La journée commençait à peine et Dalia avait envie d'action. Elle ne voulait pas passer son temps à attendre les ordres ou à entraîner des recrues qu'elle savait incapables. Alors, elle se dirigea vers les quartiers de Nadia, son acolyte de toujours. Rien de mieux pour se divertir que d'aller terroriser quelques soumis. Elle aimait parfois être accompagnée de son amie pour ce genre d'activité. Sous ses airs d'ange, Nadia était un vrai démon. Personne n'était plus ingénieux qu'elle pour harceler. Même si Dalia la savait peu sincère en amitié ou même en général, elle appréciait la compagnie de la Vipère qui était aussi manipulatrice qu'elle. Lorsque la brune ouvrit la porte, Dalia lui lança un sourire ravageur.

Viens, j'ai envie de m'amuser aujourd'hui...

Cette phrase en disait long sur ses intentions et Nadia comprit immédiatement ce que la Tireuse avait derrière la tête. Sans plus attendre, elle se munit de ses armes et partit arpenter les quartiers des soumis à ses côtés, recherchant des cibles faciles.

Aujourd'hui, Anna était de sortie. C'était toujours moins contraignant. La Chef allait être très occupée et refuserait de se soucier des plaintes de ses membres. Voilà qui promettait de beaux moments de divertissement. Les deux membres ratissaient le bâtiment technique de long en large, fusillant du regard tous ces cloportes qui osaient les regarder ou croiser leur chemin. Certaines soumises s'arrêtaient et tournaient la tête, apeurées, priant pour que leur dévolu ne tombe par sur elles. Mais la blonde ne sautait jamais sur la première occasion. Elle recherchait des cibles spéciales, qui lui donneraient un petit peu de fil à retordre avant de céder sous la pression. C'était toujours plus drôle de travailler sa victime avant de la voir s'effondrer sous les coups ou les insultes.

Soudain, son regard s'arrêta sur une salle du bâtiment où les Soumis venaient se changer avant d'aller travailler. C'était également une salle de repos lors des pauses. Mais à cette heure de la journée, elle était déserte. Ou presque. Une jeune soumise traînait encore dans la pièce, cherchant quelque chose dans les piles de vêtements qui s'amoncelaient au sol. Visiblement, elle était en train de se changer car elle ne portait qu'un pantalon et un soutien gorge. Sans doute avait-elle perdu son haut et tentait de le retrouver.

Dalia la désigna d'un coup de tête et Nadia comprit immédiatement ce qu'elle avait à faire. La brune pénétra la première dans la pièce. Aussitôt, la jeune fille qui s'y trouvait se raidit, comprenant ce qui allait se passer. Elle lança un regard apeuré vers la Tireuse, puis tenta de les ignorer en reprenant ses recherches.

Qu'est-ce que tu cherches, beauté?

La question de Nadia résonna dans la pièce tout comme l'ironie de ce qualificatif, au vu de la tête de la soumise qui était loin d'être attirante. La victime ignora sa question, poursuivant son action avec une nervosité de plus en plus palpable.

Eh on t'a posé une question! s'emporta Dalia qui ne supportait pas d'être ignorée. Qu'est-ce que tu cherches?

Elle lui lança un coup de pied dans le ventre que la soumise ne put anticiper. Elle se roula sur le sol en poussant de petits gémissements apeurés. Nadia la dévisagea avec pitié. Cette proie était décidément bien peu intéressante. Elle se tourna vers Dalia.

Viens on s'en va, cette gamine n'en vaut pas la peine.

Mais Dalia ne pouvait lâcher la jeune fille des yeux. À son cou pendait une chaîne dorée. Le métal devait être très délicat au vu de la finesse des mailles. Dalia ne put s'empêcher de désirer ce collier immédiatement.

Qu'est-ce que t'as là?

Elle se pencha et tâta la chaîne, effleurant sans vergogne la poitrine de l'ingénue qui ne cessait de gémir comme un chiot terrorisé. Elle se redressa et haleta

N... Non s'il-vous-plaît. Elle appartient à ma mère.

Dalia leva vers elle un regard amusé.

À ta mère? Un bijou de famille donc? Comme c'est mignon...

Si cette fille avait eu la chance de connaître ses parents, tant mieux pour elle. La blonde, elle, n'avait pas eu ce luxe. Mais cela importait peu. Ce bijou serait à elle. Point. Les objets de valeur étaient tellement rares et précieux qu'elle pourrait le troquer contre des armes ou des munitions. Sans hésiter davantage, elle attrapa le cou de la jeune fille qui se débattit tant bien que mal. La Tireuse lançait au passage quelques coups de poings à cette furie pour qu'elle se calme, mais cela ne semblait pas marcher... Alors que Dalia tentait de détacher le bijou sans trop l'abîmer, Nadia, elle restait debout et riait aux éclats. Quelle pétasse, elle pourrait au moins venir l'aider!

Dalia peinait à maintenir cette truie en place. Elle continuait à gémir et à se débattre sans accepter de lui céder son bien. Mais la Tireuse ne comptait pas en rester là et saisit brutalement les cheveux de la soumise. Elle la força à incliner la tête en arrière. Cette méthode avait l'art de calmer les victimes les plus farouches. Mais alors que la peste acceptait enfin la domination de la blonde, quelqu'un débarqua. Dalia y prêta à peine attention. Ses yeux restaient rivés sur le cou qui s'offrait à elle. C'est à la réaction de Nadia qu'elle comprit qui était l'importune.

Tiens voilà la timbrée.

Dalia connaissait cette soumise, mais n'y avait jamais vraiment prêté attention. Elle savait juste qu'elle passait son temps à casser les pieds de tout le monde avec sa stupide musique. La blonde avait d'ailleurs pour projet de lui casser les cordes vocales ou de bousiller son violon qui valait une fortune à ses yeux. L'intruse demanda ouvertement s'il y avait un problème. Non mais quel culot. Elle se prenait pour qui?

Nadia la dévisagea d'un air mauvais. Son regard la fixait avec insistance et méchanceté. Si avec ça, elle ne comprenait pas qu'elle dérangeait... La Soumise faillit répondre mais Dalia secoua vigoureusement sa tignasse pour qu'elle se taise. Nadia se chargea de répondre à sa place.

Oui. J'en vois un là. En face de moi.

Dalia ricana. Sa complice avait du répondant. C'était le moins qu'on puisse dire. Lorolei poursuivit son chemin, prêtant à peine attention à la scène. Mais Dalia savait qu'elle mourrait d'envie de l'interrompre.

Bouge pas putain! Je l'ai presque.

Ce collier était foutrement résistant. La blonde prenait soin de ne pas l'abîmer. Si elle voulait le revendre, il faudrait qu'elle prenne garde à ce qu'il reste intact. Cette truie paierait pour lui avoir donné tant de mal. Et elle se moquait bien que Lorolei soit là pour assister au spectacle.

En parlant de cette bécasse, elle expliqua avoir croisé une soumise qui cherchait Nadia. Apparemment, cette fille irait dire à Anna qu'elle était introuvable. Les deux filles se regardèrent et hurlèrent de rire presque en même temps.

T'es vraiment stupide, j'hallucine! Tu penses vraiment qu'Anna en a quelque chose à foutre de ce que je fais? Elle a bien plus important à faire. Et toi aussi.

Sa piètre tentative pour l'éloigner n'était pas passée inaperçue. Il n'y avait que les soumis pour fuir la queue entre les jambes à la moindre mention d'Annabella. Les membres, elles, savaient très bien que si leur chef était intransigeante, elle leur laissait également assez de liberté lorsqu'elles n'avaient aucune tâche à accomplir. Les deux membres savaient très bien qu'elles avaient le droit de passer leur journée comme elles le souhaitaient... Nadia, en revanche, venait de faire comprendre à Lorolei qu'elle n'avait rien à faire là, et qu'elle ferait mieux de déguerpir vite fait si elle ne voulait pas s'attirer des ennuis.

Dalia, quant à elle, réussit enfin à enlever le collier du cou de cette ordure. La jeune femme tenta de le reprendre, mais la Tireuse eut vite fait de lui coller une droite en plein visage. La victime roula au tapis, sonnée. Sans se soucier davantage d'elle, Dalia admira le bijou d'une finesse exceptionnelle.

Merci bien mocheté. Je n'aurai pas perdu ma journée grâce à toi...

Alors que Dalia était pleinement concentrée sur sa proie, Nadia ne put s'empêcher de manifester sa surprise face à la réaction de Lorolei. Cette petite était complètement idiote. Elle voulait mourir ou quoi? La réponse qu'elle lui envoya en pleine figure laissa la brune pantoise. La Soumise éclata alors de rire sans qu'il n'y ait vraiment de raison. Son rire strident attira l'attention de Dalia qui la fixa en haussant les sourcils. Les deux membres regardaient cette imbécile comme si elle était une bête de foire qui s'offrait en spectacle. Il était assez rare qu'on leur résiste - il fallait dire aussi qu'il était suicidaire de s'opposer à elles -  mais se moquer d'elles, ça non. C'était la première fois. Une première fois qui éveilla un sentiment nouveau en Dalia. La rouer de coup ou la percer de balles? Impossible de se décider, mais cette fille y passerait ici même c'était certain.

Après son fou-rire visiblement simulé, Lorolei tenta de se ressaisir et se moqua une fois de plus des deux membres. Nadia tenta vainement de comprendre pourquoi elle débitait tant de mots aussi inutiles et incongrus. "Comédiennes"? Non elle ne comprenait vraiment pas ce que cette écervelée leur voulait. Elle lança un regard interrogateur à Dalia, mais la blonde était de nouveau concentrée sur la Soumise qu'elle avait à sa merci.

Nadia était parvenu à garder son calme jusqu'alors. Même si Lorolei dépassait clairement les bornes, la membre savait qu'elle paierait d'ici deux minutes, le temps que Dalia achève sa besogne. Cette folle, qui se croyait si supérieure à elles, se mettait le doigt dans l'oeil. Nadia était une spécialiste du close combat. Quant à Dalia, il s'agissait de l'une des meilleurs tireuses que le clan ait jamais connue. Nadia n'avait jamais vu la blonde rater une cible. Et il allait de soi qu'elle était armée en ce moment même, comme toujours. Si Lorie cherchait le suicide, elle pouvait continuer sur cette voie parce que c'était la mort qui l'attendait à coup sûr. Le clan des Vipères était l'un des plus cruels et des plus exigeants. Une telle insubordination ne pouvait qu'être punie sévèrement.

Mais le culot de ce moucheron finit de l'énerver. Sans se départir de son regard empli de noirceur, Nadia lui répondit aussi sèchement que calmement.

Et sinon la grande gueule, t'as pas envie de te mêler de tes oignons? Ou tu préfères continuer à critiquer ta supérieure hiérarchique? Non vas-y continue, je t'en prie. Je me ferai un plaisir de te la boucler.

Elle se saisit, pour accompagner ses paroles, de sa longue dague sinueuse. Une arme d'assassin très rare qui aurait pu percer le cuir le plus résistant. D'ordinaire, Nadia n'avait jamais à dégainer pour se faire respecter. Inutile de dire que si la soumise continuait, elle n'hésiterait pas à l'éventrer sur place.

Lorie s'adressa ensuite à Dalia. Elle alla jusqu'à lui proposer son aide. Non mais on touchait le fond là. La blonde ne prit même pas la peine de lui répondre. Pour elle, cette fille n'était qu'une ordure. Un insecte sur le pare-brise de son destin qu'elle aurait vite fait d'écraser. Elle choisit plutôt d'amocher un peu plus le laideron qui lui servait de punching ball en ce moment même.

Alors qu'elle venait de se saisir du collier de la soumise, Dalia releva la tête et remarqua que Lorie était encore là. Elle ne put retenir un soupir d'exaspération qui attisa les ricanements de Nadia. Dalia lui sourit. Elles pouvaient presque se comprendre sans se parler en ce moment même. La Tireuse savait que la brune éprouvait le même degré d'agacement qu'elle. Lorie lâcha une banalité sur le partage et l'entraide que la blonde n'écouta même pas. Mais qu'est-ce qu'elle en avait à foutre de ce qu'elle pensait? Qu'elle dégage bon sang. Faire preuve de témérité à ce point était du suicide, de la provocation. Cette fille était comme un moineau qui baladait sur la gueule ouverte d'un crocodile... Inconscient, stupide et inutile. Non il n'y avait rien à comprendre à son attitude, et la stupidité était sévèrement punie chez les Vipères.

La Tireuse se releva, fixant Lorie d'un petit sourire moqueur.

Je vais t'expliquer ce qu'il va se passer ma jolie. Si tu veux continuer à casser les oreilles du clan et à respirer l'air de ce territoire, tu vas gentiment nous laisser et quitter cette pièce. Si tu refuses, elle lança un regard complice à Nadia, Nadia et moi nous nous chargerons de te refaire le portrait. Tu seras méconnaissable, je te l'assure Si dans quelques secondes t'es pas sortie, les choses vont mal se terminer pour toi.

Lorie était peut-être trop stupide pour s'en rendre compte, mais la Tireuse lui donnait une occasion rêvée de s'en tirer en un seul morceau. Cet élan de générosité agaça Nadia qui se voyait déjà arracher les boyaux de cette morue... Après tout, elle avait besoin d'entraînement, elle aussi.

Sans se soucier davantage de cette désaxée, Dalia se tourna à nouveau vers l'autre soumise qui gisait toujours au sol. Elle ne bougeait plus, par peur d'attirer l'attention sur elle. Elle reçut alors un coup de botte dans le ventre. La blonde regarda son oeuvre avant de poursuivre par plusieurs coups répétés au même endroit, presque mathématiquement.

Il m’arrivait parfois de me rendre chez les couturières lorsqu’un de mes vêtements avait besoin d’être réparé et lorsque j’avais le temps de le faire moi-même. Cela me permettait de me détendre, même si ne plus être Chef avait déjà considérablement fait descendre la pression. Mais je restais tout de même proche du pouvoir et je n’étais jamais vraiment en repos. Je devais d’ailleurs avouer que mon ancienne situation me manquait, et que s’il n’y avait pas eu ces lois, je n’aurais jamais laissé ma place aussi facilement. Mais soit, je ne pouvais pas être seule à me liguer contre les lois de nos ancêtres.

Je me rendais donc chez les couturières pour leur confier la tâche de réparer mon chemisier blanc dont la manche était décousue, souvenir d’un entrainement un peu trop féroce. Car oui, je continuais à m’entrainer malgré mon statut d’ancienne. Tout simplement parce que j’aimais ça. Mais cette fois-là, je n’avais pas prévu de mettre la main à la pâte, donnant seulement quelques conseils à des Membres un peu perdues. Et finalement, je n’avais pas pu résister à l’envie d’y prendre part et de leur montrer certaines techniques. Évidemment, je ne portais alors pas la tenue adaptée et mon chemisier en avait fait les frais. Mais après tout, n’avions-nous pas des couturières dans ces cas-là ?

Arrivée dans le couloir principal, je ne pus m’empêcher d’entendre raisonner le doux nom de Dalia. Je l’avais nommée Tireuse d’élite, mais je devais bien avouer que parfois elle me semblait être un peu incontrôlable. La voix continua à parler et j’entendis bientôt Nadia lui reprocher de s’interposer et de critiquer sa supérieure hiérarchique. Dalia intervint enfin pour lui expliquer que, si elle ne décampait pas, elle risquait gros. Bon, il était temps d’intervenir.

Je pénétrai à mon tour dans la pièce et aperçus une Soumise étendue au sol. Les deux Membres faisaient face à une autre Soumise. C’était elle qui défiait Dalia et Nadia.

- Je pense qu’il serait plus judicieux que tout le monde se calme. Dalia et Nadia, vous ne ferez rien à personne.

Même si je n’étais plus la figure dirigeante du clan, je restais tout de même respectée par les Vipères, qui avaient toutes connu mon règne de dix ans. Et je savais que je pouvais jouer sur mon autorité naturelle pour calmer le jeu lorsqu’il le fallait. En outre, c’était le cas.

- Quant à toi, lançai-je à la Soumise encore debout et dont j’ignorais le nom, je te conseille de revoir ton comportement vis-à-vis des Membres, gradés ou non, actifs ou anciens.

En effet, je ne serais pas toujours là pour lui sauver la mise. Ensuite, je me tournai à nouveau vers Dalia.

- Dalia, j’ai cru comprendre que tu avais pris possession de quelque chose qui ne t’appartenait pas…

Par ces mots, je lui signifiais que j’attendais d’elle qu’elle me le donne dans les plus brefs délais.

Alors que Dalia achevait de tabasser la première soumise, qui au final s'était révélée décevante, quelqu'un fit irruption dans le pièce. En reconnaissant la voix de Nora, Dalia se raidit. Qu'est-ce qu'elle foutait là? La blonde s'interrompit et se retourna afin de faire face à son ancienne chef qui annonça d'entrée que tout devait cesser. La Tireuse ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Elle n'était pas embarrassée par la situation, loin de là. Nora la connaissait, mieux qu'Anna peut-être, et savait que ses passe-temps requéraient menaces et violence. Non, ce qui embarrassait Dalia c'était qu'elle se voyait forcée d'interrompre son petit jeu ... Et la journée commençait à peine. Misère.

Avant de réprimander les deux membres, Nora s'adressa à la soumise qui se tenait près d'elle. Elle devait avoir surpris une partie de leur conversation car l'ancienne chef souligna un manque de respect envers la hiérarchie. Dalia sourit, toute dent dehors, ajoutant pour enfoncer davantage cette timbrée :

Ah, parce que pour te changer t'as besoin de l'ouvrir et de désobéir aux ordres?

Elle manqua de ricaner mais se retint. La présence de Nora la bloquait depuis toujours et elle ne savait expliquer pourquoi exactement. Comme prévu Nora se tourna ensuite vers elle. Dalia soutint froidement son regard, avec une intensité presque insultante. Dans les faits, Nora n'était plus chef. Donc Dalia lui était supérieure et aurait pu refuser d'obéir ou de reconnaître son autorité. Mais plusieurs facteurs l'empêchèrent de réagir de la sorte. Le premier était que les anciens chefs, malgré la perte de leur statut, continuaient à incarner une forme d'autorité et il aurait été très mal vu de briser ce respect naturel. Le deuxième était que Dalia devait tout à Nora : son acceptation chez les Vipères et son grade. Rien de ce qu'elle était aujourd'hui n'aurait été possible sans l'ancienne.

Dalia finit donc par baisser les yeux en signe de respect. Mais chassez le naturel...

Quoi tu parles de ça?

La blonde exhiba son larcin avec fierté sous le nez de Nora. Elle passa ses doigts sur les mailles dorées et caressa l'objet du regard. Devoir le restituer était comme une humiliation mais peu lui importait. Elle aurait bien vite fait de retrouver un bijou aussi précieux chez ces soumises pour la plupart écervelées. D'un geste brutal, elle envoya la chaîne valser de l'autre côté de la pièce.

Une horreur...

La blonde sourit. Le mensonge était tellement évident qu'il en était ironique. Nadia, pour sa part, restait immobile, son regard ne quittait pas la soumise qui les avait interrompues.

La jeune Soumise expliqua la raison de sa présence : elle venait se changer avant d'aller travailler. Je hochai imperceptiblement la tête. Ce n'étaient pas ses excuses qui lui avaient sauvé la vie. Mais au moins, elle savait se taire lorsqu'il le fallait vraiment, tandis que j'étais en train de lui sauver la mise et de calmer Dalia. La Tireuse d'élite en rajouta une couche, mais j'avais déjà fait la remarque à la jeune femme et je ne retins pas le vocifération de la Vipère.

Celle-ci finit d'ailleurs par baisser les yeux. Dalia était difficilement gérable, mais j'avais réussi à la dompter. Elle me devait beaucoup, elle ne pouvait pas l'oublier. Même si elle restait naturelle malgré tout. Je hochai la tête quand elle me demanda si je parlais de ça. Elle finit par le jeter brutalement à l'autre bout de la pièce, affirmant que c'était une horreur. Elle mentait, c'en devenait presque ironique. Dalia voulait ce bijou mais elle n'avait pas le choix.

- Je crois que tu as des choses plus importantes à faire. Il m'a semblé qu'Annabella te cherchait.

Il fallait que je l'éloigne d'ici. Mais je n'allais pas la rabaisser au point de l'obliger à faire des excuses à une Soumise car ce geste serait la porte ouverte à la dérive. Elle ne devait rendre des comptes que face à moi... enfin, face à Annabella à présent. Annabella qui la cherchait bel et bien pour une affaire qui nécessitait sa meilleure tireuse.

- Nadia, tu ferais bien de l'accompagner. Sait-on jamais qu'Annabella puisse te trouver une utilité quelconque dans l'affaire.

Autant j'appréciais les qualités de Dalia, autant Nadia m'insupportait. Elle n'avait aucun talent particulier et se targuait d'être une excellente Vipère parce qu'elle suivait Dalia comme un petit chien. Parfois, je me demandais encore comment j'avais pu l'accepter parmi nous. Mais elle avait fait ses preuves, elle avait réussi son test. Et il ne fallait pas uniquement des spécialistes, mais également de la chaire à canon.

Je me tournai à nouveau vers la Soumise lorsque les Vipères eurent quitter la pièce.

- Fais attention à toi. Se mettre Dalia et Nadia à dos n'est pas la meilleure idée qu'il soit.

Après quelques instants, je lui tendis mon chemisier à raccommoder.

- Je passerai le rechercher en fin de journée, prends en soin.

Sur ce, je tournai les talons et allai vaquer à mes occupations. La Soumise blessée serait sûrement amenée à l'infirmerie par d'autres Soumises présentes, je ne m'inquiétais pas pour elle.


[HJ : si ça ne vous convient pas que je clôture votre sujet comme ça, n'hésitez pas à me MP ]

Dalia savoura le silence de la Soumise, qui encaissa sa remarque sans broncher. Cette écervelée comprenait peut-être enfin le principe de la hiérarchie et il était temps. La Tireuse savait que certaines filles étaient plus lentes d'esprit que d'autres, mais être attardée à ce point c'était tout de même navrant... Nora ne réprimanda pas à Dalia au sujet de cette dernière agression : les Membres se devaient d'assurer leur supériorité sur les Soumises et l'ancienne chef aurait fait une grossière erreur en lui reprochant cette agressivité naturelle. Mais la Tireuse se désintéressa bien vite de cette casserole : Nora lui informa que Annabella avait besoin d'elle. Décidément. Dalia leva les yeux au ciel en pouffant.

Eh bien, que ferait Annabella sans moi? À croire qu'elle a envoyé tout le clan à ma recherche.

Mais la blonde se ressaisit bien vite. Elle fronça les sourcils, consciente que Nora disait certainement la vérité. Si Anna était revenue dans le clan et demandait à la voir le plus vite possible, c'était qu'il  avait urgence. Dalia suspecta cependant Nora de chercher à l'éloigner. Mais finalement elle décida d'obtempérer et de quitter les lieux. Elle n'avait pas trop le choix et il n'y avait plus aucun intérêt à s'attarder dans cette pièce, de toute façon.

La Vipère finit donc par hausser les épaules, sans relever la remarque que Nora adressa à Nadia (qui elle, en revanche, siffla de colère).

Les désirs de Annabella sont des ordres, ce sont les règles.

Et la blonde quitta alors la pièce, la tête haute, non sans lancer un dernier regard meurtrier à cette Soumise qui avait eu la chance de luuii échapper.

Surtout, fais bien attention à ton violon, joli rossignol.

Cette menace proférée, elle franchit le seuil du vestiaire, suivie de très près par Nadia qui affichait une mine sombre.

T'en fais pas, si Anna a absolument besoin de nous, c'est que ça risque d'être intéressant.