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Année 29, deuxième saison tempérée ✻✻✻ Ils étaient au milieu de nulle part. Littéralement. Des kilomètres de terre stérile les entouraient et leur seul espoir de survie était de rejoindre un abri supposé derrière cette colline qu'on apercevait au loin. Parfois, les grands étaient comme les enfants : ils rêvaient trop fort. Ils n'avaient pas beaucoup le choix. Ils étaient dix, presque à cours de vivres et le temps ne serait plus clément pour très longtemps. Il fallait que cet abri existe et qu'il soit aussi merveilleux que la description qu'on en avait faite. Des toits sous lesquels s'abriter, une source et quelques bêtes à chasser, c'était tout ce qu'il leur fallait pour tenir encore un peu plus longtemps. Tenir plus longtemps, c'était une autre façon de dire survivre. On en revenait toujours à ça.

Le petit Oz passa son bras sur son front en sueur et poussa un gros soupir. Il ne faisait pas si chaud, mais le travail était fatiguant. Avec la maladresse de ses neuf ans, il équilibra son tas de bois et se remit en route. Il avait beau être jeune, il était débrouillard et ce n'était pas une corvée bois en solitaire qui allait l'effrayer. Il n'avait pas non plus le choix. Il fallait qu'il se rende utile, tout le monde le devait dans le groupe. S'il ne l'était pas assez ou qu'il mouftait trop fort, on l'abandonnerait. Oz n'était pas con, il le savait. Donc il s'appliquait.

Quand il revient au campement, il lâcha son chargement à proximité du feu et se frotta les mains sur le pantalon troué et trop grand qu'il portait. Il avait l'allure d'un clochard comme ça, mais ses vêtements actuels étaient foutrement mieux que ceux d'avant. Difficile d'avoir une pire dégaine que quand le premier groupe l'avait trouvé, tout crasseux, maigrichon et le regard vide. Crasseux et maigrichon, il l'était toujours, mais il avait troqué la loque qui l'entourait pour une tenue plus pratique. Puis, il était énergique maintenant.

« Gamin ramène-toi ici. » Oz leva rapidement les yeux vers Tyler, le plus vieux du groupe. A peine, seize ans et le voilà qui était chef. Inutile de préciser qu'abuser de son pouvoir faisait partie de ses habitudes. Il régnait sur une bande de gosses et ça lui plaisait au bougre. « J'ai un travail pour toi. » L'idée poussa Oz à se tenir plus droit. Si on lui donnait une mission claire, ça voudrait dire qu'il était vraiment utile et peut-être qu'il pourrait cesser d'avoir peur durant quelques nuits de ne plus trouver personne autour de lui à son réveil. Il ne l'avouait pas facilement, il était trop fier pour ça, mais cette idée lui foutait la trouille. « Y a trois nouveaux. Je veux que tu t'occupes de la môme. Elle est plus jeune que toi, mais t'es qu'un gosse aussi, tu devrais savoir comment faire. » « Mais on peut pas- » « Ta gueule. Me réponds pas ou je t'en colle une. » Malgré toutes les remarques qu'il avait à faire, Oz se comporta comme un lâche et il la boucla. Il n'avait pas envie de prendre un coup pour rien. Il trouvait débile d'accueillir des nouveau venus alors qu'ils étaient déjà dans la merde, mais ce n'était pas à lui de décider. Ce ne serait jamais à lui. Encore heureux, être un petit chef, ça ne le tentait pas du tout. Pour autant, il avait un avis et il était défavorable. Des nouveaux, ça voulait dire encore moins de bouffe et plus de surveillance.

« Regarde, ce sont eux. » Tyler pointa du doigt un drôle de trio. Une grande asperge famélique aux cheveux coupés n'importe comment, une adolescente quelconque et la fameuse gamine. Oz, il avait jamais été doué pour évaluer les âges alors il ne savait pas trop le sien. Sa seule certitude, c'était qu'elle était vraiment petite. C'était bizarre une enfant. En fait, il n'avait jamais vraiment eu l'occasion de voir quelqu'un de plus jeune que lui. Et comme il ne s'était jamais vu dans un miroir, ce n'était pas vraiment une référence. Il scruta donc avec une curiosité étrange cette créature au visage de bébé et à la tignasse hirsute. A la voir, Oz se demandait vraiment comment elle pouvait survivre. Elle devait être incapable de se défendre ou même de courir. C'était une cible facile.

D'une bourrade, Tyler le sortit de sa transe et il le poussa vers le groupe. A lui, il ne lui adressait que des regards mauvais, mais il était tout sourire pour la fille. Oz roula des yeux, pas vraiment étonné. Il était jeune, mais il comprenait des trucs. Comme le fait que les garçons devenaient idiots autour des filles et que Tyler avait dû les accepter pour elle. Elle était aussi grande que lui, ça le changerait des deux autres gosses trop jeunes qui vivaient avec eux. « Oz va s'occuper de la petite. Nous, on peut aller discuter tranquillement plus loin. » Tyler jouait les gentils, mais il ignorait clairement le gars du trio, son regard uniquement concentré sur la fille. Tout ça finirait mal, Oz en était presque certain. Il comprit néanmoins l'ordre sous-entendu et s'approcha de la petite fille. « Salut. » Comment est-ce qu'il devait parler à une enfant ? Il se demanda une seconde si elle le comprenait avant de se traiter mentalement de débile. Elle devait au moins savoir parler. La parole, c'était bien un des seuls trucs qui différenciait les humains des animaux, non ? « Oz, c'est moi. Et toi, tu as un nom ? »

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Année 29 - saison tempérée 2

Ta main est littéralement engloutie dans celle de Fred. Il marche vite et te tire derrière lui mais tu sais qu'il ne le fait pas exprès. Fred est gentil, il est juste maladroit et ne se rend pas toujours compte que ses longues jambes le portent bien plus loin que les tiennes qui sont minuscules. Léa aussi est gentille à sa façon. Elle est moins patiente et plus égoïste mais elle te tolère et c'est le principal. C'est Fred qui a insisté pour te prendre avec eux quand ils t'ont découverte dans les ruines fumantes d'un campement. Léa voulait faire comme si elle ne t'avait pas vue mais lui t'a tendu la main. C'est lui qui ne mange vraiment pas souvent pour que tu puisses avoir quelque chose dans le ventre. Fred s'assure aussi que tu n'as pas trop froid la nuit et il essaye comme il peut de faire quelque chose avec tes cheveux qui tombent toujours sur ton visage. Il perd à chaque fois qu'il affronte ta tignasse et ça fait mal mais tu te concentres sur le plus important à savoir qu'il fait ça pour ton bien. Il veut que voyager soit plus facile pour toi. « Pourquoi on doit rester ici ? » Vous avez marché une partie de la journée mais maintenant vous êtes arrêtés à proximité de gens. C'est étrange car Fred n'aime pas les gens. Il dit qu'ils sont dangereux et qu'il est préférable pour vous trois que vous restiez en petit comité. Mais Léa n'est pas d'accord. Elle est trop intéressée par les autres survivants, ce bout de toile dressée comme une tente et le feu qui crépite. Tu ne le comprends pas mais Léa crève d'envie d'avoir un groupe comme ça. Elle veut de la chaleur humaine et plus de sécurité là où Fred ne rêve que de solitude. Ils ne se ressemblent pas du tout ces deux là et ne sont ensemble que parce qu'ils le sont forcés. Surtout Léa. Dès qu'elle aura une meilleure occasion elle déguerpira et ça Fred le sait mais il est trop gentil pour dire quoi que ce soit ou pour la laisser seule. C'est dans son caractère. « C'est temporaire. » Il n'a pas l'air très sûr de lui. Sa voix suinte d'espoir mais ça t'échappe encore une fois parce que tu es une gamine et que tu avais déjà détourné ton attention de lui pour la fixer sur le feu. La dernière fois que tu en avais vu c'était avant l'arrivée de Fred et Léa. Quand celle que tu appelais maman mais qui ne l'était pas vraiment était encore vivante. Tu n'es pas vraiment triste à ce sujet. Comme Fred l'a dit, elle est tout là-haut dans le ciel maintenant. Il dit que tu la reverras un jour mais les larmes te montent aux yeux à chaque fois parce que le ciel est immense et que ça te fait peur. Tu ne veux pas te perdre dans le bleu, tu préfères de loin la terre ferme.

Tu es forcée de revenir à la réalité quand deux personnes s'approchent. Un adulte et un petit garçon. Directement Léa se met à minauder avec le premier et Fred n'a pas l'air d'aimer ça. Il grimace ce qui te fait sourire un tout petit peu. « Oz va s'occuper de la petite. Nous, on peut aller discuter tranquillement plus loin. » Ta première question est pourquoi. Tu peux très bien aller avec eux sans les déranger, tu sais te faire discrète. Ta main se resserre sur les doigts de Fred qui n'a pas encore bougé contrairement à Léa qui s'éloigne sans un regard en arrière. « Salut. » L'autre enfant s'est approché et tu le dévisages avec méfiance. Tu n'aimes pas beaucoup les nouvelles têtes. « Oz, c'est moi. Et toi, tu as un nom ? » Il insiste et toi tout ce que tu fais c'est lever les yeux vers Fred. Tu ne sais pas comment tu dois gérer cette interaction. Tu n'en as pas vraiment envie surtout. Ton énorme ami a compris le message car il s'agenouille auprès de vous et la main qu'il utilisait pour tenir la tienne est maintenant sur ta tête qu'il frotte affectueusement. « Elle est juste un peu farouche. » Tu aimes qu'il dise farouche et pas timide comme Léa. Tu n'es pas timide, tu n'as pas peur, tu n'es pas mal dans ta peau, tu n'aimes juste pas les interactions forcées. Tu as beau être une enfant, tu as ton libre-arbitre, tes préférences. « Et elle s'appelle Sawyer. Merci de lui tenir compagnie. » La main de Fred t'abandonne et lui aussi tu le sens qui t'abandonne. Il veut aller auprès de Léa pour être sûr qu'elle ne fait pas n'importe quoi mais cette nuance t'échappe, tu te sens juste trahie. « Je veux pas rester avec lui. Fred ! » Mais Fred fait la sourde oreille. Il s'éloigne et tu te retrouves nez à nez avec ce fameux Oz qui s'est tout autant fait pigeonner que toi dans cette histoire.

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Année 29, deuxième saison tempérée ✻✻✻ Oz, ça n'avait jamais été un gamin timide. Même tout petit, il vous rentrait dans le lard sans trop d'hésitation. La seule chose qui le faisait reculer, c'était quand il s'était pris une taloche. C'était comme ça que Tyler l'avait eu à sa botte. Il avait frappé plus fort et il avait déclenché son instinct de survie. Du coup, il avait un peu de mal à se mettre dans les pompes de cette gamine minuscule qui s'accrochait à un plus grand. Il se sentit insulté de ne pas recevoir de réponse à sa présentation courtoise et leva lui aussi les yeux vers la grande latte. Peut-être qu'il aurait une réponse à leurs deux questions tacites de gosses paumés.

Visiblement, le gars comprit car il se mit à leur hauteur. « Elle est juste un peu farouche. » Oz ne savait pas trop où il voulait en venir avec son mot compliqué. Par peur de passer pour un con, il hocha juste la tête de façon à donner l'illusion qu'il comprenait. En vrai, ça ne le menait vraiment à rien. Farouche, ça sonnait comme mouche. La gamine n'avait pas trop une tête d'insecte donc il supposait que ça n'avait absolument aucun rapport. Ouais, c'était un gars sauvage, le Oz, il aimait faire des suppositions bizarres entre les quatre murs de sa tête. « Et elle s'appelle Sawyer. Merci de lui tenir compagnie. » « Bah, c'est qu'on m'a pas trop laissé le choix. » Qu'il dit en haussant les épaules. Il avait déjà perdu l'attention du mec par contre, alors son commentaire ne reçu qu'un vent en réponse. « Je veux pas rester avec lui. Fred ! » Le gars, Fred qu'il s’appelait, il le savait maintenant, partit néanmoins sans se retourner. Ne pas écouter les gamins, ça devait être un truc d'adulte. Peut-être que Oz aussi il se comporterait comme ça quand il serait grand. Peut-être même qu'il serait un connard comme Tyler. En attendant, Oz était juste un gosse qui s'était fait avoir. Il zieuta la petite fille en se demandant si elle allait se mettre à pleurer. Ça aurait été le pompon.

« T'es minuscule, mais j'suppose que tu sais porter des brindilles ? Je dois finir ma corvée. Toi aussi, tu dois aider. Sinon, tu pourras pas rester près du feu pendant la nuit. » Abuser d'une gamine, c'était sale, mais ce n'était pas comme si Oz savait vraiment quoi faire d'elle. Au pire, elle le suivrait juste. Ça, elle aurait dû savoir faire. Puis, valait mieux qu'elle apprenne directement la vie. Pour survivre, fallait être utile.

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Année 29 - saison tempérée 2

« Bah, c'est qu'on m'a pas trop laissé le choix. » Fred n'a pas fait attention à la réponse du dénommé Oz mais toi oui. Tu gonfles un peu les joues en te rendant compte qu'il a tout aussi peu envie de traîner avec toi que toi avec lui. Ça commence bien. Pourquoi est-ce qu'on ne te laisse pas en paix, dans ton coin comme tu aimes l'être au lieu de te fourrer dans les pattes d'un plus grand pas beaucoup plus mature que le fœtus que tu es ? Cela t'encourage d'autant plus à laisser paraître ton mécontentement et à rejeter vivement la compagnie de ce Oz. Tu n'aimes pas les nouvelles personnes et il ne fait pas exception. Ce n'est pas qu'il a l'air méchant ou désagréable mais il est nouveau dans ton univers et ça suffit. A quoi Fred s'attendait-il en te l'imposant ? Que tu lui sautes dans les bras juste parce que vous aviez plus ou moins le même âge ? Les autres enfants, tu ne les as jamais aimé même quand ils étaient plus nombreux autour de toi. Là où tu vivais avant, il y avait quatre ou cinq autres mômes mais tu ne les supportais pas. Ils étaient collants et stupides. Maintenant ils n'étaient plus rien de tout ça. Il ne restait plus d'eux que des cendres mélangées à la poussière. C'est bien quelque chose que tu ne regrettes pas du campement. Quand tu cesses de détailler le dos de Fred, tu remarques que Oz t'observe avec un regard bizarre. Qu'est-ce qu'il te veut celui-là ? Tu hausses un sourcil pointu et tu tiens son œillade en repoussant loin le malaise que cet acte t'évoque. Tu n'aimes pas beaucoup regarder les gens dans les yeux mais tu sais bien que si tu plies trop vite devant cet enfant, il risque d'en profiter. C'est ce qu'ils font tous dans ces cas là parce qu'ils ont l'impression que tu es faible. Ce qui est vrai en l’occurrence. Tu n'es qu'une crevette sans réels muscles ou aptitudes au combat. Une créature bien inutile dans ce monde plein de danger. Pour ta défense, tu es jeune. « T'es minuscule, mais j'suppose que tu sais porter des brindilles ? Je dois finir ma corvée. Toi aussi, tu dois aider. Sinon, tu pourras pas rester près du feu pendant la nuit. » Et voilà qu'il te rappelle à quel point tu ne t'accordes pas avec ton époque. Par réflexe tu gonfles le dos et tu carres les épaules pour tenter de te faire plus imposante. Autant dire que ça ne marche pas vraiment au vu de ta maigreur. Tu dois lui concéder qu'il a raison. En plus, tu n'es pas vraiment opposée à l'idée t'aider. Au moins tu ne créerais ainsi pas de problèmes à Fred. Même si tu lui en veux encore un peu pour sa trahison, tu ne veux pas qu'il lui arrive du mal. Et puis, il y a ce petit détail qui t'éveille de façon malsaine. Cela fait trop longtemps que tu n'as pas côtoyé la présence d'un feu et tu souris légèrement à cette idée. Tu aimes les flammes et la chaleur qui s'en dégage. Tu aimes aussi son crépitement, l'odeur et bien sûr les mouvements de cet élément qui te semble toujours terriblement vivant. Quelque part les voir danser t'apaise. « Montre le chemin. » Avec tout ça tu en avais presque oublié la présence de Oz. Pourtant il est bien là et il attendait ta réaction. La langue dardant entre tes lèvres, tu t'appliques à tirer sur tes manches trop longues pour avoir plus facile mais tu échoues lamentablement parce qu'elle revienne en place directement, couvrant tes mains comme toujours. Tu souffles d'agacement avant de recommencer mais le résultat est le même. Pourquoi est-ce qu'il n'y a que Fred qui y arrive ?

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Année 29, deuxième saison tempérée ✻✻✻ Pendant qu'il regardait la fille, Oz se fit une drôle de réflexion. Elle avait gonflé les joues donc ça accentuait l'effet, mais son visage était très rebondi. Elle était maigre, mais elle n'avait pas les joues creuses et les cartilages saillants. Il trouva ça marrant et songea qu'elle ressemblait à un petit écureuil. Il nota avec étonnement qu'il avait envie de faire pouic-pouic sur ses joues. Il était sûr que ce serait marrant et en plus ça lui ferait sûrement tirer une tête d'enfer à la gosse. Il suffisait de voir celle qu'elle faisait maintenant. Sawyer tentait de se donner un air sévère, elle faisait la grande, mais malgré tout ses efforts, ça ne cadrait pas trop avec sa petite stature et son faciès rondouillet. Oz sourit comme un demeuré à cette pensée. Bon dieu, il pensait vraiment à des choses chelous aujourd'hui. Il rigola franchement quand elle tenta cette fois de se faire plus impressionnante. Ses tentatives étaient plus mignonnes qu'effrayantes. Et drôles. Peut-être que la présence de cette môme ne serait pas aussi dérangeante que Oz ne l'avait pensé au début.

« Montre le chemin. » Autoritaire la gosse. Si elle croyait que cela allait fonctionner avec Oz, elle se fourrait le doigt dans l’œil. Il n'était pas du genre à obéir à la première princesse venue. Haussant les épaules, il se mit en route, mais au bout d'un moment il ne put pas s'empêcher de regarder par-dessus son épaule pour voir si elle suivait. Bien sûr, elle ne suivait pas. Il roula des yeux, l'agacement revenant. « Bon, tu bouges ouais ? » Il se rendit vite compte que Sawyer était au prise avec quelque chose. A quelques pas, il la fixa se débattre avec les manches de son haut. Il connaissait ce problème, c'était pour ça que les vêtements trop grands étaient pénibles. « T'es vraiment une plaie, crevette. » Il revient vers elle au petit trot et chassa la main de la gamine d'une claque légère. Il aurait plus vite fait de s'en occuper lui-même. Avec les doigts d'un expert, il roula les manches serrées jusqu'au-dessus de ses coudes et redressa son t-shirt. « Juste tirer dessus ça sert à rien. Mais j'suppose que les bébés, ça sait pas ça. » Il ne disait même pas ça pour être méchant ce coup-ci. C'était juste comme ça qu'il la voyait. « Viens maintenant, on a pas que ça à faire. » Et comme il avait vu ce Fred le faire plus tôt, il attrapa naturellement la main de Sawyer et la tira derrière elle. Au moins, il était sûr qu'elle suivait bien cette fois et il pouvait la garder plus facilement à l’œil. Pas con, le Oz.

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Année 29 - saison tempérée 2

Pendant que tu te bagarres avec tes manches, Oz t'abandonne déjà. Il est un curieux mélange entre Fred et Léa à tes yeux. Il marche vite comme Fred mais sans se soucier de toi comme peut le faire Léa. Sauf que tu as tort. Peut-être que derrière l'apparence désintéressé de Oz se cache un Fred un peu moins doux. « Bon, tu bouges ouais ? » Tu grognes comme un petit animal parce que tu n'aimes vraiment pas la façon dont il te parle. Au moins il s'est arrêté, c'est déjà ça. Pas que ce soit important. Ceci est un gros mensonge. Tu as peur de rester toute seule dans cet endroit que tu ne connais pas même si Fred n'est pas si loin que ça. Oz est désormais ton ancre jusqu'à ce que ton ami l'asperge revienne te chercher. Alors bien sûr que ça a de l'importance qu'il reste à proximité et qu'il s'intéresse à toi. « T'es vraiment une plaie, crevette. » « Crevette ? » La curiosité t'a gagnée et voilà que tu le fixes avec attention en attendant son explication. Quand tu t'en rends compte, tu as bien envie de te cacher la bouche derrière les mains mais il est occupé à rouler tes manches. Bien sûr tu te doutais que ce n'était pas un surnom affectueux mais tu voulais quand même savoir de quoi il parlait. « Juste tirer dessus ça sert à rien. Mais j'suppose que les bébés, ça sait pas ça. » « Je suis pas un bébé ! » Tu t'offusques même si tu as bien saisi qu'il ne se moquait pas de toi cette fois. C'est plus fort que toi, c'est de ton âge d'être vite aiguillonnée par ce genre de réflexions. La moue boudeuse tu lui souffles un « Merci » du bout des lèvres parce que te voilà enfin délivrée de ta lutte. En plus il n'était pas obligé de prendre la peine de t'aider. « Viens maintenant, on a pas que ça à faire. » Tu vas le suivre mais il te surprends en attrapant ta main. Au début tu es trop choquée pour réagir alors tu te laisses tirer. Tu n'es vraiment pas habituée à ce que quelque chose comme ça se passe. La sensation de la main de Oz est bien différente de celle de Fred. Elle est juste un peu plus grande que la tienne et s'y moule au lieu de l'engloutir. Qu'il empiète autant sur ton espace vital te hérisse bien sûr mais tu acceptes malgré tout l'intrusion. Même si tu ne l'avoueras pas, c'est rassurant parce qu'il est plus grand que toi et qu'il connait les lieux. A défaut d'avoir Fred, il fait bien l'affaire pour un temps comme tu t'en doutais. Ça ne t'empêche pas de faire la moue quand tu resserres tes petits doigts autour des siens et que tu accélères pour réussir à le suivre sans être tirée. « Comment tu es arrivé ici ? » Le silence ne te dérange pas mais tu as toujours été curieuse. Oz est une occasion de découvrir un peu plus le monde et ce nouvel environnement. Peut-être même qu'il pourra t'aider à comprendre pourquoi Léa souhaite tant rester ici.

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Année 29, deuxième saison tempérée ✻✻✻
« Crevette ? » C'était pas malin d'utiliser des mots qu'on ne comprenait pas. Maintenant, Oz se retrouvait là comme un con sans trop savoir quoi lui répondre. C'est vrai ça, c'était quoi crevette ? Il avait entendu des grands dirent souvent ça à des plus petits, il supposait donc que ça devait être un machin minuscule. Pendant qu'il roulait les manches de la fillette, Oz haussa juste les épaules. Il allait bien falloir qu'il se sorte de là, il ne pouvait pas juste l'ignorer. « J'sais pas trop. Tout le monde me dit ça parce que je suis le plus petit du groupe. Maintenant que t'es là, c'est toi la crevette. » Ce qu'il ne disait pas, le Oz, c'était qu'on lui disait toujours ça sur un autre ton, quelque chose de plus mordant. Lui, il voyait plus ça comme un surnom un peu sympa avec Sawyer. Il n'était pas sûr qu'elle aurait pu comprendre seulement, donc il la ferma et resta sur son explication. « Je suis pas un bébé ! » Son travail terminé et sa pique lancée, Oz ignora les réactions de sa nouvelle protégée. Elle pouvait bien dire ce qu'elle voulait, il continuerait de penser qu'elle était un bébé. Inutile de se battre pour un mot, c'était tourner autour du pot pour rien. Si chacun pouvait penser ce qu'il voulait, ça ferait moins d'emmerdes. « Merci. » Il sourit juste maintenant qu'il lui tournait le dos. Au moins, il n'allait pas avoir à lui apprendre la politesse. C'était qu'il était en train de se transformer en vrai papa-poule.

Les deux mômes n'avaient pas à s'éloigner beaucoup du camp pour trouver du bois, mais il fallait pour ça passer quelques rochers un peu casse-gueule. En les voyant se pointer à l'horizon, Oz se demanda si sa crevette arriverait à passer l'obstacle. « Comment tu es arrivé ici ? » « Hm-hum. » Oz ne se rendit compte que quelques secondes plus tard qu'elle lui avait posé une question qui nécessitait une vrai explication. Il avait répondu à côté de la plaque et, pour cause, il n'écoutait pas vraiment. Il était trop occupé à chercher pas où ils auraient pu passer. Un itinéraire plus facile semblait tellement plus long, ça le désespérait d'avance. Et dire qu'il avait été aussi peu pratique des années plus tôt. En fait, Tyler avait été plutôt sympa dans les premières années de sa vie. Il n'avait commencé à le talocher que quand Oz avait été en âge de comprendre pourquoi. La nouveauté, ça remettait tout en perspective.

Mais bref. Fallait encore qu'il cause, qu'il satisfasse la curiosité de quelqu'un et ce n'était vraiment pas son trip à Oz. Il aimait bien qu'un parfum de mystère flotte autour de lui. Ce qu'il n'aimait pas trop par contre avec cette question, c'était qu'elle nécessitait qu'il se souvienne d'une époque qu'il détestait. Penser au passé, ça lui foutait les boules. Alors il claqua un peu sèchement des mots qu'il regretta presque aussitôt. « Faut que t'apprenne à la boucler, crevette. » C'était con de s'en prendre à elle. Sawyer ne pouvait pas savoir qu'elle touchait un point sensible. « Pardon. » Qu'il grommela en passant son pouce sur le dos de la main de la gosse comme pour s'excuser physiquement de lui avoir peut-être foutu la trouille.

Avec tout ça, ils étaient arrivés devant les rochers. Finalement, Oz avait décidé qu'il l'aiderait à passer l'obstacle plutôt que de la faire marcher inutilement pendant six cent mètres. Il lâcha la main de Sawyer et grimpa la roche avant de s'y installer à califourchon. « Viens, j'vais t'aider. » Il tendait les bras pour qu'elle approche. D'ici, il pourrait la soulever sous les aisselles et la tracter jusqu'à lui. Après, il suffirait de se laisser glisser de l'autre côté.

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Année 29 - saison tempérée 2

« J'sais pas trop. Tout le monde me dit ça parce que je suis le plus petit du groupe. Maintenant que t'es là, c'est toi la crevette. » Sa réponse n'a rien de satisfaisante. Il ne t'a lâché que du vent et tu restes avec tes questions dans les mains. Il faudra que tu demandes à Fred tout à l'heure. Lui saura sûrement. Tu n'insistes pas vraiment là-dessus avec Oz même si le traiter d'idiot est tentant. Tu as bien d'autres choses à dire face à cet enfant. On a beau dire, ce n'est pas avec les plus vieux que tu as de telles stimulations et cette bagarre est presque plaisante. Tu ne t'es pas sentie comme quelqu'un de ton âge sur ce plan là depuis longtemps. Alors tu veux en profiter. Tout ça te fait oublier tes craintes initiales et tu le suis sans trop de difficultés, avec un petit sourire. Tu observes les alentours du campement avec attention, découvrant les limites de ce nouvel univers. Seulement la curiosité revient et tu apprends progressivement que Oz n'est pas vraiment ami avec elle. « Hm-hum. » Avec l'éloquence non plus. Tu rigoles un peu, cachée derrière ta main libre parce qu'il est vraiment idiot, c'est sûr cette fois. Pour sa défense il a l'air ailleurs. Seulement même quand il semble plus présent, il ne paraît pas prêt à répondre. Tu as envie d'insister mais tu restes silencieuse. Une bonne chose le silence. « Faut que t'apprenne à la boucler, crevette. » Pendant un instant, sa voix a été comme un orage. Oz n'avait jamais semblé particulièrement agréable mais il l'était encore moins maintenant. Il y avait aussi pour la première fois quelque chose de vraiment incisif dans sa voix. C'est ce quelque chose qui t'a fait sursauter et te fait maintenant creuser les épaules. Tu ne pensais pas que tu faisais quelque chose de mal en parlant. Cette question te semble bien bête maintenant et tu regrettes vraiment de l'avoir posée. Tout comme tu regrettes déjà d'être ici avec Oz plutôt que là-bas avec Fred. Tu n'as jamais vraiment aimé qu'on hausse le ton et la colère en général. Cette émotion particulière te met incroyablement mal à l'aise. Ça te remue bizarrement le ventre et ça pousse ton cœur à battre beaucoup trop vite. « Pardon. » Malgré les excuses et le réconfort qu'il tente de t'apporter, tu gardes la tête basse. Tu sens bien qu'il est désolé mais son éclat t'a trop marquée pour que tu puisses l'avaler en une seconde. L'arrêt brusque te pousse presque à lui rentrer dedans mais tu t'arrêtes juste avant son dos et quand il te lâche la main, tu te retrouves bien forcée de regarder enfin ce qu'il fait. Il escalade des rochers plus grands que toi et l'idée de devoir faire comme lui t'inquiète un peu. Tu n'es pas toujours très adroite sur tes pieds. Et tes bras ne sont pas particulièrement forts. Mais Oz a visiblement prévu le coup. « Viens, j'vais t'aider. » Tu hésites un peu mais tu finis par t'approcher parce que ce n'est pas comme si tu avais vraiment le choix. Pas question de faire demi-tour toute seule et tu ne peux pas piquer un caprice devant l'obstacle. Tu ne veux pas en fait. La fierté, tout ça, tout ça. Alors tu te laisses soulever et tu aides le mouvement comme tu peux en poussant avec tes pieds sur la roche. Le moment est peu rassurant parce que Oz est petit et que tu crains qu'il ne te lâche mais tu finis de l'autre côté indemne. Tu attends qu'il descende à son tour en raclant le sol avec ta chaussure trop grande. Il y a quelque chose que tu veux dire mais c'est difficile. Quand il atterrit à côté de toi, tu te rues à la place sur lui et tu serres brièvement sa taille avant de t'éloigner tout aussi vivement. Toi aussi tu étais un peu désolée d'avoir posé une question qu'il ne fallait pas.

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oz ∞ sawyer

Année 29, deuxième saison tempérée ✻✻✻ Oz savait bien qu'il avait merdé. Il se sentait comme un con d'adulte face à Sawyer. C'était bien un truc qu'il détestait et cela lui faisait d'autant plus mal d'agir aussi bêtement alors qu'il n'était lui aussi qu'un gamin. Leurs quelques années de différence ne changeaient rien à ce fait. En plus, il ne savait pas trop quoi faire pour améliorer la situation. Parce que ouais, il fallait qu'il fiche un truc. Il ne se voyait pas laisser la pierre couler. Pourtant, ça aurait été facile. Demain, elle ne serait peut-être même plus là si ça se trouvait. Croiser quelqu'un sur les routes était rare, qui plus est un enfant, alors ouais, il ne pouvait pas envisager de se laisser foirer cette relation. Il ne voulait pas non plus sentir cette culpabilité plus longtemps. Faute de pouvoir effacer son attitude, il lui fallait se rattraper.

Oz était descendu des rochers perdu dans ses pensées. C'était pas bien malin quand on jouait les casse-cous, mais l'obstacle n'était pas bien dangereux. Puis, il ne pouvait pas faire grand chose contre son esprit qui zonait. Autant dire qu'il fut carrément surpris quand il se fit tacler par un petit corps. Clignant rapidement des yeux, il zieuta la gamine qui s'était enroulée autour de sa taille sans trop savoir quoi faire. Les câlins, c'était pas vraiment son domaine. Fallait dire que Tyler n'était pas un nounours. Autant dire que Oz ne fut pas une flèche pour réagir. Quand il envisagea enfin de faire un truc, il était déjà trop tard. Sawyer n'était plus dans sa zone vitale. Il se sentit un peu con avec une main suspendue dans les airs. C'était peut-être pas un mal non plus qu'elle lui ait coupé l'herbe sous le pied. Lui tapoter la tête comme on l'aurait fait avec un animal n'était peut-être pas optimal. Bon dieu, ce que c'était compliqué d'interagir avec d'autres êtres humains. Surtout les sensibles. Au moins, elle n'avait pas l'air trop perturbée par l'absence de réaction de Oz. Il se gratta la tête en observant la petite qui semblait trouver le sol diablement intéressant et finit par soupirer. Il fallait passer à autre chose. « Viens, on est plus très loin. »

Oz s'était cantonné au silence pour le reste du voyage, mais il était resté plus attentif à sa protégée. Une main toujours fermée autour de la sienne, il avait marché en tâchant de s'adapter à son rythme jusqu'à ce qu'ils atteignent les bosquets crevés où il ramassait du bois. « Essaye de ramasser toutes les brindilles que tu peux. » Oz ne se faisait pas beaucoup d'illusion à ce sujet, mais bon. Il lâcha finalement sa main, contraint s'il voulait pouvoir être un peu plus efficace, et se mit à entasser des branches dans ses bras. Rester plié était fatiguant pour le dos, mais certaines tâches au camp étaient plus fatigantes encore donc il n'allait pas râler. « Tu t'en sors ? » Qu'il dit sans la regarder, toujours centré sur la recherche de bois sec.

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We were like parallel lines :
always close, never together (1)
Année 29 - saison tempérée 2

Quand il soupire, tu te tends. Est-ce qu'il n'a pas compris ? Le câlin c'était une excuse, une façon de faire la paix. Tu as mis de côté le petit incident. C'est quelque chose que tu fais bien. Tu compartimentes. Tu encaisses. Ce n'est pas grave s'il a crié. Il ne l'a pas fait exprès. Mais s'il part, si tu le lasses, ce sera exprès et ça tu ne le veux pas. A l'instant, il est un peu devenu le centre de ton univers à la place de Fred. « Viens, on est plus très loin. » Du coup tu es soulagée quand il reprends le cours de votre expédition. Tu te détends même lorsque ta main est à nouveau dans la sienne. Tu peux dire que quelque chose a changé. Oz marche moins vite, il se soucie plus de toi. C'est con mais c'est comme si votre échange houleux avait cassé quelque chose pour construire un pont plus solide entre vous. Le lien se fait vite. Vous n'êtes que deux gamins perdus dans un monde hostile, ça facilite les choses. Pourtant tu dois avouer que tu ne te souviens pas de t'être déjà rapprochée si vite de quelqu'un. D'habitude tu es beaucoup plus farouche et tu es comme un animal sauvage à apprivoiser. Sous la main de Oz, tu es à peine un chaton par contre. Quand vous arrivez enfin à destination, tu es soulagée. Tu as mal aux pieds. La marche du jour a été longue sans compter cette aventure avec Oz. En plus tes chaussures sont un petit peu trop petite, ça te fait tout le temps des cloches. « Essaye de ramasser toutes les brindilles que tu peux. » Tu hoches juste la tête avant de te mettre au travail. Tu aimes bien le silence. Ça permet de réfléchir. Le petit tas de bois grossit contre ton torse. Ce n'est pas si lourd mais encombrant. « Tu t'en sors ? » Encore un hochement de tête alors que tu roules des yeux devant une telle couvade. Sauf que cette fois, Oz ne peut pas te voir. « Je suis plus un bébé. » Ça y est, tu l'as dit cette fois. Tu donnes le bâton pour te faire battre mais ta fierté de gosse a pris le dessus. Tu te forces à prendre encore plus de bois si bien que ça créé une masse qui s'étend jusqu'à ton visage. Ce n'est pas pratique mais au moins il ne pourra pas t'accuser de ne pas être utile.

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oz ∞ sawyer

Année 29, deuxième saison tempérée ✻✻✻ L'effort était fatiguant, mais Oz savait qu'il en aurait vite fini. Ce serait son dernier aller-retour. Après, il pourrait enfin poser ses fesses au coin du feu. Il pourrait utiliser son temps comme il le voudrait. C'était con de penser comme ça parce que Oz ne savait jamais quoi foutre de son si précieux temps libre. Il finissait toujours par s'ennuyer, faute d'occupation ou de gens avec qui converser. Seulement, Sawyer était là maintenant. Même si son niveau n'était pas bien élevé, elle serait sûrement un bon divertissement. « T'habitue pas trop vite mon vieux. Elle partira bien assez vite. » Il se le murmurait à lui-même, les mots quittant à peine ses pensées pendant qu'il suait pour ramasser son bois. Quand Oz devait se mettre un truc dans la caboche, il se parlait toujours à lui-même. C'était plus efficace. Un peu comme un conseil, un ordre, donné par quelqu'un d'autre. Ouais, la solitude, ça l'avait peut-être rendu pas très net malgré son jeune âge. Au moins, il ne parlait pas aux cailloux comme Tyler quand il avait souffert de la soif il y a une éternité de ça. Une éternité. C'était ce qu'il utilisait comme terme pour définir une période trop lointaine pour qu'il puisse compter sur ses doigts. L'équivalent de dix fois ses deux mains. Cent jours.

Quand il vérifia que son poussin s'en sortait, c'est encore un coup de bec que Oz se ramassa. « Je suis plus un bébé. » C'était qu'elle démontrait de plus en plus qu'elle avait son petit caractère. « J'sais, tu l'as déjà dit. » Que Oz répliqua avec un sourire narquois. Elle n'était peut-être pas un bébé, mais elle manquait de répartie. « T'es sûre que c'est pas toi que tu essayes de convaincre ? »

Dès qu'il estima que son stock était suffisant, il se retourna vers Sawyer et constata qu'elle avait disparue derrière un tas de branchage. Il se mit à ricaner devant ce spectacle, bien vite puni par la chute d'une partie de son bois. « Merde, regarde ce que tu me fais faire. » Accuser les autres, c'était la méthode de Oz. Il lui fit les gros yeux, pas vraiment sérieux, et s'empressa de récupérer comme il pouvait quelques branches sans tout faire tomber encore une fois au passage. « On y va, je voudrais pas que tu te transformes en arbre. »

Le voyage de retour au campement fut plus compliqué cette fois. Il avait fallu marcher lentement jusqu'aux rochers, puis balancer tout de l'autre côté avant de recommencer l'escalade. Ensuite tout reprendre pour enfin rentrer. Quand ils arrivèrent à proximité du feu, Oz était épuisé. Il se débarrassa de son chargement, aida la petite à en faire de même, puis se laissa tomber sur le sol. Il était en sueur, un phénomène plutôt étrange à ses yeux. Comment pouvait-il transpirer autant alors qu'il avait toujours l'impression de manquer d'eau ? Pas décidé à se casser la tête pour ça, il ôta son t-shirt et l'utilisa pour s'essuyer le corps.

« Tu veux que je t'essuie aussi crevette ? C'est pas agréable d'être tout collant. »

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