Je voudrais un tapis volant, s'il vous plaît { Jude

Une mission ? J'étais crevée ce jour-là et voilà, pourtant, qu'ils ne cessaient de me répéter que Kim demandait à ce qu'une nouvelle cargaison de tissus et de matériel soit ramenée pour les couturiers. Bien évidemment, mon cher Chef n'avait pas trouvé meilleure victime que moi pour cette mission des plus « importantes » puisque la Troupe avait participé et que je devais y aller avant que tout ne soit épuisé. Tu parles d'une chance. Malheureusement, je savais pertinemment que je n'avais pas mon mot à dire. Je voulais éviter de faire entendre parler de moi au point que je sois... punie. J'étais une Soumise. Mon point-de-vue n'avait pas le même poids que celui d'un Membre. Et Kim, avec son tempérament de... chien enragé, n'était pas le genre à énerver si on tenait un tant soi peu à sa vie. Alors, oui, je râlais entre mes dents, je gardais ma rage pour moi et je me préparais déjà, mentalement, à cette petite escapade jusqu'au Centre neutre. « Ils n'auraient pas pu en choisir une autre ? Ou un autre jour, non ? » dis-je alors que je me changeais et prenais ma dague. J'avais beau aller dans un endroit où les batailles étaient proscrites, je voulais éviter de me faire tuer bêtement. Je n'allais pas partir seule, de toute manière. Néanmoins, je partais du principe qu'il valait mieux deux sécurités plutôt qu'une. J'étais fin prête. Il ne restait plus que les quelques Membres qui allaient m'accompagner. Ils ne se firent pas trop attendre, heureusement. Sinon, je crois bien que j'aurais encore plus râlé. Quoi ? Ce n'est pas permis, de toute manière ? Et alors ? Je vous demande votre avis, peut-être ? C'est bien ce qu'il me semblait.

« Oui, je suis prête. » lança-t-elle au Membre qui venait de lui demander confirmation. C'est alors que nous partîmes en véhicule motorisé, heureusement pour mes pieds. Oui, je m'étais cogné le pied contre ma couche il y a deux ou trois jours. De ce fait, je n'étais pas en grande forme à ce niveau-là. Il valait mieux pour eux qu'ils n'aient pas à me porter à mi-chemin. Ça aurait pu les énerver et avec la chaleur, il ne fallait pas ça en plus. Sinon, on risquait les étincelles. Un feu d'artifice, c'est bien, mais un orage... pas franchement, si vous voulez mon avis. Quand bien même mon avis vous importe peu, je viens quand même de vous le donnez. Donc, nous étions en chemin, j'en profitais pour regarder tout autour de moi, comme chaque fois. Oui, parfois, nous bavardions de l'une ou l'autre chose mais j'étais souvent assez évasive et pour cause. Je préférais rester suffisamment secrète vis-à-vis de mes partenaires de clan. Ce n'était pas au goût de tout le monde mais il fallait faire avec ça puisque j'étais de corvée. Si quelque chose les gênait à mon sujet, ils n'hésiteraient de toute façon pas à aller le répéter directement à notre grand Chef, un Aigle haut et fort. Enfin... c'est ce qu'on dit pour son ego. « On est arrivés, je crois, messieurs. » dis-je alors que la voiture s'arrêtait petit à petit. Je me pressais pour rejoindre l'échoppe en question, espérant ne pas avoir à être suivie au millimètre près. Heureusement, ils restèrent près du véhicule, guettant que je ne fasse pas d'écart et que je ne subisse rien comme attaque.

« Enfin libre ! » dis-je presque à voix haute sans m'en rendre réellement compte. Arrivée à l'échoppe, je voyais la silhouette d'une blonde, une demoiselle que j'avais déjà vue à de rares occasions. Je ne lui parlai pas, me concentrant sur ma tâche et sur les remarques débiles et lubriques de cet homme... louche. « Pour toi, je peux donner plus de tissus pour peu qu'on s'arrange, si tu vois ce que je veux dire. » me lança-t-elle de manière... lourde. « Je vois surtout un abruti qui va me lâcher et me laisser partir avec ces tissus. J'ai déjà mon fan club, là-bas, tu vois, au niveau de la voiture. » je l'invitais par la même occasion à réaliser qu'ils pouvaient agir et qu'ils étaient bien entraînés. Il ne fallait pas m'énerver.

Invité

PNJ : Grey, Membre ; Aymeric, Secrétaire

J'avais besoin de tissu pour mon prochain projet, et le clan aussi pour de nouveaux vêtements. Voulant faire d'une pierre deux coups, je me proposai donc pour cette mission. Cela me ferait un peu prendre l'air également. De temps en temps, ça ne faisait pas de mal de s'éloigner un peu du camp ! Moi qui avais vécu en tant que Libre pendant plusieurs années, je ne pouvais m'empêcher d'être un peu nostalgique de cette liberté totale. Enfin, je ne me plaignais pas de mon statut actuel, loin de là. Bien qu'étant Soumise, j'étais privilégiée et plutôt libre de mes mouvements, contrairement à beaucoup d'autres. La preuve : j'avais pu choisir de venir ici.

« Allons-y, Grey ! »

Ce n'était pas la première fois que Grey m'accompagnait au centre-neutre pour faire des courses. Je l'appréciais beaucoup et sa présence ne me dérangeait pas, même si parfois je préférerais pouvoir venir ici seule. Mais bon, Noâ insistait pour que je sois accompagnée : on ne savait jamais ce qui pouvait se passer.

Nous y allâmes en voiture, le chauffeur n'étant autre qu'Aymeric, le secrétaire. Celui-ci avait besoin de quelques fournitures et préférait les choisir lui-même. Nous nous donnâmes rendez-vous deux heures plus tard pour rentrer au camp, et Grey m'accompagna dans les échoppes. Apercevant de beaux tissus colorés, je m'approchai de l'échoppe pour les observer de plus près. Alors que je les admirais, concentrée sur ma mission, je ne pus m'empêcher d'entendre le marchand faire une étrange proposition à une jeune femme à côté de moi. Je levai les yeux vers elle alors qu'elle lui répondait avec fougue. Mon regard suivit la direction qu'elle indiquait. Deux hommes attendaient près d'une voiture. Le marchand ne sembla cependant pas impressionné.

« Qu'est-ce qui me dit que tu les connais ? Et puis, comment peux-tu m'agresser comme ça, alors que je n'ai rien fait ? » continua-t-il en haussant la voix. « Tu me traites d'abruti ? Je peux appeler des Membres pour te botter les fesses, sale petite voleuse ! »

Il était en train de retourner la situation, croyant sans doute qu'il avait à faire avec une Libre. Je ne savais pas si c'était le cas ou si elle appartenait à un clan, mais dans tous les cas, je devais intervenir !

« Excusez-moi. Je pense qu'il ne vaut mieux pas en arriver là. Le mieux est qu'on oublie tout ça, et que vous nous vendiez à toutes les deux le tissu que nous sommes venues chercher. En restant calme et poli, s'il vous plait. »

Je jetai un regard de soutien à la jeune fille avant de reposer mes yeux sur le vendeur pour l'inciter à se calmer.

Cet homme était fichtrement débile et borné. Je lui montrais les Membres qui m'accompagnaient au niveau de la voiture et pourtant, rien n'y faisait. Apparemment, cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Véritablement stupide. À moins qu'il ne soit suicidaire ? Peut-être aussi. Cela n'aurait rien d'étonnant. Sinon, pourquoi aurait-il douté de la sorte et m'aurait-il menacée ? D'accord, je n'avais rien d'un Membre fier, ni même d'une Soumise très populaire au sein de Paris, mais tout de même. Il ne fallait pas s'aviser de douter de la sorte d'une personne faisant partie d'un clan, même s'il ne s'agissait que d'une Soumise. D'ailleurs, les Aigles étaient réputés pour être plutôt brutaux, un peu à l'instar des Vipères si ce n'est que nous sommes plus francs alors que les Vipères le font par... poison ? Peut-être bien. Enfin, tout ça pour dire que entre moi et ce stupide vendeur, c'était très mal parti. Il aurait dû savoir, avant de s'adresser à moi de la sorte, et à me faire du rentre-dedans aussi lourd, que je suis sans doute la pire des Aigles. Je suis loin de me calmer, loin d'être gentille quand on se montre trop entreprenant avec moi. Je n'ai pas peur de hausser la voix s'il le faut.

« Je t'en prie, appelle les Membres les plus près de moi, ceux qui se trouvent à cette voiture. Avant de sortir des âneries, réfléchis un peu et demande-toi à qui tu as affaire... » j'aurais bien voulu continuer de lui faire comprendre sa douleur future mais une jeune femme, blonde, nous interrompit. Apparemment, elle aussi, elle était à la recherche de tissus et en plus, elle prenait parti non pas pour cet imbécile mais pour moi. Je l'analysai de mon regard vif avant de hausser les épaules en direction de ce stupide vendeur. « Alors ? Que dirais-tu d'obéir sagement au conseil de la demoiselle ? Donne-moi mes tissus que je t'ai déjà payés qu'on en finisse ! » lui criais-je à nouveau, plutôt en colère, oui. Il était parvenu à me sortir de mes gonds, cet imbécile.

Lorsque ce fut enfin fait, pour moi, je m'arrêtai sur celle qui venait tout juste de prendre ma défense. Certes, par fierté, en temps normal, je lui aurais affirmé que je peux me défendre seule mais elle avait l'air si doux et si gentil. De plus, elle n'avait pas l'air aussi hautain que ce stupide jeune homme que j'avais rencontré l'autre fois au lac, toujours du centre neutre. Une femme qui m'aidait de son bon vouloir. Des gens aussi serviables manquaient cruellement de nos jours.

« Je te dois une fière chandelle. Je crois bien que j'aurais pu en venir aux poings et je ne suis pas certaine que les deux gorilles derrière le voit d'un bon œil, même si je fais partie de leur clan. » avouai-je péniblement. J'avais souvent du mal à me contrôler, je ne le niais pas et ça ne faisait pas toujours plaisir à mon clan.

Invité

La jeune femme renchérit après mon intervention. Le vendeur hésita mais finit par obtempérer. Il lui donna ses tissus et je choisis les miens. Je le payai et me tournai vers la jeune femme qui me remerciait d'être intervenue. Elle m'avoua qu'elle aurait pu en venir aux poings s'il n'avait pas changé d'avis.

« Avec plaisir. Je n'ai pas du tout aimé sa façon de te parler. Ce n'est pas normal. »

Elle avait dit faire partie d'un clan. Je ne pus cependant pas savoir duquel il s'agissait. Elle n'était pas une Jaguar, et étant donné qu'elle était accompagnée par deux hommes, elle ne faisait certainement pas partie des Vipères. Il restait les Aigles et les Dragons. Je penchais plus pour les premiers, mais je préférais ne pas m'avancer par peur de vexer la jeune femme.

« Je m'appelle Jude et je suis une Soumise des Jaguars du Sud. Et toi ? »

Grey se rapprocha nonchalamment pour vérifier que tout allait bien. J'en profitai pour le présenter aussi.

« Et voici Grey, mon garde du corps en cette belle journée ! »

Grey salua la jeune femme face à moi d'un léger signe de tête avant de s'éloigner, rassuré. J'attendis qu'elle se présente.

Heureusement que cette jeune femme blonde était venue m'aider, ou en tout cas me calmer, parce que j'étais à deux doigts de craquer et ce serait la dernière chose avisée à faire puisque je n'étais qu'une Soumise. Qui sait ce qu'auraient pu me reprocher les Membres qui m'accompagnaient ? Je voulais éviter toute prise de tête inutile. Certes, j'étais une Soumise, donc d'un clan, mais si la bagarre était décrite comme lancée par moi, je crois que j'aurais pu avoir une belle punition, si pas des corvées ennuyantes, encore plus que celle-ci, d'ailleurs. Alors, oui, j'étais reconnaissante envers cette inconnue qui venait de m'éviter de me faire sermonner par un Chef qui ne voyait que les hommes comme suffisamment bons. Sinon pourquoi serais-je obligée de rester Soumise, moi, femme parmi les machistes qu'ils sont ? Bref, tout cela n'était pas important pour le moment. Il valait mieux que je me concentre sur celle-ci.

« Oh, si tu savais. Au moins, il parle franchement. Certains sont plus vicieux avec leurs règles stupides. » pourquoi je m'ouvrais aussi librement à une inconnue ? Etais-je devenue folle, inconséquente ? Je soupirai, espérant qu'elle n'y fasse pas trop attention. J'avais déjà avoué involontairement ce qui me posait problème à un garçon, je ne devais pas faire à nouveau cette erreur monumentale.

Pourtant, elle se présenta, elle, et sans aucune crainte. J'avais donc affaire à une Soumise du clan du sud. Un félin. Il paraît que la vie y est paisible. Seulement, je me vois mal le lui demander en sachant que ça rappellerait ma remarque précédente. Je ne voulais pas avoir l'air d'être un pauvre oiseau perdu. Je ne pouvais pas non plus rester secrète quant à mon clan, ce serait de l'impolitesse ou pire, perçu comme de la ruse stupide. Je ne craignais rien d'elle, ça se voyait, et inversement, elle ne craignait rien de moi non plus. Je n'avais pas d'a priori au sujet des autres clans. Juste vis-à-vis du mien. Par ailleurs, un jeune homme s'approcha non sans se faire remarquer. Il comptait m'intimider ? Un petit prince charmant protecteur ? Un gorille comme les deux qui me suivaient ? J'optais pour la dernière hypothèse, finalement.

« Swann. Je suis une Soumise des Aigles de l'Est. » je préférai ne pas en ajouter vu ce que je pensais de ma situation.

Invité

La jeune femme me révéla que le vendeur avait parlé franchement, contrairement à d'autres qui étaient plus vicieux. Personnellement, je n'avais jamais eu de problèmes en venant dans le centre neutre. Elle ne devait pas avoir de chance.

Elle se présenta après moi : elle s'appelait Swann et était une Soumise des Aigles. Elle aussi était accompagnée de Membres. C'était toujours comme ça, à vrai dire.

« Je suis enchantée de faire ta connaissance, Swann. »

Swann ne me paraissait pas méchante, mais elle avait l'air d'avoir une vision assez négative de la vie. Ou en tout cas, une mauvaise expérience de celle-ci.

« Ils ne sont pas tous comme ça, loin de là. Tu devrais aller faire un tour chez Lenny, il vend un peu de tout et est toujours prêt à t'aider à trouver ce que tu cherches ! C'est un amour. Et Maxence prépare de délicieuses friandises. Si tu lui demandes, il te laissera goûter sans rien demander en échange. »

Je passais toujours leur dire bonjour quand je venais dans le centre neutre, et je passais à chaque fois un moment assez agréable.

« Si ça te dit et que tu as le temps, je peux t'y emmener ? »

Décidément, soit j’avais face à moi une jeune femme naïve et insouciante, soit elle avait vécu une ville bien doucereuse. Bref, elle et moi, nous ne nous comprenions pas là-dessus mais je partais du principe que les apparences ne faisaient pas tout. En plus, le fait même de m’avoir sauvée lui valait bien que j’apprenne à la connaître au lieu de continuer ma route comme si ce n’était qu’une simple rencontre sans plus. Je n’étais pas extrêmement sociable, en temps normal, surtout depuis ma rencontre avec Jéremy, du coup, j’espérais rattraper ce temps perdu. Cette jeune femme semblait bien plus ouverte que moi – je vous l’accorde, ce n’est pas bien difficile -, par conséquent, cela ne semblait pas être mission impossible que de la découvrir après sa très gentille proposition. Autant en profiter un peu, non ? Après tout, les gorilles, comme j’aimais les appeler, savaient patienter. Peut-être allais-je ramener des éléments supplémentaires et nécessaires pour le clan grâce à cette belle inconnue.

« Une telle proposition ne se refuse pas. » dis-je poliment. J’espérais simplement qu’elle n’aurait pas l’impression de perdre son temps avec une Aigle aussi pénible que moi. « Dis-moi, ils sont toujours aussi coulants avec les Soumis chez vous, enfin, les Jaguars ou tu es un cas à part ? Ils ne te tiennent pas au bout de leurs jumelles, si je puis dire. » bon, ce n’était pas totalement le cas avec moi non plus, mais c’était sans doute un sentiment exagéré à cause de la politique de rigueur chez les Aigles.

Curieuse ? Moi ? Jamais. Bon, je l’admets, je voyais aussi cela comme une occasion supplémentaire de gonfler mon cœur de rebelle au sujet de mon père, ses bêtises, sa bêtise par-dessus tout et le régime de mon clan. Je soupirai, finalement. Je venais de penser que j’avouais trop de faiblesses d’un coup. Pour peu qu’elle soit rusée, qu’elle voit plus loin que le bout de son nez et elle comprendrait ce que j’essaie péniblement de cacher en moi. Si Kim apprenait que je me plaignais aussi ouvertement de notre clan face à une Jaguar… je ne donnais pas cher de ma peau.

Invité

Elle accepta ma proposition. Je commençai à marcher pour l'emmener chez ledit Maxence, lui faisant signe de me suivre. Elle me demanda alors si les Jaguars étaient toujours aussi « coulants » avec les Soumis, car elle n'avait pas l'impression que j'étais surveillée sans cesse. Je supposai que c'était plutôt son cas, et je crus déceler un petit reproche à l'égard des Aigles.

« Non, c'est l'enfer ! » commençai-je en gardant mon sérieux. Je souris alors, laissant même échapper un petit éclat de rire : « Les Membres sont très respectueux des Soumis. Mais c'est vrai aussi que je suis un cas à part. Je suis la grande sœur de Noâ, la Chef des Jaguars. Donc je suis quand même un peu plus surveillée, mais je garde ma liberté. Ils font ça pour notre bien, tu sais. Pour ne pas qu'il nous arrive quelque chose. »

Nous arrivions à proximité de l'échoppe de Maxence. Je m'arrêtai et repris :

« Je ne sais pas toi, mais moi je ne sais pas vraiment me battre. Et je n'aime pas ça. Mais parfois, il faut que quelqu'un le fasse pour protéger les autres. »

Je lui souris puis me tournai vers Maxence, laissant le sujet en suspend.

« Bonjour, Max ! Je t'amène une amie, elle n'a jamais goûté à tes friandises ! Swann, voici Maxence, Maxence, voici Swann. »

Je pris doucement la jeune fille par le bras pour la faire approcher.

Oh bonjour Jude ! Comment vas-tu ? Et Noâ, toujours aussi occupée ?

Je hochai la tête et ris avec lui. L'ambiance était très agréable et j'espérais que la jeune fille se détendrait enfin un peu.

Plus j’écoutais cette jeune femme, plus je réalisais qu’elle avait une toute autre vision de la vie que moi. Peut-être à cause des lois divergentes de nos clans respectifs ; les filles et les garçons peuvent être Membres chez les Jaguars, ce qui n’est pas le cas chez les Aigles où seules les garçons peuvent l’être. Un préjugé ? En tout cas, c’était l’explication, bien peu réfléchie, de la jeune fille que je suis. Je souffrais du départ si soudain de mon paternel, c’était ça, la véritable explication de mon mal être. Pourtant, passer autant de temps en sa présence me faisait voir la vie autrement, sous un jour plus souriant, plus optimiste. Cette fille avait le don de partager sa joie et sa bonne humeur, une véritable contagion, en somme. Une bonne contagion, plus précisément. Personne, jusque-là, ne m’avait fait sourire de la sorte. Elle était vraiment adorable. Elle était un mystère entier. Je préférai ne pas me torturer davantage dans un tel cas mais je profitai tout simplement de cette ambiance bon enfant. C’était bon, au moins une fois dans sa vie, de sourire à pleines dents. « Oui, je crois que je comprends ce que tu veux dire. », je préférai même laisser loin derrière nous cette discussion, c’était futile et ça risquait d’embrouiller cette bonne discussion.

Toujours plus sympathique et généreuse, la jeune femme me poussa, histoire de me valoriser au moins ce temps-là. Elle était loin d’être égoïste. Sinon, pourquoi me mettre en avant ? Pourquoi m’inviter de la sorte ? Je me sentais presque gênée, gênée de n’être que pur égoïsme à force de ne voir que mes soucis et mes frustrations. Si j’oubliais mon père, je pouvais me montrer plus ouverte, moi aussi. C’était trop difficile. « Enchantée, Maxence. Jude ne m’a dit que du bien de vous et vos friandises ! Je ferai de la publicité auprès de mes compagnons Aigles, c’est sûr. », je disais ça comme si j’avais énormément d’amis. Décidément, elle me rendait maladivement joyeuse et optimiste. C’était presque magique ! Très rapidement, il me présenta plusieurs friandises, si bien que j’en fus davantage embêtée. Comment avais-je pu broyer du noir alors que des gens aussi optimistes et joyeux vivaient autour de moi. Nous passâmes l’après-midi à cette échoppe.

Invité

La jeune Swann me dit qu'elle pensait comprendre mes paroles. Je m'en réjouis. J'avais envie de lui remonter le moral, elle qui semblait si négative. D'ailleurs, notre visite chez Maxence parut lui plaire. Elle sembla avoir recouvrer le sourire après tout cela. Je serais bien restée encore un bon moment comme ça, mais Grey vint me signaler qu'il était l'heure de rentrer. Il savait où me trouver, je passais souvent du temps chez Maxence à discuter et à savourer ses friandises. Je me tournai vers Swann :

- J'ai été enchantée de te rencontrer. J'espère que nous nous reverrons bientôt. Peut-être nous croiserons-nous à nouveau ici !

Je lui fis un signe de la main et m'éloignai, non sans avoir dit au revoir à Maxence également. Je suivis Grey jusqu'à la voiture et nous rentrâmes au Q.G., où je ramenai mes dernières emplettes effectuées sur le chemin du retour.

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