It's normal to worry

oz ∞ aigles

Année 41, première saison tempérée (huit jours après la rébellion) ✻✻✻ Journée de merde. Oz, il avait jamais trop aimé qu'on lui dicte sa conduite. On lui avait mis de force un collier quand il avait quatorze ans, mais ça voulait pas dire qu'il était devenu un chien docile pour autant. Il faisait ce qu'il fallait pour survivre et se comportait plus ou moins bien à l'intérieur du clan - de son point de vue en tout cas, de celui des autres c'était parfois une autre histoire -, mais qu'on bride sa liberté, ça le tuait. C'était le deuxième jours d'affilés qu'on ne le laissait pas sortir et ça rongeait doucement, mais sûrement sa patience.

Faute de pouvoir aller chasser dehors, Oz avait tenté de débusquer quelques bestioles à descendre. Autant dire que ça n'avait pas été fructueux. Il pleurait mentalement rien que de penser à l'état de ses proies coincées dans les pièges qu'il avait posés avant la traque. A tous les coups, elles seraient toutes moisies. Du boulot gâché pour rien, quelle misère. Sa carabine à l'épaule, il était en route vers le quartier général. Il fallait bien rendre l'arme malheureusement. Comme toujours, Jax flânait dans les alentours sans trop se soucier de son maître. Lui aussi il était plutôt libre à sa façon. Quoi qu'il était quand même plus obéissant que Oz. C'était une question de dressage, ça pouvait pas réussir à tous les coups. Le dressage, c'était aussi pas forcément idéal quand on avait quatorze ans et qu'on était un ado en pleine rébellion, pas étonnant que les Aigles aient foiré leur coup. Oz s'approchait donc quand il repéra un rassemblement à proximité du bâtiment. Ils n'étaient pas assez pour que ce soit une annonce. Cela le soulagea parce qu'il n'avait vraiment pas envie d'entendre les gradés déblatérer encore pendant trois plombes. Lui, faute de pouvoir sortir, il voulait de la bouffe et son lit.

Sauf qu'il était quand même curieux le Oz. Alors, il alla voir ce qu'il se tramait. Avec sa délicatesse habituelle, il s'invita parmi le groupe. « Y s'passe quoi ? Kim est mort ? » Les têtes étaient quand même drôlement sévères et inquiètes, l'hypothèse était plausible. Il aurait sûrement mieux valu qu'il s'exprime autrement, mais il était trop tard. Et puis, on était pas prêt de changer Oz.

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CODES © LITTLE WOLF.

Pour lui, cette journée n’a pas été très différente des autres. Nathanaël s’était levé le matin et il avait fait ce qu’il faisait habituellement. Il avait vérifié dans les autres pièces, voir si ses sœurs dormaient toujours. Et comme il s’y attendait, il y en avait au moins une qui était partie. Il y avait longtemps que cette constatation ne le surprenait plus. Il avait essayé de l’arrêter, de lui faire entendre raison. Seulement, il commençait à douter de sa réussite. Sa plus jeune sœur semblait être trop butée pour prendre les remarques des autres en considération, même lorsque ces derniers ne sont ni plus ni moins que les autres personnes de sa famille. C’était blessant. Et rageant. Et l’idée d’abandonner commençait doucement à se frayer un chemin dans son esprit. Après tout, ses sœurs seraient même peut-être mieux sans sa présence. Peut-être qu’il les bridait réellement, au final et qu’il avait tort d’agir de cette façon. Il songeait donc sérieusement à arrêter les frais. Mais en attendant, l’Aigle se contentait de faire son boulot, pour aider son clan comme il le pouvait. Ce qui, en ce moment, n’avait rien d’une grande partie de plaisir. Enfin, ça l’était encore moins que d’habitude. Eli était en trop mauvais état pour gérer correctement le clan, le Tireur d’Elite était introuvable et le chef des Espions était bien trop occupé à tenter de leur faire garder la tête hors de l’eau. Nathan’ essayait d’apporter sa pierre à l’édifice. Mais à son échelle. Et c’était difficile, malgré tout. Alors à la fin de la journée, en début de soirée, il s’arrêta de travailler en ne voulant qu’une chose : se reposer. Se reposer et pouvoir penser à autre chose qu’à tous ces problèmes. Et tant pis si ses deux sœurs étaient aux abonnées absentes. Il avait besoin d’être au calme. Pour penser à autre chose. Pourquoi pas à Elle, tiens.

Peine perdue. Ce n’était pourtant pas ce soir qu’il aurait le droit à une soirée paisible et tranquille. Il le comprit bien rapidement lorsqu’il vit un petit rassemblement, au coin d’un bâtiment. A croire qu’il n’était pas le seul à se faire du souci pour l’avenir du clan. D’autres, comme lui, semblaient être tout aussi préoccupées. Et quelque part, ça le rassurait. Parce que ça lui prouve que ce n’est pas nécessairement lui qui s’imagine des choses qui ne sont pourtant pas. Curieux, il s’approche du petit groupe au moment où un autre Membre demande si Kim est mort. Radicale comme question mais au moins, ça permet de ne pas tourner autour du pot quant au sujet auquel tout le monde pense. Nathan’ préfère laisser les autres lui apporter une réponse. Surtout qu’il n’en sait pas davantage, en fait. A son tour, il pose une question après avoir trouvé une petite place parmi le groupe. Comme les autres, son ton inquiet ne trompe personne. « L’avenir du clan est incertain, n’est-ce pas ? » Au fond, il avait déjà une vague idée de la réponse mais il voulait également l’entendre de la part des autres. Quitte à à ce que cela confirme ce qu’il redoute.

Il y avait déjà quelques jours qu’une angoisse sans origine me tenaillait le ventre, le coeur, l’âme. En fait, depuis la rébellion, je bataillais jour et nuit pour préserver mon calme. Il y avait eu ce rêve étrange, avec cet homme, au centre-neutre. Il y avait eu Leith et Leonel. Il y avait eu cette visite étrange chez Alex. Ce n’était pas les attaques, qui m’angoissaient, c’était autre chose. J’avais eu quelques jours de répit me donnant l’impression que ce poid étrange, au milieu de mon corps, se dissipait peu à peu. Mais c’était un leurre. Ce matin, plus que jamais, je ressentais cette nervosité, ce mal-être. Je me sentais comme une biche  épiée et traquée, aux aguets, assurée que quelque chose d’horrible allait se produire incessamment.. Une intuition. Ou quelque chose comme ça. Peut-être était-ce les anciens qui désiraient me mettre en garde?

Me concentrer sur les enfants fut pénible, aujourd’hui plus que jamais. J’avais pris congé d’eux et de mes tâches sitôt le soleil en déclin pour traverser encore et encore le quartier de l’Est. Je ne me sentais pas l’âme assez aventureuse pour sortir seule du territoire, et je ne me sentais pas assez sereine dans mon corps et dans ma tête pour être accompagnée. Étrangement, ce dont j’avais envie, seul Micah pouvait me l’offrir. Je ressentais pour une rare fois le besoin de me défouler, de me vider, de m’épuiser en un entraînement. L’ancien Aigle me montrait quelques prises, de temps à autre, et s’efforçait de me maintenir en forme, malgré mon inactivité reliée à mon rang. Ce soir, pourtant, j’aurais accepté sans hésitation une course folle. J’aurais accepté toutes ces prises qui obligeaient ses mains à courir mes bras, mon dos, mes hanches. J’aurais entremêlé mon souffle et le sien lors de quelques prises. Mais Micah était absent de ma vie. Le fossé qui se profilait entre lui et moi se creusait un peu plus, au rythme des événements étranges que nous vivions. Toute prise dans mes pensées et mes doutes, dans mes angoisses, je marchais donc seule dans le territoire de l’Est.

Puis il y a eu la voix d’Oz. J’allais revenir sur mes pas afin de m’assurer de ne pas le croiser lorsque la voix d’Enzo s’est élevée, elle aussi. Ils parlaient de Kim, avec quelques autres membres ou soumis que je ne connaissais pas. Ils disaient qu’ils n’étaient pas mort. On se demandait où était Jeremy. On disait combien le clan, mon clan, allait mal.

Je me suis avancée lentement vers eux, à pas de chats, drapant un peu plus étroitement sur moi ma veste ample. La mine songeuse, je me suis permise de prendre parole auprès de tous ces hommes. La tête haute, comme toujours, d’une voix assurée :

- Ce n’est pas de Jeremy dont le clan a besoin. C’est d’un conseil, en patientant que l’état de Kim s’améliore. Les gens murmurent, sur le territoire. Ils sont rares à avoir confiance en Eli ou Oli. C’est trop pour un seul homme.

Il nous faudrait bien plus qu’un suppléant pour redresser le clan. Il nous fallait un petit conseil, une poignée d’hommes dévoués et gradés, pour tenir les rênes des Aigles et s’assurer que personne ne tangue trop dangereusement. Instinctivement, je cherchais Enzo des yeux, évitant soigneusement d’accorder une miette d’attention à Oz-le-libre.

It's normal to worry

oz ∞ aigles

Année 41, première saison tempérée (huit jours après la rébellion) ✻✻✻
« Kim n’est pas mort. Il n’est toujours pas réveillé non plus. » Enzo, encore. Oz se contenta de hausser les épaules à sa réponse. Il n'était pas forcément mécontent que le Chef soit encore en vie. S'il mourrait, ça ferait encore un bordel monstre et, avec sa chance, on l'empêcherait de sortir comme il le souhaitait sous des prétextes débiles. Mais il n'aurait pas non plus été chagriné si l'homme n'était plus de ce monde. Il ne le connaissait pas. C'était juste le gars soit disant au sommet de la chaine alimentaire. Pourquoi aurait-il dû verser une larme pour un inconnu qui prenait des décisions pour lui et entretenait les décisions de ses stupides ancêtres ? Non, aucune raison en vue.

Oz était sur le point de partir sans demander son reste puisqu'il ne se sentait absolument pas concerné, mais, bizarrement, on avait des questions pour lui. « Dis-moi, toi qui chasses, tu n’aurais pas croisé Jéremy à tout hasard ? » Jéremy ? C'était qui Jéremy ? Oz se gratta la tête, clairement en réflexion pendant que Enzo causait encore. « Ce n’est pas une question de l’Espion mais du simple gars que je suis. » Mouais. Ça n'allait pas lui changer sa vie à Oz même s'il appréciait de ne pas se faire cuisiner par un grand ponte du clan. L'identité de Jéremy lui revient finalement, mais ça n'aidait pas plus. « Ce gars, j'le connais à peine. Même si je l'avais croisé, je pense pas qu'il aurait attiré mon attention. Pourquoi ? Il a réussi à se tirer pendant la crise ? » Quel veinard, pensa-t-il. Si ce Jéremy était capable de disparaître de cette façon, sûrement que Oz aurait pu lui prêter une plus grande attention.

« L’avenir du clan est incertain, n’est-ce pas ? » Et voilà qu'un autre flippé venait s'ajouter à la bande. Encore une tête inconnue en plus. Mais ils étaient combien dans ce clan ? « Assez… On est vulnérables pour le moment, franchement vulnérables. Je ne veux faire peur à personne mais le clan n’a jamais été aussi mal en point. » Et là, Oz était à deux doigts de dire un truc qui lui vaudrait sûrement un blâme, mais c'était tentant. Sérieusement, comment ne pouvaient-ils pas voir que ce clan était pourri depuis le début avec ses visions archaïques et ce délire de forcer les gens à venir ? Heureusement, quelqu'un lui sauva la mise en arrivant. Malheureusement, ce quelqu'un était Ayana. Aka la meuf pro-Aigle bien endoctrinée par excellence. « Ce n’est pas de Jeremy dont le clan a besoin. C’est d’un conseil, en patientant que l’état de Kim s’améliore. Les gens murmurent, sur le territoire. Ils sont rares à avoir confiance en Eli ou Oli. C’est trop pour un seul homme. » A ça, le Oz ricana sèchement. Elle croyait vraiment aux contes de fée celle-là. Et pourtant, l'idée n'était pas si mauvaise, mais complètement irréalisable ici. « Un conseil ? Si ce putain de clan acceptait de ne pas être commandé par un seul et unique mâle alpha, ça se saurait, ma grande. »

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