Le point de vue de Seth sur les libres était depuis toujours assez modéré. Il évitait généralement de faire des rapprochements entre les individus dont il entendait parler ou qu'il rencontrait car il était bien conscient qu'il y avait autant de libres différents que de membres ou de soumis. Ils vivaient avant tout pour eux même, il aurait donc été injuste de juger des dizaines d'individus coupables alors qu'il n'y en avait finalement que quelques un qui avaient fauté. Seulement, les récents événements avaient tendances à le rendre plus méfiant. Des choses étranges, il s'en passait beaucoup dans Paris et il ne pouvait nier le fait que de plus en plus de libres dépassaient les bornes. Dans cette mêlée de têtes inconnues, il y avait pourtant un groupe à qui on ne pouvait rien reproché : la troupe de Virgo. Sur eux, il ne savait pas grand chose, mais il avait développé une étrange curiosité depuis qu'il avait fait la connaissance de Elan. Un beau jour, il avait donc décidé d'aller chercher les informations directement à la source.

Cela expliquait donc pourquoi il marchait depuis un bon moment déjà, s'éloignant toujours plus du territoire des aigles. Il avait pris soin de faire un détour pour éviter de trop s'approcher des dragons et il pouvait désormais apercevoir le campement dressé par la troupe. Il avait déjà croisé deux personnes qui lui avaient assuré qu'il était bien sur la bonne voie. Elles s'étaient montré particulièrement sympathiques, lui prouvant encore une fois qu'il avait bien raison de ne pas faire d’amalgame.

Lorsqu'il arriva à l'entrée du campement. Il se rendit compte qu'il ne savait pas vraiment comment s'y prendre. Devait-il demander à voir Elan ? Il avait envisagé la possibilité de le recroiser ici et n'avait pas trouvé cela déplaisant. Mais il n'était pas contre le fait de rencontrer une nouvelle personne, en plus il avait un peu peur de déranger le jeune homme. En apercevant un homme nettement plus âgé que lui, il aurait pu être chef, il s'en approcha.

— Virgo ?

Découvrir le monde

Encore une longue journée que tu passes au campement. Virgo s'absente souvent ces derniers temps et il te demande à chaque fois de t'occuper de tout le monde. Certains membres de la Troupe ont peur depuis le retour à Paris et ils aiment savoir que des combattants restent sur les lieux pour les protéger. Tu es déjà plutôt apprécié en temps normal mais tu sais désormais que tu peux te reposer sur une sacré cote de popularité maintenant. Après une courte sieste que te réclamait ton corps suite à une nuit difficile, tu décides de faire le tour du camp pour t'assurer que tout se passe bien. C'est durant cette promenade que tu es soudain accosté par une personne qui t'est inconnue.

SETH – Virgo ?

Cette appellation te choque un peu. Tu t'es arrêté brutalement alors que tu marchais et voilà que tu te tournes pour fixer le jeune homme qui s'est approché de toi. Son visage ne te dit rien mais au vu de son âge et de sa constitution physique, tu supposes qu'il doit s'agir d'un Membre. Tu ne passes pas plus de temps à l'étudier, encore trop perturbé par le fait qu'il t'ait confondu avec Virgo. Tu as beau être un peu plus vieux que le nouveau venu, tu n'aurais jamais imaginé que l'on puisse te considérer comme une sorte de chef. Suite à un long silence, tu pars finalement dans un fou rire. C'est plus fort que toi, tu ne peux pas t'empêcher de rigoler et tu songes que cela amusera sûrement Virgo aussi lorsque tu lui parleras de tout ça. Tu te calmes pourtant rapidement de peur de froisser le jeune homme.

ADRIAN – Pardon. Non, je ne suis pas Virgo. Mon nom est Adrian, j'appartiens à la Troupe depuis que je suis petit.

Tu n'as pas peur de trop en dire, si le jeunot est venu ici c'est sûrement pour quelque chose. Et tu n'envisages pas une seule seconde qu'il puisse se montrer hostile. Un acte d'agression en plein cœur du campement serait de toute façon particulièrement stupide, il y a pas que les clans qui savent former de bons combattants et Virgo est connu pour être un excellent pédagogue.

Seth s'était approché d'un homme sans trop savoir s'il faisait bien. Il était plus âgé et paraissait assez posé, il avait donc osé une supposition en l'interpellant. Bien sûr, il avait déjà entendu parlé de Virgo, mais il ne connaissait ni son parcours, ni son âge. Pour lui, c'était juste le chef de cet étrange groupe qu'était la troupe. Groupe qu'il ne connaissait pas plus au final. Au long silence qui lui répondit, il se rendit compte que sa supposition n'était peut-être pas très bonne. L'homme ne disait rien, il se contentait de le fixer, si bien que l'aigle se sentit très mal à l'aise. Qu'il ait fait une boulette peut-être, mais ce gars aurait quand même plus le lui dire au lieu de rester stoïque. Lorsque celui qui n'était pas Virgo se mit finalement à rire, Seth ne pu réprimer un sursaut. Il lui avait fait peur à réagir d'un coup comme ça. Cette réaction soudaine ne l'aidait pas plus à comprendre ce qu'il en était par contre et il du attendre que le brun se calme pour en savoir finalement un peu plus.

Une fois qu'il eut cessé de rire, l'homme se présenta sous le nom d'Adrian. Il ajouta qu'il faisait partie de la troupe depuis qu'il était petit ce qui poussa Seth à se dire que ce fameux Virgo devait être plutôt vieux. Il avait donc bien commis un impair. Néanmoins, il ne comprit pas vraiment pourquoi Adrian lui en disait autant sur sa vie. Etait-ce une façon de lui faire comprendre qu'il était l'un des piliers du groupe et qu'il pouvait donc autant l'aider que Virgo ? C'était difficile à dire.

— Je suis désolé, je ne voulais pas te vexer. lâcha-t'il, mal à l'aise.Je m'appelle Seth. Je suis des aigles.

Le jeune homme ne paraît pas très à son aise. Tu mets directement ça sur le compte de ton éclat de rire qui a du lui faire une mauvaise impression. Ou peut-être est-il simplement gêné de s'être trompé. Dans tous les cas, tu n'aimes pas provoquer ce genre de sentiment chez tes interlocuteurs. D'une façon ou d'une autre, tu comptes bien arranger cela. Il te semble impensable qu'il puisse repartir avec une mauvaise vision de la Troupe. Tu seras donc un hôte parfait comme le voudrait Virgo.

SETH – Je suis désolé, je ne voulais pas te vexer. Je m'appelle Seth. Je suis des aigles.

C'est donc ça. Maintenant que la raison de son malaise est apparue, tu comprends un peu mieux. Virgo étant plus âgé, cela pourrait être vexant mais ce détail ne te tracasse pas plus que ça. C'est même une sorte d'honneur qu'on te prenne pour lui vu tout ce qu'il a accompli en restant un homme droit.

ADRIAN – Ne t'inquiète pas, je ne suis pas vexé. Virgo est un grand homme, je serais heureux si je pouvais devenir au moins à moitié aussi bon que lui.

Tu n'as pas peur de parler avec ferveur de lui. Il est ton chef et ton protecteur depuis tant d'années, il n'y a aucune honte à cela. Et puis, il faudrait être aveugle pour ne pas voir à quel point tu l'admires.

ADRIAN – Et que puis-je pour toi, Seth des Aigles de l'Est ? Tu avais besoin de Virgo pour une raison précise ?

L'homme n'était peut-être pas Virgo, mais il paraissait sympathique. Il prit le temps de le rassurer à propos de sa méprise ce qui poussa Seth à soupirer discrètement de soulagement. Il est vrai que vu comme ça, c'était moins gênant. Il pouvait comprendre que le fameux Adrian éprouve une telle admiration pour son chef car il éprouvait la même chose pour Kim. Cette découverte le mit immédiatement à l'aise. Il savait au moins de quel bois était fait le libre désormais.

Les questions d'Adrian lui rappelèrent qu'il n'était pas là pour rien. Enfin si, il ne venait pas avec une mission précise, mais juste parce qu'il était un peu curieux. Mais comment allait-il bien pouvoir exposer les choses ?

— Non, je ne viens pas pour Virgo. J'ai juste tenté ma chance en te voyant.

Et il n'était pas mécontent d'être tombé sur Adrian plutôt que sur Virgo, il ne se serait pas vu en train de poser toutes ses questions à l'homme. Il devait certainement être occupé après tout.

— A vrai dire rien de spécial. J'ai rencontré un membre de la troupe il y a quelques jours. Il s'appelle Elan. Depuis, je me suis rendu compte que je ne savais rien sur vous et j'ai eu envie d'en apprendre plus. Cela te dérangerait de me parler un peu de votre groupe ?

Seth préférait y aller franco, cela ne pouvait pas faire de mal. Et puis au moins, il saurait directement si sa démarche était étrange ou non.

SETH – Non, je ne viens pas pour Virgo. J'ai juste tenté ma chance en te voyant.

Tu te prends à sourire. Tu n'as jamais été un homme sombre malgré la façon dont la vie t'a malmené. Tu aimes profiter de l'instant présent lorsque tu y arrives et c'est aujourd'hui le cas. Tu es content d'avoir l'occasion de découvrir une personne nouvelle alors tu lui souris, tout simplement. Ce n'est pas un sourire lumineux ou hypocrite, juste de la pure sympathie. Les membres de la Troupe sont réputés pour ne pas être farouches et ne jamais rejeter les visiteurs, c'est d'autant plus vrai dans ton cas.

SETH – A vrai dire rien de spécial. J'ai rencontré un membre de la troupe il y a quelques jours. Il s'appelle Elan. Depuis, je me suis rendu compte que je ne savais rien sur vous et j'ai eu envie d'en apprendre plus. Cela te dérangerait de me parler un peu de votre groupe ?

Au moins, Seth n'y va pas par quatre chemins. La franchise, c'est une qualité que tu respectes si elle est bien employée. Tu pars du principe qu'être franc est important mais que parfois il vaut mieux se taire pour ne pas blesser inutilement. Dans ce cas-ci, c'est une toute autre franchise. L'Aigle s'adresse juste à toi de façon naturelle et il témoigne une curiosité que tu trouves agréable. Tu es aussi content d'apprendre que sa rencontre avec Elan a été positive. Il suffit d'entendre sa voix pour comprendre qu'il apprécie le jeune homme et cela te rassure. Tu aimes bien ce petit gars et tu t'es toujours un peu inquiété de le voir si solitaire. Tu trouverais positif qu'il puisse se faire un ami ici, même si tu sais qu'un jour vous devrez repartir. C'est le destin de la Troupe et tu l'acceptes. Tu t'y es fait, c'est ta vie désormais.

ADRIAN – Elan n'est pas là aujourd'hui. Il traîne souvent dans les environs depuis notre retour. Ce gamin a un peu la bougeotte.

Tu dis ça mais le garçon qui se tient devant toi ne doit pas être beaucoup plus vieux qu'Elan. Et du haut de tes vingt-sept ans, ce n'est pas non plus comme si tu étais un vieillard.

ADRIAN – Suis-moi, je vais te faire visiter le campement.

Il sera plus agréable de parler en marchant. En plus, cela te permettra de lui présenter quelques personnes. Alors que tu te mets en marche au côté du jeune Aigle, tu songes qu'il a du faire un long voyage pour venir jusqu'ici. Le territoire du clan de l'Est est théoriquement proche du campement mais il doit quand même avoir quelques kilomètres dans les pattes.

ADRIAN – A moins que tu veuilles boire quelque chose ?

Seth n'avait pas l'habitude de faire face à une personne aussi ouvertement sympathique et cela le perturba un peu. Ce libre avait l'air vraiment gentil et il correspondait bien aux histoires qu'il avait entendu sur la troupe. L'homme avait tout d'un voyageur, il semblait avoir ça en lui. Son sourire paraissait réel et il devient communicatif si bien que Seth sentit ses lèvres s'étirer. C'était étrange, il se sentait bien en présence de Adrian.

Entendre que Elan n'était pas là déçu un petit peu l'aigle. Même s'il ne s'était pas attendu à le voir, il n'aurait pas été contre le fait d'échanger quelques mots avec lui. D'après ce que lui disait Adrian, il n'y avait rien d'étonnant à ce que le jeune homme ne soit pas là car il bougeait beaucoup dans Paris. Cela expliquait sûrement sa présence à proximité des frontières des aigles l'autre jour. Seulement si Elan n'était pas là, cela n'empêcha pas le libre d'accepter de lui en apprendre plus sur la troupe.

— Merci beaucoup.

Il ne s'attendait pas non plus à une telle hospitalité. Il allait pouvoir visiter le fameux campement dont il n'apercevait que le début et peut-être même rencontrer l'un ou l'autre libres. Cela avait un petit côté excitant et il espérait entendre quelques histoires à propos de leurs voyages. Comme s'il n'était pas déjà assez sympa avec lui, Adrian lui fit une proposition qui le laissa sans voix durant une seconde.

— Ce ne serait pas de refus. dit-il avec un petit sourire gêné.

SETH – Merci beaucoup.

Ce gars te rappelle vaguement quelqu'un dont tu étais proche il y a une poignée d'années. La ressemblance n'est pas tellement physique mais il se dégage de lui quelque chose de similaire. Ce n'est pourtant pas pour ça que tu es aussi sympathique avec toit, c'est juste parce que c'est dans ta nature. Ou du moins, c'est ce que tu crois. Tu es fondamentalement persuadé qu'il ne faut pas de raison pour être gentil avec quelqu'un.

SETH – Ce ne serait pas de refus.

Comme tu t'en doutais, il a soif. Les gens qui viennent vous voir ont toujours soif à cause de la longue marche et de la sécheresse de l'air. Cette ville est différente de toutes les autres, même son climat est d'une hostilité particulière. Encore une raison qui te pousse à ne pas l'aimer.

ADRIAN – Passons d'abord par l'intendance alors.

Tu lui montres du doigt la grande tente dressée au loin et tu te mets en route. Tu te cales naturellement sur la vitesse de l'Aigle en fixant l'horizon. Un silence plane durant quelques instants avant que tu ne le brises.

ADRIAN – Dis moi, tu es Membre ?

C'est une simple question de curiosité. Tu ne connais pas beaucoup de Membres et tu songes qu'en apprendre plus pourrait être positif puisque vous allez rester à Paris durant un moment. Cet échange avec Seth ne peut être que du win-win.

L'homme lui révéla la présence d'une intendance dans le camp. C'était logique, mais c'était une information qui était toujours bonne à prendre. Après tout, il était ici pour en apprendre plus sur la troupe et cela valait aussi pour leurs habitudes et leur vie quotidienne. Seth fixa la tente qu'il lui montrait. Elle était grande et devait pouvoir accueillir beaucoup de gens pour les repas. Puisqu'il y avait que très peu d'intempéries à Paris, elle devait être là pour les abriter du soleil de plomb principalement. Peut-être jouait-elle aussi un rôle dans la gestion de la poussière.

Le camp des libres était comme un monde à part et chaque détail poussait Seth à se poser des questions. Pendant qu'il marchait à côté d'Adrian, il listait toutes les questions qu'il se posait sans savoir par où commencer. Il en avait tellement. Finalement, ce fut l'homme qui se lança dans une interrogation qui ne surprit pas vraiment Seth.

— Oui. Je suis membre depuis trois ans.

Seth se demanda si Adrian n'était pas aussi curieux que lui. Peut-être qu'il avait aussi des questions à poser sur la vie citadine. Après une brève hésitation, il laissa ses questions sur la troupe de côté et décida de s'intéresser d'abord à son interlocuteur.

— Tu es déjà venu en ville ?

C'est la première fois que tu croises quelqu'un qui paraît aussi admiratif face au campement de la Troupe. Il est bien agencé et vous avez quelques possessions, c'est vrai mais il n'a rien d'exceptionnel. Pour toi en tout cas. Tu y vis depuis que tu es petit alors bien sûr plus aucun détail de cet univers ne t'échappent. Pour Seth tout est par contre nouveau. Si tu n'avais pas cette rancoeur pour la ville peut-être que tu pourrais la regarder avec les mêmes yeux que lui mais les choses sont comme elles sont.

SETH – Oui. Je suis membre depuis trois ans.

Il répond à ta question avec naturel et décontraction. Probablement est-il habitué à l'entendre. Le supplément d'informations qu'il t'a donné te permet de lui donner un âge. Tu sais que les jeunes peuvent devenir Membres à seize ans, il doit donc en avoir dix-neuf aujourd'hui.

SETH – Tu es déjà venu en ville ?

Une question en appelle une autre. Tu n'aimes pas trop parler de ton passé mais tu te plies à l'exercice par politesse. C'est assez anodin aussi comme interrogation.

ADRIAN – J'y suis né. Mais j'ai passé plus d'années sur les routes avec la Troupe qu'ici. Nous ne sommes plus revenus depuis sept ans alors je me dis que beaucoup de choses ont dut changer.

Être pris pour un étranger à Paris ne te déplaît pas. Bien au contraire tu es heureux d'être dissocié de ces ruines maudites. Rapidement, tu changes de sujet en recentrant l'attention sur Seth.

ADRIAN – Qu'est-ce que tu fais chez les Aigles ? Tu as un travail particulier ?

Tu t'étonnes un peu de le voir ici en pleine journée. Tu ne connais pas vraiment le fonctionnement du clan mais il te semblait que les Membres avaient pas mal de travail. Tes informations datent peut-être un peu, sans parler du fait que tu ne connais vraiment que les Jaguars pour avoir tenté d'y entrer bien des années plus tôt. L'arrivée à l'intendance te permet de chasser ce mauvais souvenir. Tu soulèves un pan de la tente et tu invites le jeune homme à rentrer avant de l'y suivre. A l'intérieur, il y a quelques Libres qui discutent gaiement. On t'adresse des saluts auxquels tu réponds en ignorant les coups d’œil jetés à l'Aigle. Tu te diriges vers un bidon et tu t'empares de deux gobelets que tu remplis d'eau, puis tu désignes une table vide à Seth avant de t'y asseoir.

ADRIAN – Nous serons mieux ici pour discuter.

Tu lui donnes le gobelet avant d'entrechoquer vos verres.

ADRIAN – Santé, l'ami.

En voyant Adrian, Seth n'aurait pas pu se douter qu'il était originaire de Paris. Avec son air de baroudeur, il l'aurait bien vu venir d'un tout autre endroit. Cela n'avait pourtant rien d'étonnant dans les faits puisqu'on disait que Virgo lui-même venait des ruines et qu'il repartait souvent avec des Libres de la ville. Seth se sentit un peu bête de l'avoir pris pour un étranger, mais il évita d'en dire plus à ce sujet et se concentra sur le fait que le Libre envisage qu'il y ait eu des changements en son absence. Il voulu lui en dire plus à ce niveau, pourtant Adrian ne lui en laissa pas le temps.

— Je suis sentinelle. Mon travail consiste à surveiller les frontières du clan, voir parfois le territoire en lui-même. J'assure la sécurité des aigles en fait.

S'il était un natif, il devait connaître le principe des sentinelles, mais Seth avait préféré lui expliquer directement pour ne pas qu'il se fasse une mauvaise idée de lui. Selon les clans, les sentinelles étaient plus ou moins sympathiques et les aigles n'étaient pas les plus violents avec les libres. Ils faisaient juste appliquer les règles de territorialité.

Les deux hommes arrivèrent à la tente principale. Adrian l'invita à entrer et Seth ne se fit pas prier. Il y avait des gens à l'intérieur qui bavardaient, certains lancèrent à l'aigle un regard méfiant. Il se demanda ce qui l'avait trahi, puis pensa qu'ils devaient tous se connaître ici. En plus, il ne portait pas le brassard des intouchables comme eux. Le libre lui désigna une table à laquelle Seth alla s'asseoir et revient rapidement avec de l'eau. Seth accepta avec bonheur et trinqua en imitant Adrian. Il trouvait cet homme vraiment sympathique.

— Oui, à cette discussion. dit-il en souriant.

Seth avala quelques gorgées de son verre avant de pousser un soupire d'aise. Boire faisait un bien fou par cette chaleur.

— Vous recevez souvent de la visite ?

Il avait un peu l'impression d'être le centre de l'attention et trouvait ça un gênant. Seth pensait que les interactions entre la troupe et les clans étaient tellement nombreuses que plus personnes ne faisaient attention aux visites.

SETH – Je suis sentinelle. Mon travail consiste à surveiller les frontières du clan, voir parfois le territoire en lui-même. J'assure la sécurité des aigles en fait.

Tu crois noter un soupçon de défense dans son ton. Seth est fier de ce qu'il fait et il ne veut visiblement pas qu'on se fasse une mauvaise idée sur son travail. C'est noble de sa part et présenter comme ça la tâche de sentinelle prends du galon. Tu hoches la tête pas désireux d'en dire plus. Tu ne juges pas, tu n'as pas d'avis en réalité. Ton intérêt pour les clans est juste assez faible.

SETH – Oui, à cette discussion.

Lorsque vous trinquez à l'eau, tu constates encore cette bonhomie agréable chez Seth. Il est bon de voir que Paris peut encore produire des esprits ouverts. Pas désireux de le presser tu le laisses boire et tu avales aussi un peu d'eau. C'est lui qui vient avec la curiosité alors autant lui laisser la direction de la discussion.

SETH – Vous recevez souvent de la visite ?
ADRIAN – Régulièrement oui. Pour des achats principalement, nous avons moins l'occasion qu'avant de discuter avec les gens qui vivent ici. La méfiance vient de partout.

Même dans la Troupe les personnalités ouvertes se referment comme des huîtres depuis la mort de l'un des vôtres. Pour une première nuit en ville c'était un mauvais accueil et beaucoup voient ça d'un mauvais œil. Comme une mauvaise augure. Instinctivement tu balayes les autres du regard et tu constates que la présence du jeune Aigle est encore observée. Oui il y a beaucoup trop de méfiance à ton goût.

ADRIAN – Mais ça reviendra. C'est comme pour tout, il faut du temps.