Shall we have a talk ! ft Lizzie [FB]

Année 31 - Nous avions alors 9 ans

Pourquoi avait-elle eu cette idée stupide ? Oh oui, je comprenais, dans le fond. Je comprenais tout à fait son besoin d’être Membre puisque j’en sentais le besoin, moi aussi. Je sentais son désir au fond de mes tripes. Je pouvais tout à fait me mettre à sa place. On se mettait toujours à la place de l’autre, d’ailleurs. Vous allez me dire, c’est un lien fusionnel qui existe toujours entre les jumeaux, mais, j’avais l’arrogance de penser que nous étions tout de même complètement différents des autres. Ma sœur était tout pour moi. Elle était mon oxygène, bien au-delà de toutes les autres filles de mon âge. Un sentiment clairement étrange mais que je savais qu’elle partageait. Nous étions inséparables depuis notre naissance déjà. Alors, même si, quelque part, au fond de mon être, je pouvais savoir ce qui la poussait à rejoindre les Vipères, je ne parvenais tout bonnement pas à l’admettre, à l’accepter. Se rendait-elle seulement compte que si elle le faisait, pour de bon, elle ne pourrait revenir en arrière ? Que de cette façon, elle cassait ce lien qui nous unissait et qu’on aurait bien du mal à se voir encore après ça ? Se rendait-elle compte que c’était un adieu plus qu’un au revoir ? Réalisait-elle tous les enjeux d’une telle décision ? J’étais persuadé que non. Elle nous abandonnerait, tous. Elle m’abandonnerait moi, surtout. Elle me trahirait. Ici, elle pourrait aussi avoir une place, une bonne place, même en tant que Soumise. En plus, elle était tellement facile dans la vie de tous les jours, tellement gentille et bien vue qu’elle pourrait avoir une réelle bonne place. Je ne voulais pas perdre mon autre moi, cette Enzo au féminin à cause d’un choix égoïste. Oui, je l’admets, je suis égoïste, mais je m’en moquais un peu. Je ne voulais pas l’avoir s’échapper comme ça. Heureusement, nous avions encore neuf ans. Sa décision pouvait encore être revue, réfléchie davantage et peut-être abandonnerait-elle pour nous satisfaire tous les deux. Oui, j’étais persuadé que ça nous satisferait tous les deux si c’était le cas pour moi. Cependant, je comprenais vraiment son besoin de se battre, d’être utile et non en retrait comme simple Soumis. Je savais aussi qu’elle n’avait aucune chance d’en devenir une chez les Aigles, dans notre clan natif.

Je m’étais suffisamment défoulé contre un mur, dans ce qui était le rassemblement de maisons, dont la nôtre. Je lui avais demandé de me rejoindre à quatorze heures, ce jour-là. J’avais besoin, encore une fois, de lui parler. Nos parents étaient occupés de leur côté. Ils ne viendraient pas nous déranger. Eux, ils s’étaient fait une raison au sujet de son départ de notre clan, pas moi. Je n’avais donc pas besoin qu’ils viennent calmer le jeu. J’avais juste besoin de raisonner ma sœur, de lui faire entendre raison, ma raison, plus précisément. D’ordinaire, je m’énervais. C’était pour ça que j’avais pris la peine de me défouler avant de voir enfin sa silhouette, au loin. J’avais une très bonne vue. En la voyant approcher, je lui fis signe. « À l’heure, comme toujours, petite sœur ! », j’avais pris l’habitude de l’appeler comme ça, même si nous étions jumeaux. Je me considérais, inconsciemment, comme le grand frère protecteur. « Tu dois savoir de quoi je veux te parler. », je n’étais pas du genre à tourner autour du pot. Je détestais jouer les hypocrites quand j’avais une idée derrière la tête, surtout en sa présence, surtout quand ça la concernait. En plus, à un tel âge, on n’est pas encore franchement manipulateur. Même moi !

Invité

Dans un peu moins d'un an, j'allais quitter mon clan et ma famille pour intégrer le clan des Vipères. J'y avais beaucoup réfléchi et mes parents me soutenaient dans mon choix, même s'ils ne cachaient pas leur tristesse face à mon départ. Mais moi aussi, je voulais devenir Membre, comme mon père ! Sauf que si je restais chez les Aigles, ça n'arriverait jamais, je resterais Soumise toute ma vie. Et je ne voulais pas de cette vie.

Seulement, Enzo n'acceptait pas ma décision. Mon frère, mon autre moi comme je me plaisais à penser de temps en temps, refusait que je m'en aille. Pourtant, il devait comprendre mon envie de devenir Membre car lui aussi ressentait la même envie ! J'avais toujours cru qu'il me soutiendrait, qu'il m'aiderait dans cette passe difficile, mais non, il n'acceptait pas.

Ce jour-là, il m'avait donné rendez-vous à quatorze heures. J'étais persuadée qu'il voulait encore me parler de ça, mais j'allais essayer de dévier la conversation s'il en venait là. Enfin, c'était ce que je me disais sur le chemin qui me menait jusqu'à lui. Je voulais profiter des derniers mois passés auprès de ma famille avant de partir chez les Vipères. Ma décision, mûrement réfléchie, était prise. Personne ne me ferait hésiter, j'en étais sûre ! J'avais pris la bonne décision pour mon avenir, non ?

Enzo me gratifia d'un compliment sur ma ponctualité. Il avait l'air de bonne humeur : je lui souris et lui rendis son signe.

- Et toi, en avance, comme toujours ! ajoutai-je en le rejoignant.

C'est alors qu'il aborda mystérieusement le sujet. Je savais qu'il voulait me parler de ça. C'était pour ça qu'il avait fait en sorte que nos parents ne soient pas dans les parages, car ceux-ci me défendaient lorsqu'il s'énervait. Mais il voulait me parler seul à seule. Bon, je ne devais pas oublier mes bonnes résolutions !

- Et si on parlait d'autre chose, plutôt ? Tu ne veux pas aller chercher Kim pour aller jouer au parc ? demandai-je en tentant de changer de sujet. J'espérais qu'il voudrait bien ne pas en parler. S'il y avait bien quelqu'un qui pourrait me faire flancher, c'était lui, et je ne voulais pas changer d'avis.

Je m'étais attendu à ça. C'était bien son genre que d'éluder ouvertement mes questions, surtout à ce sujet. Ça m'énervait encore plus, ça va sans dire. C'était une championne pour me faire oublier certaines choses de son propre chef, mais là, je n'étais pas prêt de lâcher le morceau. Oui, d'ordinaire, je cédais tout à ma sœur, j'étais incapable de lui tenir tête parce que je l'adorais plus que n'importe quoi. Néanmoins, c'était beaucoup trop important que pour laisser glisser. Je ne pouvais pas lui laisser l'occasion de commettre une telle erreur ! C'était tout bonnement impossible ! Je ne pouvais pas craquer ! Pas cette fois ! Sinon, je m'en mordrais à nouveau les doigts et, si ça se trouve, j'y passerais ma nuit entière. Autant dire que mon père ne serait pas heureux de me voir pitoyable au réveil, incapable de m'entraîner même un peu alors que je rêvais de faire la même chose que lui, plus tard, être un Membre parfait pour mon clan, un Membre de renom. De toute manière, il lui faudrait bien me faire face, un jour ou l’autre. Je savais qu’en la poussant dans ses retranchements, elle finirait par m’en parler, qu’elle le veuille ou non. Je savais la guider, je savais la manipuler à ma façon. Comme elle connaissait les miens, je connaissais ses points faibles. « Tu es si pressée de voir Kim ? Ton grand-frère ne te va plus ? », oh, je rigolais, je la taquinais, mais c’était aussi une façon pour moi de lui rappeler qu’elle était face à moi et qu’on n’était pas près de rejoindre notre ami. Je voulais à tout prix lui parler, peu importe qu’elle se vexe. C’était pour son bien, bon Dieu !

Je n’allais pas lui laisser la moindre ouverture. J’allais enchaîner. « Écoute, je comprends que tu veuilles rejoindre les Vipères pour être Membre, mais tu réalises qu’elles ont un problème avec les hommes ? », traduction, elles allaient avoir un problème avec moi ! Oui, j’étais un peu égoïste mais je l’étais toujours quand il s’agissait de partager ma sœur. J’étais drôlement possessif. Et je l’assumais ! « Tu ne pouvais pas plutôt choisir les Jaguars ? », j’avais dit ce clan assez logiquement. Les Dragons n’étaient pas franchement sociables, eux non plus. « Comment on va pouvoir se voir comme ça ? Tu ne peux pas rester ? Tu pourrais être une Soumise acceptée pour ses dons de combat… Je suis sûr que papa pourra y faire quelque chose ! », j’y allais franco. Tant qu’à faire…

Invité

Enzo n'apprécia pas que je lui demande de laisser tomber cette conversation pour aller jouer avec Kim. Je soupirai lorsqu'il me demanda si mon grand-frère ne me convenait plus.

- Bien sûr que si, mais je voulais simplement qu'on aille jouer ensemble comme d'habitude.

Il continua en en venant droit au but : il ne voulait pas que j'aille chez les Vipères. Je savais qu'il n'aimait pas ma décision, qu'il ne la comprenait pas malgré tous mes efforts. Mais maintenant, il me proposait les Jaguars : il voulait à tout prix éviter les Vipères. Je savais que notre clan et celui des filles étaient rivaux, mais je m'en fichais. J'avais décidé d'aller chez les Vipères car seules les filles pouvaient devenir Membres, contrairement à ici où il n'y avait que les garçons. Et je ne voulais pas rester Soumise toute ma vie, même une Soumise respectée comme il aurait aimé que je sois.

- Enzo, je ne veux pas rester une Soumise toute ma vie. Je veux me battre, je veux être Membre, je veux compter !

Je le fixais droit dans les yeux, essayant de lui faire passer le message autrement que par les mots que je prononçais.

- Mais je ne veux pas aller chez les Jaguars, non. Tu as entendu tout ce qu'on dit sur eux ? Ils ne comptent pas vraiment.

Ce n'était pas la véritable raison de mon choix. En fait, je ne croyais pas vraiment à tout ça, j'avais toujours préféré me faire mon propre avis sur la question avant de juger. Mais c'était un argument de poids dans la conversation.

- Tu sais, je pense que ce n'est pas vrai, qu'elles n'ont pas un problème avec les hommes. Ici, est-ce que les Aigles ont un problème avec les femmes ? C'est juste comme ça qu'ils fonctionnent, c'est tout.

Mais je savais qu'Enzo resterait buté malgré tout, qu'il ne chercherait pas à comprendre. Et je n'avais pas envie d'argumenter toute la journée.

- Tu ne veux pas qu'on aille jouer ? Je n'aime pas parler de ça avec toi, tu n'es jamais d'accord.

Sujet: Re: Shall we have a talk ! ft Lizzie [FB] Mer 4 Mar 2015 - 16:23

Comme d’habitude… C’est vrai qu’on avait l’habitude de jouer avec Kim. C’est vrai aussi que je m’amusais avec eux deux réunis. On était presque aussi inséparables tous les trois que juste nous deux. Je considérais Kim comme mon frère, quelque part, mon grand frère. Il faisait partie intégrante de notre petite famille, de cœur, mais famille quand même. Alors, d’ordinaire, j’aurais foncé sur l’occasion, j’aurais pris sa main et nous aurais conduits jusqu’à chez ce garçon. Sauf que là, dans de telles circonstances, ce n’était pas possible. Ce n’était pas comme d’habitude. Ce n’était plus des jours ordinaires depuis son annonce qui m’avait littéralement déchiré le cœur. Je me sentais trahi par mon propre sang. Comment pouvait-elle seulement considérer que c’était comme d’habitude alors qu’elle me forçait à imaginer un futur sans elle, un futur sans ma sœur jumelle, celle qui me comprend mieux que quiconque sur cette Terre, dans Paris, bref, la seule qui était capable de me comprendre parce qu’elle était mon moi féminin. Je soupirai, ennuyé, moi aussi. Je m’en voulais de lui arracher l’unique possibilité de s’amuser encore un peu avant de partir pour les Vipères du Sud, tout en sachant qu’elle devait s’en vouloir aussi un peu mais c’était plus fort que moi. « Ce n’est plus comme d’habitude, Lizzie. Ce ne sera plus jamais comme d’habitude. »… et c’est de ta faute. J’évitai de rajouter ses mots qui résonnèrent malgré tout dans ma tête, tel un écho.

Lizzie revenait à la charge avec l’excuse la plus importante, la raison la plus légitime à sa décision. J’admettais, c’était certain. Comprendre, c’était au-delà de mes forces, par contre. C’était plus fort que moi. Je ne pouvais décemment pas laisser partir ma petite sœur alors que je m’étais fait la promesse de la protéger de tous les dangers existant au sein de Paris dévastée. Et des dangers, il y en a foison en ces lieux. J’avais des raisons de m’inquiéter, par conséquence. Elle ne pouvait dire le contraire. Comment la protéger si elle allait chez les Vipères qui refusent de voir le moindre Aigle sur leur territoire ? Elle était égoïste, elle aussi, quelque part, même si elle refusait de l’admettre ! « Je sais bien tout ça. Moi aussi je veux être utile, tu le sais bien. Je sais aussi que c’est difficile pour toi de rester inerte quand d’autres se battent pour défendre les autres. Tu es comme moi. Je ressens ce que tu vis et vice versa. Mais comprends… Comprends ma douleur. », voilà que je me remettais à parler de mes sentiments, moi qui m’étais juré de ne pas m’ouvrir si c’était pour me blesser. Pourtant, face à elle, c’était impossible de faire autrement. J’avais besoin de sortir mes tripes pour me justifier. « Je sais, ils ont un Chef particulièrement fou mais… quand… même. », en fait, je refusais qu’elle aille dans n’importe quel clan. « Que tu ailles chez eux ou chez les Vipères, ça ne change rien en fait. », j’avais bien envie de lui avouer qu’elle allait me manquer et que je la détestais pour avoir la force que je n’avais pas face à notre séparation.

Alors, elle reprit le sujet épineux ; la relation tendue entre les Vipères et les Aigles. C’est vrai, c’était les seuls clans qui interdisaient à l’un des deux sexes de devenir Membres. Néanmoins, comme elle le précisait, ça ne voulait pas forcément dire qu’ils manquaient de respect à ce sexe mis sur le carreau. Elle avait sorti l’élément le plus objectif et évident ; il ne connaissait pas de mauvaises réputations au sujet des Membres mâles dans son propre clan et lui-même, il était respectueux envers les filles Soumises. Peut-être que tout ce qu’on disait au sujet des Vipères étaient du vent, dans le fond. Il n’avait aucune preuve ni dans un sens ni dans l’autre. C’était difficile de l’admettre mais elle avait vu juste et ça pesait dans la balance. « C’est vrai… mais… », je ne pouvais pas dire ça… « Mais je refuse de te partager avec ces Vipères… Et puis… je ne pourrai ni te protéger ni te garder près de moi, rien que pour moi… », j’avais fini par craquer. Je m’en mordais les doigts. Comment avais-je pu me montrer aussi… faible alors qu’elle tenait le coup, en apparence ? « Comprends-moi, s’il te plait… », j’étais même à deux doigts d’accepter de jouer pour oublier ce que je venais de dire. « Si tu y tiens… allons-y, mais… n’oublie pas ça. », elle, elle ne devait pas l’oublier, par contre. Peut-être que ça suffirait à la faire changer d’avis, qui sait ?

Invité

Enzo continua quand même en me disant que ce ne serait plus jamais comme d'habitude. Je le savais, j'y avais réfléchi. Mais je n'avais pas le choix. Et s'il voulait vraiment être utile comme il le disait, il devait me comprendre. Comme moi je comprenais sa douleur : je la partageais avec lui.

- Je la comprends, moi aussi ça me fait mal de devoir partir. Mais je dois le faire. Et puis, ça ne veut pas dire qu'on ne se verra plus jamais, tu sais.

Il ne voulait pas que je parte, peu importe le clan que j'avais choisi. Moi non plus, je ne voulais pas être séparée de lui, de ma famille et de mes amis. Mais si je voulais suivre la voie que j'avais choisi, je n'avais pas d'autre option que de quitter les Aigles. Enzo me laissait voir toute sa détresse, et cela me faisait mal au cœur. Il refusait de me partager avec les Vipères, sur un territoire où il ne serait plus là pour me protéger et être avec moi, nous qui avions toujours été si proches.

- Ce n'est pas parce que nous serons éloignés qu'on ne sera plus frère et sœur ! Nous serons toujours proches dans notre tête, comme avant. On se verra moins, c'est tout.

J'essayais de relativiser, de lui montrer le bon côté des choses. Mais il n'avait pas l'air de comprendre. Il voulait que moi, je le comprenne. Et je le comprenais, c'était l'une des choses les plus dures à supporter. Parce que moi aussi, j'avais du mal à imaginer ma vie loin de lui. Mais j'en avais parlé à papa et maman, longuement, et nous en avions conclu que c'était la meilleure façon pour moi de compter et de faire ce que je voulais faire. Ce n'était pas facile comme décision, mais je l'avais prise en connaissance de cause, et je ne voulais pas changer d'avis.

Enzo accepta finalement d'aller jouer. Mais il ajouta que je ne devais pas oublier. Je ne devais pas oublier que je lui manquerais tout autant qu'il me manquerait. Que j'allais quitter ce que j'avais toujours connu et chéri pour me lancer dans l'inconnu, seule au milieu des Vipères. Que je le blessais en prenant cette décision, et que j'en souffrais aussi lorsque je venais à ne plus penser uniquement au positif.

- Enzo, je ne veux pas que tu sois fâché sur moi. Je... j'ai besoin que tu me soutiennes aussi, comme papa et maman le font. Ce n'est pas facile, tu sais. Et je ne veux pas qu'on soit fâchés alors que je vais bientôt partir.

Elle avait facile. Oui, Lizzie avait facile. Ou plutôt non, c'était juste ma réaction hors proportion à un tel électrochoc. Qui l'eut cru qu'un jour ma sœur, ma petite sœur comme je l'appelais toujours malgré que l'on soit jumeaux, m'annoncerait, aussi nerveuse soit-elle, qu'elle avait pris la décision de quitter les Aigles pour rejoindre les Vipères ? Évidemment que je comprenais son besoin ! Évidemment que je me savais égoïste à ce moment précis mais qui aurait accepté de savoir sa sœur dans un autre clan ? C'était une trahison mais plus que cela avant tout. Quand je ne lui sortais pas stupidement la carte de la trahison, je me disais que c'était surtout un abandon affectif qui me rendait faible. Oh ! Je ne suis pas le genre à se convaincre et à convaincre ouvertement les autres de ma supériorité, loin de là. Dans le fond, je n'étais peut-être pas vraiment ce grand-frère fort et imbattable. Je n'étais peut-être qu'un gros ourson qui avait besoin de sa sœur pour vivre entièrement. J'ai toujours su que nous étions presque le même reflet, se répercutant dans un miroir. Néanmoins, je ne pouvais décemment pas lui montrer ça. Non, je devais lui montrer que j'étais là pour elle. Je devais mordre sur ma chique. Je devais dépasser ce détail même si ça détruisait mon cœur. Pourtant, je préférai rester muet pour un début. Que pouvais-je bien répondre de décent après ça ?

Plus j'y réfléchissais, plus je ne voyais plus que le choix dérangeant : les Vipères. C'est vrai que les Jaguars n'étaient pas plus sûrs ; avec un chef alcoolique et qui traite étrange ses Soumises, ce n'était pas une situation propice à son épanouissement personnel ou même juste envisageable. Je ne voulais pas qu'on m'annonce, quelques jours seulement après sa Soumission qu'elle était devenue l'une des putains de ce... Joshua, si je ne me trompe pas. D'ailleurs, ce clan était devenu renfermé, malsain et même poubelle, comme certains le surnommaient. Les Dragons, ce n'était peut-être pas mieux à moins de faire ses preuves et d'être une native. Ce qu'elle n'était pas. Alors, elle y avait bien réfléchit. C'était le meilleur choix, dans le fond. Mais et moi, dans ce cas ? Comment me verraient ces Vipères si je m'approchais de trop près et trop souvent. Il y avait bien le centre neutre mais je suppose qu'elle devait aussi faire ses preuves au départ et donc se concentrer sur son nouveau clan puisqu'il s'agirait d'un transfert. J'allais véritablement devoir me contenir tout ce temps si je voulais lui laisser la possibilité d'avoir sa nouvelle vie sans accrocs. « Moins... Surtout au début de ton transfert. Tu devras faire tes preuves. Tu devras t'intégrer. C'est quand même toujours plus simple pour une fille là-bas, je suppose. », dis-je en haussant les épaules en imitant maladroitement le détachement. Je ne l'étais pas, détaché. « Tâches quand même de faire attention à toi. », dis-je tout naturellement, comme si je la sermonnais ou lui donnais des conseils, en fait. « De toute façon, tu es suffisamment forte pour écraser même celles qui sont du clan depuis leur naissance. », oui, je mettais toujours ma sœur en avant. Elle était la meilleure pour moi. Je n'ai jamais été objectif à son sujet.

C'était un peu ma façon à moi de lui dire que je comprenais son choix, dans le fond. Je n'étais pas clair, je n'allais pas avouer explicitement tout ça parce que c'était plus fort que moi. Quand il s'agissait d'elle ou de la famille, je me montrais très fier. C'était bien la seule situation qui me rendait aussi fier. Je l'avoue franchement.

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