Dalia appréciait plutôt Nora. L'ancienne, bien que laxiste, avait toujours été bonne avec elle et la Tireuse n'oubliait pas qu'elle lui devait la vie. Mais, malgré cela, elle détestait qu'on la prenne de haut, chef ou pas. Il n'y avait que Annabella qu'elle écoutait au doigt et à l'oeil. Et si Nora espérait avoir un tel contrôle sur la Vipère un jour, elle se trompait lourdement. Alors non, Dalia n'avait pas trop manifesté son mécontentement quand l'ancienne lui avait demandé de se rendre dans le Centre pour aller chercher des médicaments, mais elle n'en pensait pas moins. Elle était Tireuse, merde. Une bleue ou un Soumis aurait très bien pu faire l'affaire non?

Elle se déplaçait avec aisance dans les ruines, un terrain qu'elle connaissait assez bien. Les murs abattus et les nombreux obstacles mettaient à l'épreuve son agilité féline, mais Dalia adorait cela. Elle voyait plus ce parcours comme un terrain de jeu grandeur nature. La Vipère n'ignorait pas la dangerosité de l'endroit, mais elle s'en moquait. A la limite, elle aurait adoré croiser un Libre pour s'entraîner sur une cible vivante...

Perchée sur un pan de mur, elle s'immobilisa, s'abaissant pour passer inaperçue. Il y avait quelqu'un dans la rue suivante. Un Libre sans doute. Elle s'approcha en faisant le moins de bruit possible, ondulant le long des parois. Une fois qu'elle se fut approchée davantage, elle constata que la personne qu'elle venait de repérer n'était autre que la bleue qu'elle devait se coltiner à l'entraînement, l'espèce de petite insolente qui lui tapait sur le système et qui voulait prendre sa place le plus tôt possible. Dalia se dit que l'occasion était rêvée pour traumatiser la petite à jamais. Mais quelque chose la retenait. Elle sentait qu'elles n'étaient pas seules. La Tireuse entendit plusieurs bruits provenant des alentours de la rue. On cherchait à les encercler. Tapie dans l'ombre, Dalia décida d'observer la scène, se demandant ce qu'elle ferait si Angelica avait des soucis. Elle la laisserait probablement se débrouiller... Sans doute...

Vraiment, ce n'était pas drôle comme mission. Aller chercher du papier au centre neutre. À quoi allait-il servir ? Je n'en voyais pas l'utilité, ou en tout cas je ne comprenais pas le besoin immédiat qu'avait Nora. Elle n'avait pas le temps de s'occuper de moi aujourd'hui et m'avait donc envoyée en mission, seule. Je connaissais à peu près le chemin grâce aux indications de Fran, mais de là à m'y retrouver et à arriver à destination, c'était une autre histoire.

Tournant en rond depuis plusieurs minutes, je finis par m'arrêter. Bon, elle m'avait dit d'aller tout droit, puis deux fois à droite, quatre fois à gauche, puis encore à droite, et ensuite... J'avais malheureusement perdu le compte. Et j'avais beau regarder autour de moi, il n'y avait personne à qui demander mon chemin. Nora aurait quand même pu ordonner à quelqu'un de m'accompagner. Mais elle voulait sans doute voir comment je me débrouillerais sur une petite mission comme ça. Et je ne devais pas la décevoir.

Inspectant les environs, je finis par m'avancer vers la droite, espérant que ce soit la bonne direction. Je tombai alors nez à nez avec un jeune homme d'une vingtaine d'années. Je lui lançai un sourire et lui adressai la parole :

- Tu tombes bien ! Je cherche le centre neutre mais je me suis un peu perdue, tu veux bien m'indiquer le chemin ?

- J'ai une meilleure idée, je vais t'accompagner jusque-là ! Suis-moi, c'est par là.

Il posa sa main sur mon épaule et montra la direction que je suivais du doigt : au moins, je ne m'étais pas trompée. Mais je repoussai quand même discrètement sa main, ça ne me plaisait pas trop.

- Merci. Mais je peux y aller toute seule. C'est ma première mission, alors j'aimerais y arriver par mes propres moyens.

- Tu sais, personne ne saura que je t'ai montré le chemin. Allez, viens, c'est pas très loin.

Deux autres hommes approchèrent, visiblement empressés.

- Qu'est-ce que tu fous, Joachim ? N'la garde pas pour toi tout seul ! Partage un peu.

Je fronçai les sourcils : la situation ne me disait rien qui vaille à présent. Voulant reculer un peu pour m'éloigner des trois hommes, le premier m'attrapa le poignet pour m'empêcher de le faire.

- Tu vas où comme ça ? Reste là ma jolie. Tu vas gentiment nous suivre, on te montrera le centre neutre.

- Ouais, notre centre neutre ! ajouta l'autre en rigolant.

Flairant le piège, je me dégageai en infligeant un coup de poing sur le nez de celui qui me retenait. À trois contre une, il aurait mieux valu que je ne tente pas le diable ; mais je refusais de prendre la fuite devant ces trois lascars qui me menaçaient à présent à l'aide d'un couteau de fortune.

Dalia leva les yeux aux ciel. Non seulement la bleue n'avait pas remarqué que quelqu'un approchait, mais en plus elle faisait la causette avec un parfait inconnu au milieu des ruines. Cette petite était décevante. Deux autres libres arrivèrent et tentèrent de la coincer. Angelica se ressaisit et asséna un coup de poing à l'un d'eux, mais les deux autres l'encerclaient. Ils étaient armés. Dalia se demanda quand la jeune fille comptait sortir ses armes. Avait-elle quitté le clan sans elles? Ce serait de l'inconscience pure et simple. La Tireuse sourit à ce spectacle, et se dit qu'elle attendrait que la recrue soit un peu amochée avant d'intervenir. De là où elle était, le spectacle promettait d'être plaisant.

Mais une jeune femme surgit de nulle part... Elle semblait complètement patraque et n'avait même pas remarqué l'attroupement qui s'était formé là. Les hommes l'interpellèrent et commencèrent à l'agresser, mais l'étrangère ne réagit pas. Dalia écarquilla les yeux. Elle peinait à croire ce qu'elle était en train de voir. On aurait dit une forme de suicide. Cette fille avait l'air complètement désespérée. Et cela la dégoûta. La Tireuse fronça les sourcils. Qui était-elle? Si elle faisait partie d'un autre clan, elle ne méritait aucune aide, mais pourquoi agir de la sorte?

Un nouveau rebondissement survint lorsqu'un quatrième homme qui s'était caché depuis tout ce temps apparut derrière l'inconnue pour lui mettre un mouchoir sur la bouche. Dalia comprit qu'il voulait l'endormir et, de la sorte, la maîtriser afin de la kidnapper.

La scène lui rappelait étrangement un douloureux souvenir... Celui du jour où elle avait été séparée de son frère Jérémya. L'attaque avait quelque chose de similaire. Elle était inégale, injuste, et avait un objectif des plus immondes. Dalia chassa ses souvenirs. Mais elle s'était laissé distraire assez longtemps par son passé pour que la rage s'empare d'elle.

Elle dégaina son revolver et son arbalète. De sa main gauche, elle visa l'homme qui tentait de kidnapper l'inconnue. Le carreau vint se ficher dans sa jugulaire, et avant même que les hommes ne l'aient repérée, la Vipère avait sauté de son promontoire pour atterrir plus bas, aussi silencieusement qu'un félin. Elle était désormais hors de leur vue.

La chasse commençait. A cette pensée, ses lèvres s'étirèrent en un étrange sourire.

Alors que je me croyais seule avec ces trois inconnus, une jeune fille apparut. Enfin, si on pouvait appeler ça une jeune fille. On aurait plutôt dit un zombie. Elle marchait les yeux baissés et ne semblait pas faire attention à ce qui se déroulait autour d'elle. Je fronçai les sourcils : elle était bizarre. Elle ne réagit même pas quand un quatrième homme s'approcha d'elle. Ceux qui m'encerclaient avaient été distraits par son arrivée et les propos de leur comparse.

Alors que le dernier arrivé apposait un mouchoir sans doute empoisonné sur le visage de la jeune fille, un carreau vint se ficher dans sa jugulaire. Le petit groupe fut surpris de cette attaque, tout comme moi à vrai dire. Mais reprenant rapidement mes esprits, je me dis qu'il était temps de mettre en pratique mes nouveaux apprentissages. Un des trois hommes restants voulut m'attraper pour m'attirer plus loin avec lui, à l'abri des tirs. Lorsqu'il toucha mon bras, je lui enfonçai à nouveau mon poing dans la figure – oui, c'était toujours le même – pour le faire reculer. Ce qu'il fit. J'en profitai pour me rapprocher de la fille en esquivant celui qui se mettait en travers de mon chemin.

- Qu'est-ce que tu fous ? Réveille-toi !

Bon, le produit l'avait un peu endormie, et l'homme qui la tenait debout n'était pas prêt à me laisser l'aider. Si le tireur pouvait se manifester à nouveau (et ne pas nous tirer dessus, si possible), ça ne serait pas de trop !

Frank, grouille-toi, il faut qu'on se mette à l'abri. Attrape celle-là au lieu de jouer avec !
Comme si ça m'amusait de me faire frapper par une gamine !

Le dénommé Frank revint à la charge, accompagné de son cher ami. Bon, Angelica, c'était le bon moment pour mettre en pratique ton entrainement. Alors que les deux attaquants se jetaient sur moi pour tenter de m'attraper, je m'abaissai et passai entre eux, me retrouvant face aux trois hommes et à la jeune fille. Je dégainai enfin la dague que j'avais rangée dans mon jeans et les menaçai avec.

Tu crois que ton petit cure-dent va nous impressionner ?

Je me promis de charcuter le premier qui s'approcherait de trop près de moi. Il était peut-être temps que j'expérimente la mort...

Dalia zigzaguait entre les murs tout en veillant à atténuer les bruits de ses pas. Elle ne voulait pas être repérée par le groupe de Libres qui devait à présent la rechercher. Elle prenait garde aux bruits qui l'entouraient, consciente qu'elle pouvait tomber sur ses agresseurs d'un moment à l'autre. Mais apparemment ceux-ci étaient restés près d'Angelica et de cette inconnue qui se comportait si bizarrement. Elle entendit des bruits de lutte, et comprit qu'Angie se défendait comme elle le pouvait. Cela ne l'étonnait qu'à moitié. La recrue avait du cran, et Dalia savait qu'elle se battrait jusqu'à la mort s'il le fallait, mais elle ne cèderait jamais à ces brutes. Quant à l'autre fille, Dalia ne comptait pas sur elle pour arranger les choses. Elle serait inutile. Un vrai poids mort. Quelle misère.

La Tireuse s'arrêta, dos à une paroi. De l'autre côté se trouvait le petit groupe. Elle se pencha et tira un carreau dans le tas. Elle avait touché un homme mais ignorait lequel. Apparemment son tir avait été mortel, vu que le bruit sourd d'un corps qui s'effondre résonna dans les ruines. Elle afficha de nouveau un sourire satisfait. Cependant, elle sursauta lorsqu'elle entendit un hurlement. Était-ce celui d'Angie? Son sang se glaça à l'idée que la jeune fille meure. Et cela l'étonna elle-même... Afin de faire diversion, elle lança une bouteille qui se trouvait là tout prêt d'elle. Cela attirerait temporairement l'attention sur elle.

La blonde devait désormais trouver un autre point de vue pour intervenir encore une fois. Il restait plusieurs hommes à abattre, et ils allaient certainement commencer à la poursuivre. Alors elle s'éloigna, et tenta de trouver un autre angle pour attaquer.

La fille zombie ne réagissait toujours pas. À croire qu'elle avait envie de se faire tuer ! Je compris que je devrais compter sans elle et qu'elle ne m'aiderait pas à nous sortir de ce pétrin. Heureusement, le tireur venait à notre rescousse. Un des deux hommes qui me faisaient face s'écroula au sol, un carreau dans la gorge. Qui que ce soit, il était doué.

Mais d'où ça vient ça ?

Je ne savais pas lui répondre non plus, et de toute façon je ne l'aurais pas fait.

Ah Johnny, tu tombes bien ! Occupe-toi de cette enflure qui a tué nos amis !

Un autre homme venait d'apparaître. Devant le spectacle, il s'immobilisa un instant mais finit par disparaître pour aller retrouver leur assaillant. Pas idiote, j'avais profité de cette petite diversion pour me rapprocher discrètement de la jeune fille. Je ne savais pas qui elle était mais je ne voulais pas la laisser entre leurs mains. Pour l'instant du moins. Avec l'aide du tireur, il y avait moyen que nous gagnions, s'il ne se faisait pas descendre par Johnny.

Jetant rapidement un œil derrière moi afin d'essayer d'identifier la position du tireur, je fus surprise de découvrir un autre homme apparu comme par magie. Mais combien étaient-ils ? Est-ce que d'autres allaient encore sortir de nulle part comme ça ? Celui-ci profita de l'effet de surprise pour me sauter dessus. Il m'attrapa dans ses bras pour me bloquer et je le mordis afin de me libérer. Il poussa un hurlement avant de me lâcher. Je m'esquivai, ramassai la dague que j'avais fait tomber à mes pieds et courus vers l'homme qui retenait la jeune fille. Je lui lacerai le bras à l'aide de ma lame et il la lâcha. C'était à peine si elle tenait sur ses jambes. Je l'attrapai par le bras et la tirai avec moi en tentant de nous éloigner toutes les deux des trois hommes. Celui que je ne venais pas tout juste de blesser – même s'il avait déjà reçu deux coups de poing – était déjà à notre poursuite.

- Réagis un peu ! Tu veux mourir ou quoi ?

Dalia s'immobilisa à nouveau. La Tireuse venait de contourner au pas de course le lieu de l'agression, toujours cachée derrière les ruines. Dans sa précipitation, elle avait entendu les Libres se parler et se donner des ordres, mais n'avait pas saisi le sens de ces paroles. Lorsqu'elle passa la tête par-dessus un mur, elle constata qu'Angie s'en était tirée, une fois de plus. Mais cette petite idiote ne pouvait se résoudre à abandonner l'autre fille, qui avait visiblement envie de mourir... Elle lui aurait bien crié de foutre le camp sans se soucier de cette folle, mais Dalia se serait fait repérer. Un troisième type survint et attrapa Angie qui parvint à se soustraire de son emprise en le mordant. Ensuite, elle tenta de s'enfuir, toujours en s'agrippant à cette inconnue qui bougeait à peine.

Dalia se concentra une fraction de seconde afin de tirer sur l'un des trois hommes, mais elle reçut un énorme coup à la nuque qui manqua de l'assommer. Elle tomba lourdement sur le sol, s'étalant de tout son long. Sa vision se troubla et la douleur irradia le long de sa colonne vertébrale. Elle ne put retenir un gémissement de douleur. La blonde comprit qu'elle venait de se faire avoir. Elle tourna la tête et constata qu'un Libre la surplombait, le sourire aux lèvres. Il maintenait fermement ses bras.

Tu vas payer sale pétasse! T'en as tué combien hein? Il cria ensuite à l'adresse de ses compagnons J'ai trouvé le Tireur. J'peux vous dire qu'on va s'amuser!

Dalia eut un sursaut de dégoût. Ce type venait de perdre plusieurs de ses compagnons et ne pensait toujours qu'à baiser. C'était affligeant... L'inconnu la força à se redresser, ce qu'elle fit tant bien que mal, et non sans manquer de se luxer une épaule.

Dalia s'interrogea sur ce qui allait désormais se passer. L'angoisse l'envahit. Angie n'allait peut-être pas s'en tirer. Si elle ne s'échappait pas, alors, ses chances de survivre étaient minces. Elle devait se débattre et retarder son agresseur du mieux qu'elle pouvait afin de laisser assez de temps à la bleue pour s'échapper. Elle leva le genoux et écrasa son talon sur le pied de son assaillant. Ses bottes écrasèrent les mocassins faits mains du Libre, qui hurla de douleur, mais ne la lâcha toujours pas. Elle continua à se débattre, tentant de libérer au moins l'une de ses mains, c'était sa seule chance.

La fille ne bougeait toujours pas et ne disait rien. Elle était amorphe, presque endormie. À croire que tout ce qui se passait ne la concernait pas et n'avait aucun impact sur elle. J'avais beau lui crier de réagir, de courir pour se mettre à l'abri, rien n'y faisait. Je la tirais mais j'avais l'impression de tirer un boulet, un poids mort. Et si elle continuait comme ça, c'était ce qui risquait d'arriver.

Tout à coup, elle me répondit. Je fus plutôt étonnée de sa réponse, d'ailleurs. Un geste héroïque ? Que j'arrête de perdre mon temps avec elle ? Je la lâchai.

- Je ne veux pas mourir, et ceci n'est pas un geste héroïque. J'essaie juste de nous sauver la vie à toutes les deux.

Ses paroles me choquaient, en fait. Si tout ce que j'essayais de faire pour la sauver ne s'apparentait pour elle qu'à un geste héroïque mortel qui me faisait perdre mon temps, pourquoi est-ce que je continuais à tenter de la sauver ?

- Mais visiblement, tu n'as pas envie d'être sauvée...

Avec ce constat, je me demandai ce que je devais faire. Déjà les assaillants nous rattrapaient. Dans un réflexe, j'en poignardai un dans les côtes et il s'effondra au sol. Puis, j'entendis qu'ils avaient trouvé le tireur. C'était amusant selon lui. Je ne voyais pas trop pourquoi. Mais le tireur ne tirait plus, il devait être en mauvaise posture. Et lui au moins essayait de nous sauver la vie. Après une réflexion de quelques instants, je me mis à courir vers la position du tireur, laissant l'autre fille se débrouiller toute seule. Si elle voulait mourir, tant pis pour elle, j'allais aider celui qui nous aidait depuis tout à l'heure.

Arrivée à proximité, j'analysai la situation et découvris avec étonnement que celle qui essayait de nous sauver était Dalia. Sans blague ? Si on me l'avait dit, je n'y aurais jamais cru ! Dalia qui essayait de me garder en vie ? Elle aurait sans doute tout donné pour que je crève ici dans d'atroces souffrances. Elle me détestait depuis le début alors que je ne lui avais rien fait ! Mais soit, il fallait agir vite. Elle ne parvenait pas à faire lâcher son adversaire et était sans défense. Il ne m'avait pas repérée. Dans un geste sans doute un peu fou, je courus vers lui et lui sautai au cou, m'accrochant de toutes mes forces. Il se releva pour tenter de me faire lâcher la dague que j'essayais quant à moi d'enfoncer dans sa gorge. Par réflexe, car je n'avais encore jamais tué personne et je préférais ne pas tester cette sensation dans l'immédiat.

- Vas-y Dalia ! criai-je en direction de la Vipère afin qu'elle reprenne possession de son arme et m'aide à me dépêtrer de cet homme.

hj:

Malgré tous ses efforts, Dalia ne parvint pas à se libérer de l'emprise du Libre. Mais elle reçut l'aide de quelqu'un d'autre. Elle ne vit pas la troisième personne arriver mais sentit soudainement que son agresseur relâchait ses bras pour crier de nouveau. Juste avant que la blonde ait le temps de se retourner, elle entendit un cri d'encouragement qui la fit frissonner de dégoût. La bleue. C'était elle. La Tireuse siffla tout en récupérant son arme. Elle acceptait difficilement l'idée d'avoir été sauvée à son tour par Angelica mais il fallait d'abord qu'elles se débarrassent de leurs adversaires avant de s'expliquer.

Elle rechargea sa petit arbalète avec le seul carreau qu'il lui restait et abattit l'homme qui se débattait encore avec la jeune membre. La flèche avait effleuré le visage d'Angie. Dalia s'approcha du corps et reprit immédiatement son carreau. Elle ne voulait pas employer son revolver maintenant et préférait conserver la dernière munition silencieuse qu'il lui restait. Elle lança un regard noir à Angelica, ressentant soudainement l'envie de la trucider. Si tout ça était arrivé, c'était de sa faute. Elle s'avança vers elle et la plaqua contre le mur le plus proche en serrant les dents.

Maintenant tu dégages de là. J'ai pas envie de t'avoir dans les pattes pour achever le travail. Elle relâcha violemment son emprise et tourna les talons. On reparlera de tout ça avec Nora.

Une fois arrivée dans la zone où l'agression avait débutée, elle constata qu'il n'y avait plus personne.

La folle-dingue a fini par déguerpir. Murmura-t-elle presque pour elle-même. Elle constata qu'il manquait toujours des Libres parmi les cadavres. Ils n'étaient pas tous morts. Elle se tourna alors vers Angie et lui lança :Il en reste combien?

Il était dangereux de se lancer dans une traque sans connaître exactement le nombre de ses adversaires.

Alors que je tentais de maintenir l'homme loin de Dalia pendant qu'il se débattait pour se débarrasser de moi, la Vipère le tua d'un carreau bien placé qui ne manqua pas d'effleurer mon visage. J'avais eu chaud. En plus, venant de la Tireuse d'élite, je ne doutais pas qu'elle avait certainement fait exprès de me frôler ! Je lui rendis son regard noir sans me faire prier, mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle me plaque contre le mur le plus proche pour me dire de dégager car je la gênais. Si elle voulait la guerre, elle allait l'avoir ! Mon sang ne fit qu'un tour mais elle m'avait déjà relâchée et s'éloignait de moi, m'affirmant qu'on en reparlerait avec Nora.

Je fus plutôt soufflée par le fait qu'elle s'en aille comme si de rien n'était après m'avoir menacée. Je restais là quelques instants avant de la rejoindre rapidement. Il n'y avait plus personne en bas, et l'autre fille avait disparu. Pour Dalia, elle avait déguerpi. Mais elle aurait pu se faire enlever par les hommes. En même temps, elle l'avait cherché, je n'allais pas la plaindre. Mais bon, j'avais quand même essayé de la sauver, j'avais l'impression d'avoir fait ça pour rien. Dalia me demanda alors combien il en restait. Je me tournai vers elle, sortie de mes pensées par sa voix si désagréable.

- Euh... je ne sais pas exactement. Au début ils n'étaient que deux, puis trois, puis quatre... Si ça se trouve, ils sont dix ! Ou vingt !

J'exagérais sans doute un peu, mais bon.

- Mais si je me souviens bien, en comptant tous ceux qui sont morts, il doit en rester deux. Ou peut-être trois, estimai-je en regardant autour de moi. Tout s'était passé si vite que je ne m'étais pas amusée à compter nos agresseurs.

Dalia était sur ses gardes. Elle ignorait s'il restait des Libres dans le coin et si c'était le cas, ils allaient passer un sale quart d'heure. Angelica, quant à elle, ne protesta pas quant à l'agression physique qu'elle venait de subir. Et lorsque la Tireuse lui posa une question, la recrue répondit avec une précision digne d'une enfant de trois ans. Dalia soupira. Ce n'était pas la bleue qui allait l'aider à connaître le nombre restant de leurs ennemis. Elle s'avança alors vers le pan de mur le plus proche en vue de l'escalader. Juste au moment où elle s'apprêtait à bondir, la brune - qui s'était comporté en véritable boulet pendant toute l'agression - surgit de nulle part pour leur annoncer qu'il ne restait qu'un seul homme. Elle émit ensuite l'hypothèse que ce dernier avait fui, ce qui semblait logique. Seul, il n'avait aucune chance.

Lorsque Dalia se retrouva face à l'étrangère qui l'avait mise indirectement en danger, son sang ne fit qu'un tour. Elle se dirigea d'un pas déterminé vers elle, le regard dur et la saisi violemment par le col.

Toi! Qu'est-ce que tu m'as foutu bon sang? Maintenant qu'ils sont partis, tu reviens comme si rien ne s'était passé? Mais j'te rappelle qu'on a toutes failli crever à cause de toi! Si tu veux te tuer, poignarde-toi, prends du poison ou jette-toi dans une crevasse, mais n'entraîne pas deux personnes avec toi! Elle la relâcha brusquement avant de poursuivre.  Les faibles méritent tous de crever, et t'en fais partie.

Elle se calma, tentant de reprendre sa respiration. Voir cette fille se soumettre face à ces brutes avait quelque chose de tragique et de révoltant. Dalia ne pouvait supporter ce spectacle. Cette fille aurait pu se défendre pour leur échapper, mais elle n'avait rien fait. Rien du tout. La blonde, elle, n'avait pas eu l'opportunité de se défendre, quatre ans plus tôt quand ces imbéciles de Dragons l'avaient tabassée puis violée. Et le pire, c'était qu'elle venait de se mettre en danger pour la sauver. Cette plaie ne méritait que des claques.

La fille bizarre réapparut en affirmant en avoir tué un. Elle s'était réveillée, waow ! Selon elle, il ne devait en rester qu'un à tout casser. Du coup, si elle en avait tué un et qu'il en restait un, j'avais bien compté, en fait ! Alors que j'étais plutôt fière de moi rien que pour ce détail, Dalia s'approcha d'elle, énervée. Elle lui fit subir le même sort que moi quelques instants auparavant. Elle lui demanda ce qu'elle avait foutu et s'acharna sur son comportement déplorable. C'est vrai qu'elle avait quand même failli nous faire tuer... Enfin, surtout moi au début, vu que j'avais essayé de la tirer en dehors de tout ça. Et Dalia aussi, après, elle qui nous était venue en aide. La Vipère termina son discours en la traitant de faible et en lui disant qu'elle méritait juste de crever. Si sa petite réprimande m'avait légèrement amusée à cause de la situation (elle venait aussi de s'énerver sur moi), sa menace me plut moins. Faisant la moue, j'hésitai un instant à intervenir : était-ce bien sage de défendre une inconnue face à la Tireuse d'élite de mon clan, c'est-à-dire une supérieure ? Et puis, moi aussi j'avais été mise en danger à cause d'elle ! Finalement, je décidai de rester plus neutre, et je m'adressai à elle beaucoup plus calmement que Dalia.

- Tu viens de quel clan, au fait ? Et tu t'appelles comment ? lui demandai-je de manière plus pragmatique. J'avais misé sur la sécurité tout en changeant discrètement de sujet.