Jour 7 ; en début de soirée
Nathanaël n’était pas un véritable fan de cet endroit. Pour dire la vérité, il ne s’y sentait pas à l’aise. Il faisait tout pour venir ici le moins possible et il s’arrangerait généralement pour s’y retrouver uniquement quand ça s’avérait nécessaire. Autrement, il se rendait très rarement dans les territoires des autres clans. Et s’il évitait aussi cet endroit avec un soin tout particulier, c’était également à cause de la foule qui s’y agglutinait un peu trop à son goût. Il avait parfois du mal à saisir comment autant de personnes pouvaient supporter de se retrouver ici ; en étant presque à marcher sur les pieds de leur voisin. Les endroits trop populaires, généralement, il évitait. Pourtant, cette fois-là, il n’avait pas trop eu le choix. On l’avait traîné jusqu’au Quartier des Jeux. D’autres Membres des Aigles qui s’étaient mis dans la tête de le sociabiliser avec le monde extérieur. Un défi un peu osé, il fallait l’avouer. Rares étaient ceux qui étaient parvenus à le faire sortir de son nid bien douillet. Mais là, étrangement, il avait craqué et il les avait suivis. Sans doute s’était-il rendu compte qu’il n’aurait jamais réellement la paix s’il n’acceptait pas au moins une fois d’aller faire un tour avec eux. Ou peut-être était-ce autre chose. Peu importe, c’était loin d’être son principal souci en ce moment-même. Alors une fois arrivé sur place, Nathan’ n’avait pas attendu pour décider de leur fausser compagnie. S’il avait bien voulu venir avec eux jusqu’ici, il était absolument hors de question qu’il les accompagne jusque dans leurs moindres faits et gestes et dans leurs potentielles âneries. Alors Nathanaël s’était mis à la rechercher d’un coin paisible et tranquille… Mais dans la foule peuplant cet endroit, c’était quasiment mission impossible ; malheureusement pour lui.

Mais il n’était pas du genre à abandonner. Surtout quand ça concernait le fait d’être en paix. Au pire, il finirait bien par sortir de ce Quartier à force de marcher, c’était logique. L’Aigle poursuivait donc son chemin en direction de son salut. Du moins l’espérait-il. C’était sans compter sur une rencontre qui allait changer son objectif de la soirée. Il l’avait vue là, attablée au comptoir d’un bar. Cette fille qu’il ne pensait pas revoir de sitôt.  Cette fille qui, pourtant, avait réussi à marquer son esprit par son côté atypique… Nathan’ secoua la tête et poussa un long soupir. Il luttait pour ne pas se perdre dans les yeux bleus particulièrement clairs de la fille. Pendant un cours instant, il entreprit même de la laisser et de faire comme s’il ne l’avait jamais vue en continuant à faire ce qu’il avait commencé. Finalement, il changea d’avis. Prenant son courage à deux mains, Nathanaël prit un air qu’il voulait le plus assuré possible et s’approcha d’elle. Il s’installa sur le tabouret qui se trouvait à côté d’elle et leva la main en direction du serveur. « Un verre s’il te plaît. Ce qu’il y a de moins fort, de préférence. » Le serveur acquiesça et lui rapporta sa commande peu de temps après. Il prit rapidement quelques gorgées et se tourna vers sa voisine. « Salut Raphaëlle… » Il se racla la gorge, ne sachant comment bien aborder la conversation. Nathan’ eut quelques secondes de réflexions avant de réussir à se décider sur ce qu’il jugeait comme étant le moyen le plus approprié pour cette approche. « Tu te souviens de moi ? » Oui, c’était nul.

Strange how you look like a charming prince...

Il n'y avait jamais rien de facile. La vie n'était pas facile de base... Simplement, certaines personnes l'avaient plus difficile que d'autre. Parfois, Raph se disait qu'elle faisait partie de cette catégorie... Puis elle se rappelait que les choses auraient pu être pires. Elle aurait pu être encore là-bas. Avec son père et son frère. À tuer et être punie de façon totalement inutile et brutale. Elle aurait pu être morte aussi. Mais non.

Pourtant, en sortant avec Anton l'autre jour, elle avait crue voir une ombre de son passé revenir en chair et en os. Bien sûr, le fait que Dimitri soit dans la même ville et le même clan qu'elle était plutôt improbable. Elle aurait même dit impossible. Dima avait toujours été têtu. Et l'avait toujours protégée. Mais il était comme leur père. Violent, brutal et archaïque. Elle avait toujours aimée ses frères, mais elle les préféraient plus loin que proche, ce qui était gagné avec Mïkhal qui était mort.

La Jaguar ne pouvait pourtant pas s'enlever l'image de la haute silhouette évoluant entre les corps, frayant son chemin avec désinvolture. Ce devait être les derniers événements et le manque de sommeil pour la quantité de travail effectué, qui la perturbait de la sorte, ses cauchemars prenaient de l'ampleur et elle allait devoir trouver le moyen de se calmer et vite.

-Ты дуракиндейки...

Celui qui servait les verres la regarda en coin un peu septique de l'entendre parler une langue étrange aux accents durs. Elle se faisait juger en plus de se traiter de dinde imbécile.... Cette soirée n'avait rien de bien plaisant en perspective et elle reprit un autre verre de vodka qu'elle avait produit la semaine dernière. L'alcool lui brûla la gorge, mais avait un goût familier réconfortant. Sa tête frappa durement le bois du bar et le barman lui lança un autre regard septique, mais après tout, Raphaëlle avait toujours été un cas à part.

L'odeur qui se porta jusqu'à son nez avait elle aussi des relents de souvenir plaisants. Elle resta le front contre son appui avant de relever la tête et de la tourner en direction du nouveau venu, un sourire étirant ses lèvres jusque là boudeuses.

Nathanaël.

Lui toujours si coincé. Si calme et solitaire. Venait de faire maladroitement les premiers pas vers elle. Un gloussement lui échappa bien malgré elle et la brune lui offrit un sincère sourire de joie. Elle avait toujours apprécié la présence de l'Aigle aussi paisible soit-il comparé à elle. La jeune femme posa son verre encore plein devant elle et tourna son corps vers le nouveau venu.

- Question stupide. Comment je pourrais être capable de t'oublier ? Je ne suis pas encore assez vieille pour que ma mémoire me joue des tours tu sais.

De nouveau, la slave lui offrit un sourire radieux. Les ombres de Dimitri volatilisées dans un coin oublié de son esprit. Le jeune homme avait un effet surprenant sur elle. Rien dont elle avait envie de se plaindre et rien dont elle avait envie d'approfondir la réflexion. Raph se sentait à l'aise avec lui. Et c'était tout ce qui comptait.

- Alors, dis moi tout. Qui t'as cassé le bras pour que tu viennes ici ?

Franchement, Raphaëlle était ravie de le voir devant elle. De pouvoir lui parler et sans vraiment en prendre totalement conscience, elle comprit que son interlocuteur lui avait manqué. Leur dernière rencontre remontait à longtemps. Trop longtemps sans doutes. Mais la ravitailleuse n'avait pas vraiment eu l'occasion de le voir pour lui demander de se voir et même si l'occasion s'était présentée, peut-être qu'étrangement elle ne l'aurait pas demandé, de peur de l'embêter ou de paraître stupide. Et ce genre de sentiments, la gêne ou la retenue étant plutôt singulier chez elle, la plus petite avait parfois du mal à les contenir.

- Je suis contente de te voir. Nos rencontres sont trop rares...

Au moins était-elle honnête faut d'être toujours compréhensible et facile à suivre.

Et il ne fallait pas rater l'occasion de le voir.

N'est-ce pas ?

Il s’était attendu à ce qu’elle se moque ouvertement de lui. Qu’elle lui dise clairement qu’il était un boulet et encore plus en matière d’approche. Parce que c’est un fait et ça aurait été mérité. A la place, elle tourna la tête dans sa direction en le regardant avec un grand sourire.  En la voyant ainsi, il détourna légèrement les yeux pour éviter de lui faire complètement face. Quelque part, il se sentait un peu nul et pour un peu, il s’en voulait presque d’avoir posé cette question.  Nathanaël afficha un sourire plus gêné qu’autre chose en réponse à celui de la Jaguar. Il appréciait beaucoup sa présence même si sans savoir pourquoi, elle le mettait étrangement mal à l’aise. Il perdait facilement ses moyens face à elle et ça le perturbait parce que ce n’était pas dans ses habitudes. Lui qui est d’ordinaire habitué à contrôler un peu mieux ses émotions. Avec elle, il n’y arrivait pas. Quand le serveur posa son verre sur le comptoir, Nathan’ en but quelques gorgées en écoutant Raphaëlle. Puis, il le posa et se retourna vers elle en tentant tant bien que mal de faire bonne figure. « Oui c’était idiot, excuse-moi. Je n’ai jamais été très doué pour aborder les gens… Enfin… » Il continuait à lui sourire en faisant ce qu’il pouvait pour masquer son léger manque d’assurance. Il s’imaginait vue de l’extérieur et se voyait encore plus ridicule. Il était bien avec elle mais il ne savait pas toujours comment réagir. Il ne savait si ce serait correct ou non, ce genre de choses. Et c’est bien la seule personne avec qui ça le préoccupait. L’Aigle laissa un petit rire s’échapper à la question de Raphaëlle. « Personne ! C’est simplement un groupe d’autres membres de mon clan qui m’ont forcé la main pour venir ici. Mais tu vois, je dois dire que cette fois-ci, je ne regrette pas de les avoir suivis. », avoua-t-il avec un sous-entendu à peine dissimulé.

Il ne l’avait jamais oubliée. Il lui arrivait même de penser à elle et de se demandait ce qu’elle faisait. Ils ne se voyaient pas souvent et chacune de leur rencontre lui faisait beaucoup de bien. Même quand la conversation s’avérait parfois compliquée. Il s’en moquait bien, du moment qu’il pouvait passer du temps à ses côtés. Comme à cet instant précis, par exemple. Nathanaël ne voyait qu’elle. Elle. Et ses yeux bleus… Il eut un mouvement quasiment imperceptible de la tête pour se convaincre de revenir à la réalité et il posa plutôt son regard en direction de la bouche de la Jaguar pour ne pas être tenté de se perdre à nouveau dans son envoûtant regard. « Moi aussi je suis sincèrement content, tu sais. Nous devrions peut-être envisagés de… Planifier des retrouvailles plus régulièrement ? Tu, euh… Tu me manques. » Il n’était pas certain de ce qui l’avait poussé à dire ces mots mais de toute façon, maintenant, c’était trop tard. Il n’avait plus qu’à assumer, quitte à se prendre une gifle ou quelque chose comme ça. Mais pourquoi ce serait le cas, après tout ? N’était-ce pas elle qui venait de lui avouer que leurs rencontres étaient beaucoup trop rares ? Bien sûr que si.

Sa présence avait quelque chose de rassurant, de plaisant. Il lui rappelait que tout dans ce monde n'était pas que cruauté et mort. Enfin, ceux qui l'entouraient de proche aussi. Mais Nathanaël le faisait d'une façon particulière et surtout inconscience... Dont elle-même ne pouvais pas tout à fait expliquer les effets. Le voir la rendait toujours un peu plus survoltée que d'habitude, un peu plus heureuse. Et chaque fois qu'ils se rencontraient c'était de pire en pire. Enfin, ça ne pouvait pas être négatif selon elle, de trouver au moins une chose qui vous donnaient envie de vous relever le lendemain.

Cette simple pensée, cette simple constatation soudaine, la laissa bouche bée. L'Aigle avait donc ce genre de répercussion sur elle ? La brunette appuya son coude sur le bar et posa son menton contre la paume de sa main sans jamais le quitter des yeux. Autrefois, elle se levait pour elle-même, par envie de découvrir, de savoir, de rire et de vivre. C'était toujours le cas encore aujourd'hui. Simplement, il y avait comme un petit plus qui s'y ajoutait. Certains aigles étaient venus aider sur le territoire Jaguar et elle avait sincèrement espérée voir son visage parmi les groupes qui arrivaient. Parfois, elle demandait elle-même de donner les tâches au groupe de l'autre clan simplement dans la chance de le voir et de pouvoir lui parler. Mais l'aurait-elle avoué ? La ravitailleuse ne pariait pas sur ça. Parce que primo elle ne voulait pas que ceux qui l'entouraient la taquine comme elle le faisaient avec eux. Deuzio, parce que les chances que cela se rendre au oreilles du concerné ne l'enchantait pas tellement et tertio l'idée même de s'attacher à quelqu'un d'un autre clan avait des points lourds et parfois difficiles à porter sur le long terme.

Raphaëlle ne pouvait pourtant pas résister à cet air mal à l'aise et cette attitude maladroite qui le caractérisait quand ils se retrouvaient ensemble. La slave avait déjà remarqué que cette attitude ne se manifestait que lorsque les deux se retrouvaient côte à côte. Peut-être qu'avec d'infinies possibilités, il pourrait avoir une quelconque envie de la voir lui aussi.

La jeune femme n'avait d'attention que sur lui et camoufla le cours de ses pensées en riant doucement au sous-entendu qui lui tordit agréablement et légèrement le ventre. Ce ne pouvait pas être une mauvaise chose s'il ne regrettait pas d'être ici à cause d'elle, non ? Enfin si elle avait bien comprit Nath'... Et la Jaguar se mit à douter, ce qu'elle faisait rarement, de bien être la raison de son appréciation de la visite. Pourtant, elle chassa cette idée d'un revers de main mentale pour revenir sur l'instant présent.

Son sourire constant se décomposa soudainement dans une expression de surprise gênée. Et c'était sans doute l'unes des rares fois où cela se produit, mais les joues de Raphaëlle prirent une jolie teinte rouge et le rose s'étendit jusqu'à la pointe de ses oreilles. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais rien n'en sorti. Son cœur semblait disjoncter dans sa poitrine et la brunette ne pu retenir son sourire qui étira ses lèvres alors qu'elle baissait la tête pour regarder ses mains.

- Oui... Ce serait vraiment bien, je... J'aime bien quand tu es avec moi.

Ils s'étaient vus plusieurs fois et avaient bien durement réussit à communiquer pour mieux se connaître. Et il fallait dire que Raph' appréciait particulièrement son interlocuteur, même les côtés parfois négatif qu'elle avait observé chez lui. Elle ne doutait pas qu'elle-même avait ses défauts. Mais il fallait souvent peser dans la balance le poids des qualités. Ce que Nath' ne manquait pas.

- Je ne veux pas non plus t'étouffer ! Si je pouvais je te verrais tout les jours.

Un rire accompagna son aveu. Puis elle reprit une gorgée de son verre en redressant sa position, puis regarda autour d'elle avant de reporter son attention sur le brun.

- Ça dépendre de toi. Quand tu voudras me voir.

La Jaguar avait beau être mal à l'aise, elle n'en assumait pas pour le moins totalement ses paroles. Et continua de sourire en observant les traits de son compagnon.

Se voir plus souvent... Que voilà une idée fort agréable et qui sonnait doux à ses oreilles. Et puis... Ça ne venait même pas d'elle. Une autre bonne raison de sauter de joie.

C’était un sentiment étrange qui envahissait Nathanaël. D’un côté, il se sentait étonnamment bien en compagnie de la Jaguar et de l’autre, il se sentait aussi extrêmement mal à l’aise. Il lui arrivait même d’avoir des blocages, de ne pas trop savoir quoi répondre en sa présence. Ça le perturbait… Parce que même s’il n’est pas quelqu’un qui s’impose, il ne perd qu’en même que rarement sa langue. Ou en tout cas, pas au point de ne plus savoir quoi dire du tout et d’être à la limite de paniquer ou d’être perdu. Mais étrangement, cette impression était plaisante, quelque part. Il ne savait pas comment l’expliquer, même un petit peu. Cette fille lui faisait perdre absolument tous ses moyens mais dans un sens, il n’avait pas envie qu’elle cesse de produire cet effet sur lui. Parce qu’il le sait, ça voudrait dire qu’il n’y a plus rien entre eux. Qu’ils n’ont rien d’autre à s’apporter, qu’ils ne s’accordent plus aucune importance. Ce serait la fin de quelque chose de précieux. Et ça, il n’a pas envie que ça arrive. Que ce soit aujourd’hui ou demain, il ne le voulait pas. C’était inconsciemment mais il avait besoin de continuer à pouvoir la voir et discuter avec elle. Nathanaël ne pouvait s’empêcher de l’observer, de la regarder faire le moindre geste. Du coude appuyé sur le bar au menton contre la paume de sa main, l’Aigle ne ratait aucuns détails. Pour un peu, il la dévorait des yeux sans même s’en apercevoir. Ça n’avait rien de malsain et c’était un regard un peu naïf qu’il lui faisait, un regard qu’il ne maitrisait pas et qu’il n’avait pas non plus envie d’apprendre à apprivoiser. Le rire de Raphaëlle le faisait vaciller. Il sonnait à ses oreilles comme une douce mélodie qui lui donnait l’impression qu’il ne pourrait jamais s’en lasser. Non vraiment, il ne regrettait pas d’être venu ici. Pour un peu, il remerciait même ses compagnons Aigles.  

Et puis son sourire. Ah, son sourire. Nath’ avait la sensation que le temps s’arrêtait autour de lui dès qu’il le voyait. Alors quand la mine de Raphaëlle se décomposa, il n’en comprit pas tout de suite la raison. Ses joues avaient rosi puis, cette couleur s’est étendue jusqu’à ses oreilles. Elle a ouvert la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Alors le Membre a compris que c’était sa question précédente qui avait causé cette réaction chez Raphaëlle. Quelque part, il se sentait un peu mal. Il n’avait pas l’intention de la gêner ou de la mettre dans une position incommodante. Puis, sans prévenir, un nouveau sourire vint illuminer son visage. Visage qu’elle gardait baissé en direction de ses mains. L’Aigle était un peu perdu. Il ne parvenait plus à comprendre où elle voulait en venir. Et finalement, vint sa réponse. Si Nathan’ avait été un peu moins coincé en sa présence, il aurait sauté de joie jusqu’au plafond, sans l’ombre d’un doute. Mais à la place, il s’est contenté d’afficher un énorme sourire. « Je suis vraiment content de l’entendre. Moi aussi, j’aime être avec toi. C’est bizarre… Mais je me sens apaisé à tes côtés. C’est comme si j’oubliais ma vie et tous ses tracas… » C’était un peu soudain comme paroles mais il ne s’en était rendu compte qu’après les avoir prononcées. Enfin, ils n’étaient pas à leur première rencontre et ils commençaient à avoir l’habitude des réactions de l’autre, du moins, la plupart du temps. Nathan’ aimait tout chez elle. Que ce soit ses côtés négatifs ou positifs. Il ne faisait aucune différence. Et de toute façon, ce n’était pas ce qu’il regardait le plus. « Tu ne m’étouffes pas, je te l’assure. Au contraire. Ça ne me dérangerait pas de te voir tous les jours. Crois-moi, ça me changerait bien la vie. » Et de bon cœur, il rigola avec elle. C’était ça qu’il aimait avec elle. Ne pas se prendre la tête. Etre plus ou moins naturel. Il prit une gorgée de sa boisson en même temps qu’elle et sans la quitter des yeux pour autant. Il faillit d’ailleurs avaler de travers en entendant ses derniers mots. « Je pourrais essayer de m’éclipser chaque fois que le clan n’a plus besoin de mes services, si tu le veux. Je crois que ce sont les seuls horaires que je peux trouver même si ça m’attriste un peu. » Alors qu’elle le regardait en souriant, lui ne savait plus trop où poser son regard. Ce dernier allait et venait aux alentours, sur les murs, sans jamais se poser plus de quelques secondes au même endroit…

hrp:

Quand elle était gamine, elle avait souvent l'habitude de se réfugiée dans le giron de sa mère et, roulée en boule contre elle, Raphaëlle l'écoutait narrer des anciennes histoires de contes de fées. De princesses sauvées par des princes et de dragons protecteurs. D'héritier galants et faisant la cour à des dames pour qui ils auraient tout risqué.

La slave savait que c'était loin d'être leur cas. Nathanaël n'était pas l'héritier d'un royaume prospère et elle n'était pas une princesse exotique à conquérir. Pourtant, elle en avait franchement l'impression et s'en voulait d'y croire si naïvement. La féline s'en voulait d'y croire, parce qu'elle avait peur de tomber de haut. Elle ne voulait pas être blessée en s'attachant trop, en espérant trop.

Mais il était si charmant. Il semblait si démuni et elle l'aimait un peu trop pour l'ignorer. Leurs leçons pour lui faire comprendre certains aspects de la langue les avaient rapprochés. Sous ses airs d'homme strict et froid, se cachait un cœur d'une tendresse enviable. Nath' semblait vivre pleinement ses émotions et sans en ressentir de gêne.

Sa déclaration la fit frisonner de plaisir et elle tâcha de cacher de son mieux son immense sourire. Ces mots-là lui avaient percés le cœur, mais de la plus délicieuse des façons. Même si Raph' avait tenté de se convaincre que ce n'était rien, que ça ne voulait rien dire, elle avait du mal à tenir à cette conviction, qui avait déjà été dure à avaler de base.

- Tu me rends heureuse.

Les mots lui avaient totalement échappés et son visage prit une teinte pivoine quand elle réalisa ses paroles. Oh qu'elle aurait à en raconter à Syd quand elle le verrait... Pour le moment, elle toussota et tâcha de reprendre contenance.

- Je serais ravie que tu viennes me voir quand tu en auras l'occasion.

La Jaguar posa une main légère sur celle de son interlocuteur et se leva de son perchoir. Lui offrit un autre sourire et l’entraîna vers les danseurs. Elle n'était peut-être pas douée dans filtrer ses mots, c'était un fait acquis et connu, mais à quoi bon se mentir ? Nathanaëlle lui plaisait.

L’allure d’un Prince, lui, il ne l’avait pas. Il n’était pas non plus le bel héritier d’un grand et puissant royaume avec une éducation irréprochable. Comment serait-ce possible ? A vrai dire, Nathan’ serait plutôt le serviteur discret qu’on sollicite par-ci, par-là, pour un service quelconque… Avant de le congédier sans réellement faire attention à la personne qu’il est réellement. Certes, il n’était donc pas fait pour être au sommet de la hiérarchie alors si Raphaëlle espérait trouver son preux chevalier dans cet Aigle, elle risquait de rapidement déchanter car il ne possédait rien de tout cela. A contrario, Raphaëlle pourrait très bien être une Princesse pour le Membre. C’est sûrement un peu ridicule mais il la trouve si belle, si resplendissante, si attachante… Pour lui, c’est suffisant pour être digne d’un haut rang. Et pour elle, il était bien capable de se surpasser pour la rendre heureuse et pour qu’elle soit en sécurité. Et c’est ce qui les rend mignons, quelque part. Cette naïveté, cette crédulité, ça atteint un tel point que ça les rend touchant. Tant pis si les autres les trouvent ridicules. Après tout, ils n’ont pas leur mot à dire. En tout cas, Nathanaël était bien décidé à tout faire pour ne pas décevoir sa belle princesse exotique. Il sentait qu’il serait prêt à tout faire pour elle. Peut-être même à tenter l’impossible et ça, il n’aurait pas osé l’affirmer pour quelqu’un, il y a encore quelques temps. Mais avec elle, c’était nettement différent. Il ne saurait dire pourquoi mais il la sentait sincèrement spéciale. Et il en était persuadé, ça n’avait strictement rien à voir avec son accent ou les cours de langue avec lesquels ils se sont rapprochés. Non, c’était encore autre chose. Il y avait là quelque chose d’intense et peut-être même de passionnel. Cela dit, il ne voulait pas non plus prendre le risque de s’emballer trop rapidement. Mais au moins, il s’était montré aussi honnête que possible envers elle, en lui déclarant ces mots. Mots qui n’ont pas laissé la Slave insensible s’il en croit ses réactions. Un léger frisson et un grand sourire… Sourire qu’il lui redonne quasiment au même instant même si elle tentait de se dissimuler. Ça faisait partie de ses talents, lire le visage des gens pour mieux les appréhender par la suite. Et là, aucun détail ne lui avait échappé. Il l’avait touchée. Il était parvenu à toucher Raphaëlle et rien ne pouvait lui faire plus plaisir, actuellement. Quoique… La réponse de Raphaëlle provoqua comme une sorte d’étincelle dans son regard qui s’illumina encore davantage. « Et toi, alors… Tu n’imagines pas ce que peut me procurer ta « simple » présence… J’ai l’impression de revivre avec toi. » Il était fier de ce qu’il faisait. Il était fier de la rendre heureuse. C’était tout ce qui lui important actuellement. Et qu’importe si ces mots ne devaient pas être prononcés à voix haute. C’était trop tard et de toute façon, lui ne regrettait rien et était bien content d’avoir entendu cela. Il ricana légèrement mais sans aucune méchancetés lorsque le visage de Raph’ passa à une teinte pivoine. Gênée, elle était tout aussi mignonne et elle lui paraissait encore un peu plus fragile mais ça, il s’en fichait. Au contraire, ça lui rajoutait quelque chose… Nathan’ cessa pourtant de ricaner lorsqu’elle se mit à toussoter et à se débrouiller pour reprendre et une contenance et la parole… « Alors ne t’inquiète pas, je passerai aussi souvent que possible. A chacun de mes temps libres, je te promets que je passerai ici en premier mais il faudra que tu y sois toi aussi, hein ! » Et hop, un rapide clin d’œil pour souligner la complicité. C’est alors qu’elle posa sa main sur celle de l’Aigle avant de se lever… Nathan’ a envisagé de lui demander ce qu’elle faisait, pendant quelques secondes. Puis, quand elle lui sourit en commençant à aller vers la piste de danse, il devina très rapidement ce qu’elle avait l’intention de faire. Il n’était pas nécessairement pour faire ça mais apparemment, il n’avait pas trop le choix. Même là. Alors à défaut de pouvoir refuser la proposition de sa belle, il se contenta de se faire en position pour danser et… La tenant à la taille, il commença à faire un pas de danse… Le premier.