If I hit hard enough the silence will be back. [Syd] [FB]

Invité

Maybe it's my fault... But I had to stop him...

Deux semaines après l'incident de l'hôpital.
Année 40. Jour x.

Sa journée avait bien été et sa soirée s’annonçait tout aussi paisible... Enfin autant que cela pouvait être possible dans sa vie. Le terme paisible n'étant pas particulièrement un mot qui faisait parti de son vocabulaire.

Son temps de garde avait été tranquille. Il avait fait son quart de travail avec une vipère qu'il aimait bien. Silencieuse et qui ne posait pas de questions stupides. Comme quoi... Il semblait s'être enfin débarrassé des imbéciles heureux. C'était mieux ainsi.

Et depuis l'épisode de l'hôpital, il n'avait pas revu le plus jeune. Ses jours de congé étaient tombés en même temps que le ravitaillement des Jaguars... Durant les deux dernières semaines. Alors il avait pu éviter Syd. Non. Pas évité.

Fuit.

Il avait fuit son cadet. Parce qu'il n'était pas certain que c'était une bonne idée de le revoir. En fait, Axel était certain que c'était une très mauvaise idée.

Il ne se faisait pas confiance.

Quel crétin aurait-il eu l'air s'il s'était retrouvé face à face avec lui, à le fixer sans un mot en quête d'une trace que le brun regrettait autant que lui ? Non, vraiment c'était mieux ainsi. L'aigle était habitué à vivre avec des regrets... Et il les avaient encagés avec toute la force qu'il avait en espérant qu'ils y restent. En vérité, le blond ne savait pas comment affronter le Jaguar. Il avait l'habitude d'avoir l'esprit chaotique. Mais le bordel que Syd lui foutait dans la tête n'était pas quelque chose qu'il avait apprit à gérer et pour le foutre en l'air, il le faisait brillamment, et pas dans le sens agréable du terme. Mais, ça avait finit par se calmer. Ça se calmait toujours.

Et la soirée promettait d'être tout aussi calme que sa journée. Il avait décidé d'aller chercher les habits que sa mère lui avait demandée pour le prototype d'humain qui lui servait de petite sœur. Ça ne pressait pas, elle lui avait demander pour la fin de la semaine, mais il avait envie d'y aller tout de suite. La gamine ne devait pas manquer de quoi que ce soit. Il adorait sincèrement cette mini personne. Il pouvait passer des heures à la regarder gazouiller et rire avec une fascination que ses parents ne lui aurait pas cru possible de démontrer. Mais elle... Elle était différente, si pure et si douce qu'elle mettait une peu de paix, certes temporaire, mais agréable dans son âme tourmentée. Et il aimait bien quand elle tendait les bras vers lui en riant, comme s'il avait été quelqu'un de bien, comme s'il était intéressant. Mais jamais, jamais il n'avait osé la prendre ou même la toucher, malgré les quelques fois où sa mère lui avait proposer de la prendre. Chaque fois il avait refusé doucement, parce qu'il avait peur de la blessée. Et au fond, il croyait que tant de pureté serait surement souillée par toutes les émotions négatives qu'il se déchiraient dans sa tête. Il pourrait même prendre quelque chose pour Lydie, parce qu'elle le réconfortait toujours sans rien demander. Et toujours avec une douceur qui lui faisait autant de bien que de l'eau fraiche sur une blessure. Ce ne serait pas une mauvaise idée du tout.

Et il repensait aux deux femmes qui l'aidait sans même le savoir, qui lui prodiguait une douceur dont il avait cruellement besoin. Un mince sourire étira ses lèvres alors qu'il marchait tranquillement.

- Hey ! Mais regarde qui va là. C'est pas cet enculé d'Axel ?

Le blond passa auprès des deux hommes sans même leur adresser un regard, car la réplique était très certainement destinée à le frustré et il voulait simplement aller chercher ce qu'il voulait pour rentrer rapidement chez lui. Mais eux, semblaient en avoir décidé autrement.

- On te vois plus beaucoup avec la tapette ? Comment il s’appelle déjà ? Syd je crois ? C'est quoi il en a eu marre de toi ? Il s'est rendu compte à quel point t'étais un connard qui ne valait rien ? Peut-être qu'en fait c'est toi qui en à eu ton compte de l'enculé, comme il aime il parait. Tant mieux tiens. J'irais tenter ma chance.

La mâchoire de l'Aigle se serra fortement. Pour qui se prenaient-ils ? Qu'est-ce que ça pouvait leur faire que le ravitailleur soit aux hommes ? Il n'en avait rien à chier et eux devrait en faire de même. Axel n'avait jamais posé la question parce que primo ce n'était pas de ses affaires, deuzio, parce qu'il en avait rien à chié et tertio ça ne changeait rien au personnage. Alors, pour l'amour du ciel de quoi se mêlaient-ils ? Étrangement, cela l'agaça considérablement qu'on parle de son cadet de la sorte. Syd était un type bien, même s'il pensait que c'était un des mecs les plus inconscient qu'il ai jamais rencontré. Et même lui ne parlerait pas du Jaguar dans ces termes et dieu seul sait les noms colorés qu'il lui avait donné. Alors, il préféra ignorer les paroles de ces deux crétins et continua sa route. Ses bandages à la main lui rappelaient qu'il n'avait pas le droit de se battre au risque de vraiment empirer son cas.

- C'est qu'on dirait qu'on est trop bien pour boucle d'or. Il ne daigne même pas répondre ou même nous regarder.
- Je crois qu'on devrait arrêter ok ?

Le deuxième semblait légèrement plus brillant que son compatriote et comprenait à sa posture que la colère avait commencée à couler dans ses veines aussi brulante que de le feu. Mais il ne prononça pas un mot. Il fallait se taire. Et c'est avec surprise qu'il remarqua la patience dont il faisait soudainement preuve. Parfois le blond se surprenait lui-même.

- Arrêter ? Mais t'es malade ! Je fais que commencer. Fais pas ta mauviette. Lui c'est un véritable trou du cul. La plupart des gens le disent.

Ah. Alors celui-là voulait se fier au rumeurs. Grand bien lui fasse. Rien ne pourrait lui faire perdre cette étonnante patience qu'il avait, même malgré la colère inexpliquée qui grondait sous ses veines, après tout, il n'y avait que lui qui pouvait insulté Syd. Non, vraiment rien ne pouvait lui faire perdre patience.

Rien.

- Ton frère faisait comment pour vivre avec un connard comme toi ?

Sauf ça.

Il cherchait vraiment les emmerdes ce con ? Lentement, Axel se tourna vers les deux hommes qui avaient prit la peine de le suivre pour continuer de l'emmerder.

- Oh mais putain, boucle d'or nous honore enfin de sa digne attention.
- Si tu reparles de Tim...
- Si je reparle de Tim tu vas faire quoi ? Il devait bien savoir que tu ne valais rien et qu'en fait t'étais qu'un enculé.
- Mec arrête...
- Oui, mec arrête écoute ton pote un peu.
- Oh mais non. Je n'ai pas finis.
- Moi si.

Mieux valait partir tout de suite, parce qu'il sentait sa patience fondre comme neige au soleil. L'Aigle se pinça l'arrête du nez. Puis le crétin parla de nouveau.

Grosse connerie.

- Tu crois que c'est pour ça que Tim s'est laissé tué ? Parce qu'il avait un tel minable comme frère et qu'il en crevait de honte ? Remarque je le comprends en te regardant.

Il se tourna vers lui avec rapidité. Une telle rapidité que le plus sensé des deux inquiéta et celui-ci préféra s'éloigner, jusqu'à dégerpir.

- À ta place, je fermerais ma gueule ma gueule maintenant.
- Sinon quoi ?
- Tu ne veux même pas le savoir.
- Je veux pas briser tes rêves boucle d'or, mais toute ta famille doit trouver un moyen de se tuer pour ne plus avoir à t'endurer. Tu ne semble pas encore t'en être rendu compte. Je vais me faire le plaisir de te le dire, je suis un type généreux. Il faut croire que Tim à juste eu plus de courage. Tu vois bien que c'est ta faute en fait si Tim est mort. Tu vas faire crever tout le monde au final. Peut-être que Syd à suivit le chemin de Tim ?

Il était qui ce trou du cul ? A parler de lui comme s'il le connaissait ? Comme s'il savait tout sur lui ? Il ne su pas ce que fut la suite des paroles, parce que la colère lui faisait bouillir le sang. Ses battements de cœur résonnait dans ses oreilles. Il savait que c'était de sa faute à lui. Si Tim était mort et ça l'enrageait. Le gardien ne sut pas comment, mais il se retrouva une vingtaine de minutes plus tard à taper de toute ses forces sur le visage amoché de sa victime. Lui-même avait une lèvres fendu et son nez saignait... Tout comme ses jointures dont le sang maculait les bandages blanc.

- TA GUEULE. TA GUEULE. MAIS PUTAIN FERME TA GUEULE.

Il ne trouvait rien d'autre à redire tellement la colère lui embrumait le cerveau, parce que celui qui se retrouvait au sol continuait de lui faire mal avec ses mots, malgré les poings qui s'abattaient sur lui, il continuait de parler et de trouver les bonnes phrases. Et il voulait le faire taire. Furieux comme il ne l'avait rarement été, le blond continuait de frapper sans se rendre compte que ses joues se mouillaient de larmes de rage. L'adrénaline effaçait les traces de la douleur de ses blessures.

Il voulait le faire taire. Il voulait faire taire la vérité qu'il ne pouvait se pardonner. Quitte à le tuer. Parce qu'Axel avait mal. Tellement mal d'entendre parler de Tim de la sorte.

Il fallait que le silence revienne.

Invité

Comme depuis des semaines, la journée avait été brûlante. La canicule constante qui régnait sur la région depuis toujours n'étonnait plus mais ça ne l'empêchait pas d'être éreintante. Des amis à Syd lui avait d'ailleurs proposé un énième pique-nique dans le parc du centre neutre pour sa prochaine journée de repos qu'il avait accepté avec plaisir. Les hautes températures étaient toujours bien plus supportables à l'ombre d'un arbre qu'en plein soleil.

Il revenait justement des échoppes où il avait discuté avec son ami Commerçant et où il l'avait aidé à remballer. Il traversait à présent le Centre en direction du territoire Jaguar. Et des cris sur sa gauche finirent par attirer son attention. Il réalisa au bout d'un instant qu'il s'agissait d'une bagarre. Un coup d’œil rapide autour lui apprit que quelques personnes observaient la scène mais choisissaient de ne pas intervenir. Un autre coup d’œil sur les deux personnes et son sang se glaça : l'homme qui se trouvait au-dessus n'était autre que Axel. Sans prendre le temps de réfléchir, il se mit à courir vers eux.

Il n'avait pas croisé l'Aigle depuis leur dernière rencontre. Syd allait bien mieux depuis, sa blessure cicatrisant sans aucun souci grâce aux soins et aux conseils du Soigneur qui s'était occupé de lui. Pour tout ce qui concernait le blond, c'était clairement plus compliqué. Il avait mis quelques jours à accepter l'échec cuisant auquel il avait fait face. Au rejet calme et froid même. Parce qu'il ne s'était pas agi d'autre chose.

Raphaëlle et Bridgit n'avaient réussi à lui extirper aucun mot à propos de ce qui s'était passé ce jour-là au centre, contrairement à d'habitude où il racontait ses mésaventures sans souci. Il ne savait pas si elle se doutaient que ça avait un rapport avec l'Aigle. Sûrement, puisque les ragots allaient vite sur Paris et que le gardien portant le brun dans ses bras n'avait pas dû passer inaperçu. Heureusement, elles n'avaient pas insisté et l'avaient laissé broyé du noir dans son coin pendant quelques jours. Jusqu'à décider qu'un Syd trop silencieux et peu enthousiaste était bien trop flippant. Elles l'avaient secoué, chacune à leur manière. Depuis, sans abandonner l'idée d'aider Axel, Syd s'était retrouvé bien trop perdu pour continuer sa « mission ». D'autant plus que, les deux hommes ne s'étant pas revus depuis, rien n'avait précipité Syd à affronter la situation.
A priori, ce moment était venu.

Il ralentit l'allure lorsqu'il arriva à leur hauteur et dit à voix haute pour essayer de stopper le blond qui enchaînait les coups, faisant fi de ceux que l'autre lui renvoyait ou de ses poings ensanglantés – vu l'arcade et la lèvre de l'autre, ça n'avait rien d'étonnant : « Axel, calme-toi ! » Il se pencha dans le dos du gardien, passa un bras par-dessus son épaule droite, l'autre par-dessous son aisselle gauche, et assura sa prise sur lui. « Bordel, Axel, calme-toi ! » Il tenta de le tirer en arrière, de lui faire lâcher prise, mais le blond s'accrochait beaucoup trop fermement au mec en-dessous de lui.

En parallèle, il entendit des bouts de ce que l'autre disait : « T'es qu'une merde, tu le sais. Ta famille attend avec impatience que tu crèves. Quand est-ce que tu nous fais à tous le plaisir d'aller te noyer dans le lac ? » Syd en fut tellement horrifié qu'il relâcha Axel un instant. Il ressentit une bouffée de haine à l'égard de l'homme en-dessous qui se révéla être Gabriel des Jaguars, un soumis qui passait plus de temps à boire et à jouer ses rations lors de combat qu'à se rendre utile à la communauté. Il avait passé deux fois le test d'admission et avait échoué à cause de ses mauvais travers et de son caractère versatile. Il avait la manie de chercher la merde auprès de tous ceux qui ne lui revenait pas. Il adorait d'ailleurs insulter la sexualité du ravitailleur dès que l'occasion se présentait et Syd avait fini par ne même plus faire attention à ses piques.

Il se reprit pourtant bien vite et assura de nouveau sa prise sur Axel. Il colla son visage contre celui d'Axel, sa joue contre le haut de son crâne. Tout en le tirant de plus en fort en arrière, il souffla, la respiration hachée et la voix entrecoupée des mouvements brusques effectués par le gardien : « Calme-toi. L'écoute pas. Axel, le tue pas. Il en vaut pas la peine. Ça va aller. » Sa main droite attrapa le poignet du blond qui se relevait et il le plaqua contre le torse de l'Aigle l'espace d'un instant. Il parla plus fort pour tenter de sortir Axel de la transe violente dans laquelle il était entré : « Axel, arrête, bordel ! » Et il profita de cette seconde de flottement pour le tirer définitivement en arrière au prix d'un effort considérable. Il fallait bien avouer que le gardien avait une force considérable, particulièrement dans cet état de colère et de rage immenses.

Syd atterrit sur ses fesses, le blond devant lui, contre son torse. Il n'attendit pas un instant avant de se déplacer et de se placer accroupi devant Axel, dont le visage était déformé par la haine et baigné de larmes silencieuses. Cette vision lui brisa le cœur et, instinctivement, ses mains allèrent entourer fébrilement le cou et la mâchoire du blond, juste en-dessous des oreilles. Il le força à relever le visage vers lui pour attirer son attention. « AXEL. Regarde-moi. Calme-toi, bon sang. » Son propre torse se soulevait sur des respirations irrégulières et il avait régulièrement besoin de déglutir. Il déplaça son visage de façon à ce que l'Aigle n'ait que son visage, son regard dans son champ de vision.

Ce fut là que l'autre reprit ses remarques acerbes, à moitié dans un rire mauvais, à moitié dans des toux qui indiquaient son mauvais état. « Vous êtes tellement pitoyables. Alors quoi, Syd ? Tu t'es pas assez fait défoncer le cul ? T'en redemandes ? Tu viens sauver le pauvre petit enfoiré qui ferait mieux de se foutre une balle dans la tête ? » Syd sentit la rage monter à nouveau en lui. Il serra les dents en même temps que ses mains enserraient Axel un peu plus. Il se retourna d'un mouvement sec et fixa l'autre d'un regard mauvais. « Ferme-là, Gabriel ! T'as pas eu assez, t'en reveux ? Suis mon conseil et dégage avant qu'il te foute dans la tombe. » Gabriel se mit à rire, encore, et Syd eut l'envie violente de lui éclater le crâne contre le sol.

Le Gabriel en question, qui s'était redressé, cracha du sang sur le sol et rajouta : « C'est un lâche, son frère est mort à cause de lui, et ça continuera avec les autres. C'est un connard qui mérite pas de vivre. Mais vu le monstre que t'es toi aussi, ça m'étonne pas que tu accoures comme un chien bien dressé dès qu'il te siffle. En fait, vous vous méritez. Vous méritez tous les deux de crever. J'vous donnerai à bouffer aux Libres, tiens, vous servirez à quelque chose au moins pour une fois dan- » Le coup partit sans que Syd ne le réalise. Jointures contre nez. Le brun sentit la peau éclater sous sa main, le cartilage craquer et vibrer. Et malgré la douleur lancinante qui traversa sa main, son bras et son épaule, il ressentit une satisfaction malsaine à entendre l'autre gémir de douleur et cracher des insultes. Froidement, il conclut : « Tu t'approches encore de nous, je te jure que je te tues de mes propres mains. Connard. » Puis il cracha sur lui avec tout le mépris qu'il pouvait ressentir pour cet homme en cet instant.

Il ne lui porta plus aucune attention et se tourna vers Axel, décidé. « Viens avec moi. » Le ton était ferme mais bien plus doux. Il se leva instantanément et offrit son aide à Axel pour se relever, en prenant bien soin de rester entre les deux. Ils devaient s'éloigner de l'autre enfoiré au plus vite. Ils devaient absolument s'écarter d'ici. Axel exsudait la rage et la haine, et bien d'autres sentiments qui pouvaient exploser à tout moment, à nouveau. Et il ne donnait pas cher de la peau de Gabriel s'il était encore là.

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La terre aurait pu exploser. Les bâtiments prendre en feu. Les gens mourir. L'ancien monde reprendre vie. Rien n'aurait pu le défaire de l'emprise de la haine pure qui le consumait plus rapidement que le feu brûlait une feuille.

Axel ne savait plus trop qui il était, ni même ce qu'il faisait dans la vie. Il n'avait plus aucune conscience de ce qui l'entourait. Il ne voulait qu'une chose. Que l'homme au sol se taise. C'était devenu un besoin vital. Une sorte d'animal avait depuis longtemps élu domicile dans ses entrailles, s'y faisant un nid confortable et lui assurant de ne plus jamais le quitter. Un animal fait de rage et de haine. Et a chaque fois que son poing s'abattait sur le visage et toute partie susceptible d'être blessée, ce dernier rugissait de satisfait et encourageait le blond à frapper plus fort, plus vite.

Il voulait le tuer.

Le gardien était prit dans une sorte de transe et ne pouvait pas, ne voulait pas en sortir. La seule chose qu'il voulait c'était que le silence revienne.

Il voulait le faire taire.

Qu'importe le prix. Qu'importe les conséquences. Le blond savait qu'il ne méritait que de crever, mais s'il le faisait, ce ne serait pas tout à fait juste. Parce que ce serait trop facile, l'Aigle savait qu'il n'avait pas expié tout ses pêchers. Loin de là et surement que dans une autre vie, il devrait le faire encore. Parce que la liste de ses crimes, la liste de ses vices était interminable. Et il ne cessait d'en ajouter.

Ça devait cesser. Par pité que cela cesse. Il se répètait cette supplique en boucle. Et les larmes continuait de couler sur ses joues. Parce que la vérité lui faisait mal. Oh, il la connaissait, mais l'entendre venir de quelqu'un d'autre était d'autant plus effrayant. Est-ce que sa victime savait réellement que le gardien était vraiment la cause de la mort de Tim ? Non seulement il lui faisait mal... Mais en plus il représentait une menace pour l'Aigle si c'était le cas. Raison de plus pour l'arrêter, pour le faire taire.

Définitivement.

Il n’eut pas conscience de l'attroupement qui se fit autour d'eux. Il n'entendit pas non plus les paris qui se firent à mi voix sur le temps que mettrait le blond pour tuer Gabriel. C'est à peine s'il senti les bras l'entourer. Et la voix lui parvint tellement étouffée, tellement lointaine au travers des battements frénétique de son cœur qui tambourinait dans ses oreilles. Axel ne reconnu pas le brun qui tentait de l'empêcher de tuer un soumis d'un autre clan. En vérité... Il n'en avait pas grand chose à faire. Sa crise était si intense, que le gardien ne voulait que crever, après avoir réglé son compte a l'homme sous lui. Il n'en pouvait plus de tout ces regrets, il n'en pouvait plus de vivre avec lui-même... Ax' voulait mourir. Et c'était bien la première fois qu'il ressentait un tel froid se répandre dans sa poitrine.

Pour la première fois, il eu conscience de sa fatigue. Sa fatigue de vivre. Son épuisement d'être lui et d'essuyer des remarques désagréable qu'il faisait mine de ne pas entendre. Parce que c'est lui qui avait provoqué ça et dans un but bien précis. Mais, sans trop savoir ce qui était en cause, l'Aigle ne trouvait soudainement plus l'énergie nécessaire pour être lui. Peut-être avait-il simplement besoin de dormir sans faire de cauchemars... Parce que visiblement la coupure dans sa relation avec Syd, avait réveillé de nouveaux cauchemars tout aussi agréable que les habituels. Mais il pouvait s'y faire... S'il trouvait quelque chose du genre somnifère...

Ou s'il crevait.

Ce ne fût que lorsqu'il entendit son prénom clamé avec une fermeté, inhabituelle que le gardien suspendit son geste. Sans trop comprendre comment, il se retrouva sur le cul et surtout loin de celui pour qui il avait des plan de meurtre.

Confus, ses yeux croisèrent des prunelles noisettes qu'il connaissait bien. Ses sourcils se froncèrent alors qu'il tentait de voir l'imbécile qui l'avait cherché, mais la prise ferme sur sa mâchoire l'en empêchait. Tout ce qu'il voyait c'était le visage de Syd. Pourquoi était-il là ? N'avaient-ils pas décidés d'un accord plus ou moins commun de ne plus se parler ?

Et pourtant, il était là.

Encore.

Le silence revint enfin. Les mots ne coulaient plus. Ne le brûlait plus aussi surement que de l'acide l'aurait fait. Il se releva pourtant seul en regardant autour de lui, toujours hébété. Sa colère tombait... Enfin pas vraiment, mais elle semblait être mélangée à un capharnaüm brouillé qui obscurcissait son esprit. Il remarqua les visages aux expressions mélangées autour de lui. Il remarqua l'état de ses mains sans en ressentir la douleur. Son cœur continuait de galoper dans sa poitrine comme un étalon fougueux. Axel ne bougeait plus. Il resta planté là, incapable de bouger.

Jusqu'à ce que les mots reviennent.

- T'aurais dû crever à la place de Tim. Ça nous aurait fait une putain de pause.

Sitôt dit, sitôt le gardien avait de nouveau sauté sur l'imbécile en poussant sèchement Syd qui se dressait entre eux. Il ne voulait pas le blesser, mais le brun se dressait entre lui et sa cible et il avait un besoin vital de lui faire ravaler ses paroles.

Cette fois pourtant, ce fût deux aigles qu'Ax' connaissait bien qui vinrent le prendre chacun par un bras pour l'éloigné de Gabriel. Les deux qui prêtèrent mains forte à Syd, jugeaient que leur homologue n'était certes pas le plus sympathique des hommes, mais il ne méritait certainement pas d'entendre parler de la mort de Tim dans un terme aussi sadique. Les deux savaient aussi à quel point le gardien avait été proche de son frère.

- Arrête Axel. Si tu le tues tu vas avoir des putains de grosses emmerdes, je sais que tu t'en branles, mais penses à tes frères qui reste et tes parents. Ils ont déjà perdu l'un des leur et ça suffit. Tim ne voudrait pas que tu meurs comme ça, tu le sais.

Le blond tâcha de retourner terminer ce qu'il avait commencer, mais les deux autres aigles le tinrent fermement alors qu'une Jaguar trainait Gabriel loin des lieux. Certains que leur compatriote ne partirait pas à sa suite il le lâchèrent, lui lancèrent un regard désolé et s'éloignèrent. Ax' resta la planté dans la place avant de tourner les talons vers il ne savait où, il était encore terriblement furieux et son poing parti de nouveau sans son accord et s'écrasa contre un mur. Un gémissement de douleur lui échappa, sa main était déjà bien amochée. Alors préféra-t-il taper avec l'autre au risque de se blesser celle-là aussi.

Il avait si mal.

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Apparemment, rien ne suffisait à faire taire Gabriel. Il trouva le moyen de lâcher une nouvelle remarque venimeuse presque plus cruelle que tout le reste. Syd sentit une nouvelle bouffée de haine et de rage l'envahir mais il n'eut pas le temps de réagir que déjà Axel le poussait sur le côté et se jetait à nouveau sur le Soumis. Il ne put le retenir car il perdit l'équilibre et tomba presque à la renverse. Il eut tout juste le temps de pivoter suffisamment sur le côté pour éviter une mauvaise chute. Il atterrit sur sa cuisse droite et son avant-bras dénudé, qui s'égratigna sur la longueur. Le Jaguar jura dans sa barbe et dut s'y reprendre à deux fois avant de réussir à se redresser.

Un coup d’œil vers Axel lui indiqua que deux personnes le ceinturaient pour l'empêcher d'achever l'enfoiré Jaguar. Il se permit de grappiller quelques secondes pour retirer les graviers qui s'étaient enfoncés dans sa peau. Il siffla alors qu'une sensation de picotement courrait le long de son bras.
Un presque murmure au niveau de sa droite lui fit tourner la tête. « Je m'occupe de dégager Gabriel. » Syd hocha la tête à l'intention d'une Soumise Jaguar, Viviana, qu'il connaissait depuis ses dix ans ou presque, puisque ses parents étaient voisins de ceux de Syd.

Il lui souffla un merci avant qu'elle ne s'occupe de relever le paquet encombrant et ensanglanté. Paquet qui lui dit d'aller se faire foutre mais elle ne prit même pas la peine de répondre et se contenta de le traîner à moitié vers leur clan.
Entre temps, Syd se releva et récupéra sa gourde qui s'était détachée de son ceinturon. Axel semblait s'être « calmé », du moins il ne se lança plus à la suite de Gabriel pour l'achever. Au contraire même, il tourna les talons, d'un pas lourd et furieux, et s'éloigna de la scène sans un regard en arrière.

Sans le lâcher du regard, le brun se demanda un instant ce qu'il valait mieux faire : le laisser se calmer dans son coin ou aller à sa suite pour s'assurer qu'il ne ferait pas de connerie ? Il n'avait jamais vu le blond dans un tel état. Même le jour où ils s'étaient retrouvés enfermés dans le bureau paraissait gentillet à côté. Syd n'était pas certain de parvenir à aider le gardien à canaliser ses émotions, particulièrement compte tenu de leur passif commun. Pourtant, une partie de lui ne pouvait se résoudre à le laisser seul. Aussi vulnérable que dangereux, pour les autres mais principalement pour lui-même. S'il lui arrivait quelque chose, non seulement Syd s'en voudrait, mais en plus, il sentait que ça l'affecterait de manière vraiment, vraiment conséquente. Ses tripes lui disaient.

Définitivement, son envie d'être auprès de lui en cet instant surpassait le reste, et de loin.

Alors il se para de toute sa détermination et prit le même chemin qu'Axel, qui se trouvait à plusieurs mètres devant lui. Il tenta au maximum de faire le vide en lui, de se calmer, de mettre de côté tout ce qui aurait pu encombrer son esprit et qui ne serait d'aucune aide à l'Aigle.
Il s'arrêta à quelques mètres de lui et le vit donner un coup de poing dans le mur. Le bruit de douleur qui lui échappa noua un peu plus l'estomac du Jaguar, qui ressentit l'envie brutale de se jeter sur lui pour l'empêcher de donner d'autres coups. Il se retint, n'ayant pas vraiment d'idée quant à la manière de désamorcer la bombe à retardement qu'était Axel en cet instant.
Puis un deuxième coup parti. Syd grimaça, ses mains le démangeant encore plus d'intervenir. Pourtant, il se contenta d'approcher à pas lents, comme s'il avait à faire à un animal blessé. Et si la comparaison n'était pas tout à fait exacte, elle se tenait bien. Axel suintait la douleur et la rage. Il était en souffrance, une souffrance qui déchirait le cœur du ravitailleur et devant laquelle il refusait de rester impassible.

« Axel ? » Il fit une première tentative pour attirer son attention tout en s'arrêtant à deux mètres de lui. Sa voix était basse, aussi douce que possible. Il tenterait d'abord la méthode douce puis aviserait – si Axel lui en laissait l'occasion. « Axel, laisse-moi voir tes blessures, s'il te plaît. » Il osa un nouveau pas vers lui, plus petit, ses bras reposant le long de ses flancs, dans une attitude qu'il voulait apaisante. Son visage, lui, affichait un air inquiet qu'il lui était impossible de cacher. « Ou tes mains, au moins ? » En soi, il aurait voulu vérifier toutes ses blessures, celles sur son visage également, voire celles non visibles au premier coup d’œil, mais il ne pousserait pas sa chance. Il prendrait ce que Axel lui donnerait, comme souvent.

Invité

Il avait depuis longtemps cesser de maudire les Cieux, les Dieux et l'Enfer. Il avait arrêter parce que de toute façon ça ne servait absolument à rien. Qu'il prie ou qu'il maudisse, rien ne changeait. Peut-être parce qu'Axel s'acharnait à garder les choses comme elles étaient.

La voix le tira difficilement de son brouillard de rage et de détresse mélangé. Le visage toujours humide et la vue toujours brouillée par les larmes de colère et de douleur, il se tourna vers la source des mots.

Syd.

Qui d'autre ? Qui d'autre aurait eu le courage de venir le voir après un déchainement de violence pareil ? Lui qui normalement arrivait à ravaler cette envie de tuer tout ceux qui l'insultait, n'avait pas réussis à réussis aux mots concernant son défunt frère.

Le blond observa le Jaguar d'un œil mauvais. Il ne bougea pas et ne chercha pas non plus à repousser le plus jeune et passa plutôt quelques minutes en silence à tenter d'analyser la situation du mieux qu'il le pouvait.

Mais, aussi blessé soit-il, Ax' savait que même s'il s'acharnait contre son cadet pour le garder loin de lui, Syd restait aussi le seul en qui il pouvait avoir confiance. Le seul aussi qui ne l'avait jamais blesser, du moins consciemment. C'était déjà un immense plus pour le brun qui tentait de l'approcher. Et pour une fois, il ressentait le besoin de le laisser faire. Parce qu'il avait terriblement besoin que quelqu'un voit sa détresse et sa douleur.

Lentement et avec lassitude teintée de méfiance, l'Aigle leva ses mains devant lui en direction du ravitailleur. Le bandage de sa première main était tâché de son sang et de celui de Gabriel et le blanc de la gaze était devenu d'un brun sale, le sol en était sans doute la cause. Son autre main était rapidement devenue enflée et ses jointures saignaient joyeusement. Son visage n'avait pas été épargné, lèvre fendu et nez en sang... Comment allait-il expliqué ça à sa mère qui ne manquerait pas de lui rappeler que se battre n'avait rien de glorieux ?

Et cette fois, Axel n'avait juste pas la force de faire le fier qui ne ressentait rien. Le gardien avait désespérément besoin qu'on remarque qu'il n'allait pas, même si son orgueil le digérait mal. Demain les choses reprendraient leur cours normal. Mais voilà, ce soir, il se permettait de présenter ses blessures à celui qu'il avait mit tant d'acharnement à repousser.

Juste pour ce soir, Axel se permettait d'être un peu plus accessible.

- Merci...

De ne rien dire, de rester là, de ne juger, de l'acharnement. Merci à celui qui restait fidèle à lui-même malgré son caractère merdique. Malgré son aura de haine constante. À ce moment même, le Jaguar entrait dans la liste très courte des personnes tel Lydie. Celles qui savaient comment le calmer et s'occuper de lui. Parce que la capacité de le faire n'était pas donné à tout le monde... Et il n'aidait vraiment pas ceux qui aurait pu possiblement tenter de le faire. Inconsciemment, le blond savait que les choses changeraient définitivement. Parce qu'il avait accepté de se laisser examiner, de se laisser approcher. Et parce qu'il exposait une facette que personne ne voyait. Et ça... Ce n'était pas quelque chose qu'il pourrait effacer de sa mémoire et encore moi celle de son cadet.

Mais pour le moment, il chassa ses pensées d'un revers de main mental et se concentra plutôt sur le visage du brun qu'il n'avait pas vu depuis un moment et de le voir là, aujourd'hui, lui faisait étrangement de bien. C'était étrange, mais la fatigue l'empêchait de bien se concentrer sur des questions trop compliquées.

Axel s'en remettait à Syd.

Pour une fois.

Invité

Axel se retourna brusquement, faisant légèrement sursauter Syd, qui s'était attendu à être ignoré plus longtemps. Ou alors à ce que le gardien lui aboie dessus directement. Sauf que ce dernier n'avait prononcé aucun mot. Il ne disait toujours rien, d’ailleurs. Il se contentait de fixer le brun avec une intensité tendue, ses prunelles claires le jaugeant presque. Syd pouvait constater la contraction de sa mâchoire, la pulsation dans son cou visible à cause de la rage encore présente en lui. Ses épaules était raides et légèrement placées en arrière, comme s'il était toujours sur le point de se jeter sur quelqu'un et de l'achever sans pitié.

C'était peut-être le cas. Et c'était impressionnant, dans un sens. Axel aurait pu faire des trous dans son corps rien qu'avec son regard tellement il regardait Syd avec fureur, avec ce quelque chose d'un peu fou dans les yeux. Il aurait pu en profiter pour faire d'une pierre deux coups et s'en prendre à au brun. Après tout, même à la fin de leur dernière rencontre, il avait dit à Syd qu'il ne voulait pas d'un lien entre eux. Et puis, ils étaient à l'écart, invisibles pour la plupart des gens passant dans le Centre.
Pourtant, aucun des deux hommes n'allait dans le sens de ce que la logique aurait voulu d'eux. Axel ne lui sauta pas dessus et ne l'étripa pas. Syd ne rebroussa pas chemin et resta là, à soutenir ce regard si déstabilisant. Il tint bon malgré l'agitation qui l'habitait et lui donnait envie de bouger et de parler pour ne rien dire, pour combler ce silence pesant. Cependant, il parvint à demeurer immobile et silencieux – parce que c'était Axel, justement.

Jusqu'à ce que, lentement, le gardien lève les mains devant lui, donnant ainsi l'autorisation tant attendue à Syd de s'approcher totalement et d'assouvir ce besoin de prendre soin de lui pour éliminer cette inquiétude qui le dévorait. Le ravitailleur, malgré son étonnement, ne se fit pas prier. Au contraire, il sauta sur l'occasion. Il laissa le soulagement l'envahir tout en se posant juste devant Axel, ses propres mains allant instantanément saisir avec délicatesse celle dont le bandage était souillé. Il ne dit aucun mot. Il ne regarda pas Axel – trop heureux de déjà pouvoir faire ça. Il se contenta de tirer sur ce qui tenait la gaze en place pour voir quelle était l'étendue des dégâts en-dessous.

Axel choisit ce moment pour lui souffler un merci aussi inattendu que fragile, le prenant totalement au dépourvu.

Syd se figea l'espace d'une demi-seconde, perdu, avant de reprendre son geste délicatement, comme si de rien n'était, ses pensées fusant dans tous les sens. Décidément, le gardien ne cessait de le surprendre. Le brun choisit de ne prêter aucune attention à la sensation de chaleur qui s'éveilla dans son ventre et remonta, principalement parce que se réjouir de la sorte vu la situation lui semblait presque déplacé. Il se mordit l'intérieur de la joue, hésita un instant sur le choix de ses mots, puis, un sourire léger aux coins des lèvres, il secoua la tête : « C'est normal, me remercie pas. Je l'aurais fait pour tout le monde. »

Il se figea lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de dire et à quel point c'était un mensonge ou presque. Il s'éclaircit la gorge, gêné, et reprit instantanément, en baissant un peu la tête pour tenter de cacher son visage – pas très efficacement : « Enfin, pas exactement. J'aurais aidé à séparer n'importe quelle personne pendant une bagarre, mais pas comme ça. Toi, c'est particulier, ça l'a toujours été. Tu- » Il réalisa ce qu'il disait, même s'il n'en comprenait pas toutes les implications, et réalisa qu'il en disait sûrement trop. Il tenta donc de sauver les meubles, assez lamentablement. « Enfin, oui, non, tu vois ce que je- » Il s'arrêta brutalement de parler et ferma les yeux, agacé par son incapacité à trouver ses mots précisément à ce moment-là. En même temps, il arrêta tout mouvement, ses doigts agrippant toujours la main d'Axel et le bandage.

Il laissa passer une seconde, deux, trois, rouvrit les yeux en inspirant : « Ce que je veux dire. C'est que je comptais de toute façon pas te laisser seul. » Il perdit un peu son air déterminé lorsqu'il réalisa que ce n'était absolument là qu'il voulait en venir non plus alors il reprit ce qu'il faisait précédemment, les traits de son visage froncés, et retira le côté du bandage pour découvrir l'état des jointures d'Axel, faute de trouver des paroles cohérentes et utiles à dire au blond.

Il soupira doucement, un nœud dans le ventre à la vision qui s'offrait à lui. Une certaine tristesse dans la voix, il continua en montrant du menton les blessures : « Et puis, vu l'état de tes mains, j'ai clairement pas été efficace. Je sais pas si ça mérite un remerciement. » Il laissa échapper un rire court et un peu amer, teinté de désapprobation envers lui-même, alors qu'il testait la flexibilité des doigts de l'Aigle en les pliant et repliant aussi doucement que possible.

Invité

Ça lui avait échappé. À quel point le plus jeune le calmait et bien que son cœur continuait de galoper à vive allure, il ne ressentait plus aussi brutalement cette envie de tuer l'abruti qui avait gâché sa soirée. Parce que Syd était toujours celui qui arrivait à trouver les mots, ou au mieux les gestes. C'était comme s'il le connaissait... Mieux que lui-même. Peut-être qu'au fond ce n'était pas totalement faux.

Et plus Syd s'embrouillait dans ses mots, plus il embrouillait l'esprit de l'Aigle qui fronça les sourcils en penchant la tête légèrement la tête sur le côté, incapable de tirer une conclusion sur le fouillis de mot dans lequel les deux hommes se prenaient les pieds. Le blond était considérablement surpris de la retenue dont faisait preuve son cadet. Avait-il compris que le silence et le calme était ce qu'il avait de plus précieux ? Pourtant cette fois, c'était sa voix qui l'apaisait, qui l'empêchait de tomber dans un fil de pensées malsain et qui ne manquerait pas de le détruire un peu plus. Mais ça... Le Jaguar ne le savait pas. Et lui ne voulait pas trop en tenir compte, ne comprenant pas tout à fait la signification ou l'implication de ce genre de constatation.

Un gémissement de douleur s'échappa de ses lèvres lorsque le ravitailleur plia ses doigts et Ax' serra les dents pour ne plus en laisser un seul sortir de sa bouche. Mais le visage aux sentiments contradictoires de Syd le força à parler. À le contredire pour qu'il ne se fasse pas du mal en culpabilisant sans raisons.

- C'est pas ta faute. J'ai tapé dans un rocher y'a deux semaines... Et l'autre bah... Tu as vu.

Sa propre voix était rauque et il du se racler la gorge pour dégager ses voies respiratoires. Il sentait le goût de fer sur sa langue et ne savait pas trop l'ampleur des dégâts sur son corps. À vrai dire, il n'en avait strictement rien à foutre. Le moment présent était... Encore plus étrange que le précédent. Comme si l'univers tentait de lui faire clairement comprendre qu'il ne pourrait pas se débarrasser, se séparer aussi facilement du brun. L'ambiance entre eux était pensante et il aurait pratiquement pu toucher du but des doigts la tension entre eux. Le gardien se mâchouilla l'intérieur de la lèvre en réfléchissant. Ses idées à lui aussi s'embrouillaient. Et la douleur qui commençait à se rappeler à sa mémoire n'aidait absolument pas son cas.

- Je te remercies pas de regarder mes plaies. Lydie l'aurait fait de toute façon. Non sans me faire les gros yeux, mais quand même... Je te disais juste merci d'être là... Juste d'être toi... De me supporter... Je sais pas...

Un autre flottement passa entre eux... Alors qu'il venait de réaliser que les mots lui avaient échappés. Lui qui ne s'expliquait jamais venait de le faire et ce sans même une seule demande. Il fonça les sourcils et regarda ailleurs pour ne pas croiser le regard de son cadet alors que ses oreilles prenaient une jolie teinte rouge cramoisie. Il avait dit la vérité. Pourtant, il n'arrivait pas à s'expliquer à lui-même pourquoi les phrases s'était formées à voix haute.

Putain que Syd arrivait à mettre un de ses bordels dans son esprit. C'était peut-être parce qu'il se sentait soudainement affreusement épuisé ou peut-être les mots inattendus de son interlocuteur... Voir même un mélange des deux. Mais il avait l'impression de ne pas être trop en contrôle de son corps et ne ressentait pas l'habituel répulsion au contact des autres. La chaleur des mains de Syd se répandit jusqu'à ses paumes et il ne sentit pas cette viscéral envie de reprendre ses mains et partir. Il n'avait juste pas envie de bouger. Et le sens des phrases du Jaguar prirent un peu de clarté dans son esprit confus.

- Qu'est-ce que j'ai de différent des autres ? Pourquoi c'est particulier avec moi et pas les autres ?

Ses yeux se reposèrent sur le visage basané de son contraire en quête de réponse. Il était toujours mal à l'aise et de plus en plus perturbé par leur attitude respective. C'était le monde à l'envers. Et Axel ne ressenti pas non plus cette brutale envie de le repousser. De toute façon, il était trop tard. Le ravitailleur avait ses mains en ''otage'' et si ça ne tenait qu'à lui sans doute les laisseraient-elles s'infecter autant laisser quelqu'un jeter un œil dessus.

Mais qu'est-ce qu'ils étaient en train de faire ? N'avait-il pas convaincu Syd de repartir, d'abandonner ? Ne s'était-il pas convaincu que c'était mieux ainsi ?

Visiblement, plus les deux hommes s'acharnaient pour se repousser, plus le destin les jetaient en travers de la route de l'autre. S'en était presque agaçant. L'Aigle se sentait presque dans l'envie de lâcher l'affaire et laisser le plus jeune faire se qu'il voulait.

Et soudainement il réalisa.

Que c'était exactement ce dont il avait besoin pour survivre. Et cette constatation était si énorme qu'elle lui tourna la tête et qu'il du fermer les yeux et secouer la tête pour se reprendre. En même temps... À quoi bon se battre avec le destin ? Il ne gagnerait certainement pas. Et puis... À bien y repenser, Syd s'était déjà jeté en travers de son chemin pour le protéger ou du moins l'aider. Il l'avait même suivit malgré le danger que cela aurait pu être. Alors que la situation n'avait pas un réel danger pour lui. Qui sait ce que le plus jeune serait prêt à faire si le blond se retrouvait réellement en danger ? Finirait-il comme Tim ? Cette idée lui tordit les entrailles et Ax' songea qu'il fallait rendre les armes.

Son être se détendit graduellement au même titre que sa colère disparaissait laissant place à un homme trop fragile à son goût. Mais les images, les souvenirs réveillés par Gabriel avait eu raison de sa façade dure et froide. Du moins pour ce soir.

Il ne savait pas ce qu'il ferait demain ou même la semaine prochaine. Mais pour ce soir. Juste pour un instant, juste le temps de réussir à ne pas s'effondrer, le temps de se raccrocher à l'espoir que quelqu'un croyait en lui, le gardien rendit les armes et sans aucuns remords. Syd pouvait bien l'approcher et entrer dans son entourage si ça lui chantait. De toute façon le Jaguar n'en faisait toujours qu'à sa tête. Et seul les fous ne changeaient jamais d'idée.

Il savait que de revenir sur ses pas serait ardu, presque inaccessible, mais pas impossible. Seulement, demain en aurait-il encore la force ? De repousser le ravitailleur avec toute la hargne qu'il possédait ? Une immense fissure avait ouvert un chemin direct à celui qui se cachait sous les forteresses de froid, de colère et de haine qu'il avait bâtit avec acharnement. Nul doutes que le plus jeune en profiterait, l'Aigle en était certain. Serait-ce si mal ? Syd en souffrirait-il au final ? Était-ce une si bonne idée ?

Tellement de questions.

Si peu de réponses.

Et il n'avait pas besoin ni même envie d'une introspection dans l'instant. Alors, lorsque ses prunelles bleues s'ouvrirent de nouveau sur le visage du ravitailleur, le changement était flagrant dans sa posture, dans ce qu'il dégageait. Moins de haine, plus de détresse. Moins de colère, plus de souffrance. Moins de venin, plus de fragilité. Moins de silence polaire, plus d'incertitude dans ses mots.

Syd avait devant lui ce qu'il avait semble-t-il toujours voulu. Et ce sans rien de faux, sans mensonges...

Le vrai Axel se tenait là devant lui.

Invité

Il marmonna un « désolé » lorsque l'un des mouvements de doigts arracha un gémissement de douleur à Axel mais ça ne l'empêcha pas de continuer de vérifier qu'il ne s'était rien cassé au passage. Le gardien serra les dents par la suite et Syd ne put que lui offrir un sourire contrit qui promettait que ça serait fini au plus vite.

Axel reprit la parole et tenta de le rassurer. Et Syd se demanda s'il allait s'étonner à chaque fois que le blond s'adresserait à lui... Il avait dans l'idée que oui, sûrement les premiers temps. En même temps, ça faisait crépiter un enthousiasme satisfait en lui, qu'il contenait d'une main de fer, vu la gravité de la situation. Il ne ferait pas de faux pas, foi de Syd. Il avait bataillé pendant si longtemps pour qu'ils en arrivent à un stade comme celui-là. C'était une partie de ce qu'il avait toujours espéré et il appréciait à sa juste valeur la confiance qu'Axel lui accordait en cet instant. Alors il accepta sans problème les paroles du gardien. Il hocha la tête tout en laissant sa légère culpabilité lui glisser entre les doigts sans plus de problème. « OK. » Prononcé à voix basse, le regard toujours rivé sur ses mains ensanglantées. Sans plus de chichis. Parce que c'était Axel et qu'il ne s'encombrait pas de fausses vérités et de demi-mesures. Il ne prenait pas de pincettes. Syd aimait ça, il aimait ce trait de caractère chez lui.

Dans un coin de sa tête, il nota ce qu'Axel venait de lui apprendre. Le fait qu'il avait frappé dans un rocher il y avait deux semaines de cela. Syd se demanda ce qui avait bien pu provoquer cet accès de colère. Est-ce que cela avait un rapport avec la dernière fois où ils s'étaient croisés ? Il ne voyait pas pourquoi, là comme ça, de suite. Ou bien l'Aigle s'était retrouvé mêlé à une autre bagarre entre temps ? Il choisit pourtant de ne rien demander. Pour ne pas briser le moment ? Pour ne pas braquer le blond ? Sûrement un peu des deux. En tous cas, ça n'était pas une information qui lui serait utile actuellement, alors il laissa couler.

Axel finit par reprendre la parole de lui-même et lui expliquer qu'il ne le remerciait pas pour les blessures. Syd fronça les sourcils, confus, et plia son index avec délicatesse mais plus lentement, dans l'attente claire de la suite.
Et quelle suite, bordel.

Il releva le visage si brusquement qu'il eut l'impression d'entendre un craquement dans sa nuque. Son regard suivit le même mouvement alors qu'il inspirait brusquement, la confusion se transformant en saisissement ébahi. Son cœur loupa un battement avant de repartir de plus belle et il ne put empêcher ses yeux d'accrocher ceux d'Axel sans vergogne et avec un intensité qui l'aurait lui-même étonné s'il s'en était rendu compte. Différente. Une intensité curieuse et chargé d'espoir difficilement réprimé. Ses mains s'étaient figées autour de celle d'Axel. Et ce fut sûrement pour ça que l'Aigle tourna la tête, la gêne clairement lisible sur ses traits, dans sa posture. Cela arracha un sourire attendri à Syd qui se dit qu'il allait épargner un peu son camarade. Il prononça à voix basse et calme d'où s'échappait un sourire un « de rien » tout simple qui n'accroîtrait pas l'embarras d'Axel, puis il abaissa à nouveau les yeux sur son auriculaire qu'il plia délicatement.

Intérieurement, par contre, c'était une toute autre histoire.

Putain de bordel de merde ! Malgré toute les galères, malgré les échanges hauts en couleur, malgré tout, pour la première fois, Axel lui confirmait qu'il avait bien fait de s'accrocher. Il n'en avait jamais douté, mais se battre contre des moulins n'aidait vraiment pas à avoir du recul sur la situation, à savoir si on s'entêtait, au final, dans le vent. Il avait enfin la preuve qu'il avait réussi à atteindre le blond, à sa manière bien particulière, et que ça lui avait apporté quelque chose. Il savait à présent qu'il avait fait du bien à l'Aigle et, bon sang, il ne pensait pas que ça pourrait le rendre si heureux mais a priori... si. Ne parlons pas de la vague de chaleur qui s'insinuait doucement en lui...

L'espace d'un instant, un sourire rayonnant s'étira sur les lèvres du ravitailleur qui s'attela à passer à l'autre main du blond où il y enleva immédiatement un gravier. Le silence s'installa un peu plus avant qu'Axel ne reprenne la parole – décidément !– et le sourire de Syd se fana aussi vite qu'il était apparu. Il s'obstina à fixer ses doigts couverts de plaies, pris au dépourvu par les questions. Déjà parce que pour la première fois de sa vie, Axel lui posait une question sérieuse dans l’intention d'avoir une réponse sérieuse. Ensuite, parce que là sur le coup, il n'avait foutrement aucune idée de quoi lui répondre. Parce que c'était des sentiments, des impressions qu'il ressentait là, dans ses tripes. Auxquelles il se fiait parce qu'il savait qu'il pouvait leur faire confiance, mais ça lui arrivait bien souvent de ne pas se poser de questions. Et pour être tout à fait honnête, quand il s'agissait d'Axel, il marchait 90% du temps à l'instinct. C'était plus facile de se laisser porter par le flot de l'Aigle et d'agir en conséquence.

« Je- » Il essaya de trouver ses mots mais quand il fut évident que rien ne venait, il referma la bouche et s'éclaircit la gorge pour garder contenance. Ses mains étaient toujours immobiles, crispées autour de celle d'Axel. Un coup d’œil vers son visage lui indiqua qu'il avait fermé les yeux et Syd se demanda, inquiet, ce qui pouvait bien se passer dans sa tête. Ses épaules étaient tendues, ses doigts légèrement crispés aussi et son autre main semblait encore plus crispée. Il déglutit ne sachant quoi dire, n'osant de toute façon pas parler.

Tout un tas de pensées tourbillonnaient dans sa tête. Il essayait d'en faire ressortir quelques unes, de donner un sens à tout ça... sans succès. Peut-être pour la première fois de sa vie avec Axel, il était totalement perdu. Les mots se coinçaient dans sa gorge, informés et incohérents, alors même que ça aurait dû être le moment de parler, d'expliquer, de répondre. Tout ce qui ressortait, c'était ce poids à la fois léger et lourd dans son ventre, qui restait ancré là, son corps un peu trop fébrile à son goût et cette envie qu'il avait de rassurer le blond malgré la gêne actuelle.

Il avait bien conscience que les choses étaient en train de changer entre eux. Doucement, maladroitement, mais sûrement. Ça paraissait impossible quand on voyait que trois semaines auparavant, Axel mettait son poing dans la figure du brun. Là, il le laissait examiner ses blessures, même s'il savait que le gardien ne le laisserait pas l'amener à l'hôpital – Syd était soulagé que quelqu'un chez lui, Lydie donc, prenne soin de lui. Axel lui parlait, lui posait des questions et le remerciait. C'était le monde à l'envers. Mais peut-être qu'après tout, eux d'eux n'était pas fait pour un monde « à l'endroit » ? Peut-être qu'ils étaient censés se planter de nombreuses fois, commencer par une impasse avant de s'apprivoiser et de réussir à se lier d'une quelconque manière ? Après tout, il y a deux semaines encore, Axel s'énervait de sa présence, aujourd'hui, il le laissait approcher et semblait même se calmer de plus en plus. Car Syd n'avait plus en face de lui la même personne qu'il y a cinq minutes. Le blond n'était plus aveuglé par sa rage et sa haine. Non, il tendait les mains devant lui, de son plein gré, pour que le Jaguar puisse les examiner. Il lui faisait confiance. Impossible de ne pas le remarquer et de ne pas s'en réjouir rien qu'un peu. Mais il était vrai qu'il remarquait souvent bien des choses quand il s'agissait de l'Aigle. Ça l'effrayait presque parfois lui-même et il repoussait les questions qui en découlaient, parce qu'il refusait de découvrir quoique ce soit qui l'obligerait à couper les ponts avec Axel. Hors de question. Il sentait qu'il voulait faire partie de sa vie et ce souhait se réaliserait, point. Il n'allait pas abandonner maintenant qu'Axel s'ouvrait enfin à lui. Il commençait à baisser petit à petit certaines barrières, donc Syd attendrait qu'il baisse les autres. Il patienterait.

Au bout de quelques instants, il estima préférable de recommencer son examen des doigts malmenés. Ni lui ni Axel ne semblaient trouver quoi dire et le silence, sans être pesant, mettait ses nerfs bien trop à vif pour qu'il reste là, immobile. Et ça ne semblait pas vraiment le moment de parler pour ne rien dire... Puis soudain, il sentit les doigts du blond se détendre. Du coin de l’œil, il vit sa main libre en faire de même et donc pendre tout simplement le long de son flanc. Intrigué, il releva les yeux par réflexe et les écarquilla un instant à la vision qui s'offrit à lui.

Il ne réussit pas de suite pas à mettre le doigt dessus. Quelque chose avait changé en Axel. Il avait l'air différent. Il avait presque l'air... nouveau ? Ses épaules étaient affaissées, entre détendues et résignées – ou quelque chose de cet ordre. Son front été plus lisse et ses sourcils moins froncés. Puis, quand Syd s'aventura à ancrer son regard dans celui de l'Aigle, il y lut une honnêteté désarmante et quelque chose de tellement brut, à vif, qu'il se retrouva totalement pris au dépourvu et balayé par la vague d'émotions qui l'envahit. Et c'est là que la constatation la plus folle s'imposa à lui : Axel était en train de baisser sa garde. Totalement.

Syd sentit un vent de panique et d'exaltation l'envahir. Sa poitrine se serra et il abaissa ses deux mains qui tenaient celle du blond. Il déglutit difficilement et détesta l'impuissance qui l'envahit. Il sentit sa main gauche fourmiller et lutta un instant contre l'envie qui s'élevait en lui, mais il perdit la bataille assez lamentablement. Ses doigts se retrouvèrent bien rapidement à agripper le creux du cou du blond. Son pouce effectua des mouvements semi-circulaires sur la peau nue. Parce qu'il lui était impossible d'étouffer ce besoin de le protéger qui le taraudait, ce besoin de contact pour lui montrer qu'il était là pour lui. Encore que s'il s'écoutait, il serait déjà en train de le prendre dans ses bras et de lui murmurer des mots apaisants à l'oreille. Seulement, même en cet instant, il savait que c'était bien trop « tôt », du moins, il avait peur que ça soit trop prématuré et qu'Axel le rejette. Son geste actuel était sûrement déjà trop risqué. Il retira d''ailleurs sa main après quelques secondes, peu sûr de lui et se sentant gauche.« Je- » Il déglutit. Rouvrit la bouche. « Je te- » La referma, incapable de parler, alors que c'était pourtant sa spécialité.

Une fois de plus, il s'agaça lui-même de son manque de pertinence, surtout vu l'instant. Il ferma les yeux rapidement, se pinça l'arrête du nez, expira et les rouvrit, plus déterminé. Il fallait qu'il se jette à l'eau, qu'il parle avec son cœur, il le sentait. Axel avait besoin d'honnêteté, pas de pincettes qui le feraient sûrement douter. « OK. T'as été sincère avec moi, alors je vais tenter de l'être aussi. » Il maintint le regard bleu et souffla discrètement pour se donner du courage. « Je peux pas te dire exactement pourquoi toi t'es spécial. Tout simplement parce que c'est pas quelque chose qui s'explique avec des mots. Je le ressens, là. » Il appuya sa phrase avec son poing qui alla presser contre son ventre, fermement. « Je sais, là, que t'es spécial, que je suis incapable de te laisser en paix, malgré ce que tu voulais. Parce que c'est toi et que je veux pouvoir t'aider, je veux être là pour toi. Parce que même si on a jamais parlé avant y a deux ans, je t'avais déjà remarqué, moi. Et tu souriais, tu riais même parfois. Et perdre tout ça, constater combien t'as changé, ça m'a... Je sais pas, ça m'a attristé. Ça m'a fait mal au cœur. Ça m'a donné envie de te faire sourire. Encore et encore. Et je sais que tu dois me prendre pour un taré – m'entendre dire tout ça à haute voix, ça me donne l'impression de l'être – mais... » Il soupira en se passant une main sur les yeux, fébrile, car il avait de plus en plus l'impression de patauger dans la semoule. « Bordel. Ça doit avoir aucun sens pour toi, ce que je raconte... » Il releva la tête en laissant retomber son bras contre son flanc. « Je veux juste t'aider. Sans raison derrière, simplement parce que je veux que tu ailles mieux ou, en tout cas, je veux être là pour toi. » Son regard se fit plus doux, moins perdu. Il fixa Axel, car il ne voyait que lui en cet instant, tout son être était tourné vers lui. Et il avait besoin qu'il le croit. « Tu peux compter sur moi, Axel. Et c'est une promesse... si t'en veux. » Puis il s'intima au silence, parce qu'il en disait tellement trop qu'il n'arrivait plus à s'arrêter. Lui qui pensait pouvoir maîtriser son débit de parole, il s'était foutu le doigt dans l’œil – voire même les cinq.

Honnêtement, il ne s'était jamais senti aussi mis à nu de sa vie. Il avait l'impression d'avoir ouvert son cœur réellement. Pas comme quand il s'adressait à des amis ou à sa famille. Non, il sentait qu'il y avait des enjeux derrière, que c'était bien plus risqué de partager ce qu'il avait à l'intérieur avec Axel qu'avec quiconque d'autre. Pourtant, c'était dit. L'Aigle savait tout et s'il décidait de tout rejeter d'un revers de main, Syd ne saurait pas comment gérer la chute.

Invité

C'était étrange de baisser sa garde de la sorte. De ne plus avoir ses barrières pour le protéger. De se retrouver là, devant Syd, qui bataillait depuis tellement longtemps pour le voir rendre les armes. Mais ce qui était le plus étrange pour lui était la facilité avec laquelle il lui avait donné ce que le Jaguar avait toujours demandé.

Si t'es pas « ce genre de personne », montre-moi qui t'es réellement, alors. Je veux savoir. ''

La phrase de son interlocuteur tournait en boucle dans sa tête. Et Axel ne savait pas si c'était une bonne chose de se montrer ainsi devant le plus jeune. Que penserait le brun de cette fameuse personne qu'il lui montrait ? Un être faible et lâche, incapable de gérer convenablement ses émotions. Instable et surtout sur le point de s’effondrer sous le poids de ses propres remords. Un homme brisé et incapable d'offrir au monde autre chose que de la noirceur.

Qu'en penserait Syd ?

L'Aigle soupira doucement et ferma les yeux quelque secondes. Le problème avec cette situation c'était en partie la fatigue. Il ne pouvait pas mentir ni à son cadet ni à son propre corps. Privé de ses défenses, l'épuisement, peut importe qu'il soit physique ou psychologique ou émotionnel, s'abattait sur lui sans pitié, se rappelant à lui avec une brutalité qui n'avait d'égal que sa propre agressivité.

Autant dire que de nouveau, rien ne lui laisserait une chance de panser ses plaies. Mais d'un autre côté, dans un recoin de son esprit, une voix vicieuse lui murmurait mielleusement qu'il ne méritait que de souffrir.

Le ravitailleur n'avait AUCUNE idée du bordel que le blond était. Parce que pour être un bordel, il en était un sacré gros. Et la panique qui apparue dans les yeux de son interlocuteur ébranla certaines de ses fondations.

Voilà.

Il savait que lorsqu'il montrait son vrai visage les gens fuyaient. Les gens fuyaient toujours de toute façon et c'était pratiquement toujours ce qu'il voulait....

Mais pas en ce moment.

Non, Axel aurait voulu que le Jaguar reste encore un peu, qu'il reste encore un peu à l'apaiser avec sa joie et sa douceur, avec son sourire ses blagues pourries. Avec tout ce qui composait Syd. Mais la panique. La panique si clair dans son regard noisette lui annonçait la pire des nouvelles. Il décevait le plus jeune. Il fallait s'y attendre, le blond n'avait rien de glorieux et ne le serait jamais.

Et Syd semblait tout juste venir de le comprendre, de le constater. Sans doute regrettait-il ses paroles... Oui sans doutes.

Enfin le cru-t-il jusqu'à ce que la chaleur de la main de son interlocuteur se propagea sur sa gorge. Il fronça les sourcils, incapable de comprendre ce que le geste signifiait. Les légères caresses du pouce envoyèrent des frissons le long de son dos et la chair de poule remonta sur ses bras. Le contact avait quelque chose d'apaisant. De rassurant. Et surtout trop court.

Son inquiétude, inexpliquée d'ailleurs, revint de plus belle. L'honnêteté n'avait pas toujours une place dans son cœur et si lui se faisait un devoir de ne jamais prendre de pincettes et de dire les choses telles qu'il le voyait... Ce n'était peut-être pas le cas de Syd. Ce n'était d'ailleurs pas le cas de la majorité de la population, voir toute la population de la ville.

Alors qu'est-ce que le Jaguar allait-il lui sortir ?

Et le discours commença. Dans l'habitude même de ce que le plus jeune faisait toujours.

Parler.

Pourtant, le gardien écouta chacun des mots que prononçait le brun. Il n'en manqua pas un seul. Il ressentait le besoin de se protéger. De se protéger du sens de ces paroles qui le rendait encore plus confus qu'il ne croyait pouvoir l'être. L'Aigle croisa les bras sur sa poitrine maculant un peu plus son t-shirt bleu avec le sang de ses mains.

Parce que la possibilité que la pitié soit en train de pousser Syd à prononcer ces mots était tout ce qui tournait en boucle dans la tête du blond. Axel ne savait plus trop comment réagir. Et une envie de croire, une envie de faire confiance le démangeait. Mais comment quelqu'un pouvait vraiment vouloir être proche de lui ? Ceux qui faisait partie de sa famille, ça pouvait se comprendre. Difficilement, mais c'était justifiable.

Alors, pourquoi ?

Vraiment, la confusion devenait un sentiment particulièrement récurrent, alors que normalement, Ax' savait très bien à quoi s'en tenir, ni incertitude, ni confusion. Bien sûr les choses n'étaient jamais comme elles devaient l'être.

Parce que c'était Axel et Syd.

Et que rien ne pouvait être normal entre eux. Ils n'étaient pas fait pour ça. Leur peut-être relation n'était décidément pas vouée à être normal. Et c'était sans doute très bien comme ça.

Alors, le fil de ses pensées déboula rapidement, très rapidement. L'Aigle resserra son emprise sur lui-même et serra la mâchoire avant de fermer les yeux. Il se sentait mal, il avait mal. Et n'avait qu'une seule envie.

Que tout cesse.

La douleur, la peur, les remords, les pensées...

Tout.

- Si tu mens... Syd, je te jures que si tu mens, je t'étrangle de mes propres mains.

Axel était exténué. De lutter contre la vie en général. Mais surtout de lutter contre lui-même. Son corps entier sembla se résigner sur son destin et il décroisa ses bras pour se passer une main dans les cheveux, les ébouriffant un peu plus. Son visage était sale de sang et de poussière, en fait son corps entier l'était. Simplement ses joues avaient été lavées par ses larmes.

Quel triste portrait il renvoyait au monde.

Mais ça ne semblait pas déranger Syd. Ça ne semblait même pas le perturber plus que ça. À vrai dire, le Jaguar ne semblait même pas le remarquer.

Et puis soudainement, en fixant son interlocuteur dans les yeux, Axel comprit finalement quelque chose.

Ce n'était même pas de savoir si oui ou non il voulait faire confiance à Syd où s'il l'avait cru. Parce que tout les mots que le brun avait prononcés avaient achevé de défaire les dernières minces et fragiles barrières. Ce n'était pas de savoir si Syd était honnête.

C'était de savoir si lui-même pouvait se faire confiance. Et ça ce n'était pas gagné d'avance. Mais, il venait de réaliser que même s'il n'avait pas voulu faire confiance au ravitailleur c'était déjà trop tard, il lui faisait confiance depuis déjà bien longtemps. Et il songea à sa colère quand il avait cru que le brun ne reviendrait pas, à son désespoir qu'il avait du mal à accepter, mais qui avait tout de même été présent.

Parce que Syd était important dans sa vie et plus qu'il n'aurait voulu se l'avouer. Pourquoi donc continuer de repousser ? Pourquoi y perdre encore plus d'énergie. Axel ne savait pas ce que donnerait ce moment particulièrement important, ce tournant dans leur relation et il préférait ne pas trop y penser au risque de se foutre une mémorable migraine. Non. Pour une fois, il voulait laisser les choses aller, parce qu'il n'avait plus la force de tout contrôler, encore moins Syd.

Ensuite quoi ? La gêne reprit ses droits et le gardien recroisa les bras en se balançant une ou deux fois sur ses pieds et laissa le silence revenir entre eux, moins lourd, moins intense. Il n'avait pas envie de partir, mais n'avait pas envie de rester là non plus. Encore des contradictions. Mais ce n'était plus vraiment nouveau et puis cette fois, il laissa les choses aller.

Pour une fois Axel laissa Syd s'approcher. Il le laissa officiellement entrer dans sa vie. Sans explosion de joie, sans mots savants. Non. Ce n'était pas lui. Et puis...

Syd faisait parti de sa vie depuis déjà longtemps en vérité. Alors pourquoi se mentir plus longtemps ? Il avait besoin du Jaguar.

Axel en avait toujours eu besoin.

Invité

Syd avait perdu ses objectifs de vue.
A la base, il avait continué d'aller vers Axel pour savoir pourquoi il avait changé comme ça, pour essayer de le faire sourire à nouveau. Des objectifs simples mais « distants » car l'Aigle ne lui avait jamais rien donné sur quoi s'appuyer. Il ne lui avait rien donné à espérer.
Sauf que ces dernières semaines les choses avaient changé. Considérablement. Le gardien s'était ouvert à lui. D'abord un peu, dans la rage, dans une violence étourdissante. Puis davantage, dans un calme tendu, dans une parenthèse déconcertante. Et aujourd'hui, mon dieu, aujourd'hui. Entièrement, dans une douleur à vif et lancinante, une douleur qui vrillait son ventre et engourdissait ses sens. Qui lui donnait envie de l'apaiser, de serrer l'Aigle contre lui et de ne plus jamais le lâcher.

Ce fut cette pensée qui permit à Syd de comprendre que ses objectifs avaient changé depuis quelques semaines. Il voulait toujours le faire sourire et comprendre ce qui s'était passé. Mais maintenant, il voulait surtout l'aider à aller mieux, être là pour lui, faire partie de sa vie. C'était beaucoup demander, c'était un cran clairement supérieur. C'était peut-être égoïste, en un sens. Pourtant, bordel, il sentait cette envie et cette détermination brûler dans tout son corps. Il sentait aussi l'appréhension le rendre nerveux et fébrile. Parce qu'Axel ne répondait rien et que Syd devait se faire souffrance pour rester immobile et silencieux.

Puis, enfin, la réponse tomba. Sous la forme d'une menace qui aurait peut-être dû l'effrayer mais qui eut pour résultat de le faire sourire comme un diable. Son cœur menaçait d'exploser de soulagement, de bonheur, d'excitation, de peur, de joie. Un mélange d'encore plein d'autres sentiments qu'il était incapable d'identifier. Il dut se retenir de sauter à moitié sur Axel et de le l'embarquer dans une étreinte à lui en briser les os.
A la place, il se contenta dans un premier temps de hocher frénétiquement la tête alors que les orteils de ses pieds s'agitaient frénétiquement dans ses chaussures sous la montée d'adrénaline. Puis il se dit qu'il pouvait ouvrir la bouche en toute sécurité. Ce qu'il fit en contrôlant un minimum son enthousiasme, histoire de ne pas déjà effrayer l'Aigle – qui ne serait sûrement pas dupe. « Promis, je dis rien que la vérité. Je l'ai formulé de manière plus concise pour toi, parce que je peux t'assurer que dans ma tête, c'est le chaos total, mais je pense chaque mot que j'ai dit. » Il plissa ses lèvres, toujours souriantes, pour poser un instant ses pensées, avant de repartir : « Mais tu verras par toi-même. On a le temps. J'ai pas lâché l'affaire pendant deux ans, je vais pas commencer maintenant. » Il lui offrit un nouveau grand sourire amusé tout en fourrant ses mains dans ses poches pour être sûr de les garder en contrôle.

L'atmosphère était quand même encore trop chargée d'émotions, de tension. Syd le voyait dans le corps lâche mais crispé par endroits de l'Aigle. Et honnêtement, maintenant qu'il avait le feu vert, il allait moins filtrer ses paroles. Il avait le droit de tenter de le détendre, de le soutenir à présent. Cette perspective souffla un grand vent d'euphorie et de liberté sur lui et, bordel, c'était meilleur que tout. « D'ailleurs, en temps normal, ma réaction naturelle aurait été de te prendre dans mes bras – virilement, cela va s'en dire –, mais t'as de la chance, je veux pas t'effrayer dès le début. » Il gloussa doucement alors qu'une sensation de chaleur s'installait doucement dans le creux de son ventre.

« Le début ». Leur début à eux. Ça sonnait délicieusement, comme mots, non?

Invité

Si on lui avait dit qu'un jour il se retrouverait ainsi devant Syd à discuter sans tenter de le tuer, il aurait prit le message pour un fou et l'aurait fait taire d'un coup de poing. Et même si les choses venaient visiblement et considérablement de changer entre eux et ce sans possibilité de retour, certaines habitudes, elles, étaient tenaces.

Syd parlait trop.

Et son presque monologue faillit étourdir l'aigle qui continuait de le regarder en fronçant légèrement les sourcils, fixant les lèvres du plus jeune avec une certaine fascination devant la rapidité avec laquelle les mots en sortaient. Axel reporta son regard sur l'ensemble du visage de son interlocuteur alors que son air passait de légèrement intrigué à carrément méfiant.

S'il acceptait la présence du Jaguar dans sa vie, le blond n'acceptait pas pour autant un quelconque contact physique. Et ce de n'importe qui. Il n'avait jamais été fan. Et ne le serait sans doute jamais. La chaleur des autres l'étouffait alors se faire prendre dans les bras de quelqu'un qu'il venait d'accepter... C'était trop demander.

Son raclement de gorge brisa le silence et le Gardien se massa la nuque quelques secondes avant de prendre la parole.

- Je crois pas que tu saches dans quoi tu t'embarques Syd. C'est pas juste une question de soutient. Tu vas perdre patience et partir. Mais je t'en voudrais pas, enfin pas trop. Parce que je comprends.

Il était à la fois épuisé et découragé. De lui. De sa vie. De ses regrets. De sa culpabilité. De sa solitude. Mais, sans doute la fatigue aurait été plus importante si les deux hommes avaient continué d'entretenir cette routine de suis moi je te fuis, fuis moi je te suis.. Ax' avait fait l'erreur de laisser voir une partie de celui qu'il était vraiment. Et évidement, connaissant le brun comme il le connaissait, ce dernier n'aurait pas lâcher l'affaire, ne serait-ce que par orgueil.

Et même si ces mots étaient contradictoires, le blond avait désespérément besoin de croire, il voulait croire. Parce que le Jaguar n'était pas comme les autres si ?

Les pensées se bousculaient dans sa tête, accentuant le mal de crâne cause par les coups de Gabriel qu'il s'était prit. Axel se frotta les paupières de son pouce et de son index en soupirant lourdement. Ses épaules s’affaissèrent alors qu'il redonnait son attention au ravitailleur.

- Je vais aller à l'hosto. Si je rentres comme ça, ma mère va me faire la moral, Nathan m'engueuler et Lydie me faire les gros yeux. Tout le monde va encore dire que c'est moi qui ai commencé.

Un rire désabusé qui ressemblait plus à une expiration rauque suivit ses paroles. En vérité, l'Aigle n'était pas celui qui commençait le plus souvent les bagarres. Mais, le monde avait sa réputation en tête. Ça avait beau avoir certains avantages, comme le fait que personne ne venait l'emmerder, du moins en temps normal... Pourtant, le fait étant que dans sa famille... Les choses étaient souvent mal prises. Mais il les préféraient plus loin que trop proche. Quitte à se faire hurler dessus.

En fait, ses pensées, n'avaient plus vraiment de sens. Enfin pas de sens logique. C'était plutôt un brouillard agaçant de contradictions désagréables. Axel se massa de nouveau la nuque et prit la direction de l'hôpital. Il ne fit que deux pas avant de se tourner vers Syd pour voir si ce dernier viendrait avec lui. Ses yeux bleus fixèrent les traits familiers du plus jeune l'attendant dans une invitation silencieuse.

Étrangement, le changement de relation, le rassurait. Il n'avait pas perdu une base importante de sa vie finalement. Ça avait quelque chose de rassurant de savoir que le brun était là. Mais, il ne le dirait pas. Et ce soir, Axel savait que les souvenirs et les pensées destructrices seraient encore aux rendez-vous. C'est ce que ce genre d’altercations causaient. Un état normal considérablement empiré. Mais le Jaguar le calmait. Il était fidèle à lui-même. Un repère dans son enfer. Il savait qu'il ne le méritait pas. Il ne méritait pas de soutient ou d'une quelconque aide. Mais il était lâche et il le savait. Ne disant toujours rien, le Gardien laissa son compagnon le rejoindre avant de reprendre son chemin.

Les courses seraient pour demain.

Ce soir semblait être un moment bien trop important pour être brisé.

Invité

Syd écouta avec attention les mots de l'Aigle, notant le caractère légèrement contradictoire de ces derniers. Comme si en l'espace de deux minutes, Axel s'était presque démoralisé ou... Il ne savait pas trop à vrai dire. Comme si Syd avait eu devant lui un Axel avant que le rideau ne tombe, puis après. Le contraste était saisissant. Ses épaules quelque peu affaissées et sa posture moins rigide en étaient la preuve. Syd, légèrement déstabilisé, ne trouva pas les mots justes pour contredire le gardien... Mais en même temps, à part répéter tout ce qu'il venait de déblatérer, qu'aurait-il pu rajouter ? Comment aurait-il pu lui faire mieux comprendre ?
Par les gestes, voilà comment. Et seul le temps lui permettrait ça.

C'était vrai qu'il ne savait pas exactement dans quoi il s'engageait. Axel venait seulement d'accepter de se laisser approcher. Syd avait tellement de choses à découvrir à son propos. C'était justement ce qu'il désirait par-dessus tout : apprendre à connaître le gardien. Bordel, il bataillait depuis près de deux ans pour le faire sourire et apprendre à le connaître, sans succès jusqu'à aujourd'hui.
C'était vrai qu'il ne savait pas ce qui les attendait tous les deux au bout du chemin. Peut-être ne réussiraient-ils pas à accrocher, malgré les bonnes volontés. Peut-être finiraient-ils par s'engueuler encore plus fort, par un concours malheureux de circonstances... Aucun des deux ne pouvait prédire l'avenir – ça, c'était le domaine d'Ayana. Mais, bordel, qu'est-ce qu'il avait hâte de commencer à arpenter ce chemin qui s'offrait à eux. Rien que pour voir où ça les mènerait, pour tenter leur chance. Il sentait l'adrénaline fourmiller dans son ventre, dans son torse, dans tout son corps à l'idée d'enfin pouvoir côtoyer Axel. A l'idée que Axel lui donne une chance.

Il voulut par contre lui assurer qu'il ne prendrait pas ses jambes à son cou, que Axel n'avait pas à dire qu'il comprenait s'il fuyait... parce qu'il méritait qu'on s'accroche à lui et qu'on se « fixe » à sa vie. Parce que Syd comptait bien ne pas le lâcher. Bizarrement, l'idée que l'Aigle accepte dès à présent avec un telle résignation le fait que Syd puisse l'abandonner et qu'il lui en donne même l'autorisation, tout ça fit naître des étincelles de colère en lui. Ça le révolta aussi sûrement que si quelqu'un s'en était à sa propre personne. C'était... particulier comme sensation. C'était presque nouveau ? Impossible de comprendre.
Quoiqu'il en soit, il ne put pousser ses réflexions plus loin ou rassurer bon gré mal gré le gardien car ce dernier reprenait déjà la parole. Syd reporta son attention complète sur l'autre homme tout en se passant une main dans les cheveux, troublé.

L'Aigle. lui expliqua qu'il allait passer à l'hôpital et Syd fut intérieurement soulagé de ne pas avoir à le pousser à y aller. Il se contenta doncde hocher la tête et d'un simple « Ok », n'ayant rien à dire à ça. A priori, Axel semblait avoir des gens qui tenaient à lui dans son entourage, qui s'inquiétaient pour lui. Fait qui intrigua le Jaguar car Axel agissait de manière tellement désinvolte par moments, comme s'il n'avait aucune attache, aucune personne qui l'attendrait au tournant pour lui hurler de prendre soin de lui ou l'aider à sortir de son état particulier. Enfin, c'était même en même temps logique, si Axel repoussait même ses proches...

Il vit Axel se retourner et réalisa que c'était le moment où il était censé le laisser tranquille, s'il agissait de manière raisonnée et raisonnable. Ils venaient à peine de parvenir à un compromis et le blond venait lui-même d'expliquer qu'il rentrait ensuite auprès de sa famille. La logique voulait qu'il le laisse vaquer à ses occupations sans un matou traînant derrière lui. Et puis ses propres blessures n'étaient pas graves, elles ne méritaient sûrement pas de soins.
Il se mordit l'intérieur de la joue et continua à débattre... quand Axel se retourna vers lui. Il patienta un instant en le fixant, comme pour lui demander « Tu bouges tes fesses ou on campe ici ? » Instantanément, un grand sourire naquit sur les lèvres du Jaguar en même temps qu'une nouvelle vague de chaleur se frayait un chemin dans son torse et son ventre – décidément, ça devenait une habitude. Il s'empressa de combler la distance entre eux pour finalement se caler sur le rythme de l'Aigle, qui avait repris sa marche.

Son sourire se calma mais ne disparut pas alors qu'ils quittaient le coin dans lequel Axel s'était réfugié précédemment. Il laissa le silence s'installer entre eux, fourra les mains dans ses poches et se contenta de regarder ce qu'il se passait autour d'eux. Il se doutait de toute façon qu'une absence de conversation ne dérangerait absolument pas le gardien. Elle permit à Syd de remonter le fil des événements du quart d'heure qui venait de passer, peut-être plus. Il n'arrivait toujours pas à réaliser l'avancée gigantesque qu'ils venaient de faire. C'était trop frais dans son esprit.

Ils arrivèrent rapidement dans un endroit plus fréquenté, plus près du centre et de leur destination. Les gens arrivaient par la droite, par la gauche, par en face. Certains passaient sans vraiment faire attention. Syd en évitait certains, se rapprochant ainsi sans le vouloir d'Axel, occasionnant des contacts brefs entre leurs bras.
A un moment, un homme passa tellement près du Jaguar qu'il le bouscula avec son épaule. Le ravitailleur se retrouva collé à Axel vu qu'il fut déséquilibré. Aussitôt, il retira les mains de ses poches et se stabilisa de sa main en s'accrochant à l'avant-bras du blond. Il se retourna juste ensuite, sa main toujours accrochée, et gueula à l'homme : « FAIS GAFFE OÙ TU MARCHES, SÉRIEUX ! ». Puis il se retourna et leva les yeux au ciel tout en laissant retomber sa main et en marmonnant un « désolé » à Axel.

Il va s'en dire qu'il ignora avec force la sensation de chaleur résiduelle dans le creux de sa main. Il n'eut de toute façon pas le temps de s'attarder dessus qu'ils arrivaient déjà à l'entrée du grand bâtiment. Syd fit signa à Axel de passer devant lui et le suivit de près. Il n'y avait pas foule mais un nombre assez conséquent de personnes était déjà présent.

L'Aigle n'eut pas à attendre plus de trente secondes avant qu'un soigneur pointe le bout de son nez. Il lui demanda les questions habituelle puis lui fit signe de se diriger vers une salle. Sans prendre le temps de réfléchir, Syd l'arrêta dans son mouvement en demandant : « Est-ce que je peux l'accompagner ? » Le soigneur fut un instant surpris et jaugea rapidement le Jaguar du regard. Syd, lui, n'avait pu empêcher une certaine inquiétude de transparaître dans sa voix. Ce fut peut-être ça qui influença le soigneur, qui hocha la tête en signe d'assentiment. Ou peut-être pas. Peut-être qu'il avait vu les égratignures sur son bras, déjà oubliées par le brun ? En tous les cas, soulagé, Syd le remercia, avant de reporter son attention sur l'Aigle. Il lui fit signe d'avancer, un sourire satisfait aux lèvres. « Après toi. »

Comment ça il n'avait techniquement rien à faire dans cette salle ? Il s'inquiétait pour Axel, voilà tout. Alors Axel le subirait un peu plus longtemps. On ne mentionnera pas ce léger, mais vraiment tout léger, sentiment de protection envers le gardien qui tourbillonnait doucement en lui. Ni le fait qu'il voulait entendre de la bouche du soigneur que le blond n'aurait aucune séquelle et qu'il irait vraiment bien. Ni qu'il avait envie de rester un peu plus longtemps aux côtés de l'autre homme.
Nope.

Invité

Il y avait certaines choses qui ne pouvaient pas et ne devaient pas s'expliquer, comme il y en avaient d'autre qui semblaient déjà répondues et allaient, bien évidement, de sois. Puis finalement, il y avaient celles dont on ne voulaient pas entendre parler ou plutôt auxquelles ont ne voulaient pas songer.

Pour des raisons... Évidentes.

Syd en faisait clairement parti.

Parce que penser ou parler avec le Jaguar impliquait de nombreuses choses. Et au stade de confusion dans lequel se trouvait le blond... Ce dernier n'était pas certain de vouloir s'aventurer dans une introspection sur le sujet.

Pas plus qu'il n'avait envie de se questionner sur l'étrange fourmillement qui parcourait légèrement son bras à chaque fois que leur peau s'effleuraient. C'était une sensation étrange. Déjà par ce que les contacts avec les autres étaient rares et ensuite parce que ceux avec Syd se résumaient à se taper sur la gueule et joyeusement par dessus le marché.

Pas plus qu'il ne voulait songer à ce que les autres diraient en le voyant avec le brun. Parce que si son compagnon ne se rendait pas compte des regards que l'on posaient sur eux... Lui était conscient.

Trop.

L'Aigle n'avait jamais vraiment aimé être le centre de l'attention, l'attraction à voir, la personne dont on parlait. Ce n'était pas son truc à lui. C'était celui de Tim. Et il n'avait jamais prit ce trait de son aîné.

Une fraîcheur qui crispa ses muscles et créa un sentiment d'exaltation étrange dans sa poitrine le tira de ses réflexions sur les possible commérages qui s'ensuivraient suite à cette apparition d'eux qui ne s'engueulaient pas. Il battit des cils en posant son regard légèrement incertain sur le ravitailleur. Le plus vieux secoua doucement la tête, signifiant par le fait même que cela lui importait peu.

Mais cela lui importait beaucoup.

Lui qui n'avait pas envie de faire une introspection se retrouvait encore avec un paquet de questions auxquelles il était bien évidement trop dangereux pour lui de répondre.

Syd était dangereux.

Pour son équilibre mental. Ce qui semblait tellement contradictoire avec son besoin de le voir. Son besoin de le garder dans son environnement et ce même par haine ou indifférence. En fait, son cadet était à la fois son problème et sa solution.

Shit.

Le gardien savait qu'il venait de se foutre dans un merdier profond. Mais, pourtant, rester avec le plus jeune lui procurait un sentiment étrange de stabilité et de paix impossible à trouver autrement.

Et Dieu seul savait à quel point il ne voulait pas s'en départir.

Mais lui seul devait le savoir. Axel ne comprenait pas toute l'implication de ce qu'il avait fait, ni de ce qu'il ressentait, mais l'important n'était pas de le savoir, mais plutôt d'en profiter. Parce que ce serait éphémère, ça ne pouvait que l'être. Il ne méritait pas la présence du Jaguar et le poids de cette constations était lourde sur ses épaules. Un dernier coup d’œil au plus jeune et il le suivit dans le centre de soins. De toute façon que ce soit ici ou chez lui, il se ferait gueuler dessus et se ferait dire qu'il était encore responsable de cette bagarre.

Parfois le poids de sa réputation qu'il avait lui-même créer l'étouffait. Mais il devait s'y tenir. Pour le bien des autres. Pour le sien.

Le blond s'était redressé en chemin, avait reprit sa posture crispée et figée. Sa mâchoire se serra en voyant un soigneur s'approcher de lui. Il les haïssaient. Tous autant qu'ils étaient et sans discrimination. Aucuns d'entre eux ne l'aimaient et il le leur rendaient bien.

Décidément, sa réputation le suivait partout

Il répondit aux questions par obligation, d'une voix rauque et rocailleuse. Un coup l'avait peut-être atteint à la mauvaise place. Peut-être était-ce dû à son silence et au sang qui avait dû couler dans sa gorge. Alors que l'Aigle savait qu'il allait devoir quitter Syd et ce sans vraiment le vouloir... Ce dernier posa la question que lui-même aurait voulu poser.

Avait-il vraiment prit la bonne décision en laissant son compagnon voir ce qui se trouvait sous toute ses couches de haine ?

Sans doutes.

Oui.

Parce qu'Ax' se rappelait de la douleur et du vide qu'avait causer leur dernière dispute où il avait décidé de couper définitivement les ponts. Et la profondeur de sa connerie le frappa de plein fouet en regardant le sourire satisfait du Jaguar. Il était bien trop attaché au plus jeune. Il allait le blesser, le faire souffrir. D'une façon ou d'une autre. Parce que c'était ce qui arrivait lorsqu'on n'était qu'un monstre comme lui. Et il ne voulait pas. Il ne voulait pas lui faire du mal.

L'Aigle lança un autre regard étrange au ravitailleur avant de s'asseoir sur la table d'examen que le soigneur lui indiquait. Il leva ses mains sans vraiment écouter les commentaires et répondant aux questions d'un air lointain. Ses articulations le brûlaient et lui faisaient un mal de chien. Le gardien serra les dents pour retenir la plainte qui menaçait de sortir alors que le médecin lui pliait sèchement le petit doigt et l’auriculaire.

- Je vais chercher des bandages plus solides que ceux que j'ai ici avec un désinfectant plus puissant... Et de la crème antibiotique.

Puis sorti sans un regard en arrière.

Le silence plana durant quelques secondes durant lesquelles Axel fixa ses mains sans rien dire, mal à l'aise. Puis osa lever les yeux sur le visage de son accompagnateur surprise. Il examina les traits de son compagnon de fortune quelques autres longues secondes avant de secouer doucement la tête et de reporter son attention sur ses blessures.

- Tu peux partir Syd. Tes sourcils sont froncés et ta mâchoire crispée. Tu ne fais ça que lorsque tu détestes quelqu'un où quelque chose, il suffit juste de porter attention.

Peut-être se trompait-il sur la cause de ce visible agacement, ou même sur l'expression faciale. Mais cette perspective ne lui effleura même pas l'esprit. Relevant le regard sur le Jaguar, le blond soupira lourdement et haussa un sourcil devant l'air qu'affichait son cadet.

- Quoi ? Je sais plusieurs trucs sur toi. C'est facile de lire ta gestuelle... Tu parle beaucoup, mais souvent ton corps dit autre chose.

Il se tût soudainement devant l'ampleur de ce qu'il venait de dire. Ses aveux impliquaient, qu'il avait déjà prit la peine de l'observer et pas qu'une fois. Ce qui était vrai, mais le partager était une autre pair de manches. La pointe de ses oreilles se mirent à le brûler, signe qu'elles devaient sans doute être rouge pivoine. Il se racla la gorge pour masquer son malaise et renifla pour combler le silence.

Rien n'était à ajouter. Pour ne pas s'enfoncer encore plus. Axel avait oublié à quel point se laisser approcher pouvait être dangereux. Et soudainement, même s'il détestait les soigneurs, il se mit à espérer le retour du sien rapidement. Parce qu'il était loin d'être prêt à affronter le regard de Syd. Ou les questions qui ne manqueraient pas de venir.

Quelle connerie venait-il de faire ?

Et surtout où cela les mèneraient ?

Invité

Syd se contenta de sourire encore plus quand l'Aigle lui jeta un regard interrogateur après que le Soigneur ait accepté. Mais le blond n'ajouta rien d'autre ; il alla s'asseoir là où le soigneur lui avait indiqué et Syd fourra ses mains dans ses poches, attentif à l'examen.

L'homme posa d'autres questions au gardien sur un ton formel et manipula les mains d'Axel de manière fort peu délicate. La Jaguar serra la mâchoire pour ne faire aucune commentaire ; après tout, il n'était pas Soigneur. Seulement, d'après lui, l'homme aurait pu y aller avec plus de délicatesse. Il voyait le visage du blond se tendre par intermittence, sans aucun doute sous la douleur, et cette vue l'énerva. Il savait que ça n'avait aucun sens : au vu des blessures de l'Aigle, bien sûr que ça devait faire un mal de chien. Pourtant, quelque part au fond de lui, il avait de plus en plus envie de faire remarquer sèchement au médecin qu'il pourrait y aller plus mollo, que ça ne lui coûterait rien.

En effet, plus les secondes passaient, et plus une chose était claire : le Soigneur était consciemment désagréable avec Axel. L'agacement était perceptible dans sa voix par moments. Syd n'aurait su exactement dire ce qui l'avait fait tiquer... Peut-être la manière dont il tournait ses phrases, qui en devenaient accusatrices ou hautaines par moments. Ou bien encore le fait qu'il n'avait, jusque-là, pas une seule fois regardé Axel dans les yeux. Et bordel, ça rendait Syd impatient. Ça l'irritait aussi sûrement que si le Soigneur avait craché une insulte au visage du gardien.

Le Jaguar finit par croiser les bras sur sa poitrine, gardant son regard focalisé sur Axel pour résister à l'envie de chercher des noises à l'homme. C'était bien plus sûr. Il se fit d'ailleurs la réflexion que l'Aigle aurait peut-être intérêt à se passer un coup sur le visage et les bras s'il ne voulait pas effrayer de suite tout le monde en arrivant chez lui. Il lui dirait plus tard si le Soigneur ne s'en chargeait pas.

Finalement, l'homme quitta la pièce pour aller chercher de quoi soigner mieux Axel. Syd sentit la tension quitter légèrement ses épaules mais il ne réussit pas à se détendre. Surtout pas vu la manière dont il traitait son... ami. Ce mot lui paraissait étrange attribué au blond. Non pas qu'il n'en était pas digne, bien au contraire, c'était ce qu'ils étaient censés être à présent, mais... Syd avait du mal à se placer Axel dans cette case pour une raison qui lui était inconnue...
l balaya la pensée d'un revers de main mental en se disant que c'était simplement parce que tout était encore très nouveau entre eux.

Il jeta un coup d’œil au blond qui fixait ses mains. Il reporta ensuite son attention vers l'endroit où le Soigneur était parti mais ne le vit plus. Quand il se focalisa à nouveau sur le gardien, il fut surpris de constater que ce dernier le fixait à présent. Il n'osa pas vraiment bouger ni dire quoique ce soit, choisissant de ne pas brusquer Axel. Ce fut ce dernier qui baissa les yeux et brisa le silence un instant plus tard.
En entendant ses paroles, Syd ne put s'empêcher de froncer les sourcils, du moins, encore plus, selon les dires du gardien. Il n'avait même pas réalisé qu'il faisait... ça. Instantanément, sa mâchoire se détendit, comme les traits de son visage. Il laissa même retomber ses mains le long de son corps de surprise.

Il ne savait pas vraiment quoi penser de tout ça. Constater qu'Axel faisait attention à ce genre de détails ne l'étonnait pas en soi. Non, ce qui le surprenait c'était qu'il fasse attention à ces détails quand ça concernait le Jaguar. Il avait passé tellement de temps à lui dire/hurler/cracher au visage qu'il le détestait qu'il devait arrêter de l'emmerder – en gros – que Syd avait parfois fini par se demander ce qu'il avait fait de si grave pour mériter une haine si féroce. Donc entendre Axel dire qu'il avait clairement fait attention à ce que la gestuelle du Jaguar exprimait ? C'était très perturbant. Légèrement flatteur, dans un sens.

A côté de cela, il ne comprenait pas comment Axel pouvait en arriver à la conclusion qu'il souhaitait partir après ce qu'ils s'étaient dit précédemment et en dépit du fait que Syd avait demandé au Soigneur de l'accompagner pendant son examen... Le Jaguar se demanda jusqu'à quel point le gardien pouvait aller pour se retourner le cerveau et n'en déduire que du négatif alors même que le positif était d'une évidence hurlante devant ses yeux. Syd retint l'envie de se passer une main impuissante sur le visage.

Puis la dernière phrase claqua. Souvent, ton corps dit autre chose. La gêne l'envahit l'espace d'un instant à l'idée d'Axel observant son corps pour le comprendre. Souvent. Il se mordit l'intérieur de la joue pour maîtriser la légère rougeur qui voulut lui monter aux joues. Parce qu'elle n'avait aucun sens. Il ne voulait pas la comprendre. Inconsciemment, il savait que ça apporterait trop de questions. Consciemment, il décida donc de rire légèrement, surtout au vu de la gêne similaire qui semblait avoir saisi l'Aigle après qu'il eut raclé sa gorge.

Syd se gratta l'arrière du crâne tout en allant s'asseoir aux côtés d'Axel, sur la table d'examen – ou du moins ce qui y ressemblait. Il laissa deux ou trois secondes passer le temps de s'installer puis tourna la tête vers lui, un sourire flottant sur ses lèvres. « Fais pas cette tête, y a pas mort d'homme. Je suis même assez soulagé d'apprendre que j'suis pas le seul à avoir fait attention à ce genre de détails, entre autres. » La gêne refit surface mais il la repoussa de toutes ses forces. Hors de question qu'Axel interprète son embarras à sa guise et en fasse de nouvelles mauvaises conclusions. « On aura pas passé deux ans à s'engueuler pour rien apprendre de l'autre, je trouve ça encourageant, perso. » Il laissa échapper un gloussement tout en battant doucement des pieds dans le vide ; son regard se posa sur le sol devant eux. « Deux ans. C'est long. C'était épuisant parfois. Mais regarde où on en est. » Il releva le regard vers lui et l'ancra dans le sien, ne reprenant la parole que lorsque ses yeux bleus furent focalisé sur lui. « Axel, faut vraiment que tu réalises un truc : je veux rester. C'étaient pas des paroles en l'air. Je les pense à un point que tu peux pas imaginer, je crois... » Le visage de l'Aigle était à quelques dizaines de centimètres du sien mais il avait l'impression de ne voir que lui. « Si je suis venu vers toi, c'était parce que je le voulais. Si j'ai insisté par la suite, eh bien, c'était aussi pour cette raison. » Il gloussa légèrement sans quitter Axel du regard. « Si je me suis interposé, ce soir, c'était parce que je voulais pas qu'il t'arrive malheur. Si je t'ai suivi ensuite, c'était parce que je m'inquiétais pour toi. Si je t'ai accompagné jusqu'ici, c'est parce que c'était aussi mon choix... Axel, si je voulais pas être là, je le serais pas. » Il le fixa un instant, silencieux, le regard rivé au sien, de manière intense. « Pour le coup, t'as dû remarquer que l'hypocrisie et toutes ces conneries, c'est pas mon truc... Alors, mets ton cerveau en pause, qu'il arrête d'interpréter ce que je dis comme il veut. Garde juste en tête que je suis là où je veux être : avec toi. » Il haussa les sourcils de manière appuyée, le visage sérieux, comme pour le mettre au défi de le contredire.

Pour le coup, il en avait oublié de préciser que son air tendu était dû au Soigneur et à son comportement déplorable... Pas grave, il aurait tout le loisir de se crisper à nouveau une fois que l'autre homme reviendrait vers eux...

Invité

Cette situation aurait-elle être encore plus malaisante ? Franchement, l'Aigle en doutait. Déjà, Syd l'avait vu pleurer, oh crime immense que de laisser quelqu'un d'autre que Lydie voir sa douleur et ses faiblesses. Conneries aux conséquences encore insoupçonnées et pourtant tellement anticipées. Ses mains lui faisaient mal jusque dans ses coudes. Ses poignets l’élançaient affreusement et les tendons de ses avant bras semblaient rechignés pas tout à fait remis de la dernière fois où le blond s'en était pris à une pauvre pierre innocente. Et maintenant que l'adrénaline était retombée à presque zéro, elle ne retombait jamais complètement depuis la mort de Tim, son corps lui rappelait avec force qu'il aurait pu s'en abstenir en protestant avec tout les muscles qui avaient été utilisés. Il s'était trop crispé de colère et maintenant, il souffrait. Enfin... Ce n'était rien comparé à son mental qui, lui, prenait une sacré volée. Les mots de Gabriel faisaient bien plus de mal que ses blessures.

Mais, toute cette haine et cette douleur fût considérablement adoucit par la présence de Syd. Le brun ne savait décidément pas à quel point il lui faisait du bien. C'était peut-être une erreur de le laisser s'approcher de lui. Peut-être une erreur qui lui coûterait la vie, mais au moins crèverait-il un peu moins seul. Parce qu'Axel savait que le Jaguar était totalement du même genre que son frère décédé. À tenter de venir en aide au gens qui se trouvaient en détresse. Ça avait coûté la vie à son aîné, ce ne serait pas le cas de son compagnon. Il prendrait sa place avant.

La présence soudainement plus proche du plus jeune ne fit qu'augmenter son malaise et le Gardien continua obstinément de fixer ses mains comme si c'était la chose la plus fascinante de l'univers et qu'un secret s'y trouvait gravé. Les mots coulaient presque douloureux de réconfort contre son âme écorchés. Syd avait ce don de dire aux autres ce qu'il avait besoin d'entendre. Le même que lui-même aurait voulu avoir tout en en étant cruellement dépourvu. Lentement, il leva le nez et tourna la tête vers son interlocuteur, juste un peu, suffisamment du moins pour l'observer du coin de l’œil.

- Syd. Tu ne comprends pas hein ? Que t'interposé et te mettre de mon côté, c'est exactement ce que je ne veux pas. Y'as trop de gens qui ont été blessés pour moi. Je préfères être le seul impliqué et assumer moi-même les conséquences de mes actes. C'est dangereux être proche de moi où juste être avec moi.

Ses yeux bleus parcoururent un instant le visage de son cadet avant qu'il ne poursuive d'une voix toujours rauque.

- J'aimerais éviter qu'il t'arrive quelque chose tu sais.

Et avant que la gêne d'avoir avouer un tel fait ne le prenne à la gorge, le soigneur revint avec l'air toujours aussi fermé et froid. Le blond rebaissa les yeux et tendit docilement les mains lorsqu'on lui demanda alors que le nouveau venu chassait Syd de la table. Puis l'homme prit l'une de ses mains et une pince poser sur une petite table roulante près de lui et retira rapidement, sans délicatesse, les morceaux de pierre incrusté dans ses jointures. L'Aigle serra la mâchoire et ferma les yeux au moment où le soigneur lui nettoya la main retirant toute saleté et peau morte. L'employé de l'hôpital posa sur ses blessures une crème jaunâtre sans odeurs sur ses jointures et Ax' ne pu retenir un léger grondement de douleur tellement le produit le brûlait. Celui qui s'occupait de son cas eu un sourire en coin satisfait en procédant de la même façon sur son autre main. Il termina rapidement son travail en bandant ses mains puis ramassa son matériel et se tourna vers Syd l'air presque déçu pour lui et secoua la tête avant de repartir sans un mot pour le Gardien qui se relevait sans en avoir l'air affecté de ce comportement déplaisant.

La vérité c'était surtout qu'il avait l'habitude de ce genre de traitement venant des autres. Il avait une réputation qui n'était plus à faire et s'était souvent disputer avec beaucoup de monde, le soigneur inclus. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait et ce ne serait surement pas la dernière.

Après avoir remis de l'ordre dans ses vêtements et passé une main dans ses cheveux pour les dégager de son visage il reporta son attention sur son nouvellement ami ? Le plus vieux se gratta la nuque et se mâchouilla la lèvre d'un air pensif en continua de regarder le visage de son compagnon. Il avait envie de rester avec lui, mais il n'avait pas de raisons de le faire et juste le demander sans justifications valides ne lui semblaient pas une bonne idée.

- Euh... Et bien... Je... J'aime bien l'idée que tu veuilles bien rester avec moi. Ça fait déjà quelqu'un qui ne se force pas hein...

Axel renifla de façon sarcastique en regardant autour de lui avant de reposer son regard sur le brun. Il fourra ses mains bandées dans ses poches, alors que sa gêne précédente revenait. Il avait oublié que de base il était parfois timide. Cette idée l'exaspéra. Et il était tellement rempli de contradiction s'en était fatiguant.

- On devrait sans doute sortir d'ici...

Il prit la même direction que le soigneur en s'assurant que le ravitailleur le suivait et sorti de l'hôpital avant de s'arrêter en prenant garde de ne pas se mettre dans le chemin des autres. Il se massa la nuque toujours incertain en cherchant une bonne excuse pour le garder avec lui quelques minutes de plus. Sans non plus chercher à contrôler cette envie, il s'empêchait pourtant d'en chercher la source et la raison. Non, il n'en avait pas envie.

Mais il ne voulait pas le quitter maintenant.

Non.

Sa présence lui faisait trop de bien.

Invité

En temps normal, Syd aurait maudit l'importun qui aurait interrompu sa conversation avec Axel. Sérieusement, c'était troublant mais c'était plus qu'il n'aurait pu espérer de la part de l'Aigle, tout ça. Pourtant, en cet instant, il aurait presque été reconnaissant de l'onterruption... s'il ne s'était pas agi de cette teigne de Soigneur.

Quoiqu'il en soit, les mots d'Axel repassaient en boucle dans sa tête et il avait du mal à s'expliquer pourquoi, soudainement, sa poitrine s'était retrouvée submergée par une chaleur trop douce pour sa propre santé mentale. Pourquoi elle s'était serrée par moments, douloureusement, au point d'avoir l'impression qu'une boule s'était formée dans sa gorge. Pourquoi il avait ressenti ce besoin urgent de poser délicatement une main sur sa joue et de lui promettre que ça irait, qu'il s'assurerait personnellement que le blond aille bien. Pourquoi sa dernière phrase l'avait vidé de tout mot ou pensée cohérente.

Axel possédait le don rare de le faire taire en un claquement de doigts et ça ne dérangeait même pas le Jaguar. Ça lui plaisait presque.
Ce fut en partie pour cette raison qu'il s'écarta sans un mot quand le soigneur revint et lui fit comprendre de s'écarter. Il se positionna au même endroit que précédemment et fit attention à détendre sa posture, à bien faire comprendre à Axel qu'il était bien là, là, avec lui.

Bine malgré lui, ses pensées le monopolisèrent.
Axel ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose. Il avait peur de blesser Syd. Il avait peur qu'une quelconque malédiction s'en prenne à Syd pour la simple raison qu'il voulait se rapprocher du gardien, qu'il voulait être là pour lui. C'était presque ridicule pour le Jaguar, improbable, même, mais le blond semblait y croire dur comme fer. Il semblait persuadé que le brun allait finir mal, blessé, pire... mort... Comme Tim ?
Syd réprima un frisson à cette pensée. Il savait que l'Aigle agissait comme il agissait au quotidien pour se protéger, mais il n'avait pas totalement pris la mesure jusqu'à maintenant d'à quel point il faisait ça pour surtout protéger les autres. Pour protéger les autres de lui-même.

Cette révélation partielle fit naître un pic de douleur dans son torse et Syd massa l'endroit sans même y penser.

Syd revint à lui à cause du grognement de douleur d'Axel. Ses yeux s'étrécirent et se posèrent sur le mouvement du soigneur, en train d'étaler grossièrement une crème jaune sur les mains du gardien. Une fois de plus, Syd se retint de pousser le Soigneur et de prendre sa place pour faire ça avec plus de délicatesse – ces pulsions qu'il ressentait commençaient franchement à lui mettre les nerfs à vif.

Ce qui suivit le retourna autant que ça le révolta. Le Soigneur eut le culot de se tourner vers lui, de lui jeter un regard qu'il eut du mal à déchiffrer avant de secouer la tête, avec une condescendance qui hérissa les poils du Ravitailleur. La seule chose qui l'empêcha d'aller à sa poursuite pour lui dire sa façon de penser – voire pour lui foutre un poing dans la face : il faisait bien ce qu'il voulait avec QUI il voulait, bordel de merde – fut le mouvement d'Axel, qui se releva l'air de rien, comme si ce qui venait de passer était normal.
Il s'apprêtait à dire quelque chose quand il réalisa que peut-être bien, tout ça était devenu normal pour le blond. Et le pic de douleur revint en force, plus fort même, et il eut du mal à l'étouffer cette fois.

Il essaya de sourire à Axel, qui le fixa un instant, mais le sourire dut paraître tendu ; il le sentait dans la crispation de sa mâchoire. Pourtant, il ne fallut que quelques simples mots pour qu'il devienne moins crispé et plus vrai. Syd mit de côté son indignation précédente et se jura de revenir dessus dès que possible. Aucune chance qu'il ne parte pas en croisade plus tard contre les comportements similaires à celui auquel il venait d'assister : Axel avait fait ce qu'il avait fait par le passé, certes, mais le prochain qui jugeait Syd ou Axel à cause du lien qui les unissait boufferait ses dents et ses cheveux, foi de Jaguar.

Apaisé par ses propres résolutions et ce nouvel objectif, il trouva le moyen de lever les yeux au ciel au « Ça fait déjà quelqu'un qui ne se force pas, hein » et secoua la tête, un léger sourire en coin qui montrait que son agacement n'avait rien de bien méchant. On aurait presque pu y lire de l'affection, avec un peu d'observation.

Lorsque le gardien proposa de quitter les lieux, le brun hocha la tête positivement et lui fit signe de passer devant, tout en ajoutant : « Très bonne idée, trop de mauvaises ondes de Soigneur grincheux et désagréable dans cette pièce... » Impossible de cacher l'amertume derrière ses paroles.

Une fois dehors, il s'arrêta près d'Axel et ne put empêcher un sourire d'éclairer ses lèvres alors que le Gardien semblait chercher ses mots – ou quelque chose du genre. Syd se demanda s'il avait envie de laisser partir son compagnon... La réponse était évidente. Il ne s'y attarda donc pas. Il se demanda ensuite si Axel avait envie de le laisser partir lui. La réponse était moins évidente mais les indices furent suffisants pour que le Jaguar saisissent délicatement le bras de l'Aigle pour les mettre en route tous les deux.
Vers le territoire des Jaguars.

Il prit la parole d'un ton tranquille, comme s'il n'était pas en train de pousser l'Aigle sans lui avoir demandé son avis, tout en passant son bras dans celui du blond, comme pour s'assurer que l'autre ne filerait pas. « Maintenant que ça c'est fait, on va aller anesthésier la douleur avec un peu d'alcool Jag, belle spécialité de chez nous. » Un grand sourire aux lèvres, il lui fit un clin d’œil après avoir tourné la tête vers lui. Il reporta son attention sur la route l'instant d'après et ajouta plus doucement, ses yeux fixant la terre au sol : « Juste un peu. » Comme s'il lui demandait finalement son avis. Comme s'il lui demandait une faveur, celle de ne pas le quitter de suite. « Après, si tu veux rentrer, je t'en empêcherai pas, promis ». Il tourna à nouveau la tête vers lui, un sourire rassurant aux lèvres, comme s'il argumentait avec son corps plutôt qu'avec ses mots.

Syd faisait beaucoup de bruit, beaucoup de mouvement, mais ne mordait pas (encore). Il savait que sa brusquerie pouvait stresser ou braquer. Il espérait que ça ne serait plus le cas avec le Gardien.
Sincèrement.

Invité

Les choses avant était bien mieux. Avant le départ de Tim, avant sa solitude et sa rage. Avant son désarrois et son isolement. Avant toutes les saloperies qu'il avait eu le devoir de dire pour éloigner tout le monde. Mère, père et frères compris. Ce temps là avait quelque chose de mielleux, de mensonger. Les souvenirs de cette époque l'aveuglaient douloureusement comme lorsque l'on regarde le ciel directement et ils tenaient plus du rêve que de la réalité.

Les choses avaient changées.

Et c'était bien hors de son contrôle. Lui qui tentait de rester dans sa solitude noircie de pêchés, se retrouvait bien involontairement éclairé par le cœur presque trop pur de Syd. Avoir le Jaguar près de lui c'était presque la même chose que de se souvenir, ça l'aveuglait et lui embrouillait la vue et les sens. Quelque chose d'assez puissant, qui créait une dépendance presque automatique pour un homme comme lui.

Les mains bandées et le visage au traits tirés d'incertitude, le blond se laissa entraîner toujours confus de la facilité avec laquelle le ravitailleur oubliait qu'Axel était Axel et Syd était Syd.

Les choses avaient vraiment changées.

Et l'Aigle n'arrivait pas encore à décider si c'était une bonne chose où non. Il n'arrivait pas à se convaincre de quitter de nouveau le brun et puis de tout façon il se demandait aussi s'il en aurait la force. Il voulait le garder près de lui. Ax' était certes du genre à se torturer en ruminant ses erreurs, mais lorsque venait le temps de songer au sentiments il ne se posait plus trop de questions. C'était blanc ou noir. Le gris... Il ne pouvait pas se le permettre.

Alors ce sentiment de bien-être qui l'étouffa quelque secondes avant de chasser toutes les pensées malsaines, du moins pour le moment, il le laissa venir et se répandre sans trop chercher à savoir le pourquoi du comment. Il ne tenta pas de comprendre cette chaleur presque douloureusement brûlante qui se répandit dans sa poitrine et apaisa un peu la glace qui lui gelait l'intérieur depuis tellement longtemps qu'il ne se souvenait plus d'avoir chaud.

La proposition de son compagnon lui fit froncer les sourcils et involontairement le gardien ralentit le pas.

- Euh... Écoute Syd... Je sais pas si c'est une super idée d'aller chez les Jaguars... J'suis pas trop aimé là-bas et j'ai pas trop envie de gâcher ta soirée... Moi ça va je suis capable d'endurer, mais je penses pas que d'entendre des commentaires te plaises vraiment... Et hum... L'alcool je... En fait j'ai du boire deux fois dans ma vie...

Parce que l'alcool n'était pas quelque chose qu'il s'était permis. Parce qu'il ne devait pas oublier. Il se gratta la nuque mal à l'aise. À vrai dire Axel n'avait aucune putain d'idée de comment il réagissait à la boisson.

Ses yeux croisèrent pourtant ceux de son interlocuteur et les étincelles de joie de vivre lui créa une sensation plutôt étrange que loin de chercher à identifier il accueilli plutôt la chose comme un signe qu'il pouvait lui faire confiance...

Mais il était déjà trop tard...

Axel avait confiance en Syd bien plus qu'en lui-même.

C'était donc peu dire que d'affirmer que l'Aigle eu un choc en constatant la profondeur de sa dépendance au plus jeune. Oh il le savait déjà un peu.

Mais à ce point ?

Si perdu dans son fils de pensée qu'il n'entendit pas les voix des autres devenir de plus en plus fortes au fils de leur marche. Lorsqu'il revint à lui, Ax' se retrouvait en plein milieu du cartier un peu confus et il grimaça en observant les visages et les corps qui se pressaient autour d'eux. Seigneur qu'il détestait la chaleur des autres... Sauf celle de Syd. Celle-là lui allait. Et forcé de lâcher le bras de son ami, il se faufila pour trouver un trou plus paisible en attrapant la main du Jaguar. Ce contact lui coupa le souffle devant le fourmillement électrique qui lui remonta dans le bras et après un vague regard interrogateur sur le phénomène qui venait de se produire, une débouchée lui permit de sortir de la masse et de souffler un peu. Sans trop vraiment s'en rendre compte sur leur chemin, ses doigts s'étaient entrelacés à ceux du brun, comme s'ils avaient agis de leur propre gré sans demander l'avis de personne. Et alors que le plus vieux regardait autour d'eux enregistrant chaque recoins dans sa tête en cas de besoin, sa main resta emmêlée à celle de son cadet.

Axel trouva une table plutôt bien située et se dirigea vers elle. Le choc le frappa de nouveau. Stupéfait il fixa leur mains et relâcha celle de Syd prestement en bégayant quelques mots incompréhensible avant de se racler la gorge.

- Désolé. J'ai l'habitude d'être avec Ayana et quand y'a trop de monde je la tiens par la main pour ne pas la perdre. Elle aime pas trop les foules tu vois le truc.

La gifle mentale qu'il se donna fût monumentale. Même pour lui cette excuse déballée à la va vite ne lui sembla pas très crédible. Et pourtant, il songea que c'était la pure vérité. Il tenait toujours la main d'Ayana dans les foules pour ne pas la perdre et aussi pour pouvoir la protéger. C'était son devoir. Le blond se frotta vigoureusement le visage et secoua la tête rapidement avant de prendre une profonde inspiration et de se laisser tomber lourdement sur sa chaise.

- Je suis d'accord pour un verres ou deux, mais pas plus, je suis pas un fan d'alcool et ce que ça peut faire faire au consommateur..

Qu'il savourerait lentement, pour ne pas que le tout lui monte à la tête. Et tenterait maladroitement de connaître Syd. Il tenterais de ne pas détruire la toute nouvelle base de leur relation. Les regards étonnés et dégoutés ne le dérangèrent pas plus et il croisa ses propres mains sur la table mal à l'aise et incapable d'engager une conversation ou faire quoi ce soit. Se retrouver dans ce genre de situation ne lui ressemblait pas. Syd devrait encore prendre la situation en main.

Pour les évènements et les sentiments, Axel aurait tout le temps d'y penser plus tard.

Invité

Syd observa l'Aigle alors qu'il lui expliquait les raisons pour lesquelles le territoire Jaguar n'était pas forcément une bonne idée pour aller boire un verre.
Ce que Syd remarqua en premier fut l'agitation qui envahit le blond. Pas très forte mais suffisamment claire pour que le Jaguar comprenne qu'elle n'était pas teintée d'animosité. Il comprit donc qu'il n'avait pas fait de bourbe. Un bon point pour lui.
Il remarqua ensuite qu'au final, ce qui inquiétait principalement le Gardien était les impacts négatifs que pourrait avoir le fait qu'ils s'affichent l'un auprès de l'autre sur Syd lui-même. C'était une inquiétude inutile puisque Syd, d'une, n'en avait rien à foutre de ce que les autres pensaient et, de deux, lui-même en avait déjà entendu des vertes et des pas mûres à son propos ; il ne s'en préoccupait plus depuis longtemps. Cependant, l'attention de son nouvellement ami le toucha et fit apparaître un sourire attendri sur ses lèvres.

Tout en lui tapotant l'avant-bras de sa main libre, il répondit : « Tu sais, j'en ai déjà entendu trop sur mon compte jusque-là pour que les conneries que les gens racontent sur moi me touchent encore. Donc si c'est pour moi que tu t'inquiètes, faut pas, vraiment. Quant à l'alcool, je promets de pas te soûler et de te ramener conscient chez toi. » Il lui offrit un sourire amusé mais n'insista pas plus. Si Axel décidait tout de même de ne pas se rendre chez les Jaguars, Syd respecterait son choix. Après tout, leur lien naissant était aussi une histoire de compromis : l'Aigle ne le repoussait plus mais lui arrêtait de le pousser à bout pour que le blond s'ouvre. Méthode douce des deux côtés, c'était un bon deal.

Quelque chose sembla satisfaire suffisamment Axel puisqu'il accepta finalement l'offre. Ce fut donc avec un grand sourire aux lèvres pour Syd et un air pensif sur le visage pour son compagnon qu'ils se dirigèrent dans un silence somme toute confortable vers le territoire du Ravitailleur.

Il fut vrai qu'ils reçurent des regards curieux, étonnés ou plissés mais, en toute honnêteté, c'était bien moins que ce à quoi Syd s'attendait, vu les paroles de l'Aigle. Clairement, ce n'était pas quelque chose qu'il ne pouvait pas gérer, bien au contraire. Il rendit plus d'une fois un grand sourire qui voulait dire « Occupe-toi de tes affaires, connard » – inutile de dire que cela amusa fortement le Jaguar.

Il oublia pourtant toutes ces considérations futiles lorsqu'il sentit Axel retirer son bras et... glisser sa main dans la sienne.

Bon, il n'allait pas mentir : le geste, le contact fit bondir son cœur dans sa poitrine et la fameuse chaleur caractéristique d'Axel envahit à nouveau Syd. Il bloqua automatiquement sa respiration, sans trop comprendre ce qu'il se passait. Certes, c'était plus facile que de marcher côte à côte vu le monde qu'il y avait déjà dans le quartier... mais, clairement, leurs mains jointes n'étaient pas un prérequis pour leur avancée.
Syd sentit un autre type de chaleur monter à ses joues et il fut reconnaissant que le Gardien ne le voit pas en cet instant. Il s'éclaircit la gorge, jeta un coup d’œil sur le côté et laissa faire ses doigts, qui fourmillaient de la pulsion d'entourer ceux du blond. La chose se fit d’ailleurs naturellement puisque les doigts de l'Aigle glissèrent contre les siens sans aucune résistance. Un frisson parcourut l'échine de Syd et il se demanda brièvement dans quoi il était en train de se fourrer.

Il ne poussa cependant pas la réflexion plus loin car ils s'extirpèrent de la foule. Il s'attendait presque à ce que leurs mains se lâchent, mais non : elles restèrent jointes jusqu'à ce qu'ils arrivent près d'une table, suffisamment éloignée des attroupements pour s'entendre parler sans hausser la voix. Syd choisit de ne rien dire, trop occupé à se perdre dans ses pensées fusant dans tous les sens et souvent incompréhensibles.

Ce fut presque une surprise lorsque le blond réalisa leur geste et reprit sa main comme s'il avait été brûlé. Syd n'eut même pas la présence d'esprit de s'en offusquer ou d'en plaisanter tant ce contact l'avait troublé. Il laissa sans trop le vouloir Axel s'embourber dans une explication d'abord bredouillante mais qui finit par refroidir considérablement le Jaguar. Non, pas refroidir. Il n'y avait rien à refroidir. Rien. Juste des idées à remettre en place parce qu'il semblait s'être emballé inutilement. Il ne savait même pas pourquoi. Ouais. Voilà.
Syd se sentit soudain bien con.

Il plaqua instantanément un sourire compréhensif sur son visage et, accompagné d'un geste de la main, il tenta de le rassurer en faisant comme s'il ne s'était rien passé de son côté : « T'inquiète. Y a pas de mal, c'était plus pratique, vu la foule. » Il reporta son attention sur le bar qui se trouvait plus loin pour laisser au blond le temps de se reprendre. Et pour se reprendre lui-même parce que c'était un peu le bordel à l'intérieur de lui, là, et, putain, il n'était pas certain de tout comprendre à part le fait qu'il s'imaginait apparemment des choses.

Il reporta son attention sur le blond seulement lorsque ce dernier reprit la parole.
Syd hocha d'ailleurs la tête et tenta de le rassurer comme il put au vu de la situation : « Pas de problème, je comprends. » Il grimaça intérieurement, réalisant que, compte tenu de sa personnalité, c'était peut-être un peu sec et court comme réponse et, clairement, il était hors de question qu'il laisse apparaître son trouble.
Il s'éclaircit la gorge et croisa ses bras devant lui avant de s'appuyer dessus, se penchant ainsi un peu vers l'avant dans un signe un peu défensif bien malgré lui. « Je veux dire, j'ai vu les dégâts que ça peut faire et, quand on est pas habitué à boire, ça peut franchement foutre en l'air le cerveau. Je parle en connaissance de cause. » Il gloussa tout doucement, sa première cuite lui revenant en mémoire.

A ce moment-là, il réussit à capter le regard de l'homme derrière le comptoir et lui sourit en levant deux doigts au-dessus de sa tête pour lui indiquer leur commande. Il hocha la tête lorsque l'autre leva son pouce pour lui indiquer qu'il était sur le coup avant de reporter son attention sur Axel pour reprendre leur conversation.

Invité

Le bordel. Un véritable bordel.

C'était ce à quoi ressemblait son esprit. La paume de sa main le démangeait agréablement. Inconsciemment, le gardien plia et déplia les doigts plusieurs fois, trop confus pour se soucier de la sensation de tirage que causait les pansements sur ses mains. Non, les doigts de Syd avaient si bien glissés contre les siens, l'espace entre ses jointures avaient semblé créer parfaitement pour celles du brun.

Le bordel.

Lui qui aimait tellement les choses claires et précises, se retrouvait dans un bourbier de questions. Est-ce que Syd aussi avait ressenti cette impression de naturel ? Est-ce qu'il avait aussi eu la satisfaction de sentir son bras s'engourdir de confort ? Est-ce qu'il avait remarqué à quel point leur mains étaient faites l'une pour l'autre ? Est-ce qu'il pensait à la même chose que lui en ce moment ?

Axel était bien des choses, mais certainement pas quelqu'un qui se posait des questions sur ce qu'il ressentait ayant prit l'habitude de ne ressentir que haine, dégout et culpabilité. Ce sentiment-là, celui qui réchauffait la glace qui protégeait son cœur venait uniquement du Jaguar, ce sentiment-là, le blond ne le connaissait pas. Il ne savait pas quoi en faire, ni comment le gérer.

Il ne savait pas comment s'empêcher de reprendre la main du ravitailleur qui reposait trop en évidence sur la table, simplement pour retrouver cette sensation d'être à sa place, ce sentiment de chaleur plaisante. Il avait, durant ce trop bref contact, eu l'impression de ne plus être seul contre ses démons, de ne plus être seul contre le monde. D'être plus fort, plus grand, plus résistant, capable de beaucoup plus.

Mais ça n'avait aucun sens pour lui. Ce sentiment là, il ne pouvait pas y mettre de mots. Et après avoir fixer les doigts fins de son compagnon, l'Aigle secoua sèchement la tête, chassant ce tourment de questionnement de sa tête. Plus tard. Et par plus tard il entendait jamais.

Le blond croisa les mains autour de son verre quand ce dernier se posa devant lui et tâcha d'éviter le regard insistant du barman. Il n'avait pas envie d'y lire quoi que ce soit qui lui aurait donné une bonne raison de retourner chez lui. Il croisa les mains parce que c'était plus facile de contenir l'agitation de ses doigts. L'agitation de son corps.

Syd créait toujours un bordel.

Et là c'était peu dire. Le plus âgé se racla la gorge pour se donner contenance et tenter de paraître un peu plus à l'aise dans cette foule de corps grouillants et de musique rythmée. Lui il aimait le silence, mais il commençait aussi à aimer la voix du félin. Et ça c'était une autre chose.

- Je sais pas trop de quoi parler à vrai dire.

Il avala cul sec la moitié de son verre et s'ébroua à l'image d'un chien qui tente de se réveillé. Il n'avait pas envie de partir. Pas de suite. Mais les mots lui manquaient. L'Aigle avait appris à devenir avare de mots et désormais il ne savait plus trop comment tenir une conversation. Il était tant et si bien mal à l'aise qu'il bu le restant de son verre d'une traite. L'alcool lui brula la gorge. Lui réchauffa le ventre et lui remis les idées en place. Si bien que le membre en remarqua l'expression presque inhabituelle sur son visage.

Axel connaissait les expressions faciales de son interlocuteur par cœur, s'en était presque effrayant, mais il mettait ça sur le compte de sa mémoire visuelle infaillible. Mais cet air là sonnait faux pour lui. Syd semblait troublé. C'était sans doute sa faute.

- T'as l'air... Hm... Troublé... Si c'est à cause de nos mains, je suis désolé. J'voulais pas t'embarrasser avec ça... Je... J'ai pas...

Il se racla de nouveau la gorge en se massant la nuque, au travers de ses mèches blondes en bataille, la pointe de ses oreilles devint 'un rouge soutenu.

-Enfin bon...

Le gardien préféra se taire de nouveau. il ne faisait que s'enfoncer de plus belle. Ce n'était pas lui le talent vocal. Après s'être masser de nouveau la nuque, il commanda un autre verre qui termina cul sec dans son ventre. Le verre vide tourna entre ses mains alors qu'il regardait autour d'eux de plus en plus mal à l'aise.

Syd foutait vraiment le bordel dans sa tête.

Et il était bien incapable de dire pourquoi, ni comment.

Au plus profond de lui, quelque part au creux du ventre, le blond n'avait pas envie que ça cesse non plus, mais en avait-il seulement conscience ?..

Invité

Les verres arrivèrent rapidement et Syd but une gorgée presque instantanément. Il en prit une deuxième juste après, gorgée qu'il laissa un instant dans sa bouche pour s'imprégner du goût fort et de la sensation de chaleur à la limite de la brûlure. Il l'avala finalement quand Axel prit la parole. Son sentiment de malaise s'en retrouva quelque peu renforcé.
Il savait que ça n'était pas dans ses habitudes 1) de peu parler et 2) de se laisser chamboulé par ce genre de sentiments. Pourtant, la boule de nœuds au fond de son ventre le bloquait presque. Elle empêchait son flot de pensées habituel de prendre le dessus.

Il tenta tout de même de désamorcer un peu la tension ambiante lorsque le blond avala cul-sec la moitié de son verre. « On peut pas tout faire : on prend déjà le temps d'apprécier la finesse de l'alcool, dit-il en baissant les yeux vers son verre, un léger sourire aux lèvres. » C'était léger, vu la non-finesse de l'alcool macéré encore et encore qu'ils avaient devant eux. C'était cependant la première pensée qui lui était venue.
Il chercha à enchaîner sur quelque chose de léger. Après tout, il voulait vraiment apprendre à connaître le Gardien. Cependant, la scène précédente, les paroles de l'Aigle revenait en boucle dans sa tête et Syd se sentait de plus en plus con. Il passa une main dans ses cheveux et les ébouriffa de manière de machinale pour se redonner contenance.

Ce qui permit de le sortir de son cercle vicieux fut Axel et son ingérence d'alcool rapide. En effet, le blond avala, peu de temps après la première moitié de son verre, la seconde. Syd fronça les sourcils. Il porta son propre verre à son visage avant de boire une nouvelle gorgée. Il savait qu'Axel était nerveux, ils venaient d'en parler quelques minutes auparavant. Seulement, son ami venait aussi de dire qu'il devait faire attention. Ce qui n'était clairement pas le cas.
L'inquiétude prit le pas sur tout le reste et il chercha ses mots pour dire à Axel de ralentir un peu.
Il n'eut pourtant pas besoin de le faire puisque l'autre prit la parole.

Le rouge monta légèrement aux joues du Ravitailleur quand il assimila les mots prononcés et son regard retourna instantanément sur son verre. Il en but une gorgée avant que Axel ait fini puis se racla la gorge. Il coupa d'ailleurs presque la parole à son compagnon, sur son dernier mot, quand il rétorqua avec fébrilité : « Non, non, non. Ça m'a pas gêné. Du tout, loin de là, même. Enfin, je- Y a pas de raison. Comme tu l'as dit, c'est pratique. Tu le fais avec Ayana. Je le fais avec... » Il réfléchit à toute vitesse et tenta de trouver un nom mais rien ne lui vint. Il pensa à Raph' mais réalisa qu'ils ne pratiquaient pas vraiment ça en public. « .. Avec, euh, d'autres. Voilà. Ouais. C'est pratique. Rassure-toi. Si y a besoin qu'on se redonne la main, ça sera avec... plaisir. » Syd prononça les derniers mots avec une voix de moins en forte, réalisant le grand n'importe quoi qu'il était en train de prononcer. Ce serait avec plaisir ? Comme si Axel lui avait proposé de continuer de faire du troc après une particulièrement bonne affaire. Le facepalm mental qu'il s'infligea fut monumental.
Il était ri-di-cu-le.

Il se réinstalla sur son siège tout en gardant son verre près de lui et tenta de sourire de manière naturelle... ce qui échoua lamentablement. Il se gratta la tempe avant de reprendre vite : « Si je suis troublé, du coup ? Naaan, ça va. » Il fit un geste de la main qui voulait dire « t'inquiète pas » accompagné d'un rire un peu nerveux. « Je me disais juste qu'il allait falloir ralentir, camarade. » Il montra le verre vide d'Axel du menton et ajouta en plaisantant : « A moins que ça soit ta stratégie pour rentrer plus tôt. »
Il gloussa un peu plus naturellement, cette fois, puis se demanda si, vu le fiasco de son côté, ça ne serait pas préférable pour Axel qu'il n'assiste pas à... ça. Puis la réalisation le percuta : est-ce que c'était vraiment l'intention du Gardien ? Partir plus tôt ?

Bordel, il fallait absolument qu'il arrête de penser. Il enchaîna avec une nouvelle gorgée, parce que... Parce que.

Invité

Cette situation avait au moins quelques avantages. Elle donnait à Axel la légère impression de ne pas être si seul. Elle lui permettait de voir dans quel atmosphère évoluait son compagnon pour le cerner un peu mieux. Une chose était certaine d'ailleurs, Syd était dans le bon clan. Et finalement, cette fichue situation qui tournait vers le malaise générale lui permettait de prendre l'ampleur de son incapacité sociale. Et un peu au fond elle lui permettait d'observer le Jaguar dans une situation inusité.

Syd mal à l'aise.

Juste cette image devait valoir quelques rations. Parce qu'un Syd qui ne sait pas trop quoi dire et qui bafouille en utilisant le minimum de mots... Ça tenait du mythe. Un mythe plutôt amusant qui le soulageait un peu du poids de sa propre gêne.

Pourtant même si le gardien écoutait ce que son compagnon lui disait, il n'était pas totalement présent. Certains mots lui tournaient dans la tête en boucle encore et encore le laissant sur sa faim. Ça ne signifiait pas ce qu'il aurait voulu et il le savait. Mais Axel ne comprenait pas trop pourquoi ces mots avaient laissé une agréable brulure dans sa poitrine.

Si y a besoin qu'on se redonne la main, ça sera avec... plaisir.

Plaisir ? Un frisson remonta le long de sa colonne. De drôles d'idées lui traversèrent la tête si bien qu'il en bondit de sa chaise sur ses deux pieds comme si on venait de le brûler.

Axel comprit rapidement que sa réaction avait dépassé ses pensées et les regards semi méfiants, semi surpris l'encouragèrent à se rassoir. Il se frotta le visage et inspira un coup. Puis compris qu'il ne pouvait pas en rester là, avec une telle réaction et sans réponses pour un Syd visiblement aussi abasourdi de lui de cette rencontre autour d'une table qui ne se tendait même pas à se terminer avec quelqu'un à l'hôpital. Enfin pas encore. Le blond ne pouvait pas être optimiste, ce n'était pas de sa nature, enfin ce ne l'était plus depuis un moment. Il croyait fermement que tout ce qui pouvait mal aller, allait mal aller. L'Aigle appréhendait donc le moment où quelqu'un viendrait leur faire un commentaire et ferait exploser cette rage sourde qui bouillonnait doucement sous la surface de sa peau.

Il dû revenir de nouveau à ses idées principales et fronça les sourcils en secouant la tête devant la confusion qui régnait dans son esprit. D'un air septique il regarda son verre quelques secondes avant de reporter son regard bleu sur Syd.

- Partir ? Non, non ! C'est pas ça. Et désolé pour le sursaut j'ai cru que j'avais vu Seth. Et j’avais un truc important à lui dire sur nos frontières. C’est tout. Ahah… J’aurais pas accepté de venir si j’aurais voulu détaler si rapidement…

Sa voix mourut avec la fin de sa phrase qui se termina à voix basse... Si le brun s’était trouvé ridicule, il n’avait même pas idée de la honte cuisante qui écrasait le gardien à cet instant précis. Plus le temps avançait et plus il devenait évident qu’Axel n’avait aucuns talents en discussion ou socialisation. Il avait tout oublié de la marche à suivre. C’était sans doute cette peur qui lui tordait le ventre qui l’empêchait de se souvenir comment être sympa et avoir une conversation fluide.

Il termina le restant de son verre avant de laisser tomber sa tête lourdement sur la table. Les bras toujours ballants dans le vide.

- J’suis une merde pour converser cordialement avec les gens Syd, spécialement avec toi tu me mets mal à l’aise, je sais même pas pourquoi. Faut t’y faire.

Cet aveu là il l’avait fait sur un coup de tête, mais une fois dit, il était trop tard. Si bien qu’il resta le visage contre le bois les oreilles et la gorge d’un rouge soutenu. Quelque chose clochait dans la tête du plus vieux. Et surement un peu dans son cœur aussi. Syd foutait le bordel… L’avait-il déjà dit ?

Syd foutait VRAIMENT le bordel dans sa tête.

HRPG:

Invité

Bordel, c'était bien ça. Le gardien voulait partir plus tôt. Syd ne voyait aucune autre explication au fait que le blond venait de se lever soudainement. Il se contenta de fixer ce dernier avec des grands yeux perdus, ses doigts crispés autour du verre, à se demander qu'est-ce qu'il avait bien pu faire dans une vie antérieure pour mériter ça... Peut-être qu'Ayana avait une réponse ? Peut-être qu'elle pourrait l'exorciser pour qu'il arrête de balbutier, de bégayer comme un puceau devant sa chère et tendre ? Parce que Axel n'était pas ça, bordel. Axel n'était pas son... coup de c-

Ta gueule, cerveau. Rends-toi utile, plutôt, et arrête de me rendre ridicule.

Aussi soudainement, Axel se rassit, l'air presque dépassé par les événements. Syd se détendit imperceptiblement mais n'osa pas prononcer un mot, laissant à l'Aigle l'opportunité de se reprendre, d'expliquer ce qui venait de se passer. L'inquiétude du Jaguar revint au premier plan alors qu'il observait son camarade se passer une main sur le visage.
Non pas pour la première fois, il aurait donné cher pour savoir ce qui se tramait dans la tête blonde.

Il but une gorgée machinalement en attendant, pour s'occuper les mains et s'empêcher de dire un mot. Ou de s'enfuir. Au choix. Cependant, il fut rapidement récompensé pour sa patience lorsque le regard presque confus du gardien se posa sur lui. Ce dernier reprit la conversation comme si elle n'avait pas été interrompue précédemment, comme s'il n'y avait aucune tension ou gêne dans l'air. Tiens, Syd n'était pas le seul à vouloir faire semblant que rien ne clochait, c'était presque rassurant. Cependant, ce qui l'était encore plus, vu la confirmation qu'il ne voulait pas (plus ?) partir, c'était la sincérité dans la voix de son compagnon.

Syd sentit cette fois son corps se détendre et ne trouva rien de plus intelligent à répondre qu'un « OK, alors » complètement inutile, mais qui reflétait bien le chaos qui régnait dans son esprit légèrement embué par l'alcool et par le soulagement qu'il ressentait. Il observa Axel laisser tomber sa tête sur la table, dans un geste qui démontrait son découragement, et, instantanément, un sourire attendri apparut sur les lèvres du Ravitailleur.
Il le comprenait tellement. C'était à croire que cette soirée tournait à la blague. Alors qu'ils s'en sortaient si bien jusque-là. C'était juste trop dommage...

Comme s'ils avaient tous les deux suivi le même cheminement de pensées, Axel embraya sur des paroles qui firent comprendre à Syd qu'ils étaient clairement tous les deux dans le même bateau. Le Ravitailleur avait beau être plus confiant en présence de l'Aigle d'ordinaire, ce soir, ils étaient tous les en terrain inconnu, sur un pied d'égalité. Syd avait beau être chez les Jags, ça n'avait pas d'importance, ça n'était pas un avantage pour lui : il découvrait une nouvelle facette de l'autre homme, de ce que pourrait être leur relation s'ils arrêtaient leurs conneries, et c'était très déstabilisant. Le passage des mains n'avait fait qu’accroître cette nouveauté, cette étrangeté entre eux. Cependant, c'était surtout très plaisant et prometteur de belles choses, non ?

Bizarrement, il se sentit plus serein à cette pensée. Il se pencha donc vers son camarade, comme pour lui confier un secret, pour qu'il soit le seul à l'entendre. D'un voix douce encore mêlée à la gêne, il dit tout bas, son souffle frôlant certainement le crâne de son ami : « Tu veux savoir un secret, Axel ? »
En même temps, de ses doigts, il releva délicatement les cheveux qui tombaient sur le visage du Gardien, juste de quoi apercevoir une partie de ses traits. Il lui sourit doucement, la nervosité trahissant encore ses traits. « C'est pareil pour moi avec toi. » Les choses étaient dites et Syd était heureux qu'elles le soient dans l'intimité de leur table et de leurs visages – même si le rouge qui lui monta aux joues était clairement de trop, ahem.

Il profita de son élan de courage pour combattre la gêne entre eux et tenter de mettre à l'aise l'autre autant que possible – un Axel détendu détendrait forcément un Syd tendu, ce serait bientôt connu.
Toujours penché vers lui, il ramena son bras libre vers le visage du blond, un sourire toujours doux aux lèvres et ajouta, de la malice plein les yeux : « Syd des Jaguars du Sud, enchanté. Je suis dans ce clan depuis mes 10 ans ; avant je vivais dans le Sud, pas loin de la mer, mais j'apprécie le fait de ne plus avoir à me cacher des pluies acides ici. » Il laissa échapper un gloussement clairement plus serein qui, il l'espérait, aiderait Axel à s'embarquer dans la conversation.

Quant à son cœur qui battait un peu plus vite à leur proximité, il aurait bien le temps de se pencher dessus plus tard, quand il se serait calmé.

Invité

S'il y avait un prix pour manque de jugement ces deux-là avaient sans doute le tiquet gagnant. Nul homme ne valait la peine de s'humilier autant. Pourquoi se mettre dans une position pareille ? Pourquoi diable se retrouver tous les deux dans une situation où il était gênés plus que de raison.

Pourquoi ?

Parce que c'était plus fort que lui. Parce que d'une façon dont Axel ne comprenait pas encore totalement la portée sur sa vie, il ne pouvait pas vraiment s'empêcher de chercher des yeux la tête aux mèches brunes lorsque les camions de ravitaillement se stoppait devant l'entrepôt. Juste cet exemple le rendait malade. Non, le gardien ne voulait dépendre de personne. Et il n'arrivait pas à identifier ce sentiment qu'il lui tordait le ventre quand il voyait le félin.

Ça n'avait pas de sens.

Les choses allaient trop vites pour lui, il ne savait pas trop comment gérer tout ça. Il n'avait jamais été très bon avec ça de toute façon. Et beaucoup de choses avec lesquelles il était mauvais semblaient se montrer à lui, l'assurant que finalement, il était peut-être un incapable. L’Aigle en était là dans ses réflexions déprimantes quand la main de Syd retira ses cheveux de son visage.
Être touché n’était pas ce qu’il préférait. Mais il savait aussi que si c’était Syd, ça allait et ça c’était une autre connerie que le blond n’arrivait pas à s’expliquer… Qu’il ne voulait pas s’expliquer, n’étant pas particulièrement prêt à s’enfoncer dans une série de questions qui se retrouveraient surement, pour la plupart, sans réponses. Et Ax’ avait horreur de ce qui n’avait pas de réponses, la solitude avait au moins cet avantage.

Mais la main de Syd dans ses cheveux était tellement douce. Elle n’avait rien d’agressif comme celle dont il avait l’habitude. Et il aurait voulu qu’elle reste là. Les doigts emmêlés dans ses mèches. Il aurait voulu que le monde disparaisse. Il aurait souhaité que ce ne soit juste que lui et le Jaguar. Le gardien fixa les yeux de son compagnon perdant un peu la carte dans ses prunelles avant que la voix du plus jeune ne vienne briser cet étrange moment qui vola en éclat comme milles morceaux de réalité qui se plantèrent dans sa peau pour lui rappeler qui ils étaient. Comment les choses devaient se passer. Et dans un certain sens… Ce retour à la réalité lui fit mal. Il ne savait pas comment, ni pourquoi, mais quelque chose le dérangeait dans cette perte d’illusion qui n’avait pas durée assez longtemps.

Pourtant, Axel se redressa et se racla la gorge pour en retirer le restant de poussière de la bataille qui avait eue lieu plus tôt. Puis pris la main qui s’offrait à lui dans une tentative tout aussi maladroite de recommencer les choses à zéro.

- Salut ! Je suis Axel. Je suis né chez les Aigles et hm... J’ai toujours été là. Tu viens du Sud ? Je savais pas. Tu veux m’en parler ou c’est sujet tabou ?

Reprendre de la bonne manière semblait un moyen plus sain de nouer une relation… Quoi que leurs années avant avaient tout de même de l’importance pour lui… À bien y penser… Non, le gardien ne voulait pas faire comme si rien n’était arrivé. Ce passé là leur appartenait. Et tout ce qui était à eux… Axel voulait le garder. Stupide idée certes, mais pour l’instant il ne voulait pas en chercher de raison.

Ça aurait pu être très normal… Si leurs mains ne continuaient pas à se tenir bien longtemps après qu’elles auraient dû se lâcher…

Mais qu’est-ce qui se passait avec lui à la fin ? C’était agréable… Mais à la fois terrifiant.

Ce que Syd lui faisait ressentir le terrifiait.

HRPG:

HRPG 2:

Invité

Un grand sourire illumina le visage de Syd quand Axel se mit à jouer le jeu en se redressant et en lui tendant la main en retour. Le Jaguar prit garde à ne pas faire pression sur les plaies provoquées tout à l'heure et s'empressa d'agripper le poignet de l'Aigle, tandis que ce dernier attrappait le sien. C'était la première fois qu'ils se saluaient correctement, mains sur poignets, comme il était courant de le faire. C'était un geste anodin, qu'il effectuait régulièrement... mais tenir la partie charnue et vulnérable d'Axel dans sa paume était étrangement intime en cet instant. Il exerça une pression plus ou moins longue tandis que les paroles du Gardien atteignaient son cerveau.

Il avait entendu les questions mais son regard se posa d'abord sur leur bras joints qui auraient dû se séparer. Cependant, Syd sut ce qu'il devait faire, même s'il serait bien resté comme ça plus longtemps. Il s'éclaircit la gorge et ne put s'empêcher une légère caresse du pouce contre la peau du poignet de son camarade avant de récupérer son bras.

Il saisit instantanément son verre en but une petite gorgée et enchaîna directement avec sa réponse pour ne rester bloqué sur ce qu'il venait de se passer : « Non, c'est pas tabou, rassure-toi. Puis c'était y a longtemps. » Un sourire mélancolique apparut sur ses lèvres alors qu'il déposait le verre et croisait les bras devant lui, légèrement penché vers Axel, son regard fixé sur les mains bandées de son ami. « Je me rappelle pas de tout avec exactitude mais on était dans une région pas trop loin de la mer. On a vécu dans différents endroits, parfois des camps, parfois des vieux bâtiments. C'était pas toujours facile, notamment à cause des pluies acides, mais mes parents prenaient soin de nous du mieux qu'ils pouvaient. Il nous arrivait même d'avoir du poisson quand mon père poussait jusqu'aux côtes. J'y suis allé plusieurs fois d'ailleurs et... la mer, c'est... je sais même pas comment le décrire. C'était juste magique. » Enthousiasmé par son souvenir, Syd posa sans le réaliser une main sur celle d'Axel, un grand sourire aux lèvres. « Pouvoir nager dans l'eau, plonger dans les vagues, je crois que je me suis jamais senti mieux que là. Le lac jaguar, à côté ? C'est de la pisse de chat. » Un léger rire lui échappa et il reprit : « Et ma mère m'a appris ce genre de dialecte dont je connais pas le nom, un mélange entre deux langues tout aussi inconnues au bataillon. On l'utilisait pour parler avec elle et avec d'autres personnes, parfois, qu'on croisait sur les routes. »

Invité

Leur situation actuelle semblait bien plus naturelle au Gardien que tout ce qu'ils avaient vécu auparavant. Entre haine et désespoir en passant par un acharnement respectif qui allait toujours à l'encontre des désirs de l'autre. D'un coté, ça avait probablement eu du bon. Axel avait pu ainsi constaté que le Jaguar ne comptait pas lâcher le morceau si facilement. Et il aurait besoin de bien s'atteler s'il voulait être dans son cercle social. Surtout avec la réputation qu'il se traînait. Le blond se demandait parfois comment Ayana et Seth y survivait.

Leur situation actuelle semblait donc bien plus naturelle à l'Aigle dans la mesure où les choses entre eux semblaient aller de soi. Ax' songea un instant qu'après leur passé, il était grand temps qu'ils puissent se regarder dans les yeux. La caresse trop légère pour être totalement volontaire sur son poignet lui fit monter le rouge aux oreilles... Mais non contente de rester là ,la rougeur s'étendit à sa gorge et sa mâchoire. Il récupéra son poignet et s'éclaircit la gorge de la même façon que son compagnon quelques secondes plus tôt. Quelque chose d'étrange lui tourmentait l'esprit. Une chaleur cuisante lui brûlait les oreilles et une autre faisait fondre rapidement la glace qu'il avait prit l'habitude d'avoir dans sa poitrine. Le blond mit sur le compte de l'alcool son cœur qui battait plus rapidement que d'ordinaire. Le gardien croisa ses mains autour de son verre et écouta attentivement les paroles de son cadet, fasciner par ce que ce dernier lui décrivait.

- J'ai jamais vraiment aimé l'eau. Je sais pas nager. Mais ça doit être... Vraiment bien la mer... On en parle parfois dans les livres que j'ai... Et c'est quoi ce dialecte ? Y'a beaucoup de gens qui le parle ? Ça ressemble à quoi ?

Il lui fit un sourire en coin avant de regarder de nouveau autour d'eux pour éviter la gêne de cet élan de questionnement totalement imprévu et surtout très inhabituel chez lui, mais ce n'était pas mauvais du tout de découvrir une partie de Syd qu'il ne connaissait pas au travers de ses observations. Il se sentait étrangement à sa place et c'était quelque chose de délicieusement effrayant.

HRPG:

» I wanna go back but I can't back down
» Où suis-je donc tombé (pv : Kim / Flash-back)
» back to the start ☆ Taiga
» Back to the old days. [PV Ruby]
» You. Little piece of shit.[Flash Back] [PV Syd]

If I hit hard enough the silence will be back. [Syd] [FB]

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