It's good to be slanderous, isn't it ?

Année 33 - seconde saison tempérée

Depuis le temps, je m’étais fait une raison. Je vivais avec ma mère qui n’était plus que l’ombre d’elle-même depuis déjà plusieurs années maintenant. De ce fait, il n’était pas rare que je doive prendre soin d’elle sans pour autant m’oublier. Cela n’avait rien d’évident pour une adolescente mais c’était comme ça. Je n’avais pas franchement d’autres solutions. Alors, mon corps avait dû trouver une ruse, un petit quelque chose pour que je ne lâche pas complètement. Ce genre d’astuces parfois totalement inespérées et enfouies en nous, des astuces insoupçonnées mais qui nous sauvent bien souvent la mise. J’étais devenue une fille calculatrice, médisante et sarcastique. Oh non, je ne l’étais pas avant. Avant, j’étais parfois capricieuse comme tous les enfants mais absolument pas fataliste ni rien de tout ça. Je ne m’en souciais pas vraiment. Après tout, ce genre de choses, ça vient toujours naturellement, on ne s’en rend pas compte et on devient très vite un spectateur vis-à-vis de notre propre vie. Ma mère ne le remarquait sûrement pas parce que c’était bien plus simple pour elle de se voiler la face. J’étais odieuse. Elle ne méritait pas ça en plus de tout le reste. Mais moi non plus, au fond.

C’était mon jour de repos. Alors, j’errais sur le territoire. Je cherchais une bonne âme à titiller, quelqu’un à embêter. Une occupation, en somme. Ce ne serait rien de bien méchant, dans le fond. J’étais encore jeune, je n’avais pas énormément de charme, rien de tout ça. Je jouais un petit avec les personnes autour de moi, c’est certain, mais ça n’allait jamais très loin. Mon but était simplement de les faire déchanter, comme moi j’avais rapidement déchanté. Quand je ne trouvais rien à faire, je médisais simplement dans mon coin. Jusqu’à présent, je ne m’étais encore jamais fait prendre. Certes, le territoire est grand mais j’avais toujours cru qu’il y aurait des oreilles partout, à l’affût. Nous ne vivons pas dans un monde où l’altruisme et la charité règnent en maîtres. Non. Peut-être, dès lors, que c’était monnaie courante et que plus personne n’en avait cure. Allez savoir. Assise à même le sol, je donnais quelques coups dans des cailloux qui avaient le malheur de traîner dans mon périmètre. « C’est complètement débile. Préserver la femme, c’est tout ce qu’ils sont capables de répéter comme excuse à ce machisme répugnant. » Je râlais pour moi-même mais à voix haute. Ce ne serait pas aussi drôle si je gardais tout ça pour moi, n’est-ce pas ? De toute façon, les gens passaient et repassaient à côté de moi sans même m’écouter. J’aurais pu crier, ça n’aurait absolument rien changé. Nous ne vivions pas dans le clan le plus chaleureux. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’ils sont insensibles mais c’est tout de même un clan plutôt individualiste. Oh, les familles et les quelques groupes d’amis existent mais ça s’arrête là.

De nouveau, j’avais shooté dans un caillou. Ça me calmait, temporairement. « Certaines filles n’ont peut-être tout simplement pas envie d’être enceintes ou d’avoir un gosse, bande d’abrutis ! » Ce n’était pas tellement ça que je ressentais mais c’était une excuse en or. De toute manière, si j’avais envie de râler, je trouverais de quoi le faire. C’était comme ça depuis un moment maintenant. Ça l’était déjà avant mais à moindre mesure.

It's good to be slanderous,
isn't it ?

oz ∞ swann

Année 33, seconde saison tempérée ✻✻✻ Il avait fini par se faire choper. C'était pourtant pas faute d'avoir essayé de se faire discret dans la ville, mais l'impensable était arrivé. Oz avait été ramassé par Big Brother et on l'avait forcé à appartenir à un troupeau. Les Aigles. C'était leur truc de porter des noms d'animaux ici. Il ne comprenait pas bien le délire. Tout comme il n'avait pas compris pourquoi ce mec qui lui avait gravé une lettre dans la peau avait été félicité. Ce connard lui avait lacéré le poignet et on lui avait dit que c'était bien. Dans quelle société de tordus est-ce qu'on vivait ? Même Tyler avait été moins barbare. Il s'était bien pris quelques baffes, parfois un coup de pied, mais c'était tout. Les coups de couteau, il les réservait aux victimes de ses larcins. Avec tout ça, Oz regrettait presque que Ty soit mort. Il lui manquait un peu. La vie de Libre aussi lui manquait. Être coincé ici, ça lui filait des angoisses. Chaque matin quand il se réveillait, Oz avait à se rassurer comme il le pouvait parce qu'il paniquait de se découvrir dans un lieu qu'il ne connaissait pas. Pourtant, ce genre de trucs lui était arrivé souvent. S'habituer à la civilisation, c'était une autre paire de manches. Il n'aimait pas sa maison, n'aimait pas ses voisins, n'aimait pas les gens en général. Ce n'était pas qu'ils étaient méchants. Il y en avait même des gentils qui avaient eu pitié, mais il les avait envoyé chier. Il pouvait se débrouiller tout seul. Il le devait où il n'arriverait pas à survivre ici.

« C’est complètement débile. Préserver la femme, c’est tout ce qu’ils sont capables de répéter comme excuse à ce machisme répugnant. » Ce jour-là, il s'était encore réveillé tard. La nuit avait été impossible. Alors entendre une gamine se plaindre, vraiment c'était pas la joie. Dans son lit, il grommela en se passant une main sur le visage. Fallait qu'il fasse quelque chose où elle allait continuer à faire son cirque devant chez lui. Maladroitement, il se leva, se prit les pieds dans sa couverture, se rattrapa de justesse au mur et arriva enfin à la fenêtre ouverte. « Bordel, mais tu peux pas- »  Le reste se coinça dans sa gorge. Elle parlait trop. « Certaines filles n’ont peut-être tout simplement pas envie d’être enceintes ou d’avoir un gosse, bande d’abrutis ! »  Et après, il n'eut tout simplement pas le cœur de terminer. Oz avait été saisi par le discours de cette fille. Il en savait peu sur le clan, il ne l'aimait déjà pas, mais là il tombait encore de haut. Très, très haut. « Parce qu'en plus, ils ont des pondeuses ? Merde, mais je suis tombé chez des malades. Je veux pas devenir reproducteur moi. » Il s'appuya à sa fenêtre pour jauger la fille. Encore une petite jeunette. Décidément, Oz ne croisait que des miniatures.

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CODES © LITTLE WOLF.

Apparemment, j’avais dérangé quelqu’un. Un garçon qui devait avoir mon âge arriva pour m’interrompre. C’était peut-être mieux comme ça, en fait. S’il venait vers moi, j’aurais déjà l’air moins dingue. Au moins, j’allais pouvoir râler avec quelqu’un ou en tout cas râler en sa présence. Il n’avait pas franchement l’air d’être ravi et je pouvais le comprendre. Je suis certaine que j’aurais été mordante, moi aussi, si on avait parlé devant ce qu’il me reste de « maison ». Le plus surprenant dans l’histoire, c’est qu’il ne me coupa pas totalement. Bon, au moins, c’était déjà ça, je dirais bien. Par contre, son inquiétude me fit sourire. « Tu croyais quoi ? Il n’y a pas plus machos et hypocrites que les Aigles. » Je haussai les épaules. Je ne voulais pas le rassurer, non. Je ne le connaissais pas encore assez pour me permettre une éventuelle erreur de ce genre. « Mais si tu deviens Membre, tu auras d’autres priorités, si tu veux mon avis. Enfermer les pondeuses pour qu’elles s’occupent des bébés. Même s’ils préfèrent parler de « protection des femmes ». Quelle stupidité ! » Je parlais sûrement trop pour lui, vu qu’il donnait l’impression de s’être tout juste réveillé. Qu’à cela ne tienne, s’il voulait que je m’en aille, il n’avait qu’à le dire. Pour le moment, je prenais la température.

Pas que j’avais quoi que ce soit contre lui, mais c’était un homme. Bien qu’un homme presque normal. Normal ? Plutôt du genre à penser du mal du clan, comme moi. Et vu qu’il semblait sincère, ce ne serait peut-être pas si mal d’en faire au moins un allié ? Pour ça, j’allais continuer sur ma lancée. « En plus, ils se disent gentlemen mais continuent d’enrôler de force les garçons suffisamment compétents, tout en empêchant la moindre fille ayant un peu de jugeote et n’étant pas particulièrement attirée par l’idée de pondre de grimper les échelons. Tu parles d’un clan civilisé et ouvert… Même les Dragons autorisent les Membres à se battre ! » Je crachais bien sur le clan. Espérons qu’il prenne la perche que je lui tendais à ce moment.

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oz ∞ swann

Année 33, seconde saison tempérée ✻✻✻ Le coude calé contre le cadre de sa fenêtre, Oz bâilla sans se cacher. Il se serait bien plains aussi de ce foutu soleil qui brillait beaucoup trop fort pour ses yeux fatigués. En tant que Libre, il n'avait jamais eu le luxe de faire des grasses matinées, mais depuis qu'il était ici il en avait profité. Pour autant que d'être coincé dans ce piège, Oz, il préférait faire passer le temps en pionçant. Alors se faire réveiller comme ça, bien trop tôt, ça ne lui plaisait vraiment pas. Pouvoir cracher un peu sa mauvaise humeur, peut-être que ça pouvait lui améliorer un peu sa journée.

« Tu croyais quoi ? Il n’y a pas plus machos et hypocrites que les Aigles. » « J'croyais rien. T'sais, c'pas comme si on m'avait laissé le choix. » Taire ce détail ? Jamais. Depuis qu'il était là, Oz l'avait crié sur tous les toits qu'il avait été intégré au clan de force. Le jour où il faciliterait la vie des gens, il serait mort, le Oz. « Mais si tu deviens Membre, tu auras d’autres priorités, si tu veux mon avis. Enfermer les pondeuses pour qu’elles s’occupent des bébés. Même s’ils préfèrent parler de « protection des femmes ». Quelle stupidité ! » Devenir Membre ? C'était bien un truc auquel il n'avait pas pensé. Pour Oz, à ce jour, devenir Membre aurait été comme un châtiment. Il grimaça, vaguement dégoûté.

« En plus, ils se disent gentlemen mais continuent d’enrôler de force les garçons suffisamment compétents, tout en empêchant la moindre fille ayant un peu de jugeote et n’étant pas particulièrement attirée par l’idée de pondre de grimper les échelons. Tu parles d’un clan civilisé et ouvert… Même les Dragons autorisent les Membres à se battre ! » C'était qu'elle en avait des choses à dire celle-là. Oz, néanmoins, fut frappé par un détail. Il bondit en avant, passant la moitié du corps par la fenêtre pour attraper le bras de la fille. « Attends, ils peuvent en plus me forcer à devenir Membre ? » C'était qu'on ne lui avait pas parlé de ça. Pourtant, les Aigles avaient déjà eu des occasions au vu des nombreux savons qu'on lui avait déjà passés. Ils auraient pu causés de ce genre détails au lieu de raconter des conneries. Sûrement qu'ils lui avaient tout caché pour éviter qu'il ne prenne ses jambes à son cou. « Merde, mais j'suis vraiment un poissard ! » En plus, l'encadrement de la fenêtre lui rentrait dans le ventre. Y avait plus agréable comme début de matinée.

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