Peu importait le pays. Peu importait leur origines et surtout leur âge. Elle avait toujours su que les hommes étaient très souvent des abrutis de première. Ceux qui l'entouraient, eux, devaient en être à temps complet. La slave leva les yeux au ciel devant une réplique aux connotations douteuses. Son fouet claqua, laissant une marque sanglante sur la joue du concerné qui ne tenta pas d'en ajouter. Sage décision. La jeune femme n'était pas particulièrement d'humeur bagarreuse, mais lorsque l'on venait la chercher... Elle ne se gênait pas pour se défendre ou même répondre. Raphaëlle n'avait pas peur de mourir, du moins plus maintenant, ayant prit l'habitude de frôler la fin de ses jours. Le monde était ainsi fait. Et ce n'était pas des crétins saouls qui changeraient la donne. Elle avait beau être petite, ça ne changeait rien qu'elle était en possession de tout ses moyens et surtout de son arme de prédilection, dont la poignée de cuir dans sa main lui donnait un peu plus de confiance.

Lorsque finalement les hommes lâchèrent l'affaire en voyant que tout cela ne servirait à rien. La brune n'avait jamais été femme facile et les choses n'étaient pas prêtes de changer. La Jaguar se retourna en se sentant toujours observer et roula son fouet en fixant à son tour son observateur. Qui était-ce et surtout qu'est-ce qu'il voulait ? Son air était arrogant et défiait l'autre d'oser venir confronter. Pourtant, le blond resta là sans rien faire. Elle remit son arme à sa ceinture et haussa un sourcil en croisant les bras, faisant quelques pas vers le nouveau venu.

- Tu veux quelque chose ?

Et dire qu'elle était simplement venu chercher des bonbons à une certaine dragonne. Pourquoi les choses finissaient-elles toujours par prendre des tournures à la limite de l'incongru quand elle était concernée ? Raph soupira lourdement sans détacher son regard du visage de l'homme. D'abord voir qu'est-ce qu'il y avait, ensuite réagir en fonction.

Un silence flotta de son côté alors qu'elle examinait attentivement son interlocuteur, calculant les risques et le danger potentiel qu'il représentait. La jeune femme détermina de son inspection trois choses. Il était bâtit, donc mieux valait ne pas l'emmerder, il était plus grand qu'elle, donc en cas de doute la slave pourrait grimper rapidement sur un toit pour se mettre en sécurité et finalement... Il ne semblait pas réellement une menace. Du moins pas pour l'instant. C'était plutôt du malaise et de la curiosité que la Jaguar lisait dans les yeux du blond. Mais de l’intérêt pour quoi ? La réponse vint d'elle même et la plus petit pencha la tête sur le côté, démontrant par le fait même qu'elle l'écoutait avec attention. Un sourire étira ses lèvres lorsque le nouveau venu lui répondit. Primo, parce qu'il ne cherchait pas les emmerdes et deuzio parce qu'il s’intéressait visiblement sincèrement à son fouet.

- Ah ! Ça ! C'est un fouet. Être utilisé souvent dans ma famille.

Le jeune homme lui inspira si bien de la sympathie que Raphaëlle baissa sa garde, du moins en apparence, en se souvenant bien que son poignard se trouvait dans sa ceinture. Il était peut-être plus grand, mais logiquement, plus grand signifiait aussi plus lourd donc moins rapide. Si seulement elle avait su quel poste avait ce blondinet...

- Moi c'est Raphaëlle ! T'as jamais vu de fouet avant ? Il pas avoir dans ton clan ?

Oui, parfois, la brune avait encore du mal avec certaine conjugaisons, mais franchement, elle n'en avait pas grand chose à faire, sachant que la plupart du temps les gens la comprenait. Et puis, Raph' n'était pas à ça près de se faire demander de répéter. C'est ce qui arrivait quand la langue natale n'était pas la même que ceux avec qui vous viviez.

Et puis, à bien y songer... La plus petite n'était de toute façon par vraiment de nature asocial, si bien que si quelqu'un venait la saluer et s’intéresser un tant soit peu à sa personne, elle se faisait un plaisir de lui répondre et de faire connaissance... Sans doute cette nature finirait un jour par la perdre...

L'art des êtres intelligents étaient de se faire passer pour plus cons qu'ils ne l'étaient en réalité. Ou naïve dans son cas. La Jaguar avait retenue une chose de l'éducation particulière de son géniteur, celle de me laisser voir aucunes faiblesses et elle... Elle les cachaient par une sociabilité et un enjouement auquel il était difficile de résister. La brunette observa attentivement son interlocuteur en hochant la tête.

- Je suis pas être très grande. Je ne peux pas utiliser mon corps comme tu dois le faire.

La Jaguar pencha la tête sur le côté en restant silencieuse quelques minutes ne sachant pas quoi dire, ni quoi faire. En même temps, elle ne le connaissait pas et il semblait si mal à l'aise, mais si désireux de savoir. Mais savoir quoi ? Il avait l'air un peu confus, mais c'était peut-être qui interprétait mal sa gestuelle. Raph' continua de fixer le blond encore quelque secondes avant d'ouvrir de nouveau la bouche.

- Mon père s'en servait pour punir les gens sans avoir besoin de se salir les mains. Ça laisse des plaies ouvertes quand on frappe assez fort.

En même temps, pourquoi est-ce qu'elle lui disait ça ? Peut-être parce que la slave voyait un réel intérêt dans les yeux d'Icare. Maintenant pour une des rares fois dans sa vie, la Jaguar ne savait pas quoi ajouter de plus et regarda autour d'elle songeant que ce n'était peut-être pas le meilleur lieu non plus pour faire connaissance, pour autant que ce soit ce qui allait arriver.

Cette fille était intéressante, vraiment. Je ne parlais dans d'intérêt dans un sens calculateur du terme. Elle était totalement différente de moi tout en étant similaire ne serait-ce que pour l’engouement naturel et l'optimisme dont elle semblait vraiment faire preuve. Certes, au départ, j'avais été attiré par l'arme et la bagarre dont elle s'était échappée sans trop de mal mais très vite j'avais été intrigué par toute sa personne. Certes, ce n'était pas très prudent, surtout pas de la part d'un Dragon Spécialiste mais le hasard n'en avait fait qu'à sa tête, comme toujours. J'aurais très certainement dû écourter la discussion, de toute façon, je n'étais pas certain qu'elle veuille s'ouvrir totalement à moi, mais j'en étais bien incapable. Et j'avais bien fait de tenir bon puisqu'elle osait découvrir des éléments personnels, des éléments qui ne m'intriguèrent que davantage. Le fait que son corps ne soit pas son arme de prédilection n'avait rien d'étonnant, évidemment. C'était même plutôt logique pour moi. Seulement, savoir que son père utilisait ce fameux fouet pour créer des blessures aussi fameuses et sans se salir les mains me renseignait déjà beaucoup sur la mentalité de ce père dont il était question et sûrement sur son « éducation ». Quelque part, je me disais que ça aurait pu être la mentalité digne des Dragons mais je me retenais de tout commentaire inutile. Peut-être cachait-elle une fille impitoyable sous ses airs de fille facilement abordable et extravertie.

« Ceci explique cela. », lançais-je sans la moindre prétention. Pour la rassurer, mon sourire mince mais sincère prouvait mes intentions. Je voulais juste faire constater quelque chose de très élémentaire, sans nul doute. « Il n'y a qu'à voir la façon dont tu les as ratatinés. », au fond, je me disais que j'aurais pu être de ceux qui recevaient une bonne leçon de sa part si je n'avais vu chez elle qu'une fille gentille et souriante. Forcément, j'avais déjà compris qu'elle n'était pas faible puisqu'elle était parvenue à se dépêtrer sans trop de mal de ce combat en plein centre neutre mais je découvrais toujours plus. « Ton père... il est encore en vie ? Tu le vois toujours ? », voilà que je me montrais curieux. Gare à mes fesses ! « Désolée, il faut dire que ce n'est pas commun un père aussi dur. », sauf peut-être chez les Dragons, n'est-ce pas ? Mais ça, je le gardais pour moi, encore une fois.

Si Raphaëlle n'avait aucune honte de ce qu'elle avait dû faire pour survivre, ce n'était pas nécessairement le cas des actes de son père. Elle en avait plus que honte, elle en était dégoûtée. Alors, se faire poser des questions sur lui la fit indubitablement grimacer. Puis finalement, la Jaguar se contenta de hausser les épaules avant de soupirer et d'indiquer du menton un banc.

- Je vais m'asseoir si tu veux m'accompagner.

Sans vraiment attendre de réponse, la jeune femme se dirigea vers ledit banc et s'y installa en se laissant tomber dessus lourdement. Elle joua avec la poignée de cuir avant de reporter son regard sur le blond. Il avait quelque chose de nouveau. Il semblait retenir quelque chose et cette constatation lui fit pencher la tête sur le côté. Son instinct lui disait qu'elle pouvait bien le lui dire, ce ne serait pas ici qu'il l'attaquerait. Et la slave avait une confiance aveugle dans cette voix intérieure qui  lui avait sauvée la vie de nombreuses fois et sans jamais faillir.

- J'en sais rien. Et non je ne veux plus le voir pour le restant de mes jours.

Un léger rire à la limite du sarcasme lui échappa alors que la plus petite replaçait ses cheveux. Elle continua d'observer son interlocuteur attentivement cherchant un moindre de signe qui la renseignerait sur son clan. Ce n'était pas vraiment pas méfiance que par curiosité.

- Les dragons ont aussi un bon nombres de pères durs. Je ne vois pas ce qu'il y a de surprenant. Moi j'ai été trouvée. Je ne viens pas d'ici, si ça peut répondre à la question, pourquoi tu ne vois plus ton père que tu vas évidement me poser. Et toi ton père ?

Cette fois ce fût un vrai rire clair qui lui échappa. La ravitailleuse avait l'habitude de ce genre de questions, ce n'était pas pour autant qu'elle y répondait de la même façon d'une fois à l'autre. Et de savoir à quoi ressemblait le père d'Icare pourrait la renseigner sur son clan. Raphaëlle avait toujours aimée savoir à qui elle avait à faire.

Le moins qu’on puisse dire c’est que cette Raphaëlle était du genre mystérieuse, cachotière. Ça n’avait rien de défauts dans une ville comme Paris, bien du contraire. Il valait mieux ne pas en dire trop pour éviter d’être connu de tous. Des éléments comme Louise, au final, ils étaient rares et c’était sûrement mieux comme ça. Il n’est pas bon de s’ouvrir à tout le monde aussi naïvement. D’autant que les clans ne permettraient pas d’être mis à mal à cause de langues qui se délient beaucoup trop. Je ne savais pas de quel clan elle venait mais même le clan le plus ouvert et le plus souple de tout Paris, c’est-à-dire les Jaguars, n’aimerait pas avoir de tels éléments, surtout après la rébellion qu’ils ont essuyée. Alors, je n’allais tout bonnement pas insister à ce sujet, ni au sujet de son père qui semblait être un sujet très sensible. Je ne comptais pas remuer le couteau dans la plaie. Les blessures, je les connaissais suffisamment que pour savoir qu’il ne fallait pas forcer dessus. Ma plus grosse plaie portait le nom de Thalia et je ne me voyais pas non plus en parler si facilement à une parfaite inconnue.

Me renvoyer ma question était de bonne guerre, évidemment. Mais je ne me voyais pas m’éterniser dessus non plus. « Un père plutôt injuste, surtout vis-à-vis de ma sœur. Oui, je dirais qu’au final, c’est elle qui en a le plus souffert. », j’effleurais le sujet sans trop de tristesse, dans le fond. J’avais appris à maîtriser mes émotions depuis que j’étais Fine Lame. Et puis, je n’aimais pas spécialement m’apitoyer sur mon sort. Avec tout ça, j’avais complètement oublié de m’asseoir. Je l’avais suivie mais je ne m’étais pas assis. J’étais sûrement tout aussi bien debout, dans le fond. Je regardais encore son arme de temps à autre. « Tu n’es donc pas de Paris ? Tu es parvenue à t’accommoder ? », demandais-je tout naturellement, histoire d’en apprendre plus sans entrer dans les détails. Après tout, mon but n’était pas de connaître son clan. Le simple fait de savoir qu’elle n’était pas des Dragons me mettait sur mes gardes mais sans trop en faire parce que, au final, elle ne semblait pas agressive. Tant qu’elle n’apprenait pas mon appartenant aux Dragons, je n’avais aucune raison de lui demander, en retour, son propre clan. « Simple curiosité. Si c’est aussi pénible d’en parler, oublie. Mon but n’est pas de déstabiliser. », au moins, j’avais mis les choses au clair maintenant. Même si elle ne semblait pas si inquiète que ça.

Cette conversation avait quelque chose de rafraîchissant. Parler avec quelqu'un qui ne la connaissait pas. Quelqu'un qui ne savait rien de ces capacités, ni de ses faiblesses. Elle aurait bien pu décidée de s'appeler Catherine que ça n'aurait même pas eu de conséquences. Mieux valait avoir plein de gens qui pensaient différente chose sur elle, il était plus difficile de la cerner après. Comment réussissait-elle à rester authentique au travers de toutes ces histoires qu'elle avait habilement tissées autour d'elle ? C'était une question à laquelle, elle-même ne pouvait pas trouver de réponse.

Il dégageait quelque chose de paisible. Cet homme savait ce qu'il faisait, ce dont il était capable, mais quelque chose dans le fond de ses yeux bleus brillait comme une étincelle de douleur. Le genre de lumière qu'elle connaissait. Le genre de lumière qui illuminait chaque iris qu'elle avait eu la chance de croiser. Tout le monde souffrait et ce n'était pas demain la veille que ça arrêterait. Leur monde faisait mal. Les choses étaient faites ainsi. Si bien que lorsqu'elle entendit cette légère torsion dans la voix de son interlocuteur, elle comprit que c'était exactement de cette blessure dont il était question. Une sœur. Thalia. Semblait être la source première de ces soucis.

De nature compatissante, la ravitailleuse lui offrit un sourire sincère de compréhension face à cette confession. La famille pouvait parfois être la pire chose qu'on avait... Comme la meilleure, il suffisait d'être née dans la bonne.Il lui semblait tout à fait correct. Alors elle décida de lâcher quelque morceaux de vérité, emballée bien entendue.

- Non je viens de loin, du coup quand je suis arrivée c'était pas la joie et Romane à du me drogue au calmant pour m'empêcher de fuir. Je savais pas trop ce que je faisais là. Mais j'avais quelqu'un avec qui j'arrivais à m'entendre alors le coup à pas trop été dur. Et j'ai enfin pu trouver une place ou je me sens chez moi.

Haussant les épaules, la brunette prit son arme et joua avec le fin fil de cuir qui terminait le fouet. La bille de métal roula agréablement entre ses doigts et elle tira sur le nœud qui la retenait en place pour être certaine qu'il soit bien fait. Il était bien sûr très bien fait... Mais elle ne savait pas trop quoi répondre à la dernière phrase du blond.

- Mes frères ont souffert de mon père aussi. C'est plutôt à cause d'eux que j'aime pas parler de mon abruti de géniteur. J'aurais du le tuer quand j'en avais l'occasion. Beaucoup de choses auraient été différentes.

L'aveu avait des allures de confession et Raph' se racla la gorge pour effacer le malaise qui lui était tombée dessus. Ce n'était pas son genre de parler de Dimitri et Mikhal.

- C'est carrément du de parler avec quelqu'un sans rien dire d'important !

La Jaguar eu un rire amusée en se relevant, le fouet toujours dans sa main, elle fit signe de tête à Icare pour aller marcher un peu. Elle détestait l'inaction.

Cette fille me semblait forte et courageuse. Voyager jusque Paris et parvenir à s’intégrer tôt ou tard, ce n’est pas donné à tout le monde. D’autant qu’elle a dû croiser des Libres pas franchement très sympathiques. Sans parler des jugements inévitables parmi les membres du clan qui l’avait recueillie. Nous ne vivons pas dans un monde tendre, encore moins facile. Nous ne vivions pas la même chose, elle et moi, mais au moins, je pouvais comprendre ce que ça faisait que d’être un élément rare et dont tout le monde parle pendant un certain temps. Je ne voulais pas la prendre en pitié, ce n’était pas la solution. Je ne voulais pas non plus lui rabâcher des mots que tout le monde a déjà dû lui sortir alors je me taisais, pour l’instant, préférant l’écouter comme elle l’avait fait avec moi. Un sourire avait plus sa place que des mots dénués de sens ou trop gentillets. Elle parla notamment de Romane. Une autre particularité des Dragons. Cette fille avait un quelque chose de très spécial. Elle n’avait rien d’une Soumise ordinaire. Jamais une Soumise n’avait été aussi respectée, crainte et appréciée de toute l’histoire du clan, du moins, aussi loin que mes souvenirs remontent. Elle m’avait déjà soignée, d’ailleurs, une ou deux fois. Je me sentais drôlement à l’aise. Cependant, il paraît qu’elle était toute autre avec les cas récalcitrants. Il valait mieux être parmi ses bons patients sinon quoi elle s’amusait de ses seringues. Apparemment, ce n’était pas non plus le cas de Raphaëlle. Tant mieux pour elle. Avec la rouquine comme amie, elle tiendrait sûrement le coup lors de pépins. La Soigneuse serait toujours présente. « Romane est chouette. C’est une bonne chose que tu sois tombée sur elle. »

Elle semblait s’en vouloir presque autant que moi vis-à-vis de Thalia. Nous avions ça en commun. Elle avait beau avoir un accent particulier, elle n’était pas si différente, dans le fond. Je sentais rarement cela mais effectivement, on avait presque deux points en commun. A la différence qu’elle s’était forgé un tout autre caractère. Sûrement parce que nous ne faisions pas partie du même clan. Ça joue beaucoup, plus qu’on ne peut l’imaginer. « Ce n’est pas évident de se reconstruire après de tels événements. » C’était la triste réalité. « Mais toi, tu sembles plutôt bien t’en sortir. » J’aimerais être aussi fort que toi. Je n’allais tout de même pas avouer ça à une fille que je rencontrais tout juste. Et puis, je ne voulais pas la déprimer avec ça. Je décochai un sourire à mon tour, un sourire en toute légèreté mais sincère surtout. Quand elle m’invita à me lever et bouger, j’acquiesçai sans broncher. J’entamai donc la marche en regardant droit devant moi, dans le vide. « Tu n’as pas peur d’en parler au premier venu ? Qui sait, je pourrais être un Espion qui cherche à t’appâter pour mieux t’avoir. » Bah voyons, j’avais rien de mieux à faire que de bousiller une discussion qui marchait bien.

Décidément, ce jeune blond n'avait rien pour lui déplaire. Il était tout à fait charmant, mais elle savait que sous son air calme courrait le sang d'un guerrier. Comme elle. C'était quelque chose de plutôt difficile à manquer quand on le regardait convenablement. Tout résidait dans la façon de se mouvoir. Si elle était plus féline, plus souple dans ses mouvements, lui devait surtout avoir de la force, une force nerveuse qui grésillait sous la peau, n'attendant que d'être utilisée. Elle termina son examen et haussa les épaules avant de répondre sur un ton léger.

- Je pourrais disparaître avant même que tu ne m'attrapes. Je suis plus légère donc plus rapide. Je suis plus agile parce que plus petite. Et puis tu ne me fais pas peur. Tu as l'air un peu triste. Les gens tristes n'attrapent pas d'autre gens tristes.

Ses yeux exprimaient une compassion qu'elle n'arrivait pas à exprimer avec des mots. Peut-être n'avait-elle simplement pas les expressions nécessaires... Peut-être aussi que ce genre de sentiment, celui qui semble lier deux personnes dans le même malheur, n'avait pas à être prononcer tout haut pour être compris des deux partis.

- Oh elle est chouette. Je l'aime bien. Sauf quand elle me drogue pour m'empêcher de retourner vagabonder parce que [i]''Raphaëlle, tu n'es clairement pas en état de bouger en ce moment. Tu vas rester là sagement ou je te jure tu vas voir que j'ai plusieurs calmants en réserve.''[i]

Son imitation de la voix de la soignante était presque parfaite. Et un gloussement amusé échappa à la slave. Oui, la dragonne était quelqu'un de bien.

- Mais je n'ai pas peur d'avoir mal ou de mourir, alors elle ne devrait pas me retenir quand je veux y retourner.

Elle n'avait pas vraiment ignoré la remarque sur son apparent succès à s'en sortir avec l'intégration. Ce n'était pas que Raph' ne se sentait pas à sa place, c'était plutôt qu'il y aurait toujours le poids des souvenirs qui lui pèserait sur les épaules. Et les gens avaient souvent du mal à comprendre comment un souvenir pouvait être encombrant...

- Alors monsieur l'espion, vous vous en sortez pas trop mal non plus j'imagine. Parle moi un peu de toi.