C'était une journée parfaitement normale pour les Sentinelles. Le soleil tapait particulièrement fort aujourd'hui, mais ce n'était rien en comparaison des températures lors de la saison Aride. Bien sûr, la différence valait aussi pour les activités. Si la vie était réduite au minimum pendant les saisons meurtrières, ce n'était pas le cas durant la saison Tempérée. Seulement, il fallait faire avec et les Jaguars effectuaient courageusement leurs tâches. Anton faisait partie des chanceux qui surveillaient aujourd'hui la frontière nord. Habituellement, il ne s'occupait que très rarement de cette zone, son affectation concernant principalement le QG, mais aujourd'hui il avait été envoyé ici en renfort pour remplacer une personne souffrante. Il ne s'en plaignait pas et effectuait sa ronde avec le sourire, échangeant quelques mots avec ses collègues d'un jour lorsqu'il en croisait un.

Tout se passait donc bien jusqu'à ce qu'il repère une silhouette en approche à l'horizon. Même s'il n'était pas méfiant de nature comme garçon, il savait qu'il devait se montrer nettement plus prudent qu'à son habitude. Surveiller le QG et la frontière donnant directement sur le centre neutre n'avait rien de comparable et les risques de faire face à un ennemi était réel. Il posta donc sa main à proximité de son pistolet tout en scrutant la nouvelle venue. Plus elle progressait et plus ses doutes se confirmaient. Il ne connaissait pas cette fille. Il était donc désormais certain qu'elle n'était pas une Jaguar. Lorsqu'elle fut à portée de voix, il s'exprima finalement sur un ton ferme, mais dépourvu d'agressivité.

- Tu t'approches des frontières du territoire des Jaguars du Sud.

De cette façon, elle ne pourrait pas nier qu'elle ne savait pas dans quoi elle mettait les pieds. Il était facile de se perdre dans cette ville et certaines personnes franchissaient parfois les limites sans le vouloir, mais ici cela ne pourrait plus être le cas. Si elle continuait, elle le ferait en connaissance de cause et avec probablement un but dans la tête.

Anton se tenait sur ses gardes. Maintenant qu'il la regardait de plus près, il pouvait aisément deviner que cette fille était une Libre. Cela se voyait à ses vêtements et à sa condition physique. Même si certains Soumis ne paraissaient pas mieux qu'elle selon le clan d'où ils provenaient, mais un Soumis n'aurait aucune raison de se pointer ici. Le jeune homme n'avait de façon générale rien contre les Libres, mais avec toutes les attaques qui s'étaient produites ces derniers temps, il ne pouvait que se montrer méfiant. On lui avait appris à garder l'esprit ouvert malgré tout, voilà pourquoi il ne faisait pas preuve d'hostilité et attendait patiemment qu'elle lui réponde. Ce qu'elle fit finalement après s'être arrêtée. Elle ne paraissait pas franchement menaçante, bien au contraire, il la trouva assez soumise dans sa façon d'être. Et peut-être un peu confuse. Mais il n'y avait rien d'étonnant à ne pas être très sûr de soi alors que l'on s'apprêtait à sacrifier sa liberté pour le confort et la sécurité qu'apportait un clan. Mais c'était aussi quitter la solitude pour rejoindre une véritable famille. Là était la force des Jaguars du Sud.

- C'est possible oui, mais il faut pour ça que notre Chef t'accepte.

Le blond ne doutait pas du fait que Noâ accepterait de rencontrer cette fille, mais il ne pouvait pas en être sûr non plus. Portant deux doigts à sa bouche, il siffla six sons brefs qui se répétèrent comme un écho perdant peu à peu de sa force. Le signal s'était propagé sur le territoire et, en cet instant, les sentinelles du QG devaient probablement déjà être à la recherche de Noâ pour l'informer qu'une étrangère souhaitait rentrer dans le clan.

- Je vais te demander un peu de patience, j'attends confirmation.

Il lui adressa un sourire sympathique, toujours aux aguets et les oreilles bien ouvertes pour ne pas louper la réponse du quartier général.

- Et sinon, tu as un nom ?

Une Libre... Après les derniers événements, Anton se demandait quand même un peu comment elle allait être accueillie par sa Chef. Noâ était une personne ouverte, mais avec les pertes engendrées par la rébellion et le nombre de non-marqués que Abel avait rallié à sa cause, elle aurait toutes les raisons du monde de ne pas se montrer très sympathique. Non, ce n'était pas son genre, pensa-t-il. Elle interrogerait d'abord cette fille et ensuite elle déciderait de son sort. C'était toujours comme ça qu'elle avait fonctionné et le blond était persuadé que cela n'était pas prêt de changer. Il cessa donc de s'inquiéter pour des événements futurs et se focalisa sur l'instant présent.

L'inconnue paraissait s'ouvrir progressivement, un sourire se faisant plus présent sur ses lèvres. Là était aussi l'un des talents d'Anton : il savait mettre les gens à l'aise même en temps de crise. Elle avait eu de la chance de tomber sur lui avec tous les fous de la gâchette qui tiraient à vue depuis la rébellion. C'était plus ou moins les ordres, mais lui préférait toujours opter pour une attitude modérée.

- C'est un joli prénom.

Et en plus, il ne faisait pas partie de la liste des Libres considérés comme des menaces, ce qui était une bonne chose. Bien sûr, elle aurait pu mentir pour se mettre en sécurité, mais cela aurait été bien stupide puisque les clans disposaient aussi de descriptions physiques plus ou moins complètes lorsqu'il s'agissait des dangers publics qui rodaient dans les ruines. Il était donc facile de faire une vérification. Même si cela ne serait probablement qu'une formalité vu que Rubis semblait même prompte à sympathiser.

- Moi c'est Anton.

Au loin, un sifflement résonna. Ce n'était qu'un son faible qui reprit de l'ampleur alors qu'il était répété par les sentinelles. De la vigie qui se trouvait à une quinzaine de mètres de là émana un coup de sifflet : ils avaient le feu vert.

- Notre Chef accepte de te rencontrer. Néanmoins, avant cela, je vais te demander de me remettre tes armes si tu en as et d'attacher ce brassard. Je te recommande aussi de ne pas t'éloigner de moi, les miens sont un peu à cran ces derniers temps.

Il lui tendait un bout de tissu noir qu'il avait récupéré dans la poche de son pantalon. Les Jaguars et les aidants portaient tous un brassard brun, les premiers étant distingués par l'emblème brodée du clan, mais pour les étrangers, la couleur noire avait été choisie de façon à ce que la distinction soit bien faite.

L'instant était crucial et Anton s'était légèrement tendu en attendant de voir si ses instructions allaient être respectées. Il n'était pas réellement méfiant face à Rubis, mais un excès de confiance aurait aussi pu lui coûter très cher. Il attendit donc, vigilent, qu'elle sorte son arme. Lorsqu'il vit apparaître une dague, il se tendit légèrement, prêt à parer un éventuel coup, mais elle se contenta de le lui donner et prit le brassard qu'il lui tendait. Bien. Le blond poussa un discret soupir de soulagement alors qu'il coinçait la lame à sa ceinture et l'invita à prendre les devants d'un geste du bras. Dans de telles conditions, les règles voulaient que les sentinelles marchent derrière de façon à pouvoir toujours surveiller l'étranger qui parcourait le territoire. De plus, en cas de problème, il ne perdrait pas de temps si le besoin de l'abattre se faisait ressentir. En cas de fuite, par exemple. Même si les chances qu'elle fasse une telle tentative était maigre. Ils marchèrent comme ça jusqu'au pied de la vigie où se trouvait le poste de contrôle. Même s'il était connu sur le territoire, Anton montra quand même son brassard et se désigna pour la forme.

- Anton, sentinelle. J'emmène une Libre au QG suite à une demande d'admission. Noâ a donné son accord comme vous avez pu l'entendre.

L'autre sentinelle, plus lourdement armée que lui, qui montait la garde hocha brièvement la tête.

- Vous pouvez y aller. La voiture doit faire un aller-retour avec le QG, tu devrais en profiter.
- Merci pour l'info.

Tout sourire, Anton toucha le bord d'un chapeau imaginaire à l'aide de deux doigts en guise de salut avant de continuer sa route, guidant toujours la Libre. Même s'il n'avait rien contre le fait de marcher, le quartier général n'était pas tout près, il n'allait donc pas cracher sur un trajet en voiture. Repérant sans mal le véhicule, il fit un signe de la main au chauffeur pour lui dire d'attendre.

- On peut dire que c'est ton jour de chance, Rubis.

Habituellement, les véhicules du clan ne bougeaient que pour les urgences, mais ils tournaient presque sans interruption depuis la rébellion. Avec les ravitaillements d'eau, les récupérations de matériaux et les apports quelconques, ils étaient devenus vitales. Et très pratiques. Tranquillement, Anton grimpa sur le plateau de la camionnette et tendit la main vers la jeune fille pour l'aider à monter. Il s'installa ensuite sur une caisse et tapa sur la tôle pour indiquer au chauffeur qu'il pouvait démarrer dès que Rubis fut installée.

- Accroche toi bien, c'est un conseil d'ami.

La voiture roulait doucement, fréquemment secouée par les gravats qu'il fallait traverser. Des routes, il n'y en avait déjà pas vraiment en temps normal, mais la rébellion avait contribué à mettre la pagaille sur le territoire et voyager dans un véhicule devenait une véritable attraction. Habitué, Anton s'accrochait mollement en observant d'un œil la Libre. Ici, elle ne pouvait de toute façon pas aller bien loin à moins de sauter en marche ce qui n'était pas forcément recommandé. Lorsque la voix de Rubis résonna, elle surprit presque le jeune homme qui était resté longtemps plongé dans ses pensées. Il était fatigué et était donc bien plus prompt à se laisser déborder par son esprit dès lors qu'il cessait d'être en mouvement.

- Non, non. Nous nous rendons au quartier général. C'est là que les Membres vivent, que l'on garde les choses importantes et que les décisions sont prises.

Les informations qu'il lui livrait n'étaient pas vraiment compromettantes. La plupart du temps, tout le monde connaissait l'existence des QG et ils savaient aussi ce qu'ils renfermaient. Parant le soleil d'une main, Anton se tourna et désigna de l'autre le haut bâtiment de plusieurs étages au sommet détruit vers lequel la voiture se dirigeait.

- C'est l'immeuble que tu vois là-bas.

Ils n'étaient d'ailleurs plus très loin. Après encore quelques minutes de trajet, le véhicule s'immobilisa enfin et le moteur se tut. Cela faisait du bien, pensa Anton avant de sauter sur le sol. Il attendit que Rubis soit à son tour descendue puis il lui indiqua la direction de la porte, embrayant à sa suite. Trois sentinelles étaient postées à proximité, mais en reconnaissant le Jaguar, ils s'écartèrent et laissèrent le duo se frayer un chemin dans le bâtiment. Il fallut encore s'avancer dans le vaste hall pour emprunter un couloir qui les mena finalement à la salle de réunion dans laquelle le blond entra après avoir frappé deux coups rapides pour la forme.

- On ne dérange pas ?

La Chef était appuyée à la table et parlait à Roxanne, sa Seconde, mais elle s'interrompit lorsque la Libre fut à portée de vue et donc probablement d'oreilles. Elle se redressa pour venir à sa rencontre et lui adressa un sourire léger. Elle n'était pas d'humeur très joyeuse ces derniers temps, mais elle se forçait à faire bonne figure car un Chef qui tirait la tronche n'arrangeait jamais les affaires d'un clan. A part peut-être chez les Dragons puisque Samuel avait la fâcheuse tendance de faire la tête à longueur de temps, mais c'était une autre histoire et elle ne voulait vraiment pas penser à la trahison du brun qu'elle avait au fond toujours considéré comme son frère.

- Merci de t'être occupé de ça, Anton. Tu peux faire un break pour l'instant.

Comprenant le message, le jeune homme sortit rapidement de la pièce, abandonnant Rubis après un dernier signe confiant de la tête. La blonde se tourna ensuite vers la jeune femme dont elle ne connaissait même pas le nom. Recevoir une Libre en ces temps troublés ne lui plaisaient pas beaucoup - surtout que le cas des Libres n'avaient toujours pas été réglé suite à la rébellion -, mais les Jaguars avaient besoin de bras et elle ne voulait en aucun cas ternir la bonne réputation de son clan. On crachait peut-être souvent sur le Sud, mais au moins on accueillait tout le monde chez les félins.

- Je suis Noâ, la Chef du clan. Il paraît que tu veux nous rejoindre ?

La Seconde restait en retrait, se contentant pour le moment simplement d'observer la situation.

La nouvelle n'avait pas l'air du genre causante. Elle s'était contenté du strict minimum, mais ce n'était pas forcément un tort. Probablement était-elle timide ou simplement mal à l'aise ce qui n'avait rien d'anormal vu la situation. Silencieuse, Noâ l'observa un instant avant de faire volte-face pour aller s'appuyer à la table au côté de Roxanne. En cette période, il n'était pas rare que des Libres demandent l'asile aux clans, mais les conditions étaient aujourd'hui telles qu'elle ne savait pas vraiment comment procéder. Elle n'avait pas énormément de temps à consacrer à la demoiselle et elle trouvait que cela laissait à désirer. Tâchant toujours de sourire, la Chef embraya naturellement sur la suite. Il fallait qu'elle sache deux ou trois choses sur la dénommée Pearl avant de décider si oui ou non elle la prenait à l'essai.

- D'où est-ce que tu viens ? Est-ce que tu as encore une famille au dehors ? Nous n'interdisons pas aux nôtres de fréquenter des Libres, mais il y a certaines règles à respecter.

Elle préférait directement la mettre en garde. Pour avoir été un dégât collatéral de l'infraction de l'une de ces règles, elle savait comme il était tentant de fournir des rations aux Libres par exemple. Cela n'en restait pas moins interdit. Après une brève réflexion, elle reprit ensuite.

- Et quelles sont tes capacités ? Dis moi tout, qu'est-ce qui t'a aidé à survivre durant tout ce temps ?

Encore une fille brisée par la violence de la ville. La blonde ne s’émut pas vraiment du triste sort de Pearl. Elle ne pouvait de toute façon rien faire pour remplacer cette perte et ce n'était pas quelques mots compatissants venant d'une inconnue qui allait aider la Libre à faire le deuil de sa mère disparue. Surtout alors qu'elle luttait visiblement contre les sentiments que cette discussion faisaient naître. Elle choisit donc de ne rien dire et la laissa continuer à parler en l'observant. La suite était nettement plus intéressante et un léger sourire se pointa sur les lèvres de Noâ. Elle avait quelques cordes à son arc, en effet. Elle aurait pu s'offusquer en l'entendant dire qu'elle avait déjà volé, mais elle n'en fit rien. Après tout, elle n'avait pas précisé à qui elle avait dérobé de la nourriture et comment. Elle savait que certains Membres étaient assez bêtes pour se faire voler leurs rations lorsqu'ils étaient à l'extérieur et si elle ne cautionnait pas un tel acte, elle pouvait le pardonner plus facilement que si le larcin avait été directement commis sur un territoire ou dans la zone industrielle. Et puis, elle en avait parlé d'elle-même alors que rien ne l'y obligeait, c'était au moins un gage de bonne foi, même si elle n'était pas sûre que cela serait passé avec un autre Chef.

- Je vois.

Elle se redressa un peu et consulta Roxanne du regard. Cette dernière ne paraissait pas fondamentalement contre l'entrée de la Libre dans le clan et elle hocha légèrement la tête pour signifier qu'elle n'avait aucun commentaire à faire.

- Comme tu dois t'en douter, la rébellion a eu des conséquences assez importantes sur notre clan. Même si nous sommes relativement hostiles envers les Libres qui approchent nos frontières, nous avons besoin de bras pour travailler et ton aide pourrait nous être précieuse. A l'heure actuelle, je pense qu'il serait plus sage d'accepter que tu deviennes une Soumise de notre clan, mais je tiens à t'avertir que nous te tiendrons à l’œil durant un moment.
- Cela ne signifie pas non plus que tu seras en permanence surveillée. C'est juste la situation qui nous impose un comportement qui n'a rien d'habituel pour notre clan.
- Oui, nous voulons surtout minimiser au maximum les risques. Ce n'est en aucun cas contre toi.

La remarque de Roxanne avait poussée Noâ à adoucir un peu son discours. Elle ne tenait pas à la faire fuir, ni à lui foutre la trouille pour rien non plus.

- Toujours tentée ?

Si Pearl était une Libre, elle semblait néanmoins être bien consciente de l'importance de la hiérarchie au sein d'un clan. Elle se comportait comme une Soumise un peu nerveuse face à sa Chef ce qui augurait du positif pour la suite. Pas que Noâ aimait rendre les gens nerveux, mais elle préférait ce genre d'attitude à une grande gueule arrogante en ces temps de crise. Elle n'avait pas besoin d'avoir un problème en plus sur le dos alors elle était plutôt satisfaite de voir une personnalité plus calme se présenter à elle. Et puis, la nervosité ou la timidité étaient des états qui changeraient vite au contact des autres Jaguars, elle en avait la quasi certitude. C'était l'une des forces de son clan après tout.

La jeune fille accepta finalement, scellant en quelque sorte son destin en un mot. Elle paraissait déterminée, preuve qu'elle avait dû bien réfléchir avant de se présenter chez les Jaguars. Cette observation tira un sourire à la blonde. Suite à un geste vague de la main, Roxanne se redressa et s'avança vers Pearl.

- Je ne sais pas si tu le sais, mais les Soumis sont marqués. C'est une étape un peu douloureuse, mais nécessaire.

Elle tira sur sa manche pour découvrir son poignet droit et le présenta à la Libre pour qu'elle puisse voir la cicatrice en forme de "J" qui marquait sa peau.

- Ceci t'offrira une sorte de sécurité auprès des autres clans. Si jamais tu te trouves mêlée à une rafle ou que tu as des soucis dans le centre neutre, elle t'évitera la majorité des problèmes. C'est un signe d'appartenance alors si jamais quelqu'un te fait du mal, c'est un peu comme s'il en faisait à tout le clan.

Une fois sa manche remise en place, Roxanne récupéra le couteau glissé à sa ceinture. De la pointe, elle désigna le bras de la jeune fille comme pour lui intimer de découvrir elle-même son poignet. Elle avait marqué un nombre incalculable de Soumis et à force d'habitude, elle avait appris qu'il valait mieux leur laisser une marge de liberté. Et puis, c'était aussi une façon de voir ce que le Soumis avait dans le ventre et comment il appréhendait une douleur future.

Les connaissances de Pearl à propos des clans semblaient vraiment être maigres. Plutôt que de la discréditer aux yeux de Noâ, cela ne lui donnait que plus de valeur. Généralement, les Libres qui volaient les clans et agissaient contre eux les connaissaient un minimum contrairement à la jeune fille qui malgré ses dires ne devaient pas souvent avoir été impliquée dans ce genre d'idioties.

- Tes journées seront bien remplies, ce n'est pas un mal. Mais ne t'inquiète pas, nous t'apprendrons tout ce que tu devras savoir et plus encore si c'est ton souhait.

La Libre venait de remonter sa manche et elle tendit le bras vers Roxanne qui s'en saisit. Elle tenait fermement son poignet de façon à être sûre qu'elle ne bouge pas sous le coup de la douleur.

- Respire profondément et essaye de te détendre, ce sera moins douloureux.

Pour essayer de l'y inciter, la Seconde prit une longue inspiration avant d'expirer tout aussi calmement. Affirmant sa poigne sur son couteau, elle approcha la pointe de la peau de Pearl et y traça rapidement la lettre. La force de l'habitude la rendait particulièrement précise et donc plus rapide. Dès qu'elle eut terminé, elle glissa son arme à sa ceinture et détacha d'une main le brassard brun qu'elle avait au bras afin de l'utiliser comme bandage pour le poignet de la nouvelle Soumise. De cette façon, elle n'aurait aussi plus de problème pour déambuler sur le territoire. Une fois fait, elle récupéra le brassard noir qu'elle portait encore et le fourra dans sa poche.

- Et voilà qui est fait.

Noâ se redressa et vint les rejoindre avec un léger sourire. C'était une bonne chose de faite.

- Bienvenue chez les Jaguars, Pearl.

La jeune Pearl avait endurée la douleur sans démontrer de réels signes de faiblesse. La douleur s'était lue sur son visage, mais elle n'avait ni pleuré, ni gémit. Elle s'était contenté de se mordre la lèvre durant cette soumission assez expéditive. En plus d'être déterminée, elle était courageuse. Cette fille ferait décidément une bonne Membre lorsque l'heure serait venue. Alors qu'elle avait au départ été mitigée, Noâ se rendit compte que l'arrivée de Pearl était la première bonne nouvelle de la journée.

- Assure-toi qu'elle soit prise en charge.

La blonde avait murmuré ces quelques mots à la Seconde qui s'éclipsa avec sa discrétion habituelle. Elle pouvait compter sur elle pour choisir la personne la mieux adaptée à Pearl pour la suite de son intégration dans le clan. Elle se tourna ensuite vers la Soumise, toujours souriante.

- Normalement, je fais en sorte de prendre plus de temps avec les nouveaux venus, mais je ne peux aujourd'hui pas me le permettre. Ce ne sera que partie remise, néanmoins. Et si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à te présenter au QG.

Ce genre d'attitude ne lui plaisait pas beaucoup. En devenant Chef, Noâ avait pris la décision de s'occuper des siens contrairement à son prédécesseur et voilà qu'elle ne pouvait même pas gérer dignement une nouvelle arrivante. Il faudrait qu'elle se rattrape plus tard.

- Voilà, nous en avons finis pour l'heure.