Ce matin là... RP FLASHBACK PV Jéremy Début de la 2e Saison Tempérée Année 40

Le soleil avait pointé ses rayons vers l'Est depuis un moment déjà et il régnait sur le territoire une agitation commune. Les Soumis étaient en route pour le travail, un groupe ayant déjà passé les frontières sous les yeux fatigués de Basile qui avait adressé du sommet de sa vigie un bref signe de la main aux Membres qui les accompagnaient. Il avait assuré la surveillance nocturne et attendait avec impatience la relève pour aller dormir quelques heures. Appuyé à la rambarde, il observait la vie grouillante, espérant silencieusement que son collègue ne tarderait pas trop. Il n'avait jamais beaucoup aimé faire les nuits et en ressortait généralement très fatigué. Dans l'obscurité, il fallait se montrer encore plus concentré et les yeux souffraient bien plus à force de devoir percer les ténèbres. Alors qu'il soupirait, il entendit un bruit provenant d'en bas. Jetant un coup d’œil, il constata qu'il s'agissait d'une autre Sentinelle qui avait frappé le mur de la crosse de son arme pour annoncer sa présence. Ravi, le blond récupéra son sac et sa carabine, puis entreprit de descendre l'échelle pour rejoindre la terre ferme.

Bon courage pour la journée.
Reposes-toi bien, t'as une sale tronche.
Merci du compliment.

Esquissant un sourire, Basile tapota brièvement l'épaule du Membre et s'éloigna ensuite en bâillant. Les paroles du jeune homme ne l'étonnait même pas. Seulement, alors qu'il espérait rentrer tranquillement chez lui, il constata qu'il était attendu. Son petit frère se décolla du mur auquel il était appuyé et le rejoint, la mine énervée. C'était mauvais signe, il avait dû se passer quelque chose.

Pourquoi t'as dit à papa que j'avais pas ce qu'il fallait pour devenir Membre ?!

C'était donc ça... Expirant avec lassitude, le blond s'arrêta devant son cadet et soutient son regard emplit de colère. La veille, il avait bien dit qu'il valait mieux que Gaspard ne tente pas le test d'admission lorsqu'il aurait seize ans et cela avait dû revenir aux oreilles du principal concerné. Il répondit finalement d'une voix calme.

Parce que je trouve que ce n'est pas une bonne idée, c'est tout.
Mais qu'est-ce que t'en sais ! Vous avez tous eu droit à votre chance, pourquoi je pourrais pas ?
J'ai pas envie de te voir mourir pour la cause du clan !
C'est à moi d'en décider !

Alors qu'il vociférait encore, le regard de Gaspard s'illumina et il se mit à courir pour rejoindre une personne progressant non loin. Las, Basile se tourna et constata qu'il venait d'accoster Jéremy. Sérieux, il ne trouvait rien de mieux à faire que d'aller emmerder un gradé ?! Cette fois mécontent, il suivit son cadet et l'attrapa par le col alors qu'il interpellait le Tireur d'élite.

Jéremy ! Est-ce que tu regrettes d'être devenu Membre ? Tu ne penses pas que chacun à le droit de choisir s'il veut rejoindre les Aigles ou non ?

C'était du grand n'importe quoi...

J’aurais bien paressé au lit encore un peu. Malheureusement, j’avais dû me lever avant l’aube pour un entrainement de tir nocturne. Tirer dans le noir sans matériel adapté était très loin d’être aisé, et travailler sa vue et ses réflexes était important. Mais du coup, à peine l’entrainement fini que je ressentais le poids de mes heures de sommeil manquées retomber sur mes épaules. Ce genre d’entrainement est vraiment épuisant…

Alors que je me trainais comme un zombie, je dû prendre sur moi pour reprendre contenance en voyant arriver les Soumis qui partaient au travail. Echangeant quelques saluts amicaux avec les Membres que je croisais, j’attendis un peu que le flot soit passé pour reprendre ma route. C’est alors que je fus interpellé par une voix qui m’était plutôt familière. Me retournant, j’aperçus Gaspard, le petit frère de Basile, qui accourait vers moi. La sentinelle n’était pas loin derrière.
Je connaissais bien le jeune Soumis pour l’avoir déjà entrainé à l’occasion, comme je le faisais souvent avec les enfants du territoire. Ils adoraient ça, et c’était plutôt amusant de leur apprendre les bases de la défense et du combat. Pas mal de jeunes garçons présentaient un sacré potentiel, et pour les autres, pouvoir se défendre était une chose non négligeable, même et surtout en tant que Soumis. Alors que Gaspard me posa des questions avec empressement, son frère l’attrapa par le col, l’air exaspéré.

« Salut vous deux, tout va bien ? »

J’interrogeais Basile plus que son petit frère, voyant bien que cette histoire ne me concernait pas vraiment… Aux questions du plus jeune, ils avaient dû avoir une altercation sur le sujet, et m’en mêler semblait plutôt une mauvaise idée…

Comme à son habitude, Gaspard s'était exprimé de façon directe, se souciant bien peu du fait qu'il s'adressait à un gradé comme il aurait hélé n'importe lequel de ses copains Soumis. N'appréciant que trop peu son comportement, Basile tira un peu sur son col pour qu'il fasse quelques pas en arrière et lui adressa une œillade courroucée.

Si tu veux devenir Membre, comportes toi déjà comme tel. Le respect de la hiérarchie, tu connais pas ?!

Lâchant enfin sa prise sur son vêtement, il claqua l'arrière du crâne de son frère pour lui faire comprendre sa bêtise et poussa un bref soupir agacé. Il esquissa par contre un frêle sourire lorsqu'il s'adressa à Jéremy, le jeune homme semblant conscient qu'il fallait mieux rester de marbre face aux questions du garçon. Néanmoins, il n'eut même pas le temps de lui répondre, son cadet repartant directement à la charge.

Il m'a appris à me battre, il est mon mentor et je veux devenir comme lui, ça ne te regarde donc pas, Basile.
Comment ça, ça ne me regarde pas ?! C'est pas parce que tu as tenu une arme une fois dans ta vie que tu peux commencer à rouler des mécaniques, espèce de chiot imbécile !

Malgré son humeur orageuse, la Sentinelle tâchait de ne pas passer ses nerfs sur Gaspard, mais il éprouvait de plus en plus de difficultés à rester calme. Passant un bras autour du cou du sale gamin, il le força à courber le dos et lui plaqua la main sur la bouche avant qu'il ne reparte dans un délire.

Désolé Jéremy, ce petit crétin a besoin qu'on lui remette les idées en place.

Songeant à l'heure, Basile se rendit compte qu'il était assez étrange de voir le gradé revenir de l'extérieur. Il réfléchit à une occupation quelconque qui aurait pu l'emmener de façon aussi matinale dans le centre neutre, mais ne trouva rien. Il se résolut donc à lui poser directement la question.

Tiens, comment ça se fait que tu es ici d'ailleurs ? Un pépin au dehors ?

Apparemment, l’altercation qui opposait les deux frères concernait bien le fait d’être Membre ou non. Basile rabroua son frère sur sa façon de s’adresser à moi, ce qui me fit sourire malgré moi. Lorsque j’étais avec les enfants, je n’étais plus un gradé à qui l’on devait le respect, mais en dehors, c’était toujours risqué de considéré un Membre, gradé qui plus est, comme un ami avec qui l’on peut dire et faire n’importe quoi en effet. La sentinelle s’excusa avec un petit sourire contrit avant que Gaspard ne revienne à la charge. Cette fois, mon sourire s’effaça. Aïe, je n’avais jamais parlé d’être le mentor de qui que ce soit… voilà un malentendu qui pourrait nous couter cher à tous les deux… Je voulu rétorqué, mais Basile fut plus rapide. Cette fois, je risquais à intervenir à voix basse, sans trop oser me faire entendre.

« Euuu… je ne leur apprend pas à tirer… en fait. »

Basile fini par immobiliser son petit frère et s’adressa à moi pour s’excuser du comportement de celui-ci. Je balayais les excuses d’un signe de la main.

« Pas de problème, on a tous eu des moments de fouges à une époque, n’est-ce pas ? »

Adressant un coup d’œil sévère au plus jeune afin de lui faire comprendre que j’étais d’accord avec son frère quant à son comportement, je m’adressais alors à lui.

« Quant à toi, il va falloir qu’on remette un peu les choses au point, parce que tu joues avec le feu comme tu es là… »

Je relevais ensuite les yeux vers Basile lorsqu’il me demanda pourquoi j’étais là. Je souris de nouveau afin de la rassurer.

« Aucun pépin non, juste un entrainement nocturne. Et toi tu as fait la nuit aussi non ? »

Avec un soulagement apparent, Basile constata que le gradé ne leur tenait pas rigueur de toute cette histoire. La fougue de son cadet l'inquiétait parfois, sa jeunesse n'était pas une excuse à tout. Lui-même étant un garçon plutôt calme, il comprenait aussi plus difficilement son frère qu'il ne voyait souvent que comme un chiot excité. Il voulait être Membre, mais il n'avait pas la maturité nécessaire pour survivre dans ce milieu, du moins selon lui. Ainsi le fait que Jéremy parle d'un recadrage le rassura. Peut-être serait-il plus réceptif aux leçons d'une personne extérieure à la famille.

De son côté, Gaspard tentait tant bien que mal de reprendre sa liberté. S'il réussit à dégager la main qui l'empêchait de parler, il resta entravé et s'adressa donc au jeune homme dans une position assez étrange, le buste courbé et à moitié tordu.

Mais Jéremy ! Je veux vraiment devenir comme toi...

Basile le coupa à nouveau en lui bloquant la gorge et il le força à se retourner avant de le tourner vers le quartier d'habitations. Le lâchant, il le poussa d'un léger coup dans le dos et lui intima de retourner à la maison. Bon gré, mal gré, il partit en jurant et en clamant à qui voulait l'entendre que son frère était un tortionnaire dirigiste. Adressant une moue confuse à Jéremy, le blond reprit finalement la conversation comme si de rien n'était.

Ouais, la nuit a été rude, je suis complètement à côté de mes pompes.

Il bâilla d'ailleurs un coup, puis ajusta la bandoulière de sa carabine.

Tu vas vers le QG là ? Je dois rendre mon arme, on pourrait faire la route ensemble.

La remarque du plus jeune sur le fait de devenir comme me flatta quelque peu, mais je gardais malgré tout mon sérieux et lui répondit sur un ton un peu plus sévère.

« Si c’est vraiment ce que tu veux, commence par savoir te tenir face à la hiérarchie. Ce n’est pas le moment d’avoir ce genre de discussion, alors je te conseil d’aller calmer un peu tes ardeurs si tu ne veux pas avoir de problèmes. »

Il n’ avait aucune menace dans mes paroles, juste une pointe d’autorité pour bien lui faire comprendre que son comportement n’était pas adapté actuellement. Basile le retourna alors et le renvoya vers les habitations des Soumis. Gaspard fini par obéir en râlant sans retenue. Je ne pu m’empêcher de sourire à la mine qu’afficha brièvement la sentinelle par rapport au comportement de son frère. Il répondit alors à ma question comme quoi il avait bien fait la nuit, et que du coup il était crevé. Ses paroles furent ponctuées d’un bâillement contagieux, ce qui me fit rire. Il me demanda alors si je me rendais au QG, proposant de faire la route ensemble. Il fallait également que je ramène mon arme, j’acceptais donc en m’étirant un peu.

« Allons-y, je dois aussi ramener la mienne. Ca a été la surveillance ? Rien à signaler ? »

Depuis quelque temps les Libres étaient plus agités et ils se risquaient de plus en plus vers les territoires, ce qui causait une certaines tension au sein des clans. Pour avoir eu à faire à un groupe de Libres, je savais très bien ce qu’il en était… Et je me doutais aussi que les Sentinelles devaient être deux fois plus attentifs qu’à l’accoutumée, ce qui devait-être encore plus fatiguant…

Basile espérait sincèrement que les remontrances de Jéremy mettraient un peu de plomb dans la tête de son frère, mais il se doutait que Gaspard passerait vite à autre chose. Même s'il tenait compte des paroles du gradé, il finirait sûrement par se persuader que ce dernier n'avait dit ça qu'à cause de son frère et resterait fidèle à sa vision des choses. Si le blond était inquiet, il pouvait néanmoins comprendre. Son cadet était jeune et fougueux, mais il ne tenait pas à ce qu'il doive heurter un mur trop dur pour lui pour comprendre que la réalité était différente de ce qu'il fantasmait. Surtout que le mur en question pouvait être fatale.

Il était rare qu'il croise Jéremy de la sorte, il n'était donc pas mécontent de faire la route avec lui, ce serait l'occasion de discuter un peu. Il avait toujours admiré les compétences du Tireur et le trouvait drôlement impressionnant d'avoir réussi à atteindre un tel rang. Le tout en ne devenant pas un connard prétentieux en plus.

Il n'y a rien eu de spécial. Quelqu'un s'est un peu approché des frontières, mais il a directement rebroussé chemin donc je suppose qu'il s'agissait d'une erreur à cause de l'obscurité.

Basile avait eu de la chance jusqu'ici, il n'avait jamais eu de réels problèmes avec des Libres. Il avait bien dû intimer à des gens de s'éloigner, mais le tout se réglait toujours sans altercation.

Je peux te poser une question ?

Il se jeta rapidement à l'eau, curieux.

Pourquoi les Libres sont si agités ces derniers temps selon toi ?

Apparemment, les choses avaient été calmes cette nuit. Ce n’était pas plus mal. Après un court instant de silence, le blond me demanda s’il pouvait me poser une question. J’acquiesçais d’un signe de tête. Sa question était légitime, mais je n’aurais pas vraiment pu lui donner de réponse. Pinçant les lèvres, je réfléchis un peu avant de répondre.

« J’avoue n’en avoir aucune idée. Depuis la dernière traque, on dirait qu’ils se croient tout permis. Je ne sais pas si quelque chose les agitent en dehors de la ville où si ça vient de l’intérieur même, mais ça m’inquiète. On enchaine les affrontements sur tous les territoire il semblerait, ce n’est pas bon… »

Marquant une pause, je repris d’un ton pensif et inquiet.

« On dirait que quelque chose se prépare… et ça ne sera surement pas une partie de plaisir… »

Le regard perdu au loin, je pris une grande inspiration afin d’oublier le revolver qui s’était soudain rappelé à moi. La fatigue m’avait fait oublié le fait que j’étais armé, mais ces réflexions avaient ravivés mes sens, et du coup mes humeurs… Me tournant vers Basile, je lui retournais la question, faisant en sorte d’éviter de trop long silence et ainsi de trop longues réflexions.

« Et toi, quel est ton avis sur la question ? »

Jéremy ne sembla pas dérangé par sa question, il prit même le temps d'y réfléchir avant de se lancer dans une réponse qui, faute d'être satisfaisante, était au moins sincère. Avoir le point de vue d'une autre personne, de quelqu'un qui avait déjà été confronté aux Libres qui plus est, était néanmoins intéressant. Basile n'avait à vrai dire pas envisagé le fait que la dernière rafle ait pu avoir un impact, il fallait dire qu'il n'était que très peu informé de ce genre de détails et il n'avait entendu que des échos de cette histoire qui avait coûté une Membre aux Vipères. Le combat avait finalement été emporté par les Jaguars et il avait cru comprendre qu'une partie des Libres avait simplement été relâchés quelques heures plus tard.

L'inquiétude dans la voix du Tireur le mit un peu mal à l'aise. Alors s'en était donc à ce point là ? Peut-être avait-il un peu sous-estimé les problèmes qui marchaient vers eux finalement. D'un autre côté, il était logique de frémir au vu de la façon dont les Libres s'infiltraient sur les territoires sans le moindre scrupule. Jéremy finit par lui retourner la question et il se retrouva à ne pas trop savoir quoi dire. Son point de vue n'était pas très appuyé et c'était bien pour ça qu'il l'avait interrogé.

- Peut-être qu'ils n'ont plus peur de nous à force... S'ils ne nous volent plus, ils mourront de faim, et s'ils nous volent, ils échapperont à la famine, mais ils mourront - au pire - sous nos armes s'ils se font attrapés. Entre les deux, je suppose qu'une balle doit être plus douce.

C'était la seule chose qui lui venait. Il avait bien envisagé le fait que quelque chose ou quelqu'un ait pu déclencher cette vague, mais pourquoi les clans n'avaient-ils rien vu venir ? Quelque chose lui disait que cette question n'était pas prête de trouver une réponse.

Basile donna à son tour son point de vue. Il ne devait pas avoir tout à fait tort : entre mourir lentement de faim ou mourir rapidement d’un balle, le choix devait-être vite fait pour les Libres. Mais selon moi les choses étaient plus compliquées que ça…
Pinçant les lèves, je retins un soupir qui se mua rapidement en bâillement.

« Oups, excuse-moi, je ne l’ai pas sentit venir celui-là… »

La fatigue venait de se rappeler à moi. J’affichais un sourire penaud et passais mes mains sur mon visage.

« Dans tous les cas, on en a pas fini avec cette histoire, et mieux vaut rester vigilant… »

Jéremy ne commenta finalement pas son ébauche de réponse, mais il ne s'en plaignit pas. La discussion n'était déjà pas aisée en tant normal, alors en parler au petit matin après une longue nuit n'était peut-être pas le moment le plus propice. De toute façon, ce n'était pas comme s'il y avait grand chose d'autre à dire sur le sujet. Le Tireur se mit à bâiller, la fatigue se marquant plus fort sur ses traits. Comme toujours, le bâillement fut contagieux et Basile s'empressa de placer sa main devant sa bouche alors qu'il se décrochait les mâchoires, les larmes lui montant aux yeux. Qu'est-ce qu'il avait hâte de se mettre au lit pour quelques heures ! Alors que le brun passait les mains sur son visage pour chasser le sommeil qui l’appelait, il se contenta d'essuyer les perles qui stagnaient aux coins de ses paupières.

- Il faut croire que l'on est tous les deux attendus par notre lit.

Et, heureusement, le QG n'était plus très loin. Une fois qu'il aurait déposé son arme, le blond aurait encore à rejoindre son logement, mais au moins l'heure du dodo n'était plus extrêmement loin.

- C'est bien la seule chose que nous puissions faire pour limiter la casse malheureusement. Espérons juste que cela ne touchera pas trop notre clan.

Il ne tenait pas vraiment à apporter le malheur aux autres clans non plus dans les faits. A part peut-être aux Dragons qu'il avait un peu plus de mal à apprécier après ce qu'il était arrivé à Tim. Mais c'était une autre histoire.

Basile bailla à son tour et affirma que nous étions tout les deux attendus par notre lit. Je ris à cette remarque en confirmant.

« En effet. J’espère seulement que je pourrais y rester un peu plus cette fois. »

Le blond termina sur le fait qu’être vigilant était bien la seule chose que nous puissions faire, ainsi qu’espérer que notre clan ne soit pas trop touché. Nous arrivâmes alors au QG où nous saluâmes les deux sentinelles de l’entrée avant de nous diriger vers l’armurerie. Elle était vide. Je déposais donc mon arme sur le plan de travail avec un léger soupir de soulagement. C’était parfois un poids pour moi d’être armé, et ça faisait du bien d’en être libéré après une longue nuit. Je me tournais à nouveau vers Basile alors que nous sortions, en souriant.

« Bon, c’est ici que nos chemins se séparent. Pour ton frère, ne t’inquiète pas trop pour lui hein. Il est fougueux c’est sûr, mais dis toi que si ça doit lui retomber dessus peut-être qu’il en apprendra enfin sa leçon.  »

Gaspard était un chouette gamin, mais il ne semblait pas vraiment conscient du danger. Je pouvais comprendre l’inquiétude de Basile, mais tant qu’il avait l’excuse de sa jeunesse il ne risquait pas grand-chose sur le territoire. Maintenant c’est sûr que ce serait une autre histoire s’il devenait membre, mais s’il ne calmait pas un peu ses ardeurs, il ne passerait de toute façon pas la première épreuve…

- L'avantage d'avoir fait la nuit, c'est que je suis tranquille niveau boulot pour la matinée normalement. Par contre, je sens que cela n'empêchera pas Gaspard de faire à nouveau des siennes...

L'arrivée au QG se fit calme. Une fois dans l'armurerie, Basile accrocha tranquillement son arme dans le râtelier et étira ses épaules nouées. Enfin, c'était vraiment terminé cette fois. Encore au côté de Jéremy, il sortit et adressa un signe de tête aux sentinelles pour leur souhaiter une bonne journée. Contrairement à lui, les deux Aigles venaient de commencer leur service après tout. En entendant la voix du Tireur, il se tourna vers lui et l'écouta avec un sourire. Il n'avait pas tort. Mais il lui était difficile de ne pas faire particulièrement attention à Gaspard après ce qu'il s'était passé avec Tim. La fougue de son frère ne venait malheureusement pas que de sa jeunesse, il aspirait aussi à la vengeance, le blond en était persuadé.

- Peut-être oui. Merci pour ta patience avec lui.

Gaspard avait de la chance de vivre dans un clan comme les Aigles où les réactions étaient modérées et les Soumis bien traités. Seulement, il ne paraissait guère s'en rendre compte et c'était ça qui était malheureux. Enfin, ce gamin n'était pas prêt de changer, il faudrait bien que ses frères l'usent comme ça.

- Bon et bien, repose toi bien si tu en as l'occasion. Enfin, bonne journée serait sûrement une meilleure formulation.

Un nouveau sourire naquit sur ses lèvres alors qu'il adressait au gradé un léger signe de la main en s'éloignant pour rentrer chez lui. Lui voyait par contre parfaitement la chance qu'il avait d'évoluer chez les Aigles et d'avoir des personnes aussi sympathiques au dessus de lui.