It's cool, I'm not a woman

Shiloh & Loukas

jour 11, soirée
L’entraînement avait été particulier et nous avions accueilli une nouvelle tête blonde du nom de Louise. Nous avions fait un parcours d’obstacles au sein du Colisée. Le moins qu’on puisse dire c’est que ça en avait surpris plus d’un mais, en plus d’être stimulant, c’était un entraînement intéressant qui exerçait encore une fois notre polyvalence. Finalement, ce n’était peut-être pas si surprenant que ça. Juste ingénieux et original. Ça changeait de d’habitude, ça, c’est sûr. A la fin de l’entraînement, je suais mais j’étais revigorée. La journée avait été chargée et c’était mieux comme ça. Je ne bossais pas aujourd’hui et je me remettais des émotions des autres jours. Surtout de la veille. Une journée haute en couleurs mais surtout une journée que j’avais exécrée. Les gens avaient été particulièrement lourds et ce genre de comportements me mettait franchement mal à l’aise. Alors, forcément, avoir pu me défouler autant, c’était du pain béni pour moi. Et entre nous, je me serais bien encore défoulée : après tout, je repoussais mes limites constamment et ce depuis toujours. C’était le résultat de l’éducation de mon père. L’entraînement ne se déroulerait pas dans la salle prévue à cet effet, c’est-à-dire dans le quartier général. Non, je m’entraînais avec mon père. Un excellent professeur. J’étais certaine qu’il ne me ferait pas de cadeau et c’était là mon but. En plus, j’avais entendu dire que les Spécialistes s’entraînaient dans le quartier général. Ils avaient sûrement fini en même temps que nous mais il n’était pas question de prendre le risque de les déranger. Je n’étais pas suicidaire. Pourtant, je mourrais d’envie d’observer un entraînement qui regroupait tous les Spécialistes. Si j’avais une petite préférence pour les Tireurs d’Elite et si c’était toujours plaisant de voir Kaiden se donner à fond, j’admirais globalement les Spécialistes et leur vie.

Comme résultat de l’entraînement, j’avais les mains engourdies, légèrement gonflées et je saignais au niveau de la joue. Les blessures étaient de moins en moins graves avec le temps. Je calculais les coups, autant les miens que ceux de mon père. Mais la fatigue n’avait pas aidé. Avant de m’achever, il mit fin à notre bagarre orchestrée et je décidai de souffler loin de la maison. Un petit tour ne me ferait pas de mal. Je n’avais pas besoin de me dégourdir les jambes, plutôt besoin de prouver que je n’étais pas claquée après ça. Disons que j’avais encore envie de prendre l’air avant de me coucher. Peut-être trouverais-je Kaiden en chemin. Sauf que mon corps me lâcha plus rapidement que je ne le pensais. Je fis quelques pas avant de me trouver un coin, contre un mur. Je m’assis avant d’entendre du bruit. J’étais tellement fatiguée que je n’avais pas vu la silhouette assise au pied de ce même mur. « Loukas ? » Cette fille était à part. Elle avait un quelque chose de tout à fait hors norme. Je ne saurais quoi dire mais elle avait toujours été différente. Ce n’était pas une Spécialiste condescendante et elle ne parlait pas trop. C’était à se demander s’il s’agissait vraiment d’une fille. Elle ressemblait plutôt à un garçon manqué, si vous voulez mon avis. « Je te dérange pas ? » Pas que j’avais envie de bouger de là mais il valait mieux ne pas mettre un Spécialiste en colère. Et puis, dans le fond, saouler Loukas, c’était comme saouler Kaiden. Si ce n’est que Loukas avait plus de période sans réaction que Kaiden. Mais quand elle sortait ses griffes… Je ne voulais pas le savoir.

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Shiloh & Loukas

Cette fois, par chance, Loukas n’était pas très réactive. Ce qui est assez logique puisqu’elle venait de se réveiller d’un somme. Au moins, je ne l’avais pas énervée en la réveillant. Je tenais à ma vie. J’avais beau être entraînée, je connaissais mes limites face aux Spécialistes. Et si beaucoup la critiquaient et la trouvaient incompétente parce qu’elle dormait souvent, je me disais que si elle l’était réellement, elle ne garderait pas sa place. Elle me sonda mais je ne réagis pas, préférant rester discrète pour le moment. De toute façon, j’étais claquée. Je n’avais plus d’énergie ou plus que très peu. Je n’étais déjà pas spécialement bavarde en temps normal, alors là. Je chipotais à mes mains qui, par chance, ne me faisaient pas si mal que ça. Les entraînements acharnés de mon père avaient eu leur effet. Ça, en plus du fait qu’elles étaient particulièrement engourdies. Par ailleurs, à la voir, elle n’avait pas été beaucoup plus gâtée que moi. Elle avait dû subir les entraînements de la journée, elle aussi. Les Spécialistes n’avaient pas eu de chance non plus, apparemment. Je me demandais comment s’en tirait Kaiden. Violette, je ne me le demandais même pas, elle avait disparu. J’avais entendu les rumeurs la concernant. Et si elle ne revenait pas ? C’était symbolique pour moi puisque Violette était un exemple de véritable Dragon. De toute manière, je ne pouvais rien faire en pratique. J’étais impuissante à ce sujet.

Il fallait que je me concentre sur le moment présent. Et le moment présent, c’était Loukas, Spécialiste qui venait de me poser une question. La mêlée ? Je supposais qu’elle parlait de l’entraînement particulier et elle devait se baser sur l’état de mes mains. « Oh ça ? On a eu un entraînement spécial parce qu’il y a une nouvelle Aspirante. Louise, je crois. » Les accueils, ce n’était pas la partie la plus intéressante de l’entraînement mais il fallait faire avec ceux-ci. Et savoir qu’on s’était épuisés de la sorte pour une fille que je ne connaissais pas le moins du monde et qui m’avait l’air trop… je ne sais quoi pour le moment, c’était moyen. Par chance, notre Lieutenant avait encore été gentille. Peut-être un peu trop ? « Je vois que ça a été rude pour vous aussi. Je me demande si Valérian a survécu à sa première journée en tant que Spécialiste quand je vois ton état. » Sous-entendu ? Loukas était une Spécialiste depuis un moment, lui non. Et je me demandais d’ailleurs toujours comment il avait pu en devenir un. Il était trop discret. Il était trop bizarre. Et je ne voyais pas ce qu’il avait de spécial. C’était peut-être ce côté passe-partout qui l’avait mené jusque-là… Allez savoir. « T’as pas peur qu’on vienne t’emmerder en dormant là ? Je suppose qu’il doit encore y avoir des suicidaires te croyant faible. » Ce qui n’était pas mon cas.