Jour 11, petit matin. – C’était une période relativement difficile pour Nathanaël… Et s’il avait eu le choix, il s’en serait très volontiers passé. Il avait toujours eu du mal avec ses sœurs. Elles lui causaient très souvent des problèmes. Mais là, il avait juste l’impression que c’était un peu plus grave que d’habitude… Comme si quelque chose en eux avait fini par se briser. Comme s’il y avait eu une nette coupure. Et ça, ça lui faisait sincèrement mal. Il ne s’en plaignait à personne parce que ce n’était pas son genre. Il préférait encore ruminer dans son coin plutôt que d’aller raconter sa vie à quelqu’un, même à un autre membre du clan. Quoique… Il y avait peut-être Enzo. Ou Swann. Mais non, il ne voulait pas les embêter davantage avec des problèmes qui n’étaient pas les leurs et que lui seul pouvait régler, au final. De ce côté-là, il s’y tiendrait et rien ne pourrait le faire changer d’avis. Il n’irait pas voir les autres. Pour cette fois, Nathanaël tenterait de tout faire par lui-même. Quitte à y laisser quelques plumes… Et de toute manière, cela fait déjà un bon petit moment qu’il s’y prépare. Parce que le changement de comportement d’Alex ne date pas d’hier et il l’avait remarqué suffisamment tôt pour avoir l’occasion de se préparer psychologiquement à devoir gérer une toute nouvelle Alex. Ça ne l’amusait pas… Qui prendrait du plaisir dans ce genre de situation, après tout ? Mais il n’avait pas vraiment eu le choix. L’Aigle faisait ce qu’il pouvait pour que tout se passe bien… Et pour que les soucis finissent par définitivement disparaître. En tant que grand-frère, il tentait de se débrouiller. Mais il n’était pas non plus un surhomme et ses limites ne semblaient pas loin d’être atteinte… Même s’il ne pensait pas à ces dernières, à l’heure actuelle. Parce que c’était ses sœurs, il préférait se convaincre qu’il n’allait pas craquer et que tout allait finir par rentrer dans l’ordre. Pourtant, au fond de son être, une part de lui-même doutait fortement de cette possibilité… Et cette matinée-là, c’était à cela qu’il pensait en soupirant, allongé sur le dos alors que ses mains se retrouvent croisées derrière sa tête et que ses yeux lorgnent vers le plafond. Jamais il n’aurait pensé que ça pourrait être aussi compliqué, de nourrir le rêve de pouvoir enfin vivre comme une véritable famille. Comme de vrais frères et sœurs… Aussi fou que ça puisse paraître, il ne perdait pourtant pas espoir. Peut-être était-ce une erreur mais lui voulait y croire encore.