Cela fait une dizaine de jours que la troupe est revenue sur Paris, et jusqu’à maintenant Stiles n’avait jamais osé quitter le campement et ses alentours. Revenir en ville a raviver des souvenirs et des craintes, et s’il sait que Joshua est mort et que Noâ a bien redressé la situation, il reste effrayé parce qu’il risquerait s’il se faisait prendre. Dans sa tête, il est un fugitif, et il redoute plus que tout la punition affligée aux fugitifs…

Mais aujourd’hui est un grand jour, puisqu’il se décide enfin à rejoindre le Centre Neutre pour voir si les lieux ont changés ou non. Bon d’accord, Virgo l’a fortement poussé à aller prendre un peu l’air par là-bas, et puisque Stiles ne peux pas lui expliquer pourquoi il ne veut pas s’éloigner du camp, il se retrouve donc sur le chemin Centre, puis au lac. Il n’avait pas vraiment prévus de se retrouver là, mais puisqu’il y est, autant y rester. Et puis il y a beaucoup moins de monde aux environs que du côté des échoppes, ce qui l’arrange bien.

Le brun marche un moment sur la rive, contemplant les flots calmes en laissant les souvenirs aller et venir dans sa tête. Cette ville, il n’aurait jamais penser la revoir un jour, et pourtant e voilà, marchant en plein Centre Neutre, à découvert. Il pourrait croiser n’importe qui et être reconnu, mais il essaye de se persuader qu’après sept ans, peu de gens pourraient encore le reconnaître… non ? Le cœur battant, il fini par s’assoir au bord de l’eau et attrape sa batte qu’il tourne entre ses mains pour se calmer. Il fixe la surface de l’eau, ou plus précisément les reflets floues qui miroitent sous le soleil. Nerveux, il sursaute en apercevant une silhouette qui se reflète un peu plus loin. Ce n’est rien, c’est normale qu’il ne soit pas tout seul ici, ça ne sert à rien d’être parano… Personne ne le reconnaîtra ici…

Sortir du territoire n'était pas dans mes habitudes. Normalement, je restais toujours derrière les frontières des Jaguars, dans un monde que je connaissais par cœur, les seules exceptions à la règle étant les jours de récoltes, mais nous en étions encore loin. Pourtant, aujourd'hui, j'étais dehors. Reed avait jugé opportun que je commence à découvrir un peu plus la ville avant de devenir Membre. Elle n'avait pas tort dans les faits, mais elle voulait probablement surtout se débarrasser de moi pendant quelques heures pour pouvoir s'occuper d'autres mômes qu'elle entraînait dans la rue. Je détestais ces gamins qui s'accaparaient ma mère adoptive, selon moi, elle perdait son temps avec eux, mais mes crises de jalousie ne faisaient que la conforter dans son idée et voilà qu'elle faisait désormais en sorte de m'éjecter pour avoir la paix. Pas du tout à mon aise, je m'étais donc engagée dans le centre neutre en suivant l'ombre d'un Soumis qui partait en course. Au moins, si je ne le quittais pas des yeux, je ne risquais pas de me perdre. J'avais naturellement mon arc dans mon dos et mon carquois accroché à la ceinture et je comptais bien dégommer toute personne qui faisait preuve d'hostilité. Le pouvais-je d'ailleurs ? Je partais du principe que je pouvais tout faire, mais Reed m'avait dit que l'endroit n'était pas une zone de non-droit et que les clans ne pouvaient pas s'y battre. Les Libres par contre pouvaient être éliminés. Seulement, je n'allais pas demander à chaque ennemi de me montrer gentiment son poignet avant de le descendre. C'était problématique...

Alors que je me perdais dans mes réflexions, je finis aussi par me perdre pour de vrai. Le Soumis que je suivais s'était tout bonnement volatilisé. Merde ! A force de errer, je finis par retomber sur un élément connu. Le lac. Pas le nôtre, mais c'était quand même un lac et peut-être qu'il se trouvait à proximité de celui des Jaguars. On pouvait toujours rêvé... Un peu confuse, je m'avançais vers l'eau calme et constatais qu'elle avait l'air plus sale que celle du lac de l’Épreuve. On devait probablement éviter de se baigner ici. En relevant les yeux, je découvris une silhouette à l'autre bout de la rive. Oh, quelqu'un. Même si cela ne me plaisait pas, il pourrait peut-être m'indiquer mon chemin.

- Hé toi !

Mais il semblait perdu dans ses pensées. Choisissant la solution de facilité, je récupérais mon arc, encochais une flèche classique et tirais dans sa direction. Le projectile se planta dans le sol un peu à côté de lui comme je l'avais présagé.

- Je te cause, t'es sourd ou quoi ?

Alors que Stiles commence seulement à se détendre un peu, une flèche vient se planter juste à côté de lui. Le jeune homme se redresse d’un bon, surpris, et scrute la direction d’où viens le projectile. Cette zone est sensée être neutre, mais voilà qu’on l’attaque. L’aurait-on reconnu ? Impossible… et puis même si c’était le cas, il ne se ferait tout de même pas tiré comme un lapin, si ?

Le cœur battant à cent à l’heure, il repère facilement un silhouette féminine un peu plus loin sur la rive. Celle-ci semble s’adresser à lui. Lui causer ? Elle lui parle de si loin ? Stiles jette un œil autour de lui afin d’être sûr que la fille s’adresse bien à lui avant de revenir sur elle. Sa batte serrée à s’en faire mal, il fini par répondre d’une voix peu assurée, mais de façon à se faire entendre.

« J’suis pas sourd non, mais toi t’es pas net. C’est pas en tirant sur les gens que tu vas obtenir quoi que ce soit d’eux. »

Elle voulait attiré son attention, c’était claire. Mais pour ça elle aurait pu simplement se rapprocher, et non pas lui tirer dessus…

La technique de la flèche était un moyen infaillible pour se faire remarquer. Dès qu'elle eu atteint sa cible, le gars se redressa avec empressement et chercha d'où elle provenait. Lorsqu'il me repéra, je lui adressais une œillade mauvaise assez inutile car il ne devait pas pouvoir me détailler de là où il était. Quand il parla enfin, ce fut pour se montrer désagréable. Ah ces mecs, tous les mêmes ! J'adressais au ciel un regard agacé avant de répondre en campant toujours sur mes positions. S'il croyait que j'allais bouger, il pouvait aller se brosser.

- Je te signale que ça a marché puisque tu me parles ! En plus, je t'ai pas tiré dessus, j'ai tiré à côté de toi.

Non, mais quel idiot. Il croyait énoncer des vérités alors qu'il ne disait que des conneries dans les faits. Rangeant mon arc, je croisais les bras sur ma poitrine pour assurer ma posture avant de continuer. Je ne comptais pas passer la journée à tailler une bavette avec lui, j'avais d'autres chats à fouetter.

- Le sud, c'est par où ?

Je n'aimais pas avoir à lui demander mon chemin, mais je n'avais vraiment pas le choix cette fois. Cela ne me rendait que plus empressée et agressive d'où mon ton clairement mordant.

La réponse de la fille le laisse coi. Elle se fout de sa gueule, ça ne peut être que ça. Surtout que s’il ne peut pas la détailler, son attitude corporel en dit long sur ses pensées. Pourtant, alors que son comportement donne juste envie de l’envoyer chier, elle arrive quand même à poser une question au jeune homme. Mais son ton ne lui donne clairement pas envie de lui répondre. Rien en elle ne lui donne envie de répondre. Au contraire, il pense plutôt à tourner les talons pour partir et la planter là. Mais vu comment elle a attiré son attention, mieux vaut partir à reculons en fait…

« J’ai bien envie de dire vers ton cul, mais je suppose que même ça tu ne pourrais pas le trouver ! »

A ces mots, le garçon recule, sa batte toujours serrer à s’en blanchir les doigts. Il lance un regard noir à la fille, le cœur battant la chamade. Il espérait ne croiser personne, et voilà qu’il tombe sur une sorte de garce arrogante. Il espère qu’elle en restera là, mais étrangement il présent que non… malheureusement.

La réponse de l'inconnu fusa dans un claquement de langue particulièrement déplaisant. Si je ne m'attendais à rien de bien venant d'un homme, je ne m'étais franchement pas attendue à ce qu'il s'exprime de la sorte. C'était tellement vulgaire ! Si dans un premier temps, je l'avais fixé avec des yeux ronds et la bouche légèrement ouverte à cause du choc, je me repris bien vite en le voyant reculer. Mes traits se durcirent et je lui lançais une œillade meurtrière. Il jouait les fiers avec ses insultes, mais au final, il semblait déjà mûr pour une fuite. Au fond, ce n'était peut-être pas le cas, mais je compris sa réaction comme telle. Un sourire narquois grimpa au coin de mes lèvres. Il était tellement pitoyable en réalité. Cette vision calma bien vite ma colère. Parler devait être son seul moyen de se défendre. Plutôt que de le laisser partir - ou de le descendre -, je décidais de le suivre. Il était le seul être vivant que j'avais croisé jusqu'ici et il n'avait toujours pas répondu à ma question. Il devrait donc me supporter pendant encore un moment.

Je marchais rapidement pour le rejoindre tout en conservant une distance respectable de cinq mètres. J'avais fourré les mains dans mes poches, pas du tout intimidée par la batte qu'il avait à la main.

- Ma flèche n'aura aucune difficulté à trouver ta tête par contre.

Il fallait dire qu'il était une cible facile. L'idée de lui ficher une flèche dans l’œil était terriblement tentante, mais je la réprimais. C'était déplorable à dire, pourtant, j'avais besoin de ce babouin pour rejoindre mon clan.

- Donc, le sud ?

La fille ne semble pas apprécier la réplique du Libre. D’abord surprise, elle le fusille ensuite du regard, mais se reprend bien vite. Elle le rejoint rapidement, d’un pas nonchalant, et Stiles ne la quitte pas des yeux de peur qu’elle ne lui tire dessus une fois encore. Elle finit par lui répondre que sa flèche n’aura par contre aucune difficulté à trouver sa tête. Stiles fronce les sourcilles et lève les yeux au ciel lorsqu’elle lui redemande le chemin du sud. Il lui fait toujours face alors qu’elle s’est arrêtée à quelques mètres de lui. Il prend une grande inspiration et lui répond sur un ton toujours aussi sec, mais avec cette fois une pointe de sarcasme. Il ne veut pas se la mettre à dos, mais son comportement le pousse à réagir, et il n’est pas du genre à se laisser faire non plus.

« Si je te répond par-là, tu me croira ? »

Il désigne une direction au hasard, se retenant d’afficher un sourire moqueur. Elle croit quoi, qu’il va gentiment lui répondre vu comment elle lui parle ? Et puis quoi encore…

Je n'avais jamais été très douée pour comprendre les émotions des autres, mais je devais admettre que cela aurait pu aujourd'hui être utile. Si j'avais un peu plus de sensibilité, je pourrais certainement comprendre les émotions qui passaient sur le visage du macaque. Je le devinais agacé, mais c'était bien maigre. Quoi que de l'agacement, c'était plutôt facile à exploiter. Suite à ma question, il prit une grande inspiration avant de répondre. A croire qu'il allait lâcher un pavé en guise de réponse, mais non. Il se contenta de désigner une direction tout en me demandant si je le croyais. Je ne pu retenir un rire suite à cette interrogation dégoulinante de sarcasme.

- Bien sûr que non. Me prends pas pour une conne, tu veux.

J'étais un peu perdue sur la marche à suivre. Pourquoi ne pouvait-il tout simplement pas obéir ? S'il s'était contenté de me répondre sincèrement, j'aurais déjà déguerpi, mais non il valait bien sûr qu'il s'enfonce stupidement par orgueil.

- Si tu veux te débarrasser de moi, il n'y a qu'une seule solution et tu la connais. En plus, c'est pas pour vouloir me vanter, mais je suis tenace et je cours vite. Au pire, je te plante une flèche dans la jambe, ça te ralentira pas mal.

La fille répond qu'elle ne compte pas croire la direction indiquée par Stiles, et lui demande de ne pas la prendre pour une conne. Il lâche un rire sec avant de lui répondre.

« Je ne me le permettrais pas voyons. Et puisque tu ne me crois pas, tant pis, parce que le Sud c'est bien par là. »

A la menace de la blonde, Stiles lui lance un regard interloqué. Le ralentir, pourquoi faire ? Il n'a pas l'intention de la poursuivre, au contraire il essaye plutôt de semer. Et comme elle dit, ça pourrait-être facile, il suffirait juste qu'il lui indique la direction du sud. Mais Stiles a été touché dans son orgueil, et il a du mal à laisser couler aussi facilement alors qu'il aurait du fuir dès le départ afin d'éviter les ennuis, ou pire, d'être reconnu... Il reprend alors, un peu moins assuré, mais pas à cause de la menace de se faire tirer dessus.

« Je viens de te dire où c'était. Pas besoin de me courir après pour m'arracher une réponse, espèce de tarée. »

Bon ok, l'insulter n'est sûrement pas la meilleur des idées, mais ça sort tout seul...

Il ne se le permettrait pas ? Ce n'était pourtant pas l'impression que j'avais depuis tout à l'heure. Il se foutait carrément de ma gueule et ce n'était pas pour me plaire. Vraiment pas. Il suffisait de l'entendre rire. Seigneur, je n'aimais vraiment pas ce gars.

- Désolé de ne pas croire une indication donnée au hasard pour que je débarrasse le plancher.

J'étais certaine qu'il ne m'avait pas pointé le sud. Certes, j'étais complètement paumée, mais il ne me portait pas dans son cœur - moi non plus d'ailleurs - et il aurait été étonnant qu'il se montre sincère et serviable. Les hommes n'étaient jamais sincères et serviables.

- Je veux pas que tu me donnes la réponse, je veux que tu me la montres. Ramène-moi chez les Jaguars et on en parle plus.

Oui, c'était parfaitement normal pour moi de lui demander de me raccompagner à la maison parce qu'il était évident qu'il n'avait rien d'autre de productif à faire de sa vie.

Là, Stiles reste bouche-bée. Elle veut qu'il la ramène sur son territoire, rien que ça... Comme s'il allait s'approcher du territoire Sud, il a bien trop à y perdre...

Se reprenant, il secoue la tête en signe de refus.

« Et puis quoi encore, j'ai d'autres choses à foutre que de raccompagner une folle jusque chez elle. »

Quoi que c'est ça où se faire tirer dessus... Le jeune homme serre les dents et fini par soupirer avant de se retourner en faisant signe à la fille de le suivre. Rien n'empêche qu'il l'amène au plus des frontières, et au moins il sera belle et bien débarrassé d'elle...

« Amène toi, et garde bien tes flèches chez toi si tu veux pouvoir rejoindre tes frontières, espèce de tarée. »

Ce mec était doté d'une capacité remarquable à avoir l'air ridicule. Avec sa bouche ouverte et ses yeux tout ronds, il avait juste l'air d'un crétin de poisson qu'on avait arraché à l'eau. C'était peut-être pour ça qu'il regardait le lac avec autant d'intensité. Si ça se trouvait, il voulait retourner dans son élément.

- Ah bon ? Parce que tu as pas l'air d'être l'homme le plus occupé du monde là. Donc, tu peux bien te rendre un peu utile.

Il finit par comprendre qu'il avait tout intérêt à filer doux car enfin il se décida à se mettre en route. Bien, il était temps ! Ces hommes étaient vraiment pénibles avec leurs cerveaux sous-développés. Un sourire ravi étira mes lèvres alors que je m'élançais à sa suite, gardant une distance raisonnable entre nous.

- Si tu me fais pas d'embrouilles, j'aurais pas à les gaspiller sur toi.

Tout en marchant, je pris la peine d'observer quelques secondes son dos. Il n'avait pas l'air mal nourri et avait une arme. Ce gars là n'était sûrement pas un Libre. Peut-être un pigeon. Il aurait pu avoir la tête d'un pigeon. Pas un Dragon. Les rumeurs sur les Dragons n'étaient pas bonnes et je m'imaginais les hommes Dragons comme des espèces de copies de Joshua. Beurk. Ah moins qu'il ne soit un Soumis des Vipères ? Ça, c'était plus crédible tout de suite. Hum, ça faisait trop de réflexions inutiles.

- T'es quoi ?

Stiles balaye les paroles de la fille d'un geste de la main agacé, préférant gardé le silence. Rien ne l'oblige à lui faire le causette en plus de devoir la guider non plus. Mais apparemment, le silence ne lui convient pas, puisque c'est elle qui rompt le silence en demandant au jeune homme ce qu'il est. Sans s'arrêter, il se tourne brièvement vers elle avant de lever le poignet pour lui montrer son brassard qui y est attaché. Il est vrai qu'il pourrait le mettre de façon plus visible, mais cette place là lui convient très bien, puisqu'il lui permet de dissimuler sa marque.

Il se dit qu'il pourrait continuer à garder le silence, plus confortable, mais sa curiosité naturelle fini par reprendre le dessus et il prend la parole sans pour autant se tourner vers elle.

« Et toi, t'es une Soumise des Jaguars ? »

Une Membre qui se perd et demande son chemin, ça la fout mal, Stiles en déduit donc qu'elle est Soumise, et des Jaguars ben... simplement parce qu'elle lui a demandé le Sud. Pourquoi le Sud d'ailleurs, elle ne pouvait lui demander l'Est, ou même le Nord ? Le jeune homme soupir suite à cette réflexion, attendant la réponse de la blonde.

Pour toute réponse, le mec se tourna et leva son poignet. J'observais le bras qui se baladait sous mes yeux durant quelques instants, détaillant le bout de tissu qui y était attaché. Brassard bleu. Oh merde ce type était un Libre ? Mais c'était encore pire qu'un pigeon, qu'un lézard ou qu'un ver de terre castré ! Je fronçais les sourcils et esquissais une moue légère de dégoût. Un Libre, il ne manquait plus que ça. Je comprenais mieux maintenant pourquoi il était si bête. Le manque de nourriture et d'eau lui avait amoché le cerveau. Je ne commentais pas son statut et continuais à marcher en silence jusqu'à ce qu'il prenne à son tour la parole pour poser une question. Cette question me rappela cruellement ma condition.

- Mouais, mais plus pour longtemps. Bientôt je serais Membre !

Mon humeur était morose. J'aurais déjà dû être Membre à l'heure actuelle, mais non Noâ en avait décidée autrement. Elle avait laissé cette Alice être la première et depuis elle me faisait poireauter inutilement. Je ne comprenais pas ce comportement, mais elle le regretterait un jour. Dans une bouffée d'orgueil, j'accélérais pour le dépasser et me plantais devant lui, une main fermement tendue devant moi pour le pointer.

- Je m'appelle Johanne. Tu as intérêt à t'en souvenir parce qu'un jour, je serais la Chef des Jaguars !

Aucune réaction face au statut du jeune homme. Tant mieux, parce qu'il est certain que si la fille avait du réagir, ça aurait été pour l'insulter ou un truc du genre...
Par contre, la question sur son statut à elle la fait réagir plus que nécessaire. Une Soumise en instance de devenir Membre, et apparemment cette situation ne lui convient pas tellement. Stiles ne peux s'empêcher de sourire en pensant qu'il vaut mieux éviter de faire un test d'admission à cette folle, et que c'est peut-être pour ça qu'elle n'est pas encore Membre d'ailleurs.

Mais cette pensée est interrompue alors que la blonde dépasse le Libre pour se planter de lui en le pointant du doigt. Stiles s'arrête aussi sec, d'abord surpris. Mais lorsqu'elle reprend la parole, il se retiens difficilement de rire. Et bien au moins, elle à de l'ambition, n'est-ce pas ? Mais le jeune homme n'en croit pas un mot pourtant.

« C'est cela oui, Johanne. Moi je vais surtout me souvenir que t'es même pas foutue de retrouver ton chemin toute seule et que tu en est réduite à menacer les gens que tu croise pour te ramener par la main sur ton territoire. »

Ok, il y va peut-être un peu fort sur le sarcasme, mais bon, là elle lui à clairement tendu une perche aussi...

Qu'est-ce qu'il avait à faire cette drôle de tête ? Le Libre s'était arrêté et il me fixait en retenant un espèce de sourire - si pas un rire - qui faillit bien me faire voir rouge. Non, mais qu'il se gêne pas surtout ? Il pouvait aussi se foutre de ma tronche tant qu'il y était ! J'étais parfaitement sérieuse dans ma déclaration et je ne voyais pas en quoi avoir de l'ambition était risible. La remarque qu'il m'adressa me gela finalement. Pas de feu, juste de la glace. Comment avait-il osé ? Je le fixais, complètement choquée, durant quelques secondes avant de me reprendre en le poussant brusquement.

- L'important c'est pas l'extérieur. Tout le monde ne peut pas être foutu Libre qui court le monde plutôt que de travailler pour la collectivité !

Est-ce que je travaillais pour la collectivité ? Non. Est-ce que cela m'empêchait de me servir de cet argument ? Non. Je lui criais littéralement dessus, furieuse. Je savais parfaitement que c'était ridicule de se perdre dans le centre neutre, mais je n'avais jamais eu vraiment d'occasions de sortir, j'étais donc forcé d'apprendre tardivement.

- Et puis, c'est quelque chose que j'apprends ! Y a jamais de mauvais moment pour ça. C'est pas comme se débarrasser de l'idiotie d'être Libre !

Cette fois, la fille réagit plus que nécessaire, fixant Stiles d'un air désabusé. Et lorsqu'elle se reprend, c'est pour le pousser en répliquant de façon cinglante. Le Libre manque de tomber, surpris par ce geste soudain, mais il se reprend en dernière seconde et recule de quelques pas afin d'éviter un nouvel assaut de la furie qui lui fait désormais face. Apparemment, il a touché un point sensible, car la dénommé Johanne lui hurle dessus pour se défendre tout en essayant de l'insulter, bien qu'il n'en soit pas certain qu'il s'agisse d'insultes au final... En effet, il est Libre et il l'assume très bien, et la Troupe travaille pour la collectivité via le commerce, donc ils n'ont rien à se reprocher contrairement à ce que semble penser la blonde.

« Ok, ok, j'm'excuse... Pas besoin t’exciter comme ça... »

Le garçon lève les mains en signe de paix avant d'indiquer la direction derrière la Jaguars.

« Bon, future chef en apprentissage, on y va ? Non pas que je n'ai pas envie de passer la journée en ta compagnie, mais il commence à se faire tard là. »

Cette fois, le brun tente de dissimuler un peu le sarcasme qui pointe dans sa voix. Il n'est pas aussi piquant d'ordinaire, mais cette fois il ne peut s'en empêcher, cette fille le cherche beaucoup trop...

Quel blaireau ! Monsieur le Libre n'était même pas capable de tenir sur ses pieds. Il aurait pourtant dû être paré pour une attaque surprise, on était dans le centre neutre ici, pas dans une zone de relaxation. Déjà deux fois que je le coinçais et ce n'était pas désagréable du tout. J'allais m'y habituer à force. Enfin si je ne le tuais pas avant à cause de ses provocations stupides. Ce qu'il pouvait être énervant ! Est-ce que les gars de son espèce étaient tous comme lui ? Étrangement, ça ne m'aurait pas étonnée. Vivre comme Libre, c'était un coup à devenir complètement dégénéré. Malgré tout, il s'excusa et tenta de calmer le jeu ce qui était sa deuxième manœuvre intelligente du jour après avoir accepté de me ramener à la maison. Peut-être n'était-il pas si idiot que ça finalement. La suite s'avéra plus intéressante encore. Future Chef des Jaguars ? Je pouvais carrément m'habituer à ce qu'il m'appelle de cette façon. Le surnom était parfait et je redressais la tête, le port altier, et le regard fier, avant de faire volte-face pour reprendre la route. Il était vrai que je n'allais pas passer ma vie avec lui et que je commençais tout doucement à avoir envie de retrouver le confort de la maison. Une escapade parmi les sauvages, c'était bien gentil, mais la civilisation du territoire me manquait.

Je suivis un moment la direction qu'il avait pointé du doigt, mais je dû vite me résoudre à ralentir ma foulée pour marcher à ses côtés. C'était lui qui dirigeait pour le chemin et j'étais bien obligée de me plier à son rythme si je ne voulais pas encore atterrir au mauvais endroit.

- Bon, c'est encore loin ?

Nous marchions depuis déjà un petit moment et mon entourage ne me disait toujours rien. Et puis le paysage se dégagea et je retrouvais les glorieuses frontières de mon clan. Enfin ! Je m'arrêtais nette et me tournais vers le brun.

- Libre, c'est bien gentil de m'avoir ramenée jusqu'à chez moi, mais je vais te laisser là. J'ai pas trop envie qu'on me voit avec toi, ça ruinerait ma réputation. Tu crois que tu sauras retrouver ton chemin tout seul ?

Apparemment, la fille prend au mot les paroles de Stiles, relevant la tête avec fierté. Le garçon ne peut s’empêcher de lever les yeux au ciel lorsque la fille se remet en route : quel égo…

La blonde avance d’un bon pas, et le Libre la laisse faire en se demandant quand est-ce qu’elle se rendra compte que c’est lui est sensé diriger, et non le contraire. Il est bien tenté de s’arrêter pour voir si elle s’en rend seulement compte, mais au moment il prend la décision la Jaguar ralentit l’allure pour se mettre à son niveau. Dommage, ça aurait pu être drôle. Enfin, au moins gardait-elle le silence… ou pas.

Stiles soupire lorsque Johanne lui demande s’ils sont encore loin du territoire. Et heureusement pour eux deux, il n’a pas à lui répondre puisque le paysage le fait pour lui. Il allait encore lui sortir une répartie cinglante et à tout les coups elle la lui aurait renvoyé à coup de poings…

La blonde s’arrête nette, et le brun en fait de même, fixant les frontières alors que son cœur accélère soudain. Il est beaucoup trop proche, les risques sont beaucoup trop grand, et si la fille lui avait oublié sa peur l’espace d’un instant, lui permettant d’arriver jusqu’ici, il ne peut désormais qu’à peine se retenir de trembler. Johanne s’adresse à lui, mais il l’entend à peine. Enfin il comprend qu’elle le libère, et il ne va pas se faire prier pour repartir loin du territoire Sud. Oubliant toute envie de la faire rager, il fait quelques pas à reculons.

« Ouai ouai, c’est ça, à plus. »

Sa réponse est machinale, il ne se rend même pas vraiment compte de ce qu’il dit. Les jambes flageolantes, il fini par faire demi-tour et s’éloigne sans demander son reste, plantant la blonde là. Mais qu’est-ce qu’il lui à prit de prendre un tel risque…

A peine est-il hors de vue qu’il se met à courir, vite, vers le campement, en sécurité…

HJ:

Le Libre semblait tout d'un coup encore moins net que... Eh bien que durant la totalité de notre discussion. C'était quoi son problème à celui-là ? Pourtant, j'avais été gentille. Peut-être que c'était ça le problème. Le petit peuple n'avait pas l'habitude d'être traité avec égard donc il paniquait parce que ça pouvait très bien cacher quelque chose. Ouais, ça se tenait. Je le regardais partir, un peu paumée quand même. Bien vite, le naturel revient pourtant au galop et je cessais de me poser des questions. Qu'est-ce que j'en avais à foutre de toute façon ? C'était juste un clampin de Libre que je ne reverrais jamais. Sans réfléchir plus, je tournais les talons et me mis en route vers les frontières. Retrouver la maison, c'était quand même agréable et en plus j'allais pouvoir, par ma seule présence, prouver à Reed que j'étais parfaitement capable de me débrouiller toute seule et donc que je pouvais passer mon test. Il était temps. Certes, la vérité était un peu différente, mais ce n'était pas à coup de vérité qu'on se construisait sa légende. Ma débâcle resterait notre petit secret au Libre et à moi.

- Merde !

Je me retournais rapidement, mais le gars n'était plus en vue. Et zut ! Le truc avec les secrets, c'était qu'il valait mieux qu'il y ait le moins de personnes possible au courant. Deux, c'était déjà trop. Le must, c'était un parce qu'on avait pas à flipper à propos d'une trahison. Pour conserver mon secret, il aurait donc été plus intelligent de tuer le Libre, mais ce détail m'avait échappé. Bah... Ce n'était qu'un tout petit secret de rien du tout de toute façon. En comparaison de ceux que je gardais, ce n'était qu'une broutille.