J'avais pu me reposer un peu avant l'épreuve du soir. On allait tester nos aptitudes à utiliser des armes blanches et des armes de jet. Pour la première partie, je choisis le sabre, et je ne me débrouillai pas trop mal, même s'il était clair que j'avais encore besoin d’entraînement. Lorsque ce fut le tour des armes de jet, j'hésitai. Ma mère m'avait entraînée au tir lorsqu'elle était encore en vie, donc je me débrouillais plutôt bien avec une arme à feu et avec un arc. Je pris le parti du deuxième et me saisis de l'arc et du carquois qui était posé à côté. Je devais tout miser sur cette partie, c'était maintenant que je devais impressionner.

Lorsque je me plaçai au début de la rue, je ne m'étais jamais sentie aussi prête. Le stress et la fatigue avaient disparu. J'étais sûre de moi, concentrée sur ce que j'allais faire. Le signal de départ fut lancé et les cibles mouvantes commencèrent à courir. Je fus décontenancée : je pensais qu'il s'agirait de cibles en bois ou autre, pas de véritables êtres humains. Je ne distinguais pas leur visage, masqué par un casque de protection. Qui étaient-ils ? Je jetai un œil derrière moi mais détournai bien vite la tête : si je doutais maintenant, j'aurais fait tout ce parcours pour rien. Et puis, en tant que Membre, j'aurais aussi à blesser des gens volontairement... Je pris une grande inspiration, saisis une flèche dans mon dos et bandai l'arc. Je visai et tirai avec force, ma flèche touchant sa cible : le torse protégé d'un coureur à une dizaine de mètres de moi. Bon, pour l'instant, ça allait. Je visai à nouveau une cible plus lointaine, qui courait en zigzag, et la touchai au milieu du dos. Elle s'effondra comme la première. Je continuai ainsi jusqu'à mettre toutes les cibles au sol, n'ayant pas quitté un seul instant ma position centrale.

Une fois la session finie, je me tournai vers Annabella pour entendre son verdict.

Certaines avaient du potentiel, d'autres beaucoup moins. Chaque épreuve révélait les forces et les faiblesses de celles qui prétendaient devenir Membres. C'était au tour d'Angelica de nous montrer ce qu'elle savait faire avec une arme de jet. Elle était attendue au tournant, sa mère ayant été Tireuse d'élite en son temps. Elle choisit un arc et des flèches. C'était plutôt un bon choix, car il ne montrait pas uniquement sa capacité à viser : grâce à cette pratique, nous pouvions une nouvelle fois juger sa force, son équilibre et son agilité. Et elle avait quand même du potentiel pour ça. Elle toucha toutes les cibles sans gaspiller trop de flèches, peu importe la distance et la vitesse à laquelle elles courraient. Elle ne tirait pas toujours aux bons endroits, et elle avait perdu deux trois flèches qui n'avaient pas atteint leur cible, mais elle était plutôt douée.

Elle se tourna vers moi lorsqu'elle eut terminé, attendant le résultat. Je la fixai quelques instants sans répondre. Cet air de défi que j'apercevais dans ses yeux ne me plaisait pas. Mais je devais avouer qu'avec un peu d’entraînement, elle ferait une bonne recrue. Peut-être une future Tireuse d'élite, comme sa mère.

- Demain matin commencera l'épreuve de survie. Profites bien de ta courte nuit.

Elle n'aurait que quelques heures de repos avant de passer une semaine livrée à elle-même hors du territoire, à l'extérieur de la ville, en zone neutre. C'était l'épreuve ultime avant celle du marquage – qui pouvait encore être éliminatrice malgré tout. Angelica quitta le terrain et l'épreuve se poursuivit avec les dernières aspirantes. Lorsque tout fut terminé, j'allai me reposer moi aussi chez moi.

Le lendemain, l'épreuve fut lancée et les candidates conduites dans la zone prévue à cet effet. L'épreuve de survie commençait...

J'avais réussi. Il fallait dire que j'étais assez confiante pour cette partie du test d'admission. Mais j'étais heureuse de l'entendre. Demain aurait lieu l'épreuve la plus éprouvante, celle de survie. Je quittai donc les rues pour aller dormir dans le dortoir qui nous était attribué. Le repos fut de courte durée. Tôt le matin, des Membres vinrent nous réveiller. On nous banda les yeux et on nous emmena ailleurs. Le trajet fut long et silencieux. Lorsqu'on m'arrêta, une voix me dit de n'enlever mon bandeau qu'après une dizaine de minutes. Je hochai la tête et l'entendis s'éloigner. C'était l'heure de vérité. Une fois la vue recouvrée, l'épreuve commença...

Le premier jour fut plutôt facile. J'étais seule car on nous avait apparemment dispatchées un peu partout. Je devais avouer que c'était un peu flippant de se retrouver seule au milieu de nulle part, alors que je n'avais jamais quitté le camp auparavant. Mais bon, j'étais arrivée jusque là et je n'allais pas arrêter pour si peu.

Le deuxième jour fut plus difficile. Je commençais à avoir faim, et je n'avais aucune vivre à disposition. Ni de quoi chasser. Usant de mon imagination, je me fabriquai un lance-pierre avec un morceau de bois et une lanière élastique trouvée dans les décombres. Avec ça, je pus attraper un rat. Ma mère m'avait appris à faire du feu, et je n'attendis pas la nuit tombée pour le faire. J'étouffai la fumée afin de ne pas être repérée et mangeai en économisant mon maigre butin pour en faire plusieurs repas. La viande de rat n'était pas ce que je préférais, mais mieux valait ça que rien. Pour l'eau, il y avait un petit étang à proximité, ce qui me fut bien utile.

Les jours suivants furent éprouvants. La solitude et la faim n'aidaient pas. Les rats n'étaient pas légions dans ce coin, et je n'en avais attrapé que deux en tout, ce qui ne nourrissait pas suffisamment. L'eau de l'étang me donnait la nausée, mais au moins elle ne semblait pas être mortelle. Je m'étais blessée au bras gauche en dégringolant d'un talus et j'avais fait un bandage de fortune avec un bout de tissu, mais la plaie était douloureuse. C'était plutôt handicapant, même si je pouvais toujours bouger le bras. Il était temps que tout finisse. J'avais perdu la notion du temps, je savais seulement qu'il faisait nuit quand je commençais à avoir froid. Je continuais à faire du feu pour me réchauffer, à l'intérieur d'une ruine afin de ne pas attirer l'attention avec la lumière et la fumée. Essayant de garder les yeux ouverts, je finis par m'endormir tandis que le feu en faisait de même.

Quand cette épreuve se terminerait-elle donc ?

Pendant toute la durée de l'épreuve de survie, je fus informée de son déroulement par les rapports des observatrices. J'étais donc au courant des moindres faits et gestes de chaque aspirante. Lorsque le dernier jour arriva, il ne restait plus que sept Soumises encore en course pour la place de Membre du clan. Angelica était de celles-là. Il était temps d'aller cueillir les survivantes. Celles qui avaient échoué seraient laissées pour morte là où elles étaient. Si jamais elles parvenaient à rejoindre le camp, elles pourraient être réintroduites comme Soumises. Mais leur sort m'importait peu.

Fran, qui était l'une des observatrices, alla réveiller Angelica, endormie près des restes d'un feu. La Vipère passa doucement sa main sur l'épaule de la jeune fille et la secoua légèrement, sachant pertinemment qu'elle était blessée, mais encore en vie.

- Angie, tu as réussi. Réveille-toi, lui dit-elle d'un air rassurant. Elle était contente que ça soit le cas, car elle avait promis au grand frère de la future Membre qu'elle veillerait sur elle. Et elle l'avait fait, autant qu'elle le pouvait. Angelica était blessée, mais pas mortellement. Elle s'en remettrait vite.

- Tu vas devenir Membre, comme ta mère, ajouta-t-elle ensuite avec un sourire.

Dans mon sommeil, j'entendis une voix familière. Celle de ma mère ? Non, celle de Fran, la compagne de mon frère, une Membre des Vipères. Étais-je en train de rêver ? Sans doute. Je rêvais aussi de sa main chaude sur mon épaule, de la pression qu'elle y exerçait. Et des mots agréables que sa bouche prononçait : « Angie, tu as réussi. Réveille-toi. Tu vas devenir Membre, comme ta mère ». Je me forçai à ouvrir les yeux. C'était difficile, j'avais envie de dormir, et mon bras me faisait souffrir lorsque j'étais éveillée. Lorsque je parvins à mes fins, je constatai que Fran était bel et bien là. Alors, le sens de ses paroles me frappèrent par leur vérité : j'avais vraiment réussi, j'allais devenir Membre des Vipères ! Réalisant cela, un sourire s'épanouit sur mon visage.

- J'ai... réussi !

Ma voix était plutôt faiblarde à cause de l'expérience que je venais de vivre. Mais j'étais heureuse, malgré tout. Heureuse d'être arrivée au bout. Heureuse d'avoir su me contrôler. Heureuse, tout simplement. J'enlaçai Fran et me serrai contre elle. Elle était comme une grande sœur pour moi, et j'étais contente que ce soit elle qui ait été désignée pour m'annoncer cette nouvelle.

- J'ai réussi ! répétai-je en laissant les larmes couler le long de mes joues. La pression retombait en cet instant. J'étais soulagée.

Fran prit une Angelica en pleurs dans ses bras. La pression accumulée ces derniers jours faisait couler ses larmes. Elle la rassura puis la ramena au QG où elle fut soignée et nourrie. Elle put se reposer quelques heures avant qu'arrive la dernière épreuve, celle du marquage. Il était temps pour les survivantes de se faire graver dans la chaire le signe distinctif du clan des Vipères. Au tour d'Angelica, Fran la fit asseoir sur un siège près du brasero. C'était Ysaline qui marquait les jeunes recrues. Je me trouvais là également, observant leurs réactions diverses et variées. Angelica... je n'aurais jamais cru qu'elle réussirait. Mais elle avait certaines aptitudes qui, à force d’entraînements, pourraient bien être utiles.

Je m'approchai d'elle et lui adressai la parole pour lui demander de prêter serment :

- Promets-tu de servir le clan des Vipères jusqu'à tes vingt-et-un ans, de ne jamais nous trahir, et de donner ta vie pour le clan si cela est nécessaire ?

Lorsqu'elle eut confirmé cela, Ysaline marqua son omoplate au fer rouge. Elle était des nôtres. Après deux jours de repos, son entraînement commencerait.

[HJ : tu peux poster ta fiche, le test est réussi ^^]

Après avoir été soignée et nourrie, je pus me reposer quelques heures. Il me restait encore une épreuve, si petite par rapport aux autres, mais non moins importante : le marquage. La marque était le signe de notre appartenance au clan. Et j'allais la recevoir. Lorsque l'heure arriva, je m'installai sur la chaise que l'on me présenta, et Annabella me demande de promettre mon allégeance au clan.

- Je promets de servir le clan des Vipères, de ne jamais le trahir et de donner ma vie pour lui si cela s'avère nécessaire.

Elle accepta ma promesse et Ysaline apposa le fer rouge sur mon omoplate. Je serrai les dents et restai courageuse : il ne fallait pas pleurer ni crier. Silencieuse, je subis en silence le signe tant attendu. J'étais une Vipère.

Lorsque ce fut terminé, je quittai la salle pour rejoindre mon frère, que je n'avais plus vu depuis une dizaine de jours. Je voulais lui annoncer la nouvelle. Fran m'accompagna jusque là. J'avais enfin accompli mon rêve !

[D'accord ^^]