I wanna start a fight (libre)
Jour 10

Il y avait un moment où trop, c'était trop. Taiga comme tout le monde avait ses limites. Et aujourd'hui, elle les atteignait. Cette journée n'était pas forcément si différente des autres. Elle n'était pas non plus particulièrement difficile. C'était une journée chez les jaguars. Les jaguars qui étaient si nombreux, si bruyants et si étranges. Taiga peinait encore à s'habituer à tout ça. Le bruit constant. Dans la forêt aussi, il y avait toujours du bruit, mais c'était différent. Ici, il y avait trop de voix. Il était presque impossible pour elle de retrouver le calme de la nature. Où qu'elle aille, il y avait toujours quelqu'un à voir ou à entendre. Il y avait aussi toujours quelque chose à faire. Taiga était passée de mains en mains, chaque personne lui donnant des consignes différentes pour faire un travail sans intérêt. Ce qu'on lui apprenait ne valait rien à ses yeux et il lui semblait loin le temps où quelqu'un avait répondu réellement à ses questions en lui fournissant détails et démonstrations. Toute cette situation rendait Taiga nerveuse et, chose nouvelle, aigrie.

Aujourd'hui, elle fuyait clairement le travail en traînant dans les rues à la recherche de tranquillité. Elle voulait juste se trouver un petit coin avec vue sur le ciel où elle pourrait faire la sieste. Pour une journée, elle voulait retrouver ses habitudes. Seulement même une journée était trop demandée.

Alors que Taiga progressait dans la rue, elle sentit quelque chose glisser de la maigre ceinture enroulée autour de sa taille. Immédiatement, elle pensa à sa fidèle cuillère, volée lors de son premier repas, et lorsqu'elle se retourna, elle fit face à un spectacle horrible. Un homme tordait la fameuse cuillère entre ses doigts.

— A moi. Voleur !

C'était l'hôpital qui se foutait de la charité dans ce cas-ci, mais Taiga n'avait qu'une règle : ce qui est à moi est à moi, ce qui peut se voler est à moi aussi. Furieuse, elle se rua vers le type, peu soucieuse du fait qu'il faisait deux fois sa taille. Elle essaya de saisir son bien, mais il souleva l'objet hors de sa portée. Après avoir essayé de sauter pour l'attraper, elle changea de tactique et se mit à le pousser.

— Doucement la sauvage.

Mais Taiga n'en avait rien à faire. Elle se contenta de lui sauter dessus et le frappa comme elle le pouvait. Donc pas très efficacement vu que l'homme arrivait à la tenir à distance de sa main libre et riait plutôt que de souffrir. Et puis, il y eut le geste malheureux. Taiga, agrippée comme elle le pouvait aux vêtements du colosse, balança un coup de pied qui arriva pile dans son entrejambe. Sous la douleur, il la jeta au sol et lança la cuillère au loin sous le regard choqué de Taiga. C'était la fin de la patience. Un grognement presque guttural s'arracha de sa gorge et elle se jeta sur l'homme toujours courbé par le mal dans ses parties génitales.