Face à la bête

Aujourd'hui, la journée se veut calme et reposante. Puisqu'il n'a pas besoin de toi au campement, Virgo t'a permis de faire un tour en ville. Le mot permission n'est pas exactement le bon puisque rien ne t'interdit de le faire mais l'homme avait du travail pour toi, tu n'allais donc pas le laisser pour aller gambader dans les ruines. Tu trouves d'ailleurs un peu étrange qu'il te donne tant à faire depuis votre arrivée à Paris. A croire qu'il a peur que tu fasses quelque chose de mal. Il devrait pourtant savoir que ce n'est pas ton genre. Tu es plutôt posé et réfléchi comme homme. Et contrairement à ce qu'il doit penser, tu ne comptes pas te pointer sans prévenir chez les Jaguars pour voir Noâ. La rencontre avec cette fille venant de son clan t'a donné encore plus envie de vérifier par toi même ses dires mais pas à ce point là. Même si l'envie ne te manque pas, tu ne te sens pas encore prêt pour une telle confrontation. Et tu sais qu'il y a des étapes à respecter. Alors aujourd'hui, tu te contentes de te balader pour voir ce qui a changé. Tu restes religieusement dans le centre-neutre en ne t'approchant surtout pas du sud pour éviter les tentations inutiles.

Tu te promènes depuis un certain temps déjà, observant d'un œil absent ce qu'il se passe autour de toi, lorsqu'un cri retentit. Un cri de femme paniquée qui n'augure rien de bon. Ta main rejoint directement le manche de ton épée mais tu la laisses dans son fourreau. Tu cherches dans un premier temps à identifier la menace avant de sortir ton arme, c'est une habitude. Au début, tu ne comprends pas ce qu'il se passe mais la situation s'éclaircit bien vite alors que tu aperçois la silhouette massive et sombre d'un animal. Tu n'as jamais vu ce genre de bête bien qu'elle ressemble un peu aux sangliers que l'on trouve dans les contrées sauvages de l'est. A côté de cette chose, les sangliers ont l'air d'innocentes peluches et pourtant ils n'étaient pas sans danger. Sans réfléchir plus, tu fais jaillir ta lame et fonce vers le monstre. Il détruit tout sur son passage, échoppes comme humains. C'est stupide d'agir de la sorte mais tu ne peux pas rester inactif. D'une façon ou d'une autre, il faut que tu l'arrêtes.

Cela faisait quelques jours qu’Alessandra était chez moi, ou plutôt chez mes parents. Nous n’avions pas vraiment eu l’occasion de parler contrairement à ce que j’espérais, mais je savais au moins que le contacte passait bien avec ma mère et Elias. Quant à mon père, il était apparemment souvent absent, ce qui n’était pas plus mal.

J’aurais pu profiter de la présence d’Al pour nous rapprocher, mais le fait était que j’avais simplement du mal à approcher ma famille, et du coup la Jaguar par la même occasion. Je passais donc la plupart de mon temps à errer sans but précis, évitant les Aigles, ou simplement les endroits fréquentés… Mais aujourd’hui je devrais prendre sur moi, car je ne pouvais pas laisser Al mourir de faim ni ma famille se priver pour elle. Leurs rations n’étaient pas suffisantes pour eux tous, et ma mère se privait pour la Jaguar. J’avais promis que la nourriture ne serait pas un problème, il était donc temps de prendre mes responsabilité.

Je me retrouvais donc dans le Centre Neutre, à la recherche de nourriture. Ce n’était pas le plus difficile à trouver, mais je voulais en profiter pour ramener quelques denrées rares à ma mère, jouant de la place que j’occupais toujours officiellement au sein du clan et sacrifiant pour la cause une bonne part de mes propres rations. La privations ne me gênait pas vraiment de toute façon.
Mais alors que je passais d’une échoppe à l’autre pour regarder ce qu’ils proposaient, un cri persan retentit dans la rue, suivis par une habituelle agitation. Une main sur le manche de mon couteau, je sortit en hâte pour me retrouver face à un monstre. Sur le coup, je restais figé de surprise. Comment une bête pareil avait pu se retrouver en plein centre de la ville ? Personne n’avait donc pu l’arrêter ? Enfin, vu qu’elle était enragée, cela n’était pas étonnant en fait.
La foule était paniquée, et je du jouer des coude pour avancer à contre sens afin de mieux évaluer la situation. Je cherchais un moyen d’arrêter cette chose, mais seul cela paraissait assez impossible… Enfin cette pensée ne semblait pas être de l’avis de tous puisqu’un homme se rua soudain sur le monstre, sabre sortit.

« Ce mec est complètement fou ! »

J’avais parlé entre mes dents. Mais si je trouvais cette façon d’agir irréfléchie, je ne pouvais pas aller les choses sans réagir. Courant à mon tour vers la bête, lame sortie, je sifflais avec force pour attirer son attention de façon à la détourner de l’attaquant. Il avait plus de chance que moi de la toucher avec lame longue, je ne pouvais donc dans un premier temps que lui facilité la tâche en lui ouvrant une brèche.

Fou, tu dois être complètement fou pour agir de la sorte. Tu es bien conscient des risques que tu prends mais tu ne peux pas t'en empêcher. Alors que toutes les personnes sensées fuient les rues étroites du marché pour rejoindre les artères plus aérées du centre leur offrant des abris pour échapper à la bête, toi tu fonces comme un dératé vers elle. Tu ne supportes pas de rester inactif alors que d'autres gens sont en danger. C'est plus fort que toi, il faut que tu interviennes. Ton épée désormais sortie de son fourreau, tu contournes le plus gros de la foule pour rejoindre le monstre à la gueule truffée de crocs. Si jamais elle réussit à te mordre, tu prendras cher. Ou plutôt, tu perdras beaucoup. Une morsure et c'est ton bras qu'il avalera. Cette information te fait déglutir difficilement mais tu continues à progresser. Cette chose doit bien avoir un point faible, il suffit juste de le trouver.

Un sifflement puissant résonne alors. Par réflexe, tu te tournes vers l'endroit d'où provient le son et constates qu'un jeune blond essaye d'attirer la bête vers lui. Il ne te faut pas une seconde pour comprendre sa tactique. Il t'aide à sa façon en t'offrant une occasion de frapper plus efficacement. De front, tes chances sont faibles mais si tu agis efficacement en visant le flanc, tu y arriveras sûrement. Tu sais que cette occasion est unique et que tu ne dois pas la gâcher. Tu concentres toute ton attention sur le phacochère et refrène ton énergie pour éviter de te faire remarquer. Il faut que tu sois discret. La bête progresse rapidement vers le blond, se souciant peu de toi. Le plan marche, à ton tour de faire ta part. Lorsqu'elle passe à côté de toi, tu fonces. Tu cours à toute vitesse et tu enfonces ta lame dans le côté du monstre. Sa chair est coriace mais ton épée pénètre profondément et d'un geste habile du poignet, tu réussis à agrandir la blessure. Cela ne suffit néanmoins pas pour arrêter le monstre qui s'arrache à ton arme en poussant un grognement colérique. La douleur le rend plus furieux encore et il oublie le jeune homme désormais. Les rôles changent, c'est à toi de jouer l'appât. Tu fais danser ton épée suintante de sang, prêt à frapper à nouveau tout en reculant. Il faut que tu atteignes le coin de la rue, il te permettra de gagner du temps.

Dans ton esprit se forme malgré tout l'ébauche d'une idée. Tu as bien une solution mais tu n'es pas sûr que cela marchera. Et elle n'est pas sans danger. Tu quittes quelques secondes la bête des yeux et lance un regard rapide au blond.

ADRIAN – Un rodéo, ça te tente ?

De ta main libre, tu désignes tes yeux. S'il saute sur le dos du monstre, il pourra aisément lui crever les yeux de sa lame. Tu l'aurais bien fait mais dans l'immédiat, tu es un peu trop exposé pour tenter quoi que ce soit.

Ma manœuvre avait fonctionnée, et je me retrouvais à faire face à une bête féroce qui me fonçait dessus. J’espérais que le brun ai compris l’idée, sinon je n’étais pas dans la merde…
Heureusement, il profita bien de l’occasion enfoncé sa lame dans le côté de l’animal. Celui-ci se stop aussitôt et se tourne vers l’homme avec rage. Je profite que son attention soit a nouveau détournée pour m’approcher un peu, restant sur mes gardes, prêt à bondir au moindre signe de charge de la bête. Le brun garde le regard de l’animal sur lui en faisant danser son épée ensanglantée sous ses yeux tout en reculant lentement. Sa blessure l’a rendu encore plus féroce, et il gratte furieusement le sol de ses sabots, prêt à charger au moins mouvement brusque. Pendant ce temps, j’essaye de trouver un moyen d’atteindre la bête de façon à l’affaiblir. Mais c’est l’épéiste qui propose quelque chose, me demandant si un rodéo me tentais et m’indiquant de lui crever les yeux au passage. Cette idée était suicidaire… mais nous n’avions pas trop le choix, étant donné que c’était la seule que nous avions.

Je contournais le monstre le plus discrètement possible, ma lame serrée dans mon poing. Une fois dans son angle mort, ou du moins j’espérait que la bête ne me voit pas approché…, je pris de l’élan en courant et sautais pour aller m’agripper a une touffe de poils hirsutes près de son cou. Le monstre rua aussitôt et je faillait bien perdre pied. Je me cognais contre la peau dure alors que l’animal sautais dans tous les sens pour m’éjecter. J’utilisais ma lame comme crochet pour me maintenir et me hisser jusqu’à la tête, ce qui n’arrangeait pas la colère de la bête. A un moment, elle se laissa tomber sur le côté et je faillit me faire écraser sous son poids. Heureusement, je réussi à me dégager avant qu’elle ne me roule totalement dessus. Me mettant à courir pour éviter sa ruade, je criais au brun.

« Deuxième essais ! Va falloir courir vite ! »

Entre le brun et moi, la bête ne savait plus où donner de la tête. Il fallait en profiter avant qu’elle ne se remette à courir… Me stoppant, je fixais mon regard dans celui du monstre qui s’était immobilisé face à moi également. C’était au tour de l’homme de tenter sa chance, et j’espérais qu’il face vite car l’animal s’apprêtait à me foncer dessus…

« Tu devrais essayé, on se sent vivre. »

Tu ne doutes pas du fait que le blond te prenne pour un fou mais il obtempère néanmoins. En réalité, il n'a pas vraiment le choix et tu t'en veux un peu de l'avoir embarqué dans cette galère. Cet acolyte est pourtant providentiel et sans lui, tu te serais sûrement déjà fait empaler par les défenses que la bête arbore comme des lames. Tu ne tiens pas vraiment à les tâter, tu t'appliques donc à lui changer les idées pendant que l'autre homme agit. Il semble rapide et au vu de ses déplacements, tu supposes qu'il est entraîné. Heureusement dans un sens. Ses heures à trimer pour développer ses capacités vous offriront peut-être une chance de survivre supplémentaire. Lorsqu'il bondit sur le dos du monstre, tu choisis d'observer un recul stratégique. Maintenant qu'il est sur son dos, tu ne peux plus l'attaquer et il serait stupide de te faire mettre accidentellement K.O. par les ruades de l'atrocité qui s'agite dans tous les sens pour éjecter son assaillant. Il est malin et plante son arme dans la peau coriace du monstre pour se maintenir en place mais cela ne suffit pas. Il finit par se faire décrocher alors que la bête se vautre sur le sol. D'une certaine façon, elle doit être dotée d'une forme d'intelligence pour avoir réagit de la sorte. C'est un fait étonnant au vu de sa fureur qui n'a rien à envier à un animal atteint de la rage.

ELI – Deuxième essais ! Va falloir courir vite !

Ce n'est pas vraiment un échec, au moins vous continuez à fatiguer la bête qui semble peu à peu perdre de sa capacité de réflexion. Face à deux adversaires qui l'ont blessés, elle ne sait visiblement plus comment réagir. Alors elle charge tout simplement pendant que vous galopez dans les ruelles. Finalement, le blond fait un arrêt qui désoriente plus encore le monstre et reprit son rôle d'appât. Ce calme n'est pourtant que celui qui précède la tempête et tu sais qu'il faut agir vite.

ELI – Tu devrais essayé, on se sent vivre.

Tu lâches un rire nerveux. L'idée de grimper sur son dos n'a rien de rassurant mais puisqu'il l'a fait en te faisant confiance, c'est à ton tour. Dès que la bête se remet à charger, tu t'élances et t'accroches comme tu peux à elle. Ta main empoigne comme elle peut son pelage poisseux de sang et tu lacères sa tête à l'aveugle. Tu l'entends couiner de douleur, cela te déplaît mais il t'est impossible de faire les choses proprement. Elle ne te laisse pas le choix. Une ruade particulièrement violente t'éjecte de son dos et tu roules dans les gravats. Le choc a été dur mais tu te redresses rapidement. Tu cherches des yeux ton épée pourtant tu ne la trouves pas. Elle est planté dans la tête de la bête qui essaye de la déloger. Une pression ferme et elle lui transpercera le cerveau.

Le gars laissa échapper un rire nerveux avant de passer à l’action. Alors que j’esquivais la bête qui ruait vers moi, il lui sauta sur le dos et essaya de l’atteindre avec son épée. Je suivis la scène des yeux, prêt à bondir en cas de besoin. Mon équipier du moment fini par se faire éjecter à son tour, laissant son arme plantée dans la tête du monstre. Je lui jettais un rapide coup d’œil pour voir s’il allait bien, et voyant qu’il se relevait, j’attirais à nouveau l’attention de l’animal sur moi. Ce que je m’apprêtais à faire était surement suicidaire, j’allais devoir gérer mon coup à la perfection si je ne voulais pas finir écrasé par ce monstre…

Me plaçant dos à un mur, je fis de grands signes pour attirer l’animal qui se débâtait toujours avec l’arme qui devait surement le faire souffrir.

« Et sale bestiole, vient par ici ! »

Elle rua de nouveau, tête la première, et je du me forcer à ne pas bouger jusqu’au dernier moment.
Alors qu’elle arrivait sur moi, j’attrapais une barre de métal en espérant qu’elle tienne le coup et me hissais de façon à me retrouver au-dessus de la bête. Celle-ci défonça le mur et je me laissais tomber sur elle et les gravats pour finir d’enfoncer l’épée et immobiliser définitivement l’animal. J’étais essoufflé et un peu sonné, aussi ne bougeais-je pas dans un premier temps, agrippé à l’épée. J’avais un peu trop forcé sur ce coup…

Après quelques secondes à m’assurer que le monstre ne bougeais bel et bien plus, je cherchais des yeux l’autre gars pour lui demander entre deux respirations saccadées.

« Ca va ? »

Ton épée t'est précieuse, tu as un peu peur de la voir détruite dans l'entreprise mais si sa fin signifie la victoire sur le monstre et la survie de ton coéquipier, tu te dis que la perte sera acceptable. Bien entendu, elle te manquera. Il est peut-être stupide de s'attacher de la sorte à un objet inanimé mais c'est plus fort que toi. C'est un cadeau que l'on t'a fait lors de l'un de tes voyages au côté de la Troupe et elle t'a sauvé la vie un nombre incalculable de fois. Elle est une véritable extension de ton corps et tu es au fond persuadé que jamais plus tu ne trouveras une arme aussi adaptée à ta technique de combat. Même avec du talent et de très longs d'entraînements, on ne peut rien faire sans un bon matériel. Pourtant c'est le blond que tes yeux scrutent avec anxiété. Tu espères vraiment qu'il réussira à se débarrasser de l'abomination sans se faire empaler au passage par l'une de ses défenses.

ELI – Et sale bestiole, vient par ici !

Au départ, tu ne comprends pas bien pourquoi il agit de la sorte. Ainsi acculé à un mur, il n'a désormais plus aucune chance de repli. A l'approche de l'impact, ton souffle se bloque dans ta gorge sans que tu ne t'en rendes compte. Tu ne peux que regarder, impuissant, la manœuvre du jeune homme qui au dernier moment se saisit d'une barre dépassant du mur pour se hisser hors de portée de la bête. C'est particulièrement ingénieux. Tu n'as même pas vu cette barre avant qu'il s'y accroche et tu ne peux t'empêcher de l'admirer. Il doit probablement avoir l'habitude de combattre en milieu urbain et a développé les capacités nécessaires pour y survivre. Seulement, il a peut-être réussi à dominer lors de cet échange mais la bataille n'est pas finie. Le monstre s'est encastré dans le mur qui s'est écroulé, pourtant il reste bien en vie. Lui aussi fait preuve d'une sacrée résistance. Pourtant, il doit être temps pour le blond de l'honorer en le tuant car il se laisse tomber sur la carcasse bien charpentée de la bête et lui enfonce la lame dans le cerveau. Après quelques soubresauts, elle meurt enfin. Maintenant qu'elle a cessé de grogner et que ses lourds sabots ont cessés de marteler le sol tout devient silencieux. Prenant soudain conscience du fait que tu avais cessé de respirer, tu prends une grande inspiration avant d'expirer tout l'air emmagasiné.

ELI – Ca va ?

Le jeune homme récupère lentement tout comme toi. La situation est quelque peu bizarre mais tu laisses passer un rire.

ADRIAN – Je survivrais.

Tu lui lâches un léger sourire avant de continuer.

ADRIAN – Et de ton côté, pas trop de casse ?

Le souffle encore un peu court, tu t'avances vers lui et t'adosses au mur à moitié défoncé par la bête.

ADRIAN – Au fait, moi c'est Adrian. Sympa d'avoir combattu avec toi.

Tu es parfaitement conscient que sans lui tu n'aurais pas eu tant de chance. Il fallait bien être deux pour abattre une chose pareille.

Le gars répond en laissant échapper un rire avant de me retourner la question. Reprenant avec peine ma respiration, j’essaye de dégager le sabre de la bête tout en répondant.

« Je dois avouer… avoir connu mieux. »

L’arme reste coincée, bien trop enfoncée. Soupirant, je descend de l’animal et m’adosse à côté de ce lui qui se présente comme étant Adrian. Je vérifie l’étendue des dégâts corporel - rien de trop grave apparemment - avant de reprendre la parole à mon tour, un peu moins essoufflé.

« Eli. T’es conscient que tu aurais pu te faire tuer ? »

En effet, ce n’est pas comme si j’avais vraiment eu le choix de l’aider, il n’aurait eu aucune chance seul. Relevant les yeux vers la lame toujours plantée dans la tête de l’animal, j’appuie ma tête contre le mur.

« Désolé, elle semble bien coincée… »

Je fermais brièvement les yeux, soudain fatigué. Le gars semblait sympa, mais dans l’immédiat je n’avais pas le courage de lui retourner son sourire. Je me massais doucement les tempes d’une main en essayant de voir le bon côté de ce combat : cette bête devrait surement fournir quelques kilos de viandes.

ELI – Je dois avouer… avoir connu mieux.

Malgré sa fatigue évidente, il fait un effort pour tenter de sortir ton épée du crâne du monstre. Ses efforts sont pourtant vains, la lame est profondément enfoncée et tu te doutes qu'il ne sera pas facile de la récupérer. En le voyant abandonné pour se remettre debout, tu décides que cela peut attendre. Après tout, la bête n'est pas prête de bouger, par conséquent ton arme non plus. Il s'est adossé près de toi, tu peux entendre que sa respiration est plus calme que tout à l'heure. Tu le regardes de côté pendant qu'il fait son bilan, toujours curieux à propos de ce jeune gars qui a décidé de t'aider dans la folle mission que tu t'étais fixé.

ELI – Eli. T’es conscient que tu aurais pu te faire tuer ?

Il semble du même avis que ta conscience. Elle aussi te sermonne à ce propos maintenant que l'incident est passé. Sur le moment, tu n'as pensé à rien d'autre qu'à éliminer une menace mais tu sais désormais que tu as eu beaucoup de chance.

ADRIAN – D'habitude, je suis plus mesuré. Seulement, je m'en serais voulu si quelqu'un était mort parce que j'avais fui face à cette bestiole.

En plus, tu n'as pas l'impression d'avoir grand chose à perdre. Si tu mourrais, tu ne manquerais qu'à peu de personnes selon toi. Personne ne compte sur toi au point que ta mort créerait un trou béant dans sa vie. Tu secoues légèrement la tête pour te sortir ces pensées moroses de la tête. Tu ne veux pas mourir non plus. Au fond, tu veux juste avoir quelque chose de tangible pour t'accrocher à la vie.

ELI – Désolé, elle semble bien coincée…

La voix du blond te force vraiment à refaire surface. Tu fixes un instant ton épée, puis tu te redresses pour la rejoindre. Tu cales un pied sur le crâne de l'animal, l'autre restant bien campé au sol, et tu tires de toutes tes forces. Rien. Elle ne bouge pas d'un centimètre.

ADRIAN – Eh ben, il a le crâne solide.

Tu réfléchis pendant quelques secondes avant de t'écarter un peu.

ADRIAN – Je pourrais t'emprunter ton couteau ?

L'idée ne t'enchante pas beaucoup mais tu as peut-être une solution pour la dégager un peu.

Le gars précisa qu’il était plus mesuré d’habitude. Mais il n’avait pas tort, la bête aurait pu faire de sérieux dégâts, tant matériel qu’humain, si personne n’était intervenu. C’était juste qu’il s’était vraiment jeter dans la gueule du monstre sans réfléchir, et ça aurait pu être dangereux pour lui. Enfin au moins il semblait en être conscient.

Je garde le silence alors qu’Adrian semble se perdre dans ses pensées. Mais mes dernières paroles le ramène apparemment sur Terre et il se dirige vers la bête pour essayer d’en extraire son épée à son tour, sans succès. Je me redresse pour le regarder faire, curieux de voir sa méthode qui au finale ne diffère pas vraiment de la mienne. Finalement, il redescend et me demande s’il peut avoir mon couteau. Je le fixe un moment, à la fois surpris et suspicieux. Mon couteau ? Pour dégager son épée ? J’attrape mon arme d’un geste lent et la lui tend d’un geste encore plus lent, mais je ne la lui cède pas tout de suite pour autant.

« Tu comptes en faire quoi ? »

Non, je n’imaginais pas qu’il puisse m’attaquer avec ma propre lame, mais il semblait avoir une idée derrière la tête et je pressentais que ma lame n’en sortirait pas très net…

Ta demande laisse le jeune homme silencieux. Tu l'observes avec un léger sourire en te demandant pourquoi il est aussi hésitant tout d'un coup. Tu ne comprends pas vraiment ce qui peut le faire douter dans ta question. Visiblement méfiant, il sort son couteau et te le tend avec une lenteur infinie. Tu te saisis simplement du manche sans exercer de traction.

ELI – Tu comptes en faire quoi ?

Le regard rieur, tu penches légèrement la tête sur le côté avant d'éclater franchement de rire.

ADRIAN – Mince tu m'as démasqué. Comment tu as deviné que je faisais de la contrebande d'armes volées grâce à l'attaque d'un animal sauvage ?

Tu ne te moques pas vraiment de lui. Tu as juste saisis l'énorme perche qu'il t'a tendue.

ADRIAN – Plus sérieusement, je veux juste trancher la chaire pour diminuer la pression sur la lame.

Il doit tenir à son couteau autant que tu tiens à ton épée. Tu ne comptes pas lui abîmer, le lui voler ou qu'importe ce qu'il imagine. Tout ce que tu veux c'est sortir ton arme de là, point.

Adrian à l'air amusé par la situation, et il répond d'ailleurs de façon sarcastique à ma question. Pinçant les lèvres, je lâche mon couteau, le lui laissant de la sorte, et soupir entre mes dents.

« Content que ça t'amuse, mais les temps ne sont pas vraiment à la confiance, alors il est normal que je me méfie. »

Depuis est-ce que je ressent le besoin de me justifier moi ? Il a quelques mois à peine, je n'aurai même pas pris la peine de discuter avec lui après coup, et aujourd'hui je me défendais face à un pique comme un gamin dont on s'était moqué. Je me détourne alors et fait mine d'observer la bête.

« Il faudra faire amener ça a l'usine alimentaire. Ca devrait être une viande comestible... La Troupe en mérite la moitié, il faudra s'arranger pour faire l'échange. »

Le Libre n'avait pas précisé qu'il venait de la Troupe de Virgo, mais son brassard parlait pour lui. Quant à moi, j'avais détourné la conversation sur l’aspect pratique de la suite des événements, espérant ainsi clore le sujet précédent...

L'humour ne semble pas être le fort du blond. Il n'a même pas esquissé un sourire et s'est contenté de lâcher sa prise sur le couteau. Il pince même les lèvres avant de laisser échapper un souffle entre ses dents. Mauvaise pioche. Tu as visiblement dépassé les bornes. Quelque chose te dit qu'il vaut mieux que tu évites de parler pour ne rien dire à partir de maintenant. Tu ne ressens pas forcément le besoin de bavarder, tu sais respecter le silence des autres mais lorsque tu rencontres quelqu'un c'est toujours plus pratique d'échanger quelques mots pour faire connaissance. Enfin c'est sans importance.

ELI – Content que ça t'amuse, mais les temps ne sont pas vraiment à la confiance, alors il est normal que je me méfie.

Il n'a pas tort. Tout ça fait revenir ta mauvaise impression à propos de la ville. Paris est pourrie jusqu'à l'os et le fait que les gens ne se fassent pas confiance en est la preuve. L'humeur un peu noire, tu te retournes pour aller t'agenouiller au côté de la bête morte. Maintenant que tu as le couteau, tu vas peut-être pouvoir récupérer ton épée. Tu commences à trancher la peau, puis tu t'attaques à la chair plus coriace.

ELI – Il faudra faire amener ça a l'usine alimentaire. Ca devrait être une viande comestible... La Troupe en mérite la moitié, il faudra s'arranger pour faire l'échange.

Le travail est dur. Tu t'arrêtes quelques secondes pour passer ta manche sur ton front pour chasser la transpiration qui y perle.

ADRIAN – Vu son poids, on y arrivera pas tous les deux. Tu connais des gens dans le coin qui pourraient nous filer un coup de main ? Ou tu es suffisamment influent pour nous avoir une équipe de l'usine alimentaire ?

Tu ne sais pas trop pourquoi mais tu as l'impression qu'il n'est pas n'importe qui.

ADRIAN – Mais la Troupe sera ravie d'avoir de la viande fraîche c'est certain.

Sans un mot, Adrian s'attaqua à la tâche de dégager son épée. L'ambiance était un peu refroidie, mais cela ne m'importait pas vraiment. Après un moment, le brun s'arrêta pour me demander si je connaissais un moyen de transporter la carcasse. Je fixais la bête afin d'évaluer la tâche : elle était vraiment énorme, c'était certain...

« Je devrais pouvoir faire venir une équipe de l'usine. Mais il faudra la surveiller d'ici là. Je reviens dans cinq minutes, le temps d'envoyer quelqu'un jusque là. »

Sur ces mots, je tournais les talons et partit en quête de Membres. Des patrouilleurs avaient déjà rejoins les lieux afin d'évaluer les dégâts matériel et humain. J'en interpellais deux qui me reconnurent sans mal et leur expliquais la situation. L'un partit vers l'usine, l'autre vers le Centre Hospitalier pour chercher de l'aide pour les blessés. Pour le reste, les clans allaient sûrement être mis au courant rapidement, les dégâts matériel seraient donc vite réparés.

Je retournais ensuite vers Adrian et allais de nouveau m’appuyer contre le mur, une main serrée sur mon t-shirt au niveau du tors. Ma blessure me lançais plus fort que je ne pensais.. Mais je pris pourtant la parole sans laisser transparaître ma douleur. J'avais l'habitude maintenant après tout...

« Tout à été pris en main, cette histoire sera vite réglée et oubliée. Ne reste plus qu'à attendre les travailleurs. »

Tu te remet rapidement à travailler sur le dégagement de ton épée. Le danger est toujours un peu là et tu n'aimes pas de la savoir inaccessible. Et puis Eli est désireux de récupérer sa propre lame ce que tu peux tout à fait comprendre.

ELI – Je devrais pouvoir faire venir une équipe de l'usine. Mais il faudra la surveiller d'ici là. Je reviens dans cinq minutes, le temps d'envoyer quelqu'un jusque là.

Efficace et visiblement confiant, le blond disparaît avant que tu n'ais pu dire quoi que ce soit. En effet il n'est pas n'importe qui c'est une certitude désormais. L'agitation a commencé à revenir autour de toi mais tu n'y prêtes pas vraiment attention. Tu es concentré sur ta tâche. Tu remarques le retour d'Eli mais tu ne le commentes pas. Tu as presque fini. Plus que quelques coups et la lame de ton épée sera libre.

ELI – Tout à été pris en main, cette histoire sera vite réglée et oubliée. Ne reste plus qu'à attendre les travailleurs.

D'un hochement de tête tu lui fais comprendre que tu as bien entendu. Avec force tu lacères une dernière fois le crâne de la bête et d'une traction forte tu extrais ton arme. Enfin ! Un sourire victorieux glisse sur tes lèvres. Sans te soucier de l'état de tes vêtements après tu glisses la lame sur ton pantalon avant de la rengainer. Tu essuies ensuite le couteau du Membre sur ton t-shirt et tu lui tends une fois qu'il n'est plus poisseux de sang, le manche dans sa direction.

ADRIAN – Merci. Pour le prêt et tout le reste.

Un franc sourire étirant ta bouche tu lui tends la main. Après une telle rencontre, une poignée de mains te semble être de rigueur.

Adrien est toujours occupé à essayer de dégager sa lame. Elle était vraiment bien enfoncée dit donc... Après nettoyé son épée, il en fit de même avec mon couteau avant de me le rendre. Je le rengainais aussitôt et et lui serrais la main qu'il me tendait en lui rendant son sourire, bien qu'un peu plus retenu que le sien.

« Pas de soucis. On y gagne tout les deux au final dans cette histoire. Je sens qu'on va avoir droit à un bon festin prochainement. »

Mon regard dérive sur la bête. Des gens s'étaient attroupé autour de nous, et j'espérais qu'aucun ne fasse du grabuge pour obtenir une part de l'animal...

Après un certain temps à simplement discuter et essayer de tenir les gens à l'écart, l'équipe de l'usine fini par arriver, traînant une sorte de chariot derrière eux. Super, ça serait beaucoup plus facile pour eux. Nous les aidâmes à charger la carcasse, qui pesait son poids, puis je me tournais de nouveau vers le Libre.

« Je vais les accompagner afin de m'assurer que tout se passe bien en chemin. Quelqu'un passera à votre campement pour l'organisation du partage. Merci pour courage, et à bientôt peut-être. »

Je lui tendis à mon tour la main pour lui dire au revoir. Le remerciement était sincère, et non pas formel, et j'eus un sourire un peu plus franc en pensant aux prochains repas.

L'équipe se mis en route, et je les suivis de près, espérant qu'il n'y aurait pas de problèmes sur le chemin...

HJ:

Le blond accepte la poignée de main et ne semble pas te trouver complètement idiot avec tes manières. Son sourire est petit mais il est présent ce que tu prends pour une victoire. Les gens sont trop sérieux dans cette ville et tu es toujours heureux d'avoir pu arracher même l'ombre d'un sourire à quelqu'un.

ELI – Pas de soucis. On y gagne tout les deux au final dans cette histoire. Je sens qu'on va avoir droit à un bon festin prochainement.
ADRIAN – Cette bête va en faire des heureux.

Tu lui offres un nouveau sourire. Les gens autour semblent intéressés mais il n'y a dans les environs personne d'assez stupide pour tenter quoi que ce soit. La bête n'est pas forcément le genre d'aliment que l'on peut voler et il n'aurait pas été discret de s'avancer avec une lame pour se tailler une part. Mais une attention reste nécessaire et tu assistes le Membre sans broncher jusqu'à l'arrivée des travailleurs. Tu les aides ensuite à charger le monstre dans un chariot qui sera sûrement bien pratique pour faire le trajet jusqu'à l'usine.

ELI – Je vais les accompagner afin de m'assurer que tout se passe bien en chemin. Quelqu'un passera à votre campement pour l'organisation du partage. Merci pour courage, et à bientôt peut-être.
ADRIAN – Merci pour le coup de main camarade. Je transmettrais les infos à Virgo pour la viande.

Tu lui serres une nouvelle fois la main avec bonne humeur avant de le laisser partir. Lorsque le groupe a disparu tu pousses un profond soupir. Maintenant que l'adrénaline est retombée tu commences à sentir la fatigue et la tension dans tes muscles. Le voyage jusqu'au campement promet mais l'idée de ton couchage est suffisamment attrayante pour que tu presses le pas alors que tu marches le nord.