Une nouvelle année venait de commencer suite à la Fête des Orages. Et il était temps de prendre de nouvelles recrues. Beaucoup de jeunes Soumises s'étaient présentées, et depuis le matin je les interrogeais dans un vieux bâtiment aménagé à cet effet. Certaines avaient déjà réduits toutes leurs chances à néant rien qu'en répondant à mes questions, quelques unes étaient passées à l'étape suivante. C'était au tour d'une jeune Soumise du nom d'Angelica. Sa mère, une ancienne membre plutôt respectée, était morte récemment. Quant à son père, on ignorait jusqu'à son nom. Je jetai un œil à ma Fine Lame.

- Qu'elle entre.

Ysaline ouvrit la porte et fit asseoir Angelica face à moi. Elle se plaça à mes côtés et resta silencieuse, disparaissant presque, mais restant attentive au moindre détail. Katarina était placée au fond de la salle, entre deux portes en bois. J'attendis quelques instants, fixant la jeune fille droit dans les yeux. Je l'avais déjà croisée une ou deux fois, et selon les rapports c'était une bonne travailleuse. Et le plus important : elle était fidèle au clan et à la mémoire de sa mère. Enfin, je devais tenter de déterminer tout ça grâce au test d'admission. Après environ une minute de silence – qui devait lui paraître très longue –, je pris la parole d'un air froid et assuré, presque monotone :

- Je veux savoir qui tu es. Énumère-moi ton prénom, ta situation familiale et la date de ta soumission aux Vipères de l'Ouest. Quelles sont les aptitudes que tu possèdes et qui pourraient être utiles au clan ? Et tes motivations pour devenir Membre à part entière, quelles sont-elles ?

Je m'arrêtai là pour l'instant, lui laissant le temps de préparer une réponse correcte. Je connaissais déjà la plupart des informations, mais ici il était question de tester sa capacité à s'auto-évaluer, sa confiance en soi et sa mémoire. Elle devait, bien évidemment, répondre aux questions dans l'ordre. Ce n'était pas la chose la plus compliquée du monde, mais les Soumises qui n'étaient pas prêtes ou pas assez attentives n'y parvenaient généralement pas.

C'était bientôt mon tour. Ma mère, une ancienne Vipère respectée, avait toujours douté de moi, à cause de mon caractère. De mes « problèmes ». Elle voulait que je passe le test, que je devienne comme elle, mais elle n'était pas certaine que j'en sois capable. Bien qu'elle soit à présent six pieds sous terre, je me devais donc de lui prouver que j'étais bien sa fille...

Je me rappelais cela lorsque la porte s'ouvrit. Je pris une grande inspiration : Annabella était redoutable et redoutée, mais surtout sans pitié. Un seul faux pas et je serais renvoyée chez les Soumis. Je devais rester calme, je devais me contrôler, c'était impératif. Je m'avançai et m'installai à l'endroit indiqué par Ysaline, face à notre chef. La tension était palpable. Je ne savais pas qui avait réussi et qui avait raté avant moi, les filles ressortant pas une autre porte. Une boule me nouait la gorge mais je ne devais pas montrer mon stress devant nos gradées, qui ne feraient qu'une bouchée de moi si je les laissais faire.

Le silence commençait à durer, j'avais l'impression d'être assise là depuis une éternité. Annabella avait figé son regard dans le mien. Le test avait déjà commencé au moment même où j'avais pénétré à l'intérieur de ce bâtiment. Je ne détournais pas les yeux malgré le fait que son regard était effrayant et glacé.

Annabella commença. Elle me posa plusieurs questions, très rapidement, sans me laisser le temps d'intervenir. Je retins l'ordre et attendis qu'elle termine. Lorsqu'elle se tut, me fixant toujours, j'hésitai : elle ne m'avait pas dit de parler, devais-je déjà lui répondre ? Je supposai que oui. Je respirai avant de me lancer :

- Angelica, fille d'Amanda des Vipères de l'Ouest et de père inconnu, sœur du Soumis Christopher, soumise à ma naissance. Ma mère m'a entraîné au tir, je suis rapide et plutôt agile. Je veux devenir Membre pour me battre pour le clan et protéger mon frère. Je veux également suivre les traces de ma mère, et la surpasser !

C'était ambitieux de ma part. Peut-être même un peu arrogant. Mais je devais être sincère envers Annabella, elle saurait déceler le mensonge. J'espérais seulement que j'avais répondu correctement...

La jeune fille face à moi était mal à l'aise, ce qui était normal dans une telle situation. Certaines parvenaient mieux à dissimuler cela, elle n'y arrivait pas vraiment. Lorsque j'eus fini de poser mes questions, elle y répondit dans l'ordre. C'était déjà un bon point. Elle évoqua sa mère, Amanda, une ancienne membre ayant servi sous Lucie, plutôt douée et respectée à son époque. Un autre bon point, même si cela ne la sauverait pas en cas d'échec. On m'avait déjà parlé de ses aptitudes, elle aurait l'occasion de les démontrer si elle parvenait à cette étape du test d'admission. Enfin, la réponse à ma dernière question ne me surprit pas, la plupart des aspirantes avaient ce genre d'idées, même si c'était bien plus artificiel pour certaines. Devenir plus forte, surpasser les autres, protéger quelqu'un, se battre pour le clan et pour la gloire,... J'en entendais des vertes et des pas mûres !

- Bien, répondis-je simplement. Je lui posai ensuite les dernières questions concernant la hiérarchie et les tâches du clan. Il était important pour une future Membre de connaître par cœur ce genre d'éléments. Elle répondit correctement. Heureusement d'ailleurs, parce que c'étaient des choses essentielles même pour une Soumise...

Je lançai un regard approbateur à Ysaline : Angelica pouvait passer à l'étape suivante. Ysaline lui fit signe de se lever et de se diriger vers la porte de droite en la pointant du menton. Katarina la réceptionna alors pour l'accompagner jusqu'à l'épreuve suivante. Lorsqu'elles furent sorties de la salle, une autre jeune Soumise entra.

Katarina, ayant entendu les réponses d'Angie et connaissant déjà les données de base, était chargée de lui faire passer le test psychologique. Elle savait exactement ce qu'elle devait faire. Elle emmena la jeune fille dans une pièce sombre et la laissa seule une dizaine de minutes, sans lui avoir adressé la parole une seule fois. Elle revint finalement, accompagnée d'une autre Vipère – une Simple Membre, comme elle. Elles avaient été informées du caractère d'Angelica, et allaient tester sa résistance au stress et aux fortes émotions. Pour ce faire, Katarina s'avança vers elle et prit la parole, s'adressant pourtant à Isabelle, l'autre Vipère :

- Christopher est plutôt craquant, mais un peu difficile. J'ai déjà insisté une ou deux fois et il me résiste. J'adore ça ! Je suis sûre qu'il en vaut la peine. Pour une nuit. Comme tous ces mecs mignons mais inutiles.

Isabelle pouffa d'un rire méchant et se tourna ensuite vers Angelica :

- Mais en fait, tu veux pas nous arranger le coup avec lui ? On pourrait faire un petit marché toutes les trois : tu nous livres ton frère, on s'amuse un peu avec lui, et en échange tu passes à l'épreuve suivante. Hop, ni vu ni connu !

Elle posa sa main sur l'épaule d'Angelica, se pencha pour rapprocher son visage de celui de la jeune fille, et reprit en serrant sa prise :

- Qu'en penses-tu?

Apparemment, j'avais répondu correctement. Annabella me gratifia d'un « bien » avant qu'Ysaline ne me désigne la direction à prendre. Je rejoignis Katarina qui m'emmena dans une autre pièce où elle me laissa seule pendant un très long moment. Alors que je l'attendais, je me réjouissais d'avoir passé l'interrogatoire face à Annabella, mais la suite du test faisait battre mon cœur à cent à l'heure. C'était l'épreuve psychologique, autant dire certainement mon plus gros point faible. Il fallait que je me prépare. Fran m'en avait un peu parlé, mais elle n'avait pas fait son test sous Annabella et beaucoup de choses avaient changé. Je savais juste que, pour moi plus que pour une autre, ce test était décisif. J'avais intérêt à ne pas craquer, à faire le bon choix. Ne pas laisser mes sentiments et mon caractère l'emporter. Alors que les minutes passaient, je redoutais de plus en plus leur retour. Serrant mes mains sur mes genoux, j'essayais de les empêcher de trembler. L'attente n'était pas mon fort. Surtout avec une telle tension. Je fermai les yeux et tentai de réguler ma respiration, trop inégale à mon goût.

J'entendis la porte s'ouvrir et je sursautai légèrement en rouvrant immédiatement les yeux. Katarina n'était plus seule. Elle ne tarda pas à m'adresser la parole, évoquant mon frère et ses charmes. Je m'indignai de son discours mais me forçai à ne pas réagir : je ne devais pas m'emporter, surtout pas. L'autre membre, que je ne connaissais pas, parla à son tour en se tournant vers moi. Si j'avais su rester à peu près de marbre face aux paroles de Katarina, ce ne fut pas le cas face aux siennes. Leur livrer mon frère pour réussir mon test ? Je frémis en serrant les poings sur mes genoux tandis qu'elle se rapprochait de moi. Elle serra sa main sur mon épaule, rapprocha son visage du mien et me demanda ce que j'en pensais. Réfléchir avant de parler n'était pas mon fort, même si jusqu'ici j'avais réussi à réprimer mes réactions à chaud. Je me levai en repoussant violemment sa main (et tout son corps par la même occasion) et en lui crachant ma réplique à la figure :

- Espèce de salope ! Tu crois vraiment que je vais vendre mon frère pour réussir mon test ?! Pour qui tu me prends ?

J'étais prête à lui coller une droite sur le champ si Katarina ne m'en avait pas empêchée...

La petite Angelica n'eut pas de réaction à la remarque de Katarina, mais explosa suite à la proposition d'Isabelle. Elle l'insulta en lui demandant pour qui elle la prenait : elle ne vendrait jamais son frère pour réussir son test. Du moins, c'était ce qu'elle disait. Katarina retint le bras qui allait clairement se lever pour frapper Isabelle.

- Calme-toi ! Comment oses-tu insulter une Membre ? Et vouloir lever la main sur elle ?

Isabelle souriait à pleines dents : elle avait réussi son coup, la petite était sortie de ses gongs. Mais elle n'avait pas franchi la limite, c'était moins amusant. Enfin, il fallait bien que certaines réussissent l'épreuve. Elle n'en était pourtant pas encore là...

- T'es vraiment une petite pourrie. Tu débarques ici et tu crois que tu vas tout réussir parce que t'es la fille d'une Vipère ! Amanda était bonne, mais tu ne lui ressembles pas du tout. Franchement, tu devrais avoir honte de te présenter alors que tu ne sais même pas te contrôler. Vraiment, tu me fais pitié...

Isabelle la regarda d'un air dégoûté avant de détourner les yeux pour ne pas avoir à fixer ce qu'elle considérait comme un déchet.

- Laisse-la Kat, ça ira plus vite si elle me frappe. On arrêtera de perdre notre temps pour rien.

Katarina m'empêcha de frapper Isabelle. Je n'étais pas sûre d'arrêter mon geste à temps. Mais en effet, frapper et insulter une Membre n'était pas une bonne idée. Je reculai et baissai les yeux. Il valait mieux que je me calme et que je reste à ma place. Je ne dis rien, ne m'excusai pas : j'avais ma fierté. Baisser les yeux était déjà bien assez.

Isabelle reprit la parole en me traitant de tous les noms. Et elle mit ma mère sur le tapis... D'après elle, je devais avoir honte de me présenter sans savoir me contrôler. Je lui faisais pitié. Je n'arrivais pas à la cheville de ma mère. Elle s'adressa ensuite à Katarina en lui disant de me laisser la frapper, comme ça elles ne perdront plus de temps pour rien. Mais bon sang, qu'attendaient-elles de moi ? Que je réagisse contre leurs manigances ou que j'obéisse ? Dans tous les cas, elle avait un peu raison : je ne savais pas me contrôler, c'était sans doute mon plus gros point faible. Mais il fallait absolument que je passe cette épreuve !

- Je sais que je ne ressemble pas à ma mère. Je sais aussi qu'elle était considérée comme une Vipère exemplaire. Et que je ne serai sans doute jamais aussi douée qu'elle. Mais ça ne m'empêche pas de vouloir devenir une Vipère, une Membre à part entière ! Je veux faire partie de ce clan, et plus seulement en tant que Soumise.

Je parlais avec mon cœur, avec franchise, tout en m'obligeant à garder mon calme. Elles étaient là pour me tester, j'essayais de me persuader que tout ce qu'elles me disaient faisait partie du jeu. Je relevai les yeux pour les fixer toutes les deux.

- Mais ce n'est pas pour autant que je ferai n'importe quoi pour y parvenir... Je ne vendrai pas mon frère, ni n'importe qui d'autre, pour passer cette épreuve. Mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas prête à tout ! Je m’entraînerai jour et nuit, par n'importe quel temps, s'il le faut. Je me plierai à tous les ordres qu'on me donnera ! J'ai la motivation pour moi !

Alors que les deux Vipères attendaient une réaction violente de la jeune fille, il n'en fut rien. Celle-ci baissa les yeux. Elle avait compris à qui elle s'adressait : deux Membres, et elle n'était encore qu'une Soumise. Mais, lorsque Katarina et Isabelle entendirent sa réponse, elles se rendirent compte qu'elle avait seulement baissé les yeux, mais qu'elle ne se laisserait tout de même pas faire. Elle ne se laisserait pas corrompre, du moins pas aujourd'hui.

- Tu veux faire partie de ce clan en tant que Membre ?

Isabelle la regardait toujours avec mépris.

- Et tu crois vraiment que tu vas pouvoir le devenir sans faire des sacrifices ?

Katarina reprit la parole, profitant d'une pause d'Isabelle.

- Tu devras faire de nombreux sacrifices. Tu ne peux même pas imaginer. Mais si tu as vraiment le cran de devenir Membre, la motivation, et surtout les capacités... Eh bien, nous le verrons bien à la prochaine étape.

La prochaine étape était l'épreuve physique. Angelica aurait à choisir parmi les Membres du clan une Vipère contre qui se battre et faire ses preuves. Katarina laissa Isabelle et emmena Angelica dans une autre pièce où elle fut à nouveau isolée et seule.

- Choisis bien la Membre contre qui tu veux te battre. Ce choix sera décisif. Tu as deux heures.

La Membre laissa la jeune fille seule en fermant la porte derrière elle. Il était temps qu'elle aille s'occupe d'autres aspirantes au titre de Membre du clan des Vipères.

Deux heures plus tard, Katarina vint chercher Angelica pour la conduire dans une salle qui avait été aménagée en salle d’entraînement pour les tests d'admission. Je me trouvais dans cette salle, ainsi qu'Ysaline, Nora et d'autres Vipères. Lorsqu'elles nous rejoignirent, je m'adressai à Angelica :

- Quel est ton choix ?

[Désolée pour le retard, j'ai eu pas mal de choses à faire cette semaine ^^']

[C'est pas grave, ne t'en fais pas ]

Isabelle semblait ne pas m'avoir écoutée. Elle affirmait que je ne pourrais pas faire partie des Membres du clan sans faire de nombreux sacrifices. Je le savais. Mais mon frère n'était pas un sacrifice que j'étais prête à faire. Après tout, je m'engageais aussi pour lui, pour le protéger, même s'il était plutôt contre. Katarina quant à elle interrompit sa comparse, allant dans son sens puis m'annonçant que j'avais mon passeport pour l'étape suivante. Je fus soudain extrêmement soulagée. Une étape de plus. Elle m'emmena dans une autre salle où elle me laissa seule en me disant de choisir la Membre contre qui je voulais me battre. Elle me laissa ensuite seule pendant deux heures.

La Membre contre qui j'allais me battre ? Fran m'avait parlé de cette épreuve et m'avait dit que je pouvais la choisir. Et si je ne voulais pas me battre contre elle, une amie, je pouvais choisir Marie, ou encore Ludivine, que je connaissais moins. Mais je ne voulais pas choisir la facilité. Je voulais prouver de quoi j'étais capable. Je voulais impressionner, comme ma mère l'avait fait des années plus tôt. Lorsque Katarina vint me chercher pour m'amener dans une salle d’entraînement, je la suivis. Annabella était là, entourée d'Ysaline et de Nora, l'ancienne Chef. D'autres Vipères étaient autour. Je n'étais pas la première à passer, et cela se voyait. Certaines avaient quelques plaies ouvertes. Mon regard croisa celui de Fran alors que je m'avançais vers notre Chef. Elle me sourit pour m'encourager.

J'arrivai devant Annabella et celle-ci me demanda quel était mon choix. Je pris une grande inspiration et répondis, sûre de moi :

- Toi, Annabella.

Le voilà mon défi. J'en faisais peut-être de trop, mais je ne voulais pas prendre la solution de facilité, j'aurais eu l'impression de tricher si j'avais réussi à battre Fran. Annabella était un bien plus grand défi pour moi. Et peu de Vipères osaient la demander en adversaire. J'attendis, espérant qu'elle n'utilise pas son joker sur moi.

Angelica me désigna avec assurance afin d'être son adversaire. Je devais bien avouer que j'en étais plutôt surprise, c'était la première fois que j'étais désignée. Elle avait du cran, aucune autre aspirante n'avait jamais émis le souhait de se mesurer à moi. Mais en même temps, je la trouvais bien prétentieuse depuis le début. Et là, elle venait de dépasser les bornes du raisonnable. Elle voulait vraiment que je sois son adversaire ? Soit...

Les Vipères présentent, surprises, s'étaient mises à chuchoter en entendant sa décision. Elles me regardaient sans oser me fixer avec trop d'attention. Qu'allais-je répliquer ? Allais-je accepter ou la punir pour impertinence ? Non, ce serait trop facile. Elle allait regretter de m'avoir désignée...

- Très bien, répondis-je simplement.

Je me débarrassai du revolver à ma ceinture et de la dague glissée dans ma botte, les confiants à Ysaline. C'était un combat à mains nues, après tout. Je m'approchai du centre de la salle. Des marques au sol indiquaient une zone de combat. Je m'arrêtai au milieu de celle-ci, intimant Angelica de me rejoindre.

- Voyons voir ce que tu vaux. Je te laisse porter le premier coup.

Je restai immobile, attendant qu'elle attaque. Elle ne savait pas encore ce qui l'attendait mais le saurait très vite.

Je devais bien avouer avoir été plutôt étonnée qu'elle accepte mon choix. Elle donna ses armes à Ysaline et s'approcha du centre, se plaçant sur les marques. Elle m'intima de la rejoindre, ce que je fis, une boule se formant petit à petit dans mon ventre. Bon, elle avait accepté, et maintenant je devais me battre contre elle. C'était un peu... voire très stressant, en fait. Toutes les Vipères présentes avaient les yeux rivés sur nous. Mais bon, je devais assumer mon coup d'éclat ! Je me plaçai à l'endroit indiqué alors qu'elle s'adressait à nouveau à moi : elle me laissait apparemment porter le premier coup, restant immobile.

Je voulus lui répliquer qu'elle était trop aimable mais je me retins : elle pourrait mal le prendre. Et l'heure n'était pas aux bavardages, mais bien au combat ! Respirant une nouvelle fois, je m'approchai rapidement d'elle et visai son visage de mon poing droit. Au dernier moment, je me ravisai pour un coup de pied dans le genou. Je savais qu'elle était très douée au combat et qu'elle avait plus de force qu'elle n'en donnait l'impression, contrairement à moi : je devais donc la surprendre avec des feintes utiles.

Angelica me rejoignit et ne répondit rien. Elle s'empressa d'attaquer avec fougue. Elle voulut d'abord me frapper au visage mais se ravisa en dernière minute pour un coup dans le genou. Technique plutôt habituelle : il faudrait qu'elle apprenne à être plus discrète. Mais bon, au moins, elle avait pensé à une certaine stratégie, ce que ne faisaient pas toutes les aspirantes. Je bloquai sa jambe d'une main et la repoussai avec facilité de l'autre, lui faisant perdre l'équilibre.

- C'est tout ce que tu as ? lui demandai-je en me redressant comme si de rien n'était. Il va falloir que tu sois plus convaincante que ça.

Si elle continuait comme ça, je ne tarderais pas à m'ennuyer et à la renvoyer directement de l'endroit où elle venait, mais peut-être pas en un seul morceau.

Mon plan n'avait pas fonctionné. Mais à quoi m'attendais-je ? J'étais face à la chef des Vipères, elle devait avoir énormément d'expérience au combat, et une nouvelle comme moi ne saurait pas l'impressionner avec des petites combines du genre. Non, il fallait que je trouve plus subtil – même si la subtilité n'était décidément pas mon style.

Je repris mon équilibre juste à temps et ne m'étalai pas par terre devant toutes les Vipères présentes. C'était déjà un bon point pour moi. Enfin, je crois... Annabella me demanda si c'était tout ce que j'avais, parce que j'allais devoir être plus convaincante que ça. Elle ne m'attaqua pas, faisant comme si de rien n'était, ce qui eut le don de m'énerver un peu. Elle avait l'air de ne pas prendre ce combat au sérieux, alors que mon admission au clan en dépendait ! Si elle avait accepté de relever mon défi, elle devait au moins s'impliquer un peu plus dans le combat. Et comment la faire s'impliquer d'avantage, si ce n'était en la provoquant ? Si la subtilité n'était pas mon fort, je maîtrisais plutôt bien l'art de la provocation. Bon, Fran m'avait franchement déconseillé de le faire. Jamais. À aucun moment. Mais je voulais surprendre, je voulais réussir.

- Tu me demandes ça à moi, alors que tu ne fais qu'esquiver mes coups ? Est-ce que tu te bats toujours comme ça ?

Comme une lâche... J'avais retenu de justesse cette dernière pique : il ne fallait pas non plus aller trop loin au risque de me faire tuer en direct. Elle en avait le droit, non ? Au lieu de cela, j'attaquai à nouveau. Il fallait que je la déstabilise, que je lui fasse perdre pied. Ayant observé attentivement les lieux pendant que nous discutions, j'avais pu remarquer un petit renfoncement dans le sol, à quelques pas d'Annabella. Si je parvenais à la faire reculer, elle trébucherait certainement. Je me rapprochai donc d'elle, utilisant cette fois-ci directement ma jambe pour la frapper au thorax et l'obliger à s'éloigner de moi.


[Je suis vraiment très très désolée d'avoir mis si longtemps à répondre ! J'avais oublié que c'était à mon tour ^^']

Angelica ne tomba pas, mais elle avait failli. Elle avait plutôt un bon équilibre. Qui ne la sauverait pas si elle continuait à me provoquer de la sorte. Était-elle réellement consciente de ce qu'elle faisait ? Du fait qu'elle me provoquait ouvertement devant toutes les Membres qui assistaient aux tests ? Et qui savaient de quoi j'étais capable, tant au combat que pour sanctionner l'insubordination... Je lui jetai un regard noir alors qu'elle se rapprochait rapidement pour me frapper au thorax avec sa jambe. Je reculai et tombai dans son piège : un renfoncement dans le sol, qui m'empêcha d'esquiver convenablement. Je reçus donc son coup mais il me frôla plus qu'il ne me fit mal. Elle avait de la force, mais l'inclinaison lui faisait défaut. Et je n'étais pas tombée, j'avais plus d'équilibre que ça. Par contre, elle était à présent déséquilibrée par le fait que son plan n'avait pas tout à fait fonctionné. Coinçant sa jambe sous mon bras, je m'arrêtai un instant pour lui répondre avec calme :

- Tu ne mérites pas que je te montre comment je me bats vraiment.

Je profitai de ma position pour lui asséner un coup de poing dans la poitrine, ce qui l'obligea à se baisser pour ramasser mon genou sous le menton. Je lâchai sa jambe et la laissai s'écrouler sur le sol.

- Le combat est terminé.

Je ne lui jetai même plus un regard et retournai à ma place. Le combat n'avait pas duré très longtemps, mais je ne voulais pas perdre mon temps pour ça. Alors que j'allais annoncer la sentence – elle n'était pas prête, bien qu'elle ait de bonnes capacités –, Nora me glissa quelques mots à l'oreille. Elle voulait que je la fasse passer à l'épreuve suivante, elle la trouvait intéressante. Je ne montrai pas mon mécontentement pour ne pas laisser apparaître quoi que ce soit face aux autres Membres. Mais peut-être que notre ancienne chef avait observé quelque chose que je n'avais pas décelé, étant trop proche d'elle. Soit, je laisserais le bénéfice du doute à cette petite peste. Pour l'instant, du moins. Car je ne lui ferais pas de cadeau.

- Réfléchis bien aux armes que tu choisiras ce soir.

Katarina s'approcha d'elle pour l'aider à se relever et la faire sortir de la pièce. Elle l'emmena dehors pour que l'aspirante suivante puisse venir passer l'épreuve à son tour. Maintenant qu'elle avait réussi l'épreuve physique, elle pouvait se reposer quelques heures car l'épreuve des armes se faisait en présence de toutes les nouvelles recrues, et je devais également y assister. Mais d'abord, il fallait terminer tout ça.

Katarina la laissa dans la salle où se trouvaient celles qui avaient réussi. Elles se soignaient mutuellement à l'aide des quelques pansements qui avaient été gracieusement mis à leur disposition. Quelques unes se reposaient, d'autres s’entraînaient encore. La Membre les laissa seules sans un mot.

[C'est pas grave, je mets aussi beaucoup de temps parfois ]

Ma stratégie ne fonctionna pas, et elle se retourna même contre moi. En moins de deux, je me retrouvai au sol avec des douleurs atroces au ventre et à la tête. Il fallait bien avouer qu'elle était forte. En deux coups, elle m'avait mis K.O., alors que j'avais à peine réussi à la toucher depuis le début du combat. Après avoir dit que je ne méritais pas de voir sa manière de se battre, elle clama que le combat était terminé. Je tentai de me relever alors qu'elle s'éloignait. Reprenant un peu mes esprits, je m'obligeai à articuler quelque chose d'audible.

- Non, je peux encore me battre... lançai-je en n'arrivant pourtant pas à me lever.

Je m'étais déjà bagarrée, à cause de mon caractère qui démarre au quart de tour. Mais ceux en face de moi étaient généralement de mon niveau : des Soumis, qui n'avaient pas suivi d’entraînement spécial. C'était différent ici. Elle savait où frapper pour m'empêcher de me relever, pour me mettre au tapis sans que je puisse répliquer. Elle n'entendit même pas mes quelques mots. Par contre, alors que je pensais avoir échoué après ça (je l'avais provoquée et je n'avais pas été à la hauteur de cette provocation), je fus étonnée de l'entendre dire que ce n'était pas le cas. J'étais sélectionnée pour l'épreuve suivante qui se déroulerait le soir-même. J'eus un peu de mal à le croire, mais c'était la vérité !

Katarina vint m'aider à me remettre sur pieds – enfin, elle me releva surtout et me porta jusqu'à une salle où se trouvaient les autres filles qui avaient passé le test et qui l'avaient réussi. Elles étaient en train de se soigner, de se reposer ou de s’entraîner encore. Quand j'y arrivai, je pouvais de nouveau me tenir sur mes jambes, mais la douleur était infernale. Quelques unes se tournèrent vers moi alors que la Membre nous laissaient entre nous. Elles ne dirent rien, c'était plutôt de la curiosité. J'allai m'asseoir dans un coin, le plus loin possible d'elles. Je posai ma tête contre le mur froid et je fermai les yeux. Je préférais me reposer, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire.

Toutes les aspirantes avaient passé l'épreuve physique. Il n'en restait plus qu'une dizaine en lice pour le titre tant convoité de Membre du clan des Vipères. L'épreuve suivante se déroulait le soir-même. La première partie consistait à mesurer leur niveau par rapport au maniement des armes blanches, sur mannequin et ensuite face à un Membre non choisi. Deux nouvelles Soumises furent évincées, mais Angelica passa à la deuxième partie de l'épreuve : les armes de jet. Il était temps pour elle de choisir l'arme avec laquelle elle allait effectuer son test. Devant elle étaient exposés un arc avec des flèches, une arbalète et ses carreaux, un revolver et un fusil chargés. C'étaient les armes les plus courantes, et celles qui demandaient une bonne maîtrise par conséquent, car les Membres avaient plus de chance de devoir se battre avec elles.

Lorsqu'elle aurait choisi son arme, elle devrait se placer au début de la rue principale pour commencer. Les cibles étaient des Soumis sanctionnés. S'ils ne mourraient pas en ce jour, ils seraient pardonnés. Normalement. Malgré leurs protections (rudimentaires), il y avait déjà deux décès, et plusieurs blessés – blessés qui étaient donc laissés là pour les aspirantes suivantes. Angelica passant dans les dernières, elle aurait le loisir de les achever si elle en avait envie.

J'avais pu me reposer un peu avant l'épreuve du soir. On allait tester nos aptitudes à utiliser des armes blanches et des armes de jet. Pour la première partie, je choisis le sabre, et je ne me débrouillai pas trop mal, même s'il était clair que j'avais encore besoin d’entraînement. Lorsque ce fut le tour des armes de jet, j'hésitai. Ma mère m'avait entraînée au tir lorsqu'elle était encore en vie, donc je me débrouillais plutôt bien avec une arme à feu et avec un arc. Je pris le parti du deuxième et me saisis de l'arc et du carquois qui était posé à côté. Je devais tout miser sur cette partie, c'était maintenant que je devais impressionner.

Lorsque je me plaçai au début de la rue, je ne m'étais jamais sentie aussi prête. Le stress et la fatigue avaient disparu. J'étais sûre de moi, concentrée sur ce que j'allais faire. Le signal de départ fut lancé et les cibles mouvantes commencèrent à courir. Je fus décontenancée : je pensais qu'il s'agirait de cibles en bois ou autre, pas de véritables êtres humains. Je ne distinguais pas leur visage, masqué par un casque de protection. Qui étaient-ils ? Je jetai un œil derrière moi mais détournai bien vite la tête : si je doutais maintenant, j'aurais fait tout ce parcours pour rien. Et puis, en tant que Membre, j'aurais aussi à blesser des gens volontairement... Je pris une grande inspiration, saisis une flèche dans mon dos et bandai l'arc. Je visai et tirai avec force, ma flèche touchant sa cible : le torse protégé d'un coureur à une dizaine de mètres de moi. Bon, pour l'instant, ça allait. Je visai à nouveau une cible plus lointaine, qui courait en zigzag, et la touchai au milieu du dos. Elle s'effondra comme la première. Je continuai ainsi jusqu'à mettre toutes les cibles au sol, n'ayant pas quitté un seul instant ma position centrale.

Une fois la session finie, je me tournai vers Annabella pour entendre son verdict.

Certaines avaient du potentiel, d'autres beaucoup moins. Chaque épreuve révélait les forces et les faiblesses de celles qui prétendaient devenir Membres. C'était au tour d'Angelica de nous montrer ce qu'elle savait faire avec une arme de jet. Elle était attendue au tournant, sa mère ayant été Tireuse d'élite en son temps. Elle choisit un arc et des flèches. C'était plutôt un bon choix, car il ne montrait pas uniquement sa capacité à viser : grâce à cette pratique, nous pouvions une nouvelle fois juger sa force, son équilibre et son agilité. Et elle avait quand même du potentiel pour ça. Elle toucha toutes les cibles sans gaspiller trop de flèches, peu importe la distance et la vitesse à laquelle elles courraient. Elle ne tirait pas toujours aux bons endroits, et elle avait perdu deux trois flèches qui n'avaient pas atteint leur cible, mais elle était plutôt douée.

Elle se tourna vers moi lorsqu'elle eut terminé, attendant le résultat. Je la fixai quelques instants sans répondre. Cet air de défi que j'apercevais dans ses yeux ne me plaisait pas. Mais je devais avouer qu'avec un peu d’entraînement, elle ferait une bonne recrue. Peut-être une future Tireuse d'élite, comme sa mère.

- Demain matin commencera l'épreuve de survie. Profites bien de ta courte nuit.

Elle n'aurait que quelques heures de repos avant de passer une semaine livrée à elle-même hors du territoire, à l'extérieur de la ville, en zone neutre. C'était l'épreuve ultime avant celle du marquage – qui pouvait encore être éliminatrice malgré tout. Angelica quitta le terrain et l'épreuve se poursuivit avec les dernières aspirantes. Lorsque tout fut terminé, j'allai me reposer moi aussi chez moi.

Le lendemain, l'épreuve fut lancée et les candidates conduites dans la zone prévue à cet effet. L'épreuve de survie commençait...

J'avais réussi. Il fallait dire que j'étais assez confiante pour cette partie du test d'admission. Mais j'étais heureuse de l'entendre. Demain aurait lieu l'épreuve la plus éprouvante, celle de survie. Je quittai donc les rues pour aller dormir dans le dortoir qui nous était attribué. Le repos fut de courte durée. Tôt le matin, des Membres vinrent nous réveiller. On nous banda les yeux et on nous emmena ailleurs. Le trajet fut long et silencieux. Lorsqu'on m'arrêta, une voix me dit de n'enlever mon bandeau qu'après une dizaine de minutes. Je hochai la tête et l'entendis s'éloigner. C'était l'heure de vérité. Une fois la vue recouvrée, l'épreuve commença...

Le premier jour fut plutôt facile. J'étais seule car on nous avait apparemment dispatchées un peu partout. Je devais avouer que c'était un peu flippant de se retrouver seule au milieu de nulle part, alors que je n'avais jamais quitté le camp auparavant. Mais bon, j'étais arrivée jusque là et je n'allais pas arrêter pour si peu.

Le deuxième jour fut plus difficile. Je commençais à avoir faim, et je n'avais aucune vivre à disposition. Ni de quoi chasser. Usant de mon imagination, je me fabriquai un lance-pierre avec un morceau de bois et une lanière élastique trouvée dans les décombres. Avec ça, je pus attraper un rat. Ma mère m'avait appris à faire du feu, et je n'attendis pas la nuit tombée pour le faire. J'étouffai la fumée afin de ne pas être repérée et mangeai en économisant mon maigre butin pour en faire plusieurs repas. La viande de rat n'était pas ce que je préférais, mais mieux valait ça que rien. Pour l'eau, il y avait un petit étang à proximité, ce qui me fut bien utile.

Les jours suivants furent éprouvants. La solitude et la faim n'aidaient pas. Les rats n'étaient pas légions dans ce coin, et je n'en avais attrapé que deux en tout, ce qui ne nourrissait pas suffisamment. L'eau de l'étang me donnait la nausée, mais au moins elle ne semblait pas être mortelle. Je m'étais blessée au bras gauche en dégringolant d'un talus et j'avais fait un bandage de fortune avec un bout de tissu, mais la plaie était douloureuse. C'était plutôt handicapant, même si je pouvais toujours bouger le bras. Il était temps que tout finisse. J'avais perdu la notion du temps, je savais seulement qu'il faisait nuit quand je commençais à avoir froid. Je continuais à faire du feu pour me réchauffer, à l'intérieur d'une ruine afin de ne pas attirer l'attention avec la lumière et la fumée. Essayant de garder les yeux ouverts, je finis par m'endormir tandis que le feu en faisait de même.

Quand cette épreuve se terminerait-elle donc ?

Pendant toute la durée de l'épreuve de survie, je fus informée de son déroulement par les rapports des observatrices. J'étais donc au courant des moindres faits et gestes de chaque aspirante. Lorsque le dernier jour arriva, il ne restait plus que sept Soumises encore en course pour la place de Membre du clan. Angelica était de celles-là. Il était temps d'aller cueillir les survivantes. Celles qui avaient échoué seraient laissées pour morte là où elles étaient. Si jamais elles parvenaient à rejoindre le camp, elles pourraient être réintroduites comme Soumises. Mais leur sort m'importait peu.

Fran, qui était l'une des observatrices, alla réveiller Angelica, endormie près des restes d'un feu. La Vipère passa doucement sa main sur l'épaule de la jeune fille et la secoua légèrement, sachant pertinemment qu'elle était blessée, mais encore en vie.

- Angie, tu as réussi. Réveille-toi, lui dit-elle d'un air rassurant. Elle était contente que ça soit le cas, car elle avait promis au grand frère de la future Membre qu'elle veillerait sur elle. Et elle l'avait fait, autant qu'elle le pouvait. Angelica était blessée, mais pas mortellement. Elle s'en remettrait vite.

- Tu vas devenir Membre, comme ta mère, ajouta-t-elle ensuite avec un sourire.

Dans mon sommeil, j'entendis une voix familière. Celle de ma mère ? Non, celle de Fran, la compagne de mon frère, une Membre des Vipères. Étais-je en train de rêver ? Sans doute. Je rêvais aussi de sa main chaude sur mon épaule, de la pression qu'elle y exerçait. Et des mots agréables que sa bouche prononçait : « Angie, tu as réussi. Réveille-toi. Tu vas devenir Membre, comme ta mère ». Je me forçai à ouvrir les yeux. C'était difficile, j'avais envie de dormir, et mon bras me faisait souffrir lorsque j'étais éveillée. Lorsque je parvins à mes fins, je constatai que Fran était bel et bien là. Alors, le sens de ses paroles me frappèrent par leur vérité : j'avais vraiment réussi, j'allais devenir Membre des Vipères ! Réalisant cela, un sourire s'épanouit sur mon visage.

- J'ai... réussi !

Ma voix était plutôt faiblarde à cause de l'expérience que je venais de vivre. Mais j'étais heureuse, malgré tout. Heureuse d'être arrivée au bout. Heureuse d'avoir su me contrôler. Heureuse, tout simplement. J'enlaçai Fran et me serrai contre elle. Elle était comme une grande sœur pour moi, et j'étais contente que ce soit elle qui ait été désignée pour m'annoncer cette nouvelle.

- J'ai réussi ! répétai-je en laissant les larmes couler le long de mes joues. La pression retombait en cet instant. J'étais soulagée.

Fran prit une Angelica en pleurs dans ses bras. La pression accumulée ces derniers jours faisait couler ses larmes. Elle la rassura puis la ramena au QG où elle fut soignée et nourrie. Elle put se reposer quelques heures avant qu'arrive la dernière épreuve, celle du marquage. Il était temps pour les survivantes de se faire graver dans la chaire le signe distinctif du clan des Vipères. Au tour d'Angelica, Fran la fit asseoir sur un siège près du brasero. C'était Ysaline qui marquait les jeunes recrues. Je me trouvais là également, observant leurs réactions diverses et variées. Angelica... je n'aurais jamais cru qu'elle réussirait. Mais elle avait certaines aptitudes qui, à force d’entraînements, pourraient bien être utiles.

Je m'approchai d'elle et lui adressai la parole pour lui demander de prêter serment :

- Promets-tu de servir le clan des Vipères jusqu'à tes vingt-et-un ans, de ne jamais nous trahir, et de donner ta vie pour le clan si cela est nécessaire ?

Lorsqu'elle eut confirmé cela, Ysaline marqua son omoplate au fer rouge. Elle était des nôtres. Après deux jours de repos, son entraînement commencerait.

[HJ : tu peux poster ta fiche, le test est réussi ^^]

Après avoir été soignée et nourrie, je pus me reposer quelques heures. Il me restait encore une épreuve, si petite par rapport aux autres, mais non moins importante : le marquage. La marque était le signe de notre appartenance au clan. Et j'allais la recevoir. Lorsque l'heure arriva, je m'installai sur la chaise que l'on me présenta, et Annabella me demande de promettre mon allégeance au clan.

- Je promets de servir le clan des Vipères, de ne jamais le trahir et de donner ma vie pour lui si cela s'avère nécessaire.

Elle accepta ma promesse et Ysaline apposa le fer rouge sur mon omoplate. Je serrai les dents et restai courageuse : il ne fallait pas pleurer ni crier. Silencieuse, je subis en silence le signe tant attendu. J'étais une Vipère.

Lorsque ce fut terminé, je quittai la salle pour rejoindre mon frère, que je n'avais plus vu depuis une dizaine de jours. Je voulais lui annoncer la nouvelle. Fran m'accompagna jusque là. J'avais enfin accompli mon rêve !

[D'accord ^^]