If you give me what I want then I'll give you what you like
PV Violette (nuit 5)
Yulia titubait. Autour d'elle, le monde dansait. Les maisons s'allongeaient et le sol créait des pièges vicieux sur son passage. Elle était déjà tombée à trois reprises, mais à chaque fois elle était parvenue à se remettre sur ses pieds et elle avait repris sa route. C'était un exploit au vu de son équilibre. Mais elle voulait suivre cette drôle de boule de lumière qui passait régulièrement dans son champ de vision et semblait l'appeler. Elle voulait savoir ce qu'elle lui voulait. Elle était certaine qu'elle avait quelque chose à lui dire. Cette nuit, Yulia n'était pas vraiment dans son état normal. La journée avait été riche en émotions. Beaucoup trop même. Malgré sa fatigue, elle avait choisi d'aller se changer les idées. Son premier réflexe avait été de penser au quartier des jeux, mais les vipères n'étaient pas bien vues chez les jaguars et elle n'était pas certaine d'avoir envie de croiser ses connaissances. Elle n'était pas en état de subir une remontrance fraternelle et l'idée de croiser Kahlan lui serrait le cœur. Yulia avait donc choisi d'aller au bar à drogues. Elle n'était pas très portée sur les poisons servis là-bas, mais ils servaient fort heureusement aussi de l'alcool. Seule, elle avait enchaîné les verres en essayant de chasser les soucis de son esprit. Jusqu'au verre de trop. Celui-là était un peu différent des autres. Il avait fait plus d'effet que les autres et elle ne se souvenait actuellement même plus de ce qu'elle avait cherché à oublier en buvant. En fait, Yulia ne se souvenait plus de rien. La seule chose qui restait présente dans son esprit c'était cette envie pressente de suivre la boule de lumière.

Soudain quelqu'un se substitua à la boule de lumière. Cette dernière était toujours là, mais elle semblait irradier moins fort que la silhouette qu'elle voyait non loin d'elle. De sa démarche zigzagante, Yulia se rapprocha.

— Hééééé toi aussi tu veux faire la conversation à la lumière ?

C'était la seule raison qui pouvait expliquer sa présence ici. Violette avait bien une tête de chasseuse de lumière de toute façon. Dans un flot de pensées complètement incohérent, Yulia se mit dans la tête que Violette était la personne idéale sur qui faire une pause. Elle avait mal aux jambes et elle était fatiguée. Avec tout le naturel du monde, elle glissa ses bras autour de la nuque de Violette et sauta pour venir accrocher ses jambes autour de sa taille. Avoir réussi son coup lui arracha un rire particulièrement idiot et elle vient frotter son nez contre celui de la dragonne.

— C'est cool de te revoir ici. On s'était pas vues depuis longtemps. Elle prit quand même conscience de l'idiotie de cette remarque et ajouta en riant. Enfin depuis ce matin.

Pourquoi es-tu sortie ? Tu n'en sais rien. La journée a été riche en émotions et peut-être que tu veux juste changer d'air. Ça n'a rien à voir avec ta petite crise de l'autre jour qui a provoqué ta rencontre avec Samael. C'est un tout autre sentiment qui te pousse à te balader à l'extérieur. Ce genre d'attitude ne te ressemble pas. Tu as un mode de vie plutôt sain en général et dormir la nuit fait partie de tes priorités. Le corps a besoin de repos pour engranger l'expérience tu le sais pertinemment. Mais ça ne t'empêche pas de le fatiguer inutilement. La nuit est belle aujourd'hui. La lune est ronde et brille fort ce qui t'offre une vision assez claire. Tu repères donc sans mal cette fille qui titube à quelques mètres de toi. Elle doit être saoule. Cette constations te fait lever les yeux au ciel. Tu ne comprends pas ce type d'habitude. Se mettre minable de la sorte est complètement idiot et n'arrange rien. Tu n'es pas vraiment branchée par l'alcool probablement car tu n'aimes pas perdre le contrôle. Cette minuscule dose de drogue prise ce matin te semble déjà être de trop même si tu dois bien avouer qu'elle t'a aidé lors de l'entraînement. Pas décidée à te faire emmerder par une poivrote tu passes ton chemin sans plus penser à elle. Mais elle pense à toi.

YULIA – Hééééé toi aussi tu veux faire la conversation à la lumière ?

Tu connais cette voix et tu n'aimes pas beaucoup le frisson qu'elle déclenche le long de ton échine. Avec consternation tu tournes les yeux vers Yulia qui approche. Son discours est complètement incohérent. Elle te fait pitié à ne même pas marcher droit. En fait tu n'aurais jamais pu imaginer que Yulia était ce genre de fille. Pourtant tu l'as vu dans ce bar des Vipères un peu plus tôt alors pourquoi ça t'étonne vraiment ? Tu ne prends même pas la peine de répondre à sa question. Qu'aurais-tu pu dire de toute façon ? Yulia est désormais tout près de toi. Tu la fixes sans trop savoir comment réagir. Tu ne sais pas gérer les gens bourrés, ils sont beaucoup trop imprévisibles. Tu t'attends en quelque sorte à tout. Mais pas à ce qu'elle finit par faire. La Vipère vient de passer ses bras autour de ton cou et elle te saute littéralement dessus. Malgré la surprise, tu passes tes bras autour d'elle et tu tentes de limiter les dégâts. Tu fais un pas en arrière et tu réussis de justesse à vous stabiliser avant la chute. Pendant que tu galères elle rigole. Tu grognes un peu sous l'effort.

VIOLETTE – Bordel t'es plus lourde que tu en as l'air.

Mais Yulia s'en fout. Elle approche son visage du tien et tu te retrouves à respirer son haleine alcoolisée alors qu'elle frotte son nez contre le tien d'une façon bizarre.

VIOLETTE – En plus tu pues !
YULIA – C'est cool de te revoir ici. On s'était pas vues depuis longtemps.

Elle est en train de dépasser les limites de la stupidité. Vous vous êtes vues aujourd'hui comment est-ce que ça peut faire longtemps ?

YULIA – Enfin depuis ce matin.

Et elle rigole encore. Tu trouves vraiment étrange de la voir aussi joyeuse. Cet état d'euphorie la change indéniablement. En bien ou en mal ça tu n'en sais trop rien.

VIOLETTE – Ça te dérangerait de descendre ?

Tu pourrais simplement la larguer là mais vu son état elle pourrait avoir un geste maladroit et t'entraîner avec elle dans sa chute. Et puis même si tu ne te l'avoues pas tu n'as pas envie qu'elle se fasse mal inutilement. Mais elle pèse quand même son poids et tu ne tiendras pas toute la nuit dans cette position. Surtout avec tout ces sentiments qu sa proximité remue en toi. Les évènements de ce matin sont bien trop frais dans ton esprit.

La façon qu'avait Violette de la regarder ne perturbait pas Yulia. Dans son état, elle aurait aussi bien pu la fusiller du regard que cela aurait été pareil. Œillade charmeuse, œil de feu, c'était du pareil au même. Son point de vue sur les détails était quasiment nul. C'était déplorable, mais encore une fois elle ne pouvait pas s'en rendre compte. L'alcool et les drogues la préservaient de la honte et de la sensation de danger imminent. Ils la rendaient aussi plus joyeuse et ouverte. Euphorique, c'était le mot exact. Ah ça pour s'extasier de tout et n'importe quoi, elle était présente. Mais pour se rendre compte qu'elle était pendue au cou d'une fille qui ce matin lui avait fait du mal à cause de qui elle avait bu, justement, il n'y avait plus personne.

Dans les bras de Violette, Yulia se sentit instantanément bien. Presque à sa place. Elle était littéralement accrochée à elle et appréciait sa chaleur en cette nuit froide. Pourquoi n'avait-elle pas faire ça plus rapidement ? Il y avait déjà eu des contacts entre elles, mais pas comme ça. Il y avait quelque chose de terriblement intime dans cette étreinte. Plus intime encore que ces proximités et ces baisers partagés au cours de ces derniers jours. Mais ça Yulia ne le comprenait pas vraiment. Son esprit s'arrêtait à la sensation de bien être et son cœur disait amen.

— C'est pas vrai je suis comme un nuage. s'indigna-t-elle.

Juste après, Yulia se remit à rire. Oui, c'était bien d'être un nuage surtout si elle pouvait continuer à s'accrocher à Violette. Et qu'importe que Violette soit vindicative. Face à sa critique sur son haleine, Yulia ressentit le besoin d'en rajouter une couche, mais le temps que son cerveau analyse, la dragonne avait déjà repris la parole. Elle lui demandait de descendre. Complètement choquée par cette idée, la vipère s'accrocha plus encore. Elle se fichait bien d'étouffer Violette dans la manœuvre tant qu'elle n'avait pas à descendre.

— Non ! Non ! Non ! J'veux pas !

Elle secoua vigoureusement la tête avant d'aller nicher son visage dans le cou de Violette. Yulia se comportait comme une vraie gosse. Alors qu'elle effleurait de son souffle chaud la gorge de la brune, elle se souvient d'un détail. Elle redressa donc la tête et après un coup d’œil aguicheur, elle embrassa la dragonne à pleine bouche.

— Je suis sûre que tu trouves plus que je pue maintenant... glissa-t-elle contre ses lèvres avant de l'embrasser à nouveau.

Cette fille est complètement défoncée. Impossible qu'il n'y ait que de l'alcool là-dessous. Le cocktail a dans tous les cas été explosif et tu ne reconnais pas la Yulia qui te colle depuis maintenant trois jours. C'est fou tu la connais à peine et tu l'as croisée plus de fois que ton Lieutenant ces derniers temps. A choisir tu te demandes si tu ne préférerais pas que ce soit le contraire. Encore que Michael est moins mignonne. Cette simple pensée t'agace. Tu voudrais t'en foutre de Yulia mais visiblement tu n'y arrives pas. Tu as essayé de ne pas penser à elle toute la journée mais elle a laissé sa trace dans ton esprit.

YULIA – C'est pas vrai je suis comme un nuage.

Pitié qu'elle se taise. Elle est un brin pénible avec la bouche fermée mais lorsqu'elle l'ouvre ça devient l'horreur. En plus c'est quoi ce discours ? Et quel est le rapport avec un nuage ? La Vipère profite honteusement de ton trouble. Elle continue à rigoler et tu te rends compte que tu aimes l'entendre rire. La tenir contre toi n'est pas désagréable non plus. Plus d'une fois tu as envisagé le fait que sa présence ne soit pas dérangeante mais aujourd'hui tu aimes ça. C'est à croire que les vapeurs de l'alcool qu'elle a ingurgité te contaminent. En vérité tu es intoxiquée depuis des heures par elle mais tu n'es pas prête de l'admettre.

YULIA – Non ! Non ! Non ! J'veux pas !

Durant un instant tu as peur qu'elle ne te broie littéralement entre ses membres mais heureusement elle n'a pas tant de force que ça. Il n'empêche que vu comme elle s'accroche tu n'es pas prête de t'en débarrasser. Si tu la lâches vous vous plantez toutes les deux. Et une fois à terre elle pourrait très bien te faire une prise de catch bien plus désagréable que l'actuelle. Lorsqu'elle s'installe plus confortablement en nichant la tête dans ton cou, ton cœur se met à battre plus vite. Trop vite. Le sex-appeal de cette fille bourrée est hallucinant et tu te sens fondre alors qu'elle respire juste trop fort contre ta gorge. Visiblement consciente de son effet, ou peut-être est-ce toi qui fabule, elle se redresse pour t'embrasser avec une soudaineté et une passion qui te coupent le souffle. Tu es suspendue à ses lèvres. Tes bras se serrent machinalement plus fort autour d'elle.

YULIA – Je suis sûre que tu trouves plus que je pue maintenant...
VIOLETTE – Ferme la !

Elle a complètement raison et tu ne veux pas lui faire le plaisir de l'avouer. Tu ne veux pas non plus qu'elle cesse de t'embrasser. Tu as combattu le besoin de l'embrasser deux fois déjà, tu ne le feras pas une troisième. Heureusement elle ne le fait pas et tu abuses de son état sans aucune honte. Elle n'avait qu'à pas se déchirer comme ça, elle assumera les conséquences demain matin. Les lèvres pressées contre les siennes tu forces l'entrée de sa bouche de la pointe de ta langue pour insuffler plus de passion encore à ce baiser. Soudainement le fait de devoir la tenir devient parfaitement dérangeant. Tes mains trépignent dans son dos. Tu voudrais la toucher mais tu ne le peux pas et ça te frustre au plus haut point.

Yulia avait embrassée Violette pour prendre une revanche à propos de cette critique sur son haleine. Initialement, du moins. Dès que ses lèvres avaient touché les siennes, cette basse vengeance lui avait semblé bien plate. En réalité, elle l'embrassait parce qu'elle en avait envie. Sans retenue, chaque pensée devenait réalité en un instant. C'était délicieux de pouvoir se permettre d'agir sans réfléchir. Reposant même. Mais Yulia était à des kilomètres de tout cela. Son seul point de mire était la bouche de la dragonne qu'elle s'appliquait à embrasser. Cette dernière se fit plus entreprenante et Yulia du retenir un gloussement idiot. Des pensées étranges dérivaient encore dans son esprit. L'une d'elle se fit plus prenante et elle s'écarta soudainement de Violette, les yeux ronds d'admiration.

— Wah comment ils sont trop beaux tes cheveux !

Cette pensée soudaine sortait de nulle part. Complètement focalisée sur son nouvel objectif, Yulia tripota un instant les cheveux de la dragonne. Elle décrocha ensuite ses jambes toujours serrées autour des hanches de Violette et se laissa tomber au sol. D'une façon un peu brute, elle s'arracha à la prise de la brune et lui tourna longuement autour en attrapant de temps en temps l'une de ses mèches.

— J'avais jamais fait attention, mais ils sont trop jolis. Tu fais sauvage quand ils sont détachés. Comme la crinière d'un lion et tout. En fait, t'aurais trop pu être une jaguar.

Yulia ne se rendait absolument pas compte de la dangerosité de ses paroles. Pourtant, au cours de ses précédentes rencontres avec Violette, elle avait pu voir à quel point le sujet jaguar était tabou. Toute innocente, elle revient se planter devant la dragonne.

— Bon moi j'y vais, il est tard.

Elle ne resta en place qu'une poignée de secondes et se fut pour se hisser jusqu'au visage de Violette pour lui voler un baiser.

— Fais de beaux rêves. En pensant à moi, par exemple. souffla-t-elle avec un sourire enjôleur.

Yulia partit ensuite vers ses frontières d'une démarche sautillante et toujours titubante. Elle chantonnait même sans se soucier de ce qui l'entourait, ni du fait que Violette aurait pu la suivre.

L'alcool te semble soudainement être merveilleux lorsqu'il est consommé par quelqu'un d'autre. Il rend Yulia bien plus entreprenante et vous permet de reprendre ce petit tête à tête qui a tourné au désastre ce matin. Ton point de vue sur la chose n'a pas changé. Elle t'attire mais il s'agit juste d'une attirance physique. Lorsque tu auras satisfait ton envie d'elle, Yulia disparaîtra de tes pensées. C'est du moins ce que tu espères en l'embrassant. Alors que la situation prends enfin une tournure intéressante il se passe un truc étrange dans la tête de Yulia. Elle casse votre contact soudainement et te regarde avec admiration. Là tout de suite tu te demandes si tu dois t'inquiéter. Est-ce qu'elle souffre d'hallucinations ?

YULIA – Wah comment ils sont trop beaux tes cheveux !

Tu ne t'y attendais pas à celle-là. Tu restes perplexe et silencieuse pendant qu'elle te touche les cheveux. C'est une expérience qui aurait pu être comique si elle ne venait pas de démolir l'ambiance avec ses conneries. Visiblement obnubilée par tes cheveux, elle cesse de s'agripper à toi et retourne sur ses jambes. C'est bizarre. Tout à l'heure tu voulais qu'elle te lâche et maintenant qu'elle n'est plus dans tes bras tu te sens un peu vide. Elle joue les vautours en te tournant autour et continue à te tripoter les cheveux pendant que tu lui lances de rapides coups d’œil pour surveiller ses mouvements. Vu son état tu as un peu peur de son prochain délire.

YULIA – J'avais jamais fait attention, mais ils sont trop jolis. Tu fais sauvage quand ils sont détachés. Comme la crinière d'un lion et tout. En fait, t'aurais trop pu être une jaguar.

Ta mâchoire tombe. Ok elle est défoncée mais tu pensais avoir été claire à ce propos. Tu les détestes ces saloperies de félins, t'entendre dire que tu aurais pu en être une vient remettre un peu d'huile sur le feu qui couve en toi. Le temps que tu réagisses face à ce bouillonnement Yulia s'est plantée devant toi comme si elle ne venait absolument pas de balancer une bombe. Son attitude est tellement hallucinante que tu n'arrives même pas à te décider sur ton humeur. Tu balances entre une furieuse envie de l'étriper et la frustration de la sentir si loin de toi.

YULIA – Bon moi j'y vais, il est tard.

Quoi comme ça d'un coup ? Elle t'allume et puis elle se casse ? Comment est-ce qu'une fille bourrée peut penser qu'il est temps de rentrer d'abord ? Elle ne peut pas changer sans arrêt les règles du jeu comme ça. Soit elle est déchirée, soit elle ne l'est pas mais qu'elle ne garde pas un pied de chaque côté. Tu pensais que enfin vous alliez franchir la ligne. Tu...espérais ? Le concept est étrange.

YULIA – Fais de beaux rêves. En pensant à moi, par exemple.

Elle t'a embrassé. Encore. Interdite tu restes prostrée alors qu'elle s'en va. En plus elle en a remis une couche avec son petit sourire qui en dit long sur ce qu'elle sous-entends.

VIOLETTE – Ne pense pas à elle !

Tu intimes cet ordre à ton cerveau mais il a déjà commencé à se faire des films. Votre échange a de quoi alimenter tes fantasmes et en sentant une douce chaleur dans le creux de ton ventre tu ne peux pas ignorer plus longtemps la vérité. Tu as faim de Yulia. Tu es même affamée.

VIOLETTE – Oh et puis merde.

La prudence n'a qu'à aller se faire voir. Sans l'ombre d'une hésitation, tu t'élances à la suite de Yulia que tu rattrapes sans grandes difficultés. Elle marche toujours d'une façon aussi peu assurée et c'est à se demander comment elle va retourner chez elle. Tu glisses un bras autour de sa hanche pour l'attirer à toi alors que vous marchez. Cette fois hors de question de la laisser fuir.

VIOLETTE – J'espère que tu te souviens d'où tu habites et que tu n'as pas de colocataire.

Ta voix est grondante mais ce n'est pas à cause d'un quelconque énervement. Elle cache ton envie qui couve comme la braise sous les cendres.

Le nez en l'air, Yulia marchait pour rentrer chez elle. Elle n'avait pas encore passé les frontières et elle ne prêtait aucune attention à ce qu'il se passait autour d'elle. Elle fut donc un peu surprise en constatant la présence de Violette à ses côtés. Elle avait eu un léger sursaut, mais un grand sourire naquit à nouveau sur ses lèvres.

— Tiens, toi aussi tu vas par là ?

Encore une stupidité à ajouter à sa liste. Si on lui demandait à quel clan Violette appartenait, elle aurait dit Dragons pourtant. Mais il lui semblait quand même logique que la brune prenne le même chemin qu'elle pour rentrer chez elle. Le bras de Violette passa soudainement autour de sa taille et Yulia se retrouva collée à elle. Cette approche possessive n'était pas pour lui déplaire et avait au moins le don de lui assurer un meilleur équilibre.

— Bien sûr que je sais où j'habite. dit-elle, outrée. Et oui, je vis seule. Pourquoi ? Tu cherches une colocataire ?

Encore une connerie pour la liste de Yulia. Réellement curieuse, elle coula un regard à Violette avant de se concentrer sur les frontières qui approchaient. A la vue d'une sentinelle, elle lui fit un grand signe de la main.

— Coucou Clara.

La dénommée Clara resta silencieuse en l'observant. Elle doutait visiblement de la vision qu'elle avait sous les yeux. Elle lança un regard suspicieux à Violette avant de s'avancer pour les rejoindre.

— Yulia tout va bien ?
— Je tiens une super forme. On rentre à la maison là. Faudra pas que tu le dises à Dalia, mais j'ai un peu abusé au bar.

Comme si Dalia en avait quoi que ce soit à faire. Yulia se sentit quand même obligée de poser son index sur ses lèvres avant de se mettre à rigoler.

— Et elle ?
— C'est ma copine Violette. Elle me raccompagne parce qu'elle a peur que je me perde en route. En plus, il faut qu'on parle de notre colocation.

Complètement perdue, Clara hocha légèrement la tête. Parler avec une Yulia bourrée ne rimait à rien et elle ne faisait de toute façon rien qui enfreignait les règles. Elle les laissa simplement passer en tâchant d'oublier vite cette rencontre des plus étranges.

La suite du trajet se passa sans accroche. Yulia trouva effectivement sa maison et y entra d'une démarche chancelante en se tenant au mur. Elle n'était pas mécontente d'être de retour quand même. Par réflexe, elle se dirigea vers sa chambre et se laissa mollement tomber sur le ventre dans son lit en poussant un soupir. Seigneur, elle ne voulait plus jamais quitter ce lit.

La surprise que tu génères chez Yulia t'importe peu. Tu ne t'étonnes même pas que dans son état elle n'ait plus vraiment conscience de son environnement. C'est l'un des soucis avec l'alcool. Il rend faible et la Vipère est en cet instant une cible facile pour tous les types de prédateurs. Finalement tu n'es pas si mécontente que ce soit toi qu'elle ait choisi d'aborder. Il aurait pu lui arriver n'importe quoi et étrangement cette idée te déplaît. Tu n'aurais pas aimé qu'elle flirte avec quelqu'un d'autre. Ou même qu'elle soit blessée. A ta façon tu te soucies d'elle.

YULIA – Tiens, toi aussi tu vas par là ?

Tu soupires d'exaspération. Cette fille est définitivement une plaie. Mais une plaie adorable. Et sexy. Maintenant que tu as accepté ton attirance pour elle les pensées sont plus fluides et plus déroutantes encore. Ce qui te pousse à ne plus vouloir penser du tout.

YULIA – Bien sûr que je sais où j'habite. Et oui, je vis seule. Pourquoi ? Tu cherches une colocataire ?
VIOLETTE – Ouais c'est ça je cherche une coloc'.

Tout ce qu'il ne faut pas dire pour qu'elle la ferme. A la vue des frontières et donc d'une sentinelle tu te raidis. C'est un point que tu as oublié. Si jamais tu te fais prendre à essayer de rentrer sur le territoire des Vipères cela va t'attirer des soucis. Théoriquement les Dragons et les Vipères n'ont aucun problème alors tu supposes que tu ne te feras pas tuer directement. Mais tu ne sais pas si tu ne préfères pas cette solution comparée à celle consistant à ce que tes gradés aient connaissances de cette histoire. Tu n'es pas vraiment connue pour aller fouiner dans les autres clans. Encore moins pour fraterniser avec l'ennemi. En temps normal tu détesterais attirer la honte sur les tiens mais tu es un peu high toi aussi alors l'idée passe vite. Yulia se shoote à tu ne sais quel substance et toi tu es pleine de cette émotion grisante que Yulia injecte en toi.

YULIA – Coucou Clara.

Merde tu as oublié la bombe à retardement à côté de toi. Il ne manquerait plus qu'elle te vende sans s'en rendre compte. En plus elle fait signe à la sentinelle comme si vous n'étiez pas déjà assez voyantes. Bon rester naturelle. La fille te fixe alors tu tâches de paraître à ton aise. Tu lui adresses même un sourire qui se veut inoffensif. Il faut vraiment qu'elle pense que tu sois une Vipère.

CLARA - Yulia tout va bien ?
YULIA – Je tiens une super forme. On rentre à la maison là. Faudra pas que tu le dises à Dalia, mais j'ai un peu abusé au bar.

Dalia. Comme Dalia la Tireuse d'élite du clan ? Qu'est-ce qu'elle vient faire dans l'histoire ?

CLARA - Et elle ?
YULIA – C'est ma copine Violette. Elle me raccompagne parce qu'elle a peur que je me perde en route. En plus, il faut qu'on parle de notre colocation.

Tu n'as rien eu le temps de dire. Étonnement Yulia gère bien son coup. Tu aurais préféré qu'elle évite de donner ton nom mais il doit bien y avoir des Violette chez les Vipères. Tu l'espères du moins. La sentinelle vous laisse finalement passer et tu t'autorises un long soupir de soulagement lorsque vous vous trouvez assez loin. Tu étais plus stressée que tu ne le pensais. Mais l'épreuve est passée et Yulia continue son chemin comme si de rien n'était. Tu n'es pas vraiment d'humeur à faire la conversation donc tu te tais. Ce petit stress t'a fait un peu retombée et tu recommences à penser. Heureusement la maison de la Vipère se présente rapidement. Elle te lâche et y entre sans t'inviter à la suivre ce que tu fais quand même. Tu progresses plus lentement derrière elle. Tu étudies ce nouvel environnement avec attention. Son chez-elle n'est pas bien différent de ce qu'on trouve chez les Dragons. En fait c'est la première fois que tu met les pieds dans un autre clan, c'est une expérience en soi. Après ton inspection tu prends le même chemin que Yulia plus tôt et tu te retrouves dans sa chambre. Elle est vautrée sur le lit d'une façon qui n'annonce rien de bon.

VIOLETTE – Oh non, non, non ma cocotte.

Si Yulia croit que tu vas te contenter de la border pour la regarder dormir elle se fourre le doigt dans l'oeil. Craignant de la voir déjà sombrer tu lui secoues un peu le mollet. Tant d'innocence te dépasse un peu. Elle est tranquillement allongée sur son lit et elle ne semble absolument pas consciente de l'effet qu'elle a eu sur toi. Pourtant après la façon dont elle s'est littéralement jetée sur toi il y a de quoi ne pas rester de marbre. Et puis ce baiser échangé était intense. Lorsque tu te rends compte que tu es en train de lui retirer ses chaussures, tu constates que tes actes sont légèrement opposés à tes pensées. Inconsciemment tu as voulu qu'elle se sente plus à l'aise. Plus à l'aise pour dormir puisque son oreiller à l'air plus attirant que toi en cet instant. Quand tu as fini, tu l'observes un instant. Tu ne sais pas quoi faire. Franchement cette fille est en train de t'embrouiller la tête. Tu n'as jamais laissé une de tes conquêtes te faire tourner en bourrique de la sorte. Sauf que Yulia n'est pas vraiment une conquête. C'est juste une nana que tu croises trop souvent. Une nana qui te fait sentir un truc que personne ne t'a jamais fait sentir. Tu pousses un soupir. Il y a un truc qui ne tourne pas rond. Perplexe, tu retires tes bottes et tu te laisses tomber sur le lit à côté d'elle. Allongée sur le dos, tu passes une main dans tes cheveux pour les écarter de ton visage. Et maintenant quoi ?

VIOLETTE – T'es vraiment pénible comme meuf. J'aurais du t'égorger la première fois que je t'ai vue, ça m'aurait épargner bien des soucis.

Oui mais il n'y aurait pas eu ce baiser. Et celui d'avant encore. Et celui les précédait tous les deux. Mine de rien Yulia a pris de la place dans ta vie en quelques jours. Tu n'as pas voulu d'elle mais elle était là. La détester, avoir envie de l'étriper, de l'embrasser,... Tout ça t'a un peu aidé à penser à autre chose. Elle t'a changé les idées avec une efficacité jusqu'ici inconnue. Et là alors que toutes tes pensées véhiculent vers elle tu ne sais plus quoi faire. Comment est-ce que cette idiote peut être aussi passive alors que tu as désespérément envie d'elle ? Sentir la simple chaleur de son corps à proximité du tien te rend folle. Elle est si proche et pourtant... Pourtant tu la sens inaccessible. Mais pas à cause d'une quelconque barrière qu'elle place. C'est juste qu'elle n'est pas dans un état optimal et que si elle dort, tu n'as pas envie de la réveiller. Tu te tournes sur le côté, poses ta joue dans la paume de ta main. Tu ne peux pas voir son visage et ça te dérange. En bougeant tu t'es encore rapproché un peu plus d'elle. Tu effleures la cambrure de ses reins du bout des doigts. Progressivement tu remontes jusqu'à atteindre l'une de ses mèches de cheveux que tu entortilles autour de ton index. Tu aimerais vraiment qu'elle fasse un geste car toi tu es trop perdue.

Yulia ne dormait pas. Elle en aurait été bien incapable. L'adrénaline la maintenait en éveil et elle ne faisait que feindre l'immobilité. Son lit était confortable et l'idée de dormir était pourtant tentante, mais avec Violette qui déambulait chez elle, elle n'aurait pas pu fermer l’œil. Ce n'était pas une question de confiance. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle avait confiance en Violette. La dragonne l'avait menacée plus d'une fois, l'avait trompée, blessée, mais jamais elle n'avait mis aucune de ses menaces à exécution. Yulia savait d'expérience qu'une menace non exécutée n'en était pas une. C'était juste une protection. Si Violette avait du lui faire quelque chose, elle l'aurait déjà fait depuis longtemps. Cette réflexion ne datait pas de cette nuit. Sur le moment, elle faisait confiance à Violette par principe et non pour toutes ces raisons qui grouillaient sous l'alcool et les drogues qui lui embrumaient le cerveau. De toute façon, la confiance n'était pas une question d'esprit, mais bien d'instinct. Ce n'était donc pas la peur qui la gardait bien réveillée. C'était Violette tout court et le manque qui s'était glissé en elle depuis qu'elles n'étaient plus aussi proches.

Quand la voix de la brune résonna, Yulia ne pu réprimer un sourire qu'elle espéra silencieux. Rester immobile suite à son geste vers son mollet fut aussi particulièrement difficile, mais elle resta avec la tête obstinément enfoncée dans son coussin. Cette petite balade au clair de lune lui avait un peu éclaircie les idées et quelques pensées fusaient parfois. Elle était gênée. Cette gêne ne fut qu'augmentée quand elle ne sentit plus le poids de ses chaussures à ses pieds. Elle eut bien du mal  à ne pas se retourner pour voir ce qu'il se passait. C'était le plus difficile. Rester aveugle ne lui réussissait pas vraiment. Yulia peinait aussi à supporter le regard de Violette qu'elle sentait sur elle. Il y eut encore un peu de bruit, puis le matelas bougea et la dragonne fut à côté d'elle. Cette fois, Yulia fut incapable de réprimer un frisson et ses craintes redoublèrent. Violette n'était pas contre elle, mais elle était dans son lit. Et jamais Yulia n'avait partagé son lit de la sorte avec quelqu'un.

Une nouvelle menace aussi fausse que les autres lui arriva. Yulia eut néanmoins un petit pincement au coeur en entendant que Violette la trouvait pénible. Peut-être l'était-elle vraiment avec sa passivité et ses craintes inutiles. Elle était une grande fille qui en avait vu d'autres. Elle n'avait aucune raison d'être anxieuse à l'idée de passer la nuit avec une femme. Et voilà, elle l'avait clairement pensé. Jusqu'ici, elle avait envisagé la dragonne comme étant Violette, elle ne s'était pas attardée sur son genre. Mais maintenant que la chose approchait, il lui était plus difficile de mettre des œillères. La dragonne bougea à côté d'elle et un instant Yulia eut peur qu'elle parte. Elle se contenta pourtant de se tourner et bientôt la vipère pu sentir ses doigts dans son dos. Le contact était léger, mais ses sens étaient bien trop en éveil pour qu'elle puisse l'ignorer. Bien trop vite à son goût, cela s'arrêta. Au milieu de toutes ses craintes, Yulia ressentit le besoin pressent que Violette la touche plus. Elle n'en avait pas eu assez. Même pour un avant-goût, c'était trop peu.

Lentement et peu assurée, Yulia entreprit de se tourner. Elle s'allongea sur le flanc et se retrouva bien plus proche de Violette qu'elle ne le pensait. Un instant, elle se perdit dans l'intensité de son regard noisette. Ce regard la fit rougir et elle fut heureuse que la pièce soit plongée dans une semi-obscurité.

— Je...je n'ai jamais...avec une fille, je veux dire...c'est la première fois. Il y a eu des hommes...mais pas de filles. Elle tenta de prendre une grande inspiration pour clarifier son discours, mais ses poumons semblaient refuser l'oxygène alors elle continua en apnée. Avant toi...pas d'attirance...rien. Juste toi. Et ça me fout la trouille. avoua-t-elle, honteuse.

Pour la cohérence, on repasserait, mais au moins Yulia avait-elle réussi à faire passer le message. Transmettre un peu de ses craintes fut un soulagement. Elle respirait toujours aussi difficilement, mais ce n'était plus à cause d'une quelconque impression d'avoir un poids sur la poitrine. Il n'y avait plus que l'excitation du moment qui faisait pulser plus vite son coeur.

Tu as l'impression d'être au milieu d'une mer agitée. Chacun de tes choix entraînera une conséquence que tu n'es pas certaine de pouvoir assumer. Tu es à la fois certaine que tu as besoin de son contact mais aussi qu'il vaut mieux que tu évites de l'approcher. Ton instinct te susurre que tu vas te faire piéger mais l'écouter est bien trop difficile. Alors pour la première fois tu t'en remet à quelqu'un d'autre. Les doigts que tu as laissé glisser dans son dos n'étaient pas très convaincants. Si elle réagit c'est que cette nuit doit exister dans le cas contraire tu l'oublieras. Ton souffle se fait légèrement plus court. Tu ne sais pas exactement ce que tu espères. Qu'elle reste immobile ou qu'elle se réveille. La première solution te semble plus raisonnable, la seconde te fait envie. Lorsque Yulia commence à bouger ton cœur manque un battement. Tu te pétrifies une seconde mais apercevoir enfin son visage te réchauffe. Les doutes t'ont donnés froid. Vous échangez un regard que tu sens brûlant de ton côté. Le sien est plus hésitant. Tu penses la voir rougir mais tu n'en es pas certaine. Tu aimerais toucher sa joue pour vérifier sa chaleur pourtant tu ne bouges pas. Tu gardes sagement tes mains chez toi car tu as la sensation qu'il faut que tu lui laisses du temps.

YULIA – Je...je n'ai jamais...avec une fille, je veux dire...c'est la première fois. Il y a eu des hommes...mais pas de filles.

Ses paroles se frayent doucement un chemin dans ton esprit. Son appréhension n'est pas illogique. Elle explique aussi son calme soudain. Elle est anxieuse ça crève les yeux. Elle semble avoir du mal à respirer et alors que tu te mordilles la lèvre tu t'en veux un peu de la pousser vers cet état parce que tu n'as pensé qu'à toi. Ce genre de réflexion ne te ressemble pas vraiment mais tu ne sembles plus toi même quand elle est là.

YULIA – Avant toi...pas d'attirance...rien. Juste toi. Et ça me fout la trouille.

Sa déclaration te touche plus qu'elle ne le devrait. Tu ne sais plus vraiment où te mettre. Tes yeux se posent sur sa poitrine qui se soulève bien trop rapidement. Étrangement mal à l'aise tu te racles la gorge. Tu as les mains qui tremblent un peu mais tu te forces à calmer les tremblements avant d'en glisser une sur sa peau. Tu dégages ses cheveux avant que tes doigts ne retracent la forme de sa mâchoire, puis celle de ses lèvres.

VIOLETTE – C'est différent et à la fois pas tellement.

Tu n'as pas vraiment envie de te lancer dans une grande explication. De toute façon tu n'es pas certaine qu'elle tiendrait la route. Yulia sort complètement de tes radars et tu as la sensation de vivre toi aussi une sorte de première fois.

VIOLETTE – Mais ce n'est pas ça l'important. Tu sais on est pas... obligées.

Elle est tellement innocente et adorable que tu aurais presque honte d'être le grand méchant loup qui va la croquer. Même si tu en as très envie et que la voir se rétracter serait pour toi difficile tu comprendrais. Lentement tu te rapproches pour aller te blottir contre elle. Tes doigts caressent encore son visage, tout doucement. Tu n'as aucune intention de lui mettre la pression. Inconsciemment tu profites juste de sa présence tant que tu le peux encore.

Un blanc suivit ses paroles. Yulia s'appliquait à ne pas regarder Violette dans les yeux car elle avait peur d'y lire quelque chose qui aurait pu la décevoir. Mais ce silence n'était pas plus rassurant et il lui semblait de mauvaise augure. Il y avait une sorte de mal aise qui régnait, mais la vipère n'était pas certaine d'en connaitre la signification. Avec sa révélation, elle avait peur d'avoir plombé l'ambiance. Peut-être que Violette ne voulait pas s'encombrer d'une idiote comme elle. Alors qu'il l'avait jusqu'ici grisée, son cocktail détonnant plongea Yulia dans une dimension moins optimiste. Son manque de confiance en elle était comme exacerbé et elle prenait tout pour un signe négatif. Lorsque Violette se racla la gorge, elle crut d'ailleurs qu'elle allait simplement se lever et partir au milieu de ce silence gêné. Mais elle ne le fit pas. Ce qu'elle fit brisa la spirale de pensées qui tournait dans l'esprit de Yulia. Pourtant, elle n'avait fait que lui toucher le visage. Mais elle y mettait tellement d'attention que la vipère se sentit rassurée.

Face à ses paroles, Yulia se contenta de hocher la tête. Elle ne savait pas trop quoi dire. Immobile, elle se laissait dériver avec pour seule attache la main de Violette qui continuait de lui caresser le visage. Lorsque cette dernière prononça ces derniers mots d'une façon presque coupable, Yulia se sentit basculer. Ce n'était pas ce qu'elle avait voulu sous-entendre. Son coeur accéléra son sprint alors que l'idée qu'elle puisse forcer Violette à s'éloigner s'insinuait. Elle ne voulait pas. La dragonne se rapprocha plus encore et Yulia se sentit complètement entourée par sa chaleur. Elle était attentionnée et douce, un contraste détonant en comparaison de toutes les facettes qu'elle lui avait montré jusqu'ici.

Malgré son stress, Yulia décida de prendre la chose en main. Littéralement. Elle dégagea l'un de ses bras et posa sa main dans le creux du dos de Violette. Après un petit mordillement de lèvres, elle chercha le regard de la dragonne.

— J'en ai envie.

C'était dit. Elle venait de sauter au milieu de l'inconnu avec le feu aux joues et le coeur en pagaille.

Maintenant que tu sais tu ne vois plus exactement Yulia de la même façon. Pour toi le sexe a toujours représenté un outil te permettant de t'enrichir. En échange de cette toute petite faveur tu as pu obtenir des enseignements, des pistes à explorer et parfois même des entraînements. Tu ne dirais pas que tu n'as pas pris et que tu ne prends pas un peu de plaisir dans l'acte mais c'est loin d'être ta priorité. Ni le but de la manœuvre. L'important c'est ton partenaire car il est celui qui détient ce que tu veux. Ce prétendu plaisir t'importe vraiment peu en comparaison de l'acquisition venant par la suite. Il y a bien eu des personnes avec qui les nuits ont été plus torrides ou lascives mais dans l'ensemble tout ça te semble très surfait. Le sexe n'est qu'un jeu et tu es particulièrement douée pour contourner ses règles. Alors quand tu te tiens au côté de Yulia tu as l'impression d'être propulsée dans un autre univers. Déjà car elle semble avoir une vision de la chose beaucoup plus pure que la tienne mais aussi parce que c'est la première fois que tu ressens un tel désir pour quelqu'un. Du désir tout court oui mais pas de cette intensité. Il n'est pas aussi empressé que ce à quoi tu es habituée. Tu as envie de prendre ton temps, d'y aller tout en douceur. Et ça tu le dois à Yulia même si tu ne sais pas pourquoi. Une folie passagère en rapport avec son retour de beuverie sûrement. Penser que son état peut se transmettre est idiot mais au moins ça te permet de ne pas te poser de questions. C'est une excuse comme une autre et puis c'est tout. Contre toi Yulia est débordante d'émotions. Tu n'es pas particulièrement sensible en temps normal mais ton intérêt pour elle semble décupler tes sens. Appelons ça simplement de l'empathie. Tu ne connais pas particulièrement ce phénomène mais aujourd'hui tu le découvres pleinement. Lorsque tu sens que le stress grandit encore tes caresses se font plus douces pour l'apaiser. Tu ne sais pas exactement ce qui lui passe par la tête. Tu préférerais qu'elle te parle plutôt que de tout garder pour elle. Voilà encore une nouveauté. D'habitude tu n'aimes pas parler de ce genre de trucs. Quand Yulia se met à bouger tu éprouves une pointe d'anxiété. Elle ne fait pourtant que poser un bras autour de ta taille sa main venant s'ancrer dans le creux de ton dos. C'est plutôt bon signe non ? Tu déglutis difficilement. A la voir se mordiller la lèvre tu es bien tentée de le faire aussi. Elle lève enfin les yeux et tu te cales malgré toi sur sa respiration trop rapide. La tienne ne valait pas mieux de toute façon.

YULIA – J'en ai envie.

Un sourire étire tes lèvres. Yulia rougit cette fois tu en es sûre. Devant cet aveux tu ne restes vraiment pas de marbre. Tu ne peux pas t'empêcher de l'embrasser. Ce n'est pas un baiser appuyé, tu quittes presque aussitôt ses lèvres pour poser ton front contre le sien. Ta main passe de sa joue à son cou où tu sens les pulsations trop rapides de son cœur.

VIOLETTE – On a pas besoin de se presser.

Cela dit tu as un peu la pression maintenant. En plus la situation est sacrément gênante. En réalité tu ne sais pas par quel bout commencer.

VIOLETTE – Et si jamais tu ne le sens pas à un moment tu le dis. Vois ça comme une expérience que tu peux arrêter à tout moment.

Ce discours ne te ressemble vraiment pas.

VIOLETTE – Parle plus aussi. Je suis paumée avec toi. C'est très désagréable comme sensation. J'aimerais...te comprendre.

Cette nuit est décidément bien étrange. A croire que c'est le monde à l'envers.

L’aveu de Yulia a un effet des plus étranges sur Violette. Au milieu de toute la gentillesse et les attentions qu'elle déployait pour qu'elle se sente à l'aise, quelque chose clochait. La dragonne l'embrassa, mais Yulia n'eut pas le loisir de goûter réellement ses lèvres. Et puis, elle parla. C'était comme si tout le stress ressentit plus tôt avait été transféré chez Violette. Yulia la trouva désorientée et elle s'étonna de la voir perdre son aplomb. Finalement, elle l'écouta en faisant légèrement la moue. Elle comprenait en quelque sorte et elle trouvait rassurant de voir que la brune prenait cet instant au sérieux. A la voir, on ne pouvait pas penser qu'il s'agissait d'un simple coup d'un soir. Finalement, Yulia ne trouva qu'une solution face à tout ça : le rire. Elle ne se moquait pas exactement de Violette, mais il y avait peut-être un peu de ça quand même.

— Relax. Je ne suis pas en sucre.

Yulia lui sourit avec amusement avant de la basculer sur le dos. Elle s'empressa de s'installer à cheval sur elle et lui offrit un nouveau sourire. Maintenant que l'instant de doute était « passé », elle retrouvait son énergie. Sans réellement hésiter, elle retira son t-shirt et le lança à côté du lit. Elle se saisit ensuite des bras de Violette et alla déposer ses mains sur ses hanches.

— Je note ta demande. Mais j'en ai une aussi. Embrasse-moi. Mais embrasse-moi vraiment. Et arrête de te prendre la tête, on est pas là pour ça.

S'il ne fallait que ça, Yulia pouvait bien mettre une partie de ses craintes de côté. Elle avait confiance en Violette de toute façon et ça elle le savait depuis le départ. Un peu de témérité n'aurait vraiment pas su faire de mal à la dragonne qu'elle avait au final coincée avec ses appréhensions. Et l'avantage de l'alcool, c'était qu'il avait l'avantage de lui enlever un peu de sa pudeur habituelle.

Si à la fois tu adores l'effet que Yulia te fait d'un autre côté tu ne le supportes pas. Depuis quand joues-tu les effarouchées en craignant de prendre les devants ? Le rire de Yulia semble compléter le tableau et tu la fixes un instant avec surprise. Encore un effet de son cocktail du soir ?

YULIA – Relax. Je ne suis pas en sucre.

Point de vue intéressant. Elle a totalement raison. C'est juste la même Yulia que les autres jours. Celle qui ne te fait toujours pas vraiment peur mais qui t’impressionne un peu plus désormais. Son sursaut de domination te surprends tout autant et tu te laisses de bon gré faire alors qu'elle te couche sur le dos pour te chevaucher. Elle a l'air plus détendue en tout cas. Beaucoup plus détendue. Tu la regardes presque au ralenti se débarrasser de son t-shirt qui va atterrir tu ne sais pas où car tu n'as pas détaché les yeux d'elle. Il y a pire comme spectacle. A nouveau tu déglutis le peu de salive qu'il te restait en bouche devant la vision de cette fille superbe à moitié nue sur toi. Elle est diablement convaincante. Elle s'empare de tes mains pour les poser sur ses hanches dans une nouvelle tentative pour t'aguicher. Et ça marche. Tes doigts glissent un peu plus haut et se resserrent sur sa peau que tu découvres réellement pour la première fois.

YULIA – Je note ta demande. Mais j'en ai une aussi. Embrasse-moi. Mais embrasse-moi vraiment. Et arrête de te prendre la tête, on est pas là pour ça.

Tout ce qu'elle veut. En cet instant elle pourrait te demander d'aller lui voler le trésor de Madame que tu le ferais encore. Tu te redresses vivement et l'une de tes mains passe dans son dos pour la coller contre toi. Tes lèvres sont déjà parties à l'assaut des siennes que tu embrasses fiévreusement. Ta main libre remonte le long de son flanc et part à la découverte de cette poitrine qui même dans la semi-obscurité te paraissait tentante. La peau de Yulia est douce et tu frémis rien qu'en la touchant. Abandonnant sa bouche tu descends lentement le long de sa gorge pour y déposer quelques baisers, laissant derrière ton passage de temps en temps l'empreinte légère de tes dents.

Ôter son t-shirt avait été pour Yulia un geste qui se voulait fort. C'était une façon de prouver à Violette qu'elle était parfaitement consentante et qu'elle désirait même ce qui était en train de se produire. Lentement, elle s'était donc départie du vêtement et s'exposait avec une pointe de gêne grisante aux yeux de la dragonne. Sous le feu des prunelles de la brune, Yulia frissonna, mais il lui fut facile de se persuader qu'il ne s'agissait que d'une réaction à l'air plutôt frais de la pièce. Cela n'avait rien à voir avec ce regard que lui lançait Violette. Ce regard appuyé qui lui donnait l'impression d'être littéralement dévorée par ses yeux noisettes. Même si elle jouait les fières, au fond elle ne l'était pas du tout. Ses craintes étaient toujours un peu présentes, mais l'excitation avait pris le dessus. Elle ne savait pas non plus comment s'y prendre. Comme Violette l'avait dit, c'était une nouvelle expérience et Yulia ne connaissait pas la manœuvre. Mais elle savait qu'elle se devait de convaincre cette partenaire d'un soir qui lui semblait de moins en moins étrangère. L'inviter à la toucher était sa dernière carte avant la déroute et Yulia fut soulagée et comblée en sentant les mains de la dragonne remonter pour s'arrimer à sa peau.

Lorsque Yulia lui demanda de l'embrasser, Violette ne se le fit pas dire deux fois. Elle se redressa et la colla plus encore contre elle. A califourchon sur ses cuisses, le ventre pressé contre le sien, Yulia accueillit son baiser avec délice. Visiblement lancée cette fois, Violette la dévorait de sa bouche et laissait sa main divaguer sur sa poitrine trop offerte à son goût. L'idée s'effaça bien vite alors que Yulia rejetait la tête en arrière, laissant sa gorge à la dragonne qui alternait dans une technique vicieuse douceur et rudesse. Tantôt un baiser qui faisait frémir Yulia, tantôt un pincement des dents lui arrachant un sifflement. Plaisir et mécontentement se mêlaient bien trop facilement dans la bouche de la vipère. Sa main se perdit doucement dans les cheveux de Violette qu'elle serra un peu trop fort ensuite. Elle la poussait inconsciemment à descendre plus bas.

Sur ses paroles passées, elle se devait de revenir. Yulia n'était peut-être pas en sucre, mais elle fondait littéralement sous les lèvres et les caresses de Violette.

Tu aimes l'effet que tu as sur elle. Chacune de ses manifestations t'arrache un sourire amusé et te pousse à chercher sa préférence. Tu te plaît à placer quelques mordillements car elle y est particulièrement réceptive. Ce petit sifflement quittant ses lèvres est indescriptible mais il fait naître en toi l'envie de lui arracher bien d'autres sons. Tu ralentis tranquillement la cadence pour ne plus déposer que de légers baisers sur sa peau trop sensible. Que tu la fasses languir ne semble pas au goût de la brune qui resserre les doigts dans tes cheveux après une caresse traîtresse. Tu gémis légèrement contre sa gorge que tu titilles encore de ton souffle qui n'en finit plus de s'accélérer. Malgré la poussée que tu ressens de la part de Yulia tu t'appliques à faire tout le contraire.

VIOLETTE – Shh tiens toi tranquille.

Elle est trop empressée. Tu lui as expressément demandé de s'exprimer mais tu n'es pas sûre de vouloir son point de vue en cet instant. Tu remontes vers son visage après avoir harponné sa nuque de ta main. Ta bouche se presse contre la sienne et tu batailles avec sa langue. Désireuse de la sentir toujours plus proche de toi, tu retrouves le chemin de ses reins pour la serrer brièvement contre ton corps avant de suivre la ligne de sa colonne vertébrale de la pulpe de tes doigts. Tes deux mains sont revenues à hauteur de son visage que tu enserres doucement. Ton baiser se fait plus sensuel et un nouveau sourire naît au milieu de cet échange. Tu en veux beaucoup plus. Tu la veux toute entière. Avide tu la pousses sur le matelas. Ses mèches sombres s'épanouissent autour d'elle lui donnant des allures princières qui ne font que raviver ton envie. Tu t'allonges tout contre elle, la tête sur son épaule alors que tu glisses une jambe entre ses cuisses. Ton genou dénudé par ton short rencontre la rugosité de son pantalon que tu envisages de lui ôter mais tu abandonnes cette intention pour l'instant. Pas encore. Une telle volonté de prendre ton temps est nouvelle pour toi. Tu te surprends à ne pas vouloir gâcher cette chance de la tenir entre tes mains. La hâte de Yulia est aussi délicieuse à contrarier. Juste pour le plaisir tu veux venir à bout de sa patience. Tu veux entendre sa supplique soufflée d'une voix affaiblie par un désir ardent. Vicieusement tu déboucles sa ceinture et tu fais sauter le bouton de son pantalon. Tes doigts se glissent à la limite, effleurent à peine la bordure de son sous-vêtement puis remontent tranquillement en zigzaguant sur son ventre. Tu te redresses un peu pour lui faire face et tu profites sans honte de la vision qu'elle t'offre. Yulia est assurément trop belle pour ne pas être ta perte. Ta main courait encore sur son estomac mais la voilà qui se resserre sur son sein. Elle le titille encore quand tu descends vers sa poitrine avec ta bouche cette fois. Sous une pulsion de pure possession tu plantes trop fort tes dents dans cette chair trop tendre pour y laisser ta marque. Tu signes ton passage pour le prochain qui parcourra ce corps que tu n'as pourtant aucune envie de partager. Cette pensée fait flamber toutes tes bonnes résolutions. Tu oublies ton idée première. Tu descends plus bas encore. Ta langue darde entre tes lèvres et laisse une traînée brûlante dans son sillage. Tu arrives à nouveau à son pantalon mais cette fois tu t'y agrippes. Tu le tires derrière toi jusqu'à qu'il ait débarrassé le plancher de ses jambes. C'est mal d'être impatiente Violette. Surtout à cause d'une jalousie qui n'a pas lieu d'être.

Si Yulia n'était pas dans son élément, ce n'était pas le cas de Violette. Elle savait s'y prendre, c'était un fait indéniable pour la vipère qu'elle avait prise d'assaut. Yulia se sentait poupée sous ses attentions. Elle se laissait pleinement dominer par l'experte qui s'amusait avec elle. Elle en était certaine, la dragonne cherchait à lui faire perdre la tête. Il suffisait de voir sa réaction face à une brève tentative pour s'impliquer de la part de la vipère. Violette l'avait simplement remise à sa place, la grondant presque. Yulia avait fait la moue, mais elle avait vite eu une bonne raison de penser à autre chose. Déjà elles échangeaient un nouveau baiser passionné qui la déboussola sous son intensité. Si son nord ne lui avait pas fait face, elle l'aurait très certainement perdu. D'une pression habile dans son dos, Violette l'attira encore plus à elle dans une proximité délicieuse. Yulia aurait voulu se fondre à cet autre corps qui l'appelait sans cesse. Pour au moins la millième fois, elle frémit sous les doigts de Violette. Elle aurait voulu tellement plus que ces caresses frêles, mais la dragonne avait sa propre idée de la chose et elle lui avait bien fait comprendre. Cela n'empêcha pas Yulia de gémir légèrement sous l'appréhension en sentant le sourire de Violette plus qu'elle ne l'avait vu. Depuis qu'elle avait commencé à l'embrasser, ses yeux étaient restés clos. Ils s'ouvrirent pourtant sous la surprise lorsqu'elle se sentit partir en arrière sous une poussée de la brune. Lorsque son dos toucha le matelas, Yulia croisa brièvement le regard de Violette qui reflétait le même désir qui devait naître dans ses propres prunelles chocolats. La dragonne la rejoignit pour se serrer à ses côtés et Yulia cru pouvoir enfin la toucher, mais c'était sans compter le vice qui semblait habiter chaque parcelle du corps de Violette. Son genou placé stratégiquement entre ses cuisses lui avait fait l'effet d'une décharge électrique et Yulia retient difficilement un gémissement plus fort en se mordant la lèvre. D'un seul contact, elle venait de lui rappeler le feu dans son bas-ventre qui semblait se tordre sous l'envie. Yulia était déroutée par ce qu'elle ressentait. Lorsqu'elle resserra les cuisses, elle aurait été incapable de dire si c'était par honte de se laisser ainsi faire ou pour emprisonner la jambe de Violette. Probablement la deuxième solution au vu de la façon qu'avait d'onduler un peu son bassin sans qu'elle ne puisse rien faire pour l'arrêter.

Enfin, Violette sembla disposer à en venir aux choses sérieuses. Yulia sentit son pantalon se faire moins serrant autour de sa taille et elle espéra secrètement en être débarrassée. En sentant la main de la dragonne s'aventurer en dessous, elle soupira d'aise, mais le contact qu'elle attendait lui fut arraché. Elle geignit un peu. C'était de la torture. Et Violette continuait à la torturer tranquillement en promenant ses mains sur elle sans jamais trop s'attarder, ni lui laisser l'opportunité de lui rendre la pareille. Elle ne lui offrait même plus sa bouche en se redressant. Le regard rendu humide par l'envie, Yulia tenta de lui transmettre le message, mais ce n'était pas ses yeux que la dragonne regardait.

Sans crier gare, la main Violette se referma sur sa poitrine d'une façon nettement plus appuyée cette fois. Enfin ! Ce n'était pas vraiment ce que Yulia attendait, mais c'était déjà mieux que rien. Elle était trop réceptive à la moindre caresse pour refuser quoi que ce soit. Lorsque sa bouche se mêla au jeu, Yulia n'avait pas imaginée qu'elle laisserait filer une plainte sous une morsure bien moins délicate que celles qui devaient déjà s'effacer sur sa gorge. Ce geste déclencha chez Violette une fièvre différente. Son rythme langoureux s'accéléra et Yulia sentit son ventre se serrer plus fort sous la langue de la dragonne. Elle aurait voulu que cette langue ne quitte plus jamais sa peau. Mais comme toujours Violette aimait la contrarier. Lorsqu'elle ne sentit plus son contact, Yulia lui adressa un regard un peu déçu, mais ce fut avant de sentir son pantalon qui la quittait doucement. Vu la situation, elle voulait bien lui pardonner cet écart. La vipère en avait par contre assez de la sentir aussi lointaine. Elle se redressa le temps de lui attraper le bras et l'entraîna à nouveau avec elle sur le matelas. Violette était encore beaucoup trop couverte à son goût alors qu'elle même n'avait plus que sa culotte comme barrage pour préserver une pudeur qui semblait désormais disparue.

— Il n'y a pas de raison que je sois la seule à me les cailler.

Ce n'était qu'un mensonge. Yulia était littéralement en ébullition et elle brûlait juste de sentir la peau de Violette. Avec une certaine difficulté au vu des tremblements dans ses doigts, elle défit les premiers boutons de la chemise de la dragonne. Elle fit finalement sauter les derniers sans se soucier de donner du travail aux couturiers. Les pans s'étaient écartés d'eux-même et elle ne chercha pas à les ouvrir plus. Sa main passait déjà sur le flanc de la brune. En passant sur son ventre, elle rencontra une rugosité qui ne lui était pas étrangère. Poussant un peu l'épaule de Violette pour qu'elle se redresse, Yulia se plaça sur les coudes et observa un instant la trace qu'elle avait laissé sur son ventre. La blessure était encore très rouge, elle avait même l'impression qu'elle avait du saigner récemment, et elle ressentit une pointe d'amertume en la contemplant. Elle avait été idiote. Même si le coup lui semblait mérité lorsqu'elle lui avait administré, en le voyant, elle se trouvait bien pitoyable. Elle ne pouvait même pas le mettre sous le coup de la colère puisqu'elle avait agis de sang-froid.

— Pardon. dit-elle un peu piteusement.

En guise de consolation, Yulia rattrapa Violette par la nuque et se hissa jusqu'à ses lèvres pour l'embrasser encore une fois.

Les gémissements de Yulia sont particulièrement plaisants à entendre. Ils t'apprennent aussi que son état est beaucoup plus avancé que tu ne le pensais. Elle est hypersensible et tu commences à te dire qu'il ne te faudra pas grand chose pour la mener au plaisir. Il suffit de sentir la pression de ses jambes autour de la tienne et le mouvement instigué par son ventre. Est-ce un effet de l'alcool ou juste une histoire d'expérience ?
Tu es trop directive. Tu en as conscience et c'est une attitude délibérée. Ca ne plaît pas à Yulia qui visiblement en veut plus. Peut-être plus que tu ne peux lui donner. Si elle te touche tu as peur de perdre le contrôle. Il ne faudrait pas grand chose pour qu'elle fasse céder tes barrières. Depuis tout à l'heure tu t'efforces d'ignorer le cuisant désir dans ton ventre mais il est bien présent et tu ne veux pas qu'elle le fasse brûler plus fort. Te concentrer sur elle c'est moins penser à toi. Logique.

YULIA – Il n'y a pas de raison que je sois la seule à me les cailler.

Yulia t'attire à elle sous un prétexte absurde qui ne t'étonne même pas. Tu as entendu pire venant d'elle ce soir. Tu manifestes légèrement ta surprise d'un oh en lui tombant dessus. Avec tout ça tu as oublié le caractère de la Vipère qui comme toi n'aime pas beaucoup s'en remettre à quelqu'un d'autre. Tu te redresses sur un bras alors qu'elle essaye de déboutonner ta chemise. Le résultat n'est pas très convaincant et tu ne peux retenir un sourire moqueur face à ses difficultés. Finalement elle perd patience et arrache les derniers boutons. Tu ne vas pas lui reprocher ce moyen expéditif. Ce que tu crains le plus se produit finalement et la main de Yulia glisse contre ta peau. Une part de toi veut fuir cette caresse mais tu es bien incapable de te dérober. Elle continue donc sa progression jusqu'à ce qu'un frémissement te parcoure. De douleur cette fois. La sensation a été faible mais surprenante. Avec tout ça tu avais presque oublié ce petit détail. Ce n'est pas le cas de la Vipère qui te pousse à te relever et jette un œil sur son travail. Tu n'aimes pas beaucoup sentir son regard se poser là. C'est une blessure, une faiblesse alors la voir l'observer a quelque chose de gênant.

YULIA – Pardon.

A croire qu'elle a un don pour mettre les pieds dans le plat. Tu veux grommeler que ce n'est rien d'autre qu'une égratignure car ta fierté n'apprécie pas beaucoup ce besoin d'excuser un geste justifié mais elle ne t'en laisse pas le temps. En attrapant ta nuque elle se redressé et t'embrasse. C'est suffisant pour couper court à tes pensées et te faire ravaler ton orgueil. Pour le moment. Avec ton corps marqué par endroits de blessures en pleine cicatrisation et de bleus tu n'es vraiment pas à ton aise. Tu es donc bien décidée à garder ta chemise pour éviter que son regard ne vagabonde trop sur ta peau. Avec tout ça Yulia t'a déviée de ton but mais ce n'est pas une mauvaise chose. Tes émotions se bousculent toujours un peu mais tu as repris le contrôle. Est-ce réellement une bonne chose ? En fait tu n'en sais rien. Orgueilleusement tu ne peux pas t'empêcher de privilégier ta ligne de conduite habituelle mais te laisser entraîner par Yulia n'est pas si désagréable. C'est reposant malgré toutes les questions qui te transpercent l'esprit en attente de réponses que tu n'es pas décidée à fournir. Il y a un moment de flottement. Ton cœur ralentit le rythme. Tu es perdue. Tu ne sais pas exactement pourquoi mais tu as le sensation d'être dans l'erreur. Ton envie pour Yulia est toujours là mais il y a le doute. Une part de toi voudrait te libérer avec elle de la pression, l'autre t'ordonne de partir dans l'instant pour éviter de t'enfoncer plus profondément dans les méandres d'un chemin encore jamais exploré. Tu te laisses tomber sur le côté et ta main vient instantanément jouer avec une mèche de cheveux de la Vipère. Tu as besoin d'un break. Ton attitude est indéniablement étrange et c'est toute l'ambiance qui retombe. La pression se fait plus forte dans la pièce au fur et à mesure que ton coup de folie fait naître toujours plus de questions. Tu n'as pas l'habitude de te prendre la tête comme ça mais depuis tes retrouvailles avec Mael tu n'es plus exactement la même. Ses paroles ont remis bien trop de choses en question et tu ne sais pas comment les gérer. La plupart du temps tu les enterres loin dans ton inconscient mais la graine qu'il a semé pousse vite. Son point de vue vient de te frapper à nouveau de plein fouet à cause de cette pensée qui t'a poussée à vouloir cacher tes blessures. Pourquoi ? Tu as toujours fonctionné comme ça et tu ne vois aucune raison de commencer à les arborer fièrement. Non ce n'est pas une question de fierté mais plutôt de transparence. C'est encore plus déroutant. Tu grimaces avant de soupirer. Sincèrement tu ne te reconnais plus depuis que Chad n'est plus là. Tu secoues brièvement la tête. Ne pas penser à Chad. Sa mort te touche encore et tu as l'impression d'avoir un clou dans la poitrine à chaque fois que tu songes à lui. Son souvenir te rend faible et démunie. La preuve en cet instant. Ton regard se voile et tu te sens reconnaissante de ne plus avoir de larmes à pleurer. Tu baisses les yeux. Là tout de suite tu serais capable de fuir mais il y a toujours la chaleur du corps de Yulia. Et aussi étrange que cela puisse paraître tu aimes cette chaleur.

Ce baiser avait un goût amer et mélancolique. En l'embrassant, Yulia avait voulu faire l'impasse sur tout ça. C'était une façon de tourner la page pour ne plus voir que l'instant présent. Elle avait échoué. Quelque chose dans ce qu'elle avait dit ou fait avait jeté un froid et elle le comprit en ne sentant plus cette passion étrange chez Violette. Même si elle était physiquement là, son esprit semblait ailleurs. Déroutée, elle se laissa redescendre jusqu'au matelas et lâcha sa nuque. Elle ne maintenait entre ses doigts qu'un pan de chemise en l'observant avec une pointe d'inquiétude. Était-il possible qu'elle n'ait tout simplement plus envie d'elle ? Qu'elle se soit lassée sans que Yulia ne puisse rien contre ça ? Ce fut à peine si Violette constata son éloignement. Elle resta silencieuse durant un temps infiniment trop long pour Yulia. Son cœur cognait trop fort dans sa poitrine à cause de l'appréhension. Elle craignait de la voir soudainement disparaître sans même lui offrir un indice sur la raison de son changement d'humeur. Avec attention, Yulia scruta le visage de la dragonne qui paraissait pensive. Ses pensées ne devaient pas être réjouissantes au vu du malaise qui planait désormais.

Quand la dragonne se laissa simplement tomber sur le côté, sa main s'accrochant à une mèche de ses cheveux, Yulia expira difficilement l'air qu'elle avait gardé sans le vouloir dans ses poumons. Au moins, Violette n'était pas partie. Mais c'était presque tout comme. Lassée de voir le plafond, la vipère ferma doucement les yeux. Ce changement d'attitude chez Violette l'avait dégrisée et elle se rendit compte que la présence de la dragonne à ses côtés tenait plus d'une histoire de volonté que d'ivresse. Au début, elle avait été réellement emportée par les produits qui couraient toujours dans ses veines, mais désormais elle ne pouvait nier qu'il n'y avait pas que ça. La preuve, elle se souciait réellement de Violette. Yulia ne savait pas quoi faire pour l'aider pourtant. Elle le désirait profondément, mais elle craignait que ses actes soient mal interprétés. Elle ne savait même pas ce qui faisait réellement souffrir cette drôle de fille dont elle voyait maintenant les failles. Yulia prit une longue inspiration pour se donner du courage avant de pivoter sur le côté.

— Demain, j'aurais tout oublié. dit-elle avec une promesse amère dans la voix.

Avec une timidité déroutante au vu de ce qu'il s'était déjà passé dans ce lit, Yulia glissa les mains autour de Violette et l'attira contre elle. Ses doigts passèrent doucement dans ses cheveux alors qu'elle la pressait doucement contre son cœur. Son cœur justement lui disait qu'elle ne voulait rien oublier, mais elle aurait dit n'importe quoi pour que Violette la laisse entrer même pour quelques heures. Sa peine lui faisait mal et elle voulait la soulager au moins un peu.

Malgré la chaleur réconfortante de Yulia tu ne veux pas avoir la sensation de pouvoir compter sur elle. Tu ne veux pas compter sur elle. D'une certaine façon tu as même peur qu'elle cherche à entrer dans ton espace vital. Si elle cherche à t'approcher, si elle se montre compatissante, tu ne sais pas quelle sera ta réaction. Tout ça est nouveau pour toi. C'est assez rare chez toi mais ce que tu veux le plus et aussi ce qui t'effraye le plus. Tu es donc dans l'attente, l'esprit bien trop confus pour que tu puisses faire quoi que ce soit.

YULIA – Demain, j'aurais tout oublié.

La voix de la Vipère te trouble. Son aveux te semble lourd. Trop lourd pour ne pas être teintée d'une part de mensonge. Mais tu ne peux pas t'empêcher de croire au message central sans t'arrêter sur ce qui n'a pas été dit. Elle n'aura probablement pas oublié mais elle fera comme-ci. Un hoquet de surprise t'échappe quand elle te serre contre elle. Tes joues chauffent un peu et tu apprécies qu'elle ne puisse pas te voir. Ton visage est enfui dans sa poitrine et déjà sa main passe dans tes cheveux dans une caresse étrangement apaisante. Plutôt que de ruer pour te dégager de là, tu fermes simplement les yeux. Pour la première fois depuis très longtemps tu te sens comme une petite fille. Comme la petite fille que tu as laissée dans ton sillage bien des années plus tôt pour arborer fièrement les couleurs de ton clan. Plus que cette gamine, c'est ta famille et la tendresse qui t'était parfois adressée que tu as abandonné. Et là c'est une inconnue qui te l'offre cette tendresse dont tu avais besoin sans le savoir. Sans l'accepter plutôt. Malgré la honte que tu ressens, tu te laisses étroitement serrée. L'étreinte est agréable et douce. Dans les bras du Yulia tu te laisses réellement aller pour la première fois depuis la mort de Chad. Tes épaules sont voûtées, tes traits tristes. A l'instant tu n'es qu'une fille de dix-huit ans qui a perdu une personne terriblement chère à son cœur. Il est étonnant que tu puisses agir ainsi avec la Vipère alors que tu as rejeté les gestes des autres. De ceux qui te sont en quelque sorte proche. C'est une inconnue. Une inconnue qui te veut soudainement du bien. Sa qualité d'inconnue semble primordiale, penses-tu. Elle ne te connaît pas. Elle te découvre encore à peine au fil de vos rencontres et semble plus à même d'être dans l'instant. Elle te ressent sans songer à celle que tu as été avant et à ce que tu seras plus tard. Elle n'a pas d'attente particulière et tu n'en as pas non plus. Lentement, tu passes un bras autour de la taille de Yulia et tu t'y accroches. Dans la chaleur de son étreinte, ta carapace te semble insupportable et tu te permets la faiblesse suprême de te laisser aller à l'émotion qui te bouleverse. Tu ne pleures toujours pas mais c'est un détail. Le chagrin est bien là et il s'échappe enfin parce que tu le laisses exister réellement.

Malgré la tension dans son corps, Yulia s'appliquait à faire preuve du plus de quiétude possible. Elle craignait de voir Violette se rétracter à tout moment et ne voulait pas être invasive. Elle ne pouvait pas non plus rester simplement là sans réagir. Elle avait eu besoin d'agir. Sans raison précise. Elle ne connaissait la dragonne que depuis quelques jours, mais elle ne pouvait nier qu'il y avait toujours eu un courant particulier qui circulait entre elles. Yulia passait sans cesse d'une émotion à l'autre en la présence de Violette. Elle se sentait perdue et confuse, puis elle se faisait cueillir par la colère ou parfois la curiosité. La dragonne la rendait imprévisible. Aussi imprévisible que les battements de son cœur lorsqu'elle se tenait tout prêt d'elle. Naturellement, Yulia savait ce que ce genre de réaction signifiait. Elle savait vers où elle allait. C'était la destination qu'elle ne voulait plus emprunter, qu'elle craignait même, et pourtant elle fonçait droit dedans. Et sincèrement qui aurait pu la blâmer ? Violette était trop intense et trop belle. Elle était un puzzle qu'elle rêvait de réussir à compléter. Yulia voulait la comprendre. Elle était faible, elle le savait. Mais elle espérait au fond que lorsqu'elle comprendrait pourquoi Violette l'attirait tant, elle pourrait s'en détacher. Peut-être qu'elle se lasserait même de la brune à force de trop la fréquenter. Le tout avant de s'être fait briser le cœur à nouveau.

En cet instant, Yulia n'était pourtant pas prête à se laisser aller à la lassitude aux espoirs vains. Violette était dans ses bras et contre toute attente, elle se laissait faire. La vipère s'était attendue à ce que son geste déclenche le mécontentement de la brune, mais elle ne chercha pas à se débattre. Elle sembla juste surprise et se raidit un instant. Puis, elle se détendit. Yulia laissa passer un soupir de soulagement et continua à passer ses doigts dans les longs cheveux de la dragonne. Ce n'était pas un mensonge de dire qu'elle avait de beaux cheveux. Elle était féminine sans paraître fragile. La dragonne semblait être un véritable piège. Délicieuse à l'extérieur, mais mortelle à l'intérieur.

Le geste que Violette esquissa surprit un peu Yulia. Le bras de la dragonne s'était glissé à sa taille et elle l'étreignait désormais en retour. Ce simple contact lui laissa comprendre à quel point Violette se livrait. Quittant les mèches brunes qu'elle caressait toujours, Yulia se saisit lentement de la couverture qui avait été chassée plus loin tout à l'heure. Elle la tira sur elles et s'appliqua à recouvrir la brune comme elle le pouvait sans la lâcher complètement. Elle voulait former une sorte de cocon pour elle. Un endroit où elle pourrait se sentir en sécurité. C'était peut-être une intention prétentieuse, mais elle voulait au moins essayer.

— Je suis là.

Yulia n'avait pas su quoi dire d'autre. Sa présence n'apporterait peut-être pas grand chose à la dragonne, mais elle le désirait pourtant réellement. Elle souhaitait aussi lui faire comprendre qu'elle pouvait être une oreille attentive si elle voulait parler. Glissant le bras sous la couverture, elle le repositionna autour de Violette pour la serrer un peu plus fort encore contre elle. Elle abaissa le visage jusqu'à pouvoir l'enfouir dans les cheveux de la dragonne et posa un baiser sur le sommet de son crâne. En cet instant, elle était là parce que Violette le lui permettait. Et elle espérait sans réellement le savoir qu'elle pourrait encore se tenir à ses côtés de la sorte.

Tu te sens bien et mal à la fois. C'est un soulagement de pouvoir juste souffrir en silence au côté de quelqu'un de simplement gentil et attentionné. Une part de toi a encore honte de ton comportement digne d'une gamine mais tu peux l'ignorer pour le moment. Peut-être pourrais-tu même continuer à l'ignorer par la suite à condition d'avoir les bras de Yulia autour de toi. Tu ne comprends pas très bien ce qu'ils ont de si spéciales ces bras mais ils sont solides et te donnent l'impression de pouvoir te protéger. C'est idiot comme pensée. Tu n'as besoin de la protection de personne. Pourtant tu pourrais accepter celle de Yulia dans l'intimité. Tu pourrais te laisser aller contre elle. Juste te laisser aller sans penser au reste. Et c'est à la fois effrayant et délicieux. Lorsque Yulia se met à bouger, tu crains un instant de la voir se détacher de toi ce qui fait battre ton cœur plus vite. Tu n'es pas encore prête à quitter son étreinte. C'est beaucoup trop tôt. Un soulagement énorme s'empare de toi et tu te laisses respirer à nouveau lorsque tu sens le poids léger d'une couverture sur ton corps. Elle veut juste que vous soyez plus à l'aise. Tu apprécies le geste.

YULIA – Je suis là.

Et tu ne peux pas t'empêcher de penser que oui elle est là et que toi tu ne veux être nulle part d'autre. Tu ne te sens pas capable de parler mais tu apprécies tout ce qu'elle fait pour toi. Tu apprécies d'autant plus qu'elle resserre ses bras autour toi et tu en profites pour te pelotonner contre elle. Ton corps se détend par strates te laissant bientôt toute molle dans ses bras. Tu somnoles. Bercée par les battements de son cœur et sa tendresse, tu te laisses glisser dans un sommeil qui n'a plus rien eu de doux depuis une éternité.

Les yeux de Yulia avaient finis par se fermer, mais elle ne dormait pas. Elle restait attentive à Violette sans jamais cesser de perdre l'une ou l'autre caresse sur sa peau ou dans ses cheveux. Parfois, elle lui murmurait quelques paroles rassurantes sans réellement s'assurer que Violette pouvait réellement les entendre. Elle parlait dans ses cheveux, y déposant régulièrement un baiser. Elle était consciente de la somnolence de la dragonne, mais elle continuait en espérant que veiller sur son sommeil lui offrirait une meilleure nuit. Elle ne savait pas ce qu'il lui était arrivée, mais elle n'aurait même pas été étonnée d'apprendre que Violette cauchemardait. Elle était hantée par quelque chose, Yulia l'avait compris. Elle s'appliquait donc à éloigner les démons en transmettant son soutien pas le biais de ses gestes et de ses mots.

A un moment, Yulia dut s'endormir elle aussi car lorsqu'elle se réveilla elle découvrit que Violette s'était légèrement dégagée. Elle fut soulagée de pouvoir bouger sans avoir à trop la déranger car c'était une envie pressante qui l'avait tirée du sommeil. Yulia ramassa son t-shirt et l'enfila avant de se lever non sans affronter certaines difficultés. Elle maudit l'alcool alors qu'elle se déplaçait dans la maison d'une démarche peu assurée. Heureusement il faisait encore nuit noir, mais elle souffrirait sûrement demain matin. Tant qu'elle était debout, Yulia prit aussi la peine de boire de longues gorgées d'eau. C'était la meilleure chose à faire dans son état. Elle mâcha aussi quelques feuilles de menthe pour tenter de se débarrasser du goût horrible qu'elle avait dans la bouche. Elle se sentait en vrac.

Appuyée contre le mur, elle se fit la réflexion que jamais elle n'avait affronter une ivresse aussi étrange. Cette pensée fut bien vite effacée alors qu'un sourire niais s'emparait de ses lèvres. Elle était bien plus ivre de Violette que de quoi que ce soit d'autre. Elle s'empressa d'ailleurs de retourner à la chambre où la dragonne dormait toujours. Doucement, Yulia se glissa sous les couvertures à côté d'elle et ses mains enserrèrent sa taille alors qu'elle se collait contre son corps bouillant. Elle ferma presque immédiatement les yeux et se laissa dériver dans le sommeil à nouveau.