DISGUSTING !

Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas aider son clan. Vraiment loin de là. Besoin de monter sur un toit où quelque part en hauteur que personne n'arrivait à atteindre ? Elle en était. Besoin d'aider des blessés à se rendre au centre de soins ? Bien sûr qu'elle participait. Besoin de surveiller les enfants ? Nul doutes possible que l'on pouvait compter sur elle. Besoin de mains en plus pour reconstruire un bâtiment ou une habitation ? Elle clamait présente. Besoin d'aide n'importe où au lieu qu'ici ? Absolument certain qu'elle comptait dans les volontaires.

Mais besoin d'aide pour trimbaler des corps ? Qui avait eu la stupide et totalement discutable idée de croire qu'elle voulait participer ? Raphaëlle comprenait les risques de laisser les corps pourrir ainsi dans le territoire, mais si selon elle, les morts de la traque ne méritait pas le traitement de se faire porter attention. Ça carrément pas. Elle avait failli hurler à la révolte et au crime contre la personne quand ont l'avait assignée à cette tâche. La mort. La mort n'était pas quelque chose qui lui était étranger. Mais l'odeur et la pourriture, bien que tout à fait connu, ne faisait pas parti des choses qu'elle aimait sentir et toucher.Ce n'était vraiment pas sa place et partout ailleurs aurait été mieux que de toucher des corps en décomposition.

- Stupide décision.

Il fallait admettre que voir la féline carrément de mauvaise humeur tenait du miracle et du mythe. Et pourtant...

Et pourtant elle jurait depuis qu'elle était arrivée. Quelques autres Jaguars plutôt éloignés d'elle ramassaient, eux aussi, les corps des victimes de la traque. Résultat de la vengeance des clans. Produit de la misère et de la violence du monde.

Ses muscles se contractèrent sous l'effort que Raphaëlle fit pour soulever à demi le cadavre pour le laisser se vautrer à demi dans la petite brouette qui lui servait d'outil. Elle avait tellement insisté pour avoir des gants qu'on avait fini par le lui accordé. Il y avait des limites à la dévotion tout de même. certes, tout les clans participaient à se nettoyage, mais ça ne rendait pas la tâche plus agréable pour autant, bien que certains visage qu'elle avait aperçu l'avait bien fait ricaner. Parce que ceux là ne méritaient justement que d'être là parmi les morts pour les ramasser.

Mais pas elle.

La Jaguar jurait toujours tout en poussant son minuscule moyen de transport d'où dépassait membres et tête du libre. Bien fait pour lui tout de même. Sa queue de cheval battait la mesure de ses pas et concentrée à ne pas se prendre de trou au risque de se faire éclabousser par sang et tissus en décompositions accélérer par la chaleur des deux derniers jours, Raph' ne vit pas le gamin qui courrait sans regarder par où il allait...

Et le drame survint.  

-MAIS T'ES MALADE ?! ESPÈCE D'ABRUTI. T'ES PAS CAPABLE DE REGARDER OÙ TU VAS ? T'ES NÉ CON COMME ÇA OÙ TA MÈRE T'AS ÉCHAPPÉ À LA NAISSANCE ? BOSSE COMME DU MONDE PAUVRE CRÉTIN. NON MAIS ÇA VA PAS OUAIS. EXCUSE TOI SURTOUT PAS HEIN.

Oh ça, elle allait le lui faire payer. Le corps basculé brusquement de sa brouette, avait frapper le sol. Et avait eu la grâce de faire voler des morceau de lui même... Sur Raphaëlle. Une Raphaëlle bien plus que dégoûtée et furieuse. Ses yeux glace fixait le visage de ce petit con tandis qu'elle calculait les chances de le tuer dans soucis. Puis son attention se porta sur ce que lui avait échappé au sol.

- Ton clan. MAINTENANT.

Un sourire carnassier et inquiétant étira ses lèvres alors que sa jambe faisait un ample mouvement pour que le gosse se retrouve au sol, assommé par la rencontre entre le sol et sa tête.

La vengeance serait douce.

Vraiment, voir la slave dans un tel état tenait du mythe miraculeux.

Comment dire … J’avais le goût de la tuer. Andréa, cette vieille garce à la peau sèche et aux morpions, si elle pouvait mourir rapidement qu’on n’en parle plus jamais! Et puis quoi encore ? J’ai gagné trois de mes quatre combats et j’ai tout de même été recalée pour finalement, aller me farcir les bassesses de madame avec les autres cruches de Dragons. Andréa m’a dans le collimateur depuis longtemps, je ne sais pas pourquoi, j’ai jamais su pourquoi. Je me suis mise à râler silencieusement en obéissant, de toute manière, qu’est-ce que je pouvais faire à ça ? Les ordres, c’est les ordres …

Le chemin était long et pénible jusqu’au centre neutre, interminable même. Je me suis éloignée des autres, j’étais beaucoup trop de mauvaise humeur de toute manière, c’était tellement désagréable d’être étiquetée comme « L’une des dix moins bonnes ». Mes poings se refermaient simplement à l’idée d’aller trimbaler d’un bord à l’autre de l’endroit des cadavres en putréfaction, dont l’odeur sûrement, me collerait au derme des journées entières. Le pire dans tout ça, c’est qu’on allait très certainement rencontrer d’autres personnes, des membres d’autres Clan dont je me fiche éperdument.

Au loin, le paysage dévasté par les ruines et les multiples cadavres engendrés par la traque, n’avait rien pour mettre le sourire au visage de quiconque. Malgré que l’étoile, notre soleil, brulait de mille feux et nous réchauffait de ses rayons, le champ de bataille me rendait d’autant plus maussade. Quoi que … Au travers les décombres, au travers les dédales des rues et ruelles, j’apercevais du coin de l’œil une silhouette familière. Plus je m’approchais et plus mon air bête quittait mon faciès, faisant place au début d’un sourire tout maigre. Raphelle, la toute grande créatrice de Vodka. Elle était belle, franchement, je me surprenais moi-même qu’elle me fasse autant d’effets. Je ne sais si c’est son petit accent, ou ses provenances slaves ou simplement parce qu’elle avait été frappée d’une beauté naturellement éblouissante. Mais plus mes pas s’enchaînaient, plus je me rendais compte qu’en fait, elle était complètement hors d’elle.

Ça ne lui ressemblait pas, me disais-je tout bas, à la voir tirer sur son petit chariot aux pneus pratiquement dégonflés. Je ne la connaissais pas tant mais, pour qu’elle se soit autant acharnée à m’aider, le soir ou j’étais partie me beurrer au bar, sans même me connaître … Fallait être une sacrée bonne fille. Reste qu’immédiatement, elle semblait vraiment furibonde. Je m’approchais donc sans autres cérémonies, dans l’espoir de pouvoir peut-être lui redonner un semblant de bonne humeur. Une dizaine de mètre nous séparait puis … La catastrophe.

Qu’est-ce qu’il en prenait, le petit con! Chaques mots acerbes crachés en l’endroit de l’enfant par Raphaelle me faisaient sourire d’avantage. La toute gentille slave avait du mordant, après tout! Ses griffes sont beaucoup plus longues que je ne l’aurais cru.

Une fois l’enfant au sol, je m’approchais sans broncher et offrait à Raphaelle un chiffon, étonnamment propre, pour tenter d’apaiser le feu qu’elle avait au cul.

Tiens, il est propre. Ça ne fera pas le travail d’un bon bain mais, c’est déjà mieux que rien …

Un court et long silence s’installa puis je reprenais sur le même timbre de voix.

Qu’est-ce qu’il trimballe celui-là ?

Beaucoup faisaient erreur en la prenant pour une jeune femme pleine de bonté. Elle n'était pas née du laitier. Le sang de son père coulait tout de même dans ses veines et parfois prenait le dessus sur celui, plus tranquille, de sa mère. Dans ces moments-là, Raphaëlle devenait une toute autre personne, dangereuse et surtout imprévisible, car souvent violente. Et la panique du plus jeune devant ses traits tordus par la rage ne semblait absolument pas la calmer. Ça puait et surtout c'était purement dégueulasse.

Après avoir jeté le gamin au sol et d'avoir posé le talon de sa chaussure sur sa gorge, elle allait continuer de bien l'engueuler après avoir entendu la réponse sur son clan, mais une voix l’interrompit et la féline tourna sèchement la tête, les yeux emplis d'éclair et les mains tressautant sous l'envie de frapper ce pauvre gosse.

- Ezea. Je suis présentement occupée. Je vais donner une leçon à ce pauvre petit con et ensuite je prendrais le temps de te remercier pour cette serviette. Par la suite je l'utiliserais.

Le silence qui s'ensuivit fût profond malgré sa courte longueur. Ses iris bleutés remarquèrent enfin le matériel éparpillé autour d'elle. Ses sourcils se froncèrent avant qu'un sourire carnassier n'étire dangereusement ses lèvres.

- Oh gamin. Tu as si mal choisis ton moment et ton action. Je vais devoir t'éduquer un peu comme le faisait mon père avec moi. Tu vas comprendre que le vol est mal et surtout que les gens comme moi déteste se retrouver couvert de morceau en décomposition. Dommage que je doive te frapper pour te rattraper parce que tu possèdes du matériel volé n'est-ce pas ? Et comme je connais quelque trucs sur Ezea, elle va devoir dire la même chose que moi. Ce sera toi contre nous et tu ne risques pas de gagner. Pauvre petit.

Elle souleva son pied et lança un bref regard très sérieux vers la Dragonne avant d'enfoncer le bout de sa chaussure dans la figure du gamin. Pauvre enfant qui se retrouva assommé, le nez cassé et surtout ensanglanté.

Et l'air de rien prit la serviette qu'elle avait dans les mains avant de s'essuyer la joue et la gorge avant de craquer les os de sa nuque. Puis se lava les mains et les bras, le décolleté fût la dernière étape avant qu'elle ne le rende à la rouquine.

Non, décidément, Raphaëlle n'était carrément pas d'humeur.

- Bonjour Ezea, comment vas-tu ?

L'air de rien elle prit plutôt le matériel étaler au sol et le mit dans son chariot désormais vide. Les autres membres se chargeraient de nettoyer sinon elle finirait par vomir tellement l'odeur était immonde. Après une inspiration profonde, elle se retourna vers son interlocutrice et croisa les bras.

- Ça ressemble fortement à du matériel volé, que je compte ramener là où il va. Dommage que j'ai dû blesser un des tiens pour le récupérer n'est-ce pas ?

Un air de défi planait sur son visage, Raph' défiait sa compagne de dire le contraire. Quelque chose chez elle dégageait de la sauvagerie, comme un animal indompté. Non, vraiment, les gens se trompaient lorsqu'ils la pensaient toujours pleine de bonté.

Et si Ezea y tenait, il aurait toujours moyen de faire un marché. Chaque personne avait un prix. Cette facette d'elle-même peut de gens pouvaient se vanter de l'avoir déjà vue...