Pour la première fois depuis très longtemps - oh bien des années -, Noâ avait ressenti le besoin pressent de s'enfuir du territoire. Les conséquences de la rébellion et les fantômes de son passé qui étaient comme par hasard revenus la hanter faisaient naître en elle une sensation oppressante qu'elle peinait à combattre une fois la nuit venue. Toujours sur le qui-vivre, elle ne dormait quasiment pas et avait donc chaque soir devant elle des heures d'une illusoire liberté durant lesquelles elle ne faisait que ressasser. Sans trop y réfléchir, elle était donc partie en espérant que son absence ne s'avérerait pas problématique. Elle ne voulait pas aller particulièrement loin dans les faits. Marcher droit devant elle jusqu'à avoir dépasser les frontières semblait amplement suffisant pour décompresser un peu. Ou du moins, elle l'espérait.

Au beau milieu de la nuit, elle s'était donc mise en marche. Elle avait savamment ignoré toutes les sentinelles qu'elle avait pu croiser jusqu'au poste de sécurité où elle avait bien dû leur adresser quelques mots pour éviter une quelconque méprise. Par après, elle s'était donc perdue dans les méandres des ruines en tâchant de se concentrer sur sa foulée et le rythme des battements de son cœur. L’exercice aurait pu être salvateur si elle n'avait pas eu la curieuse sensation d'être observée. Elle sentait comme deux yeux perçants dans son dos et si elle s'était cru dans un premier temps parano, elle avait fini par faire volte-face pour détailler les ombres derrière elle. Quelqu'un aurait très bien pu se cacher là, elle ne l'aurait probablement pas vu venir, mais elle l'aurait entendu. Sauf qu'elle n'entendait rien. A aucun moment, elle n'avait perçu un quelconque bruit de pas et, au final, seul son instinct lui offrait la certitude que quelqu'un était là, à la regarder pour elle ne savait quelle raison. Son premier réflexe fut de récupérer sa dague, mais son épaule se rappela douloureusement à elle, elle choisit donc de privilégier le pistolet à sa ceinture.

- Et si tu sortais de là, je suis d'humeur bavarde.

Noâ n'était pas très loin des frontières, elle trouvait donc cette présence d'autant plus intrigante. Personne n'aurait pu savoir qu'elle sortirait à cette heure, elle-même ne l'avait pas su avant de prendre la poudre d'escampette alors la cible première de l'inconnu était peut-être le clan lui-même. Après les précédentes attaques, cette idée lui semblait inconcevable, elle voulait donc avant tout tirer ça au clair.