[FB] Going Through The Motions
feat. Alex & Libre

An 39 2ieme saison tempérée

Entre une soeur qui découche et un grand frère trop protecteur, j'ai l'impression qu'il me manque quelque chose. Quoi? Difficile à dire. Le boulot à l'usine est redondant, répétitif, mais je m'y plais. C'est toujours la même chose et au moins je sais à quoi m'attendre d'une journée à l'autre. Je n'aime pas le boulot en soi, mais comme c'est ma tâche, je le fais sans rouspéter. Bien entendu, rien ne dit que je dois absolument le faire avec le sourire. Entre le boulot et la maison, il m'arrive de retourner au Lac ou de flâner un peu dans le parc, comme aujourd'hui. Debout devant le lac, j'ai mis mes mains dans les poches arrières de mon jean. Je fixe l'eau intensément.

Mon esprit semble aussi calme que la surface lipide de l'eau. Je ferme les yeux, baissant la tête vers le bas. Je n'ai pas l'intention de sauter dans l'eau. Ma vie n'est pas à ce point terrible pour que je le fasse. Pourquelqu'un qui me verrait debout ainsi, il ne serait pas impossible de croire cela. Je ne sais pas nager, mais ça il ne le savent pas. Je me demande alors à quoi j'ai l'air. Je voudrais être capable de sortir de mon corps quyelques secondes histoire de me voir, mais je ne suis pas capable d'un telle prouesse. Je penche la tête sur le côté en ouvrant à demi mes paupières. Mon regard retrouve la surface de l'eau et je me revois en train de me noyer. Je frissonne. Mon pied me force à reculer d'un pas et ma tête se détourne de l'eau. Mais mon souvenir continue de me revenir en mémoire.

Je me rapelle de ce sentiment de désespoir juste avant que le noir se fasse dans mon esprit, juste avant que je me crois mourir dans les bras froid du lac. Mais je ne suis pas morte. Non. Je suis là, debout et droite devant ce que je devrais craindre plus que le sang et pourtant je ne le crains pas. C'est surement à cause des autres souvenirs que j'ai de ce lieu que je ne le crains pas. Pourquoi est-ce que je ne crains pas l'eau alors que j'ai faillit y laisser ma vie une fois? Ma tête tourne légèrement vers l'eau que mon regard retrouve du coin de l'oeil comme si je me m'éfiait soudainement de la surface limpide.

Année 29 - 17 ans (Mort de la petite sœur de Valérian)


La sensation est étrange, et totalement nouvelle pour moi. Je suis complètement largué, n’arrivant pas à définir ce que je ressens. J’ai identifié la tristesse de mes parents, j’ai même réussi à reconnaître du désespoir chez ma mère, et j’ai assez facilement pu faire le rapprochement entre ces réactions et la mort de ma sœur, mais pour ce qui me concernait, c’était le blanc total. Je ressentais une douleur dans la poitrine, et j’avais également mal à la gorge. Des larmes m’avaient échappées alors que mon visage était resté impassible. Face à son corps, j’avais tremblé, j’avais étouffé, mais toutes ces réactions ne figuraient pas dans mon carnet. Je me doutais que cela ne devait pas être très différent de la tristesse, mais les « symptômes » étaient trop inidentifiables que pour que je puisse en être réellement certain… Et ça avait fini par me donner mal au crâne. J’avais donc fuis, fuis son corps froid qui me faisait me sentir aussi mal. Elle m’avait appris les sentiments, mais il semblait qu’elle en avait oublié, et je lui en voulais pour ça car j’étais maintenant perdu…

J’avais un peu évolué comme un funambule par la suite. J’étais d’une humeur de chien à force de me prendre la tête. Ca m’empêchait de dormir, de me concentrer, et même de me battre correctement. La sensation ne partait pas, et je soupçonnais qu’elle ne disparaitrait pas tant que je n’aurais pas identifié ce que ce s’était. Mais comment nommé quelque chose qu’on ne connait pas, qu’on ne comprend pas ?

Ce jour-là, j’avais congé. Ne tenant pas en place, je fini par quitter le territoire pour me rendre au Centre Neutre, espérant qu’il y ait suffisamment d’activité pour me changer les idées. En fin de journée, il y a pas mal de monde, les gens passant par là après leurs tâches. Je me mêlais un peu à la foule avant de la quitter assez rapidement pour rejoindre le lac, là où il y avait un peu moins de monde. Une sensation d’étouffement m’y avait forcé…
Au lac, il avait en effet moins de monde, mais pas personne non plus. J’étais essoufflé, alors que je n’avais fait aucun effort physique. Je fini par me laisser tomber littéralement, à genoux au bord de l’eau, la douleur dans ma poitrine irradiant de plus en plus. Le souffle court, je crispais une main sur mon t-shirt, au niveau du cœur, les yeux fixant le vide au-dessus du lac. Je n’avais même pas remarqué que je m’étais effondré non loin d’une fille tournée vers moi. Elle non plus ne semblait pas bien, mais même si j’avais été en état, ce ne serait certainement pas moi qui allais le remarquer… Moi qui n’arrivait même pas à comprendre mes propres sentiments…