Assis par terre, ses grandes jambes repliées comme il pouvait sous lui, Mads était penché au-dessus d'un cahier qu'il remplissait à mesure du temps de mots qui parfois n'avaient aucun sens pour lui. Il trouvait ça amusant de recopier des bouquins qu'il trouvait de-ci de-là. Non seulement ça lui permettait de s'entraîner à écrire et à lire, mais en plus il découvrait des trucs complètement insensés. Notamment que la zone dans laquelle vivaient les quatre clans s'appelait avant "Paris" et que les lieux étaient tellement peuplés qu'il n'y avait pas assez de place pour tout le monde – c'était en tout cas comme ça qu'il avait interprété ce qu'il avait lu. Ou encore, il avait appris que tout le monde avait une voiture, comme les camions qu'ils avaient en très petite quantité dans les clans. Ou bien encore que les gens regardaient des télévisions, avec des images dessus qui racontaient des histoires. Il avait vu des télévisions toutes cassées, toutes poussiéreuses, mais aucune n'avait transmis quoique ce soit.

Actuellement, il était en train de reproduire les mots d'un exemplaire particulièrement abîmé et dont les paragraphes étaient parfois illisibles, mais ça ne l'arrêtait pas. Il continua de recopier lettres après lettres, tentant de lire le tout dans sa tête, parfois réussissant, d'autres moins. En tout cas, cette histoire de sorcier sauveur du monde magique était assez intéressante, de ce qu'il en avait saisi. C'était suffisant pour l'occuper en attendant que Louane arrive. Heureusement, il était arrivé avant ; elle n'aurait pas à patienter. Ce qui se passait entre eux n'en restait pas moins un business à la base : il s'en serait voulu de faire poireauter celle qui lui offrait généreusement ses services. Et, pour être honnête, il préférait clairement commercer avec elle plutôt qu'avec l'ancienne vendeuse. Il n'avait rien à lui reprocher mais faire affaire avec Louane… c'était une toute autre aventure. Une aventure qu'il menait sans aucune réserve et avec enthousiasme.
Mads se demanda d'ailleurs si ce soir elle exigerait un paiement. Cela dépendait des jours, du temps qu'ils avaient et de leurs humeurs. Avec un peu de chance, ce serait le cas.

A ce moment-là, un bruit résonna à l'extérieur. Le Dragon, tout en relevant la tête vers l'ouverture menant vers l'extérieur – une fenêtre dont le mur inférieur avait été largement cassé avec le temps –, rangea à la hâte toutes ses affaires dans son sac à dos. Il se releva ensuite dans une mélodie de craquements d'os. Il rejoignit l'ouverture en quelques enjambées et passa le haut de son corps à l'extérieur.
Ses yeux trouvèrent rapidement Louane, en train d'escalader la petite façade. Il fallait bien avouer que rejoindre leur lieu de rendez-vous n'était pas le plus facile mais la jeune femme était aussi capable que lui en terme d'effort physique et, puis, elle ne s'était jamais plainte. En tout cas, elle se débrouillait comme une chef et un grand sourire apparut sur les lèvres du grand blond : voir la Vipère était toujours un plaisir.

« Pas de souci pour t'extirper de ton territoire ? » Il lui tendit la main pour la hisser à leur étage vu qu'elle arrivait à portée, s'accrochant de l'autre au pan de mur solide, lui.