Inutile de le cacher, je n'en menais pas large. M'énerver contre Eli avait consommé le peu d'énergie que j'avais encore en moi. J'étais fatiguée, j'avais faim - oui, je regrettais déjà le bol que j'avais eu entre les mains un peu plus tôt - et je sentais une boule de stress me serrer la gorge alors que je marchais vers le QG. Voyant que je traînais la patte, Grey avait fini par se placer à mes côtés et, s'il était toujours aussi silencieux, je pouvais parfois sentir son regard inquiet sur moi. Je l'avais toujours su au fond de moi, mais je redécouvrais la discrète gentillesse de ce jeune homme qui au final ne s'était jamais montré hostile envers moi contrairement à d'autres. Lorsque le haut bâtiment apparu enfin sous mes yeux, une sueur glacée me coula dans le dos. Je ne comprenais pas mes propres émotions, je n'avais pourtant aucune raison de réagir de la sorte. Si Noâ avait manigancé tout ça, c'était bien qu'elle ne voulait pas me lapider sur la place public, alors pourquoi étais-je si effrayée ? Je n'eu pas l'occasion de penser plus à cette question, le brun me précédant pour rentrer dans le QG. Il n'y avait pas de gardes devant les portes, sûrement étaient-ils à ma recherche avec d'autres Membres. Je ne comprenais pas non plus cette façon de faire, qu'avait-elle à gagner en me faisant chasser ? Plus perturbée encore, je secouais brièvement la tête, puis emboîtais le pas de Grey. La tête basse, je progressais dans les couloirs, arrivant finalement dans la salle de réunion où il m'abandonna. J'étais désormais seule face à ma Chef. Levant les yeux, j'essayais de décrypter son expression pour en savoir plus sur son humeur, mais je ne perçus rien.

Je peux tout t'expliquer...

Mes mains étaient moites et tremblaient sans que je ne parvienne à les calmer. Une chose était sûre : je n'étais pas sortie de l'auberge.

Noâ poussa un profond soupir. L'action menée contre Eli s'était soldée par une vendetta puérile qu'elle regrettait. Elle n'avait à aucun moment envisagé le fait d'aller si loin, mais elle devait bien se rendre à l'évidence : elle avait dépassée les bornes. A sa décharge, il fallait préciser que l'Aigle avait été trop loin lui aussi. Il l'avait provoqué sans une once d'intelligence, à croire qu'il avait cherché à ce qu'elle le torture. Dans l'histoire, Roxanne et Zayne avaient encore été ceux qui avaient été les plus réglos. En tant qu'ancienne et nouvelle Fines Lames, ils avaient parfaitement joués leurs rôles. Et puis, les choses avaient complètement dérapé lorsque Alessandra était entrée dans la partie. Elle-même n'avait pas été très maline non plus sur le coup et elle s'était encore plus enfoncée dans les problèmes. Mais quelle idée aussi d'agresser la Seconde ?! C'était d'ailleurs un miracle qu'elle soit encore en vie à l'heure actuelle. Et s'en serait aussi un si la blonde parvenait à arranger les choses. Parfois, elle se demandait pourquoi elle se donnait autant de mal pour cette fille. Et puis, l'instant d'après, elle se rappelait son attachement pour elle. La nuit où elle l'avait trouvée, la gamine s'était frayée un chemin direct vers son cœur et elle avait été dès lors incapable de l'abandonner à son sort. Aussi, le lendemain, elle s'était empressée de mettre les choses en place pour éviter que la situation n'échappe encore une fois à son contrôle.

Lorsque la porte s'ouvrit, elle fit l'effort de masquer tous les sentiments qui bataillaient en elle. Grey attendit que Al soit bien à l'intérieur, puis il sortit sans un mot, aussi efficace qu'à son habitude. Presque aussitôt, la brune prit la parole, témoignant de sa culpabilité. Au moins se rendait-elle bien compte que son attitude posait problème.

M'expliquer quoi ? Que tu es revenue alors que ton bannissement n'était pas levé ? Que tu t'en es prise à ta Seconde ? Que tu as poussé un ancien Membre à héberger un étranger ? Mais comment pourrais-tu justifier tout cela ?

Désormais, je pouvais le dire : si je me sentais parfaitement à l'aise avec Noâ, lorsqu'elle reprenait son rôle de Chef, je ne pouvais pas m'empêcher de la trouver effrayante. Cette facette sévère et implacable n'apparaissait pas si souvent que cela, elle avait toujours dirigé le clan avec sérieux, mais toujours en douceur lorsque cela était possible. Ses punitions étaient d'autant plus craintes puisqu'elles étaient rares et toujours méritées. En percevant le son de sa voix, je frémis des pieds à la tête et baissais instinctivement les yeux. Dans ces moments là, il émanait toujours d'elle une aura de pure dominance et je craignais de ne pas en sortir indemne si je venais à la provoquer du regard. Le pire, c'était qu'elle avait parfaitement raison. En quelques secondes, elle avait résumé toutes mes fautes et le simple fait de l'entendre de sa bouche me fit comprendre que j'étais vraiment dans la mouise jusqu'au cou. Il y en avait qui avait subit de graves punitions pour moins que ça. Avec un tel dossier, ce serait un miracle si j'arrivais à échapper à la Marque.

La question de la blonde flotta longuement dans mon esprit. Comment pouvais-je justifier mes actes ? La réponse m'apparut soudain et j'écarquillais les yeux, perdue. Si j'avais fait tout ça, c'était par amour. J'étais revenue sur le territoire car je savais que Eli était en danger, puis j'avais attaqué Roxanne pour qu'elle le laisse tranquille et enfin je l'avais emmené à la maison pour qu'il soit soigné. Donc toutes mes décisions avaient été motivées par mes sentiments pour lui. J'avais du mal à admettre que c'était aussi simple que ça, mais c'était pourtant le cas.

Vous vous en êtes pris à l'homme que j'aime, je ne pouvais pas rester les bras croisés.

Habitée par une force nouvelle, je levais la tête et plongeais mes yeux dans ceux de Noâ. C'était aussi pour Eli qu'il fallait que j'arrange la situation ici et maintenant, je ne pouvais donc pas me permettre de la craindre en tremblotant. Je devais me battre.

Le silence flotta longuement dans la pièce. Malgré l'appréhension, Noâ s'efforçait de rester de marbre, laissant à Alessandra le temps nécessaire. Elle ne voulait pas qu'elle lui raconte n'importe quoi sous le coup de la peur, elle voulait la vérité. Que sa protégée se montre enfin sincère et qu'elle ait la force de défendre son opinion, c'était tout ce qu'elle attendait. En un sens, c'était un effort énorme qu'elle demandait à la brune, mais il était temps qu'elle saute l'obstacle. De cette rencontre ne dépendait pas que le sort d'Alessandra, c'était leur étrange relation qu'elles mettaient ici en jeu. L'ultime moment, la charnière, elles se trouvaient en réalité à la frontière de l'évolution.

Lorsque l'adolescente s'exprima enfin, le masque de la Chef se fissura doucement. L'idée avait naturellement fait son chemin et Alessandra avait été capable de lui faire face directement, puisant la force de l'affronter au cœur même de ce qu'elle avait à défendre. Respirant à peine, la blonde soutient son regard et trouva dans les yeux de sa cadette la certitude qu'elle attendait. Bien sûr, elle savait pertinemment qu'elle était amoureuse d'Eli, mais c'était première fois qu'elle le formulait ainsi. Un long soupir quitta les lèvres de Noâ. Elle ressentait en cet instant un étrange soulagement. Bien sûr, cela n'effaçait pas les actes commis, mais Alessandra avait enfin eu le courage de lui tenir tête. D'une certaine façon, elle était aussi heureuse de voir qu'elle avait enfin trouvé quelqu'un lui donnant envie de se battre corps et âme.

Tu l'admets enfin... J'ai toujours eu peur que tu ne sois pas capable de te lier avec quelqu'un, voir que tu le fasses, mais que tu abandonnes directement la partie à cause de moi. Tu n'es plus une petite fille, Alessandra, tu as le droit de faire tes propres choix et il est normal que nous ne soyons pas toujours du même avis.

Une certaine douceur s'empara des traits de la Chef alors qu'elle fixait sa protégée avec bienveillance. Seulement, un ton de reproche vint entaché la suite de ses paroles.

Si tu étais simplement venue me parler d'Eli, les choses auraient été bien différentes. Depuis qu'il est entré dans ta vie, tu me mets sans cesse devant le fait accompli et je suis forcée de réagir devant témoins. Est-ce que tu manques à ce point de confiance en moi pour que je doive découvrir certaines facettes de ta vie via d'autres personnes ou à cause de hasards ?

Ma force nouvellement acquise faillit bien fondre comme neige au soleil à plusieurs reprises, mais je réussis à tenir bon sans jamais décrocher mes yeux de ceux Noâ. Ainsi, je ne ratais rien de sa réaction alors qu'elle assimilait petit à petit mes paroles. Contrairement à ce que j'avais imaginé, la blonde resta calme. Ses traits se détendirent et je ne lu aucune colère dans son regard, juste une sorte de soulagement. Un peu confuse, je cherchais à comprendre ce qu'il se passait dans sa tête, mais je n'eus pas à essayer longtemps. Déjà elle reprenait la parole, me livrant le fond de sa pensée. Avant, il était rare qu'elle ait besoin de parler pour que je la comprenne, mais ces derniers temps, cette étrange connexion était comme inexistante entre nous. Je fus donc frappée de plein fouet par ses mots et me retrouvais d'autant plus désarçonnée. Désarçonnée et bizarrement émue. C'était bien l'inquiétude qui l'avait poussée à me repousser, ou plutôt à me pousser jusqu'à mes retranchements, et non car elle ne m'aimait plus. J'avais eu raison de croire en elle malgré tout tout en m'accrochant à Eli car c'était bien ce qu'elle attendait de moi : une réaction.

J'allais esquisser un sourire lorsqu'elle reprit, ses reproches faisant retomber un peu ma joie. Tout n'était pas rose non plus, il ne fallait pas que j'oublie que j'avais fait des erreurs et que je lui avais causé plus de torts en quelques mois qu'en dix-huit ans d'existence.

- Je suis désolée... Je ne voulais pas que les choses se déroulent de cette façon, mais tout a été trop vite ! Avant même que je ne puisse comprendre ce qu'il y avait vraiment entre nous, la bulle a éclatée. Crois-moi à aucun moment je n'ai voulu te cacher quoi que ce soit, c'est juste que je n'en ai pas eu le temps.

Si Johanne ne nous avait pas surpris avant la saison Aride, les choses auraient sûrement été différentes même si je ne savais pas comment. Peut-être qu'à l'heure actuelle, Eli et moi serions simplement heureux tout en étant en accord avec nos clans. Ou peut-être pas. A vrai dire, je peinais à croire à un avenir positif.

- Je n'ai pas voulu te nuire, ni te cacher des choses, s'il te plaît pardonne-moi.

A vrai dire, si je l'avais pu, elle aurait été la première personne à qui j'aurais voulu parler des sentiments naissants que j'éprouvais pour Eli.

Le détour que prenait cette conversation ne plaisait pas beaucoup à Noâ. Elle avait cru durant un bref instant que Alessandra était sur la bonne voie, mais elle lui déblatérait à nouveau des excuses qu'elle ne voulait pas entendre. Néanmoins, elle voulait bien admettre que les événements aient échappées à son contrôle. D'une certaine façon, c'était aussi une bonne chose car durant trop longtemps l'adolescente avait eu toute sa vie sous contrôle. Un peu de folie et de spontanéité ne pouvaient décidément pas lui faire de mal. Mais si la blonde comprenait tout ça en tant que proche - en tant que presque mère -, la Chef qui était en elle avait été trop déçue par son comportement et peinait à lui faire à nouveau confiance.

- Je comprends. Seulement...

Elle s'arrêta brusquement en se rendant compte qu'elle ne savait pas réellement ce qu'elle allait dire. Qu'elle était la meilleure solution ? Elle devait servir les intérêts du clan, mais rien ne lui interdisait de servir aussi ceux d'Alessandra si cela ne nuisait pas à la collectivité. Après une brève réflexion, elle s'avança finalement vers la jeune fille pour s'arrêter juste devant elle.

- Ce n'est pas une question de pardon, mais de confiance. A l'heure actuelle, je ne sais pas si je peux faire confiance à la Membre que j'ai devant moi. J'ai besoin de temps pour réfléchir, je dois peser le pour et le contre en pensant à toutes les conséquences que cela pourraient avoir sur le clan.

Et ce temps, Noâ comptait bien le prendre. Malgré tout, elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour sa protégée et il était hors de question qu'elle la lâche à nouveau dans la nature. Elle était encore affaiblie et avait besoin de calme pour se reprendre en main.

- En attendant, tu vas rester chez Aaron. Fais toi discrète et ne sors que si je te convoque. Si jamais cela doit arriver, ce sera Grey qui viendra, personne d'autre. Quand à ton Aigle... Il peut rester le temps qu'il se remette suffisamment pour que l'on puisse l'évacuer discrètement. Je tâcherais d'organiser quelque chose.

Pour le moment, c'était le mieux qu'elle pouvait faire et elle espérait bien qu'Alessandra comprendrait que c'était la dernière chance qu'elle lui donnerait.

Lorsque Noâ prit la parole, je restais littéralement suspendue à ses lèvres. J'étais angoissée et mon cœur battait trop fort dans ma poitrine. J'avais peur de tout perdre. De la perdre. Quand elle s'arrêta soudainement après avoir affirmé qu'elle comprenait, je me glaçais. Ce genre de tournure de phrase n'annonçait jamais rien de bon. Alors qu'elle semblait douter, perdue dans ses pensées, j'avais du mal à me contrôler. Tout mon organisme était en panique et je devais me faire violence pour ne pas bouger, pour rester immobile à l'exception du léger tremblement qui agitait mes mains.

Et puis, elle bougea enfin après une réflexion qui m'avait parue longue et particulièrement lourde pour mes épaules qui s’affaissaient sous un poids invisible. Elle marcha jusqu'à moi et parla à nouveau sans prendre de gants tout en me fournissant les informations qu'elle devait juger nécessaires. En l'entendant, je déglutis difficilement. Elle ne me faisait plus confiance en tant que Membre... Pour moi qui avait toujours rêvé de lui être enfin utile et d'être une personne sur qui elle pourrait compter, c'était un coup dur. Bien sûr, ma destitution et mon bannissement l'avaient sous-entendu, mais l'entendre me fit mal. Malgré la douleur, je n'eus pas l'impression qu'elle me rejetait par contre. Encore pleine d'espoir, je levais les yeux vers elle et cherchais dans son regard une vraie réponse. Elle avait dit qu'elle ne faisait plus confiance à la Membre, mais qu'en était-il de moi en tant que personne ? La suite répondit un petit peu à mes espérances. Je pouvais revenir sur le territoire même si c'était non-officiel. En plus, elle prenait même Eli en compte, malgré ma désillusion précédente, je n'aurais su rêver mieux. Comme toujours, elle avait été magnanime. Elle m'avait offert une chance aussi.

- Merci !

Dans une bouffée de soulagement, je l'enserrais soudainement entre mes bras. Les larmes s'étaient mise à couler bêtement alors que je me penchais pour les cacher dans son épaule. Malgré tous les sentiments contradictoires qui évoluaient en moi, je ne pouvais m'empêcher d'être heureuse. La nostalgie de cette étreinte me sauta au visage et je repensais durant quelques instants à de vieux souvenirs datant de mon enfance. Noâ était l'une des seules certitudes de mon existence. Elle était un point de départ dans ma vie et j'étais soulagée qu'elle ne marque pas une finalité définitive. Oui, c'était la fin de quelque chose, mais c'était aussi le début d'une nouvelle étape.

Alessandra avait terriblement grandi. Noâ n'avait pas fait attention à ce détail jusqu'à maintenant, mais elle se rendait désormais compte que la gamine qu'elle avait un jour recueillie au bord du lac n'était plus. Physiquement, elle s'était particulièrement développée, c'était d'ailleurs le plus flagrant, mais elle commençait aussi à le faire psychologiquement. Si elle avait toujours été exagérément sérieuse et mature en surface depuis qu'elle était devenue Membre, elle commençait à développer des traits de caractère plus adultes et réels désormais. Elle avait assumé ses actes et demandé pardon, mais elle n'avait pas lâché ce qui était important pour elle. C'était un progrès conséquent, mais le chemin était encore long. Et puis, il fallait croire que son enfance refaisait d'une certaine façon aussi surface au vu des gestes qu'elle esquissa qui paralysèrent Noâ sur le coup. Incertaine, elle resta immobile alors que la jeune fille pleurait sur son épaule. C'était étrangement déroutant. Et terriblement vexant d'une certaine façon. Quand avait-elle pris tous ces centimètres ?!

Au bout d'un moment qui lui parut long, la blonde se décontracta un peu et passa un bras dans le dos de sa protégée pour lui rendre son étreinte. Elle n'avait jamais été à l'aise avec les pleurs, Jude lui paraissait bien plus douée pour consoler les gens qu'elle.

- Allons, ça va aller. Je te l'ai pourtant dit cette nuit-là : je serais toujours ton alliée. D'une façon ou d'une autre.

Estimant que cette parenthèse avait assez durée, la Chef lui tapota brièvement le dos, puis s'écarta de quelques pas en se raclant la gorge pour reprendre contenance. Alessandra l'avait bien eue et elle avait perdu ses moyens d'une façon qui rendait peu crédibles ses précédentes paroles.

- Maintenant, rentre. Grey est devant la porte, il s'occupera de tout.

Malgré mon soulagement et cette soudaine ouverture des vannes, je pouvais bien sentir que quelque chose n'allait pas. Noâ était crispée et je cru bien qu'elle allait me repousser plus d'une fois jusqu'à ce qu'elle ne passe un bras autour de moi. Je me détendis plus encore en l'entendant parler. D'accord, pour un Membre, faire un câlin à sa Chef n'était pas routinier, mais ce n'était pas juste ma Chef. Elle était tellement plus que ça. A la fin de son affirmation, je hochais vivement la tête. Elle me l'avait déjà dis plus d'une fois oui, mais la peur avait tendance à me faire oublier ce détail et je perdais trop vite confiance en elle. Jusqu'ici, elle avait toujours agis dans mon intérêt pourtant même si ses méthodes étaient parfois un peu rudes.

Elle sonna la fin de ce câlin improvisé en s'écartant avant de reculer un peu. Elle était mal à l'aise et cela se voyait. J'eus beaucoup de mal à retenir mon sourire en voyant ça, mais je réussis néanmoins cette prouesse alors qu'elle tentait de reprendre son rôle de Chef.

- D'accord.

L'entrevue était terminée et je me sentis un peu triste à l'idée de devoir partir. En plus, je craignais un peu de revenir à la maison au vu de la façon dont j'étais partie. Je me dirigeais donc vers la porte, mais, au dernier moment, je fis volte-face en esquissant un large sourire.

- La prochaine fois qu'on se verra, tu seras fière de moi. C'est une promesse !

Lorsque je me retournais vers la sortie et que je me rendis compte que mes paroles étaient présomptueuses, un rougissement vient me chauffer les joues. C'était peut-être un peu trop sur le coup... Un peu gênée, je me pressais pour rejoindre la porte et la passais en fixant le sol pour éviter que Grey ne se rende trop compte de mon trouble.