Axel enchaîna les questions en retour et rien ne fit plus plaisir au Ravitailleur. Ils étaient eux, ils étaient qui ils étaient ; pourtant, ils se découvraient comme deux connaissances qui trouvaient enfin le temps d'apprendre à se connaître mieux. La comparaison n'était pas tout à fait exacte, bien évidemment, puisque ces dernières années, bien que mouvementées, leur avaient permis de se cerner de manière moins traditionnelle mais parfois plus personnelle. Cependant, elle exprimait à merveille l'aspect exaltant qu'engendraient les relations naissantes.
Ce fut donc avec un plaisir non feint que Syd continua ses explications sur le dialecte qu'il parlait. Il en fit des démonstrations, alternant entre les sonorités plus neutres du français et celles plus chantantes du catalan. Cela fit remonter en lui des souvenirs qui lui firent étrangement plaisir malgré la perte qui accompagnait ces souvenirs. Peut-être était-ce dû au fait qu'il partageait ça avec Axel ?
Par la suite, Syd ne se gêna pas pour poser ses propres questions à Axel. Il fut une nouvelle fois émerveillé de voir que l'Aigle répondait à pas mal d'entre elles. Il en esquiva certaines, ce que Syd respecta, puisqu'il en évita quelques unes lui aussi. Ça n'entacha pourtant rien à l'ambiance agréable et intime qui s'était installée à leur table et qui leur permettait d'enfin se placer sur un pied d'égalité. Fini le jeu du chat de la souris. Ils se faisaient face et étaient pour la première fois d'accord sur quelque chose : leur futur.
Ils commandèrent d'autres verres mais firent malgré tout attention à ne pas trop en abuser.
Comme prédit, le comportement d'Axel se modifia légèrement à mesure que la soirée avançait et que l'alcool s'amenuisait ; Syd laissa parler son naturel extraverti. La Jaguar éclata de rire à plusieurs reprises ; le blond n'en fit pas de même mais Syd considéra les gloussements et autres expressions de sa bonne humeur comme des victoires précieuses. Ils n'abordèrent pas les événements du passé et c'était bien mieux ainsi : s'ils étaient amenés à en parler, ils auraient besoin d'apprendre à se familiariser l'un avec l'autre au préalable.
En somme, lorsque le Ravitailleur raccompagna son ami à l'entrée du territoire, tout était pour le mieux. Syd souriait avec constance sans s'en rendre compte et il alla même jusqu'à étreindre rapidement l'Aigle dans un élan enthousiaste et naturel. Il ne fut pas dupe, il sentit l'autre se crisper au contact – c'est en partie ce qui l'amena à abréger au maximum le geste. Pourtant, il sentit que c'était la chose à faire – même si, pour être honnête, ses côtés impulsif et tactile avaient plus parlé pour lui qu'autre chose.
Inutile de préciser qu'une certaine gêne flotta entre eux après ça mais le Jaguar s'interdit de réfléchir tant que son comparse était encore là. Ils échangèrent quelques derniers mots et, finalement, après une soirée plus que mouvementée, Axel quitta le territoire du Sud.
Le brun se força à quitter l'entrée et le poste de garde, histoire de ne pas faire jaser sur leur compte plus que nécessaire, mais ce n'était pas l'envie de rester jusqu'à ne plus apercevoir l'Aigle qui manquait. Ça n'avait d'ailleurs aucun sens, si ce n'était qu'il s'inquiétait quelque peu pour lui. Comme il s’inquiétait des gens qu'il appréciait. Cependant, appréciait-on normalement quelqu'un qui, plusieurs heures auparavant, hésitait encore entre vous détester et vous laisser entrer dans sa vie ? A priori, oui ?
Syd n'y comprenait pas grand-chose.
Comme il ne comprenait pas pourquoi cette étreinte, brève et impersonnelle sous bien des aspects, le chamboulait comme ça. Quand il y pensait, l'endroit où sa joue avait touché celle d'Axel, alors qu'il serrait brièvement l'autre contre lui, pulsait légèrement tandis que son ventre se rappelait à lui et le rendait étrangement nerveux et heureux. Le souvenir de leurs échanges renforçait cette impression, faisant davantage vibrer l'adrénaline qui traversait corps. Cependant, le pire dans tout ça devait être l'envie qu'il ressentait de revoir l'Aigle...
Clairement, ce qu'il ressentait en cet instant ne pouvait décemment pas s'appliquer à quelqu'un qu'il qualifierait « d'ami ». C'était comme si son corps, ses sentiments avaient attendu le moment fatidique de leur « paix » pour lui dire « fuck you » et sonner la charge. Comme une avalanche qu'on ne voit pas venir et qu'on se prend en pleine face puissance mille. Ici, ses propres réactions et sentiments lui retombaient dessus en même temps et le rendaient complètement confus.
I dut s'arrêter quand il réalisa qu'il s'était trompé de ruelle. Il jura avant de rebrousser chemin puis il décida qu'il passerait par la salle d'entraînement : essayer de se recentrer et de mettre de l'ordre dans ce bordel de pensées sans queue ni tête ne lui ferait pas de mal. Si la conclusion à laquelle il était en train d'arriver était vraie, il était dans la merde, soyons honnête, et deux petites heures à se vider le cerveau ne seraient pas de trop...
En réalité, Syd n'était pas au bout de ses surprises mais c'était la première fois qu'il ressentait ce genre de sentiments, il fallait lui pardonner. Il aurait bien le temps de prendre conscience de l'étendue de son ignorance en temps et en heure. Il fallait, dans un premier temps, lui laisser le temps de réaliser que, avec un naturel qui le déconcerterait plus tard, il avait flirté avec le blond de-ci, de-là durant la dernière heure de la soirée. Rien de bien engageant, rien de bien clair, rien de trop conscient, mais de manière suffisante pour insuffler le doute et le questionnement dans l'esprit des deux jeunes hommes.
FIN- HJ :
Merci pour ce RP poulette ♥