I'm saving your ass, Princess ! (swaden)

Sujet: I'm saving your ass, Princess ! (swaden) Dim 1 Mar 2015 - 20:57

Je soupirai longuement, tournant comme un lion en cage dans la petite pièce qu'était la chambre de Jo. Jo qui m'observait faire les cent pas, Jo qui ne bougeait pas d'un pouce mais dont je pouvais sentir le regard insistant me suivre à chaque mouvement. Cela faisait des jours qu'elle m'encourageait à aller parler à Loukas, qu'elle tentait en vain de me pousser à faire le premier pas. Et pour une fois, je n'avais pas pris en compte ses conseils. Ou plutôt si, je saisissais ce qu'elle voulait me dire, je savais qu'elle avait raison. A plusieurs reprises, je m'étais dirigé vers la baraque qu'occupait l'espionne et pas une fois je n'avais eu le cran de passer la porte. Quelque chose me retenait. Alors je mettais mes échecs sur mon emploi du temps trop chargé ce qui n'était pas totalement faux. Être un Second impliquait une masse énorme de travail sans compter les crétins qui essayaient de me décourager car mon sang n'était pas assez pur à leur goûts...Voyez-vous ça. En attendant, mon sang impur et moi étions encore en vie, en bonne santé qui plus est, ce qui n'était pas le cas de ce pauvre Chad et de Samuel, dragons purs souches. Rien que d'y penser, je sentis un sourire étirer mes lèvres avant qu'il ne disparaisse. Tout serait tellement plus drôle avec Bonnie. Ce froid idiot nous privait de moments mémorables. Je soupirai à nouveau, me passant rageusement une main dans les cheveux. Tourner en rond ne me mènerait nulle part, j'avais besoin de prendre l'air. Aussi, quittai-je la chambre de Jo non sans lui avoir répéter une énième fois les règles habituelles. S'éloigner des fenêtres, ne pas faire de bruit et se cacher dans la trappe cachée sous son lit si quelqu'un entrait. Je lui avais aussi rapporté plusieurs nouveaux livres et plusieurs bouts de tissu afin qu'elle ne s'ennuie pas. Cette nouvelle montée en grade n'avait fait que me rendre plus anxieux quant à sa sécurité. J'avais même fini par engager un ancien qui m'était dévoué corps et âme pour garder ma maison. Je lui adressai d'ailleurs un bref regard avant de me diriger droit vers l'extérieur du territoire.

Je comptais me diriger vers le lac histoire de me changer les idées. Je pourrais y passer quelques minutes, manger et me défouler sur l'eau à coups de pierre. Du moins était-ce ce que je m'étais dit avant d'arriver. Par chance ou par malheur, mon regard s'était posé naturellement vers une masse inquiétante et intrigante. Quelque chose qui n'avait rien à faire là. N'écoutant que ma curiosité et négligeant ma sécurité, je m'approchai non sans avoir dégainé mes armes. Immature oui mais pas totalement inconscient. Du bout du pied, je shootai légèrement dans la masse inerte mais aucune réaction ne me parvint. Contournant la chose, je me rendis vite compte qu'il s'agissait d'une personne. En voilà une chance ! Je ne pouvais même plus me changer les esprits sans tomber sur un cadavre. Celui d'une femme visiblement. Il devait probablement s'agir d'une libre qui n'avait rien trouvé à manger et je décidai de ne pas m'attarder plus que de raison. Pourtant au bout de quelques pas, je finis par rebrousser chemin jusqu'au corps. Cette chevelure me disait quelque chose. Fronçant les sourcils, j'attrapai un bout de bois avec lequel je m'appliquai à piquer le corps de la personne. Au bout de plusieurs minutes, j'eus enfin droit à une réaction. Une plainte faible mais audible. Une voix qui m'était familière. Encore plus curieux, je me décidai à rejeter les cheveux qui cachaient le visage à l'aide de la branche morte. J'en étais certain à présent. Je connaissais cette femme. Il s'agissait d'une soumise des Aigles que j'avais embêté ici-même. Elle n'avait pas retenu la leçon à la voir dans un état pareil. Un état préoccupant, je devais avouer. Elle n'avait plus rien de la superbe qu'elle affichait fièrement lors de notre dernière rencontre. Ses joues étaient creusées, elle avait l'air d'avoir perdu du poids...Rien de bon. Pourtant, elle demeurait une soumise. Elle aurait du avoir suffisamment à manger. Ou peut-être les pigeons étaient-ils vraiment plus stupides qu'ils n'en avaient l'air ? Peut-être même que sous leur fausse moralité à deux balles, ils maltraitaient encore plus leurs soumis ?

J'étais partagé. Elle était encore vivante. Devais-je l'abandonner à son triste sort et m'en aller ? Je ne lui devais absolument rien après tout et je m'attirerais beaucoup moins de problèmes si je la laissais là. D'un autre côté, je ne pouvais décemment pas l'abandonner dans un état pareil. N'importe qui aurait pu passer et profiter de sa faiblesse. Et pire, si je la laissais là, je savais que je ne pourrais absolument pas m'ôter cette histoire de la tête et que je m'empoissonnerais la vie avec cette histoire. Confus, je passai une main dans mes cheveux. Qu'aurait fait Joleen à ma place ? Question idiote. Elle l'aurait aidée...et j'aurais également souhaité qu'on aide ma sœur si on échangeait les situations. Poussant un soupir exaspéré, je me penchai vers le corps inerte de la jeune femme, elle n'avait pas intérêt à me prendre pour un pervers cette fois ! Non sans pester un bon coup, je la soulevai...assez facilement qui plus est. Bon, j'avais énormément d'entraînement à force d'avoir du traîner Loukas hors de son lit mais la soumise était vraiment légère. Je n'eus aucun mal à la déplacer jusqu'au lac en lui-même. Une fois sur place, je la déposai le plus délicatement possible, plaçant mon sac que j'avais vidé au préalable sous sa tête en guise d'oreiller. Je m'installai ensuite non loin d'elle, lui lançant des coups d'œil en biais. Elle finirait bien par se réveiller à un moment ou à un autre et je pouvais également profiter du calme.

Sujet: Re: I'm saving your ass, Princess ! (swaden) Dim 22 Mar 2015 - 5:09

Que m’était-il arrivé au juste pour que j’atteigne un tel stade ? Était-ce mon entêtement à l’encontre de mon clan ou la rancœur qui me consumait morceau par morceau à cause d’un père bien trop absent ? Les deux se rejoignaient inévitablement puisque l’une des deux causes énoncées était la source de l’autre et tout ce qui s’en suit, d’ailleurs. Dans le fond, à cause de cet aveuglement, je m’étais perdue. Cela faisait déjà plusieurs jours que je me battais péniblement pour tenir debout, à croire que même inconsciemment, mon corps luttait contre ce venin, conçu à la base de fausses idées, à l’intérieur de mon cœur devenu pierre. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même mais ça, c’était depuis déjà plusieurs années maintenant. Cette guerre que je menais contre les hommes était, à la base, une guerre que je menais contre moi-même, mes doutes et cette colère que je n’avais même pas vu arriver. Pourtant, tout laissait à croire que j’avais atteint un point de non-retour. C’était l’altercation avec Jéremy qui avait engendré tout ça ; s’il n’avait pas cassé aussi facilement une barrière que je croyais incassable, je ne me serais pas posé autant de question. La rencontre avec ce garçon n’avait rien arrangé. Valais-je vraiment quelque chose ? « Je crois que tu vaux mieux que ça. » Il n’avait fait que m’embrouiller davantage. Je n’avais pas l’habitude de me raccrocher aux paroles lancées aussi facilement, surtout de la part d’un parfait inconnu mais ça résonnait tellement fort en moi. Parce que j’étais trop fière pour le montrer, j’avais empêché toute larme de couler. Néanmoins, je n’avais pas eu la force de me retenir plus longtemps sans faire la moindre gaffe ; comme preuve de mon stupide tempérament, de mon imprévisibilité, j’avais foncé pendant la rébellion qui faisait rage chez les Jaguars, espérant quelque part prouver ma force et ma témérité sur un véritable champ de bataille et là encore, ce fut un échec total. Au lieu du résultat escompté, j’avais essuyé une défaite malgré ma victoire sur ces Libres. J’avais eu droit à des remontrances. Quoi de plus normal, au fond, vu le régime du clan ? À quoi m’étais-je attendue ? Je ne suis qu’une Soumise parmi tant d’autres. En très peu de temps, j’avais complètement déchanté. Je m’étais écroulée aussi bien physiquement que mentalement. Si je ratais toutes occasions de prouver ma valeur, mes convictions au sujet des hommes de mon propre clan s’écroulaient avec celles-ci. Pourtant, jusque-là, c’était bien la seule raison qui me permettait de me lever le matin, aux aurores parfois. Qu’en est-il de la vie quand tout ce qui semblait avoir un sens pour nous est remis aussi douloureusement en question ? Que puis-je faire ? Je ne contrôlais plus rien. Rien du tout. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Plus rien ne tourne rond en moi. Je ne suis plus qu’un cadavre sans vie. Je n’ai même plus d’âme. Je suis un corps inanimé.

Oh oui, il m’est arrivé de bonnes choses entre temps. J’ai rencontré un gars du nom de Seth. Un vrai gars. Un vrai nounours. Un gars débordant de gentillesse. Une de ces personnes qui irradie de joie, de bonne humeur et d’altruisme. Une personne qu’on ne rencontre pas à tous les coins de rue. « Je vais peut-être paraître ridicule en te disant cela, mais je serais honoré d'être ton ami. » C’est exactement ce que je disais. Tout le monde ne vous dit pas cela tous les jours. Pourquoi j’y pensais à ce moment ? J’avais décidé de faire un tour hors du territoire du clan, c’était pour me changer les idées et non m’embrouiller davantage à coups de sentiments superflus et encombrants… Néanmoins, ce serait mentir que de dire que je me fiche de Seth. Il est important pour moi. Il a pu voir clair en moi, sans me juger et a même réussi à me faire sourire, même un peu. Ce n’est pas rien pour une fille comme moi. C’est même très difficile à croire, si vous voulez mon avis. Peut-être est-ce un peu grâce à lui aussi si je tiens encore debout. Il est toujours là à s’inquiéter. Je trouvais ça inutile. Surtout pour lui. Cela ne l’empêche pas de continuer désespérément. Il semble même heureux quand il m’aide. Une vraie perle rare. Si j’étais une fille normalement constituée, je crois bien que je pourrais craquer pour lui, pour ce qu’il est. Mais je ne suis clairement pas une fille normale. La preuve en est mon attitude actuelle. Je n’ai trouvé plus intelligent que de me laisser aller. Je me laisse donc dépérir à petit feu. Je ne mange ni ne bois. Juste rarement. C’est la seule solution que j’ai trouvée pour avoir le contrôle sur ce corps puisque je ne suis plus à même de contrôler mon esprit, mes idées, mes pensées. Je crois que de ce fait, j’ai encore la main mise sur quelque chose d’aussi superficiel alors que mon problème est plus ancré dans mon être, dans mon cœur, jusque dans mon sang. J’aurais pu tout simplement m’en remettre à cet ami, lui parler de ce qui me tracassait mais au lieu de ça, je me détruisais petit à petit. Oh ! J’avais vraiment l’air fier et fort comme ça.

Alors, au lieu de rester à ne rien faire, parce que cette fois je n’avais pas d’heures de travail en perspective, j’avais décidé de bouger un peu cette carcasse qui, tout doucement, n’avait plus d’énergie. C’était plus rapide que ce que je n’avais imaginé. Les répercussions s’étaient vite fait sentir. La preuve en était ma piteuse démarche mais aussi ma vue particulièrement trouble. Il ne fallut pas longtemps pour que je m’écroule. J’avais, fort heureusement, déjà rejoint le centre neutre. Les chaleurs n’arrangeaient rien. Cependant, je l’avais bien cherché en évitant d’entendre les cris alarmants de mon corps à travers tous les maux qui se traduisaient de manières diverses. Le trou noir. Quelque part, je croyais que c’était la fin. La délivrance que je convoitais depuis ces derniers évènements. J’espérais qu’on ait entendu mon appel de détresse et qu’on m’offrait enfin mon dû. Ce n’était pas le cas. Pourtant, l’espace d’un instant, j’étais en paix. J’étais reconnectée avec mon être le plus essentiel. J’étais en connexion avec moi-même. J’avais le sentiment, même, de dépasser cette enveloppe charnelle. Mais il n’en fut rien. Au lieu du repos éternel, j’eus droit à un réveil des plus désarçonnant ; un bâton qui me tâtait de son bout. Quelle plaie ! Je mis tout de même un bon moment pour ouvrir les yeux. J’étais vraiment à bout de force. Je sentais sous ma tête quelque chose de relativement doux. C’était tout de suite moins dur que le sol lui-même. Je reconnaissais les environs du lac. Là où j’avais rencontré ce garçon à qui je m’étais présentée mais qui n’avait même pas pris la peine de me donner son nom en retour. Je reconnus rapidement l’aspect d’un sac. Ce qui me surprit, par contre, c’est ce regard qui me fixait. Il était plus loin. Il semblait me surveiller. Était-ce grâce à lui que je m’étais réveillée en relativement bon état ? Dans ma tête, ça sonnait plutôt comme « à cause de lui ». Une nuance non négligeable. Je reconnaissais aussi l’homme qui était à mes côtés. « Toi ?! », malgré le peu d’énergie que j’avais, on pouvait deviner la surprise. Même mon regard presque effacé laissait transparaître ces émotions qui se bousculaient en moi. « Pourquoi tu m’as pas tout simplement laissée crever comme un chien ? », j’étais blessante. J’étais tranchante. En temps normal, on devrait s’attendre à des remerciements. « Tu t’es trouvé l’âme d’un héros ou c’est juste par égoïsme ? », je ne criais pas. Je parlais faiblement. Cela ne m’empêchait de cracher mon venin. Que j’étais pathétique. J’avais bien envie de le remercier, au fond… Quelque chose me retenait. Ma fierté ? Mes blessures ? J’avais toujours eu horreur de découvrir mes blessures et lui, il remuait le couteau dans la plaie.

Sujet: Re: I'm saving your ass, Princess ! (swaden) Dim 29 Mar 2015 - 16:28

Je l'avais déposée à terre il y a quelques minutes et depuis, je n'avais plus eu aucune réaction. Mon regard faisait la navette entre sa silhouette affaiblie et les eaux sales du lac. L'endroit était tellement calme, à peine brisé par les remous du lac et la respiration calme de la jeune femme que je surpris mon esprit à divaguer à nouveau vers ce foutu froid jeté entre Bonnie et moi. Je ne pouvais définitivement pas laisser notre relation se dégrader de la sorte. Il fallait que je fasse des efforts, que je sois plus mature. Soupirant, je pensais amèrement que j'avais été assez mature en soi que pour ne pas faire assassiner ce balafré quand j'en avais l'occasion. Mais il n'était probablement pas le nœud du problème. Le nœud était...Je n'eus pas le temps d'y réfléchir que mon regard glissa à nouveau sur le corps de la jeune femme. Agitée, elle sembla se réveiller et il lui fallut quelques instants pour reprendre ses esprits. Elle se tourna vers moi et m'interpella sèchement alors que je la fixai d'un regard neutre. Le "moi" comme tu dis, il a un prénom, fus-je tenté de répliquer avant de me souvenir que je n'avais pas réellement eu l'occasion de me présenter. Elle devait probablement toujours penser que j'étais un libre. Cette idée me fit rire dans la barbe que je n'avais pas alors que je lui offrais un sourire rayonnant. Oui, "moi"., lâchai-je sur le ton plus enthousiaste de ma collection. En parlant d'enthousiasme, la demoiselle ne semblait pas ravie de me revoir. Bien au contraire. Si elle ne débordait pas d'énergie, je pouvais tout de même aisément comprendre qu'elle aurait préféré que je m'abstienne d'intervenir. Cette idée me fit lever les yeux au ciel. Pour une fois que je décidais d'agir comme un homme honnête et admirable, on me le reprochait. Comme pour me prouver que j'avais raison, elle me demanda pourquoi ne je l'avais pas laissée mourir. Je demeurai silencieux et perplexe. Le temps avait coulé sous les ponts depuis notre dernière rencontre, une multitude de choses s'était probablement passée autant pour moi que pour elle mais je ne m'étais clairement pas attendu à un changement pareil. Certes, elle n'avait rien perdu de son mordant, ses mots étaient toujours aussi tranchants mais je pouvais sentir que l'intention n'y était plus. Son état physique était lamentable, ça crevait les yeux. Il n'y avait plus cette lueur au fond des ses yeux, sa peau était terne, ses cheveux cassants. Un gros bouleversement devait l'avoir frappée pour en arriver à un tel état. T'es pas assez poilue pour être un chien, répondis-je platement. Cet essai lamentable d'humour n'était qu'un signe de dépit, peut-être pour lui faire voir l'absurdité de la situation. Je devais bien avouer avoir été désarçonné par sa réaction inattendue. Je me repris néanmoins, décidé à comprendre les raisons d'un pareil changement. Sa nouvelle réplique m'arracha un léger sourire alors que je haussai les épaules. Par pure égoïsme, voyons, dis-je feignant d'être outré qu'elle ait osé imaginer le contraire. Je suis un libre, princesse. Ne me fais pas l'affront de penser que j'ai agi par pur altruisme, c'est carrément blessant. Je portai une main à mon cœur pour accentuer le coup imaginaire porté à mon ego. En réalité, il y avait des raisons de se questionner quant à cette soudaine pulsion de mansuétude. Je n'agissais que rarement sans motif. A par apaiser ma conscience, lui venir en aide ne m'apportait absolument rien. Et quand bien même, il m'avait toujours été facile de faire taire la petite voix au fond de ma tête. J'étais lucide. J'étais né égoïste. Mes parents m'avaient souvent reproché cette tare. Il n'y avait que Jo et Loukas qui bénéficiaient de mon abnégation totale sans rien avoir à m'offrir en retour. Embrouillé, je décidai que je mettrais les choses au clair quant à cette bienveillance soudaine plus tard. Me tournant légèrement vers elle, j'ajoutai le plus sérieusement possible. T'avises pas de trop bouger. J'ai pas envie que tu vomisses sur mon sac. Je marquai une légère pause avant de reprendre, le malaise dansant dans mon intonation trop détachée. Quoique vu ton état, t'aurais pas grand chose à remettre. Parce qu'elle était une soumise et qu'elle avait l'air d'une libre affamée depuis des jours...et que rien de tout ça n'avait l'air normal. Dis, c'est parce que je t'ai tellement manqué que t'as arrêté de manger ? Sa perte de poids ne pouvait venir que de là. Elle avait soit arrêté volontairement de s'alimenter soit les aigles l'avaient privée de nourriture auquel cas, je me demandais bien pourquoi. Parce que si c'est le cas...Je me relevai sans la lâcher du regard. Je suis là, c'est plus la peine de faire la grève de la faim. Encore une fois, j'avais préféré l'humour pour aborder le problème et j'espérais bien avoir une réaction.

Il fallait que ce soit lui. Il fallait que ce soit ce garçon qui avait joué à ma conscience, une conscience loin d'être clichée. En effet, il n'y avait pas été de main morte. Il m'avait secouée. Il m'avait blessée. Il m'avait heurtée pour mieux me ramener à la réalité. Sans ses commentaires, aussi durs soient-ils, je n'aurais sûrement jamais rebondi. Oh, certes, il n'avait pas été seul. Mais sans cet interlude, je n'aurais jamais eu de cercle vertueux. Il avait beaucoup plus que quiconque dans Paris. Il avait réussi à me toucher en plein cœur. C'était vexant. C'était frustrant. Plus encore, c'était surtout déstabilisant. Rencontrer la personne qui vous sonde d'un clignement d'yeux, ça n'a rien de rassurant. Ça vous donne le sentiment de ne plus rien contrôler. J'ai toujours eu beaucoup de mal depuis toujours, mais face à lui, c'était encore autre chose. Un quelque chose que je n'avais encore jamais ressenti. Pas aussi fort, tout du moins. J'aurais préféré tomber sur quelqu'un d'autre. Même un Dragon stupide aurait mieux valu. J'aurais pu cracher toute ma haine, une dernière fois, avant de me redresser, avant de reprendre ma vie en mains, après tant d'années de mensonges, de faux semblant. Vraiment, n'importe qui aurait fait l'affaire dans tout Paris. Était-ce le karma ? Le ciel qui se moquait de moi ? Qui me punissait ? Je n'avais jamais trop cru, je ne suis pas superstitieuse. D'ailleurs, il existe bien des mythologies mais de là à croire qu'on doit gérer nos actes pour éviter de mourir de quelque chose de surnaturel, non. Je mentirais en disant que je ne me rongeais pas de l'intérieur en me disant que je devais mériter tout cela, malgré tout. Lui, il ne semblait pas si ennuyé. Il devait se moque de moi. Il ne faisait que ça lors de notre précédente rencontre. D'ailleurs, il ne semblait pas capable d'être autre que sarcastique. Un simple « moi », enthousiaste, amusé. J'aurais aimé lui en coller une, lui faire regretter de se moquer de moi, à nouveau, mais rien. J'étais trop épuisée. Alors, je soupirai. « Quelle plaie. », avouais-je de façon audible. C'était au cas où il n'aurait pas compris mes premières insinuations. Sait-on jamais qu'il soit stupide. Non, il ne l'était pas. C'était pourtant plus simple pour moi de le bazarder, comme je bazardais sa responsabilité dans ma remontée soudaine qui ne se voyait pas forcément, évidemment. C'était un mélange entre le redressement et la culpabilité d'avoir réagi tant de temps comme ça. Il continuait dans cette optique, d'ailleurs. Il était sarcastique, blessant, irritant. Il était tout bonnement détestable. C'est sûrement pour ça que je préférais me cacher qu'il m'avait aidée. J'avais plus facile à l'oublier. Du moins, je le croyais. Pas assez poilue pour être un chien, c'est ça ? Quelle répartie ! Je reconnais bien sa bêtise. Je soupire encore une fois, de fatigue mais d'ennui aussi, d'agacement même. « Je me disais bien que c'était bizarre que tu me sauves. », j'avais à peine attendu sa réponse à ce sujet. Je comprenais tout de suite qu'il ne l'avait pas fait sans raison. « Pour mieux m'humilier, pour mieux te moquer de moi. », je pris une légère pause pour accentuer les mots mais aussi parce que j'étais faible. « Il faut dire, tu as beaucoup de mérite de te moquer d'une fille qui a à peine l'énergie pour ouvrir les yeux. Un véritable dur à cuire. », j'étais piquante mais c'était tout ce qui me restait. Cela ne m'empêcha pas de froncer les sourcils. « Ose encore m'appeler princesse et je t'émasc... », j'allais finir ma menace quand je réalisé ma propre bêtise. C'était tentant, trop tentant mais j'étais surtout trop coincée. Quel charmant spectacle, vraiment ! Quand ce n'était pas des sarcasmes, c'était des phrases dures et froides. Il avait bien plus de considération pour son sac miteux que pour moi. Quand avais-je imaginé, même un instant, qu'il avait vraiment pu s'inquiéter pour ma santé physique et mentale ? Depuis quand j'étais devenue naïve ? Je n'étais pas aussi fleur bleue que Seth. Je n'étais pas aussi adorable que lui. Je n'étais pas aussi rêveuse que lui. Cela ne m'a pas empêché de penser à ça. À cela, je ne réagis pourtant pas plus que ça. Un simple « pfeuh » avant de lever ma tête vers le ciel. « Je sais que ton monde tourne tout autour de toi, mais ce n'est pas le cas du mien. », lui lançais-je sèchement, violemment. « Si tu as peur, ne t'en fais pas, Seth s'occupe très bien de moi. », ce n'était pas faux mais c'était surtout pour lui rendre l’ascenseur. « Et cette grève de la faim, dont tu parles, c'est toute autre chose. », pourquoi je lui avouais ça, moi ? J'étais devenue folle ? J'allais donc ouvrir mon cœur à un gars qui risquerait de me l'écraser par pur égoïsme ?

J'avais presque espéré qu'elle me gifle (qu'elle essaye tout du moins). Je ne l'avais rencontrée qu'une seule et unique fois et pourtant, je m'étais déjà fait une image d'elle. Celle qui se trouvait devant moi, ce n'était pas Swann. Non, celle qui agonisait devant moi, c'était son fantôme. Et moi, je ne conversais pas avec les fantômes. Moi, je voulais voir la vraie. Celle qui avait du répondant, qui mordait au moindre de mes mots, celle qui se battait et dont les yeux brûlaient de passion. A croire que quelqu'un était parvenu à éteindre ce feu. Quelle plaie. Quoi ? C'est tout ce qui lui restait dans le ventre ? L'ombre d'une injure à me jeter ? Qu'elle se lève et qu'elle me frappe. Qu'elle se réveille et qu'elle redevienne la Swann que je connaissais et que je voulais voir. Pas la poupée brisée, pas le cygne enfermé. Je voulais autre chose que des soupirs. Autre chose que des menaces en l'air. Et par-dessus tout, je voulais qu'elle cesse enfin de s'apitoyer sur son sort, qu'elle brise enfin cette stupide carapace, qu'elle voit le monde dans son ensemble, le terrain de jeu qu'il offrait. Qu'est-ce que tu croyais ? Je te l'ai déjà dit, princesse. Bien ou mal ? C'est du pareil au même pour moi. Ce monde est pourri, chacun fait ce qu'il peut pour s'amuser, lâchai-je avec conviction, peut-être plus durement que ce que je l'aurais voulu. Elle croyait que j'étais là pour me moquer ? Pour l'humilier ? Qu'elle me fasse ravaler ma langue, je n'attendais que ça et pas une pâle copie d'elle-même, au tranchant émoussé. Je ricanai à sa nouvelle pique. C'était presque trop facile. Comment résister quand cette fille s'offre deux fois de suite sur un plateau d'argent ?, lançai-je à nouveau, rictus au coin des lèvres. Si techniquement je ne l'avais pas réellement sauvée la dernière fois...la situation était différente aujourd'hui. Plus grave. Tout aurait pu mal tourner pour elle. S'en rendait-elle seulement compte ? Quitte à choisir, je préférais son insouciance de la dernière fois à ce relâchement. Au fond, peut-être que les provocations les plus simples étaient les meilleures. Princesse. Voilà, c'était ça que j'attendais. Plus de vie, plus de réaction. Plus de colère. Et si je devais la pousser dans ses retranchements pour l'obtenir, je ne reculerais pas. J'abordais une toute autre technique, abandonnant l'humour pour la provocation pure et dure. Mais le soufflé était très vite retombé. Qu'à cela ne tienne, j'allais continuer sur cette voie. Elle me jeta à la figure que mon monde tournait autour de moi. Et non, elle n'avait pas tort, si on omettait Joleen et Loukas. Mais c'était bien parce que je faisais passer mes intérêts, ma vie, avant ceux des autres que je m'en sortais si bien. Que croyait-elle ? Qu'elle pouvait vivre d'amour et d'eau fraîche ? Je ricanai avant de riposter. Tu devrais commencer par là aussi, ça te réussirait mieux. A la place de se laisser couler pour je-ne-savais quelle idiotie. Surtout si cette idiotie s'appelait Seth. Mais que venait faire ce type, que je devinais mentalement limité, dans l'histoire. Diable ! Quand est-ce que tous les crétins du coin au prénom en quatre lettres s'étaient décidés à venir parasiter ma vie ? Liam et maintenant ce Seth ? J'arquai un sourcil, ricanant. Ouais, c'est bien ce que je vois. Du bon boulot, vraiment. Tu débordes de vie, me moquai-je ouvertement. Il pourra me remercier de faire son travail à sa place. Elle aborda à nouveau le sujet de la faim. C'était le moment propice pour creuser toute cette histoire et la secouer une bonne fois pour toute. Je repris place à terre afin qu'elle n'ait pas à faire d'efforts pour me fixer. Assis en tailleur, coudes sur les genoux et visage soutenu sur mes poings, je l'invitai à continuer, à développer son idée. Ça tombe bien, j'ai tout mon temps.

Chacun fait ce qu'il peut pour s'amuser ? Toi, tu t'amuses beaucoup trop à mon goût. J'avais bien envie de lui cracher ça à la figure, mais c'est ce qu'il attendait. Je le savais pertinemment. J'avais beau être mal en point, très mal en point, cela ne m'empêchait pas d'utiliser ce qui me servait de cerveau. Alors, je me contenais. Du mieux que je le pouvais, en tout cas. Ce n'était pas évident face à un gars dans le genre de ce Libre, mais c'était le mieux à faire. Quitte à m'épuiser davantage, autant le faire de façon intelligente. Je n'étais pas débile. Je n'étais pas facile. Je n'étais pas sa marionnette, bon sang ! Lui, il ne semblait pas le comprendre. Pas le comprendre du tout. Non, suis-je bête, il le savait. Il le faisait pour me faire réagir. Dans les faits, il y arrivait. Je ne criais pas encore mais je m'énervais. Je sentais la boule se former au niveau de ma poitrine mais aussi au niveau de ma gorge. Alors, je me retenais tant bien que mal. Plutôt mal que bien, d'ailleurs. Dès que j'avais affaire à ce garçon, c'était la même chose. Il m'énervait. Mes poils se hérissaient. Même ça, ça se voyait alors que je n'étais qu'un fantôme. Sans parler de l'aura qui devait se dégager de tout mon être. Une véritable plaie, oui. C'était visible. Prévisible, aussi. Et il continua dans ce jeu bien stupide. Il était du genre puéril. Je ne me trompais sûrement pas. Non, je ne pouvais pas me tromper à son sujet. « Je continue à me dire que tu ressembles énormément à un Dragon. Tu ne penserais pas à les rejoindre durant cette saison, à tout hasard ? », voilà, je pouvais, moi aussi, être piquante. Si seulement tu savais la vérité, ma pauvre Swann... Je me relevais déjà pour lui montrer à quel point mes sourcils étaient froncés. Oui, il m'agaçait. C'était clair. D'ailleurs, j'avais bien envie de me relever pour de bon. J'avais besoin de reprendre de l'air, normalement, sans être oppressée dans cette position désagréable, par ailleurs. S'il n'était pas là, je crois bien que je me serais relevée depuis longtemps. Pas complètement, non. Mais il le fallait un minimum, au moins le début du torse, pour reprendre encore plus facilement, plus sainement. Mais c'était chose difficile avec quelqu'un d'aussi lourd. « Oh, je suis très égoïste, moi aussi ! Et puis, je n'ai pas besoin de ton avis pour savoir ce qui est bon pour moi. », lui lançais-je à mon tour. « Quand on est un Libre, on se retient de donner des conseils. D'autant que je ne vois pas de brassard. Tu ferais mieux de te rallier à un clan au lieu de jouer les égoïstes trop fiers. », voilà que je me reprenais à lui parler comme la dernière fois. C'était une perte de temps. Une véritable perte de temps. Pourquoi je me fatiguais encore ? Je m'énervai davantage quand il se mit à commenter le « travail » de Seth. S'il m'énervait par son cynisme et son manque de respect vis-à-vis des autres, vis-à-vis de moi, j'avais ressenti quelque chose de beaucoup plus fort encore quand il s'était attaqué au seul véritable ami que j'avais parmi mon propre clan. Oui, des amies, j'en avais à foison. Mais des amis, c'était une autre histoire. Dans le fond, il n'était pas méchant avec moi. Je ne savais pas d'où je tenais une telle supposition, mais c'était les faits. Quant à sa remarque concernant Seth, elle était acide, elle était réellement blessante. Je ne sais pas où j'avais pu trouver de telles ressources, une telle force, mais le fait est que j'étais parvenue à me traîner jusqu'à lui. Montée d'adrénaline, sans doute. C'était plus que me traîner. J'avais réussi à me lever l'espace de quelques secondes pour le rattraper et le prendre par le col de ce qui lui servait de haut, de t-shirt. « Ne parle plus jamais comme ça de lui ! », hurlais-je. Enfin, je le criai, en tout cas, plus fort. « Tu ne le connais pas ! Il... Il est bien... Il est gentil... », je le défendais becs et ongles. Je retombai alors tout aussi vite, juste devant lui, la tête relevée malgré tout et posée sur mes genoux. « Pourquoi je voudrais m'étendre sur ce genre de choses avec quelqu'un dans ton genre ? », j'étais frustrée. J'étais vexée. Il n'était pas question de lui parler de tout ça. Tout d'abord, parce que ce n'était pas dans ma nature. Ensuite, parce qu'il venait de critiquer ouvertement Seth. Jamais je n'avais ressenti une telle affection pour un « ami ». Jamais je n'avais pu prétendre à cette chose, l'amitié avec un garçon.

Sujet: Re: I'm saving your ass, Princess ! (swaden) Mar 1 Mar 2016 - 17:30

Peut-être que, finalement, cette fille avait un instinct. La voilà qui me trouvait une ressemblance avec les dragons. Ah, si seulement elle savait. Je me retins de sourire face à cette petite attaque. Les dragons étaient bien ce qui m'était arrivé de plus beau dans la vie. J'aurais probablement dépéri à vitesse grand v dans un clan comme celui des aigles. Trop de bonne moral, trop de droiture. De quoi me faire vomir. J'en avais des frissons rien qu'à y penser. Je suis trop beau pour devenir un Dragon. Je la vis essayer de se relever péniblement. Il s'agissait plus de reprendre une position plus digne que de se relever réellement mais l'effort était là. C'était déjà un petit pas, une petite victoire. Par contre, je ne pus retenir un rictus moqueur. Elle, égoïste ? Ce qu'il ne fallait pas entendre. Tu ne sais même pas toi-même ce qui est bon pour toi. Et ça m'ôterait un poids sur les épaules qu'elle finisse par l'apprendre. Cette fille pouvait faire preuve d'une naïveté intolérable. La preuve en était ! Elle me parlait. Premier piège. Et elle me croyait. Second piège. Il fallait vraiment qu'elle se mette du plomb dans la cervelle si elle désirait ne plus m'avoir sur le dos. Et voilà qu'elle remettait ça à m'avertir d'une vérité qui ne me touchait même pas. Je ricanai. Oh princesse, tu te fais du mouron à mon sujet ? Peur que j'y passe ? Je suis tellement touché par cette preuve d'égoïsme. Si mes précédentes attaques l'avaient fait réagir. L'une en particulier finit par avoir l'effet escompté. Elle explosa enfin, trouvant la force de se relever, la force de combler la distance qui nous séparait. Elle alla même jusqu'à oser m'attraper par le col. Est-ce que j'avais peur ? Pas le moins du monde. Un sourire satisfait en attestait alors que je voyais enfin renaître le feu au fond de ses prunelles. Il lui en avait fallu du temps. Si j'avais su que m'en prendre à l'un de ses amis la ferait réagir, je l'aurais fait depuis longtemps. Toutefois, j'avais beau l'avoir portée jusqu'ici, je n'en appréciais pas pour autant la proximité avec les autres. Je me défis donc vivement de sa prise alors qu'elle s'écroulait rapidement. Et puis, finalement, j'éclatai de rire. Un vrai, un grand rire à m'en faire mal au ventre. J'avais tellement ri que ma voix s'en était retrouvée affaiblie alors que je reprenais la parole, le souffle court. Gentil, je n'en doute pas. Mais permets-moi de douter de son intelligence. Ce crétin aux quatre lettres pouvait réellement être gentil mais il devait surtout être très simplet. C'était comme ces idiots de ma troupe de libres. Nombres d'entre eux étaient sincèrement préoccupés par le sort des autres, ils n'en demeuraient pas moins idiots pour autant. Ce Seth devait entrer dans cette catégorie de personne. La colère de la soumise sembla retomber comme un soufflé et elle me demanda l'intérêt de partager ses problèmes avec quelqu'un comme moi. Bonne question. Tu veux que je t'énumère les raisons ? Parce que je suis un Libre, tout ce que tu me diras n'aura aucune conséquence. Parce que je suis beau, c'est plus facile que de parler à un moche, crois-moi. Parce que je suis le seul à t'avoir aidé dans ton tripe de loque humaine. Et parce que je suis intelligent.

Sujet: Re: I'm saving your ass, Princess ! (swaden) Jeu 31 Mar 2016 - 22:56

Ce que ce garçon pouvait être pénible. Il m’agaçait littéralement. Seulement, je n’avais pas grand-chose comme force pour lui tenir réellement tête et ça, je le savais. Je savais également qu’il cherchait à me faire réagir et que, malheureusement, je jouais péniblement dans son jeu. Ce que je pouvais être naïve. Tant qu’il jouait avec mes pieds et me critiquait, je pouvais encore laisser passer. Ce n’était pas si grave vu que je m’en voulais la première. Je ne supportais tout simplement pas sa manie stupide de m’appeler « princesse ». C’est pour ça que j’avais bougé en premier lieu. Mais il faut croire que ça n’avait pas suffi à amuser cet abruti. Il en voulait toujours plus. Je ne comprenais pas bien ce qu’il cherchait dans tout ça. Il ne gagnerait rien de cet échange houleux. Peut-être voulait-il trouver une autre personne faible pour se rappeler ô combien il était génial, beau, intelligent et j’en passe. Ce qu’il pouvait être narcissique. « Pourtant, tu es aussi narcissique que ces crétins de lézards. » Je me montrais mordante et je lançais ces mots comme on lancerait des coups de griffes mais avec des griffes coupées auparavant. Ce que j’avais l’air fier à ce moment-là. J’avais pourtant repris un peu de ma superbe au moins. Je n’étais pas que ce tas d’os ambulant. Si seulement ça pouvait l’agacer au lieu de lui faire plaisir. Si seulement je pouvais me lever et lui en coller une, une bonne. Je supportais encore moins de l’entendre me sermonner. « Pour qui tu te prends à me faire des sermons de ce genre, d’ailleurs ?! » Je supportais déjà difficilement d’être reprise même quand je reconnaissais mes torts mais là, d’un parfait inconnu plus si inconnu que ça, ça me dépassait totalement. « Ça va pas fort en ce moment, c’est tout. Ça ne veut pas dire que je ne suis pas capable de me gérer… » Je n’étais pas fière de lui avouer ça mais je préférais mentir que d’avoir à lui dire qu’il avait raison à ce sujet-là aussi. Mon ego en prendrait un sérieux coup qui risquerait fort de m’être fatal pour le coup. Voilà que je mis à grogner. Le mot princesse me crispait totalement et le reste de la remarque m’acheva. J’espérais bien que ce grognement serait suffisamment clair pour qu’il arrête. « Appelle-moi encore une fois princesse et je te promets de te faire regretter notre rencontre, abruti. » Je grognais à nouveau pour souligner mes propos mais j’étais certaine que ça ne servirait à rien si ce n’est à le faire rire encore plus. Rien ne fonctionnait avec cet imbécile prétentieux. J’étais coincée. Encore et encore. Toujours des remarques déplacées. J’avais beau tomber comme une feuille, je trouvai de nouveau la force de me relever et, cette fois, de lui asséner une gifle, aussi légère soit-elle. Ce rire m’avait complètement crispée et les remarques concernant Seth m’avait mise hors de moi, totalement. « De toute façon, tu ne peux pas comprendre. Il a vu clair en moi dès le début et m’a acceptée telle que je suis… » Et ce n’est pas rien pour moi. Il s’en foutrait, j’en étais certaine. Mais je ne pouvais pas le laisser dire. C’était impensable. Toujours sur la défensive, je me préparais à lui asséner un nouveau coup, juste au cas où ce serait nécessaire mais je tenais péniblement sur mon coude et mes genoux pliés vers mon dos. Au fond, même si je ne voulais pas l’admettre, il m’avait aussi décryptée sans problème. Il avait rapidement cerné qui j’étais, au fond de moi. Mais je me refusais de le lui avouer. Peut-être est-ce ça qui me poussa… finalement. « J’ai fait des conneries, des grosses, grosses, grosses conneries. Que ce soit vis-à-vis de mon clan et de mon rang ou vis-à-vis de ma vie en générale. Je me suis montrée odieuse parce que je n’ai pas digéré une très vieille histoire. J’ai le sentiment que ma vie va de travers, que je ne me relèverai jamais. » Elle était moins fière la « princesse ». « Pourquoi je te raconte tout ça ? Ça ne te regarde pas et tu vas t’amuser de la situation. Quelle imbécile je fais ! » Je rigolais nerveusement.

Sujet: Re: I'm saving your ass, Princess ! (swaden) Lun 17 Oct 2016 - 15:59

Décidément, tu as l'air de vraiment bien t'y connaître en dragon. Le lit des aigles ne te suffisait plus ?, lâchai-je dans une arrogance que je ne connaissais que trop bien et que je réservais d'habitude à des personnes aux gabarits bien plus impressionnants que celui de la soumise. Dans le fond, elle n'avait pas tort, j'étais un tantinet narcissique. Mais que voulez-vous ? Comment ne pas l'être quand on se plongeait dans ma peau. J'affichai donc un sourire satisfait. Ce petit sourire en coin qui enrageait parfois, souvent, mes compatriotes dragons. Un sourire satisfait qui se changea en sourire condescendant alors que je l'écoutai s'offusquer sur ma légitimité à lui faire la morale. Une nouvelle fois, elle n'avait pas tort. Je n'étais rien dans sa vie, pas un ami, pas même une connaissance. Je savais que nous finirions par reprendre des chemins opposés pour retourner à nos vies respectives. Le fait est que je ne pouvais pas vraiment m'en empêcher. C'était distrayant et drôle. Je vais te dire la vérité, princesse. Tu sais tellement bien te gérer qu'en réalité, je n'existe pas. Je suis une hallucination créée par ton cerveau. Ton état est si peu alarmant que ton cerveau doit en venir à user de tels stratagèmes pour que tu remues ta carcasse. Je finis ma tirade en agitant mes doigts devant son visage, tel un enfant imitant une créature imaginaire tout droit tirée de leurs esprits inventifs. La menace qui suivit ne m'arracha qu'un nouveau ricanement. Ricanement qui fut coupé par un regain de passion chez la jeune femme. Oh belle gifle. Ça va réchauffer mon teint, lançai-je mi-moqueur, mi sérieux. Je serais ravi de la retourner à ton cher et tendre et ô combien intelligent Seth, ajoutai-je insistant fortement et ironiquement sur les qualificatifs flatteurs. Il en faut vraiment peu pour l'insulter. Il doit vraiment ne rien avoir pour lui, continuai-je à peine sérieux. Les personnes qui prenaient si facilement la mouche sur leur honneur étaient souvent les personnes qui n'avaient que ça, une réputation. Et il n'y avait rien de plus triste. Pourtant plutôt que de se fermer totalement, Swann se mit à déballer son sac et je pris un air plus sérieux, l'écoutant avec attention. Elle semblait perdue, dans sa vie, dans son clan. Juste perdue. Et plutôt que la réconforter, je pris la décision de la secouer encore plus. Et quoi, c'est tout ? C'est juste ça ton problème ?, lâchai-je en me relevant. T'as foiré ton coup alors démerde-toi pour arranger les choses. Tu penses que te transformer en loque humaine, ça va aider ta situation ? Arrête de te la jouer comme une victime parce que ça changera absolument rien, continuai-je d'une traite. Ah si, pardon, c'est vrai. Ça servira à inquiéter ton si précieux petit Seth. Ça doit lui faire tellement plaisir d'avoir une amie au teint rayonnant de bonheur comme toi. Vraiment. Ah, je me demande ce qu'il penserait de la situation dans laquelle tu t'es mise aujourd'hui. Le soucis qu'il se fera quand il apprendra qu'un libre t'a retrouvé gisant à terre à la merci du premier venu. Il va tellement s'en faire pour toi qu'à la fin, il ne pensera plus qu'à ça. En plus de ses problèmes de petit idiot, il y aura les tiens. J'y allais peut-être un peu fort mais je ne comptais pas m'arrêter pour autant. Il y avait des vacheries qu'il fallait entendre dans la vie parfois. Il y avait bien évidemment des grosses chances qu'elle prenne mes attaques à contre-pied. Bornée comme elle était, elle pouvait penser qu'elle était un fardeau pour son "ami" et s'enfoncer encore plus mais ça, ce n'était pas à moi de le gérer. J'étais un manipulateur narcissique, pas un psy.

Sujet: Re: I'm saving your ass, Princess ! (swaden) Sam 22 Oct 2016 - 21:00

Je n’avais jamais rencontré un Libre aussi culotté et arrogant. A chaque fois qu’il ouvrait sa bouche, ma main se levait, prête à lui en coller une. Malheureusement, dans cet état, je ne pouvais pas faire grand-chose contre lui. Même quand il s’aventurait dans une pente glissante. Il insinuait que je couchais avec tout ce qui bougeait ? Il n’avait pas totalement tort. Je m’étais souvent glissée dans le lit de nombreux Aigles pour m’amuser d’eux, surtout le lendemain, mais ce n’était plus le cas. Et ça n’avait jamais été le cas en-dehors des frontières. Je n’allais pas fricoter avec des personnes qui n’avaient aucun rapport avec la mentalité de mon clan. Surtout pas les Dragons. J’avais entendu pas mal de rumeurs à leur sujet et, entre nous, je préférais éviter de me frotter à leurs écailles de dégénérés. Ils étaient drôlement plus entraînés que les Aigles, de ce qu’on en disait. Je tenais à ma vie, même si ça ne semblait pas flagrant à l’instant, vu mon état pitoyable. Et puis, sérieux, pourquoi je pensais à ça ? Comme si j’avais besoin de me justifier auprès d’un abruti narcissique dans son genre. « Répète pour voir ?! Mon cul n’est pas à vendre. Encore moins à prêter aux quatre coins d’un clan ! J’ai de la fierté ! » Faut croire que je me sentais obligée de me justifier, malgré tout. Il m’énervait. Il trouvait toujours le truc pour me faire sortir de mes gonds, même dans de telles circonstances. Fierté ? Oui, je connaissais ce mot. Quelque part, je savais déjà ce qu’il allait me répondre mais rien à foutre.

Son sourire n’arrangeait rien. J’aurais bien aimé me crever les yeux. Ça aurait toujours été plus sympathique d’être aveugle que d’avoir à supporter cette espèce de bâtard moitié-rat, moitié-hyène. Ce qu’est une hyène ? Une de ces bestioles moqueuses dont certaines histoires parlent. Oui, en fait, s’il devait avoir son propre clan, ce serait celui des hyènes. Un jour, je me le jurais, je l’espionnerai et je pourrai l’entendre rire bêtement avec ce même sourire arrogant sur la tronche. Peut-être que dans une vie antérieure – une théorie de Ayana, entre autres – il était l’une des leurs. Enfin, quand elles existaient encore. Si elles ont vraiment existé. Énervée, je grommelai quelques injures inaudibles et incompréhensibles, même pour moi, ça ne voulait rien dire. Je sentais que ça bouillait de plus en plus en moi, telle une cocotte-minute. « C’est ça, fous-toi de ma gueule ! Mais vu que, selon toi, je ne sais pas me gérer et ne sais pas m’écouter, je devrais te faire taire sans problème. » Dans une tentative veine, je me relevai et cherchai à dégageai ses mains, comme on chasse une mouche, et retombai quelques secondes seulement après dans cette posture pitoyable, en appui sur mon coude qui avait eu bien besoin de bouger avant de s’affaisser complètement.

Quand il s’en prit encore une fois à Seth, je pestai. Je m’en voulais d’avoir parlé de lui. Il y avait peu de chance qu’ils se rencontrent un jour parce qu’on était trop nombreux dans Paris, mais l’idée même que ce foutu Libre aille faire chier le seul Aigle qui valait quelque chose, et bien plus encore, me mettait hors de moi. Pour une fois, j’avais joué les imbéciles et ce n’était pas tellement moi que ça mettait en mauvaise posture mais lui. « Parce que tu vaux quelque chose, toi ? Laisse-moi rire. Il est peut-être trop gentil, ça ne fait pas de lui un Aigle stupide. Il a un cerveau, pas une cervelle de moineau ou de Libre. Touche-le et je viendrai te faire chier pour le reste de ta vie. Et tu ne voudrais pas d’une lavette comme moi en train de te coller tout le temps. » Tu parles d’une menace… Mais qu’est-ce que je pouvais bien lui dire d’autre ? Un Libre n’a rien, dans la vie. Je ne peux donc pas lui enlever quoi que ce soit.

Et alors… Je regrettai tout. Quelle idée de parler à un inconnu de mes soucis ? Il avait l’art de manipuler les autres pour les faire parler. A moins que je n’en ai vraiment ressenti le besoin… Les sourcils froncés, j’eus l’air un instant sévère. Encore une fois, il avait raison. C’était détestable comme vérité. Je me sentais humiliée. Et puis, la révélation… Seth s’était inquiété dès le début. « La ferme… La ferme… LA FERME ! D’accord ? T’as eu ce que tu voulais ? T’es content ? Et puis, qu’est-ce que ça peut bien te faire qu’il ait à subir ça en plus ? Tu ne demandes que ça. Alors, FERME-LA ! T’as pas à raisonner pour moi ! » Je crachais ma haine parce que je faisais face à une vérité trop dérangeante. Je me mordais la lèvre, baissant la tête, osant tout juste regarder le sol. Si j'avais eu la force, je me serais griffée, une nouvelle fois. Comme une gosse, quand je ne trouvais pas de moyen d'extérioriser mes émotions et mes sentiments, je me montrais violente. « J’ai jamais demandé à ce qu’il s’inquiète pour moi. Je lui ai jamais dit qu’il devait s’occuper de moi. J’ai jamais voulu être un fardeau. Mais de toute façon, qu’est-ce que ça peut te faire, hein ? Maintenant que t’as fait ta bonne action, qu’est-ce que tu dirais d’aller voir ailleurs ? Je peux me défendre comme je veux. » Je le chassais ? Tout à fait. Il me saoulait à se la jouer bonne conscience. Je n’en avais pas besoin, de ce criquet. Un bâtard à la fois rat, hyène et criquet ? Il était encore plus bizarre que prévu.