Terré. Thiago est resté dans sa chambre en espérant qu'on l'oublie. C'est tout ce qu'il veut. Être oublié, passer inaperçu, ne déranger personne. Il ne veut plus recevoir ces regards menaçants. Il ne veut plus non plus voir la pitié. Plus que tout, il ne veut plus voir le visage déchiré de ses parents. Il n'a pas été capable de rester à leur côté après qu'ils lui aient dit. Quand il a appris pour Zoé, il a juste craqué. Il s'est enfuis pour venir se cacher ici. C'est honteux. Il devrait être auprès de ses parents, à les soutenir, mais il ne se sent pas ce droit. Est-ce que c'est de sa faute ? Cette question tourne en boucle dans sa tête. Et si Zoé était morte à cause de ses conneries ? Peut-être que s'il avait contesté Abel, sa petite sœur serait encore en vie. Seulement, elle est morte. Pauvre petit ange beaucoup trop jeune pour être une victime d'un conflit stupide.

Thiago est enfoncé sous ses couvertures malgré la chaleur étouffante. Hors de question de mettre le nez hors de cette cachette. Il veut retrouver ce moment où enfant il croyait que rien ne pourrait l'atteindre sous les couvertures. C'est une pensée puérile qui ne cesse de prouver son manque de résultat. Être là ne l'empêche pas de penser, bien au contraire. Il rumine encore et encore en l'absence de distraction.

La distraction tant voulue vient sous la forme de grabuge dehors. Il est un peu incertain quand il sort finalement la tête de sous sa couette. Cette voix, il la reconnait. Il ne veut voir personne, mais il sait bien qu'il ne pourra pas y échapper parce que cette voix appartient à quelqu'un qui peut être très convaincante. Alors, il frotte son visage transpirant et il se lève. Comme prévu, Oksana émerge comme une fusée dans la chambre. Elle est pétulante. Il la voit claquer la porte et l'entends insulter le garde dehors. Ce n'est pas souvent qu'il voit sa cousine dans cet état là. Pendant une seconde, ils se toisent. Surtout Sana qui le regarde des pieds à la tête. Il est presque gêné parce qu'il n'est pas vraiment blessé comme les autres Jaguars. Il a l'état physique d'un lâche qui n'a pas beaucoup combattu.

Quand Oksana l'étreint soudainement, Thiago ne sait pas bien comment réagir. Il reste là comme une statue, les bras le long du corps. Il comprends son inquiètude. Lui aussi l'était à sa façon, inquiet. Mais tout ce qu'il a vécu fait de lui un morceau de ciment. « Désolé. » C'est plus un réflexe. Il s'en veut, oui, mais il s'habitue surtout à dire les mots que tout le monde voudra entendre. Pour le moment, il n'est pas vraiment désolé. Il estime qu'il y a pire que sa trahison. Il y a Zoé. Il y a cette perte. Et puis, il se souvient que Oksana aussi aimait Zoé. Qu'elle n'était peut-être pas sa sœur, mais qu'elle était de la famille et que Sana a toujours été là pour elle. Pour lui aussi. Il fait donc un effort pour passer les bras autour d'elle et la soulève dans une étreinte serrée. Il lui doit bien ça.