Jour 10, fin de matinée.

Si les jours passaient tellement lentement que j’avais l’impression que ça faisait une saison complète que j’étais là, aujourd’hui semblait plutôt passer en accéléré. En effet, le Centre Hospitalier semblait en effervescence : gloussements dans les couloirs, rires, cris, et j’en passe. Ma Soigneuse m’avait même fait du gringe, et si j’avais été en meilleur état j’aurais très certainement cédé à ses avances… Heureusement pour moi, elle avait été appelée et m’avait quitté « à grands regrets », me promettant de revenir très vite. Là, j’avais carrément prit peur, fallait que je sorte d’ici à tout prix ! D’habitude c’est moi qui joue avec les gens de la sorte, pas le contraire !

Voilà donc je me retrouvais hors de ma chambre, me dépatouillant avec deux béquilles que j’utilisais pour la première fois de ma vie. Difficile de marcher quand on a une jambe immobilisée et le corps entier endoloris par l’inactivité, les antidouleurs et les séquelles des jours précédents… Mais j’arrivais à me trainer malgré tout… un mètre en cinq minutes peut-être… Heureusement pour moi, un événement je ne sais où semblait avoir attiré la plupart des gens ailleurs, du moins le supposais-je, et je me retrouvais donc seul dans le couloir. Enfin seul, c’est-ce que je pensais, car arrivé au croisement je réussi à perdre l’équilibre et basculais comme par hasard sur une personne qui venait du couloir de droite. Saloperies de béquille et de genoux !!!

« Aïe… bordel… »

J’étais par terre, mais c’est à peu près tout ce dont je me rendais compte. Est-ce que j’avais percuté la personne, était-elle tombée avec moi ou non, je n’en savais rien. Sur le coup, j’essayais surtout de faire passer la douleur qui avait soudain irradié tout mon corps et qui heureusement semblait s’estomper peu à peu. Les yeux fermés, je réussi tout de même à articuler un mot entre deux inspirations.

« Désolé… »

Je garde les yeux fermés un moment tout en essayant de me redresser alors qu’une voix féminine me parvient. Ayant réussi à m’asseoir, tentant toujours de garder une respiration calme, j’ouvre un œil pour voir à qui j’ai à faire et aperçois une main devant moi accompagnée d’une proposition d’aide. J’hésite un quart de seconde avant d’attraper la main et de prendre appui sur le mur afin de ne pas trop pesé sur la personne. Se relever quand on a une jambe maintenue tendue n’est clairement pas une pair de manches, et je n’y serait certainement pas arrivé sans peine tout seul…

« Merci… »

J’étais désormais debout, appuyé contre le mur, la respiration légèrement saccadée par l’effort. Par réflexe, je vérifiais si mes bandages étaient toujours en place, si mon atèle n’avait pas bougée et si la douleur n’avait pas augmenté avant de me tourner vers la fille qui m’avait si gentiment aidé. Je la fixais un instant, essayant de déterminé si elle était normale ou non, et j’en arrivais à la conclusion que oui, elle était normale. Soupirant, je me serais bien laisser glisser le long du mur pour me recroquevillé sur moi-même, mais même ça je n’y avait plus droit… Je restais donc debout, le regard rivé devant moi désormais.

« Je ne sortirai jamais d’ici… »

J’avais parlé pour moi-même, résigné. Les faits étaient là : vu mon état je n’arriverais jamais à sortir seul, sans être remarqué, et avant la tombé la nuit surtout (vu mon allure)… Je basculais ma tête, appuyée contre le mur également, afin de poser à nouveau mon regard sur la blonde.

« Désolé pour le frontal, je ne gère pas du tout ces machins… »

Ces machins étant bien évidemment les béquilles…