Kim me demanda si j'étais prête à raconter ce qu'il s'était passé juste pour trouver un idiot qui se trahirait très certainement lui-même. Lui ne l'était pas. Fermant les yeux, je hochai négativement la tête. Non, il avait raison. Il avait raison sur toute la ligne. Je ne rajoutais rien, il n'y avait plus rien à dire. C'était la meilleure solution, la seule que nous avions : attendre que le coupable se trahisse.

Alors qu'il parlait, Kim vint s'appuyer contre le rebord, pas très loin de moi. Le silence retomba entre nous. Jusqu'à ce qu'il me pose une question à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Un peu décontenancée, je levai les yeux vers lui, me demandant s'il était sérieux. Voulait-il vraiment que je réponde à ça ? Que je lui dise si je ferais en sorte que ça ne se produise pas si j'avais la possibilité de remonter le temps ? Bien vite, je baissai à nouveau les yeux, troublée par sa question. Ou plutôt, par mon hésitation sur la réponse à donner. En temps normal, je lui aurais balancé à la figure les pires insultes pour me dire des choses pareilles. Mais cette réponse n'était plus si évidente. J'étais partagée : j'étais dégoûtée par le fait d'avoir été droguée, le fait d'avoir succombé à cette envie irrépressible d'être à lui, ne serait-ce qu'un instant... Mais ce deuxième fait, la manière dont je le considérais... Ce n'était pas clair.

Je restai silencieuse pendant un long moment, perdue dans mes pensées. Je détestais Kim. Enfin, c'était ce que j'avais toujours cru. Je ne pouvais pas le supporter, du moins le pensais-je depuis toujours. Mais était-ce finalement le cas ? J'avais passé un bon moment la veille au soir : je m'étais amusée, et j'avais pris du plaisir avec lui. Même si le fait d'avoir été droguée me mettait dans une colère folle, je ne pouvais nier le reste. Je ne pouvais nier le fait qu'il était au final une des seules personnes à qui je m'étais montrée telle que j'étais, ou presque... Et pourquoi ? Oui, je me demandais pourquoi ! Pourquoi lui ? C'était insensé...

- Je... je ne sais pas...

C'était la seule réponse que je pouvais lui donner. J'étais moi-même complètement perdue dans cette histoire.

- Et toi ? lui demandai-je avant de tourner mon regard vers lui, essayant d'avoir l'air un peu plus sûre de moi. Est-ce que tu ferais en sorte que ça ne se produise pas ?

Anna ne répondit rien à ma première question, se contentant de hocher la tête de gauche à droite. Tout ce qu’il nous restait à faire maintenant, c’était d’être attentif et à l’écoute des rumeurs, ce qui ne devrait pas être compliqué vu que notre statut faisait que nous étions généralement au courant de tout, et ce assez rapidement.

Un long silence s'installa alors, qui dura encore un peu après ma question plutôt déconcertante, il fallait bien l’admettre. Finalement, alors que je ne m’attendais plus à ce qu’elle réponde, elle bredouilla un « Je ne sais pas » hésitant. Je tournais les yeux vers elle alors qu’elle me retournait la question. Croisant son regard, je baissais aussitôt le miens et tournais la tête de l’autre côté, me passant une main dans la nuque en serrant les dents. Je soupirais lentement et en silence avant de répondre.

« Je ne sais pas… »

C’était faux, ou en tout cas pas tout à fait vrai… Tout dépendait de la façon dont je prenais la chose au finale, et la prendre dans le bon sens serait admettre une chose à laquelle je ne me sentais pas encore prêt à me résoudre : le fait que j’apprécie Annabella… ou du moins sa compagnie.

C’était devenu tellement naturel pour nous de nous détester qu’il était inimaginable pour quiconque, y compris pour nous, que les choses changent. Pourtant, cet événement avait déclenché une bataille intérieur entre le Kim du lycée et le Kim philosophe du toit… Vu sous cet angle, ça fait un peu schyzo en fait…

Ne tenant pas en place, je fis à nouveau quelques pas avant de revenir à la rambarde.

« En tout cas, je me souviens vaguement t’avoir dis que tu me rendais fou… Je confirme que si je dois me faire interner un jour, ce sera de ta faute… »

Il n’y avait ni sarcasme, ni méchanceté dans mes paroles, elles étaient juste prononcées sur le ton de la constatation, comme si je me parlais à moi-même… ce qui était à peu près le cas en fait…

Il me répondit la même chose : il ne savait pas. Il détourna son regard du mien et je baissai à nouveau les yeux vers le sol tout en bas. Je l'entendis faire quelques pas avant de revenir près de la rambarde. Il ajouta finalement qu'il se souvenait vaguement m'avoir dit que je le rendais fou... et il confirma la chose en précisant que ça serait de ma faute s'il se faisait interner. Je crus d'abord à un sarcasme habituel, mais rien dans sa voix ne le montrait. Était-il sérieux ? Mon instinct me poussait à prendre cela comme une attaque personnelle... Ou était-ce l'habitude ? Celle qui faisait que je le détestais et que lui me détestait en retour... ?

- Et si un jour c'était mon cas, ça serait ta faute !

Je me penchai par dessus la rambarde pour respirer un peu plus d'air frais, le tournis refaisant surface.

- Toute cette histoire... commençai-je sans pour autant finir ma phrase. J'hésitai, me redressai et me tournai vers lui avant de reprendre : En fait, je crois qu'on devrait oublier toute cette histoire. Il ne pourra jamais rien se passer entre nous... ajoutai-je en tentant d'être ferme.

Non, il ne pourrait jamais rien se passer entre nous. C'était impossible. Je ne le supportais pas... En pensant cela, ce que j'avais dit hier – ou ce qu'il me semblait avoir dit – resurgit : « Tu me rendais encore plus folle, je ne pouvais pas te supporter. Et pourtant maintenant je ne peux plus supporter que tu t'éloignes... » J'avais embrassé Kim ! Bon sang, je l'avais embrassé et j'avais adoré ça ! Je détournai les yeux et touchai inconsciemment mes lèvres du bout des doigts. Ne se passerait-il vraiment rien entre nous ? J'étais dans l'obligation d'admettre qu'il y avait quelque chose... Mais je ne voulais pas ou ne pouvais pas l'admettre, non !

- Je ferais mieux de retourner à l'infirmerie, je ne me sens pas bien.

Sans un regard vers lui, je tournai les talons un peu trop vite. Ma vue se brouilla et je perdis l'équilibre, mes jambes venant de me lâcher. Quand est-ce que les effets de cette drogue allaient-ils s'en aller ?

Je ne pu m’empêcher de sourire à la remarque de la jeune femme.

« Il ne manquerai plus qu’on se retrouve ensemble à l’asile. »

J’avais parlé cette fois sur le ton de la plaisanterie afin de détendre un peu l’atmoshère. Mais cela ne fonctionna pas tellement. Annabella fini par sortir sur un ton hésitant qu’il valait mieux oublier toute cette histoire. Je me retins de lui répondre que cela était plus facile à dire qu’à faire… du moins pour moi… Détournant une nouvelle fois le regard, je pris une grande inspiration afin de refouler une nouvelle nausée. Anna termina la conversation en disant qu’elle ne se sentait pas bien et qu’il valait mieux qu’elle retourne à l’infirmerie. Je me tournais vers elle au moment même où elle se détournais pour partir. Tout se passa ensuite très vite : Elle vascilla et se retrouva dans mes bras. Je l’avais rattrapée avant qu’elle ne tombe, mais je n’avais pas vraiment agi de façon réfléchie. En temps normale, j’aurais retourné ce plantage contre elle juste pour m’amuser, et voilà que je me retrouvais à la retenir, le cœur amballé.

M’assurant qu’elle tenait debout, je reculais vivement d’un pas en toussotant, gardant les yeux détourné des siens.

« Si tu le dis… »

Pas très convainquant comme réponse tardive… Pourtant elle avait raison, non ? Il ne pouvait rien se passer entre nous… Mais alors pourquoi j’avais soudinamenent envie qu’elle trébuche à nouveau juste pour pouvoir la rattraper encore ?
Les flashs étaient plus vifs désormais, et je me demandais si la drogue n’avait pas un effet à long terme… Mais je devais me rendre à l’évidence, je ne ressentais pas la même chose que la veille au soir. Là, je m’emballais juste, et ce n’était pas… normale…

Je me sentis soudain rougir et me retournais aussitôt en prenant plusieurs inspirations profondes. Rougir, moi ?! Et puis encore ! C’était du délire… voilà, on était encore en plein délire… Mais cette fois, hors de question de se laisser aller…

Kim me rattrapa de justesse. Il m'aida à me remettre sur pieds avant de me lâcher, mal à l'aise. Pas autant que moi, à vrai dire. J'avais failli me gameler devant lui et au lieu de se moquer de moi, il m'avait aidée. Ma tête me tournait toujours mais je me sentais mieux. Enfin, je crois. J'avais le cœur qui battait bien plus rapidement qu'à son habitude.

Il répliqua un « si tu le dis » peu convaincant avant de se retourner vivement. Je restai plantée là, ne sachant pas trop que faire dans cette situation. Il venait de m'éviter une belle chute, il fallait au moins que je le remercie... Mais les mots avaient du mal à sortir, ils étaient réticents. Moi, remercier Kim ? Dans quelle dimension étions-nous ?

- Merci, Kim.

Et pourtant, je venais de le remercier. Je venais de lui dire merci ! C'était impensable, mais je l'avais fait. Je m'étais déjà excusée plusieurs fois auprès de lui depuis hier. Je devenais folle. Il me rendait folle. Je restai un long moment à fixer le sol, ne sachant que rajouter. Devais-je continuer sur ma lancée et aller à l'infirmerie, l'abandonnant sur le toit ? Mes jambes ne semblaient pas vouloir se résoudre à la chose : elles refusaient de partir dans cette direction. Parce que lorsqu'il m'avait rattrapée, je n'avais pas ressenti que du soulagement... Et cette autre chose que j'avais ressentie me perturbait et me laissait sans voix. Des images de la veille, lorsque nous avions... lorsque nous l'avions fait me revinrent en mémoire. Et sa question aussi. Est-ce que j'aurais fait en sorte que ça ne se produise pas ?

- Kim, je... pour hier...

Je m’embrouillais moi-même. Si jamais je lui disais ce que je voulais dire à grand peine, les choses ne seraient plus jamais comme avant. Enfin, c'était déjà le cas, au final...

- Si j'avais pu remonter dans le temps... je n'aurais pas empêché que ça se produise...

Me rendant alors compte de ce que je venais de dire, de ce que je venais d'avouer à celui que je considérais comme mon pire ennemi, à celui que je haïssais depuis des années, le rouge me monta violemment aux joues. Je devenais vraiment folle... À cause de lui ! Et je racontais n'importe quoi – ou en tout cas, je disais des choses qu'il n'aurait jamais dû entendre. Mal à l'aise avec cette situation, je finis par tourner les talons et m'éloigner. Je ne pouvais pas rester en face de lui et affronter son regard après ce que je venais de dire. Je venais à tout jamais de perdre la face devant lui en lui avouant une telle chose. Tout était terminé. Je pouvais dire adieu à ma réputation. Kim ne me le pardonnerait jamais...

Anna me remercia. Elle venait vraiment de me remercier… encore ? Cela était tout aussi étrange que le fait que je la rattrape au lieu de se la laisser s’étaler à terre… Je tournais légèrement la tête sans pour autant me retourner et lançais un « pas de quoi » d’une voix un peu trop enrouée. Elle reprit alors la parole d’un ton plus qu’hésitant, répondant de façon plus précise à ma grande question. Et si ses mots me mettaient encore plus dans le doute, il déclanchèrent également quelque chose en moi… une sorte de témérité que je plaçais veinement sur le compte de la drogue encore présente dans mon organisme.

Alors que la jeune femme se remettait en route vers la porte, je fis volte face et la rejoignis en quelques enjambées. L’attrapant vivement par le bras, sans pour autant serrer trop fort, je la retournais face à moi. Ce que je m’apprêtais à faire allait surement me couter cher, mais tant pis, il fallait que je sois sûr de ce sentiment : réel ou fictif ?

« Moi non plus… je crois. Et aussi, désolé pour ça… »

Dans un mouvement tremblant mais rapide, j’allais poser mes lèvres sur les siennes dans un baiser timide, hésitant. J’attendais le coup qui ne devrait surement pas tarder, mais ne bougeais pas pour autant…

Je sentis la poigne de Kim sur mon bras. Après cela, tout se passa très vite. Je me tournai vers lui alors qu'il pressait mon bras, surprise, m'attendant à le trouver tout sourire face à ma déclaration de défaite. Il répondit qu'il croyait que lui non plus ne changerait pas ce qui s'était passé s'il le pouvait, et s'excusa. Pourquoi ? Ou plutôt, pour quoi ? La réponse ne se fit pas attendre. Tremblant, Kim m'embrassa timidement. Totalement prise au dépourvu, je me reculai et le giflai. Parfois, les réflexes pouvaient être très stupides et particulièrement tenaces... En même temps, je m'étais attendue à tout sauf à ça de sa part. Mais je regrettai aussitôt mon geste : tout mon corps tendait à se rapprocher de lui. Au lieu de m'excuser maladroitement, j'attrapai son visage entre mes mains, rapprochai le mien et l'embrassai avec un peu plus d'assurance. Mais qu'étais-je donc en train de faire ?

Comme je m’y attendis, Anna me répondit par un un mouvement de recule suivis d’une gifle. Mais je n’eu même pas le temps de porter une main à ma joue qu’elle attrapa mon visage pour m’embrasser à mon tour. D’abord surpris par cette réaction, je ne réagi pas durant quelques milièmes de secondes. Mais mon corps prit ensuite le dessus sur mon esprit, et je lui rendis son baiser sans retenue cette fois, l’enlaçant par la taille afin de la rapprocher de moi.

Cette fois, nous étions pleinement conscient de nos actes, ce qui faisait de cette situation du pur délire. Eloignant à contre cœur mon visage du sien, je ne pu retenir un petit rire face au « ridicule » de la situation. Afin qu’Anna ne le prenne pas mal, je pris aussitôt la parole.

« Je crois que la drogue nous a affecté sérieusement. On est plutôt mal, mais bizarrement, je m’en fou… »

Ne voulant pas gacher ce moment qui pourtant me semblait sortit d’une dimension parallèle, j’embrassais de nouveau la jeune femme. Si quelqu’un nous voyait à ce moment-là, s’en était fini de nous, ou du moins de nos réputations respectives, et j’étais parfaitement conscient que ce qui était en train de se passer n’était pas… naturel ? En quoi ne l’était-ce pas en fait ? Trop de pensées… trop de comment et de pourquoi… Mais c’était impensable de prendre cet ainstant tel quelle, de juste en profiter… Impensable car impossible… et pourtant ça se passait.

J’eu soudainement une révélation. La lâchant brusquement, je reculais de deux-trois pas en arrière en passant une main dans ma nuque et détournant les yeux. Trop de pensées, mais il fallait se rendre à l’évidence du coup : j’avais la réponse à ma question concernant ce que je ressentais, ou presque.

« Merde… Je ne peux clairement pas mettre ça sur le compte de la drogue cette fois… et c’est… flippant… »

Kim répondit à mon baiser en m'enserrant la taille et en me rapprochant de lui. Je me laissai faire, ne demandant que ça. Mon cœur battait à cent à l'heure. C'était comme si j'étais toujours sous l'influence de la drogue de la veille, mais en même temps j'étais consciente de ce que je faisais. Et je venais d'embrasser Kim. Et d'aimer ça, encore une fois.

Il éloigna son visage du mien et eut un léger fou rire. Interrogatrice, je fus plutôt rassurée par sa réplique. Je pensais la même chose... En cet instant, et même si ça me faisait bizarre de l'avouer, je me fichais complètement de ce que les autres pourraient penser de nous. Je me fichais de ma réputation, de ce que je devais ou ne devais pas faire. Je hochai la tête avant qu'il m'embrasse à nouveau. Cette fois-ci, je ne le giflai pas et répondis immédiatement à son baiser.

Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de me demander comment nous en étions arrivés là. Comment nous en étions arrivés à nous embrasser de manière aussi... passionnée (je n'osais utiliser d'autres mots) sur le toit du lycée, le jour après que nous avions couché ensemble sous l'emprise de la drogue. C'était étrange, dérangeant presque... Mais j'étais si bien dans ses bras, mes lèvres goûtant aux siennes. Si on m'avait dit ça la veille, je ne l'aurais jamais cru. J'aurais fait vivre l'enfer à celui qui aurait osé ne serait-ce que penser un seul instant à cette chose qui me paraissait pourtant jusqu'alors totalement impossible, et même impensable. Sans doute était-ce le cas pour Kim aussi. Après tout, nous nous étions toujours détestés.

Il me lâcha brusquement et je fus surprise de sa réaction. Que se passait-il ? Regrettait-il ce qu'il venait de faire ? Reculant, il passa sa main dans sa nuque et détourna les yeux. Puis, il parla. J'eus peur de ne pas entièrement saisir ses paroles. Mais en y réfléchissant bien, je comprenais exactement ce qu'il disait, parce que je le ressentais aussi. Moi aussi, j'avais peur. Moi aussi, je me rendais compte que c'était une situation plus qu'étrange, une situation impossible. Et pourtant, nous étions bien en train de la vivre, en cet instant même !

- Kim, pour moi aussi c'est flippant... Je ne sais pas ce qui nous arrive... ce qui m'arrive...

J'avais baissé les yeux, décontenancée. Comment réagir ? Comment faire face à cette situation à laquelle je ne m'étais absolument pas attendue ?

- Je n'arrive plus à te détester...

En disant cela, je relevai les yeux vers lui afin de croiser son regard. J'avais parlé avec calme, mais je n'en étais pas moins tourmentée. S'il relevait la tête, il pourrait lire dans mes yeux de l'incompréhension, de la peur, de la réticence, mais également de l'attirance et du désir. Je ne pouvais pas mettre d'autres mots sur ça, je ne pouvais pas encore me résoudre à désigner ce que je ressentais par son véritable nom.

La jeune femme répondit que pour elle aussi c’était flippant, qu’elle ne savait pas ce qui arrivait, ce qui était en train de se passer. Pinçant les lèvres, j’essayais de calmer les battements affolés de mon cœur en m’obligeant à respirer avec calme. Mais c’était sans compté sur la suite de ses paroles. Je me figeais sous le coup de la surprise, relevant les yeux vers elle et croisant alors son regard. Je voulus aussitôt baisser les yeux, incapable de soutenir le bleu des siens, mais quelque chose m’en empêcha. Je voulus également parler, mais je ne pu qu’ouvrir la bouche sans que rien n’en sorte. Expulsant tout l’air de mes poumons, je repris une grande inspiration pour reprendre le contrôle, parce que sur le coup je devais vraiment avoir l’air d’un idiot…

Mais si je retrouvais rapidement l’usage de la parole et de mes mouvements, je gardais le silence un instant, ses mots résonnant dans ma tête et se heurtant à une question plus incopréhensible encore que les précédantes : est-ce que je l’ai réellement détestée un jour au fond ? Mais il était hors de question de formuler cette question à vois haute, c’en serait trop… Mieux valait prendre les choses une à la fois, et dans l’immédiat, il fallait résoudre se problème d’attirance et les questions que cela engendrait…

Essayant de reprendre de l’assurance, je fis un pas vers la blonde tout en prenant la parole.

« Si ça s’apprend, on est foutu. Le lycée ne se remettrait pas d’une annonce pareille… C’est contre-nature pour eux. »

Nouveau pas, toujours en parlant d’une voix que j’espérais calme.

« On a choisi la règle qui veut qu’on se déteste, on est sencé la respectée… Mais au fond, depuis quand est-ce qu’on respecte les règles ? »

Je me rendis compte que mon monologue s’adressais autant à moi qu’à elle. Il sortait comme une excuse, ou plutôt comme une façon de nous déculpabiliser. Une explication logique, voilà qui pourrait peut-être nous aider… Et je continue d’avancer jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres d’elle.

« Tout comme on doit se détester par principe, on se doit d’être des rebelles également, n’est-ce pas ? Hors quoi de plus rebelle que de braver l’une des règles de base des chefs d’équipes ? »

Voilà, une explication logique à notre comportement. Ce n’était pas contre-nature, c’était dans l’ordre naturel des choses… Mainenant il fallait nous en convaincre, et vite, car mon dieu comme je voulais la serrer dans mes bras en ce moment…

Le jeune homme resta silencieux un long moment. Il semblait tout aussi perdu que moi, et il y avait de quoi. Cette situation nous surprenait tous les deux, nous ne nous y étions absolument pas attendus ! Comment aurions-nous pu le faire, de toute façon ?

Kim fit un pas dans ma direction en sortant du silence. Je hochai la tête : il fallait que ça reste entre nous, personne ne devait le savoir. Nous serions tous les deux lynchés si c'était le cas, j'en étais sûre. Et notre réputation en pâtirait énormément. Je ne pouvais envisager cette solution... Il se rapprocha encore en continuant d'une voix presque calme, m'assénant la règle qui voulait que l'on se déteste. Nous avions toujours suivi scrupuleusement cette règle, et cela ne m'avait jamais dérangée jusqu'à aujourd'hui. Je m'en étais persuadée, je m'étais persuadée que je le détesterais toujours et que jamais nous ne pourrions nous entendre. Une partie de moi essayait en vain d'y penser encore. Une partie de moi me criait que c'était insensé, que ça ne pouvait pas arriver. Mais je ne l'écoutais pas – peut-être aurais-je dû le faire ? Refuser les règles ancestrales ? Pour lui ? Moi ? Cette idée devenait de plus en plus claire dans mon esprit alors qu'il se rapprochait encore pour n'être plus qu'à quelques centimètres de moi. Des rebelles à notre règle de base ? J'aurais accepté n'importe quoi pour qu'il m'embrasse à nouveau...

- Mais on ne peut pas... on ne peut pas se rebeller devant les autres... Notre réputation... ça serait un enfer...

Cette partie de moi qui parlait cherchait encore des excuses, elle ne pouvait supporter l'idée que quelqu'un soit au courant. Braver les règles ? Oui, peut-être... mais pas n'importe comment. Je tentai de me calmer pour pouvoir lui répondre sans trembler. Il fallait que je me reprenne en mains !

- Mais on ne peut pas non plus ignorer ce qui se passe... Je crois que nous sommes déjà en train de braver les règles, que nous l'avons déjà fait... Il est sans doute trop tard pour revenir en arrière.

En disant cela, je m'étais un peu plus rapprochée de lui, fixant ses yeux noirs de nuit avec intensité.

Anna répondit que nous ne pouvions pas nous rebeller devant les autres, que ce serait notre perte. Elle avait raison, mais je ne pu m’empêcher de sourire en pensant à la réponse qui s’afficha dans mon esprit, comme si tous les rouages se mettaient en place petit à petit.

« Nous ne pouvons pas faire ça en publique en effet, mais ça rend la chose encore plus… exitante, non ? »

A croire que ce n’était plus moi qui parlait. Mon esprit jouait aux montagnes russes, passant de la réticense la plus farouche à l’envie brulante d’avouer ce qu’il en était réellement. Mes mots ne pouvaient sotir que de la seconde partie…

La jeune femme continua sur le fait que nous avions déjà bravé les règles et que nous ne pouvions de toute façon plus revenir en arrière. Elle s’était approchée un peu plus, son regard fixé dans le mieux, et mon sourir s’agrandit un peu. Une nouvelle exitation naissait en moi. Je me sentais un peu comme un enfant sur le point de désobéir à ses parents, et si la situation allait certainement devenir très compliquée si nous nous lancions dans ce genre de… relation, dans l’immédiat l’idée de jouer les rebelles en secret était plutôt séduisante, et surtout elle suffirait peut-être à stoper le flot de questions qui déferlait en moi… peut-être…

Passant une main sur la joue de la cheerledeuse, je soufflais quelques mots.

« Si on ne peut de toute façon pas revenir en arrière, autant aller jusqu’au bout alors. »

Sur ces mots, je l’embrassais de nouveau, et cette fois je pris soin de ne penser à rien, m’accrochant à l’expliquation donnée… à la solution à notre comportement… Nous restions dans nos rôles respectifs sans braver les règles, nous ne faisions qu’en appliquer une, dans le secret… Personne n’en saurai rien, et cela changerait des habitudes, point. Pas besoin de chercher plus loin…

Ecartant légèrement mon visage du sien, je l’enlacais de nouveau pour combler le peu de distance qu’il restait entre nous et eu un petit rire amusé.

« Pire que des gamins… »

La chose n'en était que plus excitante ? En effet ! Je ressentais moi aussi cette excitation dont il parlait.

- Très excitante, oui !

Il passa sa main sur ma joue et je hochai la tête à ses paroles, profitant ensuite du baiser qu'il m'offrit. Comment ne m'étais-je pas rendue compte plus tôt de tout ça ? De ce que je ressentais pour lui ? J'essayais de profiter du moment, de ne pas me poser de questions, mais celles-ci ne cessaient de tourner dans mon esprit malgré mes efforts pour les chasser. Il s'écarta bientôt pour mieux m'enlacer, poussant un petit rire amusé et lançant un « pire que des gamins ». Je ris à mon tour. Mon Dieu, je n'avais jamais ri aussi sincèrement, moi qui étais toujours cachée sous des montagnes de sourires narquois et de superficialité ! Et de méchanceté aussi, surtout avec lui. Mais j'étais comme ça, au fond. Sauf qu'avec lui, c'était devenu différent...

- Des gamins qui vont arriver en retard au cours de Monsieur Bakers... ajoutai-je en entendant la sonnerie retentir. Je n'avais cependant pas envie d'y aller, je préférais de loin rester avec lui.

- Ce ne serait pas raisonnable de sécher le cours...

Le rire de la jeune femme me fis sourire de plus belle. Jamais je n’aurais cru découvrir un jour la véritable Annabella… tout comme je n’aurais jamais cru pouvoir me montrer tel que je suis vraiment face à elle. Malheureusement, ce moment de bonheur étrange fut interompu par la sonnerie stridante qui annocait la transition des cours. Soupirant, je ne bougeais pourtant pas, préférant la garder dans mes bras encore un peu. Je réfléchi à un moyen de sécher les cours sans que ça ne nous retombe dessus.

« L’infirmière doit être revenue, nous pourrions peut-être obtenir un certificat. De toute façon, nous ne sommes clairement pas en étatde suivre les cours aujourd’hui, les autres l’ont bien vu. Tu en pense quoi ? Interessée par une journée de liberté sans retenue à la clé ? »

Nous n’avions aucunes certitude que l’infirmière nous laisse partir, mais si elle nous examinait elle se rendrait bien compte de notre état. Cela valait le coup d’essayer, non ?

À croire qu'il avait lu dans mes pensées ! Lui non plus de voulait pas aller au cours. Et son idée tenait la route, nous n'étions pas en état de suivre un cours, quel qu'il soit. Elle le verrait bien.

- Très intéressée. Je ne saurais pas me concentrer sur un cours, de toute façon.

Bien que je sois... plutôt... « heureuse » ? en ce moment, les effets de la drogue et le contre-coup étaient toujours bien présents. Je ne me sentais pas au meilleur de ma forme, et une petite pause scolaire ne me ferait pas de mal. Ce devait être pareil pour Kim.

- Mais... on ne peut pas y aller ensemble, elle risque de se poser des questions. Et les autres aussi, s'ils nous croisent dans les couloirs. Le mieux est d'y aller à tour de rôle.

Anna répondit qu’elle était très interessée, et que de toute façon elle ne saurait pas se concentrer sur un cours. Il en était de même pour moi. Par contre, elle n’aait pas tort sur le fait qu’il vallait mieux qu’on y aille pas en même temps. Pinçant les lèvres, je répondit dans un soupir, mais avec une pointe de rire malgré tout.

« Ok, je me dévoue pour aller en cours durant les 10-15 premières minutes. Ce sera encore plus crédible si je test le cours quand même… Mais du coup il vaut mieux que descende en premier. C’est mieux si tu ne croise personne, ils croiront que tu es toujours à l’infirmerie ou que tu es déjà partie. »

Je la lachais à contre cœur et l’embrassais une dernière fois avant de me diriger vers la porte.

« Rendez-vous près de ma moto dès que possible. »

Lui adressant un sourire, je rentrais dans le bâtiment sans trop de hate. Il me fallut plusieurs inspirations profondes pour ne plus sourire comme un idiot et reprendre une mine neutre. Il me suffit par contre de repenser à ma tête qui bonrdonnais et à mon corps endoloris pour me sentir à nouveau maussade. C’est donc avec la même mine qu’à mon arrivée au bahu que j’entrais dans la classe et allait m’affaler sur le banc du fond côté fenêtre. Oli et Eli étaient déjà installer et me demandèrent si ça allait. Je leur répondit que non avant de couper court à tout autres questions en posant ma tête dans le creu de mes bras posés sur le bureau. Et je repenssais alors à ce que je m’apprétais à faire : retrouver Annabella en secret afin que nous séchions les cours… ensemble. De quoi alimenter une saison complète de série télévisée… Parce qu’il n’y avait que dans les séries et les films que ce genre de choses arrivait, n’est-ce pas ? Enfin apparemment non, puisque c’était en train de se passer, maintenant, dans la réalité.

Au moins, mes réflexions m’empêchèrent de m’endormir, et je pu relever la tête lorsque le prof m’interpella.

- Monsieur Dong-Yul, on vous croirais sortit d’une tombe, mais ce n’est pas une raison pour dormir à mon cours !

Sortit d’une tombe… quel compliment. Mais c’était le moment idéal pour m’éclipser.

« Désolé m’sieur, je ne me sent vraiment pas bien depuis ce matin. Je pensais que ça allait passer, mais je crois qu’il vaut mieux que j’aille à l’infirmerie. »

Le prof me fixa d’un air suspicieux un moment avant de m’indiquer la porte d’un signe du menton. Me relevant en tremblant, j’indiquais aux garçons que je les appelerai d’un signe avant de sortir et me diriger à nouveau vers l’infirmerie. Les couloirs étaient une nouvelle fois déserts, mais l’infirmière était bien de retour. Anna était déjà partie par contre.
J’expliquais rapidemen ma situation, et l’infirmière m’examina en monologuant sur le fait qu’il faudrai surveiller les élèves, car j’étais déjà le deuxième à présenter aujourd’hui avec ces symptomes, et que cela pouvait indiquer le début d’une épidémie. Je souris intérieurementen pensant qu’elle se trompait sur toute la ligne, mais gardais malgré tout le silence. Elle n’avait pas besoin des détails.

Pour ma plus grande joie, je fut renvoyer chez moi pour la journée, ainsi que pour celle du lendemain si je ne me sentais pas mieux d’ici là. Cette drogue pouvait peut-être être utile tout compte fait. M’efforcant de ne pas trop me précipiter, je passais déposer le certificat au secrétariat avant de sortir sur le parking où Anna m’attendait déjà. Il n’y avait personne d’autre, et ce n’était pas plus mal…

- D'accord, je descendrai quand tout le monde sera en cours.

Il m'embrassa une dernière fois avant de descendre, me donnant rendez-vous près de sa moto. J'acquiesçai et restai sur le toit pendant cinq minutes avant de descendre jusqu'à l'infirmerie. J'avais l'air d'un zombie, ou presque. Ce n'était pas difficile, j'avais toujours mal à la tête, et par moment je tenais à peine debout. L'infirmière m'examina et me renvoya aussitôt chez moi en m'indiquant que je ne devais pas venir en cours demain, qu'il fallait que je me repose. Elle me donna un certificat que j'allai déposer au secrétariat. Deux jours de congé... Ça me ferait du bien !

J'allai prendre mes affaires dans mon casier avant de sortir du lycée, m'asseyant sur un des bancs devant le bâtiment, à quelques mètres de la moto de Kim. Je penchai légèrement la tête en arrière, fermai les yeux et soupirai. Il faudrait que j'appelle à la maison pour prévenir, mais pas maintenant, sinon je devrais rentrer sans tarder. Et je n'en avais pas envie.

J'entendis bientôt des bruits de pas et je me tournai pour vérifier qu'il s'agissait bien de celui que j'attendais. En effet, c'était Kim. Je me levai prudemment – histoire de ne pas avoir le tournis ou autre alors que nous étions libres – et vérifiai qu'il n'y avait personne d'autre dans le coin avant de m'approcher de lui, restant tout de même distante : on ne savait jamais, quelqu'un pouvait débarquer et il faudrait alors jouer le jeu.

- Que fait-on ? lui demandai-je.

Etrangement, je fus soulager de trouver la jeune femme au lieu de rendez-vous. Peut-être parce que je n’arrivais toujours à croire ce qu’il se passait et que je m’attendais à ce que tout redevienne comme avant sans crier gare… Or je ne voulais pas que les choses changes… ce qui était encore plus étrange.

Anna s’approcha et s’arrêta à quelques pas. Je m’obligeais à m’arrêter également, l’endroit était un peu trop à découvert pour que nous puissions faire quoi que ce soit sans risqué d’être vu. Elle me demanda alors ce que nous allions faire. C’était une bonne question. Nous avions toute la journée devant nous, mais nous ne pouvions pas aller n’importe où non plus… Je réfléchi un moment avant de proposer une idée qui ne nous couterai pas trop d’effords et qui nous permettrait d’être tanquil également.

« Que dirais-tu d’un cinéma ? C’est moi qui offre. »

Il me proposa d'aller au cinéma. Il y avait justement un film que je voulais voir en ce moment. Mais je doutais qu'il soit à son goût. En fait, je ne connaissais pas vraiment ses goûts en matière de cinéma... J'étais toujours trop occupée à critiquer sa façon de se coiffer et de s'habiller, ses répliques et ses attitudes. Était-ce parce que ça me plaisait et que je ne voulais pas l'admettre ? Je me posais actuellement la question, mais la réponse me venait difficilement.

- Ça me va.

Je me permis un sourire discret avant de me demander comment nous allions nous y rendre. Je ne pouvais pas appeler chez moi pour demander au chauffeur de venir me chercher.

- Par contre, comment allons-nous nous y rendre ? C'est pas comme si le cinéma était à côté. Et je ne peux pas appeler chez moi, sinon c'est foutu. Et je ne montrai plus jamais sur cette horreur ! ajoutai-je après avoir désigné du doigt la moto de Kim.

La jeune femme accepta ma propositon avant de demander comment nous allions nous y rendre. Je n’eu pas le temps de proposer ma moto qu’elle ajouta ne plus jamais vouloir monter sur cette « horreur ». J’affichai un mine choquée avant de sourire. Jetant un regard aux alentours afin de m’assurer qu’il n’y avait personne, je m’approchais rapidement d’elle et me stoppais à quelque centimètres avant de m’approcher de nouveau, plus lentement. Vus que nou étions à la vue de tous, j’espérais qu’elle allait reculer et ainsi pouvoir la bloquer contre la deux roue.

« Je ne vois que le bus alors, mais personnellement j’ai toujours eu horreur de ça. Ca doit être à cause de la foule je crois. »

Ce n’était pas tout à fait faux, je préférais de loin la voiture ou la moto plutôt que les transports en commun, et contrairement à elle, je n’avait pas de chauffeur pour nous véhiculer, celui-ci étant réservé pour les parents. Il nous restais donc solutions : soit j’arrivais à la convaincre pour la moto, soit nous y allions à pied…

Kim s'avança rapidement vers moi alors que nous étions toujours visibles. Instinctivement, je reculai pour éviter qu'on nous surprenne dans une position problématique. Mais c'était sans compter sa moto derrière moi.

- Kim, on pourrait nous voir...

Même si j'avais envie de l'embrasser et de me retrouver contre lui, dans ses bras, on ne pouvait pas se permettre de se faire découvrir. Kim parla du bus, chose que je détestais au plus haut point ! Il y avait du monde, du bruit, ça puait et en plus on était mal assis, quand on avait une place assise. Non, il était hors de question que j'y aille en bus.

- Je déteste ça aussi. Je ne supporte pas les bus.

Mais si nous y allions à pieds, nous n'arriverions pas à temps pour les séances du cinéma. Mais sa moto... ? J'en avais des frissons rien que d'y repenser !

- Soyons clairs : tu conduis comme hier et je te tue. Compris ?

Comme je l’espérait, Anna recula de peur que nous soyons surpris. Elle buta contre la moto et précisa qu’elle ne supportait pas le bus non plus. Cela ne nous laissait donc qu’une possibilité. Passant un bras à sa gauche, je me penchais un peu sur elle pour attraper le casque passager et le lui tendis avec un sourire.

« Rassure toi, je voulais juste te faire un peu peur hier, aujourd’hui tu ne risque rien, mais aggripe toi bien tout de même. »

C’était assez impressionnant la façon dont les choses avaient évoluées en si peu de temps. Hier encore je m’amusais à lui faire des frayeurs, et aujourd’hui j’espérais juste pouvoir profiter de sa proximité. A croire que nous attention cela depuis toujours… mais ça s’était impossible…

Par contre, dans ma précipitation, j’avais oublié mon casque dan mon casier. Tant pis, si nous ne partions pas maintenant, nous allions rater la séance. Enfourchant la deux roues, j’attendis que la blonde en fasse de même, souriant pour la rassurée.

« Aller monte, je promet de rouler doucement. »

Kim se pencha pour prendre le casque sur sa moto et me le tendit en souriant avant de répondre : je devais me rassurer, il avait voulu me faire peur mais aujourd'hui je ne risquais rien. Enfin, je devais quand même m'agripper, ce qui me dégoûtait bien moins que la veille.

- J'espère bien !

Il enfourcha sa moto et attendit que je fasse de même. Légèrement dubitative devant son sourire – je n'avais pas l'habitude qu'il le fasse pour me rassurer –, je mis le casque sur ma tête et m'assis derrière lui en ajustant ma jupe. Il venait de me promettre de rouler doucement. J'avais envie de le croire, au final. Une fois installée, je passai mes bras autour de lui avant de me rendre compte d'une chose...

- Mais attends, tu voulais vraiment me faire peur ?

Anna mit le casque et monta derrière moi, non sans une certaine appréhension tout de même…Je mit le contacte et chauffais un peu le moteur. J’allais démarrer lorsqu’elle me demanda si je voulais vraiment lui faire peur la veille. Me raclant la gorge, je fis un peu plus de bruit avec la moto pour étouffer mes paroles.

« Juste une petite blague... Rien de bien méchant… »

Sans attendre sa réaction, je démarrais avec douceur, attendant qu’elle s’agrippe avant de lancer la moto vers la route. Je pris soin de modérer ma vitesse, chose à laquelle je n’étais pas spécialement habitué il allait bien l’avouer… Il ne fallut malgré tout pas longtemps pour arriver au cinéma. Au vue de l’heure, la place de parking ne manquaient pas, et je pu garer la moto tout près de l’entrée. J’avais hésiter à la garer au bout du parking, histoire de profiter de la blonde la temps de la marche (nous risquions moins de croiser des gens du lycée ici et à cette heure), mais je pouvais aussi être bon prince, et on ne faisait pas marcher un dame. Descendant de l’engin, je tendis une main à Anna pour l’aider à descendre à son tour.

« Mademoiselle, j’espère que votre voyage fut agréable. Si vous voulez bien déposer votre casque, la séance ne devrait pas tarder à commencer. Quel film désirez-vous voir ? »

Le tout sur un ton théâtrale à pine exagéré, un grand sourire amusé aux lèvres. Nous n’avions pas réfléchit au film avant de partir, j’espérais juste qu’elle ne voudrait pas aller voir une romance à l’eau de rose… tout mais pas ça…

Kim roula avec bien plus de douceur que la dernière fois. Il avait vraiment décidé de me faire peur lorsque rien de tout ceci ne s'était encore passé ! Quand nous arrivâmes au cinéma, Kim se gara près de l'entrée et m'aida à descendre. Vraiment, il avait changé du tout au tout, c'était très étrange. Mais la situation en elle-même était très étrange, de toute façon. J'allais au cinéma voir un film avec Kim Dong-Yul...

- Très agréable. Même si je dois t'avouer que je préfère le confort d'une berline.

Je déposai mon casque à l'endroit qu'il m'indiquait alors qu'il me demandait quel film je désirais voir.

- Il y a bien ce nouveau film, Twilight, qui me tentait... commençai-je en sachant pertinemment que ce film ne lui plairait pas du tout. Mais j'ai plutôt envie d'aller voir un film d'action. Que dirais-tu de celui-là ? repris-je après quelques instants de silence, histoire de le faire mariner un peu.

Je me dirigeai vers le guichet sans attendre sa réponse. En fait, j'avais toujours été celle qui choisissait tout : du film au restaurant, en passant par les boutiques et les cours du soir, c'était moi qui choisissais. Et on ne me changerait pas de si tôt !