Bon, ma petite mésaventure avec Flynn avait été… violente. Cela faisait deux jours, et si mon visage avait retrouvé un aspect normal, mon esprit lui n’était pas encore tout à fait redescendu sur terre, rendant les dernières heures un peu… floues. Ouai, j’étais complètement déconnecté depuis deux jours, passant mes journées de façon mécanique, et cela m’allait très bien. Je n’étais pas mal, non, juste ailleurs. C’était assez inédit comme état, et j’aurais du m’en inquiéter un minimum, mais honnêtement, c’était tellement reposant que je n’avais pas envie de chercher plus loin. Parce que oui, contrairement aux fois où j’ignorais volontairement les autres lorsque je n’avais pas envie de faire d’efforts, là ça se faisait tout seul. J’étais sourd et aveugle, et je n’avais rien à faire pour cela. Le pied quoi.

Là où ça a commencé à m’inquiéter, c’est le jour où cet état de déconnexion complète à prit fin en fait. La journée avait pourtant commencé normalement, tranquillement même : rafraîchissement en profondeur pour bien me réveiller, un p’tit dej bien fournis et une petite balade dans le Centre Neutre en ce jour de congé, profiter un peu du temps qui se fait plus agréable. Je profitais d’être sur mon nuage quoi. Mais alors que je marchais d’un pas lent en flânant presque, je chutais avec une violence inouïe du nuage en question. Il avait suffit d’un regard, un seul, pour que mon cœur s’emballe soudain. Je sursautais comme si je venais de prendre un poing en pleine figure, me reconnectant à la réalité en une fraction de seconde. C’est limite si je savais comment j’étais arrive dans le Centre, mais ce n’était pas la question qui se posait pour le moment. Non, ce qui comptait là, tout de suite, c’était ce regard qui m’avait si brutalement ramené sur terre. J’étais figé, les yeux rivé sur elle qui se tenait un peu plus loin, la bouche entrouverte sur une exclamation silencieuse. Mon cœur battait désormais la chamade et j’avais le souffle court. Une sorte de panique me prit, comme lorsque je me retrouve dans le noir, mais cette fois la panique était accompagnée d’un autre sentiment, impossible à identifier, mais qui me procurait une sorte de… bien-être ? Pas le bien-être béat que je venais de quitter non, une autre sorte de bien-être, plus chaleureux.

Au prix d’un effort surhumain, je réussi enfin à détourner le regard de la brune, secouant la tête pour essayer de reprendre mes esprits. Sérieux, c’était quoi ça ? Je levais une main devant mon visage et la regardais avec de grands yeux. Je tremblais ma parole ?! Et j’avais soudain chaud aussi… j’avais du mal a respirer… et je fixais de nouveau la fille aux longs cheveux brun et au regard si envoûtant. Envoûtant ?! Comment ça envoûtant ? Et pourquoi je marchais maintenant vers elle, hein ? Non mais oh, on m’avait volé mon corps durant mes heures de repos mental ou quoi ? C’était quoi ça ? Il se passait quoi là ? J’étais incapable de décoder les signes cette fois, incapable de mettre à profit mes théories apprissent par cœur au fil des années pour expliquer ce qui m’était impossible à comprendre. La seule qui m’apparaissait claire à cet instant, c’était que je m’approchais de la brune pour bientôt lui faire face, et que je n’arrivais pas à sortir le moindre mot. Pour dire quoi de toute façon ? Là, j’étais complètement largué…

Ils sont fous ces dragons.
Année 41.
Jour 10 PR.
En journée.

Les choses allaient bon train. Enfin autant qu'elles pouvaient aller quand on avait passé la journée d'avant à ramasser des cadavres. Raphaëlle avait encore l'impression de sentir l'odeur des morts sur sa peau. Bien entendu, c'était totalement faux. Elle avait quand même prit la peine de se frotter une douzaine de fois pour être certaine de ne plus rien sentir et avait même brulée les vêtements qui avaient été de toute façon anéantis par cet abrutis de soumis dragons. Certains clans devaient vraiment apprendre à leur nouveaux à 1) regarder où ils allaient et 2) voler comme il faut. Non mais, c'était pas comme ça qu'on apprenaient aux gosses là d'où elle venait. Remarque... Ils ne sortaient pas dehors très souvent non plus à cause des pluies acides, donc risquait peu de se faire prendre à voler. Ceci expliquait cela...

Les choses allaient donc bon train. Aujourd'hui, quelque chose d'étrange flottait dans l'air. Non pas déplaisant, cette ambiance avait quelque chose de déroutant dans un monde comme le leur. Insouciante quand au potentiel danger que cela pourrait entrainer, la slave avait laisser son meilleur ami avec un blond un peu déboussolé et s'était barrée toute seule, sac en bandoulière à l'épaule, direction le centre neutre voir si elle ne pourrait pas trouver Hedwige et ses sucreries. Oh seigneur qu'elle adorait le sucre.

La brunette était donc arrivée dans le bon coin et observait attentivement un bracelet fait de cuir qu'elle trouvait particulièrement bien travaillée, quand la personne qui l'avait fait lui demanda quelques minutes pour aller en chercher quelques-uns de plus pour lui offrir un plus grand choix. La Jaguar se retourna donc vers les passants en marmonnant tout bas une comptine de son enfance...

Mais c'était qui lui ? La féline fronça légèrement les sourcils devant le nouveau venu qui venait de se planter devant elle avec un air... Indescriptible. Primo, elle n'avait aucune sainte idée de qui il était et deuzio, il la fixait comme un merlan frit... Sans rien dire. Même pour elle, cette situation était bizarre.C'était donc peu dire...

-Euuuh...Y'a quelque chose qui va pas ?

Sa tête et ses mains firent un mouvement d'interrogation. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien dire d'autre de toute façon ?

La fille me demanda si quelque chose n’allait pas alors que je restais planté devant elle, me posant exactement la même question… Enfin non, quelques n’allait pas c’était certain : j’avais une furieuse envie de contacte. La prendre dans mes bras, ou simplement lui serrer la main… j’étais attiré par cette fille qui était pour moi une totale inconnue, et je ne comprenais ni pourquoi, ni comment c’était possible. Je voulais juste la toucher, et c’est ce que je fis. Ou plutôt ce que mon corps fit, parce que mon esprit lui, il avait littéralement bugé. Passé d’une déconnection totale à un état de perte de contrôle presqu’aussi total… avais-je été drogué récemment ? Autant la première situation n’avait pas été pour me déplaire, autant cette fois je paniquais complètement intérieurement alors que ma main se dirigeait toute seule pour remettre une mèche de cheveux bruns en place derrière l’oreille de la jeune femme. S’il y avait un problème ? EVIDEMMENT QU’IL Y EN AVAIT UN ! Mais je n’arrivais pas à définir lequel… Et voilà que je me mettais à parler maintenant… Plus rien ne m’obéissait… j’étais possédé…

« Je… ta mèche s’était échappée… »

Pitié, achevez-moi…

HJ:

Le silence radio se fit dans son esprit. Les traits de son visage exprimait un profond doute doublé d'un what the fuck monumental. Était-elle en train de rêver ? C'était peut-être une mauvaise blague aussi... La slave chercha un groupe quelconque, ricanant dans un coin en les regardant. Après un rapide tour d'horizon... Rien. Et elle aurait été amplement en mesure de dénicher un groupe d'abrutis, elle avait pris l'habitude avec ses frères. Les humains tiraient toujours la même tête quand ils faisaient une blague à l'humour discutable. Tous. Sans exceptions.

Alors, si personnes ne semblaient avoir fait un pari quelconque avec cet étrange garçon qui... QUOI ?

Ses yeux se firent perçants à la minute ou les doigts de l'inconnu frôlèrent la peau de son oreille alors qu'il replaçait une mèche de ses cheveux. Ce n'était pas que Raph' avait quelque chose contre les contacts physiques, mais il y avait tout de même quelques minimums à respecter. Déjà, savoir son nom, ensuite son clan et pour le reste... Non. Finalement, juste son nom aurait été sympa. La brunette hocha lentement la tête.

- Okayyyyyyyy... Euh. Merci ? Enfin je supposes, heum dis moi juste comme ça, ça t'arrive souvent d'aborder des totales inconnues en replaçant une mèche de leur cheveux ? Non pas que ce ne soit pas tout à fait charmant, mais en fait ça fait un peu... Louche. Ouais voilà. Louche.

Sans demander de permissions elle non plus, parce que bon visiblement elle et le nouveau venu étaient devenus intimes sans qu'elle ne soit mise au courant, alors qu'elle était quand même plutôt concernée cela dit... La Jaguar leva la main et posa le dos de celle-ci sur le front de son interlocuteur avant de froncer les sourcils l'air septique.

- Bah non. Tu fais pas de fièvre. Alors je vais te demander ça simplement, est-ce que ça va ?

Au diable le bracelet qu'elle avait zieuté pour Syd. Cet étrange spécimen était fascinant et elle devait sans doute l'avoir déjà vu quelque part quand même. Sa tête lui disait quelque chose.

HJ::

La fille ne semblait pas plus à l’aise que moi. Elle me demanda si ce genre de chose m’arrivait souvent, ce genre de comportement s’entend, précisant que c’était plutôt louche. Louche ? Carrément bizarre oui ! Evidemment que ça ne m’arrivait jamais ! Aux autres ça arrivaient oui, mais pas à moi ! Mais je n’eu pas le temps de répondre car la brune avait posé le dos de sa main sur mon front, et je ne pu m’empêcher de poser la mienne par-dessus la sienne alors qu’elle me demandait si ça allait. J’affichais un sourire idiot, gardant toujours ma main sur la sienne. Elle était fraîche, c’était agréable. Mais depuis quand je pensais comme ça moi ?!

« Ça va… Je sais pas… Et toi, ça va ? »

Manquerait plus que je lui demande son nom d’une voix mièvre. J’avais déjà pu observer ce genre de comportement chez les autres oui, mais sa signification, même avec des explications, avait toujours été flou… Une fille qui me chauffe clairement, là ça va, je repère assez vite et je gère… comme je peux…, mais les roucoulements et tout ça, c’était beaucoup trop complexe pour moi…

« Et sinon, c’est quoi ton nom ? »

Bonjour, moi c’est Idiot, enchanté… Heureusement, j’avais tout de même éviter le mièvre… mais pas le sourire…

Parfois, elle se demandait si l'air n'était pas aussi contaminée que la terre... Et l'eau. En fait, elle se demandait si ce n'était pas les arbres dans le clan des Dragons qui les rendaient aussi dérangés que celui qui se tenait devant elle. Bon Louise, ce n'était pas trop un modèle, une référence, elle n'était pas totalement une Dragonne. Icare non plus... Sous certains aspects. Mais, les autres... Tous des malades. Et celui-ci ne faisait pas exception à la règle. Raphaëlle se rappelait maintenant où elle l'avait vu. Aux entrepôts. Il était gardien là-bas. Et lorsqu'elle avait demander aux autres de son équipe il était de quel clan, on lui avait parler des lézards.

Cette situation avait donc tout de surnaturelle. Surtout lorsqu'on songeait à la haine que les dragons et les jaguars entretenaient les uns vis à vis des autres.

- Okay. T'es bizarre tu le sais ça ? Mais ça va. T'as le droit d'être étrange. Simplement, en tant que Dragon tu trouves pas ça étrange de venir me parler ? Et surtout vu ce que je connais de toi, tu parles jamais et tu regarde à peine quand on vient chercher les rations, trop concentré que tu es sur la garde. Enfin je dis ça, je dis rien.

La féline était tellement stupéfaite de ce genre de réaction qu'elle en oublia de dégager sa main de celle du nouveau venu. De l'extérieur, ils avaient presque l'air d'un couple et si elle y avait songer, elle aurait probablement décidée de se barrer fissa, parce que c'était bien trop étrange.

- Tu veux... Mon nom. Okay. Je suis Raphaëlle. Et toi ? Si tu veux faire connaissance, okay, ça va on va faire connaissance, mais je ne vais pas rester plantée là en plein milieu du chemin comme une truite.

Les gens aujourd'hui étaient tous plus étranges les uns que les autres. Peut-être qu'elle aussi était atteinte, mais ne s'en était pas encore rendue compte. Déjà discuter de la sorte avec un Dragon...

La fille confirme : je suis bizarre. Au moins ne suis-je pas le seul à le penser ! Evidemment que c’est étrange que je vienne lui parler, surtout comme ça ! Par contre…

« Tu me connais ? »

Je redescendis enfin le bras, entrainant sa main dans la mienne et ne la lâchant pas. Ce contacte était bien trop agréable, et puisqu’elle ne se dégageait pas… Donc, elle me connaissait… mais moi je n’avais aucunes idées de qui elle était. Enfin si, Raphaëlle, selon ce qu’elle venait de m’apprendre.

« Raphaëlle… C’est pas un nom de mec ça ? Tu devrais t’appeler… je sais pas… Julie ? Ca t’irait bien Julie… »

Maiiiis ouiiii, vas-y, renomme la demoiselle maintenant. Julie, Jolie, noooon, tu n’as pas du tout pensé à ça ! Toi, tu ne pense pas à ce genre de choses ! Toi, tu bug complètement !

Retour sur terre, la demoiselle ne veut pas rester au milieu du chemin. Ok, si ce n’est que ça, je l’entraine en la tenant toujours par la main vers un petit muret.

« Mieux ? T’es quoi en fait ? Parce que tu me connais, mais moi je sais juste ton nom en fait… »

Et gars, tu lui tiens toujours la main, tu le sais ça ? Non mais parce que tu trouve peut-être ça agréable, mais ce n’est pas toi bordel !

Oui, ce n’est pas moi en effet… Le gars là, il fait des choses qui m’échappent complètement. Je viens de me dédoubler et je regarde la scène comme un fantôme sans savoir quoi faire… et l’autre n’est pas beaucoup mieux lotis… Logique, puisque c’est moi… sans être moi, mais moi quand même…

Ok, là je panique grave, mais y a plus rien qui réagit dans mon corps qui lui est inexorablement attiré par cette brune… Je m’assied et lui fait signe de s'asseoir à côté de moi, tirant légèrement sa main vers moi.

« C’est quoi une truite en fait ? »

Bon oui, c’est logique de poser la question maintenant… c’est bien la seule chose logique dans tout ce cauchemar…

Visiblement, comme elle l'avait penser, son interlocuteur n'avait jamais regardé dans leur direction lors des ravitaillements, il se contentait vraiment de regarder autour pour vérifier si tout était en ordre. Certains Gardiens prenaient la peine de les saluer, mais pas lui. Non, c'était la première fois qu'elle entendait sa voix. Et ne savait pas si c'était une bonne chose ou non.

- T'es vraiment aveugle hein ? Je suis ravitailleuse. Sauf que tu regardes toujours les alentours durant les ravitaillements, donc forcément, tu ne nous aperçoit pas. Je te connais juste de visage. Tu vas finir par me donner ton nom ou je vais devoir aller le demander à quelqu'un d'autre ?

À la taille qu'elle faisait et vue qu'elle ne s'attendait pas vraiment à se faire tirer, la slave se retrouva rapidement assise aux côtés du Dragon et l'incident lui fit réaliser que sa main était toujours prisonnière. Incertaine qu'elle appréciait ou non le contact, elle retira sa main sans trop de brusquerie pour ne pas vexer son interlocuteur, qui risquait fort de la suivre si elle ne faisait que filer...

- Un nom de mec ? Non, mais je t'emmerdes ! J'ai l'air d'un  mec peut-être ? Tu sauras que je m'appele Raphaëlle Oxana, merci bien. ça se dit Raphaëlle et c'est tout. C'est très bien comme nom.

Elle n'appréciait pas qu'on critique le prénom que sa mère lui avait donné, c'était tout ce qui lui restait de la femme si bien qu'elle croisa les bras et fronça les sourcils.

- Une truite c'est un poisson qui existait avant. Maintenant excuse moi, mais la Raphaëlle-au-nom-de-mec-qui-devrait-s'appeler-Julie va retourner chez elle.

Bon elle exagérait peut-être un peu, mais la brunette avait l'impression que quelque chose était en train de perdre le contrôle dans son esprit. Ce devait sans doute être un virus qui circulait et elle l'avait chopper. Pour calmer sa gorge sèche, la féline vu une autre gorgée de sa gourde avant de se relever, l'air toujours boudeur.

Apparemment, la fille me connaissait en effet, ou en tout cas de vue. Une ravitailleuse… qui commençait à s’impatienter de connaitre mon nom. Elle ne me l’avait pas encore demandé à ce que je sache, si ? Fin de toute façon, si en général je pouvais discerner les signes qui indiquaient l’état d’’esprit d’une personne, là j’en étais bien incapable, aussi ne discernais-je ni son impatiente, ni le fait qu’elle se vexe par la suite…

« Je fais mon boulot, et je m’appelle Valérian. »

J’avais répondu avec mon naturel habituelle, comme si la question avait-été posée normalement et sans sarcasme quelconque. La seule chose non naturelle sur le coup était ce sourire idiot qui ne semblait plus vouloir me quitter.

La brune fini par retirer doucement sa main de la mienne, ce qui me laissa comme un froid sur la paume. Je voulus la lui reprendre, mais elle avait repris la parole et se furent ses mots qui me firent comprendre que j’avais gaffé quelques part. Elle bu une gorgée et se leva pour partir alors que j’essayais désespérément d’analyser la situation, repassant mes « définitions » dans ma tête afin de savoir comment réagit. Mais mon esprit était bien trop embrouillé, et de nouveau se fut mon corps qui agit tout seul. Mon sourire avait disparu, et je l’a rattraper par le bras avec une douceur que je ne me connaissais-pas.

« Ok, désolé Raphaëlle… Ne part pas… »

Bon ! Au moins mon cerveau savait encore que dans tous les cas, si la personne semblait réagissait mal, un « pardon » passait toujours… Maintenant, pourquoi je m’excusais, je n’en savais rien… Tout ce que je savais là tout de suite, c’était que je voulais qu’elle reste près de moi, et je savais également que ce n’était PAS NORMAL !

« Comment tu connais la truite ? »

Ben oui, dévier la discussion pour la faire rester… Beaucoup trop subtil pour moi… Tain cet état me rendrait-il empathique ? Ouai fin non, je n’irais pas jusque là non plus… mais quand même…