Jour 4, après la rébellion.

Quatrième jour. Quatrième jour, depuis que cela s'était arrêté. Quatrième jour, qu'elle s'estimait heureuse de ne pas être décomptée dans tous ces cadavres.
Jour où elle pouvait enfin ressortir du territoire.
Noé n'hésita pas. Elle bafouilla une excuse comme quoi elle allait chercher un outil à l'atelier pour réparer quelque chose et fila. Elle allait respirer, enfin.  Elle n'en pouvait plus de rester enfermée dans le campement. Pas qu'elle n'aimait pas les autres Jaguars - ils étaient tous, dans l'ensemble, assez sympas- , mais elle ne supportait pas être en présence d'autant de monde, autant de temps. Ca la stressait. Elle avait une nature très solitaire, peut-être dû au fait qu'elle aie passé une bonne partie de sa vie seule.
C'était réconfortant de voir du monde s'activer, parler, vivre. Mais elle n'était vraiment pas douée avec le contact humain et trop d'animation l'insupportait. Elle aimait le calme; pouvoir entendre ses propres pensées résonner dans son esprit.

Ses pas la guidèrent naturellement vers le centre neutre. Il ne devrait pas y avoir beaucoup de monde par ici, en ce moment. A moins que certains clans décident de faire des patrouilles. A part ça, elle serait tranquille.
La Jaguar s'assit sur un gros rocher assez plat et laissa cours à ses pensées. Après une brève inspection des potentiels dangers, elle en conclut que rien ne pourrait la tuer aujourd'hui et se détendit. Elle souffla, ses muscles se décontractèrent. Une pause. Voilà ce dont elle avait besoin. Tout ce remue-ménage l'avait fatiguée mentalement.  Elle avait toujours appris à survivre seule. Avant cela, la demoiselle ne savait même pas ce à quoi ressemblait un "combat groupé". Elle soupira. C'était bien étrange, tout de même.

Soudain, une brindille craqua. D'un bond, Noé se releva. Hélas, la tête lui tourna d'avoir bougé si brusquement. Elle se retourna en tous sens. Son coeur palpitait. Un flash-back lui vint.

Le soleil filtrait à travers les nuages, la chaleur était supportable. C'était fin de journée, et je m'octroyai un moment de répit. Aucun danger ne planait à l'horizon, alors je m'étais couchée afin de regarder le ciel.
Soudain, un Crac ! sonore retint derrière mon oreille. Je me leva, le coeur battant la chamade. Effrayée, je tentai tant bien que mal de discerner l'origine du bruit. Derrière, à droite ? Mon esprit était trop confus. Prise de panique, je courus aussi vite  que je le pus. Arrivée près d'une grosse ruine, je me cacha derrière et observa en tentant de reprendre mon souffle.
Au loin, je vis un homme avancer. Il était grand et costaud, avec un air entre la colère et la détermination. Les nuages découvrirent le soleil et un rayon fit étinceler une lame accrochée à la taille de la silhouette.
Après ce jour, je me promis de ne plus jamais baisser ma garde.

Les souvenirs accrochés à sa mémoire, Noé sentait la peur monter en elle. Cette peur, qu'elle gardait bien tapie au fond d'elle. Qui était maître de son instinct. D'elle-même.
La peur de mourir.
Son souffle s'accélera. Se saccada. L'air lui manquait. La peur l'envenimait.
Soudain, elle crut voir une silhouette s'approcher. Etait-ce l'homme de ses souvenirs ? L'avait-il finalement retrouvée ? Pourtant, elle était convaincue qu'il ne l'avait pas vue, ce jour-là.