I'm fine, I swear

Swann et Basile

Jour 11 - début de soirée
J’avais appris récemment que celui que je prenais pour un Libre n’était rien d’autre qu’un Dragon, un Membre de la pire espèce. Depuis cette révélation, j’étais ailleurs. J’oscillais entre crises de colère et des moments de culpabilité sans nom. J’étais frustrée de m’être fait avoir de la sorte. J’avais cru un parfait inconnu et rien que pour ça, je ne comptais plus m’attacher à je ne sais quel inconnu ou à croire tout ce que cet inconnu pourrait me dire. C’était peut-être mieux d’être encore un peu paranoïaque que pas du tout. Surtout avec des crapules dans son genre. Certes, il m’avait sauvé la mise plus d’une fois, mais Seth en avait fait autant, même si ce lézard disait le contraire. De toute manière, plus il le critiquerait, plus je le défendrais. Pas parce que c’était un Aigle, pas uniquement non plus parce que c’était Seth, mais aussi parce que j’étais fière, orgueilleuse et que je disais toujours tout le contraire de ce qu’il prétendait. Ce matin, je m’étais réveillée avec cette boule dans le ventre qui persistait. J’étais énervée, c’est le moins qu’on puisse dire. Je devais travailler avec le secrétaire et par chance, avec tout ce qu’on avait à faire, j’en oublierais cette histoire. C’était le seul point positif de cette journée, longue journée qui ne faisait que commencer. J’allais aussi éviter de me faire sonder par Louane et c’était pas plus mal. Parce que je me voyais mal expliquer tout ça à celle qui prétendait prendre soin de moi. Je n’avais de cesse de lui répéter que je pouvais prendre soin de moi-même, comme une grande, elle ne voulait pas le comprendre. Quelle tête de mule !

J’avais à peine déjeuné, j’avais comme un poids dans l’estomac. Si je le revoyais devant moi, je lui en collais une. C’est ce que je me répétais sur le chemin jusqu’au quartier général pour aller travailler avec Akiro. Je traînais des pieds, shootant quelques fois dans un caillou plus ou moins gros, évitant malgré tout de cogner quelqu’un au passage. J’avais besoin de me défouler encore un peu. Si je n’avais pas dû bosser en présence d’un gradé, j’aurais gardé cette colère en moi quitte à exploser sur un autre Soumis mais là, je devais me faire discrète. Je risquais gros. J’étais déjà dans le collimateur d’Eli le shooté et des autres. Oui, Eli était flippant dans cet état. Et pourtant, je n’avais rien contre lui initialement. La journée de boulot fut mouvementée mais pas trop pénible. Entre nous, même s’ils n’hésitaient pas à me donner des consignes chiantes et redondantes, j’avais un poil plus le sentiment d’être utile déjà. A être occupée de la sorte, la journée passa bien plus rapidement. Pour tout dire, je n’avais pas vu le temps passer et à la fin, j’en oubliais presque ce stupide garçon égoïste comme jamais. Je n’étais pas prête à rentrer chez moi, sachant que je risquais de retrouver l’autre emmerdeuse me demander si j’allais bien, si j’avais mangé, si j’avais travaillé comme il le fallait. En chemin, je me posai contre un mur, dans un coin reculé, loin d’une rue trop utilisée. « Dégage de ma tête, enfoiré de menteur ! » J’avais hurlé ma haine, alors qu’au final, il avait pu se montrer gentil. Je me détestais de penser encore à lui. J’espérais ne pas réveiller des gens qui allaient sans doute me prendre pour une folle. Si je n’avais pas toujours toute ma tête, là, j’étais saine, plus ou moins, en tout cas.