Most of the trouble in life comes from misunderstanding. (sasha)

James se savait difficile - bien qu'elle préférait le mot exigeante. Elle n'ignorait pas vraiment qu'elle pouvait se montrer insupportable (et là encore, elle estimait avoir des raisons légitimes) mais la plupart du temps, elle restait courtoise et civilisée (Katerina ne serait plus de ce monde si la blonde avait laissé parler ses pulsions). Elle ne se laissait jamais entraîner par ses humeurs. Quand elle était énervée, elle le gardait pour elle. Non, elle ne souriait pas mais elle ne se comportait pas non plus comme une sauvage. Rarement, elle se permettait de cracher sa bile. Et quand cela arrivait, ce n'était jamais beau à voir. Jamais. Et elle ne l'oubliait pas. Pourtant elle n'avait pas en mémoire de s'être montrée désagréable à l'encontre de sa coéquipière sentinelle. Voilà pourquoi elle ne comprenait pas pourquoi du jour au lendemain, le comportement de la petite brune avait changé du tout au tout. Bien sûr, elle aurait pu faire comme si de rien n'était. Le silence ne la dérangeait pas - et Dieu savait comme Sasha pouvait parler parfois - mais avec Sasha, c'était différent. La brunette ne la dérangeait pas - ce qui en soi relevait du miracle. Quelque part, elle la trouvait attachante. Et elle était une bonne membre, très efficace, elle n'avait jamais eu à se plaindre d'elle quand elles avaient du prendre leur service en même temps. D'un autre côté, pour l'avoir vue ou plutôt entendue à l'œuvre, James savait que Sasha pouvait donner de la voix. Et ses paroles, une fois passées de bouche à oreille, déformées à multiples reprises, se changeraient en rumeur et se répandraient comme une traînée de poudre à canon sur tout le territoire. Les problèmes commençaient toujours comme ça. Par des malentendus. James détestait les malentendus (ceux dont elle n'était pas volontairement à l'origine).

Alors elle avait tout fait pour avoir une confrontation directe avec Sasha. Elle avait été jusqu'à sacrifier un jour de repos pour s'assurer que, cette fois, son tour de garde tomberait au même moment que celui de sa cadette. Ce qui avait fait les affaires de la vipère qu'elle remplaçait et qui avait accepté avec plaisir de se voir ainsi débarassée de sa tâche. Alors, évidement et même si elle l'avait fait de son plein gré, James était de mauvaise humeur. Cette humeur qu'à peu près toutes ses malheureuses victimes lui connaissaient, à mi-chemin entre l'indifférence totale et le mordant virulent de ses mots. Mais elle devrait prendre sur elle. Elle était là pour comprendre, pas pour aggraver la situation. Déterminée à en finir avec ce jeu du chat et de la souris, elle se mit en branle alors que l'obscurité commençait peu à peu s'étendre dans le ciel. Son fusil pendait le long de son flanc gauche tandis qu'elle arpentait la frontière au nord du clan. Celles qu'elles avaient en commun avec les Dragons. Autant dire qu'elle pouvait espérer avoir une nuit calme. Le clan des Vipères n'était pas connu pour être le plus tendre. Souvent, les cadavres de Libres trop aventureux décoraient les lignes servant d'épouvantails dissuasifs. Il y avait l'inconvénient des odeurs putrides mais le système avait au moins le mérite d'être efficace. Fixant l'horizon droit devant elle, elle distingua sans mal la silhouette menue de Sasha, près du poste de surveillance. Elle pressa le pas pour la rejoindre. Elle ne chercha pas à se montrer particulièrement discrète (elle doutait que la brune prenne ses jambes à son cou) et arriva dans son dos, se calant contre l'une des caisses. « Sasha ! », lâcha-t-elle feignant d'être surprise. « J'ai l'impression que ça fait des lustres que l'on a plus eu nos services au même moment. », continua-t-elle avec entrain avant de reprendre, entrant dans le vif du sujet. « J'allais finir par croire que tu m'évitais. »