Elan ne changea pas d'expression lorsqu'il entendit le sanglot de la jeune fille. Mais intérieurement, son sourire s'agrandit encore plus. Il savait qu'elle était au bord du gouffre. Elle allait craquer, c'était certain. Il ne lui restait plus qu'à insister davantage, à la menacer encore si besoin, et elle lui livrerait la raison pour laquelle elle détestait tant son chef. Sa réaction était légitime. Il était vrai que ses rapports avec Virgo ne le regardaient pas - et encore, cette fille lui devait bien cette information, elle qui avait été surprise à espionner le clan. Mais Elan devait en savoir plus pour se jeter à l'eau. Il était comme ça. L'adolescent ne faisait jamais rien sans s'être assuré au préalable qu'il ne prenait aucun risque inconsidéré. Et faire confiance à cette fille dans l'état actuel des choses en constituait un. Il ne comptait donc pas abandonner de si tôt.

Non, désolé, mais ça ne suffit toujours pas.

Il rassembla les informations qu'il avait au sujet de cette fillette, et se rendit compte qu'elles étaient presque inexistantes. La Jaguar devait bien le reconnaître : il n'avait aucune emprise sur elle. Il ne pouvait donc s'arrêter là, sous peine de trahison. Ce n'étaient pas ses supplications qui allaient le convaincre de sa bonne foi.

Résumons. Tout ce que je sais de toi, c'est que tu appartiens au clan des Jaguars, que tu faisais autrefois partie de nos rangs, et que tu es en mauvais rapport avec Virgo. Tu ne veux pas le voir, et espionnes le clan... C'est un peu faible tu ne crois pas? Dis-moi ce qui, là-dedans, est capital? Dis-moi ce qui me permettrait de faire pression sur toi si tu te débinais? Rien. Alors à toi de développer et de me donner une bonne raison de te parler. Il se tut, attendant une réaction qui ne venait pas. Alors il ajouta,pour enfoncer le clou : J'attends.

Super, évidemment il n’était pas satisfait de ma réponse, disant que ce n’était pas suffisant. Il me fit alors un résumé de ce qu’il savait de moi. Je lui aurais bien balancé qu’il en savait plus sur moi que ce que j’en savais sur lui sur le coup, mais je retins mes paroles de justesse. Je jouais maintenant la carte de la prudence, carte qui réclamait une certaine tenue malgré le fait que je lui aurait bien sauté à la gorge.

Le brun ré-étira sa question. Je me relevais en serrant les poings et lui lançais une réponse entre mes dents.

« Disons que j’ai mal digéré le fait qu’il me vire de la Troupe, ça te va comme réponse ça ?! »

Et c’était vrai en plus. Le pourquoi, il pouvait toujours essayé de le savoir, il ne l’aurai pas, ou en tout cas pas la vraie version. Tournant les yeux vers le campement, que je ne pouvais voir d’où nous étions, je pris une grande inspiration pour ravaler ma colère. Revenant sur le Libre, je reculais d’un pas et croisais mes bras sur ma poitrine.

« Ecoute, si je ne respecte pas ma part du contrat il suffira que tu aie parler de moi à Virgo et puis voilà, ça devrait te suffire comme moyen de pression ça ! »

Elan n'était pas vraiment satisfait de la réponse de la fillette. En fait, la raison de son aversion pour Virgo était plutôt prévisible... Il s'attendait plutôt à découvrir un secret bien plus lourd. Cela l'embêtait. Il décida de s'assurer que la Jaguar ne le menait pas en bateau.

Quoi? C'est tout? Tu détestes Virgo parce qu'il t'a virée? T'as pas quelque chose de plus intéressant que ça à me dévoiler?

Il réfléchit à nouveau à la situation. Si le secret demeurait entre eux deux, il n'aurait pas de problèmes, normalement. Mais si la petite parlait, ce serait sa parole contre la sienne à lui, et il bénéficiait d'une totale confiance de la part de son chef, il ne serait donc pas inquiété. Par contre, il n'était pas sûr que la petite, de son côté, ait autant de crédit auprès de Noâ. Il se dit donc qu'il allait lui livrer ce fameux nom qu'elle attendait avec avidité, mais demanda un dernier renseignement, capital celui-ci.

Je peux au moins connaître ton nom? C'est une assurance dont je ne peux me passer.

Il lui dirait le sien, si elle insistait. Peut-être qu'il mentirait, mais ça il hésitait encore à le faire.

Le brun me demanda si je n’avais pas quelque chose de plus à lui dévoiler. Je haussais les épaules en lui répondant le plus naturellement du monde, mais avec une pointe d’agacement tout de même.

« J’ai la rancœur tenace, qu’est-ce que tu veux. »

Rancœur alimentée durant près de 4 ans maintenant, 4 longues années à refouler des souvenirs pour en souffrir le moins possible. J’aurai pu continuée sur ma lancée si ma curiosité n’avait pas pris le dessus… ça et un tout autre sentiment que je préférais ignorer.

Apparemment, le garçon se suffit enfin de mes réponses. Il me posa une dernière question afin de connaître mon nom, ajoutant que c’était une assurance dont il ne pouvait se passer. Décroisant les bras, je lui répondis d’une voix un peu plus calme.

« Lucille. Et toi ? »

La Jaguar ne donnerait pas plus d'informations. Elan le savait. Il devrait se contenter du peu de renseignements en sa possession. L'adolescent se rassura, car il ne prendrait pas un très grand risque en lui confiant ce genre de mission. L'absence de témoin, ainsi que son crédit auprès de la Troupe, joueraient en sa faveur. Il obtint tout de même le nom de la jeune fille. Lucille... Effectivement, ce prénom ne lui était pas étranger. Et il lui semblait que l'inconnue ne mentait pas. Il acquiesça, sans dire rien de plus.

Il hésitait à dévoiler son prénom. Il se serait volontiers tu. Oui c'était un peu déloyal. La Jaguar avait accepté de se livrer, et attendait un juste retour de la part de l'adolescent. Mais Elan ne voulait pas en dire trop sur lui, et il avait l'avantage... Pourtant, refuser de lui donner son prénom n'était peut-être pas la chose à faire en ce moment car la gamine serait sans doute outrée et pourrait réagir de manière inconsidérée. Il ne pouvait la froisser maintenant qu'il allait lui confier une mission qui pourrait, dans le pire des cas, entraîner des ennuis.

Je m'appelle Dan.

Bon c'était faux, d'accord. Mais ce prénom était assez similaire au sien pour que l'enfant ne repère pas le mensonge. Et si elle s'en rendait compte, eh bien il jouerait cartes sur table, pour une fois.

La personne que tu devras espionner pour moi est ta chef, Noâ.

Voilà. C'était dit. Il attendait maintenant fébrilement la réaction de la jeune fille, ayant la désagréable impression que la situation venait tout juste de s'inverser...

Le silence plana un moment avant que le garçon ne se décide à donner son nom. Dan… cela ne me disait rien. Fronçant les sourcilles, je lui lançais un regard suspicieux. M’avait-il donné son vrai nom ? Bah, de toute façon sa tête était maintenant bien encrée dans ma mémoire, cela me suffisait, pour le nom, s’il devait y avoir des complications, je pourrais toujours me débrouiller.

Dan enchaina directement sur ma « mission » : espionner Noâ. Cette fois, j’ouvris de grand yeux et me retins d’éclater de rire, laissant tout de même échapper quelques gloussements. Me mordant l’intérieur des joues pour reprendre mon sérieux, je lui répondit sans pouvoir dissimuler l’amusement dans ma voix.

« T’es sérieux ? Tu veux que j’espionne Noâ, rien que ça. Et que veux tu apprendre sur elle exactement ? »

Sa demande me paraissait aberrante. Et elle l’était d’autant plus que je n’étais pas Membre, et donc pas la personne la mieux placer pour surveiller les allers et retours de la chef des Jaguars. Reprenant un peu plus mon sérieux, je repris sans lui laisser le temps de répondre.

« Non mais sérieusement, tu t’adresses à ce qu’ils appellent une soumise, et donc pas la mieux placer pour ce genre de surveillance. C’est une mission qui devrait te couter bien plus cher que le simple fait que je ne veuille pas voir Virgo… »

A l'entente de son mensonge, la Jaguar fronça les sourcils sans poser davantage de questions. Elle devait se douter que ce nom n'était pas le sien, mais ne chercha pas à aller plus loin. Cette protection était dérisoire, soit. Mais Elan ne tenait à prendre aucun risque, même si sa prudence pouvait paraître superficielle ou inutile.

La réaction de Lucille avait de quoi le surprendre. Il s'attendait à ce qu'elle soit étonnée, outrée voire amusée, mais pas à ce qu'elle adopte une expression aussi moqueuse. Il se renfrogna, légèrement mal à l'aise et tentant de se rassurer. Elle n'avait rien contre lui. Rien. Il pouvait espérer qu'elle se tairait, si seulement elle acceptait de collaborer avec lui. C'était maintenant que tout devait se jouer.

J'aimerais en savoir plus sur son emploi du temps... Sur ses fréquentations. J'aimerais que tu me dévoiles ses secrets.

Il hésitait à être plus précis. Mais cela répondrait au moins partiellement à la question de l'enfant. Il n'en dit pas plus, attendant d'autres questions.

Lucille releva avec intelligence qu'il s'était vendu un peu vite. Soit. Il le savait très bien. Mais c'était un risque à prendre.

Je sais que tes chamailleries avec Virgo ne valent rien. Mais ta parole non plus... Ce n'était pas très délicat, mais vrai. Alors, il ajouta On se retrouvera une fois par semaine ici. Si tu ne viens pas, je dirai à Virgo qu'une Jaguar se baladait dans le coin et que son visage me rappelait quelque chose...

Cette menace était peut-être inutile, mais il avait besoin d'assurer son ascendant sur elle. Sa seule crainte désormais était que cette fille lui file entre les doigts. Ca, il ne pouvait pas se le permettre.

Dan précisa ce qu’il attendait de moi par rapport à Noâ, et j’eu du mal à ne pas de nouveau éclater de rire. J’étais définitivement la moins bien placée pour ce genre d’espionnage… Mais je réussi à garder mon sérieux cette fois, faisant mine de ne plus prendre cette histoire à la légère. Le brun avoua que mes « chamailleries » avec Virgo ne valaient en effet rien, mais que ma parole non plus. Il me menaça alors d’aller révéler à Virgo ma présence si je refusais les termes du contrats. Fixant mon regard dans le sien, les bras croisés sur la poitrine, je lui répondit sur un ton neutre, dénué de l’amusement que je ressentais au fond de moi.

« Admettons que je puisse obtenir suffisamment de temps libre et l’approcher suffisamment pour obtenir ce genre d’informations, je ne pourrais me rendre aussi régulièrement ici sans que cela ne se remarque. Il faudra trouver un lieu de rendez-vous plus proche de mon territoire et où je pourrais me balader sans que cela ne soit suspect. Et si ma parole ne vaut rien, la tienne non plus. Je vais prendre des risques énorme pour avoir tes infos, trouve moi une sécurité et j’accepte le marché. »

Il pouvait proposer ce qu’il voulait, tant que cela me garantissait de ne pas me faire punir d’une façon ou d’une autre si je me faisais prendre, ce qui risquait fortement d’arriver au vue de la mission quasi impossible qu’il me demandait. Mais bon, s’il pensait que je pouvais lui être utile et que cela m’évitait une confrontation avec Virgo, autant jouer le jeu, non ?

Elan ne réagit pas à l'hilarité de Lucille. Elle pouvait trouver sa proposition stupide, peu lui importait. Si le marché ne tenait pas, il était désormais certain de ne pas subir les retombées de cette rencontre. Il se tut, attendant toujours la réaction de l'adolescente. Elle reprit son sérieux et envisagea sa proposition avec lucidité. Il était vrai que la Troupe était très éloignée du territoire des Jaguars et cela ne faciliterait pas leurs rencontres. Il chercha à toute vitesse une solution intermédiaire qui ne le mettrait pas en danger. Le centre semblait être une bonne solution. La zone industrielle pourrait également convenir. Il y rencontrait Ludivine et savait que l'endroit était sûr, à priori. Même si bien entendu, une mauvaise rencontre était toujours possible.

Bon très bien. Et la zone industrielle ça te va? C'est ce que j'ai de mieux à te proposer.

Il réagit ensuite à ce qu'elle avait affirmé avec tant de certitude. Si, sa parole avait de la valeur. Il savait que son clan ignorait tout de ses intentions, et il comptait bien tirer parti de cet avantage. Avoir son chef de son côté était très pratique dans de telles situations.

Virgo me croira. C'est tout ce qui compte.

Il fut surpris de voir que la gamine, malgré sa situation peu avantageuse, continuait à marchander. Une sécurité? Elan avait du mal à comprendre ce qu'elle lui voulait. Comment pourrait-il la protéger de Noâ? Non elle devait avoir une idée derrière la tête.

Qu'est-ce que tu veux? Dis-le tout de suite, on est en train de perdre notre temps. Je ne peux t'offrir aucune sécurité vis-à-vis de ton clan. Il faudra que tu te débrouilles pour rester discrète, et pour ne pas que Noâ te soupçonneIl lui vint soudain à l'esprit qu'effectivement, un alibi pourrait sans doute la mettre en sécurité. Tu pourrais trouver une raison pour t'absenter au moins une fois par semaine... Peut-être en demandant un travail à l'extérieur des frontières, ça résoudrait le problème.

Il espérait qu'elle accepterait d'y réfléchir. De toute façon, il ne voyait aucune autre possibilité pour lui garantir le moins de risque possible. L'adolescent ne voulait pas s'avancer et proposer une contre-partie qui lui serait dangereuse. Il s'était déjà assez mouillé.

Côté point de rencontre, Dan me proposa la zone industrielle. C’était large, mais je savais au moins que le verger s’y trouvait.

« Je travaille au verger. On pourra s’y retrouver à la fin de la journée de travaille, un peu après le départ de tout le monde. »

Bien sûr il y avait toujours des gardes, comme sur toute la zone industrielle, mais il y aurait toujours moyen de trouver un endroit où même si on se fait prendre les gardes ne poseront pas de questions.

Le brun précisa ensuite que si je considérais sa parole comme ne valant rien, Virgo lui le croirait. Je haussais les épaules sans répondre. Encore et toujours Virgo… Ce mec semblait lui vouer une admiration sans bornes…

Pour ma dernière requête, il me demanda ce que je voulais exactement, précisant qu’il ne pouvait pas me protéger contre mon clan, que ce serait à moi d’être discrète. Il lui proposa tout de même une solution, mais celle-ci étant déjà d’actualité elle ne nous faisait pas avancer. Je lui fis donc à mon tour une proposition.

« Comme je viens te le dire, je travaille déjà au verger. Je compte bien me faire discrète, j’ai pas envie de risquer ma peau pour tes beaux yeux. Mais si je me faisais quand même prendre, je veux que tu m’aide à m’enfuir. En cas de problèmes je veux pouvoir quitter la ville sans encombre, et je n’y arriverais pas seule. »

Je préférais envisager le pire, et il était clairement plus qualifier que moi pour se défendre, et du coup me défendre également en cas de fuite précipitée.

« Si j’ai ta garantie que tu sera là pour m’aider à m’enfuir si besoin, j’accepte le marché. Si par contre je me fais prendre et que tu n’es pas là, je raconte tout à Noâ pour sauver ma peau. Marché conclus ? »

Le mobile était tout trouvé, puisque Lucille travaillait en-dehors des frontières de son clan. C'était déjà un bon problème de réglé. Finalement, il avait peut-être eu de la chance de tomber sur cette gamine. Son abord n'avait peut-être pas été des plus agréables, mais au final il avait pu tirer quelque chose d'elle. La Jaguar avait accepté sa collaboration et il se trouvait justement que son travail lui permettrait de le rencontrer quotidiennement sans éveiller les soupçons. Malgré tout, il restait une question en suspens.

Parfait. Je pourrai m'y rendre sans trop de problèmes. Mais si je devais annuler notre rencontre, ou te contacter à l'improviste?

Malheureusement, il avait beau réfléchir, il ne voyait pas de solution à ce problème. Il leur faudrait certainement fixer leurs rendez-vous au préalable et aviser en cas de pépins. Elan avait toujours posé la question à Lucille au cas où elle trouverait un moyen pour qu'ils entrent en contact l'un avec l'autre, mais il en doutait.

La garantie qu'elle réclamait était bien faible. L'aider à s'échapper? Oui il pourrait bien tenter quelque chose pour la sortir du pétrin si sa mission venait à être découverte, mais elle ne le connaissait manifestement pas pour lui faire une demande pareille. L'adolescent n'était vraiment pas du genre à se mettre en danger pour les autres. D'autant qu'il ne la connaissait pas. Sa menace était bien réelle, et assez embêtante pour lui, mais ne l'impressionnait pas des masses. Il savait qu'il pourrait toujours trouver une explication à tout cela et ressortir totalement blanchi de cette affaire. Si elle acceptait de jouer le jeu, il faudrait qu'elle en accepte les risques, et qu'elle en assume les conséquences en cas d'échec. Mais bien sûr, Elan n'allait pas lui avouer la vérité... Il se contenta d'acquiescer et prit un ton déterminé.

Très bien. S'il t'arrive quelque chose, je te promets de faire mon possible pour t'aider à fuir le clan.

C'était une promesse en l'air. Une de plus.

Le brun assura qu’il pourrait se rendre au verger sans problème, mais qu’il restait tout de même un problème : comment ferait-il s’il devait annuler ou me contacter à l’improviste ? J’avais bien envie de lui répondre qu’il se débrouille tout seul, c’était son problème, pas le miens. Enfin sauf pour le coup d’annuler, dans ce cas il était claire que ça m’arrangerai de ne pas devoir poireauter pendant des heures pour rien. Je réfléchi donc un peu avant de répondre.

« On fini de travailler avant la fin du jour. Si tu n’es pas là à la nuit tombée le jour du rendez-vous je considérerai que tu ne viendras pas. Pour ce qui est de me contacter à l’improviste… je ne vois pas. »

Pour ne pas dire « débrouille toi ». Par contre, il me promit d’intervenir en cas de pépins pour m’aider à m’enfuir. Affichant un sourire, je lui tendis donc la main.

« Marché conclus alors. Quand veux-tu fixer notre premier rendez-vous ? »

Peu importe quand il le fixait, je ne pouvais pas garantir d’avoir obtenu des informations concernant Noâ. La chef du clan n’était pas si facilement approchable, surtout par une Soumise, et encore plus par moi je n’en doutais pas… Enfin bon, il devra se contenter de ce que je pourrai lui apporter, qu’il le veuille ou non…

Lucille prit à peine le temps de réfléchir pour lui répondre. À ses yeux, il n'y avait aucun autre moyen de communication possible entre eux. Il était vrai qu'une correspondance ou un intermédiaire auraient occasionné beaucoup trop de risques. Ils ne pouvaient pas se permettre ça. Alors Elan acquiesça, tout en mentionnant toutefois une alternative :

Très bien. On fera comme ça. Je pense qu'il y a quand même une solution. On pourrait créer une cache, un endroit secret où on pourrait dissimuler des messages. Ce serait une bonne alternative je crois. Mais on en reparlera la prochaine fois.

Leur conversation durait depuis un moment déjà, et son absence au campement allait attirer les soupçons s'il ne rentrait pas vite. On lui demanderait peut-être de justifier son retard, auquel cas il trouverait bien quelque chose. Mais si on envoyait quelqu'un le chercher et qu'il restait introuvable, il aurait bien plus de mal à se justifier. Il se rassura néanmoins : Stew, l'homme qui devait lui succéder et prendre son tour de garde, n'était pas quelqu'un de très assidu. Il n'alarmerait certainement pas le campement avant un moment, lui qui était assez distrait.

Lucille lui demanda ensuite la date de leur prochain rendez-vous. Elan se dit qu'il devait lui laisser un peu de temps pour commencer ses investigations, mais aussi que leur rencontre ne devrait pas trop tarder. Il avait besoin d'en savoir plus sur Noâ, à tout prix.

Dans trois jours, est-ce que ça irait? Je te rejoindrai aux vergers une fois que tout le monde sera parti.

Il savait que les journées de travail dans les clans duraient jusqu'en soirée. En cette période de l'année cela correspondait au moment où le Soleil commençait à se coucher. Il irait de toute façon observer les lieux et s'assurer des horaires par lui-même dès le lendemain. Ensuite, il se redressa et d'un bref signe de tête, salua la Jaguar.

Je te laisse filer. N'oublie pas notre marché.

Ensuite, il tourna les talons et s'en alla en trottinant vers le campement de la Troupe.

Dan proposa une alternative malgré tout, un moyen de communication écrite. Je savais lire et écrire, mais je n’étais pas une as en la matière… Enfin bon, on ferait avec…

« Ok, on verra ça la prochaine fois. »

Dan me demanda ensuite si trois jours étaient suffisant pour obtenir des informations. Je haussais les épaules, me disant qu’il y avait vraiment peu de chances que j’obtienne quoi que ce soit, mais je ne dis rien. Il était temps de mettre fin à cette conversation.

« Je t’attendrais jusqu’à ce que le soleil ai disparu. Si tu n’es pas là, tant pis pour toi. A dans trois jours. »

Le brun tourna les talons en me sommant de ne pas oublier notre marché, et j’en fis de même en soupirant. Cette histoire puait les ennuis à pleins nez… Jetant un dernier coup d’œil au campement, je me mis à trottiner vers le territoire sud. J’avais faim et soif… il était plus que temps que je rentre…