Résumé des événements

Si certains sont restés coincés près des décombres de la tour, d'autres ont été forcés de fuir vers le cœur du territoire. Ils s'engouffrèrent ainsi dans le quartier des Soumis, mais ce dédale de rues réservaient à tous le monde l'une ou l'autre surprises. Peu de rebelles, mais trois clans réunis. Les Dragons ont été plutôt servis par les flammes qui leur ont permis de progresser, mais la perte de leur Chef et des appuis à distance ne les aidera pas forcément. Les Membres des Vipères et des Dragons sont donc acculés dans un endroit qui leur est totalement inconnu et deux Jaguars particulièrement efficaces seront là pour les empêcher d'aller plus loin.

Liste des joueurs

> Ludivine
> Jayden
> Wiyghan
> Loukas

Le rebelle qui nous faisait face nous expliqua que Noâ était aux prises avec le chef de la rébellion et qu'il la tuerait facilement. Même si j'avais moi-même bien envie d'achever la chef des Jaguars depuis qu'elle avait assassiné froidement ma binôme, je doutais qu'elle se laisserait avoir si facilement. Elle n'était pas chef pour rien.

- Je préfère le lui donner directement. Je suis sûre qu'un rebelle ne peut pas la tuer, même s'il est le commanditaire de toute cette folie.

Je venais à peine de finir ma phrase qu'un immense vacarme retentit. Des gravats retombèrent autour de nous et je me protégeai la tête, tout comme Hélène et notre assaillant. La vigie venait de s'effondrer, et un morceau avait assommé l'homme qui nous empêchait de passer. Il y avait énormément de fumée et la chaleur des flammes grandissantes commença à nous étouffer.

- Il faut qu'on bouge si on ne veut pas être asphyxiées ! Et vite !

Je suivis Hélène dans les décombres. Lorsque nous pûmes enfin voir à nouveau quelque chose, je me rendis compte que nous venions de pénétrer dans un endroit que je connaissais bien peu : le quartier des Soumis.

- Tu sais où on est ? me demanda Hélène, qui ne s'était jamais rendue chez les Jaguars. Je hochai la tête.

- C'est le quartier des Soumis.

Et nous n'étions sans doute pas les seules à avoir échouer là...

Nous n'étions pas des Dragons pour rien. C'était à croire que tout avait été préparé pour nous faciliter la tâche. Nous avions été prévenus de l'agitation qui régnerait mais je ne m'attendais pas à voir un territoire mis à feu et à sang, j'étais agréablement surpris. Je ne me sentais jamais aussi bien que dans le chaos et on pouvait dire que j'étais servi ! Bien que nombreux, notre groupe était efficace, nous avancions relativement vite et personne ne se plaignait. Même Chad supportait mes mauvaises blagues sans broncher. Il ne devait pas être à l'aise, il planifiait les missions mais n'y participait jamais ou le plus indirectement possible. Discernant la fumée qui s'élevait dans le ciel, je pris un malin plaisir à voir l'anxiété déformer les traits du Second, tandis qu'on pouvait lire de l'émerveillement dans mes prunelles azurées. Le paysage qui se dessinait sous mes yeux était de toute beauté. Des flammes, de la chaleur, de la fumée,...rien de mieux pour des Dragons. Un sourire en coin fiché sur les lèvres, je lançai un regard à Loukas avant de presser le pas et de rejoindre la fournaise. Pris par l'action, je n'avais même pas remarqué que Samuel s'était éclipsé Dieu-sait-où mais n'y accordai peu d'attention ; il nous avait également prévenu qu'il partirait de son côté. Cependant, la chute de la tour sembla bloquer Chad...Sifflant entre mes dents, je ne pus que ricaner face à la couardise de ce dernier...n'imaginant même pas qu'il ait pu être confronté à un problème. Seule Loukas demeurait, nous n'avions plus l'appuie aérien qu'aurait pu nous offrir la petite asiatique de l'équipe des Tireurs d'Elite, probablement coincée avec Chad. Je ne comptai pourtant pas m'arrêter en si bon chemin. Bien que je n'ai aucune idée du lien où nos pas nous menaient, j'avançai restant toujours sur mes gardes mes deux lames prêtes à servir en cas de besoin. Plus nous nous enfoncions dans le territoire, plus la fumée se dissipait et je pus rapidement distinguer des bâtiments. N'ayant jamais mis les pieds au sein du clan des Jaguars, j'ignorais totalement où nous pouvions nous trouver.

On est parti pour une partie de cache-cache.

 

Avec désinvolture, j'étouffais un bâillement fatigué et tâchais de suivre le rythme imposé par mes collègues. Pourquoi fallait-il aller si vite ? Le territoire des Jaguars du Sud n'allait certainement pas s'envoler à l'instar des rebelles et des Membres qui se tapaient sur le gueule en cet instant. Il suffisait de voir le bordel qui régnait aux abords des frontières pour comprendre que nous avions tout notre temps. Et je doutais sincèrement que quelqu'un songe à nous arrêter, c'était un plus non négligeable. Par mesure de prudence, je pris néanmoins la peine d'enfiler mes gantelets, faisant jouer un peu la lame cachée pour vérifier qu'elle jaillissait sans peine. Parfait, mes armes étaient prêtes à servir. Pas que je désirais vraiment me battre, mais s'il le fallait, je n'allais pas me laisser avoir par une bande de révolutionnaires accompagnés d'une poignée de félins en colère. Dieu que ces gens étaient chiants à organiser ce genre d'événements, même chose pour les Jaguars qui n'étaient pas capables de résister à l'envahisseur. Sans parler de Samuel et de sa lubie.

Contrairement à moi, ce cher Jayden était parfaitement dans son élément et il prenait un malin plaisir à progresser dans cette fournaise qui nous priva progressivement de tous nos compagnons. D'abord Samuel, Chad et la jeune Tireuse, puis Michael, Thalia et Violette. Hum cette histoire devenait franchement foireuse. Comment étaient-ils censés dénicher la sœur de la Chef maintenant qu'il n'y avait plus personne avec eux pour la reconnaître ?

« 'Tain, mais elle est où cette blondasse ? »

Charmant qualificatif pour cette chère espionne qui s'était perdue en route.

Le quartier des Soumis était plus lugubre que la dernière fois où j'y avais mis les pieds. Il fallait avouer que les évènements aidaient beaucoup. Il n'y avait personne dans les rues, tous les Soumis se cachaient sans doute pour échapper à l'attaque. Hélène et moi avancions prudemment et silencieusement, restant sur nos gardes. Des rebelles ou des Jaguars nous prenant comme tels pouvaient surgir à n'importe quel moment.

Alors que nous marchions en direction du QG, nous repérâmes un groupe immobile un peu plus loin, nous barrant la route. Nous nous cachâmes derrière un bâtiment inhabité et presque entièrement détruit afin d'analyser la situation.

- On peut les contourner ?

- Non, la route est bloquée par d'immenses débris à droite, et à gauche la tour nous empêche de passer.

Je réfléchissais à un plan pour éviter l'affrontement lorsqu'Hélène me signala l'approche d'une silhouette juste derrière nous. Serrant mon sabre dans mes mains, prête attaquer, je me détendis un peu lorsque j'entendis la voix d'Ysaline. Annabella nous avait envoyé des renforts !

- Tu es venue seule ? Annabella est ici aussi ? lui demandai-je pour tenter d'avoir une meilleure vue sur la situation actuelle.

Si Loukas n'avait pas exprimé ses pensées à haute voix, je ne me serais jamais rappelé que nous avions besoin de Thalia pour identifier notre cible. Ou plutôt, je ne me serais jamais rappelé que nous n'étions pas ici pour admirer le spectacle mais bel et bien pour une mission de la plus haute importance pour notre chef. Dès lors la perte de nos alliés me fit légèrement grimacer. Pourtant, je ne pouvais pas dire que le tempérament de flammes de Violette me manquerait. Et puis, on ne pouvait nier que le duo que je formais avec Bonnie était de loin la meilleure configuration pour mettre en avant nos talents respectifs. Non pas que je rabaissais les capacités des mes coéquipiers fines lames mais j'étais le plus efficace avec Loukas.

Trop tard pour faire marche-arrière, constatai-je nonchalamment. On allait devoir faire avec cet inconvénient plus qu'handicapant.

J'étais pourtant loin d'être découragé. Heureusement pour moi, je n'avais pas le mental de Chad, sans doute se serait-il dégonflé dans un moment pareil. Les petits désagréments que nous rencontrions en ce moment avaient au moins le mérite d'ajouter un peu de piment dans cette mission qui s'annonçait ennuyeuse.

Tu crois que tu pourrais la repérer avec ton super pouvoir magique ? C'est la sœur de la chef, elle doit pas se promener toute seule. Elle a pas intérêt à crever dans tout ce foutoir. Notre petit Sammy serait capable de nous mettre ça sur le dos.

Je me remis en marche. Rester sur place faisait de nous des cibles faciles et je n'avais aucune envie de mourir parce qu'un crétin de rebelle me prenait pour un matou et vice-versa.

« Abruti. »

C'était une remarque mainte fois répétée, mais il s'agissait de la seule réaction qui m'était venue en tête suite à son idée. Mes supers pouvoirs... Ce qu'il pouvait être con lorsqu'il s'y mettait. Esquissant un léger sourire, je pris pourtant la peine de réfléchir. En fait, ce n'était peut-être pas si idiot que ça. En effet, elle aurait probablement une escorte et c'était là-dessus que quelque chose pouvait se jouer. Dans un tel foutoir, les Membres qui lui serviraient de gardes du corps paniqueraient sûrement à l'idée de ramener à leur Chef sa précieuse sœur blessée. Je pourrais donc détecter cette intense stress et nous n'aurions après qu'à creuser la piste flairée.

« Jay, t'es un génie ! »

C'était aussi une remarque mainte fois répétée. Ravie d'avoir une ébauche de plan en tête, je rejoignis le jeune homme qui s'était mis à marcher et lui exposais l'idée qu'il m'avait inspiré. Je venais à peine de terminer lorsqu'un hurlement grave se fit entendre. Quelqu'un était en train de s'adresser aux intrus. Intrus dont nous faisions partie même si personne ne devait encore être au courant de la présence de Dragons dans les environs.

« A peine présomptueux le mec. La mort de chacun d'entre nous sur sa conscience ? Comme si un minou de pacotille allait réussir à nous faire la peau... »

Moi, je n'aurais pas du tout sa mort sur la conscience...

PV de Johanne

Quelle plaie ! Lorsque la tour s'était embrassée, des gravats brûlants s'écrasant sur le sol, j'avais été séparée de Reed. Si j'estimais être parfaitement capable de me débrouiller seule, je n'appréciais par contre pas qu'elle soit absente. Qui irait parler de mon carton à Noâ si elle loupait la moitié du spectacle. L'humeur assombrie, j'avais pourtant dû rapidement me résoudre à m'éloigner pour trouver de l'air moins vicié. La quête de cet oxygène avait été vite oubliée lorsque j'avais croisé deux personnes fuyants vers le quartier des Soumis. Le premier avait rapidement été abattu, mais l'histoire avait été plus compliquée pour le second qui avait décidé de jouer à cache-cache. Lorsque je lui avais enfin mis la main dessus, un temps conséquent s'était écoulé et j'avais été surprise d'entendre quelqu'un hurler une mise en garde. Non, mais qu'est-ce que c'était que ce délire ?! Il ne faisait aucun doute qu'un Jaguar était impliqué dans ce cri et c'était d'autant plus ridicule à ses yeux. Des gens avaient sauvagement attaqués le territoire et tout ce qu'il trouvait à faire était de préserver sa conscience. Ces sauvages ne méritaient aucune pitié, ils devaient tous mourir à mes yeux. De plus, si on les laissait partir, rien n'assurait qu'ils ne reviendraient pas plus forts et mieux armés pour relancer leur déferlante sur le Sud.

C'est pathétique...

Le sifflement avait quitté mes lèvres de façon acide et je m'étais remise en route, bien décidée à éliminer toutes les personnes qui auraient décidés de se replier sous les encouragements de la voix. C'est à ce moment que je repérais un trio étrange. Me camouflant derrière une façade, je pris quelques instants pour me concentrer et me déplaçais vivement pour tirer une flèche, en encochant directement une autre.

Ysaline nous expliqua qu'Annabella l'avait envoyée en reconnaissance. Pas étonnant, notre chef semblait avoir confiance en ses capacités. Elle nous demanda si nous avions plus d'informations, mais je niai : nous ne savions rien de ce qui se déroulait en ce moment. Alors que nous élaborions un plan d'action, un cri retentit dans les décombres. Je ne compris pas tout, mais apparemment l'homme qui l'avait poussé avait du mal avec sa conscience.

« Ne nous attardons pas, nous faisons des cibles faciles si nous ne bougeons pas. »

Hélène et moi acquiesçâmes avant de nous lancer vers le Q.G. Si c'était encore possible, nous devions rejoindre Noâ. Au fond de moi, je priais cependant pour qu'un rebelle l'ait déjà tuée...

Alors que nous avancions prudemment, une flèche passa à un cheveu d'Hélène. Celle-ci se stoppa net avant de se jeter, tout comme nous, derrière un muret de pierre. On nous tirait dessus. Mis à part le revolver d'Hélène, nous n'avions pas d'armes à feu. Mais peut-être qu'une de mes grenades pourrait nous débarrasser de l'attaquant. La dégoupillant, je la lançai en direction de celui ou celle qui venait de nous tirer dessus.

- Bouchez-vous les oreilles, les filles ajoutai-je alors que je mettais mes mains sur les miennes. La grenade explosa mais nous restâmes cachées afin d'être sûres de notre coup.

Étais-je un abruti ? Étais-je un génie ? Loukas semblait penser que j'étais les deux...je penchais plutôt sur la seconde proposition. N'y voyez aucune once de prétention, j'étais simplement lucide. Je me contentai d'un sourire triomphale face à l'éternelle indécision de Bonnie sur mes capacités intellectuelles. Elle ne tarda pas à me rejoindre, collant la vitesse de ses pas aux miens. L'écoutant d'une oreille attentive, je sifflai victorieusement. Encore une fois, son idée, qui m'avait effleurée également, allait nous permettre de nous en sortir plus facilement dans tout ce foutoir et sans la présence de Thalia.

Qu'est-ce qu'on ferait sans toi, Bonnie ?

A peine avais-je eu le temps d'exprimer ma reconnaissance envers la cracheuse de flamme que je fus grossièrement interrompu. Je ne pus m'empêcher de rire en attendant la voix grave d'un homme résonner dans tout le quartier. Avait-il tellement confiance en lui pour croire que cet avertissement allait dissuader quiconque de s'engouffrer dans le territoire ? Ne remarquait-il pas que la situation ne se prêtait pas à ce genre d'acte héroïque ? Je ne pus qu'approuver la réplique de Loukas. Il faudrait bien plus qu'un Jaguar présomptueux pour venir à bout de deux durs à cuire comme nous.

On ne fait que passer, t'inquiète pas pour nous, m'amusais-je à répondre à voix basse, sur le ton de la conversation, comme si toute cette situation n'avait rien d'absurde ni de surréaliste.

Visiblement, l'avertissement n'avait servi à rien. La détonation d'une grenade ne tarda pas à se faire entendre mettant fin au calme relatif qui habitait le quartier il y a de ça quelques secondes à peine. Quel qu'ait été le responsable, ils n'avaient rien à voir avec notre mission et il était évident que nous n'avions pas été la cible de cette attaque située à plusieurs mètres de notre position actuelle. J'estimai cependant plus prudent de faire un détour quand bien même je n'avais toujours aucune idée de l'endroit vers lequel nous nous dirigions. Je bifurquai rapidement, nous mettant à couvert et continuant notre route le plus discrètement possible.

On a qu'à les laisser s'entretuer, on a pas le temps de jouer avec eux.

 

PV de Johanne

Zut, raté ! Malgré ma précision, je n'avais pas réussi à atteindre ma cible. J'avais visé pour tuer, mais dans les faits, elle s'en sortait sans une égratignure. De plus, maintenant qu'elles se savaient visées, les filles s'étaient mises à couvert. Je n'avais plus aucun angle de tir de là où je me trouvais et je craignais une riposte, je décidais donc de les contourner plutôt que d'attendre de me faire cueillir. Cette idée se révéla fort à propos car, alors que je m'éloignais, une grenade éclata à quelques pas de ma ancienne position. Si j'évitais le pire, je fus néanmoins soufflée par la déflagration et valdinguais jusqu'à être stoppée par une façade. Les dents serrées pour réprimer une plainte de douleur, j'encaissais le choc et me laissais quelques secondes pour récupérer. Cette fois-ci, ce n'était pas passé loin.

Tch. Vous allez voir bande de pétasses.

Sur cette mise en garde murmurée, je me remis debout et m'assurais que je ne souffrais pas de blessures trop graves. Je ne m'en inquiétais pas trop, j'avais la chance avec moi depuis un moment déjà. Je la tenais pour acquise, il fallait dire que je l'avais bien mérité après mes dix premières années de vie chaotiques. Cette pensée fit grandir plus encore l'énervement qui couvait en moi, il était temps que je la mette à profit. Lorsque la grenade avait éclatée, j'avais perdu mon projectile, j'encochais donc une nouvelle flèche en prenant soin d'en choisir une explosive. Si elle voulait jouer à faire péter des trucs, je pouvais me joindre à elles. D'un pas léger et rapide, je contournais le bâtiment, supposant qu'elles viendraient constater le résultat de leur offensive. J'espérais ainsi qu'elle ne serait plus à couvert et que je pourrais porter un coup direct sur l'une d'entre elles. Ce qui en soit aurait été dégueulasse vu les dégâts que pouvaient faire les flèches explosives. L'idée de retapisser la rue de sang et de chair ne me plaisaient pas beaucoup, je vivais dans les environs et m'occuper du nettoyage aurait vraiment été dégradant.

Hé, je vous avais dit que j'avais vu passer des gazelles !

Entendre cette forte voix masculine me paralysa. Stoppée dans mon élan, je restais immobile, incapable de dire si j'avais été repérée par les nouveaux venus. Et puis, les rires se déplacèrent, s'éloignant progressivement. J'avais eu de la chance. En plus, ils se dirigeaient visiblement vers mes cibles, me donnant ainsi la chance de faire d'une pierre deux coups.

Vous m'avez pas l'air très couleur locale. Qu'est-ce que vous faites ici, mes jolies ?

L'homme qui venait de parler épaula un fusil, prêt à faire feu s'il constatait de l'hostilité. Penchée sur le côté, j'observais la scène avec perplexité. Je n'arrivais pas à définir s'il s'agissait de Jaguars ou de rebelles et c'était une position des plus déplaisantes. Si je tuais des Membres du clan, Reed me passerait un sacré savon et cela aurait été assez mauvais au vu de la proximité de mon test d'admission. Quel dilemme...

Après l'explosion, Hélène se leva pour se diriger vers l'endroit visé. Je la retins par le bras : c'était une mauvaise idée.

- L'explosion a fait du bruit. Si tu y vas maintenant, tu seras à découvert. Par contre, tu peux contourner ce bâtiment en restant à l'abri, pendant qu'on te couvre.

- D'accord.

Mais avant qu'elle ne s'éloigne d'Ysaline et moi, nous entendîmes des rires. Plusieurs hommes se dirigeaient dans notre direction : ils nous avaient déjà repérées. Décidément, le camp des Jaguars n'était pas pratique pour se cacher !

« Pas de gestes brusques, ils sont armés. Ludivine, ce sont des Jaguars ? »

Alors qu'ils s'approchaient, je les observai en restant immobile, mais prête à frapper à tout moment.

- Je ne les ai jamais vus...

Ça ne voulait évidemment pas dire qu'ils n'étaient pas des Jaguars, je ne connaissais pas tous les Membres et Soumis du clan. Mais j'étais certaine de ne jamais avoir croisé leur tête dans le coin. Un des hommes épaula son fusil, prêt à tirer. Il ne fallait pas faire de gestes brusques. Seule Hélène avait une arme à feu, si on ne comptait pas les quatre grenades qu'il me restait. Mais pour l'instant, le mieux était de discuter pour connaître leurs intentions et leur faire connaître les nôtes.

- Nous appartenons au clan des Vipères et nous sommes chargés de livrer un message à Noâ. Nous ne cherchons pas à empêcher quoi que ce soit, nous désirons juste atteindre le QG...

Ce qui signifiait que nous éliminerions quiconque nous empêchait d'effectuer cette tâche...

- Et vous, que faites-vous ici ? demandai-je alors.

PV de Johanne

Parfois, je regrettais de ne pas faire plus attention que cela aux Membres du clan. J'étais toujours partie du principe que eux me reconnaitraient, mais je n'avais pas compris la nécessité de mettre un nom sur une tête. Il aurait été tellement plus facile de pouvoir nommer l'un de ces gars. Ou ne pas y parvenir parce qu'ils n'avaient rien à voir avec les Jaguars, cette solution étant plus intéressante puisque je n'aurais plus qu'à les éliminer. Faute de mieux, je me retrouvais donc à observer la discussion entre les deux partis depuis ma cachette, attendant un indice suffisamment révélateur. Dans tous les cas, ils étaient jeunes. Enfin deux d'entre eux au moins, le troisième affichant une petite vingtaine d'années. C'était d'ailleurs lui qui parlait tout en menaçant les filles de son fusil.

Des Vipères ?!

Je n'avais pas entendu les paroles de la brune, aussi je trouvais de bon ton que l'homme me révèle l'information clé en élevant la voix sous la surprise. Ce détail me fit froncé les sourcils, qu'est-ce que des Vipères fichaient ici ? Profiter du bordel sur le territoire ? Non, elle n'était pas assez pour une telle attaque. Finalement, le type baissa son fusil, le tenant toujours à deux mains pour perdre le moins de temps possible s'il devait tirer. Au vu de son comportement, il devait vraisemblablement s'agir d'un Jaguar. Un peu déçue, je sortis de ma planque et m'approchais, encore un peu méfiante. Si je n'étais pas très à l'aise, ma curiosité me poussait à vouloir me mêler à l'histoire pour en savoir plus.

Quel genre de message ? Je ne vois pas trop ce que votre Chef peut avoir de si important à dire à la nôtre en pleine nuit.

Il marquait un point. A force de m'avancer, je jugeais plus prudent de m'annoncer. Je levais donc les bras en signe de paix, voulant éviter tout débordement. Cela n'empêcha pas le type de me viser, mais je pris ma meilleure tête de fillette innocente pour le calmer.

Tout doux, moi aussi je suis une Jaguar.

Au même moment, une pierre atteint la tête de l'un des jeunes avec une rare violence. Il s'écroula dans un râle alors que les autres se mettaient à découvert. Il fallait croire que, finalement, il y avait des hostiles dans la zone. Une autre pierre toucha le chef du groupe au bras, me poussant à suivre mécaniquement la trajectoire. Depuis la fenêtre d'un bâtiment proche, on nous lapidait véritablement à coup de lance-pierre. Impossible de savoir combien ils étaient, mais au moins n'avaient-ils pas d'arme plus lourde.

Mais qu'est-ce qu'ils nous veulent ?

Le second jeune avait parlé d'une voix chouinante, ses yeux ne quittant pas le corps de son possible ami. Encore que rien n'assurait qu'il était mort, mais il n'avait visiblement pas la bonne idée de vérifier.

Hé la brune. Une grenade serait bien pratique pour les déloger.

Sous-entendu : tu en aurais pas encore une sous la main.

« C'est vrai que tu galérerais sans moi. Normal, on est pas Bonnie & Clyde pour rien ! »

Sur cette déclaration, je partis dans un léger rire, mes yeux ne cessant de scruter mon partenaire. Il ne fallait pas croire, l'histoire valait aussi pour moi. Sans Jay, ma vie aurait sûrement été bien morne alors que grâce à lui, je ne cessais de m'éclater. En sa présence, je me sentais entière et j'espérais bien que cela ne changerait jamais.

« Ces foutus matous manquent de classe. S'entretuer c'est tout un art et aucun d'eux ne semble être un artiste. »

Et en plus, leurs quartiers étaient mal foutus. Un peu grognon, je suivis Jay en traînant les pieds. J'en avais marre de tourner en rond pour des couilles. Pour autant que d'être de sortie, j'avais espéré qu'on puisse réaliser un truc utile, mais visiblement je m'étais trompée. Il n'y avait même pas un petit merdeux à frapper dans les parages.

« Diiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis, on pourrait pas taper un peu sur les prochains péquenots qu'on croisera ? »

Sale gosse ? Si peu.

A l'entente de la réponse de Lou, un sourire en coin prit place sur mes lèvres. Je répétai notre surnom dans un écho qui sonna agréablement à mon oreille...Bonnie & Clyde, on n'en avait pas fini de faire parler de nous ! Notre rencontre n'avait été que le début de l'histoire grandiose qui nous attendait.

Fais attention à tes chevilles quand même, ce serait bête qu'elles soient trop gonflées que pour que tu retrouves ton pieu.

J'avais l'impression d'être invisible. C'était étrange, les détonations de coups de feu se faisaient entendre de partout mais aucune ne nous était destinée. Devais-je m'en plaindre ? Après tout, s'ils nous facilitaient la tâche, je ne pouvais qu'être satisfait ? Pourtant ma fierté de Dragon choisit le plus mauvais moment pour ressortir...Pensaient-ils que nous étions inoffensifs ? Que nous n'étions qu'une option, que nous n'étions pas assez dangereux que pour mériter leur attention ? Ils se trompaient bien ! Certes, nous n'avions pas l'air très menaçant et le fait qu'on ait perdu les trois quart de notre délégation n'arrangeait rien mais ne fallait-il pas se méfier des apparences ? Me rendant compte je me montai la tête pour rien, j'accélérai le pas. Comme Loukas, j'en avais assez de traîner dans ce quartier de Soumis où cette fameuse Jude ne se trouvait visiblement pas.

Je te le fais pas dire. On devrait leur apprendre à faire la guerre à ces sacs à puces.

Tournant une nouvelle fois au coin d'une rue, je ne pris même plus la peine de me mettre à couvert. Tout ceci manquait d'animation alors autant faire office de cibles faciles, peut-être que cela rameuterait quelques jaguars à crever. Encore une fois, Loukas semblait ressentir le même ennuie que moi et je ricanai à sa demande.

J'y compte bien, on est pas venu ici en visite. On devrait au moins avoir droit à notre morceau...

Avançant toujours, nous finîmes par déboucher sur une zone un peu plus dégagée, continuant toujours à avancer nous tombâmes sur un spectacle des plus...exquis. Je désignai le couple d'individus qui se trouvaient à quelques mètres devant nous, me remettant à nouveau à couvert cherchant à me faire discret pour ne pas louper une miette du spectacle.

Matte-moi ça, Bonnie. Ce sera peut-être le seul truc intéressant de la journée.

Lorsqu'il apprit que nous étions des Vipères, il le cria avec surprise avant de baisser son fusil – même s'il restait près à l'utiliser si nécessaire. Ils devaient être des Jaguars. Il me demanda alors quel genre de message je pouvais apporter à une telle heure. Des menaces de la part d'Annabella, évidemment. Mais je ne pouvais délivrer mon message qu'à Noâ. Et dans la situation actuelle, je devais aussi en apprendre plus sur ce qui se passait ici.

- C'est confidentiel, je ne peux le délivrer qu'à Noâ. Annabella m'envoie souvent de nuit.

Ce qui n'était pas faux. La moitié de ses messages avaient été délivrés pendant la nuit, que ce soit pour le clan des Jaguars ou pour les autres clans. Avant qu'il n'ajoute quelque chose, une jeune femme s'annonça comme étant elle aussi une Jaguar. Elle avait levé les bras en signe de paix et s'était rapprochée de nous sans encombre. Jusqu'à ce qu'une pierre vienne toucher un des plus jeunes hommes. Il s'écroula tandis que nous nous mettions tous à couvert pour éviter son sort. Mais celui avec qui je parlais juste avant se fit tout de même toucher au bras. Son deuxième acolyte demanda alors ce qu'il nous voulait, pleurant presque sur le corps de son ami – qui était sans doute encore vivant.

« Nous tuer, sans doute. Et ils ont raté leur coup, il respire toujours » fit Ysaline en désignant d'un petit geste du menton le jeune allongé par terre.

À ce moment-là, la nouvelle arrivante se tourna vers moi en m'affirmant qu'une grenade serait bien pratique pour les faire sortir de leur tanière. Je la fixai un instant, perplexe : ne serait-ce pas elle qui venait de nous attaquer à coup de flèches ? Enfin, c'était peut-être une méprise, elle devait nous avoir prises pour des ennemies.

- En effet... répondis-je en sortant une autre grenade de mon sac. Je la dégoupillai, visai et la jetai à l'intérieur. Je ne visais pas trop mal quand il s'agissait de jeter quelque chose – c'était une autre histoire avec une arme à feu.

- Vous feriez mieux de vous boucher les oreilles, ces grenades sont plutôt bruyantes à si faible distance.

Je me bouchai les oreilles et les deux Vipères firent de même. Libre aux autres de ne pas m'écouter, mais il valait mieux pour eux qu'ils le fassent. Si nos assaillants ne furent pas sonnés par l'explosion, ils ne tarderaient pas à sortir de leur cachette...

PV de Johanne

L'homme sembla se contenter de l'explication de la Vipère. Je ne connaissais pas les habitudes nocturnes d'Annabella, je choisis donc de la croire sur parole. Mais quand même, il était assez spécial de passer ses nuits à envoyer des messages aux autres clans. Que pouvait-elle avoir à leur raconter de si intéressant ? Pauvre Messagère quand même. C'était bien une tâche que je ne me voyais pas du tout effectuer, je tenais bien trop à mes heures de sommeil. En plus, il fallait rester diplomate, un trait de caractère qui m'était totalement inconnu.

Supposant que la brunette allait utiliser l'une de ses précieuses grenades pour nous tirer de là, je me préparais pour le combat à venir. Encochant une flèche classique, je me mis en position, visant la porte. Seulement, il y eut cette histoire de se boucher les oreilles. Super, encore un truc inutile à faire. Je n'étais pas une chochotte alors je ne comptais pas jouer à ça. Je le regrettais très vite en entendant le claquement de la grenade. Ah, ce n'était en effet pas des plus agréables. Mes oreilles sifflaient affreusement et en plus, je ne percevais presque plus aucun autre son. C'était un peu comme si j'avais eu les oreilles bouchées et que j'entendais de façon étouffée. Luttant contre cette étrange sensation, je me forçais à concentrer mon attention sur les ennemis. Une première flèche partit dès qu'un rebelle apparu, allant se planter dans sa cuisse. Et puisque je visais son torse, c'était assez mauvais signe. Encore une fois, j'avais voulu jouer les fières et je m'en mordais les doigts.

Le leader Jaguar prit rapidement les choses en main lui aussi. Épaulant son fusil, il commença à dégommer les cibles avec une étonnante facilité. C'était un sacré tireur ! Il y avait encore quatre personnes debout, mais je doutais qu'ils puissent quoi que ce soit contre notre étrange équipe.

« T'inquiète, il m'aime tellement que c'est lui qui viendra à moi dans ce cas là. »

Ou je ferais en sorte de recruter deux ou trois crétins pour qu'ils le transportent jusqu'à moi. L'accélération soudaine de Jay me fit un peu grommeler, mais je m'adaptais à la vitesse de ses pas sans l'ombre d'un problème. Tout était dans la tête, ça me saoulait surtout de me dépêcher pour rien, mais mon corps en était parfaitement capable. Comme disait Ezy... Non, Ezy ne disait rien parce que je n'en avais rien à foutre de ce que pensait cette garce !

« En parlant de morceau, tu crois que c'est vrai les conneries qu'ils racontent à propos du chaton en chef ? T'imagines si c'était de famille et que Sammy avait les mêmes penchants ? C'est p’t-être pour ça que les Dragons tombent comme des mouches. »

Et puis, il y eut miraculeusement un changement dans cette nuit bien morne. A force de tourner en rond, nous avions fini par retomber à proximité des frontières où un combat des plus croustillants était en train de se dérouler. Histoire de ne rien rater, j'allais me caler derrière Jay, me penchant sur le côté pour observer la scène. Voir deux Chefs se cogner dessus était rare et en plus il s'agissait de cet idiot de pigeon et de cette insipide ver de terre.

« Ce serait cool qu'ils s'entretuent, on serait débarrassé de deux poids mort. »

En plus, ça mettrait sûrement Sam de bonne humeur ce qui ne serait pas de trop vu que nous avions été incapable de dénicher sa chère sœur.

Les rebelles ne tardèrent pas à sortir de leur cachette, un peu sonnés par la détonation. La Jaguar qui nous accompagnait ne tarda pas à blesser l'un d'eux à la cuisse grâce à son arc. L'homme au fusil se chargea des suivants : il était vraiment bon tireur. Un autre homme, un Jaguar aussi sans doute, arriva et se débarrassa des derniers rebelles dans le coin. Bon, on allait pouvoir discuter plus calmement de la situation.

Du moins, c'était ce que je croyais. Le dernier arrivant, certainement un ancien (il paraissait plus âgé), s'en prit au Jaguar au fusil. Je devais avouer que j'avais un peu de mal à comprendre : était-il aussi un rebelle ? Dans quel clan se situait-il ? Apparemment, si j'en croyais ses dires, il lui en voulait d'avoir tué tous ces gens. C'était louche. Je me tenais prête au combat, si cela s'avérait nécessaire.

Il reposa le Jaguar à terre, prit le fusil et se tourna vers nous pour nous demander qui nous étions. Décidément, tout le monde nous le demandait. Mais bon, dans la cohue, c'était compréhensif.

- Je suis Ludivine, des Vipères de l'Ouest, Messagère assignée aux Jaguars du Sud. Et voici Ysaline, Fine Lame, et Hélène, Membre. Nous sommes porteuses d'un message pour Noâ.

Je me tus un instant avant de rajouter une question :

- Et vous, qui êtes-vous ? demandai-je en m'adressant à toute l'assemblée. Je nous avais présentées à chacun d'eux, mais je n'étais pas encore tout à fait sûre que je pouvais leur faire confiance. Après tout, qui étaient-ils ? Qui me disait qu'ils ne bluffaient pas ?

PV de Johanne

Le sifflement ne disparaissait pas et j'avais toujours la désagréable sensation d'entendre de façon assourdie. Je pouvais percevoir certaines choses, mais la plupart des sons m'échappait. Secouant à plusieurs reprises la tête comme un vulgaire cabot s'ébrouant, j'essayais de chasser ce malaise, sans résultat. Lorsque des alliés se joignirent à nous, j'éprouvais un étrange soulagement. Cette perte d'audition m'handicapait pour tirer alors je préférais de loin être bien entourée. Je reconnu l'un des nouveaux venus comme étant un Ancien. Il était plutôt connu sur le territoire car il était Formateur. D'après le peu que je savais, c'était un drôle de type, mais il n'était pas méchant. Juste un peu bizarre. Après avoir tué deux hommes sans leur laisser l'ombre d'un chance, il commença à s'exciter sur le Jaguar qui dirigeait le groupe sans que je n'arrive à comprendre pourquoi. Comment aurait-il pu arranger quoi que ce soit ? Dans cette histoire, nous nous étions contentés de nous défendre. C'était une question de vie ou de mort. Et puis, c'était un peu culotté pour un mec qui avait décapité un premier gars, avant d'en achever un autre alors qu'il était déjà à terre. Pendant que le second jeune un peu trouillard aidait le Membre à se remettre debout, Wiyghan sembla commencer une discussion avec les Vipères. Soucieuse d'en apprendre plus, je m'approchais et tendais l'oreille pour être sûr de comprendre un maximum de ce qu'il se disait. Lorsque la Messagère s'adressa à l'ensemble du groupe, je laissais les autres commencer le tour.

Eric. Et lui, c'est Max. On est Membres des Jaguars.

Dit-il en désignant son comparse qui ne tenait debout que grâce au bras qu'il avait passé au travers des épaules d'Eric. Visiblement méfiant, il jeta un regard à Wiyghan. Il ne semblait pas comprendre l'attitude du noir plus que moi.

La fille là-bas s'appelle Johanne, c'est une Soumise.

J'aurais pu me présenter seule, mais après tout pourquoi ne pas profiter du fait qu'il m'épargne une présentation barbante. Par contre, cela ne nous disait toujours pas qui était ce mec au sol que ses collègues semblaient drôlement vite oublier...

Tu m'étonnes, il se sentirait bien seul sans ton omniprésence à ses côtés, lui répondis-je du tac au tac. Si Loukas avait un ami, c'était bien lui. Je ne serais même pas étonné de la voir sacrifier autrui si cela pouvait lui permettre de roupiller un peu. Je pouvais m'estimer heureux de faire partie de la liste des intouchables.

Alors que j’accélérai, je l'entendis ronchonner mais cela ne l'empêcha pas de suivre ma cadence. Je n'en pouvais vraiment plus de ce territoire à feu et à sang mais étrangement désert quand il s'agissait de nous amuser, Bonnie et moi. Pas la moindre victime à l'horizon ! Il y avait de quoi être déçu ! Et la réponse à ce manque flagrant de dynamisme venait peut-être de la théorie de Loukas. Après tout, peut-être que le territoire sud n'avait plus assez de membres pour se défendre du fait de l'appétit vorace de leur chef. Même si je n'étais pas dans la ville depuis longtemps, la réputation sulfureuse de la blonde m'était tout de même remonté jusqu'aux oreilles.

Sammy ? Cannibale ? Avec son plan foireux de rapt familiale, il accumulerait les défauts. Faut qu'on le vire de sa place et vite...et on les laissera se bouffer entre eux.

Puis finalement, un spectacle inattendu se joua sous nos yeux. Je ne rêvais pas. Le duo qui se battait devant nous était formé par Kim, le chef des Aigles et Annabella, la chef des Vipères. Au moins l'un de nos souhaits aura été exaucé. Des chefs s'entretuant, il y avait de quoi être content. Sourire aux lèvres, j'observai toute la confrontation...et son dénouement me laisse quelque peu sur ma faim mais j'étais tout de même ravi d'avoir assister à ce duel. Les deux corps gisaient à quelques mètres devant nous. J'espérai qu'ils soient morts...et je dus lutter contre l'envie de m'approcher des corps pour les piquer du bout de mon pied et m'assurer ainsi qu'ils aient bel et bien rejoint le monde d'Hadès.

Tu vois, je te l'avais dit, t'as vraiment des super pouvoirs ! Tu devrais souhaiter des trucs plus souvent, Bo'. Viens, on s'tire, ça sert plus à rien de rester et on a mieux à faire, lui lançai-je alors que je quittai la scène du crime à reculons.

« Oh ben merde alors ! »

J'avais les yeux ronds, complètement choquée par ce qu'il venait de se produire. Bien sûr, j'étais bien contente de voir deux Chefs s'auto-détruirent, mais je ne m'étais pas attendue à ce qu'une telle chose se passe réellement. Et d'une telle façon. Après la stupéfaction vint un certain contentement qui me fit monter un petit sourire. Maintenant que les deux combattants étaient à terre, leurs suiveurs s'étaient mis en branle pour leur porter secours. Chose ô combien inutile, du moins je l'espérais.

« Sans déconner, je vais finir par te croire... »

Le hasard était quand même drôlement bizarre. J'aimais la théorie de Clyde et décidais de la mettre à l'épreuve. Fermant les yeux, je souhaitais de retourner dans mon lit. Silencieuse, j'attendis quelques secondes, mais j'étais toujours sur ce foutu territoire des Jaguars et Jay s'éloignait. Merde, il fallait croire que cela ne fonctionnait pas lorsque le souhait me concernait. Pouvoir à la con... Il allait donc falloir que je rentre à pied. En petites foulées, je rattrapais mon partenaire et glissais mon bras autour du sien. La nuit n'avait pas été si mauvaise finalement.