Journée pluvieuse — PV Stiles (Flashback)
Aujourd'hui, il pleuvait. D'habitude, les éléments se démenaient avec férocité sur la terre, mais la pluie était différente. Elle était douce et apaisante. Taiga aimait la pluie. Elle aimait la sentir sur sa peau nue, c'était comme si à chaque fois elle la lavait de tous les efforts qu'elle avait fourni pour survivre, de toutes les difficultés qu'elle avait traversé. Il ne restait alors plus que la fierté d'avoir dépassé l'obstacle. Chaque fois qu'il pleuvait, Taiga était heureuse. Plutôt que de se cacher comme le faisait les animaux, elle en profitait pour rester dehors. Elle quittait avec bonheur son abri pour profiter des gouttes qui perçaient le feuillage éparse de la forêt. A peine vêtue d'une ample tunique qui couvrait son corps, elle progressait pieds nus dans la terre humide, y enfonçant ses orteils avec bonheur. Elle avait les mains tendues devant elle, les paumes bien ouvertes pour capter et s'offrir toujours plus à la pluie. Taiga avait treize ans et elle était heureuse.

Un craquement étrange résonna aux alentours. Un pas venait de casser une branche, brisant ses rêveries pluvieuses. Aux aguets, elle scruta la végétation qui l'entourait à la recherche d'un potentiel ennemi. Généralement, les prédateurs ne sortaient pas les jours de pluie. Seulement, il existait un prédateur qu'elle ne connaissait que trop peu qui semblait bien moins dérangé par la pluie que les autres. Son regard perçant trouva finalement une silhouette sous le couvert des arbres. Il était comme elle, un animal étrange nommé être humain. Il semblait se protéger du déluge alors qu'elle restait toujours bien sous la pluie. Curieuse, elle décida de ne pas fuir et le fixa simplement. Qui était-il ? Elle n'avait jamais vu un autre être humain sur son territoire et si sa présence ne la dérangeait pas, elle l'intriguait.

Du haut de ses treize ans, Stiles est un jeune garçon vif et plein de vie malgré son passé qui pèse encore lourd dans son cœur. Et il est aussi très curieux. En effet, depuis que la troupe de Virgo l’a recueilli et soigné près de Paris, il découvre des nouvelles choses chaque jour.

Stiles n’avait jamais quitter la ville lorsqu’il était chez les Jaguars. Il est donc émerveillé par tout ce qu’il rencontre : la verdure à foison, les animaux (qu’il regarde de très, très loin…), et surtout, la pluie. La pluie, il l’a découvert très récemment, et s’il a d’abord apprécier le contacte de l’eau sur sa peau, il s’et vite rendu compte que cela donne froid et peu rendre malade. Il a d’ailleurs attrapé le premier rhume de sa vie… Depuis, il essaye d’éviter de trop trainer dehors lorsqu’il pleut.

Mais aujourd’hui ne semble pas être son jour. En effet, alors profite d’un arrêt de la Troupe pour découvrir la forêt qui borde le campement, la pluie se décide à tombée a grandes eaux. Surpris au beau milieu des bois par les gouttes, le brun se met à l’abris sous un arbre. Mais les feuilles ne retiennent qu’à peine le flot de ce qui devient bien vite un déluge, et Stiles se retrouve rapidement trempé et grelotant. Il y avait pourtant du soleil quand il est partit du camp…

Alors qu’il se frotte énergiquement les bras pour essayer de se réchauffer, un mouvement attire son regard. Une bête ?! Le jeune garçon se pétrifie tout en cherchant à retrouver l’origine du mouvement.

« Pas une bête… pitié faite que ce ne soit pas une bête… »

Il murmure pour lui-même, la voix tremblante. Il regrette d’être partit tout seul de la sorte. La dernière fois aurait du lui servir de leçon : les bois sont dangereux. Mais qu’est-ce qui lui était donc passé par la tête ?! Il n’a pas réfléchi, et maintenant il risque de se faire attaquer, une fois de plus… Ou peut-être pas…

Le regard fébrile du garçon fini par repérer une silhouette non de lui, et celle-ci à bien une forme humaine, et non pas animale. D’abord soulagé, Stiles se demande ensuite qui peut bien marcher ainsi sous la pluie. De lui, il lui semble que c’est une fille, mais c’est difficile à dire à travers le rideau de pluie. Par contre, il remarque malgré tout ses habits. Alors que lui porte un short et un t-shirt, la silhouette ne semble porter qu’une sorte de robe large. Encore plus étrange. En effet, qui voudrait se promener ainsi sous la pluie à peine habillé ?

Curieux, le brun hésite à s’approcher. Il fait un pas sans faire attention et fait craquer une branche sous son pied. La fille s’arrête aussitôt et semble scruter les environs. Lorsqu’elle le repère, elle fixe son regard sur lui et reste immobile. Stiles fait de même, la bouche entrouverte, déconcerté par l’aspect sauvage de la fille. A vue d’œil, elle devait avoir à peu près son âge, mais de nouveau il était difficile d’évaluer quoi que ce soit sous cette touffe de cheveux en batail et sa peau tannée par le soleil, l’air, et la crasse surement…

En remarquant son vêtement, Stiles pique un far et détourne les yeux en se raclant la gorge, gêné. Le regard au sol, il tente une approche d’une voix un peu rauque. Cette fille l’intrigue, elle ressemble a un animal sauvage aux aguets, ce qui a de quoi attiser sa curiosité…

« Excuse moi, je ne voulais pas te faire peur… Qui es-tu ? »

La question lui semble trop direct, mais il est trop tard. Il relève légèrement les yeux et va les poser sur un arbrisseau à côté de la jeune fille. Il n’ose pas la regarder, trop gêné… ou intimidé…

La première réflexion de Taiga fut de se dire que cet humain avait l'air un peu bête. Il avait la même tête rigolote que certains bébés animaux lorsqu'ils faisaient leurs premiers pas et tombaient maladroitement. Elle trouva cela plutôt mignon et un léger sourire étira ses lèvres. Sans aucune raison, sa peau se mit à rougir comme lorsque l'on restait trop au soleil ou qu'on s'approchait trop près du feu. Là, c'était comme si c'était son visage qui était resté à proximité des flammes durant trop longtemps. Le phénomène était étrange, surtout sous cette lourde pluie un peu froide. Il fit un drôle de bruit avec sa gorge. Taiga n'avait jamais entendu ce son et elle essaya de l'imiter, sans grand résultat. Finalement, il se mit à parler. Cela faisait un moment que Taiga n'avait plus entendu parler alors elle l'écouta avec attention, ses yeux s'illuminant.

— Peur ?

Elle connaissait ce mot, elle ne comprennait juste pas pourquoi il sous-entendait qu'elle pourrait avoir eu peur de lui. Il n'avait rien d'effrayant, ce n'était qu'un bébé humain qu'elle aurait pu facilement semer dans ces bois. Ici, elle était sur son territoire et aucun homme n'aurait pu la battre tant qu'elle n'en sortait pas.

— Taiga n'a pas peur. Toi oui ?

La fille souris sans que Stiles ne comprenne pourquoi. Elle semble s’étonner de l’affirmation du garçon comme qui il lui aurait fait peur et assure qu’elle n’a au contraire pas peur pour lui retourner ensuite la question. Elle n’a pas répondu à la question, ou du moins pas directement, puisqu’elle lui a tout de même donné son nom. Elle parle d’une façon étrange, et le brun fronce les sourcilles en se demandant pourquoi elle s’exprime de la sorte. Il relève les yeux elle, les questions prenant le dessus sur la gêne durant un moment. Il ouvre la bouche pour lui répondre, mais rien ne sort. Il prend alors une grande inspiration et relève les épaules pour se donner contenance.

« Bien sûr que non, je n’ai pas peur. »

Réponse typique d’un gamin de son âge. Trop assuré pour être vrai, il détourne à nouveau les yeux avant de reprendre sur un ton un peu plus hésitant.

« Qu’est-ce que tu fais sous la pluie… Taiga ? »

Le fait d’insister sur le nom qu’elle lui à donné est une façon pour lui de vérifier s’il s’agit bel et bien de son nom. Cette fille est bizarre, mais pas dans le mauvais sans du terme. Elle semble sauvage et innocente. Mais ça, Stiles est encore bien trop jeune pour s’en rendre vraiment compte. Trop jeune, trop intrigué et aussi trop effrayé par la situation que pour réfléchir de façon rationnelle. Il est seul dans un bois qu’il ne connait pas face à une fille qui lui parait bien trop confiante à son goût, il y a de quoi ne pas se sentir à l’aise… non ?

Taiga comprenait assez mal le manège du jeune garçon. Elle était particulièrement perturbée par la façon qu'il avait de toujours regarder à côté d'elle. D'ailleurs, elle jeta un regard sur l'arbre qu'il fixait pour vérifier qu'il n'y avait rien dessus. Elle avait un instant cru qu'un prédateur était en approche ce qui aurait pu expliquer les réactions du garçon, mais cela n'avait rien à voir. Lorsqu'il la regarda enfin, il resta silencieux un moment puis commença à rouler des mécaniques. Il clama haut et fort qu'il n'avait pas peur ce qui la fit beaucoup rire. Elle savait d'instinct que ce n'était pas vraiment vrai, ni vraiment faux, mais c'était la façon dont il l'avait dit qui l'avait poussé à l'hilarité.

— Agréable. Taiga aime la pluie. Pas toi ?

Le garçon n'avait pas l'air du même avis. Il se cachait toujours de la pluie alors qu'elle continuait à s'exposer. Il ne devait pas comprendre à quel point la pluie était fabuleuse. Le sourire rieur, Taiga l'approcha et lui attrapa la main pour la tirer à sa suite.

— Viens.

Elle ne pouvait pas envisager qu'il n'accepte pas de la suivre. Elle voulait juste lui montrer quelque chose et avait agis de façon à le faire le plus efficacement possible. Elle le ramena à l'endroit exact où elle se trouvait avant et lui leva le menton de sa main libre pour qu'il regarde vers le haut.

— Les arbres pleurent. Joli.

Les feuilles vertes dansaient sous les battements réguliers de la pluie. Les arbres semblaient plus vivants que jamais, c'était aussi ça qui lui plaisait.

Voilà qu’elle rit maintenant. Stiles n’a pourtant rien dit de drôle… Elle lui répond qu’elle aime la pluie, que c’est agréable, et lui demande ce qu’il en pense. Après un nouveau temps de silence, il fini par hausser les épaules en répondant.

« Ca rend malade… »

Sans l’écouter, du moins elle ne semble pas tenir compte de ses paroles, la fille s’approche du Libre. Il recule par réflexe, dans un sursaut, mais elle lui attrape la main pour le tirer à sa suite. Stiles à de nouveau le réflexe d’enlever sa main de son emprise, mais il se retiens au dernier moment. Surpris et intrigué, il se laisse entrainé sous la pluie, comme envouté. Ils s’arrêtent rapidement et elle fait en sorte qu’il lève les yeux vers les arbres et lui dit qu’ils pleurent, que c’est joli. La bouche entrouverte, Stiles papillonne des paupières pour chasser les goutes d’eau qui lui ruissèlent sur le visage. Il reste ainsi quelques instant à regarder la pluie tomber et fini par ramener le regard sur la dénommée Taiga. Sa proximité le fait sursauter une nouvelle fois. Il est tendus, mal à l’aise, et il n’arrive pas à déterminer la cause de cette tension. Il fini par bredouiller quelques mots avant de relever à nouveau les yeux.

« Très… très joli oui. »

Finalement, il se recule d’un pas et passe ses mains sur son visage pour en chasser l’eau. Il repris ensuite son interrogatoire, façon pour lui de chasser un peu sa gêne. Il réussi enfin à détailler rapidement la fille mais ne pu toujours pas garder les yeux posés sur elle.

« Euuu…d’où, d’où est-ce que tu viens ? Tu devrais… t’habiller un peu plus… Tu risque de tomber malade… »

Il se sent vraiment idiot tout d’un coup. Ce n’est qu’une fille, rien de plus, mais elle nparait pas être comme les autres. D’où est-ce qu’elle peut bien sortir ?

Malade ? C'était une notion qui était inconnue à Taiga. Sa mère avait été emportée par la fièvre à cause d'une journée pluvieuse comme celle-ci mais elle n'avait à l'époque pas été capable de faire le lien entre les deux éléments. Pour elle, la pluie était un don. Il ne s'agissait en aucun cas d'un phénomène néfaste ou dangereux, il lui était donc impossible de comprendre les craintes du garçon. Elle laissa néanmoins de côté ses propres questions pour essayer de lui transmettre son point de vue. Puisqu'elle ne pouvait pas lui expliquer avec des mots, elle le ferait avec des gestes. Avoir un vocabulaire plein de trous n'était pas un problème, il existait pour elle quantité d'autres langages pour se faire comprendre.

En parlant de langage, elle peinait d'ailleurs à comprendre celui du corps de l'autre humain. Tout chez lui était étrange. Il ne semblait pas à son aise et cherchait à reprendre le contrôle de la situation par la parole en évoquant des choses bizarres. Un peu perdue, Taiga baissa les yeux sur son vêtement, puis les reporta vers le garçon en haussant les épaules. Non, elle ne comprenait vraiment pas où il voulait en venir. Et puis, il recommençait avec ce mot inconnu qui semblait si dangereux dans sa bouche.

— C'est quoi malade ?

Le garçon semblait lancer dans un jeu de questions et elle ne voulait pas être en reste. De plus, elle voulait vraiment le comprendre, lui qui était si étrange à ses yeux.

— Tu es quoi ?

C'était une façon un peu rugueuse de lui demander son prénom et elle aurait pu simplement l'appeler garçon ou humain, mais sa curiosité l'emportait. Sa tête était en ébullition mais sa bouche peinait encore à former les mots. Elle butait sur les termes et parlait avec lenteur. Et puis, il y avait cette absence finalement fort dérangeante de verbes dans ses connaissances.

— Pas peur. Animaux sont cachés. Calme.

Elle le pointa du doigt, cherchant à lui faire comprendre qu'il était inutile d'être aussi stressé. En plus, la peur avait tendance à attirer des mauvaises bêtes qui lui donneraient une vraie raison de nourrir la crainte.

La fille demande ce que c’est d’être « malade ». Stiles la regarde avec de grand yeux. Elle est sérieuse ? Elle ne sait pas ce que c’est d’être malade ? Elle a bien de la chance sur le coup… Le garçon ouvre et ferme plusieurs fois la bouche avant que des mots ne réussissent à franchir ses lèvres. Comment expliquer le fait d’être malade ? Surtout à quelqu’un qui ne semble pas très bien comprendre le langage orale… En fait elle ne semblait pas le pratiquer du tout même…

« Malade c’est… c’est le fait d’être mal. Tu ne te sent pas bien, tu as mal partout, ton nez coule… »

Stiles ne sait pas trop pourquoi, mais il illustre ses mots par des gestes. Le frisson, le nez qui coule, la grimace de douleur… Il a l’impression de parler à un enfant, et inconsciemment son corps s’est adapté.

Taiga enchaine sur une question que le garçon ne comprend pas tout de suite. « Tu es quoi ? »… Après un temps d’hésitation, il fini par répondre, toujours aussi hésitant en fait.

« Je m’appelle Stiles… Et toi tu t’appelle Taiga si j’ai bien compris ? »

Finalement, la fille ajoute qu’il ne faut pas avoir peur car les animaux sont cachés, et donc calme. Stiles est de plus en plus perdu. Cette l’intrigue au plus haut point, mais en même temps elle vient de le toucher dans son orgueils de jeune ado. Redressant le torse et durcissant son regard, il croise les bras sur son torse avant de prendre la parole d’un ton plus assuré.

« Je n’ai pas peur ! Je suis juste… Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu ne m’a pas répondu. »

Mieux vaut changer de sujet. Stiles se voit mal dire à cette fille qu’elle le perturbe, plus que le fait d’être perdu dans la forêt en fait…

Jamais Taiga n'avait vu quelqu'un d'aussi expressif. Il fallait dire qu'elle n'avait pas rencontré grand monde, mais quand même. Ce spécimen d'humain faisait beaucoup de gestes et de grimaces. Elle n'en comprenait pas la moitié tout comme elle ne comprenait pas le concept d'être malade. Elle le fixa donc d'un regard plat, ignorant comment réagir. Et puis, elle eut une illumination.

— Tu vas mourir ?!

Alarmée, Taiga regarda autour d'elle pour chercher tout signe de menace. Quand les animaux étaient agonisants, il tremblait comme lui l'avait fait et signifiait leur douleur d'une façon un peu similaire.

La suite lui changea un peu les idées et elle se retourna vers le jeune homme. L'humain s’appelait Stiles. Le son au début était assez facile à assimiler à cause de la proximité avec son propre prénom, mais pour le reste c'était un peu plus compliqué.

— Ça sonne comme Taiga. Stai...lse... Dur ! grommela-t-elle finalement.

Pour une raison qui lui échappa, Stiles se redressa soudainement et croisa les bras sur son torse. Il venait soudainement de mimer le mâle dominant, mais il n'en avait pas vraiment la carrure mouillé comme il était. En plus, il ne paraissait pas très costaud. Par la suite, il s'exprima d'une façon bizarre en commençant une phrase qu'il termina par une question. Elle lui retourna donc un regard résolument perdu. Quel drôle d'humain !

Mourir !? Stiles en a le souffle coupé. Pourquoi mourir ? La jeune fille regarde autour d’elle air alarmé, mais elle revient rapidement sur Stiles et change totalement de sujet en essayant de prononcer son nom… Sans succès. Le brun soupir. Mais sur qui est-ce qu’il est tombé. Il espère obtenir une réponse, mais la fille garde la silence en le regardant, l’air perdu. Stiles soupire de nouveau avant de reprendre avec une lenteur exagérée et en détachant bien chaque lettre.

« S-T-I-L-S. Je sais que ce n’est pas le nom le plus simple à prononcer mais bon… »

Un frisson parcours soudain le garçon, qui retiens difficilement un éternuement. Super, il est de nouveau malade… Il grommelle un « Bordel » entre ses dents avant de revenir sur Taiga qui le fixe toujours en silence. Lui poser des questions ne sert apparemment à rien. Autant changer de méthode.

« Abris ? »

Il illustre son mot en positionnant ses mains au dessus de sa tête, comme un toit. Mieux vaut ne pas rester sous la pluie, quoi qu’elle en dise…

Le brun esquissa un drôle de geste en expulsant tout l'air de ses poumons. Taiga tenta de faire pareil pour comprendre le sens de tout ça, mais elle ne voyait vraiment pas à quoi cela pouvait servir. Alors elle abandonna l'idée, trouvant beaucoup plus drôle les efforts du garçon pour lui faire prononcer correctement son prénom.

— Sta... Stailse. Mieux ?

Elle était vraiment tombé sur un animal avec un drôle de nom. Mais elle aimait bien la sonorité malgré la difficulté qu'elle représentait pour sa bouche peu habituée à former ce genre de sons. Stiles fit un drôle de bruit qui poussa Taiga à se rapprocher, la tête penchée sur le côté pour l'observer. Il se mit alors à mimer quelque chose. Ce qu'il pouvait en faire de drôles de choses avec son corps. Taiga regarda un moment le triangle qu'il avait formé au dessus de sa tête avant de comprendre.

— Oh ! Taiga comprendre.

Sans autre forme de cérémonie, elle attrapa la main du garçon et l'emmena à sa suite. Elle progressait vite dans cette forêt qu'elle connaissait par coeur sans se soucier de la boue qui lui éclaboussait les jambes. Au bout de dix minutes à ce rythme, ils débouchèrent devant un grand arbre. C'est là qu'elle le lâcha pour soulever un rideau de feuillages et s’engouffrer dans le creux de l'arbre. Cela formait une petite cavité à peine assez grande pour deux personnes.

— Ici mieux ?

Taiga alla s'asseoir sur un tapis de feuilles et de mousse qui lui servait de paillasse et elle tapota la place à côté d'elle pour inviter Stiles à en faire de même.

Taiga essaye une nouvelle fois de prononcer le nom du garçon. Ce n’est pas encore tout à fait ça, mais il s’en contentera. Et puis il doit bien admettre que c’est amusant de la voir essayer de prononcer correctement son nom. Affichant un sourire malgré lui, il lui répond.

« Mieux oui. »

La jeune fille s’approche alors de Stiles, et celui-ci se retiens de ne pas reculer, gêné. Finalement, elle s’exclame qu’elle comprend ce qu’il veut dire. Il n’a pas le temps de réagir qu’elle entrainement en lui tenant la main. Elle marche vite, et il manque de tomber à plusieurs reprises, se rattrapant sans le vouloir à elle. Ils marchent ainsi pendant plusieurs minutes, et Stiles s’étonne de ne pas s’être étalé en chemin. Ils finissent par arriver à un gros arbre que Stiles regarde bouche-bée. Taiga découvre un trou dans le tronc dans lequel elle s’engouffre, et Stiles la suit mécaniquement, sans lâché l’arbre des yeux. Même à l’intérieur, il regarde tout autour de lui sans se rendre compte directement de la petitesse de l’endroit. La jeune fille est aller s’asseoir et fait signe à Stiles d’en faire de même, et c’est seulement alors qu’il se rend compte de la proximité entre eux, encore. Il se sent rougir de nouveau, éternue une nouvelle fois et soupir. Au moins, ils sont au sec…

Après un temps d’hésitation, il rejoint Taiga, essayant de ne pas s’asseoir trop près d’elle. Non pas qu’il la fuit, mais cette fille l’intimide. Il a du mal à cerner son comportement, et cela le met mal à l’aise. Au bout d’un long moment de silence de sa part, il finit par se racler la gorge pour répondre.

« Beaucoup mieux oui… Mais ce n’est quand même pas chez toi, si ? »

Elle ne peut décemment pas vivre dans un arbre, aussi gros soit-il… Comment fait-elle pour se nourrir ? Enfin cela pourrait expliquer sa façon d’agir et son accoutrement…

Stiles avait l'air plus satisfait de sa prononciation. C'était qu'il se montrait difficile le bougre. Mais il souriait ce qui poussait Taiga à l'imiter. Elle aimait bien voir quelqu'un sourire. C'était agréable.

Le chemin jusqu'à sa tanière ne fut pas simple. Contrairement à elle, Stiles n'avait pas le pied très agile en forêt. Il chutait régulièrement et Taiga le sentait se rattraper à elle pour éviter de s'étaler. Cela ne la dérangeait pas. Elle était assez forte pour le retenir. Comme elle lui tournait le dos, elle ne remarqua pas la drôle d'expression sur le visage du garçon qui observa l'arbre et se contenta donc d'entrer silencieusement dans ce qui lui servait d'abri depuis des années déjà. Stiles la suivit, mais il ne répondit pas immédiatement à son invitation à s'asseoir. Il avait les joues rouges. Il éternua ce qui poussa Taiga à pencher la tête sur le côté pour le regarder. Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire.

Finalement, Stiles s'approcha et s'installa. Il semblait mettre une sorte de distance entre eux qu'elle ne comprenait pas, mais qui la perturbait pas pour autant. Elle avait déjà intégré le fait que Stiles était un drôle d'humain. Pendant un moment, ils ne parlèrent pas. Le silence n'était pas gênant pour Taiga qui pouvait écouter la chute de la pluie à l'extérieur. Avant de parler, Stiles émit encore un bruit étrange. Sa question s'imprima dans la tête de Taiga, mais elle décida de laisser ça pour plus tard.

— Veut dire quoi ? dit-elle en essayant de restituer le son sans trop réussir. Elle réessaya une nouvelle fois, puis répondit à la question de Stiles. Taiga vit ici.

Taiga demande ce que signifie le raclement de gorge en essayant de l’imiter. Stiles ne comprend pas tout de suite sa question, mais s'exclame lorsque le sens lui apparaît enfin alors qu'elle recommence son exemple.

« Oh, le raclement de gorge. C'est euuu... c'est quand on est gêné ou embarrassé... »

Bon, il vient d'avouer sa gêne sans s'en rendre compte, mais qu'importe, il n'est même sûr que la jeune fille comprenne ses explications. Finalement, elle lui répond que cet arbre est bien sa maison. Stiles la regarde, surpris, avant de balayer l'intérieur du tronc du regard.

« Incroyable... Tu es, tu es une enfant sauvage ? »

Il murmure ces mots plus pour lui même que comme une réelle question. Mais lorsqu'il reprend, il s'adresse bien à Taiga cette fois.

« Comment fais-tu pour survivre ? »

Taiga trouvait que Stiles était parfois lent. Elle peinait à se mettre à sa place et ne comprenait donc pas cette difficulté de compression. Peut-être avait-il aussi quelques problèmes avec sa curiosité. Ce genre de pensées échappait totalement à la brune qui avait bien trop pris l'habitude de n'avoir à gérer que la transition entre elle et elle. Néanmoins, Taiga restait patiente. Elle ne l'était pas particulièrement, mais il était si rare qu'elle ait de la compagnie. Elle n'allait pas le fâcher ou l'éloigner de si tôt.

La réponse de Stiles la laissa pensive. Elle ne comprenait pas pourquoi il était embarrassé ou gêné. Encore qu'elle ne connaissait pas la signification du mot «embarrassé», mais c'était un détail. Ainsi Taiga se contenta de hocher la tête.

Sans s'en rendre compte, Taiga avait fait une révélation de taille. Elle resta par contre perturbé par le choc de Stiles et jeta un coup d'oeil vers l'écorce derrière elle pour vérifier qu'il n'y avait pas un insecte. Elle avait encore du mal à gérer les émotions qui se peignaient sur le visage de Stiles.

— Chasse. Fruits. Pièges. Eau pas loin. énonce-t-elle en haussant les épaules.

Pour Taiga tout ça est normal. Sa mère lui avait appris comment survivre avant de mourir et maintenant elle se débrouillait. Elle n'avait pas eu beaucoup le choix, mais tout était naturel désormais.

— Toi survivre comment ?

Taiga se contente de hocher la tête avant de répondre, non sans avoir regardé derrière elle pour il ne sait quelle raison. Sa réponse est nonchalante, et au finale sa façon de survivre ne diffère pas tellement de celle de la troupe... Lorsqu'elle retourne la question à Stiles, il hausse les épaules à son tour.

« Et bien, on chasse aussi, et on fait du troc, surtout. »

Il garde le silence quelques secondes avant de se rendre compte de son erreur, et reprend bien vite pour s'expliquer.

« Le troc c'est quand on échange une chose contre une autre. Par exemple, tu échange de la nourriture contre un outil ou bien le contraire. »

Il ne sait pas vraiment pourquoi il s'explique de la sorte. Il a compris qu'elle n'est pas comme lui, et cela est venu naturellement. Il ne se rend pas tout de suite compte qu'il regarde Taiga avec curiosité, et lorsqu'il en prend conscience il détourne les yeux en pinçant les lèvres. Dehors, le silence était revenu, la pluie avait cessée. Stiles se relève alors. Il resterait bien toute la journée avec cette jeune fille étrange qui attise sa curiosité, mais s'il ne rentre pas rapidement, il risque d'inquiéter Virgo...

« Je crois qu'il ne pleut plus. Il faudrait que je rentre... même si je n'ai pas la moindre idée d'où je suis en fait... »

Il a plus murmurer ces derniers mots qu'autre chose, se rendant compte qu'il n'a en effet aucun idée d'où ils se trouvent ni comment retrouver la Troupe. Il se rassied alors en soupirant, soudain fatigué. Mais il se reprend rapidement et se redresse vers la jeune fille en souriant, l'air un peu gêné de devoir demander ça.

« Tu dois connaître cette forêt comme personne, est-ce que tu pourrai m'aider à retrouver mon chemin s'il-te-plaid ? »

Stiles apprenait visiblement vite. Lorsqu'il répondit à Taiga, il utilisa un mot qu'elle trouva incompréhensible, mais dont elle apprécia la sonorité. Avant qu'elle n'ait pu lui poser une question, il s'empressa de lui fournir une explication. Taiga hocha vivement la tête en signe de compréhension.

— Troc. souffla-t-elle pour tester le mot. Rigolo !

Taiga aurait bien voulu tenter de faire un troc avec Stiles pour essayer, mais elle n'avait rien sous la main. Elle avait besoin de tout ce qui l'entourait et rien chez Stiles ne l'intéressait réellement. A part Stiles en lui-même. Elle ne pensait pas qu'il soit possible de troquer Stiles même si l'idée était très tentante.

Alors que la pluie se calmait à l'extérieur, Stiles se redressa. Taiga le regarda faire avec étonnement. Ils n'étaient pas à l'abri depuis très longtemps alors elle trouvait étrange de le voir déjà bouger. Quand il lui parla du fait de partir, elle se leva rapidement à son tour et manifesta sa tristesse.

— Tu dois vraiment partir ?

Taiga n'avait pas imaginé qu'il reparte. Elle savait qu'il ne resterait pas ici pour toujours, mais elle n'avait pas envisagé de finalité. Quand Stiles lui demanda de l'aider, elle hésita brièvement. Il ne pouvait pas repartir tout seul. Elle aurait pu le garder ici si elle ne le raccompagnait pas donc. Mais Taiga n'était pas machiavélique et elle oublia vite cette idée.

— Taiga connait bien forêt.

Elle n'était pas enthousiaste. Elle était même triste de devoir déjà lui dire au revoir.

Stiles ne peu s'empêcher de sourire face à l'enthousiasme de Taiga en prononçant le mot « troc ». Mais son sourire disparaît bien vite en constatant la tristesse de la jeune fille lorsqu'il lui dit qu'il doit partir. Le Libre ouvre la bouche pour parler, mais il ne sait pas quoi dire. Il est désemparé face à la réaction de Taiga, qui ne cache pas son manque d'enthousiasme pour l'aider à retrouver son chemin. Il se rassied à côté d'elle et baisse les yeux avant de prendre la parole, embêté.

« Je ne peux pas rester, on m'attend, tu comprend ? Ça fait longtemps que je suis partit, ils doivent s'inquiéter au camp... Là où je vit. »

En y repensant, il serait bien resté avec elle encore un peu, mais il ne peut pas inquiéter Virgo non plus. C'est alors qu'une idée lui traverse l'esprit, et il l'a rapporte avant de se débiner tellement sa demande lui semble improbable.

« Mais tu peux venir avec moi si tu veux. Virgo acceptera sûrement que tu nous rejoigne. Tu ne peux pas vivre ainsi toute ta vie... si ? »

La réponse s'impose à lui avant même qu'elle ne réponde. Bien sûr qu'elle peut continuer à vivre ainsi, c'est sa vie, sa façon d'être. Mais cette situation semble tellement irréelle pour le garçon qu'il en vient à espérer qu'elle accepte malgré tout...

Taiga ne savait pas ce qui avait exactement provoqué ce retour, mais Stiles s'installa à nouveau à ses côtés. Elle émit un soupir de soulagement, heureuse de pouvoir encore profiter de la présence du garçon. Elle ne comprenait pas bien ses paroles. Elle ne connaissait pas ce type d'inquiétude. Elle n'avait pas non plus ressenti depuis très longtemps la sensation de retourner quelque part où on l'attendait. A une époque, il y avait eu sa mère, mais elle était bien incapable de se souvenir de son visage. Elle se rappelait juste sa chaleur et sa voix douce qui lui avait permis d'apprendre des mots. Ce qui lui était principalement resté était tous les enseignements qui lui permettaient de survivre. Taiga resta donc silencieuse. Elle ne savait pas quoi dire. De façon générale, c'était déjà le cas, mais aujourd'hui plus encore qu'un autre jour, elle n'avait pas les mots nécessaires pour exprimer ce qui se produisait au fond d'elle.

Les paroles de Stiles l'arrachèrent pourtant au silence et elle secoua doucement la tête.

— Non. Taiga partir un jour. Maintenant... Elle fouilla sa mémoire à la recherche du mot adéquat, mais ne le trouva pas. — Pas maintenant. Taiga pas prête. Monde dangereux. Taiga doit grandir.

C'était ce que sa mère lui avait dit. Elle avait dit à Taiga qu'un jour il lui faudrait sortir de cette forêt, mais pour ça elle devait attendre de pouvoir atteindre la première branche de l'arbre qui lui servait de maison sans difficultés. Elle devait être presque adulte et avoir suffisamment de courage pour partir à l'aventure. La proposition de Stiles était pourtant tentante. Elle aurait aimé l'accepter. Parfois, elle se sentait un peu seule ici. Seulement parfois. Mais ce n'était pas le moment. Elle se leva donc et se glissa hors de l'arbre. Dehors, il ne pleuvait en effet plus, mais la terre était gorgée d'eau et elle apprécia le contact humide entre ses orteils.

— Stiles venir ?

Taiga lui tendit la main en esquissant un sourire tout petit, mais bien présent. Elle ne pouvait pas arracher Stiles à sa maison même si elle l'aurait égoïstement voulu.

Malheureusement, Taiga répond par la négative au garçon, disant qu'elle doit encore grandir avant de pouvoir partir. Stiles veut insister, mais il se ravive. Il ne peut pas la forcer, mais peut-être que si elle le raccompagne et qu'elle voit Virgo, lui pourra la faire changer d'avis.

Finalement, la jeune fille sort de l'arbre et l'invite à en faire de même en lui tendant une main. Stiles répond au sourire de Taiga avec une petit sourire triste et lui prend la main. C'est étrange comme il se sent soudain proche d'elle... Il a l'impression d'avoir trouvé une amie, il aimerait apprendre à la connaître plus, mais ils doivent déjà se séparer, et ça lui fait mal au cœur. Pourtant, ils viennent à peine de se rencontrer...

Le garçon sort à son tour, ne lâchant pas la main de la sauvageonne, et attend qu'elle le guide. Le campement se trouve à l'orée du bois, à l'ouest il lui semble, mais il n'en est pas plus sûr que ça...
L'air est humide, et Stiles frisonne dans ses vêtements mouillés. Il est bien partit pour tomber malade, encore... Mais celui lui importe peu désormais, car la pluie lui à permis de rencontrer Taiga, et il est certain qu'il n'oubliera jamais cette jeune fille étrange...

Stiles était une bouffée de nouveauté dans le monde de Taiga. Elle n'avait jamais recherché la présence d'autres êtres humains, mais elle avait trouvé le garçon sans le vouloir et maintenant c'était comme s'il appartenait un peu à ce monde dans lequel elle évoluait depuis si longtemps. S'il n'y avait pas eu la promesse faite à sa mère et cette peur de l'inconnu qu'elle ressentait, Taiga aurait collectée ses maigres affaires et serait partie, mais malgré son jeune âge elle savait qu'elle ne pouvait pas. Ce n'était pas le moment. La promesse en elle-même n'était pas le problème principal. Une promesse n'avait que peu d'importance à ses yeux. Par contre, elle avait une confiance aveugle en celle qui l'avait élevée même si elle avait aujourd'hui disparue. Ainsi, elle ne pouvait pas partir avec Stiles.

Cela ne l'empêcha pas de profiter de la sensation de la paume chaude du garçon dans la sienne. Elle aimait être en contact avec lui. Stiles était étrange et drôle, mais il était aussi chaud. C'était un être humain bien vivant et Taiga comprit au vu des sensations qu'elle ressentait que, peut-être, la compagnie d'autres gens comme lui n'était pas désintéressante. Ou peut-être qu'il ne s'agissait que de la compagnie de Stiles ? Elle ne savait pas très bien. Sa seule certitude était que le contact de la main de Stiles la rendait légère et son humeur guillerette de jour de pluie refit surface malgré la séparation toute proche.

Le chemin n'était ni long, ni court. La notion du temps de Taiga était biaisée. Elle marcha tranquillement, silencieusement, durant un long moment avant d'atterrir à l'endroit exact où elle avait vu Stiles pour la première fois. Plutôt que de s'arrêter, elle continua à marcher un peu dans la direction d'où il était venu selon ses suppositions et ne s'arrêta qu'à l'entente des bruits caractéristiques à l'activité humaine. Sans lâcher la main de Stiles, elle se retourna et le fixa quelques instants. Elle voulait graver son visage dans sa tête. Après quelques secondes d'intense observation, Taiga prit finalement une grande inspiration.

— Taiga retrouvera Stiles. Un jour.

Ce n'était pas une promesse. Taiga avait la certitude que lorsqu'elle quitterait sa forêt, elle retrouverait le garçon. Bien sûr, elle ne savait pas à quel point le monde était vaste ce qui l'aidait probablement à faire cette déclaration.

— Reste vivant.

Le trajet se passe en silence, main dans la main. La jeune fille semble savoir où elle va, et Stiles la suit avec confiance. Les deux enfants marchent durant un temps indéterminé, Stiles ne faisant attention qu'à la main de Taiga dans la sienne. Elle a la poigne forte, mais son contacte est doux malgré sa main un peu rugueuse. Lorsqu'ils s'arrêtent enfin, aux bruits d'agitation caractéristiques du camp, Stiles veut remercier la brune mais la façon dont elle le fixa le coupe dans son élan. Il soutient un instant son regard, le bouche entrouverte sur des paroles retenues, avant de détourner les yeux, un peu gêné. Finalement, c'est Taiga qui brise le silence en affirmant qu'elle retrouvera le garçon, un jour. Cette idée le fait sourire. Le monde est grand, mais il n'a ni le courage, ni l'envie de le lui apprendre maintenant. Au fond de lui, il espère également la revoir un jour. Peut-être à leur retour, qui sait ?

Aux derniers mots de la jeune fille, Stiles sent une boule se former dans sa gorge, qu'il se racle avant de répondre d'une voix mal assurée.

« Toi aussi. Et je suis certain qu'on se reverra oui. »

Ce n'est pas une certitude en l'air, mais bien un réel espoir. Stiles se rend alors compte qu'ils se tiennent toujours la main. Il relâche doucement Taiga avant de la prendre brièvement dans ses bras en murmurant un « merci », merci pour l’abri, pour l'avoir aidé et surtout pour cette rencontre... Il se détourne ensuite vers le camp, près à partir, mais reste encore quelques seconde. S'il reste, il ne pourra pas s'empêcher d'essayer de l'entraînée à nouveau avec lui. Il doit partir, mais cette séparation sonne comme un déchirement malgré le fait qu'ils se connaissance à peine. Cette sensation le dérange, l'attriste et lui fait peur. Il tourne une dernière fois son regard vers Taiga avec un petit sourire triste, mais il parle d'une voix plus assuré cette fois, avec affirmation.

« Au revoir, et à bientôt ! »

Puis il se met en marche vers le campement, rapidement et en s'efforçant de ne pas se retourner, laissant derrière lui une amie bien étrange qu'il ne reverra peut-être jamais...

Stiles avait encore une attitude étrange, mais Taiga s'y était faite à force. Stiles était Stiles et il était bien plus drôle quand il affichait avec son corps tout entier des émotions qu'elle ne comprenait pas vraiment. Elle était trop jeune et pas encore assez curieuse pour vouloir le décrypter tout entier et afficha donc simplement un demi-sourire. Stiles prit la parole en lui assurant qu'ils se reverraient. Il souhaitait aussi qu'elle reste vivante ce qu'elle comptait bien faire.

La perte du contact de la main de Stiles l'attrista un peu, mais elle cacha le fait qu'elle manquait sa chaleur. De plus, il venait de l'étreindre, un geste qu'elle n'avait pas connu depuis très longtemps. Elle se laissa un peu couler dans ses bras, profitant de cette proximité qu'elle ne connaîtrait plus avant un bon moment. Le laisser partir ne fut pas simple, mais Taiga savait qu'elle le devait. Il appartenait à un autre monde. Elle le regarda donc quitter les lieux, l'oeil un peu humide. Elle n'avait jamais vraiment pleuré. Elle n'avait jamais eu aucune raison de le faire. Aujourd'hui pourtant Taiga pleurait parce que quelqu'un était entré dans sa vie et qu'il en était sorti bien trop vite.