Where Music and Rocks meet
feat. Dryss, Kiran & Lorolei

Jour X

Chanson :

Rien ne commence mieux ma journée que de jouer une pièce de violon. Comme à habitude, je choisis le parc pour jouer ma chanson. Je commence cependant par chanter le début de la mélodie avec ma voix. Je vois les têtes se tourner vers moi alors qu'on me remarque. Lorsque je le vois assez curieux, je sors mon instrument adoré.

Mon violon dans une main et l'archet dans l'autre, j'arme mes lèvres d'un sourire et je partage avec eux ma mélodie le plus récente. Dansant en même temps que je joue, je laisse la beauté de la musique m'emporter et je porte que très peu d'attention à la foule qui s'amasse lentement mais surement autour de moi.

Je ne peux pas m'empêcher de remarquer lorsqu'une personne se joint à moi pour venir rajouter à ma mélodie le son de son propre intrusment. Mon sourire s'agrandit, s'étirant même jusqu'à mon regard. Tout va à merveille et cette journée ne peut qu'aller mieux, n’est-ce pas? Certes je ne suis pas complètement timbrée, je sais que ma musique ne plait pas nécessairement à tout le monde, mais je n'ai jamais vraiment eu de problème à ce niveau, du moins rien de violent ou qui aurait mis ma vie en jeu ou autre. Enfin, sauf pour Dalia qui je suis certaine ne raterait pas l'occasion de me prendre mon seul bien.

Comme je disais, je n'ai jamais vraiment eu de problème grave à ce niveau, des menaces, certes, mais rien de majeur. J'étais donc loin de me douter que dans la foule se trouvait quelqu'un prêt à me lancer des pierres à cause de ma musique.

Si aujourd’hui encore j’aurais voulus m’échapper, j’avais été happé par mon père malgré moi. J’étais sensé aller bosser, mais il m’avait d’abord réquisitionné pour aller chercher deux-trois bricoles au Centre Neutre. Mais je comptais bien en profiter un peu tout de même. En effet, le parc était un endroit plutôt sympa pour rouler tranquillement. Pourtant, il semblait aujourd’hui que les lieux n’étaient pas aussi tranquilles que d’habitude. En effet, une musique étrange les parcourait, et un petit attroupement indiquait assez facilement d’où elle provenait. Me frayant un passage, souriant jusqu’aux oreilles, je me laissais emporter par le son de cet étrange instrument que tenait une demoiselle. Sa musique au rythme endiablée me gagnait avec une facilité pas très étonnante, et sans m’en rendre compte je l’avais rejoint avec mon harmonica, synchronisant mes notes aux siennes alors que je ne connaissais même pas cet air. La fille dansait tout en jouant, et moi je profitais simplement de cet instant magique. Malheureusement, les instant comme celui-ci ne semblent pas avoir leur place dans cette ville, mais j’étais à mille lieux de m’imaginer à quel point…

Dryss ne s'aventurait que rarement dans le centre neutre. La crainte de croiser un Dragon le forçait à éviter les zones où ces derniers pouvaient se rendre. Il y avait pourtant des jours où il était bien obligé de parcourir cet espace où se côtoyaient Libres, Soumis et membres de tous clans : lorsqu'il allait voir Samuel, ou lorsqu'on lui demandait d'aller chercher quelques chose au centre hospitalier, comme c'était le cas aujourd'hui. Il décida de repasser par le parc qui d'ordinaire était peu fréquenté. Mais au milieu des carcasses d'arbres desséchés, il remarqua bien vite qu'un petit attroupement s'était formé. Il pensa d'abord que quelque chose s'était produit, comme une bagarre, mais un son mélodieux lui parvint bien vite aux oreilles.

De la musique. Il n'avait que très rarement l'occasion d'en entendre. Les instruments n'existaient presque plus et étaient rarissimes, tout comme les personnes capables d'en jouer. L'espion adorait écouter ces rythmes ou ces mélodies quelles qu'elles soient et comptait bien profiter de cet événement pour se changer les idées. La petite foule qui s'amassait autour de la musicienne avait l'air enjouée, certains se mettaient à gesticuler en rythme avec la musique, et l'espion comprenait cette envie de bouger. La mélodie était assez rythmée et plutôt entraînante. Mais il restait pour sa part fixe et gardait un air assez neutre, bien qu'un léger sourire vint éclairer son expression d'ordinaire sombre.

Quelqu'un s'approcha de la musicienne : un jeune homme qui ne devait pas avoir plus de 17 ou 18 ans. Dryss reconnut sans mal Kiran, un jeune Jaguar qu'il ne connaissait que de vue. L'adolescent était assez reconnaissable car il se déplaçait souvent avec une planche à roulettes. Il dégaina son harmonica et se joignit à la brune, qui l'accueillit avec un plaisir évident. Dryss ignorait que Kiran possédait un tel talent. Il continua à écouter la musique quelques instants, lorsque quelqu'un non loin de lui montra des signes d'agitation. La musique semblait lui taper sur le système. Apparemment, c'était un Libre qui voulait partir. Mais il était avec une deuxième personne qui elle, insistait pour rester. Finissant par perdre patience, le Libre se saisit d'une pierre de taille moyenne, assez grosse pour blesser quelqu'un. L'espion se raidit et tenta de s'approcher. Mais le Libre parvint à lancer la pierre avant qu'il ne l'atteigne.

L'espion eut juste le temps de crier, espérant de la sorte que les deux musiciens esquiveraient le projectile :

Attention!

Tout allait si bien, voire un peu trop bien. Je me doutais que les choses ne continueraient pas d'aller aussi bien. Impossible! Soudain, quelqu'un cri de faire attention. Je m'arrête de jouer, mais ma myopie m'empêche de voir le projectile qui se dirige vers moi assez rapidement. Il me heurte au-dessus de la paupière.

« Aïe! »  lâchais-je en laissant tomber ce que j'avais dans les mains.

Fermant les yeux, je pose ma main sur mon oeil, le bout de mes doigts trouvant l'endroit précis ou la pierre m'a frappé. Je soupire de soulagement. Je n'ai beau pas être experte en médecine, mais au moins mon oeil n'a pas été touché, ce qui veut dire que ce ne doit pas être grave. Cela dit, c'est douloureux. Ouvrant doucement les yeux, je rabaisse ma main pour constater le peu de sanf au bout de mes doigts.

Qui à lancé la première pierre? Pourquoi? Je grimace avant de me pencher pour récupérer mon instrument et mon archet. Mettant un genou par terre, je les remets dans leur étui. Tout d'un coup je n'ai plus envie de jouer et la douleur ne fait rien pour arranger mon moral. J'ignore à quel point la plaie saigne. Je lève les yeux, cherchant à trouver le coupable dans la foule. J'ai un mal de crâne et j'ai l'impression que le monde se met à tourner. Par réflexe, je porte ma main sur ma tête, là où m'a frappée la pierre, en fermant les yeux.

Alors que je me laisse entraîner par la musique, un cri retentit, disant de faire attention. La fille s'arrête aussitôt de jouer, et j'en fais de même, juste à temps pour voir une pierre lui atterrir sur la tempe. Je fusille alors la foule du regard, essayant de repérer l'imbécile qui n'a rien trouver de mieux que de blesser une fille qui n'avait rien fait de mal. Si en temps normale j'aurai passé mon chemin, j'avais pris cette attaque comme me visant également, j'en faisais donc une affaire personnelle. La musicienne quant-à elle se contenta de ranger son instrument, la tempe en sang.

Quel est le con qui à fait ça ?! Je jure qu'il va le payer.

Je repérais alors un gars qui se détacha du groupe pour s'éloigner en vitesse. Me frayant un chemin sans ménagement parmi les quelques personnes présentes, je m'empressais de le rattraper et de lui balancer un coup de poing. Je le forçais ensuite à se relever – costaud pour lancer des pierres, mais chiffe molle pour se défendre en face à face -  et l'amenais près de la fille, qui ne semblait pas très bien.

T'as intérêt à t'excuser auprès de la dame ! C'est pas parce que t'es trop con pour apprécier la musique que tu peux te permettre de balancer des trucs sur le gens.

S'il m'avait mit en colère ? Pas du tout... Je n'étais déjà pas de super humeur de base, mais alors être interrompu de la sorte pendant que je joue, ça vaut bien le fait de m'enlever mon instrument de la bouche sur le coup.

Le cri de l'espion eut au moins pour effet d'attirer l'attention des deux musiciens, mais ceux-ci n'eurent pas le temps d'éviter le projectile qui finit par heurter violemment la violoniste. La foule s'agita et l'ancien tenta de la rejoindre. La musicienne pouvait être gravement blessée et il voulait s'assurer que ce n'était pas le cas. Les badauds restèrent pour la plupart pantois. Certains décidèrent de partir, redoutant sans doute qu'une bagarre n'éclate. D'autres en revanche, tentèrent de s'approcher du lieu de l'agression pour voir si la jeune femme était blessée, voire pire. Avec une roche de cette taille, on pouvait aisément briser le crâne de quelqu'un.

L'espion parvint finalement à se frayer un chemin dans la foule et rejoignit la brune qui venait de ranger son instrument. Elle se releva et sembla perdre connaissance : elle leva les yeux, tituba et ferma soudainement les paupières. Il n'en fallut pas plus pour que le Jaguar s'avance afin de la retenir par les épaules.

Il la soutint comme il le put et tenta de la raisonner : Ca va? Tu m'entends?

Il la secoua légèrement afin de voir si elle était toujours consciente et constata avec soulagement que sa blessure n'était que superficielle. Mais elle saignait tout de même abondamment, et le choc pouvait avoir causé des dégâts internes.

Dryss leva ensuite les yeux vers Kiran qui s'était chargé de ramener le coupable. Il ordonna au Libre de s'excuser, mais n'avait pas vu qu'un petit groupe s'était formé derrière lui : les Libres se déplaçaient rarement seuls et visiblement, ses copains s'étaient invités à la fête. Ils affichaient un air menaçant qui ne disait rien de bon à l'ancien.

Ta gueule, lâche-moi! Maugréa le Libre en se débattant.

Kiran, ça ne sert à rien, laisse-le partir.

Il pointa du menton l'attroupement qui s'approchait petit à petit du Soumis. Si un affrontement devait éclater ici même, il serait en leur défaveur et de simples excuses ne répareraient pas le mal qui venait d'être commis, de toute façon.

Je ne me sentais pas bien, et je devinai que cela doit paraitre sur mon visage puisqu'un homme s'approcha de moi. Sa voix parvint à mes oreilles, mais j'eus du mal à en distinguer les mots. Je grimaçai de douleur et je pris appui sur lui par réflexe. J'ignorer si j'allais m'évanouir ou si la douleur se dissiperait, mais je ne voulais pas me faire plus mal en tombant. Il me secoua, ce qui me fit froncer les sourcils en repoussant la douleur pour ouvrir les yeux, ma main toujours sur mon front.

Génial! Un homme me portait maintenant secours. Je n'avais pas besoin de ça et si j'avais eu la force de me redresser et de le repousser, je l'aurais fait. En même temps, l'étranger aurait avoir pu décider de passer son chemin. J'entendis alors une seconde voix. Quoi? Deux hommes? Non, mais j'avais tout vu. Deux hommes me défendaient? Je levai la tête en direction de la seconde voix. Mon regard trouva le jeune homme qui était venu jouer de son instrument avec moi. Un léger sourire se posa sur mes lèvres, me faisant oublier momentanément ma douleur. J'ignorais quel était l'instrument qu'il avait joué, mais j'avais tant de questions. J'avais l'intention de les lui poser après avoir terminé de jouer. Je grimaçai de nouveau alors que la douleur me revint à l'esprit.

Le musicien avait ramené avec lui celui que je devinai était le coupable. Ce dernier demanda qu'on le lâche. La colère me prit soudainement. Ce salaud avait osé me lancer une pierre. J'allais le défigurer ce salopard! C'est alors que Le premier homme demanda à Kiran de le lâcher. Je tournai la tête vers lui un peu trop rapidement, ce qui me causa un mal nouveau mal de crâne qui me fit grimacer. Je suivis du regard la direction qu'il avait désignée du menton et je déduis que la masse qui semblait avancer vers nous était un groupe de personne ayant l'intention de venir porter secours à leur ami.

Bien que je n'aimais pas l'idée de perdre la chance de défoncer le crâne du Libre, je n'avais pas envie de finir en boulot non plus par l'autre groupe. Je n'avais aucune chance de survivre avec le peu de connaissance en combat que j'avais, sans parler de ma vision. Je me tournai vers Kiran, rabaissai ma main et me redressai pour tenter de montrer que j'allais bien. Je n'avais pas envie de perdre mon appui, mais je ne voulais pas passer pour une faible non plus. Forçant un sourire sur mes lèvres j'appuyai l'avis du premier :

« Laisse le partir. Je lui enfoncerai le crâne la prochaine fois. »  Je regardai le Libre et mon regard s'assombrit de colère furieuse. « En fait, il n'y aurait pas de prochaine fois, n'est-ce pas? »

Si mon regard avait lancé des dagues, il serait mort mille fois plutôt qu'une. Je me doutais qu'il ne tique, mais j'espère tout de même qu'il ne recommencerait pas. Peut-être pourrait lui mettre Dallia sur le dos, d'une manière ou d'une autre. Elle saurait se débarrasser de lui. Bien sûr, elle refuserait de m'aider, elle aurait préféré me torturer plutôt qu'autre chose, mais si je laissais croire qu'il m'était cher...?

Je réussis à tenir debout jusqu'à ce que l'homme soit parti. Mes genoux tremblaient cependant. Je craignais qu'ils ne cèdent à tout moment. J'avais besoin de partir, je ne pouvais pas tomber ainsi devant deux hommes.

« Merci beaucoup pour votre aide, mais je crois que je vais retourner chez m-- »  et c'est le moment que choisirent mes genoux pour céder.

L'abrutit se débattit pour se libérer en m’enjoignant de me la fermer, ce qui n'arrangea pas son cas déjà bien chargé. Je m'apprêtait à lui balancer un nouveau coup de poing lorsque Dryss prit la parole. Il me demandait de le laisser partir, rien que ça ? Je tournais les yeux vers le groupe de Libre qui commençait à nous encercler et revins sur le lanceur avec un regard assassin. Mais cette fois ce fut la fille qui prit la parole, insistant sur la demande de l'Ancien. Le regard qu'elle lança au Libre m'arracha un sourire mauvais, et je lui envoyais un coup de poing dans l'estomac avant de le lâcher et de le repousser. Plier en deux, il s'écarta jusqu'à rejoindre son groupe qui partit avec lui. La brune nous remercia alors de notre avant de s'écrouler. Dryss était proche d'elle, il pouvait donc s'en occuper. Pour ma part, je levais les yeux au ciel et me détournais, juste à temps pour voir un nouveau projectile que je détournais de la main par réflexe. Les Libres étaient revenu, le lanceur tenant fermement une pierre avec un sourire qui n'annonçait rien de bon.

Vous n'espériez quand même pas vous débarrasser de nous aussi facilement, enfoiré. A deux contre six, vous êtes morts.

Génial, des Libres qui faisaient de l'excès de zèle en zone neutre. Me tournant vers Dryss et la fille, je m'adressait à lui sans faire attention au groupe qui semblait attendre une réaction, visiblement pas aussi chauds que ça de se battre malgré leurs dires.

Bon, c'est toi l'Ancien ici, donc qu'est-ce qu'on fait ? Parce que bon, je doute fort que t'accepte d'abandonner la demoiselle ici, mais je nous vois mal à deux contre six en effet, même six abrutis inconscients.

La jeune femme n'était pas inconsciente, juste un peu sonnée. Du moins, c'était ce que l'Ancien pensait. Elle ouvrit les yeux et comprit ce qu'il était en train de se passer. Malgré tout, elle semblait avoir besoin d'un appui pour rester debout et Dryss l'aida à se maintenir correctement. La brune appuya alors sa demande : mieux valait laisser filer ce gredin plutôt que de chercher une vengeance inutile. Ils seraient en sous-nombre, de toute façon. Combattre serait trop risqué. Kiran lâcha le Libre avec une certaine amertume, non sans lui balancer un coup de poing inutile dans l'estomac. L'Ancien ne dit rien quant à ce comportement immature, se tournant à nouveau vers la brune qui était parvenue à se relever momentanément. Celle-ci remercia les deux Jaguars pour leur aide mais avant qu'elle ne puisse achever sa phrase, elle s'effondra à nouveau et l'Ancien, une fois de plus, la réceptionna sans grande délicatesse. Il n'était pas très doué pour ça.

Il faut la conduire à l'hôpital.

Il n'était pas normal qu'elle perde à nouveau connaissance. La blessure devait être plus grave que ce que le Jaguar s'était imaginé. C'est alors que Kiran dévia un projectile lancé dans leur direction. Dryss grommela : il fallait que ces imbéciles de Libres reviennent à la charge alors qu'il n'y avait aucune raison de se battre. Kiran se tourna vers lui, cherchant un conseil. Dryss avait de l'expérience mais pourtant certaines situations le laissaient indécis, et c'était le cas de celle-ci. Alors il réfléchit quelques secondes. Il décida d'étendre la jeune femme sur une pierre longiligne située derrière eux et se tourna ensuite vers le petit groupe d'agresseurs, prenant place aux côtés de son cadet.

Se battre est inutile. Vous avez déjà agressé cette fille sans raison. Inutile d'en rajouter. Vous avez l'avantage numérique, mais nous sommes tous membres de clan. Il ne savait si c'était le cas de la brune, mais autant bluffer. Sachez que si vous vous en prenez encore à nous il y aura des représailles.

Une personne censée aurait renoncé au combat. Ces libres devaient avoir un minimum de jugeote, alors autant qu'ils s'en servent et vite.

Je n’eus pas conscience de ce qui fit le jeune homme a propos du lanceur de pierre, mais j’espérais qu’il le laissa partir. Heureusement, au moment ou mes genoux cedèrent, le plus vieux me rattrapa. Je notai mentalement de ne pas lui enlever de point pour le manque de délicattesse lorsqu’il m’eut rattraper. J’étais reconnaissante qu’il est bien voulu me donner un coup de main. Il faut la conduire à l'hôpital. L’idée n’était certainement pas mauvaise. Incapable de regarder le tout moi-même, il faudrait bien que quelqu’un d’autre l’examine. J’ignorais la gravité de la blessure, mais j’aimerais bien en avoir le coeur nette. Juste lorsque je crus que tout cela était terminer, les Libres eut en avaient clairement choisi autrement. Vous n'espériez quand même pas vous débarrasser de nous aussi facilement, enfoiré. A deux contre six, vous êtes morts. Le tout m’arracha un soupir de frustration. Ça prenait vraiment un homme pour dire des conneries pareils. Je n’avais pas vraiment envie de servir de repas à ces enragés. en même temps, je n’avais pas tellement la possibilité de me défendre vu mon état actuel.

Bon, c'est toi l'Ancien ici, donc qu'est-ce qu'on fait ? Parce que bon, je doute fort que t'accepte d'abandonner la demoiselle ici, mais je nous vois mal à deux contre six en effet, même six abrutis inconscients. lança le plus jeune, parlant comme si je n’étais pas là. Ce simple fait m’enragea aussitôt. Parce que de m’abandonner ici était une option peut-être? Mais j’étais presque touchée de constater ce fait. Levant la tête, je retins une grimace de douleur. J’avais un mal de crâne incroyable, mais ma vision ne semblait pas plus embrouillé que d’habitude. Je sais bien que ma vision n’est pas la meilleure, mais j’arrive souvent à deviner les contours de ce qui est très loin de moi.

Alors que j’essaie de rassembler les mille et un morçeau de mon esprit que la pierre semble avoir fracasser, l’autre prends à son tour la parole : Se battre est inutile. Vous avez déjà agressé cette fille sans raison. Inutile d'en rajouter. Vous avez l'avantage numérique, mais nous sommes tous membres de clan.Sachez que si vous vous en prenez encore à nous il y aura des représailles. Sur ce coup-là, j’ai presque envie d’éclater de rire, mais je ne fais rien. Il croit sérieusement qu’ils vont simplement rebrousser le chemin tout bonnement juste parce qu’on leur dit qu’on est des membres de clans. Mon regard se pose sur celui qui vient de parler alors que mon visage est vide d’expression. Il est tombé sur la tête celui-là ou quoi? Je serais pas étonnée qu’il soit du clan des déplumés.

« Ça sera pas aussi facile que ça. » marmonnais-je pour que seul lui m’entende.

Mon regard retourner alors sur le groupe de Libre devant nous. Ça prendrait bien quelque chose ou quelqu’un pour les distraires ou encore ça n’en prendrait un pour faire changer les autres d’avis. M’aidant de celui près de moi, je me redresse tant bien que mal sur mes jambes, mon regard cherchant à trouver la faille dans le groupe. Je suis peut-être trop loin pour voir leurs visages clairement, mais je sais qu’à les observer je trouverai le maillon faible de la chaine. Et comme je croyais ne rien trouver, je remarque l’un d’eux semble vibrer. C’est presque imperceptible. Au départ j’attribuais cela à ma blessure sur la tempe, mais là je crois voir autrechose.

« Toi, oui toi en retrait. » lançais-je en le regardant directement. « T’étais pas supposer les garder en retrait tes amis? Putain mec, t’as la cervelle en compote ou quoi? » mentis-je, jouant la fille exaspéré. « Je suis désolé, mais si t’avais pas merdre comme ça, je n’aurais jamais été tenter de défaire ta couverture, mais la mec, tu l’as voulu. » lançais-je. « Je te donne une dernière poussin, si tu veux pas que je leur dise avec qui tu te ranges vraiment, et donc si tu veux t’éviter de te faire donner la pire racler de ta vie par tes camarades ici présent, va falloir que tu tiennes parole. »

Le bluff et le mensonge. Comme j’avais l’habitude d’étudier le comportement des gens, j’arrivais à maitriser le moindre tic chez moi. En parlant, j’avais fait un pas vers eux, cherchant à les voir un peu mieux, sans touetefois m’approcher trop d’eux. Je voulais pouvoir voir le doute se former dans leur regard. Comme prévu, lorsque je commençai mon discours parfaitement croyable, ils s’étaient tourner vers celui à qui je m’étais addressée. Je retins un sourire amusé de se poindre sur mes lèvres et posai les mains sur les hanches.

« Ohh… Je crois que tes amis sont pas content. Écouter les mecs, depuis quelques mois, votre petit ami ici fournit des informations aux différents clans sur vos déplacements. Vous êtes sur la liste de tête à coupés alors si j’étais vous, je filerais. »

“Comment tu peux savoir ça? » demanda l’un d’eux qui visiblement semblait sceptique.

« Parce que mes amis et moi ici présent sommes la distraction. » répondis-je. « J’allais pas vous le dire, mais ils vont arriver par derrière vous. Si vous vous tournez et vous marcher droit devant vous, vous aller les croisés. » ajoutais-je. Cette fois-ci, je ponctuais la suite de ma réponse d’un sourire amusée. « Si j’étais vous je partirais tout de suite, ça vous donnera une longueur d’avance pour sauvé votre peau. » ajoutais-je.

J’espèrais en avoir assez dit pour les faire partir, dans le pire des cas, on allait tous se faire tabasser. Je gardai le menton levé, ignorant le sang qui coulait le long de ma tête, cherchant à penser à autrechose. J’avais besoin d’aller à l’hôpital, je le savais, mais pour cela, il fallait qu’on puisse passer sans se faire rouer de coup. Je sentais déjà mes genoux trembler et menacer de cèder. Je faisais donc de mon mieux pour ne rien laisser paraitre.

L'Ancien annonça qu'il fallait amener la jeune femme au Centre Hospitalier. Je soupirais. Même si j'avais eu envie de les aider, on était un peu dans la merde là. Heureusement, Dryss était plus diplomate que moi, et il essaya de raisonner le groupe de Libres hostiles. Pour le coup d'être Membre, je me retins de lui couler un regard en coin. J'étais pas Membre moi, fallait pas confondre non plus...

C'est alors que la fille intervint à son tour, et il me fallut quelques secondes pour comprendre où elle voulait en venir. Elle tentais de semer le trouble dans le groupe, d'une façon assez subtil il fallait bien l'avouer. Donnant un coup au bord de ma planche pour la reprendre en main, j'observais la scène avec une certaine attention. J'allais même jusqu'à jeter un coup d’œil derrière eux, comme si je cherchais quelqu'un des yeux, et plusieurs se retournèrent, ce qui m'arrache un petit sourire moqueur. Finalement, je décidais d'entrer dans son jeu et me tournais vers la brune en prenant un air faussement déçus.

Non mais tu gère pas là, ce n'est pas drôle si tu vend la mèche.

Le mec que j'avais frappé sembla hésité un instant, passant son regard sur chacun de nous.

C'est du bluff...

Tu veux prendre le risque ?

Il tiqua, resta sur place encore quelques instant puis recula doucement, indiquant aux autres de le suivre et non sans avoir annoncé un « On en a pas fini », puis parti en courant. Je ne pu retenir un petit rire sec avant de me tourner de nouveau vers la jeune femme.

Quel coup de génie, tu m'impressionnes.

Bon, il y avait clairement une pointe de sarcasme dans mes paroles, mais elles restaient assez sincère malgré tout...

Comme il le redoutait, les Libres ne cédèrent pas face à ses menaces. Pourtant, elles étaient bien réelles. Lui et Kiran n'étaient pas membres à proprement parler, mais ils appartenaient à un clan qui se serait vengé sans hésitation s'il leur arrivait quelque chose. Malheureusement, ces types n'avaient rien de censé et les paroles sages de l'ancien n'eurent aucun effet sur eux. La jeune femme releva faiblement la tête dans sa direction et lui murmura que les choses ne s'arrangeraient pas aussi facilement. Dryss serra les dents tout en la laissant derrière lui et posa une main tremblante sur ses saïs. Il n'aurait aucun mal à en maîtriser plusieurs, mais combien exactement? Et serait-il seulement parvenu à les écarter sans leur porter de coup fatal? Rien n'était moins sûr. L'idée d'intenter à la vie de quelqu'un l'angoissa quelques secondes mais ce fut avant que la brune ne se dresse à ses côtés pour s'adresser directement au groupe d'agresseurs.

Dryss fixa les Libres sans ciller. Il comprit presque immédiatement où cette fille voulait en venir. C'était un coup risqué, mais si ça marchait, ils auraient tous la vie sauf grâce à elle. Kiran alla même dans son sens, tentant de rendre les choses plus crédible. L'Ancien, n'étant pas vraiment un excellent menteur, décida de se taire. Lorsque enfin les Libres décampèrent, Dryss ne put retenir un soupir de soulagement. Il se tourna alors vers la jeune femme qui se tenait toujours à ses côtés.

C'était bien joué. On a évité le pire grâce à toi. Merci.

Il accompagna ses remerciements d'un sourire sincère mais pâlit lorsqu'il observa tout ce sang qui traçait un sillon sur les joues de la brune, sa mâchoire légèrement tremblante... Elle n'allait pas très bien, même si elle essayait de le cacher, c'était évident.

Je pense que maintenant, il vaudrait mieux aller à l'hôpital. Je peux t'y conduire si tu veux.

Il se tourna alors vers Kiran avec un regard interrogateur. Dryss aurait préféré que le jeune homme les accompagne en cas de problèmes mais ne voulait pas le forcer à venir avec eux. Kiran n'était pas encore membre et il valait peut-être mieux qu'il rentre pour éviter les soucis.

Je ne m’étais pas attendu à ce qu’un des deux hommes ne m’appuie dans mon mensonge, mais je fus cependant heureuse d’entendre la voix de l’un d’eux alors qu’il renforçait mes dires en s’addressant d’abord à moi : Non mais tu gère pas là, ce n'est pas drôle si tu vend la mèche. En guise de réponse, je lui eu jeter un coup d’oeil rapide en haussant les épuales d’un air faussement navré. Mon regard avait ensuite retrouvé le maillon faible du groupe. L’un des Libres semblaient ne pas le croire, je le vis avant même qu’il n’ouvre la parole : C'est du bluff... Alors que j’allais répondre, le plus jeune intervint à ma place. Tu veux prendre le risque ? lui demanda-t-il. Je me retins de sourire, ravie de savoir qu’il avait bien comprit ce que j’avais tenter de faire. Mon regard continuait cependant de regarder les Libres, cherchant à déceler le moindre signe qui indiquerait qu’il faudrait se replier, mais je ne vis rien. Je ne me détendis que lorsque le groupe finit par décider de rebrousser le chemin.

Quel coup de génie, tu m'impressionnes. me dit-il après avoir rit probablement par soulagement. Je choisi de faire fit de la pointe de sarcasme dans sa voix et portant une main à ma tête, je fermai les yeux. La voix du second homme intervint à son tour : C'était bien joué. On a évité le pire grâce à toi. Merci. Je me forçai à ouvrir les yeux avant de tourner doucement la tête vers lui.

« Je n’avais ni envie d’être laissé derrière en chair à patée, » commençais-je en jetant un coup d’oeil rapide au plus jeune, « Ni l’envie de vous voir vous faire tabassez pour ma défense. » terminais-je en regardant à nouveau celui plus près de moi.

J’étais sincère. Et puis mentir avait toujours un peu été mon point fort. En le regardant, je ne remarquait pas que le jeune homme semblait avoir palit. Je pense que maintenant, il vaudrait mieux aller à l'hôpital. Je peux t'y conduire si tu veux. me proposa-t-il. j’hésitai. Je n’avais pas tellement d’être accompagner par un étranger dont j’ignorais le nom jusqu’à l’hôpital. Cela dit, à ce niveau là, il n’y avait pas vingt-quatre mille façon de le résoudre. Me suffisait de lui demander.

« Je m’appelle Katherine. » mentais-je leur jettant un coup d’oeil à tour de rôle avant de reprendre au moment ou mon regard se posait à nouveau vers le plus tranquille. « Je vais en effet passer à l’hôpital. Si tu veux m’accompagner, je ne refuserais pas, je l’avoue. Je n’ai pas tellement envie d’avoir a affronter les Libres seule et dans cet état. » expliquais-je.

‘Beau mensonge!’ me félicitais-je intérieurement en me retenant de trop sourire. Le plus vieux me semblait tout à fait capable de tenir à carreau quelques hommes alors que l’autre était un peu trop impulsif, de ce que j’avais pu déceler. Cela dit, je me tournai vers lui aussi, forçant un sourire à mes lèvres alors que je peinais à rester debout.

« Tu peux venir aussi si tu y tiens toi aussi, mais rien ne t’en oblige si tu ne veux pas. » lui dis-je.

La fille ne semblait vraiment pas aller bien. Ce n'était qu'un petit coup à la tête pourtant. Lorsque Dryss réitéra l'idée de l’emmenée à l’hôpital en me lançant un regard interrogateur, je fis mine de ne pas comprendre tout de suite, le fixant de travers. Mais lorsque la fille repris la parole en expliquant le pourquoi de son action, je détournais le regard vers elle et affichais un sourire narquois.

T'as l'air appétissante pourtant, j'suis certain qu'ils auraient apprécié.

La brune fini par se présenter en acceptant l'offre de l'Ancien de l'amener jusqu'au Centre Hospitalier. Elle m'assura que je n'étais pas obligé de venir si je ne voulais pas, et je lançais un nouveau regard à Dryss avant de soupirer. Je pouvais bien faire ça pour le bon moment musical qu'elle m'avait fait passé... et pour avoir réussi a faire fuir les Libres.

Dryss, tu prends son instrument, ça nous fera un bras chacun pour la maintenir.

Parce que oui, il était hors de question que j'abandonne pour skate en plus. Et je doutai fort qu'elle accepte qu'on laisse son instrument là. M'approchant en pinçant les lèvres, je vint prendre la place de l'Ancien pour soutenir la fille, passant mon bras libre à sa taille. Je ne pris pas la peine de me représenter, Dryss l'ayant fait pour moi un peu plus tôt...

La brune justifia son mensonge. Il était clair que la situation avait été très délicate et un affrontement n'aurait pas été à leur avantage. Comme quoi, la manipulation pouvait permettre de se tirer d'affaire quand les choses dégénéraient. Dryss enviait presque cette facilité à mentir et à semer le trouble dans l'esprit d'autrui. Pour sa part, il avait un mal fou à dissimuler la vérité. Mais quand sa vie en dépendait, il s'en tirait plutôt bien au final...

Au passage, Kiran lança une remarque lourdingue à l'inconnue. Ce manque de finesse amusa l'Ancien qui ne releva pas vraiment l'allusion du jeune homme. Il était donc aussi impulsif avec les femmes qu'avec ses ennemis. Ce petit promettait du lourd. La jeune femme se présenta et naturellement, l'Ancien en fit de même.

Je suis Dryss et tu connais déjà Kiran.

Il avait répété le nom de son comparse au cas où la brune l'aurait oublié. Vu l'agitation, ça aurait été normal... Enfin, Katherine accepta qu'on la conduise à l'hôpital et Kiran accepta de les accompagner, à condition que l'Ancien se charge du violon, ce qu'il fit sans problème. En se saisissant de l'instrument, Dryss fut particulièrement précautionneux. Il sentait que ce n'était pas un objet bas de gamme et ne voulait pas abîmer cette rareté. Ensuite seulement, il se tourna vers les deux autres et invita Katherine à passer son bras autour de ses épaules pour mieux la soutenir.

Allons-y.

Ils se mirent en route vers l'hôpital qui fut bien vite dans leur champ de vision.

On y est presque. Est-ce que ça va?

Il voulait s'assurer que Katherine était toujours bien consciente et ne souffrait pas trop. Une telle blessure à la tête pouvait jouer pas mal de mauvais tour, malgré tout.