Changement de décor
année 40 - deuxième saison tempérée

La vie en usine n'est pas si complexe que ça. C'est sacrément différent du grand air et des patrouilles mais tu t'y es fait. Tu n'as pas eu tellement le choix non plus. Seulement comme pour tout, tu fais ton maximum en tentant de rentabiliser au mieux ta nouvelle existence. Heureusement tu connaissais déjà les ficelles. L'usine électro, tu y as passé pas mal de temps quand tu étais gamine alors la retrouver c'était un peu comme revenir à la maison. En quelque sorte. Seulement des usines il y en avait plusieurs et, parfois, selon les situations un remplacement s'imposait. Tu ne sais pas exactement pourquoi ça t'est tombé dessus - peut-être que ça a un rapport avec le bon boulot que tu fais ? - mais on te demande de lâcher ton usine durant une journée pour aller prendre la place de tête dans l'usine voisine. La couture c'est moins ton truc. Niveau machines, c'est une autre histoire et tu ne t'es jamais sentie très chiffons. Tu saurais probablement pas quoi faire avec si on te filait une aiguille et du fil. C'est tout con pourtant mais ça te passe complètement au-dessus de la tête. Et pourtant tu es en charge pour la journée et tu dois faire en sorte que ça tourne. Heureusement à ce niveau là, ça change pas grand chose. L'activité de l'usine ne compte pas beaucoup, il faut surtout savoir comment gérer le personnel pour qu'il soit productif.

La journée commence et tu veux bien faire. Tu domines la masse de travailleurs depuis un tabouret sur lequel tu es monté sans difficultés grâce au nouveau traitement de choc que tu fais subir à ton pied. Les gens s'installent à leurs postes de travail et toi tu siffles pour attirer leur attention. « Je vais vous demander une petite seconde d'attention. Je m'appelle Théa, je gère l'usine à côté normalement mais aujourd'hui je vais remplacer votre patron habituel. J'espère que ça changera rien à vos habitudes et que vous vous donnerez à fond comme vous le faites avec lui. J'y connais pas grand chose en couture mais en cas de besoin je suis là. Pour autre chose, je veux dire. Si ça concerne les chiffons, vous demandez à votre voisin il saura sûrement mieux vous répondre que moi. Mais pour le reste, hésitez pas. Voilà. Maintenant, vous pouvez vous mettre au boulot. Et que la journée soit productive. » Ce speech est littéralement pourri mais tu ne te sens pas inspirée. Tu descend du tabouret et tu croises les bras sur ta poitrine pour essayer de comprendre la dynamique de ce nouveau groupe pendant que les surveillants circulent. Tu ne sais pas trop à quoi t'attendre mais tu as comme la sensation que la journée va être longue.