirant son bras vers lui, il ébourrifa les cheveux du garçon. Dire que le jeune homme s’excusait de ne pas être venu plus tôt. Un sourire attendit au visage, Liam secoua la tête doucement avant de lui répondre :

« T’inquiète Dryss, je ne t’en tiens pas rancune. » dit-il en souriant. « Je ne manque pas de visite ici donc j’ai de quoi passe le temps. » mentit-il à moitié.

Certes, il était vrai qu’il avait de la visite et que cela occupait son temps, mais ce n’était pas entièrement vrai. Il n’avait pas autant de visiteur que cela. il y avait bien la gamine, Romane, puis son grand-père et quelques autres personnes du clans, mais il passait la plupart de ses journées à faire des dessins dans le plafond, ou du moins en s’imaginant à faire des dessins. Et puis il y avait la douleur. Par moment, sa jambe lui faisait terriblement mal. Mais autrement, Liam était passé de quelqu’un toujours en movement à un personne sédentaire et alité. Cela n’avait rien de bien joyeux, aussi nécéssaire cela pouvait-il être.

Liam se voulait rassurant : il affirma sans s'attarder sur les détails que tout allait bien et qu'il recevait assez de visite. Dryss acquiesça, rassuré. Mais sa curiosité, elle, n'était pas rassasiée. Son inquiétude aidant, il posa alors d'autres questions pour s'assurer que son ami se portait aussi bien qu'il le prétendait.

Tu guériras dans combien de temps? On t'as déjà dit quand tu pourras sortir?

Après tout, le jeune homme espérait que son ami s'en sorte très vite pour revenir chez les Dragons. Il lui manquait la présence rassurante de son mentor. Et puis, il fallait bien le dire, Liam était un peu son seul complice en ce moment. Surtout depuis que son père le harcelait avec ce test d'admission que Dryss refusait de passer. Le jeune homme avait très peu de soutien dans le clan et cela devenait difficilement supportable. Voir son ami - même pour quelques minutes - le soulageait donc énormément par rapport à cette pression sociale et constante.

En tout cas, j'ai hâte qu'on reprenne les entraînements à deux. Depuis que t'es ici, c'est mon père qui m'entraîne et je peux te dire que ce n'est pas de tout repos. Il abuse parfois!

Même si le Soumis venait de parler sur le ton de la plaisanterie, les souvenirs qu'il venait d'évoquer, eux, n'avaient rien de drôles. Il fallait que Dryss devienne un vrai Dragon et s'endurcisse : tel était le crédo de son père qui ne cessait d'enchaîner les sévices. Plus vite Liam reviendrait, plus vite ce calvaire prendrait fin et Dryss pourrait retrouver alors un rythme normal. Il était temps d'ailleurs, car le jeune homme se sentait de plus en plus fragile psychologiquement. Et puis il fallait que son ami reprenne ses activités en tant que membre, Dryss savait que c'était important à ses yeux. Dommage qu'il soit bloqué à l'hôpital mais dans l'esprit de l'adolescent, tout cela n'était que provisoire et changerait très vite. Il en était certain.

Liam ne put s’empêcher de sourire devant les milles et une question de son protégé. Tu guériras dans combien de temps? On t'as déjà dit quand tu pourras sortir? lui demanda Drys qui ne semblait toujours pas rassurer. Liam ne put s’empêcher d’éclater de rire devant l’empressement du jeune homme a vouloir toutes ses réponses en même temps. Il posa une main sur l’épaule du jeune homme et hocha la tête.

« Wooh! Calme toi, prends le temps de respirer entre tes questions. »  commença le mentor. « Ça peut prendre encore un certain temps avant de guérir, faut se montrer patient. Le corps ne se regénère pas instantanément tu sais. »  Il rit un peu a nouveau avant de reprendre. « Lorsque ce sera mieux, ils me diront quand je pourrai sortir. Je te promet que tu sera le premier à le savoir. »  le rassura le plus vieux en souriant, la tête légèrement sur le côté.

Le plus jeune reprit alors en lui racontant ses entrainements depuis que le plus vieux se trouvaient dans l’incapacité de l’entrainer lui-même : En tout cas, j'ai hâte qu'on reprenne les entraînements à deux. Depuis que t'es ici, c'est mon père qui m'entraîne et je peux te dire que ce n'est pas de tout repos. Il abuse parfois! Liam eut un pincement au coeur et le cacha de son mieux. Les entrainement avec son protégé lui manquait aussi, mais il tentait de rester fort de son côté. C’était assez difficile pour lui de passer d’un horaire chargé à rester étendu seul ici à l’hôpital. Il avait bien besoin de se dégourdir les jambes. Hm! L’ironie. Il ne savait même pas si il pourrait reprendre les entrainements, ni si il pourrait prendre d’autres missions. Les dégats de sa blessure pouvait être bien pire que ce qu’il ne pouvait le croire.

« T’en fais pas, je reprendrai les entrainement dès qu’il me le sera possible, tu le sais bien. Ça me manque aussi tu sais bonhomme! »  dit-il d’une voix chaleureuse en souriant.

Il était sincère, en majorité, mais il ne pouvait pas savoir ce que lui réservait l’avenir. Il n’en avait vraiment aucune idée en fait. Tout était possible, mais pour le moment, il se concentrait sur le moment présent. Dryss était venu le voir et même s’il n’aimait pas savoir que ce dernier désobéisse à son père, il était ravi de le voir.

Devant ses multiples questions, Liam éclata simplement de rire. Dryss resta interdit durant plusieurs secondes. Il ne comprenait pas vraiment d’où venait l’hilarité de son mentor jusqu’à ce que ce dernier s’explique : ses interrogations s’enchaînaient avec une telle vivacité que c’en était drôle. Dryss poussa alors un léger rire à son tour. Il ne se rendait pas vraiment compte de son empressement et cela le gêna quelque peu. Il ne voulait surtout pas oppresser Liam qui devait déjà être assez fatigué comme ça. Mais le Membre ne le prit pas mal. Pas du tout. Il était solaire, comme toujours et accueillit cette salve de questions comme une preuve d’attachement. Et c’était bel et bien le cas.

Liam lui rappela que le corps mettait du temps pour se régénérer. Et il avait raison. Si la blessure était assez importante pour le clouer au lit, ce n’était pas en deux nuits qu’il allait se remettre sur pieds. Il faudrait plus de temps. Dryss acquiesça donc, à la fois compréhensif et déçu. À demi-mots, Liam admit ensuite que les médecins n’avaient encore rien annoncé. Cela voudrait dire que ça prendrait beaucoup de temps, du moins c’est ce que l’adolescent conclut silencieusement.

Liam le rassura alors : les entraînements lui manquaient aussi et il les reprendrait dès que possible. C’était une bonne chose et cela revigora quelque peu Dryss qui s’imaginait déjà son mentor cloué au lit pour plusieurs mois.

Note que si tu te transformes en plante, c’est plutôt moi qui vais devoir t’entraîner.

La plaisanterie visait à dédramatiser la situation. Et puis le brun se plaisait à imaginer cette situation. Les rôles seraient inversés et il aurait alors la possibilité d’aider réellement quelqu’un qui comptait pour lui (même si l’image d’un jeune Soumis entraîna un membre sur-compétent avait quelque chose de grotesque et de moqueur, il fallait bien l’avouer). Mais le jeune homme se ressaisit. Il n’avait pas beaucoup de temps et souhaitait savoir se qu’il s’était passé, exactement. La mission avait dérapé et les pertes étaient peut-être plus importantes que prévu.

Comment c’est arrivé ? Est-ce que t’as le droit de m’en parler ?

Les missions étaient souvent secrètes. Et même si l’adolescent avait la confiance de son mentor, il savait également que ce dernier ne pouvait pas tout lui confier quant à ses responsabilités au sein du clan.

Liam craint d’abord offenser Dryss parce qu’il s’est mis à rire. Cela dit, il est vite rassurer puisque suite à son explication pour son rire, le jeune homme rit à son tour. Il n’y a rien de mal à l’empressement du jeune homme, au contraire. Liam le prend plutôt bien, il sait que c’est parce qu’il tient à lui, voir peut-être même parce qu’il s’est attacher à lui, qu’il agit ainsi. Et c’est tout aussi réciproque. Si Dryss s’était retrouver à l’hôpital, le brun serait vite aller le voir pour lui tenir compagnie et lui remonter le morel. Certes, il n’aurait peut-être pas poser vingt mille questions d’une traite, il l’aurait fait de façon poser, laissant le temps au jeune homme d’y répondre sans trop se fatiguer. Cela dit, il y avait une énorme différence entre Liam et Dryss : l’âge et l’expérience. Liam et lui avait un bon écart au niveau de leur âge, ce qui faisait en sorte que l’un avait de toute évidence plus d’expérience que l’autre.

Note que si tu te transformes en plante, c’est plutôt moi qui vais devoir t’entraîner.lui lance alors le plus jeune, ce qui fait éclater de rire le plus vieux à nouveau avant qu’il ne hoche la tête en regardant l’autre dragon. Il lui ébouriffe les cheveux doucement avant de lui répondre sans perdre son sourire :

« T’inquiète, j’ai besoin de plus que ça pour me transformer en légumes. » lance-t-il en souriant. « Et tu es certain d’être capable de m’entrainer si c’est le cas? » demande-t-il un peu à la blague.

La seconde question de Dryss ne tarde cependant pas à arriver et il ne va pas par quatre chemin pour la lui poser : Comment c’est arrivé ? Est-ce que t’as le droit de m’en parler ? demande le plus jeune avec curiosité. Sans perdre son sourire, le plus vieux tourne les tête et la pose sur l’oreiller derrière lui. en soi, il ne peut pas vraiment en parler, non parce que c’est secret, mais surtout parce qu’il ne comprends pas pourquoi c’est lui qui s’est retrouvé à se faire blesser alors qu’il n'avait commis aucune erreur. Certes, son coéquippier aurait pu faire plus attention, et ce n’est pas que Liam lui souhaite du mal, mais il trouve désolant que ce soit lui qui doivent écopper des conscéquence. Surtout que l'autre bozo n’a même les bourses assez grosses pour venir lui rendre visite et vérifier qu’il va bien. Clairement, le sujet mérite donc d’être laisser derrière.

« Je préfère ne pas en parler bonhomme. Pas pour le moment. Disons simplement que des erreurs ont été commises et que par chance rien de trop grave s’est produit. » conclue-t-il en regardant à nouveau le plus jeune.

La plaisanterie de Dryss fit mouche. Il savait que Liam ne le prendrait pas mal. Il était plutôt du genre à apprécier ce genre de taquineries plutôt qu'à les réprimander. Et heureusement car le quotidien était déjà assez dur pour qu'en plus l'un des seuls amis du brun n'accepte pas un peu d'humour de temps en temps. L'adolescent se vit donc à nouveau ébouriffer les cheveux et tenta de se dégager en pouffant. Il était plutôt satisfait d'avoir quelque peu égayé son mentor qui avait l'air si seul, en ce moment. Parce que même s'il affirmait le contraire, Dryss craignait qu'il ne se sente isolé et esseulé dans cet hôpital si loin du Nord... Il s'arrangerait pour passer assez souvent. Encore faudrait-il qu'il en trouve le moyen, mais le jeune homme pensait que tout était possible du moment qu'on en ait la volonté.

Liam se voulait rassurant : ce n'était pas ce bref séjour à l'hôpital qui allait le transformer en plante. Il demanda alors au jeune homme s'il serait capable d'entraîner son propre mentor sur un ton légèrement moqueur. Dryss fit mine de réfléchir, faussement sérieux.

... Avec un peu d'imagination oui, parfaitement. Il faudra bien rééduquer ce corps tout faiblard et j'ai de qui tenir pour former des inadaptés ne t'en fais pas pour ça.

Le brun se surprenait lui-même. Il était rarement aussi blagueur et ouvertement joyeux. Le fait de retrouver Liam après une longue période de séparation devait sans doute jouer beaucoup dans son comportement. Ajouté à cela la volonté de lui faire passer un agréable moment en sa compagnie, aussi court soit-il.

Liam répondit ensuite à sa question un poil trop épineuse et confirma les doutes du jeune homme : en effet, le membre ne pouvait pas vraiment dévoiler les détails de sa mission. Ou du moins, il ne souhaitait pas en parler pour l'instant, ce qui était un motif suffisant pour changer de sujet. Bien qu'un peu déçu, Dryss n'insista pas davantage, ajoutant simplement : Je comprends. Après tout, qui était-il, lui, un simple Soumis, pour juger de ce genre de détails?

Craignant de laisser le silence s'installer, alors qu'il était venu pour lui tenir compagnie, Dryss tenta de le lancer sur une autre conversation, moins grave que celle qu'il avait maladroitement tenté d'aborder :

Tu sais, c'est la première fois que je quitte le territoire depuis que je suis Soumis. Mais j'ai l'impression que je ne l'avais encore jamais fait avant ça. Ca fait vraiment bizarre. Tout ça pour venir te voir, t'es flatté j'espère?

Avec le recul il se souvenait très bien de sa première sortie en-dehors des frontières du Nord. C'était avec Jude et ça remontait à plusieurs années. Mais cette époque était révolue, de toute façon.

Spoiler:

Mon but n’est pas de partager mon malheur avec mon protégé, bien au contraire. Même s’il lui faudra apprendre les valeurs de la vie, je sais pertinement bien que ce n’est pas avec mes propres mésaventure que je pourrai lui apprendre quoi que ce soit. Non, tout cela, il devra l’apprendre par lui-même. En général, je l’aurais surement réprimander pour avoir désobéit à son père, mais pour cette fois je ne dis rien. Je sais que le jeune homme présent ici n’aime pas particulièrement ce que son père lui fait subir ou lui demande de faire ou ne pas faire, mais ce n’est pas non plus une raison pour manquer de respect à un Ancien. Cependant, je juge plutôt que cette leçon est pour une autre fois. Pour le moment, je profite plutôt de sa présence au lieu d’en faire tout un plat. Je suis content d’avoir de la visite, je ne le cache pas. Son humour est tout à fait rafraichissante, c’est justement ce dont j’avais besoin pour me remonter le moral. Je prends ses blagues comme elles sont : des blagues. Je lui éboriffe les cheveux en riant. Il laisse croire qu’il croit que je vais me changer en plante à cause de tout cela. Je lui réplique en lui demandant s’il se croit capable de m’entrainer, moi. Sa réponse ne tarde pas. Avec un peu d'imagination oui, parfaitement. Il faudra bien rééduquer ce corps tout faiblard et j'ai de qui tenir pour former des inadaptés ne t'en fais pas pour ça. me dit-il toujours sur le ton de la plaisanterie. Je ris de nouveau. Il ne manque pas d’imagination le petit, je l’avoue, mais il a surtout un certain culot. « Les inadaptés? » lui demandais-je en faisant mine d’être offusqués par son choix de mots. « Tu vas voir ce que tu va voir Dryss… À mon retour, tu vas voir qui est inadapté de nous deux. » lui dis-je d’un ton blagueur.

La discussion change alors. Dryss me demande ce qui m’est arrivé, comment j’ai été blessé. Il veut savoir si je peux en parler. C’est plus facile de lui répondre que je peux pas pas en parler, mais c’est surtout que je ne veux pas en parler. C’est quelque chose que je revis déjà assez régulièrement et je n’ai pas besoin de le revivre alors que j’ai les deux yeux ouverts. Les cauchemars sont déjà bien suffisant à mon avis. Lui lançant un regard rapide, je cru bien voir qu’il fut déçu de ne pas avoir de détail, mais il ne poussa pas le sujet plus loin. Je comprends me dit-il. J’ai envie de le secouer en lui criant que non il ne comprend pas, il ne comprend pas l’enfer que ça a été, l’enfer que c’est présentement pour moi. Mais je ne dis rien. Je laisse plutôt le sujet retomber. C’est mieux ainsi. Je me demande malgré tout comment il aurait vécu une situation comme la mienne, s’il avait été dans mes chaussures. Depuis le temps que j’entraine ce jeune Dragon, je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’il va devenir. J’ai peine à me souvenir comment j’étais moi-même à son âge. Avais-je eu autant d’énergie que lui ou non?

Mais le silence ne dure pas longtemps que le brun trouve déjà un autre sujet de conversation. Tu sais, c'est la première fois que je quitte le territoire depuis que je suis Soumis. Mais j'ai l'impression que je ne l'avais encore jamais fait avant ça. Ca fait vraiment bizarre. Tout ça pour venir te voir, t'es flatté j'espère? me dit-il. Je ris de nouveau en entendant la dernière partie de son nouveau sujet de conversation. Flatté? Mouais, disons que je trouvais qu’il avait peut-être pris des risques inutiles pour des raisons qui laissaient un peu à désiré, mais j’étais confiant qu’il savait se battre un minimum. Après tou, c’est moi qui l’avait entrainé non? « Oh que si, je suis bien flatté. Mais tu n’avais pas besoin d’en faire autant juste pour moi. Tu sais, ce n’est pas très prudent d’en faire autant juste pour cela. Tu aurais pu tomber face à des libres ou je ne sais quel danger. » lui dis-je. Je n’étais pas en train de le réprimander. Je lui faisais comprendre qu’il était imprudent de prendre de tel risque. « Tu sais, le territoire est plus sécuritaire que le centre neutre. Malgré les patrouilles dans le centre, cela ne veut pas dire que tu ne tomberas pas sur quelqu’un de malveillant. » le préviens-je en souriant. Le ton de ma voix n’était pas méchant, au contraire, j’étais heureux de le voir ici, malgré les dangers qu’il avait courru. « Il serait plus prudent que tu viennes accompagner une prochaine fois, juste au cas ou. Au moins à deux vous courrez moins de risque. » lui proposais-je.