J’avais réussi mon coup, Anna sembla déstabilisée un instant. Mais elle reprit aussitôt contenance et afficha un sourire ravageur avant de répliquer. Sans attendre plus, elle m’embrassa d’une façon qui me surprit. Mais je fus encore plus surpris par la déception qui m’envahit lorsqu’elle mit fin au baiser, beaucoup trop court. Maintenant toujours ses bras, ce fus à mon tour de l’embrasser. Si je bouillonnais désormais, mon baiser était tendre. Je ne comprenais rien à ce qui était en train de se passer, mais toutes les questions qui se bousculaient dans ma tête jusqu’alors commencèrent peu à peu à s’atténuer. A contre cœur, je me redressais légèrement et la libérait enfin. Prenant appuie sur un bras, j’allais poser un baiser dans son cou parfumé. Son parfum me fit tourner la tête, mais pas négativement cette fois, au contraire. Serrant les poings, je me redressais de nouveau de façon à la regarder.

« Je savais déjà que tu me rendais fou… mais je n’aurai jamais cru dans ce sens-là… »

Comme s'il avait lu dans mes pensées, Kim m'embrassa à son tour. Au moins, je n'étais pas la seule à être malade, il me le confirmait. Son baiser était d'une tendresse surprenante. Je le lui rendis jusqu'à ce qu'il s'éloigne de moi. La chaleur augmentait en moi, si bien que les questions et les protestations se faisaient de plus en plus silencieuses, masquées par les battements rapides de mon cœur. Il me libéra et prit appui sur son bras pour aller poser un baiser dans mon cou. J'en profitai pour humer le parfum dégagé par ses cheveux doux et soyeux. Je n'aurais jamais cru avoir à dire ça un jour, mais Kim Dong-Yul sentait extrêmement bon. Il s'éloigna à nouveau pour se redresser et m'adressa la parole, revenant à ses jeux de mots habituels. Je lui offris un sourire conquise et répliquai presque aussitôt :

- Tu me rendais encore plus folle, je ne pouvais pas te supporter. Et pourtant maintenant je ne peux plus supporter que tu t'éloignes...

Je me redressai également, passai ma main sur sa joue et rapprochai nos deux visages pour l'embrasser à nouveau, avec un peu plus d'insistance cette fois-ci.

Anna me répondit qu’il en était de même pour elle, mais qu’elle ne pouvait maintenant plus supporter que je m’éloigne. Elle s’approcha donc de moi, et sa main sur ma joue me fit frissonner malgré moi. Son baiser était plus insistant cette fois. Je passais mes mains dans son dos et serrant doucement pour la coller à moi, lui rendant son baiser avec un peu plus de fouge également. Une main au milieu de son dos, je descendis légèrement l’autre, mais une onde de conscience… ou de bon sens plutôt, … de bienséance peut-être ? Enfin bref, quelque chose me fis stopper ma main juste dans le bas du dos. Je la rallongeais alors doucement sur le lit, effleurant la peau de son cou de mon souffle avant de revenir à sa bouche. Mais elle trichait, j’étais déjà à moitié déshabiller alors qu’elle ne l’était pas du tout. Je pris alors le risque de laisser une main courir sur sa jambe, lentement, attendant de voir sa réaction. Je n’étais pas une brute non plus…

Kim passa ses mains dans mon dos pour me coller un peu plus à lui et je ne me fis pas prier pour me rapprocher encore un peu plus du jeune homme. Alors que ses mains parcouraient mon dos, je tenais toujours sa joue mais en profitai pour laisser glisser l'autre sur sa nuque et dans ses cheveux. Il en profita pour m'allonger à nouveau sur le lit, me faisant languir en laissant son souffle effleurer mon cou avant que ses lèvres ne viennent récupérer les miennes. Je parcourus à mon tour son dos d'une main, gardant l'autre près de son visage que je trouvais tellement beau en cet instant. Je sentis alors sa main courir le long de ma jambe et remonter lentement, très lentement. Il avait l'air d'hésiter là où je n'hésitais pas. Avec délicatesse, je posai ma main sur la sienne et la fis remonter moi-même le long de ma cuisse, lui donnant ainsi la permission d'aller plus loin. J'en fis de même à mon tour, laissant ma main descendre de son dos vers son jeans. Je l'embrassais également avec de plus en plus de fougue au fur et à mesure que les secondes passaient. Rejoignant par moment son cou ou sa clavicule du bout des lèvres, je revenais immanquablement à sa bouche qui était la seule pouvant satisfaire mon insatiable soif de baisers.

La jeune femme parcouru d’abord ma nuque, puis mon dos, sans aucune retenue. Alors que je me voulais galant, enfin si l’on veut, elle me fit comprendre que je n’avais pas à hésiter. Passant alors ma main sous sa robe, je la remontais sans plus de retenue jusqu’à son nombril. Elle était fougueuse, et entreprenante, cela n’était pas pour me déplaire. Quittant ses lèvres, je descendis pour l’embrasser dans le cou, puis juste au-dessus de son décolleté. Foutu robe, elle me bloquait le passage. Me redressant en l’entrainant avec moi, je lui enlevais le bout de tissu blanc, et toujours mouiller malgré la chaleur, en le faisant passer par sa tête. Elle glissa toute seule malgré son humidité, et à peine fût-elle ôtée que je retrouvais les lèvres si douce de la demoiselle. Nous étions maintenant à égalité. Posant une main juste sur le haut de ses fesses, je laissais l’autre découvrir une poitrine ferme. Je passais de ses lèvres à son cou dont l’odeur m’enivrait, puis revenait à sa bouche. Nous retrouvâmes naturellement la position couchée, et je pu alors m’aventurer plus loin, descendant mes baisers jusqu’à sa poitrine, jouant avec son soutiens à gorge sans l’enlever pour autant, et laissant une main courir sur sa cuisse, frôler la dentelles du bout des doigts puis redescendre aussitôt dans un jeu pour lequel j’étais expert.

Kim comprit mon message et remonta ma robe jusqu'à mon ventre. Pendant ce temps, je déboutonnais son jeans – il n'y avait pas de raison. Il m’entraîna alors avec lui, nous redressant afin d'ôter complètement ma robe. Si cette situation insolite m'aurait terrifiée en temps normal, il n'y avait plus rien qui retenait mes gestes ici. Et les siens non plus, pour mon plus grand plaisir. Ses mains se faisaient baladeuses et agréables. Nos lèvres se quittaient parfois pour mieux se retrouver ensuite.

Nous nous couchâmes à nouveau sur le lit et ses lèvres quittèrent plus longtemps les miennes pour rejoindre ma poitrine. Pour ma part, je laissais une de mes mains parcourir son dos tandis que l'autre s'aventurait sous son pantalon. Mais bientôt, je trouvai cela injuste qu'il ait toujours ce vêtement sur lui. Injuste et dérangeant : je voulais sentir tout son corps au plus près du mien. Descendant son jeans sur ses hanches, je lui fis comprendre que je mourrais d'envie qu'il l'enlève, là, maintenant et tout de suite. Lorsque ce fut fait, je laissai mes lèvres descendre le long de son cou et parcourir son torse, remontant ensuite pour capturer à nouveau sa bouche dans un baiser passionné.

Tout comme moi, Anna devenait de plus en plus aventureuse également. J’avais maintenant l’esprit totalement accaparé par son corps, et si j’aurais du me poser de nombreuses questions, elles étaient toutes effacée par les caresses et les baisés de la jeune femme. Celle-ci en voulait d’ailleurs toujours plus. M’enlevant en partie mon pantalon, je fini de le retirer avec hâte. Je bouillonnais littéralement, pris d’un désir que je n’aurai jamais cru capable envers celle que je considérai jusqu’alors comme une ennemie de la pire espèce… Lui rendant son baiser avec passion, je dégrafais son soutiens d’une main experte, laissant courir l’autre plus entre ses cuisses. Alors qu’elle se retrouvait seins nus, j’allais poser un baiser sur l’un deux. Une chose était indéniable, Annabella était belle, et je trouvais alors que son nom lui allait à ravir. Remontant jusqu’à son cou, je le couvrit de baiser léger, caressant sa poitrine d’une main et glissant l’autre sous le bout dentelle qui la couvrait encore. Si l’on m’avait dit un jour que je désirerai Anna, je ne l’aurait pas cru, et pourtant…

Kim retira rapidement son jeans. Nous étions presque à égalité. Il dégrafa mon soutien-gorge pour mieux découvrir ma poitrine. Il ne nous restait plus à chaque qu'un petit bout de tissu, qui ne tiendrait à mon avis plus très longtemps au vu de nos états respectifs. Je désirais Kim de tout mon corps, aussi absurde cela puisse-t-il paraître. Jamais je n'aurais cru une telle situation possible, et pourtant j'étais en train de la vivre. Mon corps cherchait à brûler sous ses mains et ses baisers tandis que mes mains et mes baisers parcouraient son corps à lui.
Mon souffle se faisait de plus en plus court à chaque seconde qui passait. Me cambrant doucement sous les gestes experts de Kim, je me laissais totalement aller au moment présent et à nos deux corps l'un contre l'autre. Je me demandai un instant comment je n'avais pas pu remarquer avant à quel point Kim était beau. Ou alors je l'avais remarqué mais, ne faisant que le détester, je ne m'autorisais pas à le penser. Dans tous les cas, il me semblait à présent qu'il était la seule chose dont j'avais besoin en cet instant précis.
Je laissais donc mes mains découvrir chaque centimètre carré de son corps. L'une d'elle, plus entreprenante, se glissa à l'intérieur de son caleçon avec sensualité.

Cette fois, Anna toucha un point plus que sensible. Me crispant de plaisir, je cherchais son point sensible à elle du bout des doigts, chatouillant le bout de ses seins de baisers brulant avant de remonter jusqu’à ses lèvres. Tout mon corps frissonnait sous ses doigts, et j’avais le souffle court, retenant des soupirs à chacun des mouvements de la jeune femme. Je me risquais toujours plus loin alors qu’elle-même laissait aller ses mains de façon à me rendre fou. Sa culotte devint vite un obstacle gênant, et je fini par lui enlever avec douceur malgré l’envie qui me faisait perdre l’esprit. La chaleur était désormais insoutenable, et je devais lutter pour ne pas brusquer les choses, mais les préliminaires commençaient à ne plus m’être suffisants… Couvrant son corps de baisés, m’attardant sur ses seins, dans son cou, sur son ventre, je n’osais pourtant pas descendre plus bas. Malgré le fait que je commençais à perdre le contrôle, une parcelle de conscience semblait attendre comme un signale. Je revint donc l’embrasser, lentement, une main enlaçant sa nuque et la seconde provoquant des frissons et des soupirs qui m’échauffaient encore plus… Au moins, le plaisir semblait partagé.

J'avais l'impression que Kim voulait me rendre au centuple le plaisir que je lui procurais, ce qui était loin de me déplaire. J'aimais l'entendre retenir ses soupirs, tout comme moi je les retenais sans vraiment y parvenir. Il fit bientôt glisser ma culotte afin de me l'enlever. Il avait raison, elle devenait encombrante. Tout comme son caleçon, dont je me débarrassai rapidement pour mieux atteindre sa virilité. Tout mon corps irradiait de la même chaleur que le sien. Nous étions attirés l'un vers l'autre. J'avais envie de plus, de beaucoup plus. J'avais envie de lui. Les frissons qui parcouraient mon corps et les soupirs qui passaient la frontière de mes lèvres étaient autant de signes de cette envie, de ce besoin essentiel en cet instant.

- Kim... murmurai-je à son oreille dans un souffle. Je ne tenais plus, je voulais que nos deux corps fusionnent enfin...

Nous nous retrouvions rapidement nus tous les deux, et le contacte de sa peau sur la mienne provoquais des frissons de plaisir que je retenais plus facilement que la demoiselle apparemment. C’est alors que je reçus le signal attendu. Un léger murmure à mon oreille suffit pour que je passe à l’acte, avec douceur malgré nos corps échauffés. Je ressentis alors un intense plaisir, qu’étrangement je n’avais encore jamais ressentis jusqu’alors. Ce n’était pourtant pas la première fois… mais les choses semblaient ici différentes. La jeune femme se cambrait de plaisir. Pour ma part, je couvrais son cou de baisers entrecoupés de soupirs tout en me laissant aller dans une synchronisation parfaite avec les mouvements de la demoiselle. A croire que cela faisait des années que nous attendions ce moment… Non, cela était aberrent…et pourtant il fallait se rendre à l’évidence, nous ne formions plus qu’un en cet instant…

Kim comprit tout de suite mon signal, et nos corps tant attirés l'un vers l'autre fusionnèrent enfin pour notre plus grand plaisir. C'était la première fois que je ressentais ça aussi intensément, aussi parfaitement. C'était comme si nous avions été faits pour ce moment. Même si je savais cela impossible, ma conscience ne le supportant pas, en cet instant elle n'était plus là pour me contredire. Et je profitais de chaque baiser qu'il m'offrait. En cet instant, nous n'étions plus qu'un...

J'étais blottie contre Kim, encore brûlante de ce que nous venions de faire, lorsqu'on frappa à la porte. Je sursautai lorsque la voix de Ben se fit entendre. La fête était terminée et il demandait aux occupants de la chambre d'ouvrir la porte. Je jetai un regard affolé vers Kim avant de me lever en vitesse et d'enfiler ma robe qui avait eu le temps de sécher un peu. Me recoiffant rapidement, je m'avançai vers la porte mais je ne marchais toujours pas droit. Essayant d'avoir une contenance que je n'avais plus, je déverrouillai tant bien que mal la porte et ouvris à Ben, qui fut surpris de me trouver là.

Annabella ? Tu vas bien ?

- J'avais un peu la tête qui tourne alors je me suis allongée quelques instants. Je crois que je me suis endormie, excuse-moi. Je vais récupérer mes chaussures et je descends.

Euh... ok très bien. Dalia et Katarina sont encore là, je vais leur dire qu'on t'a retrouvée...

- Ok, dis-leur que j'arrive.

Je refermai la porte sans un mot de plus et revins vers le lit. Je ramassai mes sous-vêtements que je remis bien vite, cherchant ensuite après mes escarpins. Je me souvins qu'ils étaient dans la salle de bain. J'en profitai pour jeter un œil dans le miroir. Il était temps que je rentre chez moi, j'avais des cernes sous les yeux et mon maquillage était presque entièrement parti. Je faisais presque peur à voir – mais je reste regardable, heureusement. Je revins dans la chambre.

- Je dois y aller... dis-je à Kim qui se rhabillait également. Je ne savais pas quoi dire de plus. À part que j'avais passé un excellent moment. Parce que non, je n'étais toujours pas dans mon état normal ! J'ai passé un très bon moment...

Voilà, c'était dit. Sur ces mots, je sortis et refermai la porte derrière moi. Même si je n'étais pas moi-même, je savais qu'il ne fallait pas qu'on nous voit ensemble. Quelque chose au plus profond de moi m'empêchait de me montrer avec Kim. Et il était temps de rentrer. Je retrouvai les filles en bas et lorsqu'elles me demandèrent où j'étais depuis tout ce temps, râlant parce qu'elles m'avaient attendues toute la soirée alors que j'étais seulement partie me rafraîchir, j'évitai tout simplement la question. Je leur laissai le soin d'appeler mon chauffeur et elles me laissèrent lorsque la limousine arriva dans l'allée. Je les saluai à peine et m'engouffrai dans la voiture, à l'abri des regards indiscrets. Heureusement, la plupart des invités avaient déjà quitté les lieux, et les autres ne pouvaient pas savoir ce qui s'était passé.

J’en avais encore le souffle court, et je n’en revenais toujours pas. Serrant Annabella contre moi, je commençais à somnoler lorsqu’un coup à la porte me fit sursauter, ainsi que la jeune femme. Ben demandait à ce qu’on libère la chambre. Anna me lança un regard affolé. Pour ma part, je n’avais pas encore l’esprit assez claire pour paniquer ou quoi que ce soit d’autre. Je voulus la retenir lorsqu’elle se leva, mais me retrouvais seul dans le lit. Elle enfila rapidement sa robe et alla ouvrir, d’un pas peu assuré, pour sortir une excuse à Ben. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’une information s’insinua dans mon cerveau. Si quelqu’un apprenait ce qui s’était passé ici,… et bien ce serait juste horrible… Restant silencieux le temps qu’Anna se débarrasse de Ben, je sautai du lit et attrapais mes affaires avec une rapidité surprenante malgré le fait que je tremblais toujours et que ma tête recommençais à tourner un peu. La jeune femme revint de la salle de bain alors que je refermais mon pantalon, réfléchissant à l’endroit où se trouvait le reste de mes vêtements et me rappelant qu’ils étaient toujours dans la salle de bain. Alors qu’elle finissait de dire qu’elle avait passé un très bon moment, je me retins de l’enlacer pour l’embrasser une dernière fois, me contentant de lui répondre un « Moi aussi » dans un souffle. Je me retrouvais donc seul dans la pièce, un peu désorienté et l’esprit toujours pas très clair. Je passais rapidement par la salle de bain où je fini de m’habiller. Je me passais un cop d’eau sur le visage et dans la nuque pour essayer de me rafraichir un peu, allait récupérer les serviettes dans la chambre et sortit pas la salle d’eau, non sans avoir vérifié que personne ne trainait dans le couloir.

Je réussi à rejoindre le salon où quelques membres de l’équipe aidaient Ben à ranger. Oli m’accula aussitôt alors que je m’affalais dans un fauteuil.

« Kim, mais t’étais où bordel ? On t’a cherché partout… enfin presque partout. T’as vraiment une sale tête, qu’est-ce qui t’est arrivé ? »

Eli vint à ma rescousse, envoyant balader Oli d’une vanne cinglante sur le fait qu’il avait passé la soirée avec Katarina, et qu’il n’avait commencé à se soucier de moi qu’une fois la demoiselle partie, c’est-à-dire il y a peu. Le noir fit la moue et garda la silence, et moi aussi.

« Tu n’as pas l’air en état de conduire… Je te ramène tout de suite, on récupèrera ta voiture demain. »

Ayant vaguement compris ce que le blond venait de me dire, je hochais la tête, mais ne bougeais pas. Il alla dire quelques mots à Ben avant de revenir vers moi et de m’attraper par le bras pour me relever. Je le poussais mollement en marmonnant que je savais marcher et me dirigeais vers la sortie d’un pas lent. Eli me guida jusqu’à sa voiture où je m’affalais. Le trajet se déroula en silence, et il ne me fallut pas longtemps pour m’endormir une fois chez moi…

Le lendemain matin, ce fût la femme de ménage qui me réveilla avec empressement.

- Monsieur, vous allez être en retard, levez-vous voyons. Je me disais bien que ce n’était pas normal que vous ne soyez pas encore descendu. Allez, debout !

[i]Elle ne me lâcha pas avant que je ne sois levé, et c’est limite si elle ne poussa pas sous la douche. Ce n’est qu’une fois sous l’eau, froide, que je pu enfin m’éclaircir un peu les idées. La soirée me retomba en pleine figure, et je faillis déraper dans la douche alors que je me rappelais les évènements. Ce n’était pas possible… ça ne s’était pas vraiment passé… c’était un mauvais rêve… Je ne me sentais vraiment pas au top, chose plutôt rare pour un lendemain de soirée en semaine… J’y allais toujours mollo lorsque nous avions cours le lendemain, mais cette fois j’avais l’impression d’avoir vidé le bar entier… ce qui n’était pas le cas, j’en étais presque sûr. Je n’avais pas vraiment de trous noirs, même si la soirée ne me revenait que par flashs. Je restais un bon moment sous le jet d’eau, reconstituant le cours des évènements et m’effondrant presque lorsque je dus me rendre à l’évidence : j’avais couché avec Annabella…

La voix de la femme de ménage me fit revenir à la réalité. Si je n’étais pas prêt dans les 5 minutes, elle allait venir m’habiller elle-même. Cette idée suffit à me faire sortir de ma torpeur, et 5 minutes plus tard j’étais dehors, les cheveux trempés et habillé à la va vite d’un jeans et d’un t-shirt tout simple. Fixant ma moto un moment, je fini par l’enfourcher. La vitesse me ferait du bien, même si techniquement c’était plus dangereux qu’autre chose au vue de mon état. Mais j’arrivais entier au lycée, où je restais immobile sur le parking. Je n’avais pas ni le courage, ni l’envie de croiser Anna pour le moment… or avec nos casiers côte à côte… soupirant, j’allais rejoindre les gars près de la voiture d’Eli. Ils m’envoyèrent des vannes auxquelles je répondis avec le sourire, même si l’humeur n’y était pas. Je leur sortis une excuse bidon comme quoi j’avais du abuser et que je m’étais retrouvé affalé dans une chambre à dormir comme un bébé. L’autodérision détourna leurs hypothèses et ils se contentèrent de se fiche gentiment de moi jusqu’à la sonnerie. C’est alors qu’une idée horrible me traversa l’esprit : nous avions gymnastique en première heure…

Cette nuit-là, j'avais dormi comme un bébé. Si bien que j'avais failli ne pas entendre mon réveil. Heureusement Nora, ma nounou, vint me réveiller quelques minutes plus tard.

- Mademoiselle, vous allez être en retard en cours si vous ne vous levez pas maintenant. J'ai fait couler un bain chaud et j'ai déposé votre petit-déjeuner à côté.

Elle ouvrit les tentures pour laisser le soleil inonder ma chambre. Me cachant sous mes couvertures, avec un mal de crâne pas possible, je finis par me lever avant qu'elle ne fasse toute une histoire sur l'heure à laquelle j'étais rentrée la veille. Mais je ne pus échapper à l'habituel :

- Quand on sort, il faut assumer. Allez, hop, dépêchez-vous si vous ne voulez pas que j'en parle à vos parents.

Je m'enfermai dans la salle de bain et me jetai dans mon bain aux huiles essentielles. Ca faisait du bien après cette soirée mouvementée. Alors que je me détendais en savourant un verre de jus de fruits fraîchement pressés, des bribes de la soirée me revinrent en tête. Tiens, c'est vrai ça, je ne me souvenais pas de grand chose. Me concentrant alors pour essayer de remettre les bouts ensemble, quelle ne fut pas ma surprise de remémorer une drôle d'expérience... Non, j'avais dû le rêver cette nuit, ce n'était pas possible. Moi ? Coucher avec Kim Dong-Yul ? Plutôt mourir ! Même morte bourrée ça n'aurait jamais pu arriver. Et pourtant, c'était comme si je sentais encore ses mains sur moi... Surprise et dégoûtée, je m'enfonçai dans l'eau fumante du bain en prenant ma respiration. Il fallait que je me sorte ces idées de la tête. Le problème, c'est que je savais que ça s'était vraiment passé. Mais pourquoi ? Comment ? Je ne me souvenais pourtant pas avoir bu autant. Alors comment expliquer cette perte de contrôle ? Car oui, je savais également que je n'étais pas dans mon état normal. La fatigue et le mal de tête m'aidaient à confirmer cette conclusion. Il s'était passé quelque chose... Et c'était sûrement de la faute de Kim, à n'en pas douter !

- Espèce d'idiot, tu vas m'entendre ! lâchai-je pour moi-même en émergeant. Avisant l'heure, je sortis de mon bain à contre cœur et m'habillai. Bon, j'étais déjà plus fraîche mais je n'étais quand même pas vraiment dans mon assiette. Je finis mon petit-déjeuner avant de me rendre au lycée en limousine, appréhendant le moment où je devrais croiser cet idiot de Kim.

Arrivée devant l'école, je descendis et les filles me rejoignirent.

- Tu as mauvaise mine m'avoua Kat. Dalia acquiesça.

- Ça se voit tant que ça ? leur demandai-je, paniquée de faire mauvaise impression.

- Non, ne t'en fais pas ! C'est juste qu'on te connaît bien. Mais ne t'inquiète pas, tu es parfaite, personne ne le remarquera !

- Katarina a flirté avec Oli, hier soir. Tu aurais dû voir ça ! commenta Dalia sur un air moqueur, pour changer de sujet. Avec une grimace de dégoût, je jetai un œil surpris à Katarina. Enfin, à moitié surpris, vu que je la connaissais bien aussi : elle sautait sur tout ce qui bougeait. Mais le commentaire sur le fait que les joueurs de l'équipe de foot étaient tous plus idiots les uns que les autres me resta coincé au fond de la gorge. Parce que je savais ce que j'avais fait hier, et que ça ne passait toujours pas. Même si, dans mes souvenirs, j'avais passé un bon moment...

Je me rendis à mon casier et interrogeai les filles sur le premier cours de la journée. Je n'avais pas encore retenu l'horaire et je n'avais pas vraiment regardé avant de partir.

- On a gym, avec McConway ! Je me suis promis de coucher avec lui cette année, et je tiendrai parole ! Il m'a déjà dans l’œil après tout. Et la dernière fois, il avait un regard plutôt insistant. Ce vieux pervers caché ne tiendra pas longtemps face à mes atouts de chasseuse !

Je hochai la tête en refermant mon casier. Pas de Kim dans les parages, c'était déjà ça. Je ne voulais pas avoir à le croiser pour l'instant. Je ne digérais toujours pas ce qu'il s'était passé hier et je voulais à tout prix éviter de croiser son regard.

- Bon les filles, on y va ?

Je préparais déjà un plan afin de ne pas devoir assister au cours de gym. C'était rare que je rate ce cours-là, mais je ne me sentais pas en état de faire quoi que ce soit, et encore moins en présence de Kim.

Je fus trainé malgré moi par Eli et Oli au cours de gym. L’avantage, c’est que je n’avais pas à passer par mon casier pour ce cours-là, mes affaires se trouvant déjà au vestiaires (je les y avais déposées la veille pour plus de facilité). Mais je ne me sentais pas en état de participer au cours. M’apprêtant malgré tout avec lenteur, c’est avec quelques minutes de retard que j’entrais dans le hall omnisports. Le prof avait déjà commencé son laïus de rentrée, annonçant les divers sports auxquels nous allions avoir droit. Il me fusilla du regard alors que j’allais m’asseoir, gardant les yeux rivés au sol afin d’éviter tout contacts avec Annabella, que j’avais repéré malgré moi sur le côté. Heureusement pour moi, il évita de m’apostropher pour cette fois. Je commençais à somnoler lorsque McConway lança le jeu : du volley. Super, on commençait fort ave un match afin de nous remettre dans le bain. Pourtant, je restais bien gentiment assis à ma place, les yeux fermés. Zayne, le prof de gym, fini par m’interpeler avec ironie.

Monsieur Dong-Yul, le fait d’être capitaine de l’équipe de foot ne vous exempte pas du cours de gymnastique !

Daignant ouvrir les yeux pour le toiser un moment, je fini par me lever et allais me placer au bout du terrain en trainant les pieds et en gardant les yeux river sur le mur à ma droite, évitant ainsi d’avoir Anna dans mon angle de vue, puisqu’elle se trouvait sur ma gauche. J’avais mal à la tête, et je me sentais légèrement tremblant, même si cela ne se remarquait pas. Le jeu fut lancé, je n’eu alors pas le choix de tourner le regard vers le ballon si je ne voulais pas me le prendre en pleine figure. Suivant la balle des yeux, je fini par croiser malgré moi le regard de la blonde qui semblait s’être arrangée pour rester sur touche. Un flash de la nuit me traversa alors l’esprit, et, déconcentré, je me ramassais le ballon en pleine figure. Manquant de trébucher, je renvoyais la balle avec rage avant que le prof n’arrête le jeu.

Monsieur Dong-Yul, j’aimerai que vous montriez un peu plus d’intérêt pour ce cours !

Genre, comme si j’avais fait exprès de me prendre la balle dans la gueule… Lançant un regard noir à Zayne, je me dirigeais d’un pas décidé vers les vestiaires. Le prof m’interpella de nouveau en me demandant où je comptait aller comme ça. Me retenant de lui répondre avec un doigt d’honneur, je pris la peine de m’arrêter pour lui répondre.

« Je ne me sent pas bien, il vaut mieux que j’aille à l’infirmerie si vous ne voulez pas que je retapisse le parquet du gymnase avec mon p’tit-déj. »

Très poétique Kim, dégagez de ma vue avant que je ne change d’avis. Et vous avez intérêt à être plus frais la prochaine fois !

Murmurant un « va te faire foutre » entre mes dents, je me dirigeais vers les vestiaires, des images me sautant à la gorge. Il ne manquait plus que je soit déconcerté à chaque fois que je croise la pompom à cause de ce qu’il s’était passé. M’affalant contre les casiers, je restais immobile un moment avant de sortir, toujours en tenue de sport, pour rejoindre l’infirmerie. L’infirmière aurait peut-être de quoi me remettre un minimum d’aplomb… Malheureusement, il semblait qu’Anna ai eu la même idée que moi. A peine eu-je passé la porte de l’infirmerie que je me retrouvais nez-à-nez avec la blonde…

Je réussis à convaincre McConway que je ne me sentais vraiment pas bien – trucs de filles, quoi. Je pus rester sur le côté pendant qu'il faisait son laïus et qu'il annonçait le sport du jour : le volley. J'aimais encore bien ce jeu, mais bon, mieux valait que je reste sur le côté avec mon mal de tête et mes vertiges. Et puis, je ne voulais pas avoir à jouer avec Kim, que ce soit dans son équipe ou non. D'ailleurs, ce dernier se pointa en retard. Je fis mine de ne pas le voir et plongeai mon attention dans un bouquin. Mais je n'arrivais pas vraiment à me concentrer, aussi reposai-je mes yeux sur le match, évitant le côté où se trouvait le footballeur. Sauf qu'il bougeait. Et je croisai bientôt son regard. Je me souvins du compliment que je lui avais fait sur ses yeux la veille. Je me levai aussitôt après avoir détourné le regard, pris mon sac et sortis de la salle de gym. L’infirmerie ne me ferait pas de mal. Un cachet pour la tête, quelque chose pour dormir. Pour oublier ce qu'il s'était passé la veille...

L'infirmière n'était pas là. J'entrai dans l’infirmerie et m'installai sur une chaise en attendant son retour. Non mais, à quoi ça servait qu'on paie des fortunes pour financer ce lycée si on ne trouvait personne pour s'occuper de nous quand nous en avions besoin ? Pestant intérieurement sur l'incompétence de certaines personnes ici, je fus interrompue par la porte qui s'ouvrait enfin.

- Ah enfin vous voil...

Je ne terminai pas ma réflexion : ce n'était par l’infirmière mais Kim. Génial, il ne manquait plus que ça. Étant un instant décontenancée, je fis ensuite mine de l'ignorer en détournant le regard.

- Elle n'est pas là lâchai-je simplement en essayant de garder mon calme.

C’était bien ma veine. J’eus aussitôt le réflexe de faire demi-tour, sortant comme j’étais entré, mais je me stoppais alors que j’allais refermer la porte derrière moi. Me frottant les tempes quelques secondes en soupirant, je revins sur mes pas, allant me planter face à Anna. Bras croisés sur le torse, je pris la parole sur un ton résolu, même si mon esprit était loin de suivre le mouvement…et que je prenais soin d’éviter de la regarder.

« Bon, puisqu’on ne va pas pouvoir s’éviter éternellement, autant mettre les choses au point directement ! Je ne suis pas très sûr de ce qui s’est passé hier, mais je suis certain d’une chose, ni toi ni moi n’étions vraiment conscients de ce que nous… faisions. Et avant que tu ne rejette la faute sur moi, je n’y suis pour rien dans cette histoire… ou plutôt tu y es pour autant que moi dans ce qui s’est… passé... »

J’avais parlé vite afin d’éviter qu’elle ne me coupe, mais j’avais fini sur une note plus hésitante, ne pouvant m’empêché de me rappeler certaines scènes de la veille. Le pire, c’est que je me souvenais avoir aimé ça… peu importe ce que c’était… et cette idée me fit frissonner, mais je n’arrivais pas à dire si c’était de dégout ou autre chose… Jetant un rapide coup d’œil à la blonde pour voir sa réaction, une image de son corps nu passa comme un flash, et je fermais aussitôt les yeux en jurant et me retournais, près à partir. Les médocs attendraient, là j’avais un sérieux besoin d’air…

Kim fit demi-tour et je fus soulagée qu'il quitte la pièce. Enfin, ça ne dura pas longtemps. Il se stoppa et revint dans l'infirmerie. Il se planta devant moi et prit la parole d'un air résolu. Je ne levai pas les yeux vers lui, évitant de le regarder et de me remémorer ce qu'il s'était passé la veille. Mais je l'écoutai malgré tout attentivement. Peut-être allait-il me donner un élément de réponse quant à notre dérive. Il savait quelque chose, j'en étais certaine ! Hélas, ce n'était pas le cas. Apparemment, lui non plus ne savait pas ce qu'il s'était passé. Alors que je ne répondais pas, il fit mine de partir en se retournant. Prenant mon courage à deux mains et planquant mon orgueil dans un coin de ma tête, je finis par me lever pour répliquer à sa petite tirade plutôt... courageuse.

- Kim, attends...

Moi, retenir Kim ? On était vraiment passés dans une autre dimension là !

-Tu as raison, il faut qu'on mette les choses au clair. Je ne sais pas non plus ce qui s'est passé hier... Et j'étais persuadée que tu y étais pour quelque chose, que c'était de ta faute.

C'était plus difficile que je ne le pensais. Je n'avais vraiment pas l'habitude de dire ce genre de choses. Me forçant à continuer, je repris :

- Il faut croire que c'est de notre faute à tous les deux. Je n'avais pourtant pas bu énormément, je ne comprends pas comment ça a pu arriver ! Ce... c'est impensable comme situation, non ? Qu'est-ce qui nous a pris ?

Alors que je m’apprêtais à partir, Anna m’interpella. M’arrêtant de nouveau, la main sur la poignée, je tournais légèrement la tête, n’osant pas me retourner complètement. Elle venait de me dire que j’avais raison ? Elle me croyait ? Incroyable, même si je lui avais bien dis la vérité, je n’aurais jamais cru qu’elle irait dans mon sens, du moins pas dans l’immédiat. Me tournant un peu plus vers elle, mais gardant toujours le regard détourné, je serais un peu ma prise sur la poignée et pris une grande inspiration avant de répondre.

« Franchement, je ne vois pas pour quelle raison j’aurais provoqué ce genre… d’évènement. Je n’ai pas bu beaucoup non plus, je ne pense pas que ça vienne de là… »

Cette situation était plus qu’impensable en effet. Pourtant, plus j’avais des flashs, moins ils me provoquaient du dégout ou autre chose du genre, mais je ne voulais pas chercher à savoir ce que je ressentais exactement dans l’immédiat. Me passant la main dans les cheveux, je fini par aller m’asseoir sur le lit, position plus confortable, et surtout plus stable que de rester debout. Je gardais le silence un moment, essayant de réfléchir de façon utile. Je fini par reprendre pour exposé la solution la plus probable selon moi.

« De la drogue. Mais ça semble plutôt improbable que nous ayons été drogués tous les deux… »

Je n’arrivais pas encore à recouper les évènements de façon suffisamment claire pour avoir tous les détails, mais je pouvais déjà affirmer à 90% que nous n’avions pas pu avoir été drogués tous les deux, et encore moins à la même fête. Ce genre de drogue ne circulait pas souvent et avait généralement un but précis. Du coup, j’étais également sûr que si c’était bien ça, c’était un acte ciblé, sinon tous les participants de la soirée auraient été dans le même état que nous, ce qui ne semblait pas être le cas. Posant mes coudes sur mes genoux, je blottit ma tête dans mes mains.

« Je ne vois que ça, mais je n’arrive pas à expliquer comment nous aurions pu être affecté tous les deux… C’est impossible que nous soyons tous les deux victime de ce genre de bassesse… »

Apparemment lui non plus n'avait pas beaucoup bu. Ça devait venir d'ailleurs. Il vint s'asseoir sur le lit alors que je me rasseyais sur la chaise. Nous réfléchissions tous les deux sur ce qui avait pu provoquer notre état. Alors qu'une idée venait de germer dans mon esprit, il me devança en parlant de drogue. Mais en effet, c'était peu probable que nous ayons été les deux seules personnes touchées. À moins que l'un de nous deux seulement était visé. Il pensait pareil. Posant ses coudes sur ses genoux, il cacha sa tête dans ses mains. Je le fixai un moment sans vraiment le voir, réfléchissant toujours à ce qui pouvait nous aider à éclaircir le mystère...

- Je crois que je sais ce qu'il s'est passé affirmai-je bientôt, peu sûre de moi. Mais un détail de la soirée, qui paraissait pourtant insignifiant au premier abord, venait de me revenir en mémoire. Même si j'avais du mal à y croire, et même à imaginer que ça pouvait être ça.

- Je ne sais pas si tu te souviens, mais tu as bu dans mon verre...

J'avais du mal à y croire, mais tout concordait pour dire que j'avais été la seule visée par ce mauvais coup au départ... Baissant les yeux, mal à l'aise par ce à quoi je venais de penser, je ne rajoutai rien. La seule chose qui me venait à l'esprit en cet instant se résumait à deux questions simples : qui et pourquoi ?

La pompom garda le silence un moment, semblant réfléchir également. Elle finit par avancer une hypothèse, me demandant si je me souvenais avoir bu dans son verre. Relevant la tête, je posais malgré moi les yeux sur la jeune femme. Cela tenait la route en effet. Quelqu’un avait drogué Anna, et je m’étais drogué tout seul en me trompant de verre, ce qui expliquait pourquoi nous avions réagis tous les deux bizarrement. J’eu un rire nerveux, me passant une main dans les cheveux.

« Punaise, y a petit con qui a voulu profiter de toi, faut oser quand même… Manque de bol, je lui suis passé devant… »

J’avais repris mon sérieux sur la fin de ma phrase, essayant de refaire la soirée dans ma tête en y ajoutant ce nouvel élément. Quelqu’un avait mis une drogue dans le verre d’Anna, probablement dans le but d’en profiter par la suite, mais c’était sans compter que je boive moi aussi la substance. Ensuite… et bien nous nous sommes tous les deux laissé prendre au jeu…

« Je me disais bien que ce champagne était plus dégueu que d’habitude… »

J’avais plus marmonné que parlé. Posant les yeux sur l’ordi de l’infirmière, je me levais d’un bon, allait fermer la porte à clé et m’installais au bureau. Je devais savoir ce que nous avions pris exactement. Je connaissais la drogue du viol, mais cela n’y ressemblait pas vraiment. C’était plus subtil que ça. Tapant quelques mots clé sur le moteur de recherche, je parcourais les différents noms qui apparurent à l’écran. Mais mon mal de tête me brouilla bien vite la vue, et je me reculais dans le siège en soupirant.

« Impossible de rester concentrer plus de deux minutes sur cet écran… Enfin moins on est sûr d’une chose, on est innocents tous les deux… C’est plutôt une bonne nouvelle, non ? »

Je fixais la souris de l’ordinateur, essayant de chasser de nouvelles images. Ça allait durer encore longtemps ce genre de flashs ? Me relevant, je sortis pour de bon cette fois, non sans adresser une dernière phrase à la blonde.

« Si tu veux qu’on continue cette… conversation, tu vas devoir te trainer jusqu’au toit. J’ai besoin d’air. »

Kim eut un rire nerveux que j'aurais mal pris dans n'importe quelle autre situation. Il résuma ensuite la situation avec son tact dans toute sa splendeur. Oui, quelqu'un avait voulu profiter de moi, et oui il était passé devant. Quelle grâce dans ses propos !

- Il était atroce, oui ! Ben n'a vraiment pas bon goût... lâchai-je sans plus aucune conviction.

Bon, j'aurais pu m'abstenir de faire une énième remarque sur le champagne. Mais c'était surtout pour éviter d'aborder l'autre sujet.

Kim se jeta sur l'ordinateur de l'infirmière, qui n'avait pas verrouillé sa session. Je restai à ma place, passant en revue toutes les personnes présentes à la soirée. Mais il y avait tellement de monde, comment savoir qui avait pu imaginer ça ? Je me sentais faible, cette situation me donnait presque envie de pleurer. Presque, parce que je n'allais pas m'abaisser à ça devant Kim. Non, jamais de la vie ! J'avais toujours su me montrer forte, ça n'allait pas changer. Il fallait que je me reprenne. Je lui lançai un sourire peu convaincu lorsqu'il affirma qu'au moins nous étions sûrs d'être innocents, mais il ne me regardait même pas – et c'était tant mieux.

Il se leva bientôt tout en me disant que si je voulais continuer notre conversation, je devrais me rendre sur le toit avec lui parce qu'il avait besoin d'air. Même si en cet instant je n'avais plus envie de parler de ça – enfin, je n'en avais jamais eu envie en vérité – , je ressentais également ce besoin essentiel de prendre l'air. Oui, respirer l'air frais me ferait du bien, je me sentirais mieux après. Cette boule présente dans ma gorge disparaîtrait avec !

Je me levai et le suivis, tout en restant à une bonne distance. Je croisai les doigts pour que personne ne nous voit ensemble. Heureusement, nous arrivâmes sur le toit sans problème. Sans attendre, je me dirigeai vers le rebord et m'y appuyai, fixant le vide devant moi. La légère brise qui balayait le toit me faisait du bien. Je fermai les yeux, respirai un grand coup, et me décidai à ouvrir la bouche.

- Je me demande qui a pu faire une chose pareille. S'il voulait coucher avec moi, il aurait pu s'y prendre autrement ! Même si je l'aurais sûrement envoyé balader dis-je en essayant de plaisanter.

Mais je n'y arrivais pas. Ce qui s'était passé me faisait peur. Que ce soit l'alcool qui m'ait poussée à faire une bêtise, passe encore. Mais qu'on ait tenté de me manipuler avec de la drogue, ça, je ne pouvais pas le supporter. Je me sentais fragile et vulnérable, ce n'était pas normal. Moi qui étais toujours sûre de moi, qui rabaissait sans cesse ceux qui n'étaient pas assez bien pour mon ego surdimensionné, est-ce que j'en arrivais à me sentir comme ces idiots qui ne pourraient jamais être au-dessus de la chaîne alimentaire ? Il fallait croire que c'était le cas...

A ma grande surprise, Anna me suivit sur le toit. Enfin c’était déjà une surprise que je lui propose de monter alors que la veille je ne rêvais que de la jetée par-dessus bord… Elle resta tout de même à bonne distance derrière moi, ce qui était plutôt une bonne chose. Ce n’est qu’une fois dehors que je me rendis compte que j’étais toujours en tenue de sport. Bah, tant pis, ce n’est pas comme si j’avais eu le temps de transpirer dedans, et j’aurai tout le loisir de me changer par la suite. En attendant, un bol d’air me ferait du bien. La blonde se précipita à la barrière où elle s’appuya. Pour ma part, j’allais m’asseoir contre, à près de deux mètre d’elle, et fermait les yeux, la tête appuyée contre les barreaux. Anna repris alors la parole, tentant une plaisanterie qui tomba à plat. C’est vrai qu’après tout je lui avais dit de me suivre s’il elle voulait continuer la conversation… Respirant profondément, je fini par lui répondre après quelques secondes de silence.

« Franchement, tu serais étonnée du nombre de mecs qui rêvent de toi malgré ton caractère de chien. La chef des cheerly sexy, ça donne de quoi fantasmer. Mais c’est vrai que c’est plutôt étonnant que quelqu’un ait eu assez de cran pour aller aussi loin… Enfin non, ça aurait été du cran s’il te l’avait demandé directement en effet, mais là, ce serait plutôt de la lâcheté en fait… »

Je n’avais pas bougé d’un pouce en parlant, les yeux toujours clos. Le toit me faisait déjà effet, et si je ne me sentais pas vraiment mieux, mes idées s’agençaient déjà plus facilement. Mais du coup, j’en revenais à la question de comment je prenais réellement cette histoire. Rouvrant les yeux, je me relevais et fis quelques pas, essayant de me vider la tête.

« En tout cas, même si je n’étais pas visé, si je trouve le coupable, je le démonte… Parce que putain je ne sais pas ce qu’il a utilisé, mais ça bousille le cerveau… »

Kim s'assit contre le rebord, à quelques mètres de moi. Le silence s'installa avant qu'il ne réponde. J'eus presque envie de sourire en l'entendant. Bon, ça, je le savais. Je savais que beaucoup fantasmaient sur moi, c'était bien normal. Et Kim le reconnaissait, ce qui était plus étonnant. Et cela me faisait étrangement plaisir... Même si ce n'était pas le plus important pour le moment, il y avait plus urgent à gérer. Du cran ? Non, de la lâcheté ! J'allais le rajouter mais le capitaine de foot fut plus rapide. Je hochai la tête.

- Il faut vraiment être idiot pour faire ça. Ça nous laisse beaucoup de coupables potentiels...

Kim se releva et menaça de démonter le coupable s'il le trouvait. J'acquiesçai à nouveau lorsqu'il eut terminé de parler.

- C'est clair ! J'arrive pas à me concentrer et j'ai mal à la tête ! J'espère que ça va pas être permanent ! Il faudrait qu'on porte plainte mais...

Mais ça voudrait dire avoir à raconter ce qu'il s'était passé entre nous... Et j'avais vraiment du mal avec cette idée. En plus, si mes parents l'apprenaient, ça serait la catastrophe ! Ils ne devaient jamais être mis au courant...

Anna répliqua qu’il fallait vraiment être idiot pour droguer les gens de la sorte, ce qui donnait une assez longue liste de coupables possibles. Même si elle se réduisait aux invités de la soirée de Ben, ça nous laissait quand même du choix…

La blonde ajouta ensuite qu’elle ne se sentait pas au top non plus et qu’elle espérait que ça ne soit pas permanent. Logiquement non, mais tout dépendait des doses utilisées, ou de ce que c’était tout court en fait… Lorsqu’elle parla de porter plainte, je me stoppais net et me tournais vers elle.

« Tu serais prête à raconter ce qu’il s’est passer à tout le monde juste pour trouver un petit con qui finira surement pas se trahir lui-même ? Parce que moi pas !»

Franchement, si l’idée de raconter à tout le monde que j’avais couché avec Annabella aurait pu être séduisante dans d’autres circonstances, l’avoir fait sous l’effet d’une drogue était tout de suite moins reluisant.

« Et puis de toute façon, les flics ne s’intéresseront jamais à une histoire de coucherie entre ados, drogués ou pas. Ce n’est pas comme s’il y avait eu viol… »

En effet, même si nous étions drogués, nous étions tout de même tous les deux consentent… en fait. Poussant un long soupir, je vins m’appuyer à nouveau sur le rebord et fixais l’horizon.

« Tout ce sait dans un lycée,… ou presque. Le coupable finira par se trahir, et là il n’aura même pas le temps de faire une dernière prière. »

Je laissais planer un nouveau silence, profitant de l’air frais qui balayait le toit. Au bout de quelques minutes, je fini par reprendre la parole, gardant le regard fixer au loin.

« Si tu pouvais remonter le temps et faire en sorte que ça ne produise pas, tu le ferai ? »

Mes pensées avaient fini par tournée malgré moi de nouveau vers cette nuit, et plus les images m’apparaissaient claires, plus j’étais tiraillé entre le dégout et le plaisir. Oui nous étions drogués, oui nous n’aurions surement jamais fais ça dans d’autres circonstances, mais il fallait se rendre à l’évidence : c’était arrivé. La question qui se posait maintenant était : est-ce que c’est arrivé parce que la drogue nous à embrouillé ou parce qu’elle a amplifié des sentiments déjà présents auparavant… ?