Le troisième jour

Louane & Oz
An 40 - ST1 - Zénith

Trouver un abris. Vite. La nuit tombera dans moins de six heures. Un endroit permettant une vue sur les environs. Un endroit offrant un peu d'ombre. Un endroit sûr pour les prochaines nuits sans garde.

Trouver de la nourriture. N’importe quoi de comestibles. Des racines qu’il faudra déterrer. Des feuilles séchées à cueillir. Des baies, peut-être, mais pas celles-ci, elles sont vénéneuses. Des rongeurs dont il faudra tordre le cou.

Faire un feu. La nuit arrive incessamment. Des flammes, oui, mais pas trop hautes. On peut être repérée de loin, il faut éviter les mauvaises rencontres. Des braises, aussi, pour cuir le rongeur. Petit rongeur. Un mulot pour son royaume.

Elle pensait faire de la fièvre, mais elle n’en était pas certaine. Peut-être n'était-ce que son exposition prolongée au soleil qui la faisait frissonner ainsi? Un coup de chaleur, avec cette absence d’eau qui perdurait depuis quelques jours. Elle avait lu qu’un homme pouvait survivre trois jours sans boire la moindre goutte d’eau. Il lui restait donc moins de vingt quatre heures pour trouver une source d’eau potable, sans quoi son épreuve allait ternir la réputation de sa famille pour quelques générations. Après avoir réussi les autres tests, il serait cruel de rater celui-ci, si près du but. Elle devait survivre. Plus qu'une évidence, plus qu'un instinct. Elle devait le faire pour intégrer le cercle des membres de son clan. Elle devait prouver sa capacité à survivre seule, à ne devoir compter sur personne. Déjà deux jours qu'elle errait seule dans les landes désertiques, en périphérie de la ville. La faim, la soif, la fatigue, mais elle n’abandonnait pas

À l’aube, Ricine l’avait retrouvée par un hasard miraculeux. Louane savait les chiens doués pour la traque, mais jamais elle ne se serait cru d’une importance suffisante pour que ce chien quitte son confort pour elle. Émue, elle avait accueillie son amie avec de grands yeux humides. La truffe de l’animal s'était écrasée sur sa joue sans qu’elle ne cherche à la retirer. Pour une rare fois, Ricine était parfaitement la bienvenue, jusque sa langue sur son visage. Ensemble, elles avaient déniché quelques petits rongeurs pour subsister. Rien de grandiose, mais ca avait calmé tout à fait son estomac, comme si chaque bouchée prise lui redonnait un peu de force et d’aplomb.

Au zénith, pourtant, elle se sentait faible et étourdie, comme si elle était à côté de son corps. C'était la déshydratation. Elle le savait, pour l’avoir étudié, entre autre chose, au laboratoire. L’adolescente se promit qu’aujourd’hui, quoi qu’il advienne, elle aurait de l’eau potable sous la main. Pari risqué, mais si le but était de survivre sept jours, aussi bien se préparer pour les autres journées à venir. Elle en était à ces réflexions, étendue dans l’ombre de son rocher, lorsqu’elle l’aperçut, au loin. Louane doutait un instant de la nature de ce qu’elle voyait. Était-il possible qu’elle hallucine une rencontre pour divertir son esprit encore à vif des précédentes épreuves?

- Es-tu une apparition spectrale, une hallucination?... Ou bien es-tu réel?

Elle papillonna ses longs cils tout en observant le chasseur dressé devant elle. Ricine, pour sa part, ne semblait pas le prendre pour une menace. Si la maîtresse s’était redressée, chancelante et poussiéreuse, pour aller à la rencontre de l’homme, le chien, lui, demeurait lové dans la flaque d’ombre, les oreilles dressées de curiosité, tout au plus.