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 I never thought this would consume me whole

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Violette

Violette
DRAGONS DU NORDSPÉCIALISTE


Messages : 1843
Crédits : young wolf (ava) ; grumpy sid (sign)
UN SOURIRE POUR LA PHOTO ? : I never thought this would consume me whole 1470101110-tumblr-inline-nyr3wac8ac1rx60ww-500
ÂGE DU PERSONNAGE : 18 ans
TÂCHE : Spécialiste

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MessageSujet: I never thought this would consume me whole   I never thought this would consume me whole EmptyMar 5 Avr 2016 - 19:09

I never thought this would consume me whole
année 41 - jour 10

Le soleil est chaud sur ta peau. Tes yeux sont clos, ta respiration calme et ton cœur presque absent dans ta poitrine. Tu sens ses pulsations comme si elles étaient amorties par de la mousse et tu ne l'entends plus qui cavalcade dans tes oreilles. C'est reposant. Étendue sur le sol, tu te sens hors du temps avec ton cerveau qui refuse de traiter les informations qui lui sont envoyées de façon logique. Tout n'est que sensations, les réflexions ont été réduites au silence et vraiment ça te fait du bien. Une vague de froid te force à reconsidérer ce bien-être alors qu'une ombre se drape sur ton corps. Tu ignores le regard fixé sur toi en espérant que si tu joues suffisamment bien la morte, on te fichera la paix. Tu ne veux pas sortir de cet état tranquille et sans douleur mais on t'a volé ton soleil. En plus, ce "on" inconnu est aussi impatient. Une chaussure racle le sol de façon ennuyée, une gorge se dégage, il y a une inspiration et... « Qu'est-ce que tu fais ? » Tu pousses un soupir. Pourquoi est-ce que tout est toujours trop beau pour être vrai ? La voix est féminine et étonnement jeune. Une enfant sans aucun doute. Tu ne sais même pas pourquoi ça te surprends. Probablement parce que depuis que tu es devenue Membre et que tu as acquis ta réputation les enfants ne t'approchent plus. L'idée ne vient pas d'eux, c'est bien sûr leurs parents qui jugent que tu ne serais pas un bon exemple. Parce que même s'ils veulent que leurs marmailles atteignent des sommets, ils ne veulent pas qu'ils le fassent comme ça. Mais qu'est-ce qu'ils croient ? Toi non plus, tu aurais préféré ne pas le faire comme ça et tu ne le conseilleras jamais à qui que ce soit. Tu n'as pas honte de ton parcours mais si tu avais eu le choix... On a toujours le choix. « La ferme ! » Tes yeux claquent ouverts car les mots ne sont pas destinés à l'enfant mais à tes pensées qui ont recommencé à bouillonner dans ton esprit. Tu grommelles une excuse à peine compréhensible à la gamine dont tu ne parviens pas à voir les traits à cause de la lumière trop forte qui se découpe autour d'elle. Elle n'est pas partie, c'est donc probablement qu'elle n'a pas pris peur ou qu'elle ne s'est pas vexée. Tu ne sais pas pourquoi le fait qu'elle soit restée est si important. Enfin si. C'est important car tu ne peux plus supporter l'idée de voir une personne partir même si tu ne sais rien de cette dite personne. Elle se déplace et tu es obligée de fermer à nouveau les yeux car les rayons directs du soleil brûlent. Tu l'entends souffler dans l'ennui, puis se laisser tomber par terre à côté de toi. Après quelques essais pour laisser tes rétines s'habituer au jour, tu penches un peu la tête pour la voir et tu remarques qu'elle a mimé ta position : étendue sur le dos dans la poussière, les bras écartés comme pour capter un maximum de lumière. Cette scène t'en rappelle une autre qui date d'il y a longtemps. Plusieurs mêmes. Au cours des saisons à t'entraîner, tu t'étais retrouvée un nombre incalculable de fois dans cette position, trop battue pour bouger. Dans ces moments là, tu pouvais juste regarder le ciel. Tu avais rêvé en fixant les nuages et le passage d'oiseaux aux cris moquant tes douleurs. C'était une époque plus facile. Tu ne te souviens même plus de la dernière fois où tu as fait ça. Probablement lors de ta dernière dérouillée qui semble aujourd'hui si lointaine. « Regarde on dirait un mouton. » La fillette glousse et désigne un nuage un peu plus fournit que les autres. Machinalement, tu reportes tes yeux vers le ciel et tu le vois, son mouton. Seulement tu es plus intéressée par le bras qui s'agite dans ton champ de vision. Il est petit et fin mais sa peau est rayée d'égratignures et il y a une ecchymose caractéristique sur son poing. Cette fille doit être une bagarreuse. Ça t'arrache malgré toi un sourire. Elle doit le sentir parce qu'elle se redresse et tu croises un instant un regard qui te fait penser à du caramel dans la lumière. « Il faut que je rentre à la maison. Maman n'aime pas quand je reste trop longtemps dehors. » C'est stupide mais là tu te met à paniquer. C'était agréable d'avoir quelqu'un à côté de toi. Tu n'as vraiment pas envie d'être seule, pas tout de suite. « Mais tu peux me ramener. » Elle se trémousse un peu et son sourire se fane. Il y a une petite torsion au niveau de ses lèvres et une drôle d'impression rampe dans ton estomac. Elle a peur. Tu voudrais protester parce que tu n'as pas signé pour être baby-sitter mais à la place tu te lèves lentement. Il manque le poids de ton couteau à ta hanche et tes douleurs semblent trop douces en comparaison de celles qui sont gravées dans ton esprit mais tu ne vas pas te plaindre. Quand tu es debout, la gamine loge sa main dans la tienne et il y a un apparent soulagement sur ses traits. Peut-être que tu as pris la bonne décision.

Vous marchez pendant ce qui semble être des heures. La gêne dans tes jambes revient progressivement et le frottement de tes cuisses te fait parfois grimacer. Tu ne te plains pas, néanmoins. Le territoire est grand après tout et peut-être que cette fillette qui souffle parfois quelques mots à tes côtés n'a pas vraiment envie de rentrer à la maison. Tu comprends le sentiment. Toi non plus, tu ne t'es jamais sentie particulièrement à l'aise à la maison. Tu es perdue dans cette pensée quand l'enfant gèle à tes côtés. Elle se planque derrière toi, tirant sur ton bras et tu mords une plainte de douleur. Il y a un danger ici et il n'y a pas que son attitude pour te le faire comprendre. Tu le sens dans tes os. Quelque chose de malsain rôde. Si ton instinct n'avait pas toute ta confiance, tu trouverais presque étrange de fixer ton attention sur l'homme qui se rapproche. Il n'est pas trop souriant, pas effrayant non plus mais il y a ce petit quelque chose chez lui qui te hérisse le poil. « Pas maintenant. S'il te plaît. » C'est quand la peur de la fillette vient te frapper les oreilles que tu rend compte que toi aussi, tu as peur. Tu es paralysée sans réellement savoir pourquoi. Ton souffle se bloque dans ta gorge et l'impression de suffocation ne fait que grandir au fur et à mesure qu'il avance. Quand il passe à côté de vous, tu penses bien que tu vas mourir sous le manque d'oxygène mais rien ne se produit. Il continue juste sa route comme un fantôme d'un autre temps. Mais avant que tu ne tentes à nouveau de respirer, une lame se loge entre tes côtes. « C'est notre petit secret. » Et tu t'écroules avec l'impression de te noyer dans l'angoisse.

« Ça va. Il est parti. Il ne fait jamais rien quand un adulte est là. Tu peux respirer. » « Ça fait mal. » Mais tu ne sais pas exactement ce qui fait mal. La douleur est partout. Elle t'a frappé comme un éclair. Alors que tes sens reviennent, tu te découvres recroquevillée contre un mur au milieu d'une ruelle étroite. Tes bras entourent tes jambes et tu effaces tes larmes sur le tissu rugueux qui couvre tes genoux. « Ça va passer. Tout va bien. Il faut se rappeler pourquoi on fait ça. » « On ? » Ta question reste sans réponse. « Un jour, on sera si fortes que personne ne pourra nous blesser. » « On peut toujours être blessé. » « Seulement si on se laisse faire. Seulement si on laisse les autres avec ce pouvoir entre les mains. » Cette conversation vient faire écho avec une autre discussion. Je serais stupide de la refaire en te donnant le pouvoir de me détruire. Tu frissonnes. Tu n'as vraiment pas envie de penser à ça. Tu te sens déjà assez mal comme ça. « Tu ne peux pas faire ça sauf si tu te tues le cœur. » La fillette ne se trouve plus agenouillée à côté de toi, elle a réussi tu ne sais pas trop comment à se faire une place entre tes genoux et elle te fixe, la tête renversée contre ta poitrine. Elle semble choquée par ta déclaration et tu vois à son froncement de sourcils qu'elle est en désaccord. « Mais on peut pas faire ça. C'est avec le cœur qu'on rêve et moi je ne veux pas arrêter de rêver. » « Alors tu vas mourir. Un cœur, c'est idiot, ça pousse à faire des erreurs et il te faut toujours quelqu'un pour t'aider à le porter. » Elle se redresse et tu sens ses mains sur tes joues qui te forcent à la regarder bien dans les yeux. Ces yeux plus noisette que caramel, avec des paillettes dorées qui les rendent si brillants. « Quand on grandit, on devient vraiment bête. Si tu deviens assez forte, tu peux le porter toute seule. Mais tu peux aussi choisir de le mettre dans les mains de la bonne personne pour que ce soit plus facile. » Tu clignes plusieurs fois des paupières pour effacer les larmes qui tentent de déborder. C'est ridicule. Une gamine ne peut pas te donner aussi facilement une leçon sur la vie. Maladroitement, tu te met debout et tu sors de cette ruelle. Une main se glisse à nouveau dans la tienne et tu souris malgré toi. Tu commences à te dire que tu pourrais t'habituer.

Vous vous remettez en route mais très vite, vous vous perdez dans la foule. Il se passe quelque chose sur le territoire. Avec le même empressement, vous vous frayez un chemin jusqu'au premier rang et ce que tu vois est comme un coup de poing dans l'estomac. Des Membres dont tu ne connais curieusement pas le visage reviennent de mission. Ils semblent fiers, victorieux, tels ces dieux de la guerre que tu as toujours admirés. Seulement, il y a une ombre au tableau. Tu devrais être là. Bon sang, tu devrais même les précéder, plus fière encore qu'eux. L'échec est une boule de piquants particulièrement difficile à avaler. Pourquoi est-ce que tu n'es pas avec eux ? Pourquoi est-ce que tes efforts ne sont pas encore suffisants pour que tu sois comme eux ? La fillette se tortille furieusement au bout de ton bras pour voir mieux ce qu'il se passe. Quand tu baisses les yeux sur elle, tu la découvres surexcitée et ses yeux brillent si forts que tu as l'impression que les tiens se dessèchent en réponse. « Plus tard je serais comme eux ! » Elle semble sûre d'elle. Même si ce n'est qu'un moustique que tu pourrais facilement écraser, tu n'aimerais pas faire face à sa détermination parce qu'elle est sans limite. Ce ne sont pas des paroles en l'air ou une décision prise dans le feu de l'action, c'est un rêve. Une volonté qui surpasse tout. C'est son objectif. « Pourquoi ? » Tu demandes presque à bout de souffle. « Parce qu'ils sont comme le soleil. Tout le monde les regarde, tout le monde se sent en sécurité quand ils sont là et personne ne peut leur faire du mal. » Tu redresses la tête vers les Membres et aussitôt le poids rassurant de cette main dans la tienne disparait. Quand tu la regardes tu hoquettes sous la surprise parce qu'il n'y a plus que du sang dans le creux de ta paume et il est froid. La révélation s'impose dans ton esprit. « Je t'ai tuée pour rien. »

Tu ouvres les yeux.
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